Fontaines des Landes

Fontaines des Landes
Œil de la fontaine Saint-Christau de Benquet
Fontaine Sainte-Ruffine de Biganon. Elle est protégée par une construction en dur qui permettait de faire des ablutions de tout le corps à l'abri des regards. Elle est inscrite avec l'église attenante aux monuments historiques par arrêté du 17 janvier 1997[1].
Saint-Antoine de la Traverse d'Escource. Les malades laissent leurs linges usagés près de la fontaine comme des ex-voto.

Le département français des Landes compte 256 fontaines ou sources guérisseuses, soit plus de 10% des 2000 fontaines christianisées de France[2]. Près de cent trente sont recensées uniquement dans la partie forestière du département[3]. Les croyances et coutumes qui leur sont attachées demeurent actives.

Sommaire

Étymologie

« Source » et « fontaine » ont dans les Landes un sens proche, fontaine n'y désignant pas systématiquement une construction. Cette particularité s'explique par le terme gascon Hont, qui désigne indifféremment source et fontaine. Quand il veut être plus précis, le gascon emploie l'expression « l'uelh de la hont » (l'œil de la fontaine) pour désigner la source. Un même site peut ainsi être indifféremment désigné « source » ou « fontaine » par les populations qui le côtoient[4].

Présentation

Les Landes forestières sont un pays d'eaux  : eaux stagnantes et néfastes des marais et des lagunes de jadis, contre lesquelles l'Homme a lutté pendant des siècles[5], mais aussi eaux vives et bénéfiques des sources thermales et des fontaines, longtemps perçues par la population comme dotées de vertus curatives[2].

Nombre de villages possèdent ainsi une ou plusieurs fontaines dite guérisseuses (hont guaridora)[6], cachées dans les bois ou à l'inverse en lisière de forêt, souvent près d'une église. Leurs eaux aux qualités ferrugineuses et sulfureuses faisaient partie des moyens thérapeutiques qui ont pendant des siècles accompagné hommes et femmes de leur naissance à leur mort, révélateurs des conditions sanitaires précaires des Landes d'autrefois.

Ces fontaines étaient peu onéreuses et faciles à utiliser. On s'y rendait en pèlerinage ou en procession à date fixe (c'est notamment le cas de la source saint Jean-Baptiste à Ousse-Suzan), ou bien individuellement, souvent en cachette. Les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle y faisaient étape pour y soulager leurs maux[2]. Sur le site des Sources de Saint-Antoine d'Escource, qui présente la particularité de regrouper trois fontaines en un même lieu, il fallait préalablement passer devant une « recommandaïre » qui, comme son nom l'indique, recommandait la fontaine à choisir selon la maladie à traiter (Saint-Antoine de Traverse pour la peau, Sainte-Luce pour les yeux, Saint-Cô pour le cœur, « co » signifiant « cœur » en Gascon), sans quoi les vertus des saints restaient inopérantes[7].

On attribuait parfois en effet des qualités « miraculeuses » aux fontaines, dans des croyances mêlant la médecine au divin, réminiscences de pratiques païennes antérieures à l'émergence du christianisme. Selon les cas, on y procédait à des ablutions ou on s'y immergeait, afin de guérir les maladies de peau, favoriser la maternité ou la lactation, ou encore soigner diverses douleurs. Dans certains cas, les malades pouvaient se dévêtir dans des abris bâtis en dur autour de la fontaine les protégeant des regards. Si quelques fontaines ont échappé à la christianisation, la plupart furent placées sous la protection d'un saint, local ou plus largement connu, plus ou moins spécialisé dans le traitement d'affections. À chaque fontaine et à chaque saint ses vertus curatives :

On trouve également des fontaines :

Par endroits, le nombre de chiffons disposés sur les croix ou les arbustes environnants témoigne de la fréquentation des lieux. Le rite veut en effet que le patient imprègne un linge de l'eau de la source et le passe sur la partie du corps à traiter, puis accroche ce linge près de la fontaine comme un ex-voto. Les autres malades doivent s'abstenir de toucher ces linges, au risque d'attraper la maladie qu'ils ont aidé à soigner[2].

Selon la légende, il faut se méfier du Tac, personnage néfaste du folklore landais, qui vit près des fontaines, car il cherche toujours à se faire porter sur le dos de celui qui l’approche jusqu’à l’épuisement et le trépas de sa victime[10].

Galerie

Notes et références

Sources

  1. Église et fontaine de Biganon, sur la base Mérimée, ministère de la Culture. Consulté le 15 mars 2011
  2. a, b, c et d Sud Ouest, Le Mag, juillet 2011
  3. a et b L'Almanach du Landais 2007, éditions CPE, p 61
  4. L'Almanach du Landais 2009, éditions CPE, p 47
  5. Voir la loi du 19 juin 1857 relative à l'assainissement et de mise en culture des Landes de Gascogne
  6. Jean-Jacques et Bénédicte Fénié, Dictionnaire des Landes, Éditions Sud Ouest, 2009, 349 p. (ISBN 978-2-87901-958-1), p. 150 
  7. Les sources de Saint-Antoine, panneau de présentation consulté sur place
  8. Rufina est une chrétienne née d’une noble famille romaine. Elle est décapitée avec sa sœur Sécunda en raison de leur foi qu’elles refusent d’abjurer.
  9. Charles Daney, Dictionnaire de la Lande Française, éditions Loubatières, 1992, 347 p. (ISBN 2-86266-163-5) 
  10. Jean-Jacques Fénié, Un été dans les Landes, Sud Ouest du 22 juillet 2009, p. 12.

Bibliographie

  • Olivier de Marliave, Sources et saints guérisseurs des Landes de Gascogne, L'Horizon chimérique, 1999 

Voir aussi

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Lien externe


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