Antisémitisme

Antisémitisme

L’antisémitisme (originellement écrit anti-sémitisme) est le nom donné de nos jours à la discrimination, l'hostilité ou les préjugés à l'encontre des Juifs ainsi que les rumeurs répandues à leur sujet[1]. Il s'agit donc d'une forme particulière du racisme. Selon le Trésor de la Langue Française, le mot « antisémite » est attesté depuis 1890[1].

En dépit de l'étymologie du terme qui suggère que l'antisémitisme est dirigé contre tous les peuples sémites[2], Juifs et Arabes, en pratique il est utilisé pour faire référence à l'hostilité envers les Juifs comme groupe « religieux », « racial » ou « ethnique »[3],[4].

Les manifestations de l'antisémitisme peuvent aller de la haine personnelle à des persécutions populaires et violentes ou idéologiques et institutionnalisées. Outre les pogroms localisés, il y eut des formes de grande ampleur, à l'échelle d'un pays comme l'édit d'expulsion des Juifs d'Angleterre en 1290, l'Inquisition espagnole et l'éviction des Juifs d'Espagne en 1492. Il y en eut aussi à l'échelle d'un continent, lors de la Seconde Guerre mondiale, où la Shoah, « solution finale » d'Adolf Hitler à la « question juive » en Europe, causa la mort de 6 millions[5] de personnes désignées comme juives. Ceux-ci représentaient les trois quarts des Juifs de l'Europe occupée, les deux tiers de ceux du Vieux Continent et plus du tiers de la population juive mondiale.

Sommaire

Usage du terme

Antisémitisme et antijudaïsme

Caricature antisémite de Charles Léandre représentant la supposée hégémonie de la famille Rothschild, couverture du journal Le Rire, 16 avril 1898

On peut distinguer deux formes d'antisémitisme.

D'une part, l'hostilité et les persécutions visent les individus Juifs du seul fait qu'ils appartiennent à la religion juive, qu'ils soient pratiquants ou non. On parlera plus volontiers, en ce cas, d'antijudaïsme. L'Église catholique romaine a reconnu, lors des repentances de la fin du IIe millénaire, avoir véhiculé dans l'Histoire un discours et une culture antijudaïques, illustrés entre autres par l'expression de « peuple déicide » ou la mention des « Juifs perfides », restée dans la prière du Vendredi saint jusqu'aux réformes de Jean XXIII et de Paul VI. Une mise au point a été faite dans la déclaration Nostra Ætate en 1965.

D'autre part, l'hostilité et les persécutions s'adressent à un groupe distingué comme une supposée « race ». Cette idéologie raciste (ou racialiste) pointe les Juifs comme groupe distinct au sein de la société, les Juifs ont une culture, une mentalité et une religion différentes de celles des populations voisines ; c'est un antisémitisme selon des critères supposés de « race ».

Il s'agit alors d'une idéologie laïque prenant le relais du vieil antijudaïsme religieux (chrétien d'origine[6]) et s'y substituant. Les nouvelles formes d'hostilité sont détachées de toute connotation religieuse, du moins dans la représentation que se fait d'elle-même cette idéologie. Les nazis, mouvement néo-païen, ne firent d'ailleurs aucune différence entre les Juifs[7], les exterminant qu'ils pratiquent le judaïsme ou soient baptisés chrétiens, voire engagés dans une vie religieuse chrétienne[8].

Le philosophe Theodor W. Adorno en propose une définition large dans un aphorisme célèbre, expliquant que « l'antisémitisme, c'est la rumeur qui court à propos des juifs »[9].

L'origine du terme

Si l'on relève des phénomènes pouvant relever de l'antisémitisme dès l'Antiquité, le terme lui-même n'a été adopté qu'à la fin du XIXe siècle.

Le mot (antisemitisch en allemand) a été utilisé une première fois en 1860 par l'intellectuel autrichien et juif, Moritz Steinschneider dans l'expression « préjugés antisémites » (« antisemitische Vorurteile »). Steinschneider a utilisé cette dernière pour caractériser les idées d'Ernest Renan selon qui les « peuples sémites » étaient affectés de tares culturelles et spirituelles[10]. Mais cette première apparition du terme et son utilisation dans un sens très général demeurent uniques et isolées, sans postérité. C'est le journaliste allemand Wilhelm Marr qui invente vraiment le terme « antisémitisme » (de l'allemand « Antisemitismus ») en 1879, dans son sens d'hostilité aux Juifs, à l'occasion de la fondation d'une « ligue antisémite »[11] et non, comme on le lit souvent, dans son pamphlet anti-juif, Victoire du judaïsme sur la germanité considérée d'un point de vue non confessionnel, de la même année, où le terme n'apparaît pas[12],[13].

Pour Jules Isaac, « le terme antisémitisme est par lui-même équivoque » alors que « son contenu […] est essentiellement antijuif »[14]. Ce mot n'a jamais visé les autres populations de langue sémitique, telles que les Arabes. Au contraire, il est utilisé pour désigner l'hostilité des Arabes envers les Juifs, soit l'antisémitisme arabe[15]. Cela n'empêche pas l'étymologie de refaire périodiquement surface. Ainsi pour Jean-Claude Barreau, le terme « antisémitisme » est « complètement inapproprié » puisque le judaïsme d'aujourd'hui ne serait plus que très partiellement sémite[16].

De nos jours, l'affaissement de la dimension proprement et ouvertement raciste de l'hostilité envers les Juifs permet de penser que l'antisémitisme recouvre à la fois les deux aspects du phénomène, laïque et religieux, ce qui fait précisément la difficulté à bien cerner ce dont on parle. Une hostilité historique, remontant très loin dans le temps, religieuse, métaphysique, pouvant se dissimuler sous un discours de forme laïque, certains seraient sans doute surpris de voir qualifier d'antisémites certains discours qui peuvent être analysés comme tels.

Pierre-André Taguieff a proposé le terme « judéophobie »[17] pour désigner l'ensemble des formes anti-juives dans le monde depuis la Seconde Guerre mondiale, et le distinguer de l'antisémitisme lié aux thèses racialistes. D'autres parlent de« Nouvel antisémitisme ».

Histoire

Selon les textes religieux hébraïques composés au fil des siècles et en voie de fixation vers le premier siècle avant l'ère commune[18], l’oppression des Juifs en tant que peuple a existé de longue date : ils présentent le peuple hébreu se constituant dans sa résistance contre l'oppression des Égyptiens. Les textes relatent ensuite les attaques répétées auxquelles le peuple juif doit faire face pour préserver son indépendance et le caractère singulier de sa foi.

Pour les historiens contemporains, à l'instar de Jules Isaac, ces éléments n'ont pas de valeur historique, et jusqu'au IIIe siècle av. J.‑C. il ne relève aucune « trace authentique, incontestable de l'antisémitisme prétendu éternel. »[19]. Selon ce dernier, l'origine de cet antisémitisme est le fait des autorités chrétiennes et les Pères de l'Église du IVe siècle. Mais, depuis, des travaux plus récents font remonter le phénomène au monde gréco-romain, particulièrement à l'Égypte ptolémaïque quoique la nature précise de l'hostilité dont ils sont l'objet, particulièrement à Alexandrie théâtre de lutte factieuses, fait l'objet de débats[20]. De la même manière, Léon Poliakov explique que la « haine contre les juifs » existait avant les tensions entre judaïsme et christianisme[21].

Antiquité

Antiquité gréco-romaine

Selon Léon Poliakov, il n'existe aucune trace d'antisémitisme dans l'Antiquité avant le IIIe siècle av. J.‑C., et le foyer de cet antisémitisme est l'Égypte ptolémaïque. Encore peut-on ajouter, avec Jules Isaac, qu'il s'agit moins d'une hostilité envers les Juifs en tant que tels que d'une « haine envers les Asiatiques », ces derniers étant des Orientaux au sens large, et non pas seulement des Juifs[22]. Néanmoins des égyptologues comme Jean Yoyotte proposent des origines égyptiennes aux premières formes d'antisémitisme/antijudaïsme, remontant selon les auteurs à une période plus ou moins ancienne, à l'instar de Jan Assmann ou plus tardive, comme Alain-Pierre Zivie[23]. Plusieurs chercheurs voient dans une lettre privée du Ier siècle av. J.‑C. adressée à un habitant de Memphis[24] le témoignage le plus ancien de l'expression de l'existence d'un sentiment antisémite[25] au sein de la chôra égyptienne[26] qui pourrait, selon certains chercheurs, puiser ses racines dès avant la conquête gréco-macédonienne[27].

Les premières expressions historiquement attestées de la « haine contre les juifs » se trouvent rassemblées dans le Contre Apion, un ouvrage de l'historien juif et citoyen romain Flavius Josèphe qui rassemble vers 95 de l'ère commune une anthologie des textes d'auteurs de l'Égypte gréco-romaine, parmi lesquels des détracteurs des Juifs, particulièrement Alexandrins[28]. Ainsi, dès le IIIe siècle av. J.‑C., Manéthon propose une sorte de « contre-Exode » qui propage des fables à leur encontre, notamment celle suivant laquelle les Hébreux auraient été des lépreux chassés d'Égypte. Ces accusations, infamantes alors, sont néanmoins à contextualiser dans le cadre des tensions communautaires qui opposent à Alexandrie notamment les juifs hellénisés aux égyptiens dont le culte animal est l'objet d'une véritable répulsion par les premiers[29]. On peut noter qu'au-delà de l'hostilité sur une base religieuse qui relève de l'antijudaïsme, l'association de critères physiques trace peut-être les contours d'une forme d'antisémitisme antique[30].

Les violences généralisées contre les juifs n'apparaissent que sous la domination romaine. Au Ie siècle les juifs d'Alexandrie réclament auprès des autorités romaines le droit de cité auquel les grecs alexandrins s’opposent. Les tensions communautaires dégénèrent, la communauté juive est l'objet de persécution par le préfet d'Égypte Flaccus (en) et la ville est le théâtre d'une crise inter-ethnique en 38 qui se traduit par de violentes émeutes contre les juifs, qui seraient qualifiées aujourd'hui de « pogroms »[31]. Les affrontements intercommunautaires deviennent monnaie courante et un nouveau pogrom se déroule en 66, sous les ordres de Tiberius Julius Alexander, lui-même d'origine juive[32].

La période hellénistique

Alexandre le Grand est l'initiateur de la présence juive à Alexandrie d'Égypte où son successeur Ptolémée Ier fait venir des Juifs pour peupler la nouvelle cité[33]. La Coelé-Syrie se trouvant sous influence Lagide jusqu'à la 5e Guerre de Syrie. À Alexandrie, ils forment une entité politique séparée : ils occupent deux quartiers sur cinq de la ville hellénistique, ils sont responsables devant une juridiction spécifique, l'ethnarque, s'occupant de commerce, ils édifient rapidement de grandes fortunes (ce qui fait dire qu'ils sont avides d'or): ils se voient confier plusieurs fermes des impôts par les Lagides durant le IIIe siècle [34]. Formant des communautés fermées, en lien les unes avec les autres à l'échelle du monde méditerranéen, ils doivent non seulement faire face à l'animosité populaire: animosité contre le percepteur, contre leur richesse, mais aussi des prêtres et des philosophes: Le Stoïcien Apollonius Molon les accuse d'anthropophagie rituelle, Les Sophistes leur reproche de falsifier des textes grecs, ce qui, selon Bernard Lazare, semble ne pas être sans fondement[35].

Les persécutions contre les Juifs en tant que tels sont rares et ne peuvent jamais être attribuées à un antisémitisme d'État. C’est ainsi que la première persécution connue de la religion juive est perpétrée par Antiochos IV Épiphane, descendant de l’un des généraux d’Alexandre le Grand. Les Juifs se sont révoltés contre lui et ont vaincu les Grecs sous la direction des Maccabées. Les motivations principales de cette « crise macchabéenne » ne sont pas nécessairement religieuses. Cette crise résulte de la conjonction entre une crise politique au sein des élites judéennes pour le contrôle de la Grande Prêtrise (conflits entre les Oniades, descendants légitimes du Grand Prêtre Yéhoshoua, et les Tobiades, famille puissante mais privée de pouvoir politique) et les conflits entre les grands empires (séleucides, lagides, puis plus tard romains) qui se déchirent pour le partage du Proche-Orient. Les persécutions d'Antiochos IV n'interviennent pas soudainement, elles suivent la dégradation de la situation politique à Jérusalem où les rivalités internes à la société juive et les pressions économiques des souverains séleucides ont déjà plongé le pays dans la guerre civile. La dynastie hasmonéenne tire parti de ces oppositions et fonde la dernière dynastie des Hébreux. Ces événements ont par la suite symbolisé au sein de la communauté juive la résistance des Juifs face aux persécutions des « païens » et ont été à l'origine de la fête juive de Hanoucca.

L'empire romain

Au Ier siècle av. J.‑C., les Romains occupent la terre d'Israël et soumettent les Juifs. Si les Romains détruisirent le Second Temple, on ne peut parler initialement d'antisémitisme, puisque les Romains appliquaient le même procédé (répression des causes de désordre public) à nombre de peuples conquis.

Les Romains sont dans l'ensemble assez tolérants en matière religieuse, n'exigeant pas des populations conquises qu'elles abandonnent leurs cultes, mais ils sont heurtés, comme une bonne part de l'Antiquité polythéiste, par l'aniconisme des Juifs. Après la sacralisation de l'Empereur, le refus de ceux-ci de sacrifier à son culte, que le judaïsme rejette absolument, selon le principe de l'exclusivisme monothéiste est incompréhensible pour la plupart des peuples de l'Antiquité (sauf par les zoroastriens). Par ailleurs les autorités romaines ne peuvent appliquer l’Interpretatio romana au judaïsme ce qui était une cause de tension.

Néanmoins les romains, en administrateurs pragmatiques, adaptent certaines de leurs coutumes aux Juifs, les dispensant ainsi partiellement du Culte impérial, privilège qui suscite des jalousies. Certains juifs peuvent devenir citoyens romains, à l'exemple de Paul de Tarse ou de Flavius Josèphe, et peuvent même accéder aux magistratures en acceptant de sacrifier aux dieux, à l'instar de Tiberius Julius Alexander. D'après Tacite et Flavius Josèphe 4 000 Juifs furent exilés en Sardaigne. Plus tard, Titus Flavius Clemens, un consul de la famille impériale des Flaviens aurait été exécuté pour ses sympathies envers le judaïsme ou le christianisme. À la même époque le Contre Apion de Flavius Josèphe montre l'existence d'un antisémitisme structuré en Égypte.

L'attitude répressive des romains est également exprimée par Titus écrasant la Judée lors de la première guerre judéo-romaine et surtout par Hadrien changeant le nom de Judée en celui de Palestina (ou terre des Philistins) ce qui pourrait dénoter une orientation vers l'antijudaisme. Lors de la persécution des chrétiens dans l'empire romain, ceux-ci avaient d'abord été considérés comme une faction juive. Suétone rapporte que « les juifs » fomentaient des troubles « à l'instigation d'un certain Crestus » (souvent lu Cristos), mais juifs et chrétiens furent ensuite progressivement distingués les uns des autres notamment en raison l'existence du Fiscus judaicus.

L'empire chrétien

Au sein de la chrétienté, une opposition va se faire autour de deux passages de Paul de Tarse qui semblent bien contradictoires :

Dans l'épître aux Thessaloniciens, en effet, il considère les Juifs déicides et « ennemis de tous les hommes » :

« Vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des Églises de Dieu qui sont en Jésus-Christ dans la Judée, parce que vous aussi, vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les mêmes maux qu’elles ont soufferts de la part des Juifs. Ce sont ces Juifs qui ont fait mourir le Seigneur Jésus et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes ».

Il écrit pourtant dans l'épître aux Romains (Rm 11) que les Juifs sont « chers à Dieu », en précisant notamment : « Ils sont aimés à cause de leurs pères. Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel » (Rm 11:28-29).

(Paul était juif lui-même, ce qui peut aussi expliquer une plus grande liberté de ton quand il s'adresse directement à eux que lorsqu'il en parle aux Romains convertis).

Dans la pratique, le pouvoir temporel saura utiliser les deux textes en fonction de ses intérêts du moment. Dans le premier contexte, l’antijudaïsme devint religieux : la haine des Juifs prit ici un tour nouveau, la religion officielle véhiculant l'idée que le judaïsme puisse être intrinsèquement pervers. Les premiers chrétiens étant Juifs, ils rejettent leur ancienne religion et développent donc naturellement à son égard une haine d'ordre spirituel, d'autant que la loi juive continue de les solliciter à accepter les commandements et l'incorporéité absolue de Dieu.

Par ailleurs, la continuité de l'existence des juifs (Ancien Israël) aux côtés de la nouvelle religion (Nouvel Israël) était perçue comme la négation de fait de l'authenticité du message évangèlique. D'où le harcelèment envers les Juifs. Même une partie du clergé et quelques théologiens les présentèrent comme coupables collectivement du supplice de Jésus Christ. Les juifs n'en restaient pas moins considérés comme destinés à se convertir et à participer à la Parousie.

Selon Jules Isaac : « L'avènement de l'Empire chrétien au IVe siècle a eu pour effet immédiat de renforcer et développer l'action (ou la réaction) antijuive, par l'étroite union des pouvoirs politiques et religieux. »[36]. L'historien pointe ainsi certains Pères de l'Église « appliqués à traîner leurs adversaires dans la boue »[37] ; par exemple, Jean Chrysostome (Adversus Judaeos) crée le mythe antisémite d'une « cupidité » des Juifs[38]. À cette période, « par la volonté de l'Église, [le Juif] est devenu l'homme déchu ; on pourrait déjà dire l'homme traqué. »[39]

Moyen Âge

Massacre de Juifs, première croisade, bible du XIIIe siècle

Plus encore que l'accusation de déicide, ce qui fut âprement reproché aux Juifs par les chrétiens fut leur refus de se convertir à la foi nouvelle et de reconnaître Jésus comme messie. Seuls les Juifs baptisés étaient laissés en paix, et certains convertis devinrent d'ailleurs d'actifs prosélytes chrétiens, jouant souvent à leur tour un grand rôle dans les campagnes antijuives : ainsi, l'archevêque Julien de Tolède, au VIIe siècle, lui-même d'origine juive, mena activement campagne pour la conversion forcée de ses anciens coreligionnaires en Espagne wisigothique.

Au Moyen Âge, nombre de professions furent interdites aux Juifs. Ils furent exclus de toute fonction administrative, et surtout des corporations de métiers, et des confréries religieuses. Il leur était interdit de posséder, pour la cultiver, la terre. Ils vivaient donc dans les villes, où ne leur restaient comme possibles activités pour gagner leur vie, que celles qui étaient précisément interdites aux chrétiens. Si bien qu’ils furent repoussés de presque tous les métiers, et contraints principalement de s’orienter vers le commerce et le prêt à intérêt, souvent interdit aux chrétiens d’Occident et aux musulmans. On attribue à l’interdiction par les évêques du prêt à intérêt à Rome, une part de responsabilité dans la crise économique qui se termina par sa chute. Constantinople n’eut pas ce genre de problème, qui accueillit nombre de Juifs chassés d'Espagne qui contribuèrent largement à la réussite de l'Empire ottoman.

Par exception, les Juifs s'occupèrent aussi d’artisanat d’art (orfèvrerie, taille des pierres précieuses) et de médecine : c’est ainsi que des professeurs juifs de l’Université de Montpellier, pratiquaient secrètement la dissection afin d'améliorer leur connaissance du fonctionnement du corps humain.

Au Moyen Âge, ils donnèrent à l'Europe de nombreux savants, et furent des traducteurs et importateurs des textes anciens, grecs en particulier, qu'ils traduisirent, commentèrent et permirent à l'Europe de découvrir, également à partir de la langue arabe, lors de la grande période de l'Espagne andalouse (Al-Andalous) où les échanges entre intellectuels juifs et arabes atteignirent là leur plus haut niveau, dans le registre de la culture savante. Cette époque fut aussi celle de la traduction des textes d'Aristote (1120-1190), qui mobilisa des équipes composées de confessions des religions monothéistes, à Tolède, et dans quatre villes d'Italie (Pise, Rome, Palerme, Venise), et fut à l'origine de la Renaissance du XIIe siècle.

Il fallut attendre le concile de Trente au XVIe siècle pour que l'Église catholique romaine commence à revenir sur la question du déicide.

« Les Marranes »

En 1391, les royaumes espagnols furent théâtre des « baptêmes sanglants » qui virent de nombreuses conversions forcées de Juifs sous la pression de pogroms populaires. En 1492, les Rois Catholiques, par le décret de l'Alhambra, expulsèrent tous les Juifs d'Espagne, mesure sans précédent à l'origine de la Diaspora sépharade. Seuls restèrent les convertis ou ceux qui acceptèrent de le devenir.

Plusieurs professions furent interdites aux nouveaux chrétiens. Et cela, bien que beaucoup de ces nouveaux chrétiens, instruits dans la religion catholique depuis plusieurs générations aient été sincères. Si bien que, dans les familles ibériques, l’usage vint de demander des « certificats de pureté de sang » avant de contracter mariage, ou pour exercer telle ou telle profession. Si bien que nombre d'entre eux s’efforcèrent de fuir les territoires hispano-portugais et que, une fois mis relativement en sécurité en France, en Turquie, au Maroc, aux Pays-Bas ou en Angleterre à partir de Cromwell, ils y redécouvrirent la religion de leurs ancêtres. Ce fut le phénomène du marranisme, porteur d'une mémoire secrète, souterraine, cachée, malgré la disparition des synagogues, des textes, et l'impossibilité de suivre les rites. Les marranes, accusés de « judaïser en secret » gardèrent, pour certains d'entre eux, la mémoire de leurs origines, avant d'y revenir parfois, c'est-à-dire lorsque la situation le leur permettait. Nombre de descendants de marranes, ces chrétiens convertis de force, ont essaimé en Europe, avec des destins divers, et jusqu'en Amérique, ou même en Asie, où l'Inquisition continua à les poursuivre longtemps après leur départ du Vieux Continent, pour tenter de faire disparaître le judaïsme.

Du XVIIe siècle au XIXe siècle

En somme, dans toute l'histoire de la chrétienté, ou de l'Europe, si l'on préfère, et jusqu'au XXe siècle non compris, le sentiment antijuif et les persécutions et discriminations qui s'ensuivirent furent le fait de l’antijudaïsme chrétien, même si l'antisémitisme de Voltaire n'est évidemment pas de source chrétienne.

Cet antijudaïsme doit donc être distingué de l’antisémitisme moderne, contemporain du nationalisme qui va s'exacerbant avec la crise des États-nations, et qui pointe avec l'affaire Dreyfus en France, les théories de Houston Stewart Chamberlain en Allemagne et qui va exploser en racisme avec le nazisme exterminateur (voir pour cette histoire et la périodisation des différents formes de persécutions antijuives, de Raul Hillberg : L'extermination des Juifs d'Europe).

Affiche antisémite française de 1889

Dans le monde moderne, avec le développement des grands États européens, certains banquiers Juifs comme les frères Péreire ou la dynastie des Rothschild ont joué un rôle important dans le financement du développement industriel et de grands projets nationaux (chemins de fer). Cette place est assortie de privilèges, comme l'anoblissement, qui fait que, d'une part, les Juifs privilégiés sont en quelque sorte des hors-caste, sans que cela soit vu comme une marque d'exclusion (mais ces privilèges n'en suscitent pas moins les jalousies), d'autres part, ces Juifs privilégiés seront eux-mêmes défavorables à l'extension de leurs privilèges aux restes des Juifs qui pâtissent de ces mesures gouvernementales discriminatoires. Dans l'ensemble, les Juifs riches bénéficient de cette manière d'une protection politique (ce qui est fréquent dans leur histoire, comme on le voit au début de l'Islam qui protégea les Juifs et en fit des administrateurs), qu'il s'agisse des Juifs de Cour, ou de certains financiers du XIXe siècle. Par exemple, Bismarck, qui tenait des propos antisémites dans sa jeunesse, y renoncera plus tard[40]. Par la suite, des antisémites l'accuseront d'être à la solde des Juifs.

Il apparaît ainsi que le développement de l'Europe, déjà tributaire de leur culture et de leur religion, fut tributaire de la puissance financière des Juifs les plus riches ; mais, comme le remarque Hannah Arendt, cette puissance s'accompagne d'une grande réticence à s'engager dans les événements du monde, contrairement à ce que diront les antisémites par la suite, avec la théorie du complot juif. Outre le rôle financier des Juifs dans l'Europe moderne, il faut remarquer que du fait de leur présence dans tous les pays d'Europe, les Juifs furent une communauté internationale, par opposition à la montée en puissance de l'isolement nationaliste des autres peuples. Pour Diderot, un des rares philosophes des Lumières à ne pas détester les Juifs (les Juifs étant en effet parfois considérés comme les odieux financiers des aristocrates ; quelques socialistes du XIXe siècle, adhérant à l'antisémitisme[41], reprendront un argument similaire), ceux-ci sont le ciment indispensable des nations européennes. C'est vers cette époque que le mouvement d'émancipation des Juifs d'Europe se met en marche, et au début du XIXe siècle, dans certains pays, ils obtiennent l'égalité des droits, parce que la notion de citoyenneté est jugée plus importante et plus universelle que la question de savoir si un individu est Juif ou non.

Mais ce caractère international fut interprété également dans le sens d'un complot (dont la famille Rothschild, installée en France, en Autriche, en Angleterre, aurait été le symbole), alors qu'il est lié en réalité à la plus grande importance chez les Juifs de la famille par rapport à la nation. Aussi les antisémites ont-ils projeté sur les Juifs des catégories de pensée qui leur sont étrangères.

Par la suite, au cours du XIXe siècle, l'influence financière des Juifs diminue fortement, et c'est à ce moment de leur histoire, où leur influence réelle est devenue très faible, où les Juifs ne comptent presque plus économiquement en ce qui concerne les affaires politiques, que naîtra cette haine virulente les accusant d'intentions qu'ils n'ont jamais réalisées quand ils l'auraient pu, et qu'ils n'étaient de fait plus capables de réaliser, même au cas où ils l'auraient voulu. En revanche, c'est à ce moment que les Juifs obtiennent des postes en nombre plus importants, dans l'administration par exemple, ce qui sera encore une fois jugé comme une menace (France enjuivée). Ces accusations ne sont pas seulement des contre-vérités économiques et politiques, mais elles ignorent également cette tendance fréquente chez les Juifs à l'assimilation, à la dissolution même de la communauté juive d'un pays, tendance freinée soit par un regain d'hostilité à leur égard, soit par une politique d'État visant à conserver le statut de Juif, eu égard à son utilité indiquée plus haut. Au moment où l'antisémitisme explose en Europe et s'organise (vers 1870, après plusieurs vagues au cours du XIXe siècle), les Juifs n'ont donc plus la même importance, et l'existence même de l'identité juive est en passe de disparaître, sans que la cause en soit une volonté délibérée de détruire leur culture.

L'organisation de l'antisémitisme commence donc dans les années 1870 - 1880. En Grande-Bretagne, l'afflux des réfugiés juifs originaires de Russie, où se multiplient les pogroms durant les années 1880, finit par provoquer des émeutes antisémites à Londres, cependant isolées et réprimées par la police[42]. En Allemagne, les propos antisémites commencent à avoir du succès avec Stöcker, et avec Schönerer en Autriche, où la virulence de l'antisémitisme est plus grande du fait de l'opposition de la communauté allemande alors prépondérante contre l'État : le pangermanisme y est particulièrement exacerbé, et les Juifs sont, on l'a vu, associés à l'État dans ce genre de propagande (le mouvement autrichien apparaît ainsi comme la véritable préfiguration du nazisme).

Un trait caractéristique de l'antisémitisme, à ce moment de son histoire, est son caractère supranational, ce qui peut apparaître paradoxal. Le fait est cependant que les partis antisémites allemands et autrichiens se présentant comme des partis au-dessus des partis (donc des partis qui ont vocation à contrôler totalement l'État, à incarner la nation), se réunissent en congrès internationaux, et c'est à ce niveau qu'ils ont l'ambition de lutter contre les Juifs, qui sont alors le seul élément de dimension européenne. En somme, les antisémites imitent les Juifs tels qu'ils les imaginent, et projettent de prendre le pouvoir occulte qu'ils leur attribuent.

L'agitation antisémite n'est toutefois pas durable, et il n'y a pas d'intensification constante de cette idéologie jusqu'à l'avènement du nazisme. Ainsi Stefan Zweig nota-t-il que la période 1900 - 1920 sembla un âge d'or pour les Juifs, au point que les précédentes agitations contre ces derniers ne semblaient plus qu'un mauvais souvenir.

L'antisémitisme au début du XXe siècle

Affiche antisémite en Allemagne nazie, avec un SA en premier plan. « Allemands ! Défendez-vous ! N'achetez pas chez les Juifs ! », 1933

Le premier coup d’arrêt à l'antisémitisme en France fut la réaction à l’affaire Dreyfus (1894 à 1906). L’empire russe, lui, connaissait des vagues de pogroms successives, persécutions qui provoquèrent en réaction l'idée du projet sioniste créé par le journaliste, écrivain et homme politique Theodor Herzl afin de faire accéder les Juifs au rang de peuple politique, susceptibles enfin de bénéficier des mêmes droits politiques que tout autre peuple ou nation se donnant son organisation politique, ainsi que des Droits de l'homme que les États européens qui abritaient les Juifs durant la période nazie, n'avaient pas convoqués ni su faire jouer pour les protéger des persécutions du nazisme. On lira à ce propos avec intérêt les analyses de Hannah Arendt, soulignant l'absence de contenu de la notion de « Droits de l'homme » en l'absence d'un État pour les faire valoir et les appliquer à une nation donnée. Avec les persécutions nazies, les Droits de l'Homme sont en effet apparus après-coup, comme étant équivalents aux « droits des peuples » dans le système de l'État-nation. Les peuples sans État (celui de leur nation) se trouvèrent là démunis, privés de tous droits, et leurs droits, en tant qu'« hommes » n'étaient garantis par aucune institution. (in L'impérialisme, Fayard, 1982).

Des écrivains ont vivement pratiqué et encouragé l’antisémitisme : Charles Maurras, les Frères Goncourt, Édouard Drumont avec son pamphlet La France juive (1886), Brasillach, Céline à l'époque où l'Europe sombra dans le fascisme. Charles Maurras donna à ses écrits une forme doctrinale, qui s'est développée dans le courant de l'Action française entre 1899 et 1939, et fut condamnée à deux reprises par le Vatican (en 1914 et en 1926)[43]. Cette doctrine rejetait les racines juives du christianisme (voir Antijudaïsme dans la période contemporaine).

Historiquement, de nombreux motifs ont été utilisés pour justifier, perpétuer ou susciter l’antisémitisme, incluant des éléments sociaux, économiques, nationaux, politiques, raciaux et religieux. Notamment :

  • la théologie du Vetus Israël/Verus Israël (ancien Israël contre véritable Israël) développée par Augustin d'Hippone au IVe siècle. Selon elle, le peuple chrétien serait désormais le véritable peuple de l’Alliance, car Dieu se serait détourné des Juifs. De ce fait, le judaïsme serait condamné à disparaître et les Juifs à se convertir. Cette position théologique se nomme le supersessionisme ou théologie de la substitution. Elle a été mise en évidence à la conférence de Seelisberg (1947). La conséquence en fut l’antijudaïsme chrétien[réf. nécessaire]), ce que Jules Isaac appelait l'enseignement du mépris, pouvant conduire à des persécutions et des conversions forcées, se résolvant, dans le meilleur des cas, dans le marranisme. D'après Y. Leibovitz[44] seul cet enseignement du mépris, inhérent selon lui au messianisme chrétien du sauveur dégageant l'homme du « joug de la Torah et des mitsvot », explique que les populations et les élites dirigeantes européennes ait laissé faire et souvent réalisé elles-mêmes[45] l'assassinat des Juifs d'Europe pendant la seconde guerre mondiale.
Certificat de non-appartenance à la race juive (régime de Vichy, 1943).
  • La limpieza de sangre (pureté du sang) qui se développe en Espagne après le décret de l'Alhambra (1492) et l’expulsion des Juifs. Pour obtenir certaines charges honorifiques, exercer certaines professions, entrer dans certains ordres religieux, il est nécessaire de prouver qu’aucun ancêtre n’était juif ou musulman : la Reconquista terminée, Grenade prise, il s'agit à présent de reconstruire l'identité nationale. Ce statut n'est progressivement adopté par les archevêchés que dès la fin des années 1520. En pratique, la limpieza est reconnue à un seuil de trois générations ; au-delà, il est quasi-certain que l'ancêtre ait du sang juif ou musulman, étant donné le métissage de l'Espagne médiévale. La reconnaissance de la limpieza de sangre se fait par enquête de l'Inquisition, sur dénonciation : enquête par définition longue, et coûteuse. Ainsi, qui sort de ce filet se trouve lavé de tout soupçon, mais généralement ruiné.
  • À la fin du XIXe siècle, deux documents fallacieux apparaissent à quelques années de distance. D'une part, le prêtre Pranaitis publie Le Talmud démasqué (1892), ouvrage rempli de fausses citations du Talmud et destiné à faire croire à une volonté meurtrière des juifs contre les chrétiens. Pranaitis sera confondu lors de l'affaire Beilis mais son livre continuera à être diffusé. D'autre part, moins de dix ans plus tard, la théorie du complot juif international est diffusée principalement par les Protocoles des Sages de Sion (1901), un faux fabriqué par Mathieu Golovinski pour le compte de la police secrète de la Russie tsariste (l'Okhrana). Les Protocoles sont un pamphlet qui décrit les prétendus plans de conquête du monde par les Juifs. Ce faux fut utilisé par les nazis comme instrument de propagande et figurent en bonne place parmi les prétextes invoqués pour justifier la persécution des Juifs et leur extermination, la Shoah. Ce faux a été réactualisé ces dernières années en forme de série télévisée, et diffusée dans quelques chaînes diffusant en langue arabe. Il a été de facto censuré par la plupart des pays arabes pour son contenu inapproprié. Il est de nouveau édité en Russie et en Ukraine.[réf. nécessaire]

Antisémitisme et sionisme

Article connexe : antisionisme.

L'antisémitisme se retrouve en toile de fond de plusieurs événements de l'histoire du sionisme en Palestine mandataire entre la prise de contrôle du pays par les Britanniques en 1917 et la fondation de l'État d'Israël suite à la résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU.

Historiquement, le Mandat britannique fut un facteur majeur qui permit l'établissement d'un foyer national juif en Palestine. Selon l'historien Tom Segev, assez paradoxalement, le soutien initial des Britanniques au projet sioniste tient principalement de leur 'antisémitisme' et de leur conviction à l'époque que les « Juifs contrôlaient le monde » et qu'ils pourraient en bénéficier en retour de leur soutien au sionisme. Il indique que Chaim Weizmann sut utiliser ce sentiment pour faire avancer sa cause[46].

Dès l'arrivée des premiers immigrants vers 1900, le projet sioniste a vu l'opposition des Arabes de Palestine. D'abord exprimée sous forme de plaintes aux autorités ottomanes, elle s'est mué en nationalisme pan-arabe puis palestinien dans les années 1920 et s'est rapidement accompagné de dérives à caractère antisémite de plus en plus violentes. Des massacres de Juifs eurent lieu lors des Émeutes de Jérusalem de 1920, des émeutes de Jaffa en 1921, des émeutes et du massacre d'Hébron en 1929 et lors de la Grande Révolte arabe en 1936-1939[47]. Le contrôle de la Palestine par les Britanniques et la lutte contre le sionisme poussèrent également les nationalistes arabes dans le camp nazi. Plusieurs d'entre eux collaborèrent activement pendant la Seconde Guerre mondiale[48]. La propagande israélienne sut en faire usage en particulier dans le cas du Mufti de Jérusalem, en en amplifiant l'importance au point de marquer la conscience collective israélienne[49].

La Shoah est souvent présentée comme une des causes de la fondation de l'État d'Israël. Les historiens ne partagent pas ce point de vue. Déjà avant la Seconde Guerre mondiale, les « bases sociales, politiques, économiques et militaires de l'État-à-venir étaient déjà fermement en place ; et un sens profond d'unité nationale prévalait. (…) [même si] le choc, l'horreur et le sentiment de culpabilité ressenti par beaucoup généra un sentiment de sympathie envers les Juifs en général et le mouvement sioniste en particulier »[50].

Après la Seconde Guerre mondiale, ce fut au tour des Juifs de passer à l'offensive et de s'attaquer aux Britanniques pour réclamer l'indépendance, notamment aux travers d'actions sanglantes organisées par l'Irgoun et le Lehi. Près de 100 000 soldats britanniques furent dépêchés en Palestine avec à leur tête le Général Bernard Montgomery qui avait maté la Révolte arabe de 1936 et le Général Barker, antisioniste et pro-arabe convaincu. Dans ce contexte, et malgré la mise en vigueur de certaines lois jugées « nazies », la crainte d'être accusés d'antisémitisme' poussa les Britanniques à faire preuve de nettement moins de détermination et de brutalité qu'ils ne le firent à l'encontre des Arabes 10 ans plus tôt. Certaines dérives 'antisémites' se produisirent également, notamment dans le chef du Général Evelyn Barker (en) qui émit un ordre d'interdiction aux soldats britanniques de fréquenter les établissements juifs ce qui était un bon moyen de les combattre « en leur frappant au porte-monnaie, ce que la race déteste particulièrement »[51]. Dans les différentes motivations à se retirer de Palestine, dont les principales restent le coût, l'impossibilité de résoudre le conflit entre Juifs et Arabes et la mort inutile de soldats britanniques, un Ministre britannique écrivit : « (…) [la présence britannique] expose nos garçons, pour aucune bonne raison, à des expériences abominables et nourrit l'antisémitisme à la vitesse la plus choquante. »[52].

En 1947, les leaders arabes sous-estimèrent la capacité des Juifs à mener une guerre. Ce point de vue constitue une des causes de la victoire israélienne de la Guerre de Palestine de 1948. Selon Ilan Pappé, cette vision des choses était due notamment à leur 'antisémitisme' qui toutefois n'était pas présent chez le roi Abdallah de Jordanie, par ailleurs conscient de la puissance réelle du Yichouv[53].

Antisémitisme et conflit israélo-palestinien

Article connexe : antisionisme.

L’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC)[54] a publié en mai 2006 un document de travail sur l’antisémitisme dans l’Union européenne des quinze États membres de 2001 à 2005. L’EUMC s’est donné pour tâche « d’observer le développement historique de l’antisémitisme, d’identifier le contexte social qui donne essor à la haine des agresseurs, mais aussi d’écouter avec sensibilité les peurs des communautés juives ». Le rapport conclut que, dans de nombreux pays l'augmentation des incidents antisémites est le fait plus de musulmans au Danemark, en France[55], en Belgique[56] que de l'extrême-droite. Ce serait moins le cas aux Pays-Bas[57], en Suède[58] ou en Italie[59].

L’EUMC estime que « les évènements au Moyen-Orient, les activités et le discours de l’extrême-droite et jusqu’à un certain point de l’extrême-gauche peuvent influer sur le nombre d’actes antisémites »[60].

Si « les études montrent que les stéréotypes antijuifs ont peu changé, les manifestations publiques d’antisémitisme dans la politique, les médias et la vie quotidienne ont changé récemment, surtout depuis le déclenchement de l’Intifada Al-Aqsa en septembre 2000 ».

Concernant l’antisionisme, l’EUMC note que  : « En Europe, "l’antisémitisme secondaire" et l’utilisation de l’antisionisme comme un moyen de contourner le tabou antisémite dominent parmi les extrêmes gauche et droite. Le révisionnisme et le négationnisme sont devenus un élément central du répertoire propagandiste des organisations d’extrême-droite dont l’antisémitisme forme un élément central dans leur formation. »

C'est bien cette convergence entre antisionisme et antisémitisme qui amène une trentaine de familles juives à quitter, en 2009, Malmö en Suède après des incidents antisémites dont l'incendie d'une synagogue[61],[62].

Manifestation

L'antisémitisme se manifeste de différentes façons :

  • L'hostilité, voire la haine, à l'égard des Juifs, pouvant aller jusqu'à l'assassinat de personnes juives ou considérées comme telles (attentat de la Rue des Rosiers à Paris, attentat contre une Synagogue Libérale à Paris, assassinat à Nice d'une jeune fille qui aurait dû se marier 15 jours plus tard par un criminel antisémite appelé Frediksen, ou encore d'un touriste juif lors du detournement de l'Achille Lauro etc., cette liste n'est pas exhaustive),
  • Le dédain vis-à-vis des caractéristiques physiques et morales attribuées aux Juifs (mythologie antisémite des prétendus nez proéminents ou goût pour l'argent),
  • Le rejet ou l'accusation des Juifs comme tels, ceci indépendamment de leur situation ou de leur action.

D'après Léon Poliakov, l'antisémitisme au sens strict du terme, c'est-à-dire l'animosité à l'égard des Juifs est radicalement différent de tous les autres conflits et haines passés en raison de sa pérennité et de son intensité.

La haine des Juifs concerne une part seulement de l'humanité au regard de la planète. L'antisémitisme est la version profane de l'antijudaïsme, dont l'apparition historique, antérieure au christianisme, remonte à la révolte des Maccabées contre le pouvoir romain. Wilhelm Marr parle d'antisémitisme en 1879. Au XIXe siècle, l'antisémitisme sera l'application, à un peuple d'Europe, de théories raciales qui occasionnaient déjà de nombreux massacres outremer. La spécificité de l'antisémitisme du XXe siècle réside dans le fait que ce sont des populations européennes au cœur même de l'Europe qui ont été rabaissées au niveau de sous-humanité. L'antisémitisme peut prendre des formes sophistiquées, comme par exemple les campagnes de presse qui sans être ouvertement antijuives, ne présentent pas moins un réseau d'informations frelatées qui tendent toutes à incriminer le judaïsme.

Formes

  • L'antisémitisme économique. Dans le bas Moyen Âge, après la première croisade, la plupart des métiers étaient interdits aux Juifs et ils étaient cantonnés dans les métiers d'argent.[citation nécessaire] Compte tenu de leurs expulsions périodiques, les Juifs n'ont pu s'adonner à l'agriculture de façon durable. D'autre part, dans les villes, ils étaient exclus des corporations, qui étaient des confréries religieuses avec de saints patrons et des processions. Notamment seuls le prêt d'argent, interdit aux chrétiens, et la friperie leur étaient autorisés. Ainsi qu'en certains lieux l'orfèvrerie et la bijouterie, lorsqu'ils en étaient les seuls spécialistes.

Or, le prêt d'argent était rémunéré par des intérêts que ceux qui empruntaient, le plus souvent pour consommer et non pour investir, étaient hors d'état de rembourser. Aussi les intérêts étaient-ils nécessairement élevés pour compenser les risques de non remboursement, d'autant plus que refuser de rembourser un juif n'était pas une infraction bien grave. En 1431, lors du Concile de Bâle, l'Église leva l'interdiction faite aux catholiques du prêt à intérêt. Les persécutions antisémites connurent dès lors une croissance exponentielle en Europe.

  • La xénophobie antisémite. Les Juifs sont bien souvent des personnes immigrées, car les mauvais traitements dans leurs pays d'origine et leurs expulsions ont eu pour effet de les obliger à émigrer. Ces Juifs immigrés ont souvent eu à subir la xénophobie de certains gouvernants ou habitants de leur pays d'accueil. Ainsi, lorsque le gouvernement de Vichy dirigé pendant l'Occupation par le maréchal Philippe Pétain, promulgua un statut des Juifs inspiré étroitement des lois hitlériennes, il décida parallèlement de revenir sur les naturalisations. Un peu plus tard, son gouvernement autorisa et organisa la déportation des Juifs français et étrangers vers les camps de concentration et donc les conduisit vers la mort. Beaucoup d'entre eux s'étaient battus pour la France lors du précédent conflit mondial, et en 1939-1940, en qualité de citoyens français, ou d'engagés volontaires étrangers.
  • Les antisémitismes racistes considèrent les Juifs comme une race à part entière. Mais cette théorie est dépourvue de fondement scientifique puisque les progrès de la génétique conduisent aujourd'hui à rejeter toute tentative de classification raciale. De surcroît, la confession israélite est issue de nombreuses conversions survenues depuis la plus haute antiquité. Par exemple les Khazars, dans le Caucase, convertis en masse au judaïsme au Moyen Âge. L'exemple actuel le plus marquant est celui des Falashas (peuple noir d'Afrique de religion juive) (cf. article « Judaïsme »).

Législation

Législation française

Des lois nombreuses forment le dispositif français de lutte contre le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme :

  • 1881 : loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (chapitre IV), première loi sanctionnant les propos publics discriminatoires ;
  • 1972 : loi no 72.546 du 1er juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme par laquelle un certain nombre d’actes de la vie courante sont érigés en infraction (par exemple, le refus de fournir un bien ou le licenciement pour des raisons raciales) ;
  • 1990 : loi no 90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe avec en particulier, création du délit de contestation de crime contre l’humanité : négationnisme ;
  • 1994 : le Nouveau Code Pénal, publié le 1er mars 1994, a créé de nouvelles infractions et renforcé la répression des délits racistes (l'étendant aux personnes morales) ;
  • 2003 : Décret no 2003-1164 du 8 décembre 2003 portant création du comité interministériel de lutte contre le racisme et l'antisémitisme. NOR : PRMX0300202D
  • 2004 : la loi no 2004.204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité précise cette circonstance aggravante quand l’infraction est « précédée, accompagnée ou suivie de propos, écrits, images, objets ou actes » racistes ou antisémites. La loi prévoit différentes sanctions pénales allant de l’amende à l’emprisonnement. Ainsi, l’injure raciale est punie - au maximum - de 6 mois d’emprisonnement et/ou d’une amende de 22 500 euros.
  • 2004, sur Internet (cybercriminalité), la loi no 2004-575 du 21 juin 2004 stipule que « les hébergeurs et fournisseurs d’accès Internet ont l’obligation de contribuer à la lutte contre la diffusion de données à caractère pédophile, négationniste et raciste ».

Références législatives

Publications

  • Divers :
    • Moyens de la lutte contre l’expression raciste, antisémite, ou xénophobe sur l’internet : dossier de presse, Forum des droits sur l’internet, juin 2004
    • Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, service de presse du Premier Ministre

Articles

  • Actes racistes et antisémites, aujourd’hui, en France, G. Fellous, Regards sur l’actualité, no 305, novembre 2004
  • Le droit pénal face au racisme, M. Bourrette, Regards sur l’actualité, no 305, novembre 2004
  • Lutte contre les discriminations raciales, Regards sur l’actualité, no 299, mars 2004

Législation européenne

En janvier 2003, le Conseil de l’Europe a ouvert à la signature le Protocole additionnel à la convention sur la cybercriminalité. Le 28 janvier 2004, le ministre français des Affaires étrangères a ainsi présenté au Conseil des ministres un projet de loi autorisant l’approbation de ce protocole additionnel.

Ce protocole négocié à la demande de la France, demande aux États de criminaliser la diffusion de matériel raciste et xénophobe par le biais de système informatiques afin d’« améliorer la lutte contre les actes de nature raciste et xénophobe commis par le biais de systèmes informatiques, en harmonisant le droit pénal » français et européen. Comportements visés :

  • diffusion de matériel raciste et xénophobe ;
  • diffusion des insultes et menaces motivées par des considérations racistes et xénophobes ;
  • approbation ou justification publique des faits de génocide ou de crime contre l’humanité.

Notes et références

  1. a et b (voir la version informatisée TLFi Antisémite sur CNRTL.
  2. Sémite : (de Sem, nom d'un fils de Noé) Langue qui appartient à un groupe de langues d'Asie occidentale et d'Afrique, présentant des caractères communs (racines trilittères, richesse en consonnes, etc.). Les langues sémitiques comprennent : - le sémitique oriental : Akkadien - le sémitique occidental : + groupe du nord : Cananéen, Phénicien, Hébreu, Araméen, Syriaque + groupe du sud : Arabe, Éthiopien.
  3. Bernard Lewis : « Antisemitism has never anywhere been concerned with anyone but Jews » (« l'antisémitisme n'a de tout temps concerné que les juifs » -- Semites and Antisemites, Islam in History: Ideas, Men and Events in the Middle East, The Library Press, 1973.
  4. Voir
  5. Pour plus de détails, voir l'article Shoah#Bilans chiffrés des victimes.
  6. Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, 10-18, 1998.
  7. R Stackelberg, S. A. Winkle,The Nazi Germany Sourcebook, p. 188
  8. En 1942, Edith Stein, carmélite, est déportée et assassinée avec d'autres chrétiens d'ascendance juive à la suite des protestations de l'épiscopat catholique et du synode des églises réformées néerlandais auprès de l'envahisseur allemand contre les mesures discriminatoires touchant les juifs ; cf. John K. Roth, "Good news" after Auschwitz?: Christian faith within a post-Holocaust world, éd. Mercer University Press, 2001, p. 66 extrait en ligne ; à titre d'exemple, on peut également citer, en France, Max Jacob, déporté en 1944 ; cf. Christine van Rogger-Andréucci, Max Jacob : acrobate absolu, éd. Champs vallon, 1991, p. 178, extrait en ligne
  9. « Der Antisemitismus ist das Gerucht über die Juden ». Theodor W. Adorno, Reflexionen aus dem beschàdigten Leben, Frankfurt sur Main, 1951, p. 200 ; éd. française : Theodor W. Adorno, Minima Moralia. Réflexions sur la vie mutilée, éd. Payot, 1991, p. 106. Composés entre 1944 et 1947 aux États-Unis, les Minima Moralia ont été édités pour la première fois à Francfort en 1951
  10. Gilles Karmasyn, L’« antisémitisme » : une hostilité contre les Juifs. Genèse du terme et signification commune, PHDN, 2002-2004, surtout note 4 et note 6
  11. Ibid., surtout note 4
  12. Ibid., surtout note 3
  13. Le dictionnaire Robert confirme le caractère tardif de l'apparition de ce terme dans la langue française en datant le mot antisémitisme de l'année 1886 et le mot antisémite de 1889. En sens inverse, ces deux termes ne figurent pas encore dans l'édition 1878 du Littré.
  14. Genèse de l'antisémitisme, éd. Agora, p. 24
  15. Cf. notamment Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, op. cit., p. 24.
  16. Jean-Claude Barreau, Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Israël, Toucan, 2010, p.107
  17. Prêcheurs de Haine : entretien avec Pierre-André Taguieff
  18. Adrian Schenker,« Histoire du texte de l'Ancien Testament », in Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (éd.), Introduction à l'Ancien Testament, éd. Labor et Fides, 2009, p.  48-50, extraits en ligne
  19. Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, 10-18, 1998, p. 34 à 41, et p. 52. Jules Isaac ajoute p. 123 : « Les faits rapportés par le Livre d'Esther [...] ne paraissent avoir aucun fondement historique. »
  20. Bernard Legras, « Les discours de haine contre les juifs dans l'Égypte ptolémaïque », in Bernard Delaplace (éd.) Les discours de la haine : récits et figures de la passion dans la cité, éd. Presses Univ. du Septentrion, 2009, p.  33-49, article en ligne
  21. Léon Poliakov, « Histoire de l'antisémitisme », tome I, l'Âge de la foi, éd. Calman-Lévy, préface
  22. Cf. Genèse de l'antisémitisme, op. cit.,p. 39-40.
  23. Bernard Legras, « Les discours de haine contre les juifs dans l'Égypte ptolémaïque », in Bernard Delaplace (éd.) Les discours de la haine : récits et figures de la passion dans la cité, éd. Presses Univ. du Septentrion, 2009, p.  39-40
  24. P. IFAO 104 ; cf. Corpus Papyrorum Judaicarum, vol. I, éd. Harvard University press, 1957, p.  142
  25. à la suite de Roger Rémondon, « Les antisémites de Memphis », in Chroniques d'Égypte no 35, 1960, p.  244-261
  26. Dorothy J. Thomson, Memphis under the Prolemies, éd. Princeton University Press, 1988, p.  260
  27. Bernard Legras, « Les discours de haine contre les juifs dans l'Égypte ptolémaïque », in Bernard Delaplace (éd.) Les discours de la haine : récits et figures de la passion dans la cité, éd. Presses Univ. du Septentrion, 2009, p.  44,46
  28. Bernard Legras, « Les discours de haine contre les juifs dans l'Égypte ptolémaïque », in Bernard Delaplace (éd.) Les discours de la haine : récits et figures de la passion dans la cité, éd. Presses Univ. du Septentrion, 2009, p.  33-35
  29. Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les juifs, éd. Picard, 2009, p.  137, 158
  30. Bernard Legras, « Les discours de haine contre les juifs dans l'Égypte ptolémaïque », in Bernard Delaplace (éd.) Les discours de la haine : récits et figures de la passion dans la cité, éd. Presses Univ. du Septentrion, 2009, p.  46-47
  31. cf. Pieter Van Der Horst, Philo’s Flaccus :The First Pogrom.Introduction, Translation and Commentary, éd. Brill, 2003, extraits en ligne
  32. Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les juifs, éd. Picard, 2009, p.  161
  33. Flavius Josèphe mentionne la présence juive dès l'origine d'Alexandrie (Antiquités judaïques XIX, V, 2).
  34. Bernard Lazare, L'Antisémitisme, ses origines et ses causes, op.cit., p. 23 (ch.1).
  35. B. Lazare, l'Antisémitisme..., p. 24 (ch.1)
  36. Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, 10-18, 1998, p. 320.
  37. Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, 10-18, 1998, p. 157-158, et p. 162.
  38. Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, 10-18, 1998, p. 160.
  39. Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, 10-18, 1998, p. 179.
  40. Roland Charpiot, Histoire des Juifs d'Allemagne du Moyen âge à nos jours, Vuibert, 2009, p. 110.
  41. Par exemple Pierre-Joseph Proudhon, dans ses Carnets notamment.
  42. L'exemple le plus célèbre, et sans doute le plus grave, est celui des émeutes de 1888 à Londres, qui prennent pour prétexte les crimes de Jack l'Éventreur à Whitechapel, quartier à forte population juive, et l'inscription anonyme selon laquelle « les Juifs ne seront pas accusés en vain » [de ces meurtres].
  43. Jacques Prévotat. Les catholiques et l'Action française. 2001.
  44. Judaïsme, peuple juif et État d'Israël, Lattes, 1985
  45. Voir La Shoah par balles, du prêtre Patrick Desbois
  46. Tom Segev, One Palestine, Complete, Hold Paperbacks, 2001, p. 33, note p. 35, p. 40-41.
  47. Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste., 2003, p. 28-29 - p. 51-180.
  48. Hadj Amin al-Husseini, Abd al-Kader al-Husseini, Fawzi al-Qawuqji, Hassan Salameh, …
  49. Voir l'article Amin al-Husseini et l'antisémitisme.
  50. Tom Segev, One Palestine, Complete, Hold Paperbacks, 2001, p. 491.
  51. Tom Segev, One Palestine, Complete, Hold Paperbacks, 2001, chap. 22 - 'Give Me a Country Without Wars', p. 468-487.
  52. Tom Segev, One Palestine, Complete, Hold Paperbacks, 2001, p. 495.
  53. Ilan Pappé, La Guerre de 1948 en Palestine, La fabrique éditions, 2000, p. 158-169.
  54. (en)Summary overview of the situation in the European Union 2001-2005 sur Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, mai 2006. Consulté le 13 avril 2009
  55. (en) EUMC : « In some countries – e.g. France and Denmark – the NFPs concluded that there is indeed evidence of a shift away from extreme right-wing perpetrators towards young Muslim males. »
  56. (en) EUMC : « In Belgium the NFP concludes with regard to perpetrators of antisemitic acts that they are mainly found in the context of political-religious movements, who spread antisemitic ideas among groups of youngsters with Arabic-Islamic origins. »
  57. (en) EUMC : « In the Netherlands the NFP observed that the small number of ethnic minority perpetrators involved in ‘racial violence’ in 2002 (5%) was rather striking. »
  58. (en) EUMC : « In Sweden there was evidence of incidents committed by people connected to anti-Israeli or pro-Palestine movements, and also of assailants connected to the extreme right. The NFP points out that there is a large “White Power” element in many antisemitic crimes. »
  59. (en) EUMC : « In Italy, from the NFP research and from cases drawn from the press, the NFP perceives that individuals and groups belonging to several formations of the far-right (generally anti-Jewish and racist; in some cases pro-Palestinian, in others anti-Muslim) constitute the most numerous and aggressive category of perpetrators of racist and anti-Jewish acts. »
  60. (en) EUMC : « only speculative conclusions can be drawn, namely that developments in the Middle East may have an influence through affecting the Arab and Muslim European communities, as well as the activities and rhetoric of the extreme and far right and to a certain extend the extreme left. »
  61. Le maire de Malmö, en Suède, assimile sionisme et antisémitisme sur Le Monde, 29 janvier 2010. Consulté le 4 mars 2010
  62. (en)Nick Meo, « Jews leave Swedish city after sharp rise in anti-Semitic hate crimes » sur Daily Telegraph, 21 février 2010. Consulté le 23 février 2010
  63. Lutte contre l'antisémitisme, le racisme et la xénophobie - Jacques Chirac, 22 mai 2003
  64. Les lois antiracistes - Ministère de la Justice, 4 novembre 2005 [PDF]
  65. Rapport annuel 2007 de la Halde
  66. La lutte contre le racisme et la xénophobie : rapport d'activité 2007 - La Documentation française, 2008

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Theodor W. Adorno et Max Horkheimer, La Dialectique de la Raison, Paris, Gallimard, 1974.
  • Hannah Arendt, Sur l'antisémitisme, (Les origines du totalitarisme t.1), éd.Seuil, coll.Points
  • Sylvain Attal, La Plaie. Enquête sur le nouvel antisémitisme, Paris, Denoël, 2004, 334 p. 
  • Paul-Éric Blanrue Le Monde contre soi. Anthologie des propos contre les Juifs, le judaïsme et le sionisme. Éditions Blanche 2007
  • Yves Chevalier, L'Antisémitisme : Le Juif comme bouc émissaire, Cerf, 1998 (publié avec le concours du CNRS et de la Fondation du Judaïsme français)
  • Jean-François Faü : L'Image des Juifs dans l'art chrétien médiéval, Maisonneuve et Larose, 2005.
  • André Glucksmann, Le Discours de la haine, Pluriel, Hachette, 2005.
  • Martin Goodman, Rome et Jérusalem, traduit de l'anglais par Michel Bessières, Agnès Boltz et Sylvie Kleiman-Lafon, éditions Perrin, 2009
  • Jules Isaac, Genèse de l'antisémitisme, Plon, coll. Agora, 1985
  • Jacob Katz (en), Exclusion et tolérance. Chrétiens et Juifs du Moyen Âge à l'ère des Lumières, Lieu commun, 1987.
  • Guy Konopnicki, La faute des Juifs, Paris, Balland, 2002, 190 p. 
  • Walter Laqueur, L'antisémitisme dans tous ses états : Depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours (titre original : (en) The Changing Face of Antisemitism: From Ancient Times to the Present Day, 2006), éd. Markus Haller, 2010. (ISBN 978-2940427086)
  • Bernard Lazare, L'antisémitisme, son histoire et ses causes, collection « Le puits et le Pendule », Éditions de la Différence, Paris 1982 (édition papier utilisée: le chapitre sera indiqué pour les notes) L'Antisémitisme, son histoire et ses causes, 1894
  • Jean-Claude Milner, Les penchants criminels de l'Europe démocratique, Paris, Verdier, 2003, 155 p. 
  • Léon Poliakov, Histoire de l'antisémitisme, éd. du Seuil, coll. Points, 1991
  • Michaël Prazan, L'écriture génocidaire. L'antisémitisme en style et en discours, Paris, Calmann-Lévy, 2005, 350 p. 
  • Elisabeth Roudinesco Retour sur la question juive, Albin Michel, coll. Bibliothèque Idées, 2009. Analyse dans Le Monde des Livres, 30 octobre 2009
  • Jean-Paul Sartre Réflexions sur la question juive, Folio essai (1re publication en 1946)
  • Daniel Sibony, L'énigme antisémite, Paris, Seuil, 2004, 170 p. 
  • Pierre-André Taguieff et al., L'Antisémitisme de plume - 1940-1944 - études et documents, Berg International Éditeurs, 1999, 618 pages. La Nouvelle judéophobie, Mille et une Nuits, « Essai », 2002.
  • Pierre-André Taguieff, La Nouvelle Judéophobie, éd. Mille et une nuits, 2002
  • Pierre-André Taguieff, Prêcheurs de haine, Traversée de la judéophobie planétaire, éd. Mille et une nuits, 2004
  • Pierre-André Taguieff, La Nouvelle propagande anti-juive, l'affaire al-Dura en perspective, PUF, 2010. (ISBN 2130575765)
  • Paul Thibaud, La question juive et la crise française, Le Débat, no 131, septembre-octobre 2004, p. 35-53.
  • Nicolas Weill, La République et les antisémites, Paris, Grasset, 2004, 141 p. 
  • Michel Wieviorka, La Tentation antisémite. Haine des juifs dans la France d'aujourd'hui, Paris, Robert Laffont, 2005, 405 p. 
  • Stéphane Zagdanski, De l'antisémitisme, Julliard, 1995. Nouvelle édition revue et augmentée, Climats, Flammarion, 2006, 380 p. 

Liens externes


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