Jean XXIII

Jean XXIII
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Bienheureux Jean XXIII
Pape de l’Église catholique

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Oboedientia et pax

Armoiries pontificales de Bienheureux Jean XXIII

Nom de naissance Angelo Giuseppe Roncalli
Naissance 25 novembre 1881
à Sotto il Monte, Flag of Italy (1861-1946).svg Italie
Élection au pontificat 28 octobre 1958 (76 ans)
Intronisation 4 novembre 1958
Fin du pontificat 3 juin 1963 (81 ans)
Drapeau du Vatican Vatican
Prédécesseur Pie XII
Successeur Paul VI
Listes des papes : chronologie · alphabétique

Angelo Giuseppe Roncalli (Sotto il Monte, près de Bergame, Italie, 25 novembre 1881Rome, 3 juin 1963) fut élu pape le 28 octobre 1958 sous le nom de Jean XXIII (en latin Ioannes XXIII, en italien Giovanni XXIII). Il convoqua le IIe concile œcuménique du Vatican (1962-1965, appelé aussi concile Vatican II), dont il ne vit pas la fin car il mourut le 3 juin 1963, deux mois après avoir achevé l’encyclique Pacem in Terris. Béatifié par Jean-Paul II à l’occasion du Jubilé de l’an 2000, il est désormais le « bienheureux pape Jean XXIII » pour l’Église catholique romaine. Sa fête a lieu le 11 octobre, jour de l’ouverture de Vatican II.

En Italie on lui donne le surnom affectueux d’Il Papa Buono (« Le Bon Pape »).

Sommaire

Ses débuts

Angelo Giuseppe Roncalli en 1901

Né quatrième (et premier fils) dans une famille de quatorze enfants de milieu campagnard modeste, Angelo Giuseppe Roncalli entre au petit séminaire à l’âge de douze ans. Il y suit le cursus ecclésiastique classique. En 1904, il est ordonné prêtre. Peu après, il est nommé secrétaire de Mgr Giacomo Radini-Tedeschi, nouvel évêque de Bergame, et reste à son service jusqu’à la mort de ce dernier en 1914. Pendant cette période, il enseigne également au séminaire de Bergame.

En 1915, il est incorporé dans le service des santés des armées, avant de devenir aumônier militaire. Après la guerre, il revient au séminaire de Bergame comme directeur spirituel. Lorsqu’il est pressenti pour travailler à Rome aux œuvres pontificales missionnaires sa réponse est caractéristique : « Je suis un homme capable de peu. J’écris très lentement. Paresseux de nature, je me laisse facilement distraire dans mon travail ». Il est néanmoins nommé et, en 1921, se trouve à la curie romaine, dans la Propaganda Fide (future Congrégation pour l’évangélisation des peuples).

En 1925, Pie XI le promeut évêque et l’envoie en Bulgarie, terre orthodoxe, en tant que visiteur, puis délégué apostolique. Il occupe ensuite le même poste à Istanbul comme délégué apostolique en Turquie et en Grèce entre 1935 et 1944, ce qui lui permet de sauver, pendant l’Occupation, des victimes du nazisme. Il a d’ailleurs envoyé une lettre au roi Boris III de Bulgarie pour qu’il désapprouve la déportation de 25 000 juifs de Sofia.

En 1945, il succède comme nonce apostolique en France à Mgr Valerio Valeri que le Général De Gaulle souhaite voir remplacé. Sa nomination est peut-être un signe d’agacement de Pie XII qui n’envoie pas à Paris un diplomate de premier rang. Roncalli négocie avec succès le problème des évêques compromis avec le régime de Vichy, dont le gouvernement français demandait la substitution. Pie XII devra accepter seulement les démissions de trois prélats : les évêques de Mende, Aix-en-Provence et Arras. Le nonce vient porter à Toulouse la barrette de cardinal pour Mgr Jules Saliège qui avait protesté contre l’enfermement des juifs et que le gouvernement français issu de la résistance souhaitait voir promu. Il entretient de bonnes relations avec le cardinal Suhard dans une église française marquée par la question des prêtres ouvriers et d’une certaine contestation théologique moderniste qui provoque une réaction de Pie XII en 1950 qui sanctionne les théologiens modernistes. Roncalli agace le pape et la diplomatie française par ses visites non protocolaires et chaleureuses en province, déroutant ses interlocuteurs par sa conversation volubile peu protocolaire.

En 1953, il revient à sa première vocation pastorale : il est nommé patriarche de Venise, puis cardinal dont il reçoit la barrette du président Vincent Auriol.

Un pape que l’on disait « de transition »

Article détaillé : Conclave de 1958.

Le règne de Pie XII avait été très long (19 ans), et marqué par une centralisation progressive et un exercice solitaire du pouvoir. Les cardinaux souhaitaient donc à la fois un changement de style gouvernemental et marquer un temps de réflexion face à un monde moderne en rapide évolution.

Le pontificat monarchique de Pie XII avait éclipsé la présence de personnalités fortes au sein du Sacré Collège et, après trois jours de conclave et dix tours de scrutin infructueux, le cardinal Roncalli apparait comme un « pape de transition » idéal au terme d’un conclave cherchant à assurer un changement sans rupture[1]. De tempérament bonhomme mais habile diplomate, francophile, le patriarche de Venise était d’origine modeste et, marqué par le catholicisme social, il était à l’aise dans le travail pastoral exercé dans une Italie du Nord en plein essor industriel. Il est élu pape le 28 octobre 1958. Il créa une première surprise en choisissant de s’appeler « Jean XXIII » (Ioannes XXIII), reprenant un nom quasi abandonné depuis le XIVe siècle (Jean XXII fut pape de 1316 à 1334), lui aussi à l’issue d’une élection mouvementée et chez qui on avait également vu un « pape de transition » en raison de son âge (72 ans), mais qui régna 18 ans[2]. Le choix d’un nom qui n’avait plus été utilisé depuis plus de cinq cents ans devait également marquer le changement de style de gouvernement[1]. Jean XXIII est couronné le 4 novembre.

Dès le début de son pontificat, il met l’accent sur l’aspect pastoral de sa charge ; c’est ainsi qu’il est le premier, depuis Pie IX, à sortir de l’enceinte du Vatican après son élection, ce qui lui permit d’assumer pleinement son rôle d’évêque de Rome, souvent négligé par ses prédécesseurs. Il prend solennellement possession de la basilique Saint-Jean du Latran et visita les paroisses romaines. Symboliquement, il rompt avec la tradition des repas solitaires et recommande à la direction de l’Osservatore Romano de cesser l’usage des superlatifs d’usage pour qualifier le souverain pontife. Il désigne Domenico Tardini, un prélat d’expérience, à la secrétairie d’État et rétablit le travail en coordination avec les dicastères[1].

Mosaique représentant Jean XXIII

Un pape réformateur

Monument à Jean XXIII à Porto Viro (Rovigo, Italie)

Le 25 janvier 1959, Jean XXIII convoque le deuxième concile du Vatican, vecteur d’une importante modernisation de l’Église catholique romaine. Il engage également la réforme du Code de droit canonique, datant de 1917, qui s’achèvera en 1983. La préparation du concile est confiée à la secrétairerie d’État. Un Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens est créé, et a pour résultat la présence de plusieurs dizaines d’observateurs d’Églises chrétiennes non catholiques.
Il œuvra également à mettre fin aux troubles qui agitaient l’Église melkite suite à des changements liturgiques effectués au sein de cette branche du catholicisme. Acceptant la requête du patriarche Maxime IV Sayegh, il déclara autorisée l’utilisation de la langue vernaculaire lors de chaque célébration de la liturgie byzantine. Jean XXIII consacra aussi évêque un prêtre melkite, le Père Gabriele Acacio Coussa. Pour cela, Jean XXIII usa du rite byzantin, fait rare pour un pape, et utilisa sa tiare en guise de couronne.

Article détaillé : Concile de Vatican II.

Le 11 octobre 1962, le concile, couramment désigné depuis lors sous le nom de « Vatican II », est ouvert. Jean XXIII y prononce un important discours, rédigé personnellement pour sa plus grande partie :

« L’humble successeur du Prince des apôtres qui vous parle, le dernier en date, a voulu en convoquant ces importantes assises donner une nouvelle affirmation du magistère ecclésiastique toujours vivant et qui continuera jusqu’à la fin des temps. Par le Concile, en tenant compte des erreurs, des besoins et des possibilités de notre époque, ce magistère sera présenté aujourd’hui d’une façon extraordinaire à tous les hommes qui vivent sur la Terre. (…) Ce qui est très important pour le Concile œcuménique, c’est que le dépôt sacré de la doctrine chrétienne soit conservé et présenté d’une façon plus efficace. »

Jean XXIII demande que la question des relations de l’Église catholique avec les Juifs soit abordée au concile. Plus généralement, les conclusions très substantielles de ce concile aboutissent à inviter les catholiques, tout en rappelant leur devoir de fidélité à leur foi, à faire preuve de tolérance envers les fidèles des autres religions. Elles affirment, dans la déclaration Nostra Ætate, et ce d’ailleurs dans la lignée du concile de Trente, que ni les Juifs du temps du Christ, ni les Juifs d’aujourd’hui ne peuvent être considérés comme plus responsables de la mort de Jésus que les chrétiens eux-mêmes.

En septembre 1962, un cancer de l’estomac est diagnostiqué. Jean XXIII s’efforce cependant de permettre au concile de continuer son travail. Le 11 avril 1963, il promulgue une encyclique qui est perçue comme étant son testament spirituel : Pacem in terris[3]. Au-delà du monde catholique elle est adressée « à tous les hommes de bonne volonté », fait l’apologie de la démocratie, affirme que la guerre ne peut être un instrument de justice et préconise que ce soit désormais la « loi morale » qui régisse la relation entre les états, prônant la solidarité, la justice et la liberté[1]. Le 11 mai, il reçoit le prix Balzan pour son engagement en faveur de la paix. C’est là sa dernière apparition publique ; il meurt en effet le 3 juin 1963, jour de la fête de la Pentecôte.

Sa mort

Tombeau de Jean XXIII, dans la basilique Saint-Pierre de Rome

Les premières rumeurs sur la mauvaise santé du pape circulent en novembre 1962. À partir de cette date son état de santé retient l’attention des médias car il est régulièrement victime de « crises » qui l’affaiblissent jour après jour.

Atteint d’un cancer de l'estomac et de la prostate, il est victime d’une hémorragie le 28 mai 1963. À partir de ce jour Radio Vatican transmet quotidiennement un bulletin de santé du pape. Le pape, entre lucidité et inconscience, continue toutefois de tenir son rôle jusqu’aux derniers moments. À l’issue d’une longue agonie il meurt le 3 juin 1963.

Il est béatifié le 3 septembre 2000 par Jean-Paul II. Depuis lors, son corps repose sous un autel de la basilique Saint-Pierre[4].

Encycliques

Lieux qui portent son nom

Le Foyer Jean XXIII (CRAL) à Volgelsheim (Haut-Rhin, France)

Notes et références

  1. a, b, c et d Yves-Marie Hilaire, Histoire de la papauté : 2000 ans de mission et de tribulations, éd. Tallandier, 2003, p. 465–468 
  2. Les médias de l’époque ont rapporté que Jean XXIII se plaisait à établir un parallèle entre lui-même et Jean XXII. Par ailleurs, un « pape de Pise » avait porté le nom de « Jean XXIII » au moment du Grand Schisme. De par le seul choix de ce nom en 1958, Jean XXIII confirmait la non-reconnaissance du règne de cet antipape. En sens inverse, le nom de l’autre « pape de Pise », « Alexandre V », ne fut pas repris par le pape « Alexandre » suivant, qui choisit le nom d’Alexandre VI.
  3. Pacem in terris
  4. Homélie du 3 septembre 2000, béatification de 5 serviteurs de Dieu

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Giuseppe Alberigo, « Jean XXIII », in Dictionnaire de la papauté, Philippe Levillain, Fayard, 1994.
  • Giuseppe Alberigo, Jean XXIII devant l’histoire, Seuil, 1989 
  • Peter Hebblethwaite, Jean XXIII : Le pape du concile, Bayard, 1988 
  • Yves-Marie Hilaire, Histoire de la papauté : 2000 ans de missions et de tribulations, Tallandier, 1996 
  • Mgr Yves Marchasson, Les papes au XXe siècle, Desclée de Brouwer, 1991 
  • Xavier Lecoeur, Petite Vie de Jean XXIII, Desclée de Brouwer, 2008 

Liens externes


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