- Titus Flavius Clemens
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Titus Flavius Clemens (né vers 50, mort en 95 à Rome) est un homme politique romain, consul avec Domitien en 95. C'est un petit-neveu de l'empereur romain Vespasien, le fils de Titus Flavius Sabinus (consul en 69), le frère de Titus Flavius Sabinus (consul en 82) et un petit cousin des empereurs romains Titus et Domitien.
Sommaire
Selon les sources classiques
Clemens épouse Flavie Domitille, la petite-fille de Vespasien et donc nièce de Domitien. Ils ont deux fils, tous deux appelés Titus Flavius, nés vers 88 et 90, qui sont éduqués par Quintilien[1] et selon Suétone dans la vie des douze Césars, Domitien les a ouvertement reconnus, alors qu'ils étaient très jeunes, comme ses successeurs, changeant leur nom, l'un en Vespasien et l'autre en Domitien. Cependant, Domitien « attendit à peine que cet homme, d'une nullité abjecte (contemptissimae inertiae), fut sorti du consulat pour se défaire brusquement de lui sur le soupçon le plus frivole »[2]. L'historien romain Dion Cassius est plus explicite : si Flavius Clemens a été exécuté et sa femme exilée dans l'île de Pandateria, c'est parce qu'ils étaient « athées, une accusation pour laquelle beaucoup de ceux qui tendaient vers le judaïsme étaient condamnés[3] ».
Selon la tradition juive
Selon le Talmud repris en partie par Heinrich Graetz[4] et la Jewish Encyclopedia[5],[6],[7], Clemens a été considérablement influencé par les sages juifs de son temps, en particulier Rabbi Akiba. Son premier contact avec lui a lieu sur un bateau lors d'un voyage sur la Méditerranée vers la côte italienne. Rabbi Akiba participait à une ambassade juive, partie livrer un cadeau au nouvel empereur Domitien. Un fort orage menace le bateau et le capitaine perd tout espoir. Clemens amène son épouse sous le pont, et quand il revient, il voit Rabbi Akiba, ses mains levées vers le ciel, dire une prière à Dieu. Après qu'il a fait sa prière, la mer redevient calme. Clemens se présente au Rabbi et lui offre ses services à Rome, mentionnant qu'il est un proche parent de l'empereur. À la cour de Domitien, Clemens défend Rabbi Akiba et ses compagnons car il s'avère que leur cadeau à l'empereur (un coffre de terre) est une insulte et ils sont condamnés à mort. Clemens explique que ce pourrait de la terre bénite, semblable à celle que le patriarche juif Abraham a utilisée contre les quatre rois[8]. Or, il y avait eu des attaques récentes contre la forteresse romaine de Mogontiacum (Mayence) capitale de Germanie supérieure. Domitien décide de laisser les rabbins séjourner chez Clemens jusqu'à ce qu'il puisse prouver la valeur de la terre bénite.
Chez Clemens, Rabbi Akiba lui apprend ainsi qu'à son épouse, Flavie Domitille, le vrai Dieu et les enseignements du judaïsme. La terre bénite permet le succès de l'empereur contre les Germains et celui-ci accorde des cadeaux précieux à la députation juive. Rabbi Akiba quitte Clemens dans de bonnes conditions, ayant planté la graine de l'amour pour le Tout-Puissant dans son cœur et celui de sa femme.
Environ 15 ans plus tard, des citoyens romains juifs rappellent les rabbins, car l'empereur Domitien est devenu un despote et se proclame un dieu. Il prépare un édit ordonnant le massacre, dans l'Empire romain, des Juifs (et donc des chrétiens, que les Romains considéraient alors comme une secte juive). Clemens et son épouse s'étant convertis au judaïsme, ils demandent spécialement la présence de Rabbi Akiba.
Quand les rabbins arrivent, Clemens les accueille et leur demande de passer la nuit chez Marcus Cocceius Nerva, un sénateur, qui succédera à Domitien après avoir planifié son assassinat avec Stephanus, un domestique de Clemens.
Cinq jours avant le vote de l'édit par le Sénat, l'épouse de Clemens Flavie Domitille le convainc de se suicider afin de faire reporter le vote du Sénat, dans l'espoir que Dieu apporterait un miracle avec ce nouveau délai. En effet, puisque Clemens était consul, s'il devait mourir, un autre consul devait être élu avant que le Sénat ne puisse prendre de nouvelles décisions. Cela prenait longtemps pour élire un nouveau consul, et donc ce délai pourrait aider à sauver les Juifs. Le lendemain, Clemens va voir l'empereur Domitien et lui indique qu'il s'est converti au judaïsme. Le même jour, Domitien paraît devant le Sénat pour accuser le consul Flavius Clemens d'apostasie et de conversion au judaïsme. Clemens ne nie pas la charge et il est unanimement condamné à mort.
Avant de mourir, Flavius Clemens se circoncit lui-même et prend le nom de Ketiah bar Chalom[9] (קטיץ בר שלמ).
Si ce récit avait une certaine validité historique, Suétone y aurait certainement fait allusion. Toutefois, le texte de Dion Cassius peut laisser supposer que le consul Flavius Clemens a été favorable aux Juifs et a été leur avocat à la cour impériale. Cela et l'exécution brutale de Flavius Clemens, liée ou non à son judaïsme supposé, ont peut-être été le point de départ de la tradition orale juive.
Selon la tradition chrétienne
Selon l'Église, c'est le christianisme qu'avaient choisi Flavius Clemens et son épouse et donc Flavius Clemens est un saint et martyr, fêté aussi par l'église orthodoxe grecque le 22 juin. Son épouse Flavie Domitille a longtemps été reconnue comme sainte, fêtée le 7 mai. Il peut y avoir confusion avec une autre Flavie Domitille, nièce de Flavius Clemens et déportée, à cause de sa foi chrétienne, dans l'île de Pontia selon Eusèbe de Césarée[10].
Dans la littérature clémentine, Titus Flavius Clemens est identifié avec le pape Clement Ier, le quatrième évêque de Rome, une identification qui n'a aucune base historique existante, encore que le pape ait pu être un affranchi du consul.
D'autres auteurs médiévaux l'ont associé à Clément de Metz, premier évêque de cette ville. Cette tradition a elle aussi été réfutée par les historiens depuis le XVIIIe siècle[11].
Bibliographie
- Heinrich Graetz, Die Jüdischen Proselyten im Römerreiche, pp. 28 et seq.
- idem, Histoire des Juifs,
- Lebrecht, in Geiger's Jüd. Zeit. xi. 273
- Berliner, Gesch. der Juden in Rom, p. 39
- Kraus, Roma Sotterranea, p. 41, Freiburg-in-Breisgau, 1873
- Prosopographia Imperii Romani, ii. 81.G. S. Kr.
- (de) Wolfgang Kuhoff, « Biographische Bibliographisches Kirchenlexikon »
Notes et références
- (en)Quintilian, Institutio Oratoria , iv. 1, § 2
- Suétone, « Vie des douze Césars, Domitien, 15 » sur Biblioteca Classica Selecta
- Théodore Reinach, « Dans Fontes rerum judaicarum : Histoire romaine (épitomé de Xiphilin), livre 67, page 195 », Ernest Leroux, 1895 Dion Cassius traduit par
- Histoire des Juifs, III, 1, 2 » Heinrich Graetz, «
- (en)Richard Gottheil et Hermann Vogelstein, « Domitian », Jewish Encyclopedia
- (en)Richard Gottheil et Samuel Krauss, « Flavia Domitilla », Jewish Encyclopedia
- (en)Louis Ginzberg, « His Favorite Maxim », Jewish Encyclopedia
- Genèse, 14, 9
- (Ab. Zarah, 10b)
- Histoire ecclésiastique, III, 18, Jean l'apôtre et l'apocalypse, Philippe Remacle
- Etudes sur l'histoire de Metz: les légendes p.233,Auguste Prost 1865
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Titus Flavius Clemens (consul) » (voir la liste des auteurs)
Catégories :- Personnalité du Ier siècle
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