- Affaire Montel
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L'Affaire Montel est une affaire d'enlèvement d'un enfant juif par la papauté, qui s'est produite en 1840 en Italie.
Sommaire
Les faits
Daniel Montel est un Juif français de Nîmes. Voyageant par bateau, il débarque à Fiumicino sur les côtes du Latium (région de Rome), au début du mois de juin 1840 avec Miette Crémieux, sa femme enceinte. Le 9 juin 1840, elle accouche là, d'une petite fille, Esther. Le curé du village se présente pour baptiser l'enfant et se heurte à un refus des parents.
Quelques jours plus tard, la famille va à Rome. Le 17 juin 1840, des carabiniers et une nourrice se présentent au domicile des Montel et lui ordonnent de livrer le bébé au prétexte que l'enfant aurait été baptisé par une femme de Fiumiccino, à l'insu des parents, et qu'il ne pouvait en conséquence demeurer dans une famille juive, selon les lois canoniques.
Daniel Montel refuse et excipe de sa qualité de citoyen français[1].
Résolution diplomatique du conflit
L'intervention rapide d'un diplomate français défendant les droits d'un ressortissant, auprès du cardinal Luigi Lambruschini, secrétaire d'État du pape Grégoire XVI va entraîner une enquête ecclésiastique et des échanges de courriers. Le pape informé ordonne la saisie du tribunal du Saint-Office aux fins de vérifier la validité du baptême. Le cardinal Lambruschini affirme que si l'enfant est réellement baptisé, l'enfant sera « élevé, jusqu'à l'âge de raison, loin de ses parents à Rome, avec tous les soins désirables et sous la surveillance spéciale du Saint-Siège »[2].
Le tribunal du Saint-Office déclare le baptême valide[3]. Cependant, le pape Grégoire XVI décide de remettre l'enfant au diplomate français (et non à ses parents) en émettant le vœu qu'il soit élevé dans la religion catholique.
Le cardinal Lambruschini fait une dernière pression, le 18 juillet, en écrivant au roi Louis-Philippe en lui demandant d'« assurer le Saint-Siège que le gouvernement s'engage à la faire élever dans la religion catholique ». Il ajoute que « l'affaire est d'une si grande importance pour la conscience du Saint-Père, que sans cette condition, il ne pourrait consentir à la remise de cet enfant. » Le diplomate français accepte ces conditions, mais l'enfant est immédiatement rendu à sa famille juive.
Cette affaire préfigure l'Affaire Mortara, avec cette différence que la citoyenneté française a finalement protégé la famille Montel. L'affaire, grâce à la rapide intervention des diplomates, ne connaîtra pas le retentissement mondial de l'Affaire Mortara, mais sera évoquée dans la presse, en 1858 au moment de son éclatement, comme un contre-exemple[4].
Notes et références
- Récit fait par Rayneval, diplomate français, dans un courrier du 26 juin 1840, adressé au cardinal Lambruschini, secrétaire d'Etat du pape Grégoire XVI, Archives du Ministère des Affaires Etrangères, Rome, volume 982
- Lambruschini adressé le 26 juin 1840 au diplomate français Rayneval, cité dans le dossier du commandant Weil (voir bibliographie) Courrier du cardinal
- Courrier du comte Rayneval à Adolphe Thiers, 17 juillet 1840, cité dans le dossier du commandant Weil (voir bibliographie)
- Gérard da Silva, L'Affaire Mortara et l'antisémitisme chrétien, Éditions Syllepse, octobre 2008, page 21
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- Étude du commandant Weil, La Revue historique, 1921
- Chapitre 1, p. 13 à 23 du livre de Gérard da Silva, L'Affaire Mortara et l'antisémitisme chrétien, Éditions Syllepse, octobre 2008 ISBN 978-2-84950-186-3
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