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Frères Pereire
Les frères Émile (1800 à Bordeaux -1875 à Paris) et Isaac (1806 à Bordeaux -1880 à Gretz-Armainvilliers) Pereire sont des banquiers qui ont entre autres participé aux opérations immobilières liées à la modernisation de Paris dirigée par le préfet Haussmann. Ils possédaient aussi de nombreuses entreprises dans les chemins de fer, les assurances...
Sommaire
Biographie
Émile et Isaac étaient les petits-fils de Jacobo Rodriguez Pereira (1715-1780), juif portugais (sépharade), né à Peniche, (Portugal), qui s'installe en France en 1741, francisant dès lors son nom en Pereire et devenant l'interprète de Louis XV. Ce personnage, mathématicien de son état, avait inventé une langue par signes destinée aux sourds et muets.
Émile Pereire appartenait a un courant de pensée le saint-simonisme jusqu'en 1831. C'est une doctrine socio-économique, à coloration politique et idéologique, dont l'influence au XIXe siècle fut déterminante, et qui peut être considéré comme un courant fondateur de la pensée technocratique moderne[1].
La devise des frères Pereire : "À chacun selon ses capacités, à chaque capacité selon ses œuvres", montre bien qu'ils ne sont pas pour une société égalitaire, même si par ailleurs, ils continuent à s'opposer à la propriété des moyens de production. Pour eux, pour que les "capacités" s'épanouissent véritablement, il faut que l'économie soit très organisée, notamment par un réseau bancaire très ramifié et contrôlé. Partis de la formule du "Maître" "Tout pour et par l'Industrie ! ", ils sont arrivés logiquement à celle de Guizot "Enrichissez-vous !"
Leur système repose sur des spéculations nouvelles se renouvelant sans cesse L'argent pour prospérer doit donc "couler", s'infiltrer partout, être "le ferment de toute végétation sociale" (ce que dénonce Émile Zola dans « La Curée »).
Entreprises financières, industrielles et immobilières des frères Pereire
La Compagnie du Chemin de fer de Paris à Saint-Germain a été fondée en 1835 par les fréres Pereire, avec la participations d'autres banquiers dont James de Rothschild. En 1852 ils fondérent le Crédit Mobilier qui permettait un crédit à long terme aux industriels. Adolphe Georges Guéroult était le chef de bureau du Crédit Immobilier. En 1853, ils acquièrent l'Établissement thermal de Vichy et en 1854 ils investissent dans la société Autrichienne des chemins de fer. Ils participent aussi à des sociétés d'assurances comme "La Confiance" et "La Paternelle".
Ils réalisérent aussi de nombreuses opérations immobilières avec la création de la Société Immobilière. Mais ce sont les difficultés de celle ci en 1867 qui amenèrent la faillite et la liquidation du Crédit mobilier[2].
Interventions dans le sud-ouest de la France
Ils ont construit le chemin de fer de Bordeaux à Bayonne, la ligne de l'ouest de Paris (terminus St-Germain) en 1837, financé un réseau des routes agricoles voulu par la loi de 1857 imposant le boisement systématique de la forêt landaise, ensemencé plus de 10 000 ha de forêts en Pays de Buch et dans la Grande Lande et ils sont à l'origine de la création de la Ville d'Hiver d'Arcachon dans les années 1850, localité nouvelle que Napoléon III visita à deux reprises. Ils furent les propriétaires du Château Palmer à Margaux et replantèrent le vignoble de ce grand cru bordelais.
Naissance de la Ville d'hiver d'Arcachon
Pratiquement construite d’un seul jet, selon un plan d’urbanisme soigneusement préétabli, une ville nouvelle vit le jour dans les années 1860, grâce à l’opportune association d’un banquier très avisé et du bacille de Koch : la lénifiante Ville d’hiver d’Arcachon, avec ses extravagantes villas.
Arcachon est déjà une station balnéaire réputée. Les riches négociants bordelais y ont pignon sur plage. Les trains qui, depuis le rachat de la ligne Bordeaux – La Teste par la Compagnie du Midi, poussent désormais jusqu’à Arcachon même, font le plein tout l’été. Or, les propriétaires de cette compagnie de chemin de fer, les frères Emile et Isaac Pereire, qui viennent de réussir à Paris la superbe opération immobilière du Parc Monceau, s’intéressent beaucoup à la région. Leur famille y est fixée depuis un siècle et ils sont propriétaires de milliers d’hectares de pins.
Émile, celui qui a les idées, se demande comment rentabiliser son petit train douze mois sur douze et, pourquoi pas, monter du même coup une nouvelle opération immobilière. Il a un coup de génie. La tuberculose, que l’on appelle encore la phtisie, fait à l’époque des ravages. On essaie de mettre les malades dans les meilleures conditions de résistance possible. Une seule prescription : bonne nourriture et, surtout, bon air. D’où la floraison de sanatoriums en montagne et sur la Côte d’Azur. Il n’y en a pas sur la côte atlantique, considérée comme trop venteuse. Mais le corps médical arcachonnais a depuis longtemps remarqué que les marins et les résiniers, malgré des conditions de vie et d’hygiène déplorables, ne contractent jamais la maladie. Un médecin nommé Pereyra, cousin des banquiers, note également qu’en traversant la forêt de pins, les vents marins perdent de leur agressivité et que ce climat océanique atténué serait parfait pour les tuberculeux.
Émile va bientôt acheter les hauteurs d’Arcachon et les lotir. Ce sera la Ville d’hiver, sorte de gigantesque sanatorium ouvert où les malades pourront séjourner avec leur famille, leurs domestiques, dans des maisons particulières achetées ou louées meublées. Les villas sortent de terre comme des champignons. Toutes sont d’apparences différentes mais en réalité construites pratiquement sur le même plan, à partir d’éléments préfabriqués. Paul Régnauld (1827-1879), neveu d'Émile Pereire, était polytechnicien c'est lui qui sur le terrain dirige les travaux. Dans un même temps, l’urbanisme va bon train. Un parc à l’anglaise est planté. Rues et allées sont dessinées en courbe, de telle sorte qu’il n’y ait jamais nulle part, de courants d’air. Enfin, une formidable opération de promotion lance la station en présence de l’empereur Napoléon III, de sa femme l’impératrice Eugénie et du Prince impérial, leur fils. Un triomphe. Du monde entier affluent les curistes. La renommée de la Ville d’hiver devient telle que bientôt, les bien-portants s’y installent aussi. Les hôtels s’ajoutent aux villas, et les riches visiteurs viendront se divertir au Casino Mauresque. Pereire revend ses lots. Mais son idée fera florès jusqu’à la Grande dépression des années trente. Alors, la clientèle habituelle, désargentée, déserte les fastes de la ville, sonnant le glas de l’âge d’or de la cité.
Financement du premier vol de Clément Ader
La personnalité d'Isaac Pereire influença la personnalité de sa femme pour financer le premier vol de l'Éole de Clément Ader. Celui ci s'élève du sol pour la première fois avec l'appareil baptisé Éole, avec lequel il décolle le 9 octobre 1890, dans les jardins du Domaine Pereire du château de Gretz-Armainvilliers, à l'est de Paris, puis rase le sol sur 50 mètres à 20 cm au-dessus de la piste. Cet événement ne sera toutefois pas homologué comme étant le premier vol : la hauteur atteinte était insuffisante pour le qualifier de tel. De fait, la performance de cette génération d'engins ne fera pas se bousculer les entrepreneurs car n'ayant pas assez de maîtrise de son domaine[3].
Notes et références
Bibliographie
- Michel-Antoine Burnier, « Les Frères Pereire, inventeurs du capitalisme moderne », de la série « La Véritable Histoire des Français », L'Esprit libre, n° 1, novembre 1994.
- Jean Autin, Les Frères Pereire, le bonheur d'entreprendre, Paris, Librairie Académique Perrin, 1984, ISBN 2-262-00312-2.
- Sébastien Dufour, Mémoire de M2 de Bordeaux 3, "Les trajectoires de l'innovation dans l'action des frères Pereire: de la promotion du service public à la concentration capitalistique", à consulter à la bibliothèque Elie Vinet de l'Université Bordeaux 3.
Voir aussi
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