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Composante Maritime
La Composante Maritime (Marinecomponent en néerlandais), aussi appelée Composante Marine et anciennement appelée Force Navale, est la marine de guerre de l'armée belge. Son actuel commandant est l'Amiral de Division Jean-Paul Robyns.
Histoire
Marine Royale
Lors de la révolution belge, en septembre 1830, les troupes néerlandaises sont repoussées vers la frontière actuelle entre la Belgique et les Pays-Bas, mais parviennent à tenir les bastions d'Anvers et de Maastricht. Les troupes de Guillaume Ier décident d'entraver les activités commerciales de la Belgique en bloquant avec une escadre l'embouchure de l'Escaut.
Le 15 janvier 1831, le Congrès adopte le budget des dépenses pour le premier semestre de l'année 1831. L'article 11 alloue 250 000 florins « à la marine. » Or, comme le fait remarquer le congressiste Alexandre de Robaulx, la Belgique ne dispose ni de marins ni de bâtiments ; la somme est de surcroît insuffisante pour en acheter. Charles de Brouckère, administrateur général des finances du gouvernement provisoire, assure qu'il n'est nullement question de se munir de navires de guerre. La somme est destinée à payer la prime de 18 florins par tonneau que réclament, conformément à la loi, les armateurs ayant lancé des navires de plus de 500 tonneaux. Plus loin dans les débats, un autre congressiste, Joseph Lebeau demande qui sera responsable des 250 000 florins. Charles de Brouckère répond qu'il n'a pas encore été décidé dans quelles attributions la marine serait placée. Jean Osy, congressiste, suggère qu'on fasse avec cette somme construire des canonnières, et que la marine soit provisoirement rattachée au département de la guerre. L'article est voté sans plus de précisions[1].
Dès juillet 1831, des critique à l'encontre de la marine sont émises au Congrès. En effet, Lucien Jottrand, lors des discussions portant sur le budget alloués aux ministères pour le troisième trimestre de l'année en cours, dénonce une mauvaise gestion financière de la marine. Selon lui, les canonnières construites à Boom ont été payées près de deux fois trop chères et sont si fragiles que les marins eux-mêmes s'en sont plaint[2].
La Marine Royale naît effectivement quand deux brigantins, portant les noms de Congrès et de Les Quatre Journées ainsi que quatre canonnières sont construites afin de remédier au blocus. L'armée française du maréchal Étienne Maurice Gérard, qui s'empare en 1832 de la citadelle d'Anvers (prise par Guillaume Ier lors de la campagne des Dix-Jours), la restitue à la Belgique (31 décembre 1832). Les huit canonnières abandonnées par les Néerlandais sur l'Escaut sont, après réparations, mises en service dans la Marine Royale, qui se met alors à s'occuper de missions de garde-pêche, de contrôle des eaux territoriales et de répression des fraudes.
À partir de 1834, la Marine Royale fournit des membres d'équipages à des armateurs ou arma elle-même des navires afin de restaurer le trafic maritime belge et les relations commerciales avec les colonies. Par exemple, en 1835, la Marine arme le trois-mâts Le Robuste ; voguant vers l'Égypte, il fait naufrage sur la côte algérienne. La même année le cutter L'Éclair est armé par la Marine, et effectue une campagne marchande en Algérie. En 1836, des marins militaires sont embarqués sur deux navires marchands : le trois-mâts Le Météore (vers Malte et Alger) et le brick La Caroline (vers le Brésil). En 1840, le gouvernement fait l'acquisition de la goélette Louise Marie et du brick Duc de Brabant en 1845. La Marine Royale, avec ses nouveaux navires, encouragée par le roi Léopold Ier, promeut le commerce maritime et la politique d'expansion coloniale.
Jusqu'en 1838-1839, toute la flotte est stationnée sur l'Escaut. Par la suite, une partie en est envoyée à Ostende. À cette occasion, on prend conscience du danger que représente la navigation en haute mer à bord des canonnières construites en 1831 : elles sont résolument trop mal conçues.
Lorsque la ligne Ostende-Douvres est inaugurée, les premières malles sont confiées à la Marine Royale.
En 1862, le gouvernement décide de remplacer la marine militaire par une marine d'État.
Corps des Torpilleurs et Marins
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, la Belgique n'a pas de marine. Le gouvernement doit improviser face aux attaques des navires marchands par les bateaux allemands et aux eaux côtières rendues dangereuses par les mines. À Gravelines, un dépôt des équipages, le Corps des Torpilleurs et Marins est créé en 1917. Les marins belges servent à bord des dragueurs de mines français de la 6e escadrille, basée à Calais. Le Corps fournit des soldats qualifiés pour s'occuper de l'artillerie qu'on place sur les navires marchands. En 1918, le traité de Versailles attribue à la Belgique une partie des navires saisis par les Alliés. Le Corps des Torpilleurs et Marins reçoit 11 torpilleurs et 26 dragueurs de mines qui sont regroupés à Bruges, où un croiseur français, le d'Entrecasteaux sert de base flottante. Un flottille du Rhin est créée pour surveiller le fleuve de Cologne jusqu'à la frontière néerlandaise.
Malgré cette réorganisation, la marine est à nouveau démantelée en 1927, cette fois pour des raisons budgétaires.
Corps de Marine
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, la Belgique est de nouveau dépourvue de marine. Le Corps de Marine est créé en 1939 afin de rassembler au plus vite le matériel et le personnel. Le Corps de Marine s'occupe entre autres de sécuriser les eaux côtières où dérivent de nombreuses mines flottantes. Malgré des moyens limités, le Corps de Marine neutralise plus de 250 mines en un an.
En mai 1940, le Corps de Marine participe à l'évacuation de la Belgique lors de l'exode et de la ville de Dunkerque, en France. Ensuite, il participe aux opérations de la marine française jusqu'au 25 juin 1940, date à laquelle les navires belges sont internés en Espagne. Seul le P16 parvient à s'échapper. Il rejoint l'Angleterre où il devient le patrouilleur HMS Kernot.
De nombreux marins du Corps de Marine, ainsi que des pêcheurs belges et des marins de la marine marchande rejoignent l'Angleterre pour se mettre au service de la lutte contre l'Axe. Dès septembre 1940, une section belge de la Royal Navy est créée à l'initiative du lieutenant de la marine d'État Victor Billet. Cette section arme deux corvettes (le Buttercup et le Godetia), et trois patrouilleurs (le Phrontis, l'Electra et le Kernot), ainsi que de la 118e escadrille de dragueurs de mines MMS.
Les deux corvettes prennent part, jusqu'en décembre 1944, aux convois de l'Atlantique. Elles sont présentes dès le premier jour du débarquement en Normandie. La 118e escadrille rejoint Ostende en octobre 1944, pour commencer le dragage des passes navigables de le côte belge afin de préparer le débarquement de l'île de Walcheren. Elle s'occupe ensuite du déminage de l'Escaut, avant d'entrer le 28 novembre 1944 à Anvers à la tête du premier convoi de ravitaillement.
Les marins belges, qui, pour une grande part, n'ont pas servi que dans la section belge de la Royal Navy (ils ont été embarqués sur tous les types de bateau de la Royal Navy), en rentrant en Belgique, œuvrent à la création d'une marine de guerre nationale. Le pays ayant retrouvé sa souveraineté, il doit se charger du déminage et du balisage de ses eaux territoriales. Il faut également démagnétiser les navires marchands qui pénètrent dans les ports belges. De plus, les missions qui, avant la guerre, étaient assurées par l'Administration de la Marine (marine d'État), reprennent leur importance : garde-pêche, surveillance côtière, sauvetage en mer et répression des fraudes. Le 30 mars 1946, un arrêté royal, signé par le prince Charles, régent, forme la Force Navale avec ce qui constituait la section belge de la Royal Navy. Le Royaume-Uni offre les navires à la Belgique, ainsi que les équipes techniques. Ils deviennent l'ossature principale de la Force Navale.
La mission de cette marine est restée inchangée jusqu'à aujourd'hui : Mettre à la disposition de la Nation les moyens navals nécessaires pour contribuer, en tout temps, à la sauvegarde de ses valeurs essentielles et à la défense des intérêts vitaux du pays et de ses alliés.
La Force Navale commence par armer les navires reçus des alliés de la Belgique, où ceux récupérés à l'Allemagne, par exemple le TNA Kamina qui servira entre autres à transporter le bataillon des volontaires lors de la guerre de Corée ou les troupes belges vers le Congo. Il sera plus tard reconverti en navire de soutien logistique et en navire-école.
La Force Navale s'agrandit au fil des ans, et ses acquisitions s'axent sur deux composantes principales : l'escorte et la lutte contre les mines. Elle achète 6 gros dragueurs de mines pouvant servir d'escorteur Algerines, 5 dragueurs de mines océaniques « MSO » (Mine Sweeper Ocean) et 26 dragueurs de mines côtiers « MSC » (Mine Sweeper Coastal). La Force Navale fait également construire 16 dragueurs de mines de petit fond "MSI" (Mine Sweeper Inlet) en Belgique.
C'est à Ostende que le Groupement Logistique et le Centre de Dragage de la Force Navale s'établissent, respectivement sur les rives est et ouest du port. En 1956, on entreprend dans la ville côtière la construction de l'École de la Guerre des Mines. Le Groupement Instruction, quant à lui, prend ses quartiers à Sint-Kruis (Bruges).
Afin de conserver son efficacité, la Force Navale se doit de renouveler son matériel. Le retrait du Kamina du service prive la marine d'un navire de commandement et de soutien logistique. Pour remédier à ce problème, les constructions du Godetia et du Zinnia sont entreprises en 1965 et en 1966.
Pour renouveler tous ses navires d'escorte, le gouvernement accepte en 1970 de faire construire quatre frégates de classe Wielingen : le Wielingen, le Westdiep, le Wandelaar et le Westhinder. Ces quatre navires sont opérationnels à partir de 1979.
Dans le domaine de la lutte contre les mines, qui requiert l'utilisation du sonar, les techniques et le matériel évoluant rapidement, de nouvelles perspectives semblent s'offrir. Deux MSC et cinq MSO sont transformés en MHSC (Mine Hunter/Sweeper Coast) et en MHSO (Mine Hunter/Sweeper Ocean).
La lutte contre les mines progresse encore avec la construction et la mise en service de dix nouveaux chasseurs de mines tripartites (CMT) à partir de 1985, tous dotés du système PAP (Poisson Auto Propulsé).
La Force Navale concentre de plus en plus son activité sur la nouvelle base navale de Zeebruges, mais laisse à Ostende l'École de la Guerre de Mines et à Sint-Kruis le Commandement Instruction.
En parallèle du développement considérable des chasseurs de mines, les dragueurs de mines, âgés de plus de 40 ans, sans sonar, sont devenus obsolètes. En 1995, le gouvernement donne son accord pour développer un nouveau système de guerre des mines essentiellement fondé sur la chasse aux mines.
Au début des années 1990, avec la fin de la guerre froide, le gouvernement belge décide de restructurer profondément l'armée belge. Une frégate de classe Wielingen (le Westhinder) est retirée du service et trois chasseurs de mines tripartites sont revendus à la France.
Composante Maritime
En 2002, le gouvernement décide de rassembler toutes les forces armées sous un même chapeau. La Force Navale, qui était indépendante, cesse d'exister et est remplacée par le Composante Maritime des forces armées belges.
Le 20 juillet 2005, le gouvernement décide d'acheter deux des six frégates néerlandaises de classe M restantes pour remplacer les deux frégates de classe Wielingen toujours en activité et qui à terme devraient être vendues à la Bulgarie (le Wielingen et le Westdiep). Les deux frégates néerlandaises sont achetées le 21 décembre 2004 pour 250 millions d'euros. Il s'agit du Karel Doorman (F827) et du Willem Van Der Zaan (F829). Ils entrent en service dans la Composante Maritime le 29 mars 2007 et le 8 avril 2008, sous les noms respectifs de Leopold I (baptisé par la reine Fabiola) et Louise-Marie (baptisé par la reine Paola).
Le 21 octobre 2005, la frégate de classe Wielingen Wandelaar est officiellement remise à la marine bulgare (après avoir parcouru 521 734 nautiques pour la marine belge), qui le renomme Drazki. Le 20 novembre 2006, c'est au tour du Wielingen de quitter le service, et le 5 octobre 2007, le F911 Westdiep, dernier bâtiment de la classe Wielingen, est mis hors service à la base navale de Zeebruges, après avoir parcouru quelque 563 769 nautiques en trente ans. Ces deux frégates sont, elles aussi, revendues à la Bulgarie.
Tâches
En temps de guerre et de crise
La Composante Maritime a un rôle principalement défensif.
En temps de crise ou de guerre, la Composante Maritime doit gérer, avec l'aide des alliés de la Belgique les crises découlant des violations du Droit international et/ou des Droits de l'Homme. Elle doit exercer la souveraineté dans les eaux territoriales belges, défendre les lignes maritimes de communication belges et alliées, et défendre les ports de toute attaque aérienne, de surface ou sous-marine. La Composante Maritime doit également sécuriser ses eaux en luttant contre les mines.
En temps de paix
La Composante Maritime représente la Belgique en mer, fournit un soutien à ses activités diplomatiques et à son commerce extérieur. La Composante Maritime collabore avec les marines alliées en participant à des actions humanitaires. Elle contribue à la recherche océanographique, contrôle la pêche, lutte contre la pollution maritime, soutient les opérations de la police et de la douane, détecte les épaves de bateaux, participe au sauvetage en mer, contribue à la formation des officiers de la marine marchande, contrôle les eaux territoriales et la zone économique exclusive, ouvre si nécessaire d'un centre de médecine hyperbare, détruit les engins explosifs en mer, prépare les tâches à exécuter en temps de guerre et de crise, etc.
Opérations
La Force Navale, puis la Composante Maritime, ont participé à ces opérations :
Guerre de Corée
Le Kamina transporte les volontaires belges et luxembourgeois qui désirent s'impliquer dans la guerre de Corée en 1950. En 1954, le Kamina assure le rapatriement du corps expéditionnaire belge.
Indépendance du Congo
Lors des évènements de l'indépendance du Congo en 1960, presque toute la flotte de la Force Navale est dans les eaux équatoriales.
Opération multinationale de déminage
La Belgique, la France, les Pays-Bas, l'Allemagne et le Royaume-Uni participent à une opération de déminage au nord de la Hollande en 1968.
Opérations Octopus et Calendar
L'opération Octopus est lancée le 21 septembre 1987. Une flottille belgo-néerlandaise participe au déminage du Golfe Persique, durant la guerre Iran-Irak, afin de garantir le principe de libre circulation en eaux internationales, d'assurer la défense des intérêts économiques belges et d'affirmer la solidarité européenne au sein de l'UEO. L'opération est placée sous commandement belge et est dirigée depuis le centre d'opérations de Den Helder (Pays-Bas).
- Octopus 1 : La première phase de l'opération commence le 21 septembre 1987. La flottille engagée est composée du bâtiment belge de commandement et de soutien logistique, le A961 Zinnia, qui dispose d'un hélicoptère de liaison Alouette III, des chasseurs-dragueurs de mines océaniques belges M906 Breydel et M909 Bovesse, et des chasseurs de mines tripartites néerlandais M856 Maasluis et M859 Hellevoetsluis.
- Octopus 2 : le 9 mars 1988, la deuxième phase de l'opération commence. Le chasseur de mines tripartite belge M917 Crocus rejoint le Golfe Persique pour prendre la relève des M906 Breydel et M909 Bovesse.
- Octopus 3 : le 13 mai 1988, la troisième phase de l'opération commence. Le chasseur de mines tripartite néerlandais M861 Urk prend la relève des M856 Maasluis et M859 Hellevoetsluis.
L'opération se termine le 1er juillet 1988. La flottille aura opéré dans le Golfe d'Oman, dans le détroit d'Ormuz et dans la partie sud du golfe Persique, détectant et neutralisant cinq mines. 30 % des effectifs de la Force Navale ont été impliqués dans l'opération, qui marque le début de la coopération européenne en matière de défense.
La Force Navale prendre part à une autre opération durant les deux dernières années de la guerre Iran-Irak : l'opération Calendar.
Opération Southern Breeze
Le gouvernement belge se déclare prêt à participer à l'intervention militaire au Koweït durant la deuxième guerre du Golfe, dans le cadre des résolutions de l'ONU.
L'OTAN ne peut intervenir dans cette opération, les conditions juridiques n'étant pas remplies : aucun pays membre n'est l'objet d'une attaque, et le conflit se déroule au dehors des limites géographiques de l'OTAN. Plusieurs gouvernement européens se montrent cependant réticents quant à placer leurs navires sous commandement américain : c'est donc l'UEO qui coordonne les opérations des marines européennes.
Le 13 août 1990, le gouvernement belge décide d'envoyer une flottille de lutte contre les mines en Méditerranée, puis le 6 septembre, l'envoie dans le golfe Persique. Cette flottille est composée du bâtiment de commandement et de soutien logistique A961 Zinnia, et des chasseurs de mines tripartites M920 Iris et M922 Myosotis. Les navires évoluent sous le commandement opérationnel national exercé à partir de Zeebruges par le Commandement des Opérations Navales. Le contrôle opérationnel est délégué à l'Amiral français pour l'Océan Indien, à qui l'UEO a confié la direction de l'opération.
Les opérations de lutte contre les mines débutent le 23 septembre 1990 dans le Golfe d'Oman. La frégate F912 Wandelaar est envoyée en renfort dans la zone de crise le 4 octobre et débute les opérations de contrôle de l'embargo au large de Bab el Mandeb le 17 octobre. Elles dureront jusqu'au 14 janvier 1991.
Le 17 janvier 1991, l'opération Tempête du désert débute. La flottille belge entre dans le Golfe Persique sous la coordination de l'UEO.
Le 19 janvier, la frégate F910 Wielingen relève le F912 Wandelaar.
Le 27 février, le gouvernement belge décide d'envoyer un troisième chasseur de mines tripartite dans le Golfe Persique : le M918 Dianthus.
Après la signature du cessez-le-feu, les opérations de déminage démarrent au large du Koweït le 4 mars 1991.
La flottille belge de lutte contre les mines est renforcée par les chasseurs de mines néerlandais M853 Haarlem, M854 Harlingen, M862 Zierikzee ainsi que par les chasseurs de mines français M642 Cassiopée, M644 Pégase, M645 Orion, M647 L'Aigle, M650 Sagittaire, par le bâtiment-base de plongeurs démineurs M622 Pluton et par le bâtiment de soutien mobile A615 Loire.
Le 17 mars, sur décision de l'UEO, l'Amiral pour l'Océan Indien confie à la Belgique le commandement tactique de la flottille franco-belge de lutte contre les mines et la coordination avec le groupe néerlandais. Le dernier navire belge quitte le Golfe le 14 juillet 1991.
La Belgique est le pays ayant lutté le plus activement contre les mines durant la deuxième guerre du Golfe, avec à son actif la découverte et la neutralisation de 280 mines. Les frégates belges ont interpelés 3 168 navires marchands et en ont visité 28. Elles ont ainsi accompli le double de la moyenne des contrôles effectués par les unités de l'UEO dans le cadre du contrôle de l'embargo. De plus, le F910 Wielingen met à son actif le sauvetage de 25 naufragés lors de deux opérations de secours.
Pour cette opération qui a duré un an, la Force Navale a maintenu en permanence 5 navires dans la zone en crise, ce qui correspond à l'engagement de 1 234 membres d'équipage.
Opération Equator Kiss
La Force Navale prend part à l'aide humanitaire apportée à la Somalie durant l'opération Equator Kiss (1992-1994).
Opération Sharp Vigilance / Sharp Fence / Sharp Guard
Lors du Conseil des Ministres de l'UEO qui se tient à Helsinki le 10 juillet 1992, il est décidé de mettre en œuvre les opérations de l'embargo décrété contre la République fédérale de Yougoslavie par l'ONU.
- Opération Sharp Vigilance : le 21 septembre, la frégate F913 Westhinder appareille de Zeebruges pour rejoindre, dans la mer Adriatique, la flottille de l'UEO chargée de faire respecter les résolutions des Nations Unies.
- Opération Sharp Fence : le 22 novembre 1992, l'opération passe au niveau supérieur et prend le nom d'opération Sharp Fence. La frégate belge opère sous commandement opérationnel du Commandement des Opérations Navales de Zeebruges et sous le contrôle opérationnel du Commandant en Chef de la Marine italienne. Le F913 Westhinder opère en mer Adriatique jusqu'au 14 janvier 1993. Il rentre à Zeebruges le 22 janvier. Il a, durant le campagne, interpelé 596 navires marchands, et en a visité 17. L'équipage est composé de 160 militaires, dont 4 femmes, une première dans l'histoire navale belge. Le F911 Westdiep quitte Zeebruges le 6 janvier 1993, et y revient, après avoir opéré en mer Adriatique, le 2 avril 1993. Il a interpelé 507 navires marchands, en a visité 42 et en a dévié 7 vers un port italien pour contrôle approfondi. Lorsqu'il quitte la zone des opérations, le F911 Westdiep affiche le plus grand nombre de navires visités par la flottille UEO.
- Opération Sharp Guard : le 16 juillet 1993, l'OTAN et l'UEO mettent conjointement en œuvre l'opération Sharp Guard. La frégate F912 Wandelaar participe à cette opération du 10 septembre 1994 au 18 novembre 1994 au sein de la force navale permanente de l'OTAN en Méditerranée. Du 19 novembre au 14 février 1995, le F912 Wandelaar effectue sa mission au sein de la force navale de l'UEO. Durant cette période, il a interpelé 350 navires marchands, en a visité 45 et en a dévié 19 vers un port italien pour un contrôle approfondi.
Opération Southern Breeze II
En 1995, les États-Unis demandent à la Belgique, dans le cadre des sanctions imposées à l'Irak par le Conseil de Sécurité de l'ONU, de fournir une contribution active à la force d'interception multinationale chargée de faire respecter l'embargo dans le golfe Persique.
La frégate F910 Wielingen quitte Zeebruges le 5 septembre 1995, avec à son bord 162 membres d'équipages, dont 8 femmes. Le navire est placé sous contrôle opérationnel américain, et est utilisé dans une zone d'opération située entre le 29e parallèle et les eaux territoriales irakiennes et iraniennes. Le F910 Wielingen rentre à Zeebruges le 27 janvier 1996.
Opération Southern Breeze III
Le 18 février 1998, la Belgique décide d'envoyer la frégate F911 Westdiep dans le Golfe Persique dans le cadre d'une éventuelle participation aux opérations internationales entourant la crise irakienne, et ce, en tant que signe politique à l'Irak. Le F911 Westdiep, qui effectuait un entrainement avec la marine française, fait une escale à Brest le 19 février pour un bref entretien technique. Deux convois envoyés de Zeebruges, de 8 et 3 camions, transportant munitions, équipement et personnel technique arrive à Brest dans le journée du 19 février, et la frégate peut appareiller le même jour en direction du Golfe Persique.
Le 23 février, un accord est trouvé entre l'Irak et l'ONU. Deux jours plus tard, le gouvernement belge décide de maintenir le F911 Westdiep en Méditerranée orientale pour qu'il y effectue un entraînement d'anticipation en vue d'une décision définitive concernant la suite des opérations.
Du 28 février au 4 mars, le Westdiep fait escale à Alexandrie. Le navire y est réapprovisionné, 17 membres d'équipage sont relevés grâce à deux C-130 de la Force Aérienne, et 9 militaires précédemment débarqués réintègrent leur unité. L'équipage est alors composé de 160 militaires, dont 9 femmes.
Le 4 mars, le Westdiep rejoint le Groupe Tactique français, dont il devait initialement faire part, qui s'entraîne au large de la Sicile. Le 8 mars, les navires français retournent vers Brest.
Du 13 au 16 mars, le Westdiep fait escale dans la baie de Souda, en Crète. Il repart le 17 mars pour la mer Ionienne, où il effectue quelques exercices, dont le tir d'une fusée anti sous marine réelle. Le Westdiep rejoint ensuite Kerkyra (Corfou), où il fait escale du 20 au 23 mars. Les exercices prévus avec la marine italienne au large d'Augusta (Sicile) ne sont pas tous effectués, en raison d'importantes tempêtes en mer Ionienne. Du 27 au 30 mars, la frégate belge mouille dans le port de Palerme. Le F911 Westdiep passe ensuite par le détroit de Messine, et se dirige vers Haïfa, où il est attendu pour le 5 avril.
Cependant, le 2 avril, le gouvernement belge estime que la présence de sa frégate en Méditerranée orientale n'est plus nécessaire, et décide donc de mettre fin à son déploiement dans le cadre de la crise irakienne. Le Westdiep, qui effectue un approvisionnement avec l'USS Merrimack au sud de la Crète, met le cap sur Zeebruges dès la fin de l'opération. Le 10 avril, la frégate rentre dans le port belge, mettant un terme à l'opération Southern Breeze III.
Si le F911 Westdiep n'a pas véritablement agi sur le terrain dans le cadre de la crise irakienne, son déploiement, sa disponibilité et sa mobilité en ont fait un puissant instrument de politique étrangère, ce qui est initialement leur rôle.
Opérations récentes
Depuis 1998, la marine belge s'est impliquée dans une dizaine d'opérations.
Frégates
- F930 Leopold 1
Cette frégate était dans la Koninklijke Marine le HNLMS Karel Doorman (F827). Passée à la Belgique (le contrat de vente entre les Pays-Bas et la Belgique est signé le 22 décembre 2005), elle devient le F930 Leopold I et est baptisée le 29 mars 2007 par la reine Fabiola à Zeebruges. La ville de Nivelles en accepte le parrainage. La devise du Leopold I est la locution latine « Audaces Fortuna Juvat » (la fortune sourit aux audacieux). Ses armes sont une partition des armes du roi Léopold Ier et des armes de la ville marraine de Nivelles.
- Parti, au premier, de sable au lion d'or armé et lampassé de gueules, sur-le-tout écartelé : 1 et 4, contre-écartelé, 1 et 4 de gueules à trois léopards d'or armés et lampassés d'azur ; 2 d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même ; 3 d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent ; 2 et 3, burelé de dix pièces de sable et d'or au crancelin de sinople brochant en bande sur le tout ; au second, d'argent à la crosse de gueules, sur-le-tout de sable au lion d'or armé et lampassé de gueules.
- F931 Louise-Marie
Achetée en même temps que le Leopold I, cette frégate était dans la marine néerlandaise le HNLMS Willem Van Der Zaan (F829). Elle devient le F931 Louise-Marie en étant baptisée le 8 avril 2008 par la reine Paola à Anvers. La ville de Sint-Niklaas accepte le parrainage de la frégate dont la devise est la locution « Ad Augusta Per Angusta » (vers les sommets par des chemins étroits). Les armes sont une partitions des armes de la Maison d'Orléans (dont est originaire la reine Louise-Marie) et de celles de la ville de Sint-Niklaas.
Chasseurs de mines
- M915 Aster
Lancé le 16 décembre 1985 au chantier naval de Rupelmonde et baptisé par la reine Paola, l'Aster a pour ville marraine Blankenberge.
- Devise : Ne Quid Nimis (« Rien n'est de trop »)
- M916 Bellis
Deuxième CMT de la série, le Bellis est lancé à Rupelmonde le 13 août 1986 et baptisé le 18 septembre 1986 par Ellen Goffinet-Rosman, épouse du bourgmestre d'Arlon, la ville marraine du bâtiment. Le Bellis a participé aux opérations de sauvetage du Herald of Free Enterprise le 6 mars 1987.
- Devise : Luctor Et Emergo (« Je lutte et submerge »)
- M917 Crocus
Le Crocus, troisième de la série, est lancé le 3 septembre 1986 à Rupelmonde et baptisé par Mme Gaethofs-Schreus, épouse du bourgmestre de la ville marraine de Genk, le même jour que le Bellis (18 septembre 1986).
- Devise : Nec Aspera Terrent (« Même le difficile ne nous fait pas peur »)
- M921 Lobelia
Le Lobelia est le septième CMT de la série, les quatrième (M918 Dianthus), cinquième (M919 Fuchsia) et sixième (M920 Iris) ayant été revendus à la marine française en 1993. Il est lancé à Rupelmonde le 3 février 1988, et est baptisé par l'épouse du bourgmestre de la ville marraine de Diest, Mme Van De Kerckhof, le 25 février 1989.
- Devise : Compos Sui (« Maître de soi-même »)
- M923 Narcis
Neuvième bâtiment de la série (le huitième, le M922 Myosotis ayant été revendu à la marine bulgare en 2007), le Narcis est lancé le 30 mars 1990 à Rupelmonde et baptisé le 14 mars 1991 par Mme Lafosse-De Backer, épouse du bourgmestre de Mons, ville marraine.
- Devise : In Arduis Constans (« Persévérant dans les difficultés »)
- M924 Primula
Le Primula est le dixième et dernier navire de la série. Lancé à Rupelmonde le 20 décembre 1990, il est baptisé par Mme Adriaensens, épouse du bourgmestre de la ville marraine de Willebroek, le 12 juin 1991.
- Devise : Major E Longinquo Reverentia (« L'éloignement augmente le prestige »)
- A950 Valcke (navire Ready Duty)
- A952 Wesp
- A954 Zeemeeuw
- A955 Mier
- A960 Godetia (navire de commandement et de soutien logistique)
- A962 Belgica (navire océanographique)
- A963 Stern (navire Ready Duty)
- A996 Albatros (navire Ready Duty)
- A997 Spin
Les navires Ready Duty sont des navires de relative petite taille opérant en eaux belges, effectuant des missions de garde-côtes, de garde-pêche, de lutte contre la pollution marine (dégazage et autres), de sauvetage et éventuellement de destruction d'engins explosifs.
- P902 Libération : ancien navire fluvial de police construit en 1954, désarmé de ses deux mitrailleuses .50 . Maintenant utilisé de février à octobre pour les relations publiques (principalement visité par des écoliers).
- A958 Zenobe Gramme (voilier utilisé pour l'écolage)
- A983 Quatuor (yacht royal)
- A995 Spich (RIB)
- A998 Werl (RIB)
Cette liste n'est peut-être pas exhaustive.
Frégate de
- F910 Lieutenant ter zee Victor Billet (ex-USN Sheboygan) (acheté en 1947, retiré du service en 1958)
- F910 Wielingen (retiré du service le 20 novembre 2006, passé sous pavillon bulgare le 9 février 2009, devenant le 42 Verni)
- F911 Westdiep (retiré du service le 5 octobre 2007, passé sous pavillon bulgare le 22 août 2008, devenant le 43 Gordi)
- F912 Wandelaar (retiré du service le 1er mars 2004, vendu à la Bulgarie le 18 mars 2005, renommé 41 Drazki et remis à la marine bulgare le 21 octobre 2005)
- F913 Westhinder (retiré du service le 1er juillet 1993, détruit en 2003)
Chasseurs de mines tripartites
- M918 Dianthus (vendu à la France en 1993, devenant le M653 Capricorne)
- M919 Fuchsia (vendu à la France en 1993, devenant le M652 Céphée)
- M920 Iris (vendu à la France en 1993, devenant le M651 Verseau)
- M922 Myosotis (vendu à la Bulgarie et passé sous pavillon bulgare le 9 février 2009, devenant le 32 Tsibar)
Dragueurs de mines de classe Algerine
- M900 Adrien de Gerlache (ex-HMS Liberty, acheté en 1949, retiré du service en 1969)
- M901 Georges Lecointe (I) (ex-HMS Cadmus, acheté en 1950, retiré du service en 1959)
- M901 Georges Lecointe (II) (ex-NCSM Wallaceburg, acheté en 1959, retiré du service en 1969)
- M902 Van Haverbeke (I) (ex-HMS Ready, acheté en 1951, retiré du service en 1960)
- M903 Dufour (I) (ex-HMS Fancy, acheté en 1951, retiré du service en 1959)
- M903 Dufour (II) (ex-NCSM Winnipeg, acheté en 1959, retiré du service en 1966)
- M904 De Brouwer (I) (ex-HMS Spanker, acheté en 1953, retiré du service en 1966)
- M905 De Moor (ex-HMS Rosario, acheté en 1953, retiré du service en 1966)
Dragueurs de mines de classe MSO (Mine Sweeper Ocean)
- M902 Van Haverbeke (II) (ex-USN MSO522, acheté en 1960, retiré du service)
- M903 Dufour (III) (ex-USN AS498, ex-USN MSO498, ex-KNM M950 Lagen, acheté en 1966, détruit en 2007)
- M904 De Brouwer (II) (ex-USN AS498, ex-USN MSO499, ex-KNM M951 Namsen, acheté en 1966, détruit en 2007)
- M906 Breydel (ex-USN AM504, ex-USN MSO504, acheté en 1956, retiré du service en 1993)
- M907 Artevelde (ex-USN AM503, ex-USN MSO503, acheté en 1955, retiré du service en 1985)
- M908 Truffaut (ex-USN AS515, ex-USN MSO515, acheté en 1956, détruit en 2007)
- M909 Bovesse (ex-USN AS516, ex-USN MSO516, acheté en 1957, détruit en 2007)
Dragueurs de mines de classe MSC (Mine Sweeper Coast)
- M910 Diest (vendu à Taïwan en 1969, devenant le M162 Yung Fu)
- M911 Eeklo (vendu à Taïwan en 1969, devenant le M167 Yung Ching)
- M912 Lier (vendu à Taïwan en 1969, devenant le M165 Yung Shan)
- M913 Maaseik (vendu à Taïwan en 1969, devenant le M168 Yung Chen)
- M914 Roselare (vendu à la Norvège en 1966, devenant le M313 Tana)
- M915 Arlon (vendu à la Norvège en 1966, devenant le M314 Alta)
- M916 Bastogne (vendu à la Norvège en 1966, devenant le M317 Glomma)
- M917 Charleroi (vendu à Taïwan en 1969, devenant le M166 Yung Chi)
- M918 Sint-Niklaas (vendu à Taïwan en 1969, devenant le M163 Yung Jen)
- M919 Sint-Trudien (vendu à la Grèce en 1969, devenant le M202 Atlanti)
- M920 Diksmuide (vendu à Taïwan en 1969, devenant le M164 Yung Sui)
- M921 Herve (vendu à la Grèce en 1969, devenant le M205 Antiopi)
- M922 Malmedy (vendu à la Grèce en 1969, devenant le M206 Fedra)
- M923 Blankenberge (vendu à la Grèce en 1969, devenant le M210 Thalia)
- M924 Laroche (vendu à la Grèce en 1969, devenant le M254 Niovi)
- M925 De Panne (retiré du service en 1969)
- M926 Mechelen (converti en navire de recherche en 1964, puis retiré du service)
- M927 Spa (converti en transporteur de munitions en 1978, réimmatriculé A963 Spa puis retiré du service en 1993)
- M928 Stavelot (retiré du service en 1987)
- M929 Heist (retiré du service en 1992)
- M930 Rochefort (retiré du service en 1992)
- M931 Knokke (retiré du service en 1976
- M932 Nieuwpoort (retiré du service en 1991)
- M933 Koksijde (retiré du service en 1991)
- M934 Verviers (ex-USN MSC259, converti en un chasseur de mines en 1972, retiré du service en 1988)
- M935 Veurne (ex-USN MSC260, converti en un chasseur de mines en 1972, retiré du service en 1987)
Dragueurs de mines de classe MSI (Mine Sweeper Inshore)
- M470 Temse (vendu à la Corée du Sud en 1970)
- M471 Hasselt (retiré du service en 1986)
- M472 Kortrijk (retiré du service en 1989)
- M473 Lokeren (retiré du service en 1987)
- M474 Turnhout (retiré du service en 1991)
- M475 Tongeren (retiré du service en 1991)
- M476 Merksem (retiré du service en 1992)
- M477 Oudenaarde (retiré du service en 1989)
- M478 Herstal (retiré du service en 1991)
- M479 Huy (retiré du service en 1990)
- M480 Seraing (retiré du service en 1990)
- M481 Tournai (vendu à la Corée du Sud en 1970)
- M482 Visé (retiré du service en 1991)
- M483 Ougrée (retiré du service en 1992)
- M484 Dinant (retiré du service en 1992)
- M485 Andenne (retiré du service en 1991)
Navire auxillaire
- AP907 Kamina (reimmatriculé en AP957, puis en A957, retiré du service en 1967)
- A961 Zinnia (détruit en 2007)
Sources et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Belgian Navy ».
- (nl) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en néerlandais intitulé « Marinecomponent ».
Voir aussi
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