Pollution maritime

Pollution maritime

Pollution marine

La pollution marine résulte de tous les produits rejetés dans les mers et les océans en conséquence de l'activité humaine. Cette pollution arrive dans le milieu marin par le vecteur des voies fluviales, des vents, de l'air en basse altitude ou est directement rejetée à la mer.

Timbre issu d'une série émis en 1986 par les Îles Féroé sur le thème de l'immersion en mer de produits toxiques et éco-toxiques.

La notion de « pollution marine » englobe celle de pollution de l'eau, mais aussi celle des sédiments marins, et plus généralement toutes les atteintes aux écosystèmes marins causées par des rejets de substances nuisibles par leur impacts, quelles que soient leur nature ou quantité.

Sommaire

Pollution par les cours d'eau

Cours d'eau chargé de fer.

La plupart des pollutions marines sont d'origine terrestre et anthropique (produites par les activités humaines). Une grande part des substances toxiques présentes dans un bassin versant finit par rejoindre le milieu marin, par les fleuves ou canaux ou lagunes : Elles peuvent être d'origine industrielle (hydrocarbures, métaux lourds, substances chimiques, radionucléides..) , agricole (nutriments, engrais, pesticides...), ou tout simplement produites par les habitants ou usagers du bassin versant (déchets solides ou liquides, résidus d' installations de Traitement des eaux usées, polluants contenus dans les eaux de ruissellement...).

Des substances a priori non-nocives peuvent constituer des pollutions, dès lors que les quantités introduites dans le milieu marin dépassent la capacité d'absorption de ce milieu ; c'est notamment le cas des nutriments (nitrates et phosphates, par exemple), massivement perdus par l'agriculture intensive ou par les stations d'épuration ("STEP") ; ces substances peuvent être à l'origine de phénomènes d'eutrophisation, qui se traduisent par exemple par l'apparition d'algues vertes ou de microalgues (phytoplancton) dont quelques espèces sécrètent des toxines, conduisant localement à la mort de la plupart des organismes marins.

En Europe, la réglementation (Directive Cadre sur l'eau, DCE, notamment) vise à réduire ces pollutions du milieu marin à un niveau acceptable, dans le cade d'une récente Directive cadre Stratégie pour le milieu marin qui vise le « bon état écologique » des milieux, qui peut notamment passer par la constitution d'aires marines protégées et de réseaux de corridors biologiques sous-marins. Elle concerne a priori toutes les activités terrestres.

Pollution atmosphérique

Il existe des échanges permanents entre l'air et la mer. L'air peut céder à la mer certains polluants (particules en suspension, vapeurs et autres substances gazeuses, aérosols...), essentiellement du fait des précipitations atmosphériques (sèches ou humides) et inversement, le « Biofilm » épais de quelque microns qui se forme sur la surface de l'eau quand elle n'est pas agitée peut concentrer certains polluants (liposolubles notamment, hydrophobes ou plus léger que l'eau). Sous l'effet combiné des vagues, du vent ou de la chaleur du soleil, ces polluants peuvent être réémis dans l'air sous forme de vapeur ou via les aérosols produits par les embruns.

Une grande partie des substances polluantes introduites dans compartiment aérien du milieu marin provient de l'activité humaine terrestres (gaz d'échappement, ammoniac, hydrocarbures imbrûlés, émissions des incinérateurs, industries, etc.). Il existe aussi des sources naturelles de pollution (volcans, incendies de forêt...). Une part longtemps sous-estimé a été celle des sources motorisées circulant sur l'océan. Les bateaux-incinérateurs n'existent plus, mais la flotte marchande et militaire, ainsi que certains paquebots et les remorqueurs (plus de 90 000 navires de plus de 101 tonneaux de jauge brute en activité en 2004) émettent une part non négligeable de la pollution de l'air circulant au dessus des mers[1].  ; « En 2004, ces navires ont consommé environ 217 millions de tonnes de fuel, dont 5% dans les ports »[1]. Brûlant essentiellement du fuel lourd (non désouffré), ils sont notamment responsable de pollution acide et particulaire, notamment et sur les grands axes de déplacement de la flotte marchande et aux abords des ports (les moteurs sont plus sollicités au démarrage et au départ), ainsi que dans les détroits ou là où ils doivent naviguer à contre-courant. 70% de la navigation se faisant à moins de 400 kilomètres du trait de côte, cette pollution de l'air peut aussi dériver vers les terres[1]. Une étude récente a confirmé que les fumées et gaz émis par les navires augmentent l'acidité des pluies sur les littoraux et pourraient même être à l'origine de la formation de plus d'un quart de l'ozone troposphérique de plusieurs régions côtières (plus exposées aux UV solaires dont une partie sont réverbérés par l'eau de mer (5 à 15 % de l'ozone troposphérique dans certaies parties de l'Europe de l'Ouest étudiées par B. Dalsøren Les moteurs diesel ont été en 2004 responsable du rejet dans l'air marin d'environ 16 millions de tonnes de dioxyde de soufre, gaz qui acidifie l'air, et qui sous forme d'aérosol augmente aussi la pluviométrie ou la nébulosité. Avec le CO2 et les différents oxydes d'azote (NOx) également émis par les moteurs, il contribue à la fois à l'acidification des océans et aux pluies acides. Les NOx émis par les navires à moteurs seraient ainsi responsables de plus de 10% des pluies acides dues aux NOx, alors que le soufre libéré dans l'air avec les gaz d'échappement causerait 5% environ du total des pluies acides dues au dioxyde de soufre sur terre[1]. . A titre d'exemple, le dioxyde de soufre présent dans l'air de Singapour provient pour environ 15% des navires[1]. . Contrairement à ce que l'on avait d'abord pensé, en Scandinavie et le long d'autres littoraux longés par un trafic maritime important, ce ne sont plus les industries, mais le trafic maritime à faible distance, qui serait responsable de jusqu'à la moitié des pluies acides[1]. C'est une source de pollution que l'OMI (Organisation maritime internationale ), l'Europe[2] et les « Ecoports » veulent réduire notamment par des motorisations énergétiquement plus efficientes et propres, par des navires plus « écologiques »[3] et par l'arrêt des moteurs au port (ce qui nécessite la fourniture d'électricité par le port). Les bateaux peuvent aussi être assistés par ordinateur pour mieux profiter des courants et des vents et ainsi moins solliciter leurs moteurs. L'annexe VI de la convention MARPOL règlemente la pollution de l'air par les navires[4], le taux de soufre dans les fuels est progressivement diminué.

Pollution maritime

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Les barrages flottants sont une des solutions de confinement de certains polluants flottants (hydrocarbures), mais ils nécessitent une mer calme et que l'on agisse dès le début des rejets. Il faut ensuite disposer du matériel capable de récupérer le polluant
Bateau de lutte contre la pollution marine.

Toutes les activités humaines en mer (activités maritimes) sont susceptibles de générer des pollutions ; c'est notamment le cas de l'utilisation d'un navire par l'homme, mais il en est de même pour les plate-formes de recherche ou d'exploitation pétrolière, ou les dragages.

  • Épave de navire.
  • Peinture (antifouling) de coque.
  • Eaux usées (urbaines ou industrielles).
  • Déchets alimentaires ou ménagers.
  • Résidus de cargaison rejetés
  • Perte de cargaison en pontée dans le mauvais temps, ou lors de naufrages.
  • hydrocarbures: Rejets illicites, de boues de fioul et d'huiles usées, connus sous le terme impropre de dégazage.
  • Pétrole, fuites au pompage.
  • Les marées noires (pollutions accidentelles majeures lors du naufrage de navires de transports d'hydrocarbures, ou lors d'accidents de stations terrestres)
  • Produits chimiques.
  • Dépôts ou rejets de boues de dragages.
  • Remise en suspension de sédiments (éventuellement pollués) par le chalutage.
  • Dépôts immergés de munitions ou d'explosifs (suite à des conflits armés, à des accidents ou pour "éliminer" des munitions périmées..).
  • Immersion de déchets radioactifs (ex : Fosse des Casquets) ou perte accidentelle de sous-marin nucléaire.
  • Sabordage de navire.
  • Pêche non conforme à la règlementation et rejetée morte en très grande quantité. (officiellement non polluant)
  • Engins de pêche égarés ou usés et rejetés volontairement.

Ces rejets ou déchets à l'origine de la pollution peuvent être:

  • Solides, liquides ou sous forme de gaz dissous,
  • visibles (Ex : macrodéchets) ou non (Ex : micro-particules de plastique trouvées sur presque tous les fonds océaniques),
  • en surface, entre deux eaux ou se déposer au fond des océans, et éventuellement s'enfouir dans les sédiments, tout en restant biodisponible pour les animaux fouisseurs.

L'introduction d'espèces exotiques, éventuellement invasives ou pathogènes, suite au creusement de canaux reliant des mers (Ex : Canal de Suez, Canal de Panama, ou suite au transport d'organismes aquatiques d'une zone biogéographique à un autre par la pratique du ballastage et déballastage, ou via les coques de navire est une source de pollution génétique ou de disparition d'espèces et de perturbation des écosystèmes. C'est un problème en forte croissance devenu préoccupant.

Les coquillages, filtrant l'eau de mer, retiennent les toxiques, et constituent donc un indicateur particulièrement précieux de la pollution marine. Trois types de contaminants s'y accumulent : les résidus chimiques, les pollutions microbiologiques (liés aux dysfonctionnements des stations d'épuration et aux activités agricoles) et, depuis une vingtaine d'années, les substances toxiques produites par certaines espèces de micro-algues[5]. Ce dernier phénomène a été clairement caractérisé pour la première fois dans les années 1970, les pollutions augmentant de manière importante dans les années 1990, avant de se stabiliser dans les années 2000. En cause : les eaux de ballast des navires, qui ont propagé les algues toxiques sur tout le globe. Le rejet de ces eaux de ballast est aujourd'hui règlementé, le capitaine devant tenir à jour un registre des eaux de ballasts[6]. Toutefois, les systèmes proposés ne sont pas efficaces à 100% (échange de l'eau en haute mer par grande profondeur et de jour uniquement - traitement chimique - ...)

Législation internationale

Marpol est une convention internationale s'appliquant aux navires (et aux plates-formes pétrolières) qui règlemente les rejets en mer. Elle définit entre autres les différentes possibilités de rejets à la mer en relation avec la zone de navigation. Afin de minimiser les rejets en mer, les navires et les plate-formes sont tenus de conserver à bord certains de leurs déchets et les ports doivent fournir des services de récupération des déchets durant les escales. Ces services ne sont malheureusement pas toujours partout disponibles.

L'OMI a adopté mi-juin 2008 un nouveau « code sur les événements en mer » pour la conduite des enquêtes sur les accidents et les incidents en mer. D'autres mesures ont été adoptées à propos de l'identification et de localisation à une longue portée (LRIT) et du programme d’inspection des pétroliers et des cargos ainsi que du code maritime international des marchandises dangereuses.

En remplacement de la décision cadre 2005/667/JAI «visant à renforcer le cadre pénal pour la répression de la pollution causée par les navires», le Parlement européen et le Conseil de l'Europe ont annoncé[7] avoir adopté le 5 mai 2009 une nouvelle directive criminalisant les cas sérieux de pollution et imposant aux états-membres de mettre en œuvre des sanctions pénales effectives, proportionnées et dissuasives. Les cas mineurs seront des infractions pénales dès qu'ils endommageront la qualité de l'eau et s’ils sont répétés, délibérés ou commis à la suite d'une négligence grave. Sans détérioration de la qualité des eaux, les États membres classeront les rejets illicites des polluants de moindre importance comme infractions administratives. L'Etat membre détermine subsidiairement le type ou le niveau de sanctions et le propriétaires d'une cargaison et les sociétés de classification pourront également être poursuivis, à la demande du Parlement.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. a , b , c , d , e  et f Travaux de l'équipe du Pr Stig B. Dalsøren, du Centre for International Climate and Environmental Research de l'université d'Oslo (Norvège) : Dalsøren, SB et al. (2009) Update on emissions and environmental impacts from the international fleet of ships: the contribution from major ship types and ports. Atmos. Chem. Phys., 9, 2171-2194. Atmospheric Chemistry and Physics
  2. Communiqué Cordis « L'UE s'intéresse à une navigation plus "verte"  » daté 2008-02-29
  3. Communiqué européen CORDIS du 2008-03-03 intitulé Un projet européen conçoit le navire le plus écologique au monde dans le cadre d'un projet CREATING («Concepts to reduce environmental impact and attain optimal transport performance by inland navigation»)
  4. Actualités environnement
  5. La pollution des mers manifestée par les coquillages article d'Infos eau
  6. Convention sur les eaux de ballast
  7. Communiqué de presse : Pollution maritime : les infractions passibles bientôt de sanctions pénales. 05-05-2009
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