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Maurice Ravel
« Ravel » redirige ici. Pour les autres significations, voir Ravel (homonymie). Maurice Ravel Maurice Ravel assis au piano en 1912,
dans son appartement de l'avenue Carnot à Paris.Nom de naissance Joseph Maurice Ravel Naissance 7 mars 1875
Ciboure, FranceDécès 28 décembre 1937 (à 62 ans)
Paris, FranceActivité principale Compositeur
Activités annexes Pianiste, chef d'orchestre Années d'activité 1892-1932 Maîtres Gabriel Fauré, Charles de Bériot, André Gedalge Joseph Maurice Ravel (Ciboure, Pyrénées-Atlantiques, 7 mars 1875 – Paris, 28 décembre 1937) était un compositeur français de l’époque moderne. Son œuvre, fruit d'une recherche obstinée de perfection et d'un héritage s'étendant de Jean-Philippe Rameau aux pionniers du jazz, dénote un style original qui, après avoir participé au début du siècle du mouvement impressionniste, s'orienta vers un néoclassicisme plus dépouillé. Reconnu comme un maître de l’orchestration et un artisan méticuleux, cet homme à la personnalité complexe ne s'est jamais départi d'une sensibilité et d'une expressivité qui, selon Le Robert, lui firent évoquer dans son œuvre à la fois « les jeux les plus subtils de l’intelligence » et « les épanchements les plus secrets du cœur ».
Assez peu prolifique (quatre-vingt-six œuvres originales, vingt-cinq œuvres orchestrées ou transcrites), la production musicale de Ravel se caractérise par la diversité des genres et par une proportion notable d'œuvres reconnues comme majeures. Parmi celles-ci le ballet symphonique Daphnis et Chloé (1909-12), le Boléro (1928), les deux concertos pour piano et orchestre (pour la main gauche, 1929-31 ; en sol majeur, 1930-31) et l’orchestration des Tableaux d'une exposition de Moussorgski (1922) sont celles qui ont le plus contribué, depuis des décennies, à la renommée internationale du musicien.
Sommaire
Biographie
1875–1900 : l’apprentissage
Enfance heureuse
Maurice Ravel naquit le 7 mars 1875 quai de la Nivelle à Ciboure, dans les Pyrénées-Atlantiques. Son père, Joseph Ravel (1832–1908), d'ascendance suisse et savoyarde (Ravex),[1] était un ingénieur renommé qui travailla notamment pour l'industrie automobile et étendit les recherches d'Étienne Lenoir sur les moteurs à explosion. Sa mère, Marie Delouart-Ravel (1840–1917), était une basque, descendante d’une vieille famille espagnole (Deluarte). Il eut un frère, Édouard Ravel (1878–1960) avec lequel il eut toute sa vie de forts liens affectifs[2]. En juin 1875, la famille Ravel se fixa définitivement à Paris. La légende qui veut que l’influence de l’Espagne sur l’imaginaire musical de Maurice Ravel soit liée à ses origines basques est donc exagérée, d’autant que le musicien ne retourna pas au Pays basque avant l’âge de vingt-cinq ans. En revanche, il revint régulièrement par la suite séjourner à Saint-Jean-de-Luz et dans ses environs pour y passer des vacances ou pour travailler.
L’enfance de Ravel fut heureuse. Ses parents, attentionnés et cultivés, familiers des milieux artistiques, surent très tôt éveiller son don musical et encourager ses premiers pas. Le petit Maurice commença l’étude du piano à l’âge de six ans sous la férule d’Henry Ghys et reçut ses premiers cours de composition de Charles René (harmonie et contrepoint). Le climat artistique et musical prodigieusement fécond de Paris à la fin du XIXe siècle ne pouvait que convenir à l’épanouissement de l'enfant Ravel qui cependant, au désespoir de ses parents et de ses professeurs, reconnut plus tard avoir joint à ses nombreuses dispositions « la plus extrême paresse. »[3]
- « Tout enfant, j’étais sensible à la musique — à toute espèce de musique. Mon père, beaucoup plus instruit dans cet art que ne le sont la plupart des amateurs, sut développer mes goûts et de bonne heure stimuler mon zèle. » (Ravel, Esquisse autobiographique, 1928).[4]
Avenir prometteur
Entré au Conservatoire de Paris en 1889, Ravel fut l’élève de Charles de Bériot et se lia d’amitié avec le pianiste espagnol Ricardo Viñes, qui devint l’interprète attitré de ses meilleures œuvres et avec qui il rejoignit plus tard la Société des Apaches. Enthousiasmé par la musique de Chabrier et de Satie, admirateur de Mozart,[5] Saint-Saëns, Debussy et du groupe des Cinq, influencé par la lecture de Baudelaire, Poe, Condillac, Villiers de L’Isle-Adam et surtout de Mallarmé, Ravel manifesta précocement un caractère affirmé et un esprit musical très indépendant. Ses premières compositions en témoignèrent : elles étaient déjà empreintes d’une personnalité et d’une maîtrise telles que son style ne devait guère connaître d’évolution par la suite : Ballade de la reine morte d’aimer (1894), Sérénade grotesque (1894), Menuet antique (1895) et les deux Sites auriculaires pour deux pianos (Habanera, 1895 et Entre cloches, 1897).
1897 vit entrer Ravel dans la classe de contrepoint d’André Gedalge et Gabriel Fauré devenir son professeur de composition ; deux maîtres dont il reçut l'enseignement avec comme condisciple Georges Enesco. Fauré jugea le compositeur avec bienveillance, saluant « un très bon élève, laborieux et ponctuel » et une « nature musicale très éprise de nouveauté, avec une sincérité désarmante ».[6] Les deux artistes devaient se vouer leur vie durant une grande estime réciproque. À la fin de ses études, Ravel composa une ouverture symphonique pour un projet d'opéra baptisé Shéhérazade (ouverture créée en mai 1899 sous les sifflets du public, à ne pas confondre avec les trois poèmes de Shéhérazade pour voix de femme et orchestre datés de 1903), et la célèbre Pavane pour une infante défunte qui reste son œuvre pour piano la plus jouée par les mélomanes amateurs, même si son auteur ne l’estimait pas beaucoup.[7]
À la veille du XXe siècle, le jeune Ravel était déjà un compositeur reconnu, et ses œuvres discutées. Pourtant son accession à la célébrité n’allait pas être chose aisée. L’audace de ses compositions et son admiration proclamée pour les « affranchis » Chabrier et Satie allaient lui valoir bien des inimitiés parmi le cercle des traditionalistes.
1900–1918 : la grande période
Prix de Rome : « l'affaire Ravel »
Les cinq échecs du compositeur au Prix de Rome (1900, 1901, 1902, 1903, 1905) se dessinèrent ainsi sur fond de querelle entre conservateurs et tenants du modernisme. Éliminé aux épreuves préparatoires en 1900, Ravel n'obtint qu'un Deuxième Second Grand prix en 1901 [8] (derrière André Caplet et Gabriel Dupont) pour sa cantate Myrrha inspirée du Sardanapale de Lord Byron, malgré les éloges de Saint-Saëns auquel le compositeur paraissait « appelé à un sérieux avenir ».[9] Ce fut la seule récompense obtenue par Ravel, qui échoua de nouveau en 1902 (cantate Alcyone d'après Les Métamorphoses d'Ovide) et 1903 (cantate Alyssa sur un texte de Marguerite Coiffier) avant d'être exclu en plein concours en 1905 pour avoir dépassé de quelques semaines la limite d’âge.[10] Largement relayée par la presse, cette dernière affaire provoqua un scandale qui suscita, par-delà le monde musical, un courant de sympathie pour le compositeur. Théodore Dubois démissionna de la direction du Conservatoire de Paris et fut remplacé par Fauré en juin 1905.[11] Au-delà du tapage médiatique, ce qu'on appela « l’affaire Ravel » contribua à faire connaître le nom du musicien.
« Ravel n’est pas seulement un élève qui donne des promesses; il est dès à présent un des jeunes maîtres les plus en vue de notre école [...] et je ne conçois pas que l'on s'obstine à garder une école de Rome, si c'est pour en fermer les portes aux rares artistes qui ont en eux quelque originalité, à un homme comme Ravel qui s'est désigné aux concerts de la Société nationale par des œuvres bien autrement importantes que toutes celles qu'on peut exiger à un examen. » (Romain Rolland, mai 1905).[12]
Premiers chefs-d’œuvre
Ses déboires au Prix de Rome n'avaient pas empêché Ravel, dès 1901, d'affirmer pour de bon sa personnalité musicale avec les Jeux d’eau pour piano, pièce d'inspiration lisztienne qui, la première, lui valut l'étiquette de musicien impressionniste. Par un raccourci convenu, Ravel était considéré à cette époque comme « debussyste »,[13] mais l'adjectif « ravélien » peut s'appliquer aussi bien à certaines œuvres de Debussy.[14] Les critiques musicaux aidant (en particulier Pierre Lalo du Temps, l'un des plus farouches adversaires de la musique de Ravel),[15] cette influence mutuelle fut assez vite vécue comme une dualité par l'auteur de La Mer ; Debussy et Ravel ne furent pas amis et n'eurent jamais que des relations strictement professionnelles.
Dès cette époque s'affirmèrent les traits ravéliens les plus caractéristiques : goût pour les sonorités hispaniques et orientales, pour l’exotisme et le fantastique, perfectionnisme, raffinement mélodique, virtuosité du piano. À la période particulièrement féconde qui s’étend de 1901 à 1908 appartiennent notamment le Quatuor à cordes en fa majeur (1902), les mélodies de Shéhérazade sur des poèmes de Tristan Klingsor (1904), les Miroirs et la Sonatine pour piano (1905), l'Introduction et allegro pour harpe (1906), les Histoires naturelles d'après Jules Renard (1906), la Rapsodie espagnole (1908), la suite pour piano Ma Mère l'Oye (1908) que Ravel dédia aux enfants de ses amis Ida et Cipa Godebski,[16] puis son grand chef-d’œuvre pianistique, Gaspard de la nuit (1908), inspiré du poème éponyme d’Aloysius Bertrand.
Succès et déceptions
Avril 1909 trouva Ravel à Londres, chez Ralph Vaughan Williams, pour sa première tournée de concerts à l’étranger. Il put à cette occasion découvrir qu’il était déjà connu et apprécié outre-Manche. Il fut en 1910 (avec Charles Koechlin et Florent Schmitt notamment) l’un des fondateurs de la Société Musicale Indépendante (S.M.I.) créée pour promouvoir la musique contemporaine, par opposition à la Société nationale de musique, plus conservatrice, alors présidée par Vincent d’Indy et liée à la Schola Cantorum. Dirigée à ses débuts par Gabriel Fauré, la S.M.I. fut très active jusqu'au milieu des années 1930, donna en première audition un grand nombre des œuvres de Ravel et contribua à faire connaître la musique de la jeune école française (Aubert, Caplet, Delage, Huré, Koechlin, Schmitt, etc.) et celle de compositeurs d'avant-garde alors peu diffusés en France (Ravel y invita notamment le jeune Béla Bartók).
Au début des années 1910, deux œuvres majeures donnèrent à Ravel des difficultés. L'Heure espagnole, premier ouvrage lyrique du compositeur, écrit sur un livret de Franc-Nohain, fut achevé en 1907 et créé en 1911. L'opéra fut mal accueilli par le public et surtout par la critique (le mot pornographie fut lâché). Ni l’humour savoureux du livret ni les hardiesses orchestrales de Ravel n’ont été compris. Parallèlement, pour répondre à une commande de Serge de Diaghilev dont les Ballets russes triomphaient à Paris, Ravel composa à partir de 1909 le ballet Daphnis et Chloé. Cette symphonie chorégraphique, qui utilise des chœurs sans paroles, est une vision de la Grèce antique que Ravel voulait proche de celle que les peintres français du XVIIIe siècle avaient donnée. L’argument de l’œuvre fut co-rédigé par Michel Fokine et Ravel lui-même. Il s’agit de l’œuvre la plus longue du compositeur (soixante-dix minutes environ), et celle dont la composition fut la plus laborieuse. Là encore l’accueil fut inégal après la création en juin 1912, deux ans après le triomphe du révolutionnaire Oiseau de feu de Stravinski. Cette même année cependant, triomphèrent les ballets Ma Mère l'Oye et Adélaïde ou le langage des fleurs, tous deux des orchestrations d'œuvres antérieures.
1913. Homme engagé, Ravel fut au nombre des défenseurs de Stravinski lors de la création tumultueuse du Sacre du printemps le 29 mai à Paris.[17] Cette période qui précédait la guerre, Ravel la décrivit plus tard comme la plus heureuse de sa vie. Il habitait alors un appartement de la prestigieuse avenue Carnot, près de la place de l’Étoile.
La guerre
Août 1914. La guerre surprit Ravel en pleine composition de son Trio en la mineur qui fut finalement créé en 1915. Dès le début du conflit, le compositeur chercha à se faire engager, mais, déjà exempté de service militaire en raison de sa petite taille, il fut refusé pour être « trop léger de deux kilos ».[18] Dès lors, l’inaction devint une torture pour Ravel. À force de démarches, il finit par se faire engager comme conducteur de camion (mars 1916) et fut envoyé près de Verdun. Depuis le front, tandis que Debussy tombait dans les travers du nationalisme,[19] Ravel fit la démonstration de sa probité artistique en refusant, au risque de voir sa propre musique bannie des concerts, de prendre part à la Ligue nationale pour la défense de la musique française, organisation créée en 1916 qui faisait de la musique un outil de propagande et interdisait entre autres la diffusion en France des œuvres allemandes et austro-hongroises.
« [...] Je ne crois pas que « pour la sauvegarde de notre patrimoine artistique national » il faille « interdire d'exécuter publiquement en France des œuvres allemandes et autrichiennes contemporaines non tombées dans le domaine public ». [...] Il serait même dangereux pour les compositeurs français d'ignorer systématiquement les productions de leurs confrères étrangers et de former ainsi une sorte de coterie nationale : notre art musical, si riche à l'heure actuelle, ne tarderait pas à dégénérer, à s'enfermer en des formules poncives. Il m'importe peu que M. Schönberg, par exemple, soit de nationalité autrichienne. Il n'en est pas moins un musicien de haute valeur, dont les recherches pleines d'intérêt ont eu une influence heureuse sur certains compositeurs alliés, et jusque chez nous. Bien plus, je suis ravi que MM. Bartók, Kodály et leurs disciples soient hongrois et le manifestent dans leurs œuvres avec tant de saveur. [...] D'autre part je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire prédominer en France, et de propager à l'étranger toute musique française, quelle qu'en soit la valeur. Vous voyez, Messieurs, que sur bien des points mon opinion diffère suffisamment de la vôtre pour ne pas me permettre l'honneur de figurer parmi vous. » (Ravel, 7 juin 1916) [20]
Victime selon toute vraisemblance d’une péritonite à la fin de 1916, Ravel fut opéré avant d’être démobilisé.[21] La mort de sa mère, en janvier 1917, le plongea dans un tourment sans comparaison avec celui causé par la guerre — il ne devait jamais vraiment s’en remettre.[22] Il acheva cette année-là six pièces pour piano regroupées sous le titre du Tombeau de Couperin, suite dans un style néoclassique français qu’il dédia à des amis morts à la guerre.[23] Durablement touché par ces épreuves accumulées, le musicien traversa alors une période de silence et de doute que vinrent seulement interrompre deux commandes cruciales, qui allaient aboutir à La Valse et plus tard à L'Enfant et les Sortilèges.
1918–1928 : Dépouillement
L'héritage de Debussy
La guerre, terminée, avait bouleversé la société et remis en cause les canons esthétiques hérités de ce qu'on appellerait bientôt la « Belle Époque » : les années d'après-guerre virent ainsi tout un pan de la musique européenne, de Sergueï Prokofiev (Symphonie classique) à Stravinski (Pulcinella), prendre un virage néoclassique auquel Ravel allait contribuer à sa manière. Pour les quelque douze années d’activité qui lui restaient, la production du musicien se ralentit considérablement (une œuvre par an en moyenne, en excluant les orchestrations) et son style évolua selon ses propres mots dans le sens d’un « dépouillement poussé à l'extrême ». Son art allait s’ouvrir dans le même temps aux innovations rythmiques et techniques venues de l’étranger, en particulier d’Amérique du Nord.
Les années passant, et après la mort de Claude Debussy en 1918, Ravel était désormais considéré comme le plus grand compositeur français vivant. La façon dont s'accommoda de ce nouveau statut celui qui déclara en 1928, à propos du public qui l'acclamait, « Ce n'est pas moi qu'ils veulent voir, c'est Maurice Ravel », dérouta plus d'un observateur. Ce fut d'abord, en 1920, la réaction désinvolte à sa promotion au rang de chevalier de la Légion d’Honneur : pour une raison qu'il ne précisa jamais, il ne prit même pas la peine de répondre à cette annonce.[25] Satie, brouillé avec lui depuis 1913, s’en amusa dans une boutade célèbre : « Ravel refuse la Légion d’Honneur, mais toute sa musique l’accepte » [26]
La première œuvre majeure de l’après-guerre fut La Valse, poème symphonique dramatique commandé pour le ballet par Serge de Diaghilev et joué en première audition en avril 1920, en présence de Stravinski et Poulenc.[27] Ravel y défigurait sciemment la valse viennoise en dépeignant un « tourbillon fantastique et fatal », évocation musicale de l'anéantissement de la civilisation par la guerre récemment achevée. Mû désormais par un désir de dépouillement, se tournant vers une réaction en faveur de la mélodie, c’est à la mémoire de Debussy qu'il composa sa vaste Sonate pour violon et violoncelle que créa sa violoniste fétiche, Hélène Jourdan-Morhange (1922).
Montfort-l’Amaury
En 1921, désireux de se fixer, Ravel acheta une maison à Montfort-l’Amaury dans les Yvelines, voulant acquérir « une bicoque à trente kilomètres au moins de Paris » : le “Belvédère”.[28] C’est dans cette maison, aujourd’hui un musée, qu’il devait composer la majeure partie de ses dernières œuvres. Cette époque vit la naissance des sensuelles Chansons madécasses, sur des poèmes d’Évariste de Parny (1923), dans lesquelles le musicien exprimait au passage son anticolonialisme (Aoua), et de la rhapsodie virtuose Tzigane (1924) pour luthéal et violon. Le Belvédère s’imprégna vite de la personnalité du musicien qui en fit, de son vivant même, un véritable musée (collection de porcelaines asiatiques, jouets mécaniques, horloges).
Solitaire et pudique, Ravel eut cependant une riche vie sociale. Le Belvédère de Montfort-l'Amaury devint rapidement le repaire incontournable du cénacle ravélien (entre autres l’écrivain Léon-Paul Fargue, les compositeurs Maurice Delage, Arthur Honegger, Jacques Ibert, Florent Schmitt, Germaine Tailleferre, les interprètes Marguerite Long, Robert Casadesus, Jacques Février, Madeleine Grey, Hélène Jourdan-Morhange, Vlado Perlemuter, le sculpteur Léon Leyritz, et les deux fidèles élèves de Ravel, Roland-Manuel et Manuel Rosenthal). Ravel observa sa vie durant une extrême discrétion concernant sa vie privée et véhicula au travers de ses portraits et photographies une image de dandy masqué derrière un « cérémonial d'élégance fastidieuse » (André Tubeuf) qui contraste avec les témoignages de ceux qui le fréquentèrent. Mais les apparences ne pouvaient entièrement cacher la solitude et la tristesse de cet homme,[29] qui trouva une échappatoire dans l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski, 1922, et dans une série de tournées à l’étranger (Pays-Bas, Italie, Angleterre, Espagne). La question de la sexualité du compositeur a souvent fait l'objet de gloses, sans qu'une réponse précise lui soit apportée. Ravel ne se maria jamais et aucune relation sentimentale, féminine ou masculine, ne lui est connue.[30] Une thèse récente s'attache cependant à démontrer que Ravel aurait transcrit en musique le prénom Misia et le nom Godebska (du nom de jeune fille de Misia Sert, amie du compositeur et dédicataire de La Valse), et caché ces transcriptions de manière étonnamment fréquente dans ses œuvres.[31]
Lyrisme et blues
Ravel avait connu Colette dans les années 1900, quand ils fréquentaient les mêmes salons artistiques autour notamment de Cocteau et Debussy. C'est en 1925 qu'aboutit le projet commun des deux artistes d'une fantaisie lyrique baptisée L'Enfant et les Sortilèges. La genèse de cette œuvre avait débuté en 1919, quand Colette s'était vu proposer par Jacques Rouché, alors directeur de l’Opéra de Paris, la collaboration de Ravel pour mettre en musique un poème de sa main, intitulé au départ Divertissement pour ma fille. Accaparé par d'autres projets, Ravel n'y travailla vraiment qu'à partir de 1924 pour en tirer une œuvre dont les nombreuses scènes, de par leur brièveté et la variété de leurs genres, la rapprochent plus de la comédie musicale que de l'opéra. La création à Monte-Carlo en mars 1925 fut un succès, mais les représentations parisiennes de cette œuvre atypique donnèrent lieu à un accueil perplexe (le duo des chats notamment fit scandale). Colette a rapporté avec humour la relation purement professionnelle et distante dans laquelle Ravel la tint au cours de l’élaboration de ce projet.[32] En 1927, Ravel s'apprêtait à devenir, avec Stravinski, une des personnalités musicales les plus reconnues de son époque. Il acheva cette année-là sa Sonate pour violon et piano (dont le second mouvement est intitulé Blues) et inaugura la salle Pleyel en dirigeant La Valse.
1928–1932 : la consécration
La tournée américaine
1928 fut pour Ravel une année particulièrement faste. De janvier à avril il effectua une gigantesque tournée de concerts aux États-Unis et au Canada [34] qui lui valut, dans chaque ville visitée, un immense succès.[35] Il se produisit comme pianiste dans sa Sonatine, accompagna sa Sonate pour violon et certaines de ses mélodies, dirigea l’orchestre, prononça des discours sur la musique dont aucun enregistrement direct ne nous est parvenu.[36] À New York il fréquenta les clubs de jazz de Harlem et se fascina pour les improvisations du jeune George Gershwin, auteur quatre ans plus tôt d'une retentissante Rhapsody in Blue et dont il appréciait particulièrement la musique. À celui-ci lui réclamant des leçons, Ravel répondit par la négative, argumentant : « Vous perdriez la grande spontanéité de votre mélodie pour écrire du mauvais Ravel. »[37] Dans cet esprit Ravel exhorta à plusieurs reprises les Américains à cultiver la spécificité de leur musique nationale.[38]
« Vous, les Américains, prenez le jazz trop à la légère. Vous semblez y voir une musique de peu de valeur, vulgaire, éphémère. Alors qu'à mes yeux, c'est lui qui donnera naissance à la musique nationale des États-Unis. » (Ravel, 1928).[39]
Boléro
Article détaillé : Boléro (Ravel)De retour en France, Ravel s'attela à ce qui devait devenir son œuvre la plus célèbre et, malgré lui, l'instrument de sa consécration internationale. Après quelques tergiversations, le « ballet de caractère espagnol » que lui avait commandé son amie Ida Rubinstein en 1927 adopta le rythme d'un boléro andalou. Le Boléro fut créé à Paris le 22 novembre 1928 devant un parterre quelque peu stupéfié. Cette œuvre singulière, qui tient le pari de durer plus d’un quart d’heure avec seulement deux thèmes et une ritournelle inlassablement répétés, était considérée par son auteur comme une expérience d’orchestration « dans une direction très spéciale et limitée »,[40] et Ravel lui-même fut vite exaspéré par le succès de cette partition qu’il disait « vide de musique ». À propos d’une dame criant: « Au fou, au fou ! » après avoir entendu l’œuvre, le compositeur aurait confié à son frère : « Celle-là, elle a compris ! »[41]
En octobre 1928, Ravel fut fait docteur en musique honoris causa à l’Université d’Oxford.[42] Dans sa ville natale, il inaugura, en août 1930, le quai qui porte son nom.[43]
Derniers chefs-d’œuvre
De 1929 à 1931, Ravel conçut ses deux derniers grands chefs-d’œuvre. Composés simultanément et créés à quelques jours d’intervalle en janvier 1932, les deux concertos pour piano et orchestre apparaissent comme la synthèse de l’art ravélien, combinant forme classique et style moderne empruntant au jazz. Mais ces deux œuvres frappent par leur contraste. Au Concerto pour la main gauche, œuvre grandiose baignée d’une sombre lumière et empreinte de fatalisme qu’il dédia au pianiste manchot Paul Wittgenstein, répondit l’éclatant Concerto en sol dont le mouvement lent constitue l’une des plus intimes méditations musicales du compositeur. Avec les trois chansons de Don Quichotte à Dulcinée, composées en 1932 sur un poème de Paul Morand, les concertos mirent un point final à la production musicale de Maurice Ravel.
Le temps d’une tournée triomphale en 1932 en compagnie de la pianiste Marguerite Long, qui diffusa le Concerto en sol dans toute l’Europe, Ravel prit une dernière fois la mesure de sa renommée. De retour en France, après avoir enregistré ce même concerto sous sa propre direction, il n’avait plus que des projets : notamment un ballet-oratorio, Morgiane, inspiré des Mille et Une Nuits, et un grand opéra, Jeanne d’Arc, d’après le roman éponyme de Joseph Delteil.
1933–1937 : une fin tragique
À partir de l’été 1933, Ravel commença à présenter les signes d’une maladie neurologique qui allait le condamner au silence pour les quatre dernières années de sa vie. Troubles de l’écriture, de la motricité et du langage en furent les principales manifestations,[45] tandis que son intelligence était parfaitement préservée et qu’il continuait de penser sa musique, sans plus pouvoir bientôt l'écrire ni la jouer. L’opéra Jeanne d’Arc, auquel le compositeur attachait tant d’importance, ne devait jamais voir le jour. On pense qu’un traumatisme crânien consécutif à un accident de taxi dont il fut victime en octobre 1932 [46] précipita les choses, mais Ravel, qui souffrait depuis longtemps d'insomnies récurrentes, semblait conscient du trouble depuis le milieu des années 1920 (la thèse d’une démence de Pick est discutée).[47] Le public resta longtemps dans l’ignorance de la maladie. Chacune des rares apparitions publiques de Ravel lui valait un triomphe, ce qui rendit d’autant plus douloureuse son inaction.[48]
En 1935, sur proposition d’Ida Rubinstein, Ravel entreprit un ultime voyage en Espagne et au Maroc qui lui apporta un réconfort salutaire, mais vain. Le musicien se retira définitivement à Montfort-l’Amaury où, jusqu’à sa mort, il put compter sur la fidélité et le soutien de ses amis et de sa fidèle gouvernante, Madame Révelot. Le mal continua de progresser. Le 19 décembre 1937, malgré les réticences du musicien, le professeur Clovis Vincent tenta à Paris une intervention chirurgicale sur son cerveau dans l'hypothèse d'une atteinte tumorale. Ravel se réveilla un court moment après l’intervention, puis plongea définitivement dans le coma.[49] Il s'éteignit le 28 décembre 1937, à l’âge de 62 ans. Sa mort provoqua dans le monde une grande émotion, que la presse relaya dans un hommage unanime.[50] Le discours officiel de la République française fut prononcé à son enterrement par Jean Zay, alors ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts.[51] Le compositeur repose au cimetière de Levallois-Perret près de ses parents et de son frère.
Avec Ravel disparaissait le dernier représentant d’une lignée de musiciens qui avaient su renouveler l’écriture musicale sans jamais renoncer aux principes hérités du classicisme. Par-là même, le dernier compositeur dont l’œuvre dans sa totalité, toujours novatrice et jamais rétrograde, soit « entièrement accessible à une oreille profane » (Marcel Marnat).
« Je n’ai jamais éprouvé le besoin de formuler, soit pour autrui soit pour moi-même, les principes de mon esthétique. Si j’étais tenu de le faire, je demanderais la permission de reprendre à mon compte les simples déclarations que Mozart a faites à ce sujet. Il se bornait à dire que la musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre, pourvu qu’elle charme et reste enfin et toujours la musique. » (Ravel, Esquisse autobiographique, 1928)
Ravel et son art
Les influences
Né à une époque plus que propice à l’éclosion des arts, Ravel bénéficia d’influences très diverses. Mais comme le souligne Vladimir Jankélévitch dans sa biographie, « aucune influence ne peut se flatter de l’avoir conquis tout entier […]. Ravel demeure jalousement insaisissable derrière tous ces masques que lui prêtent les snobismes du siècle. »[52]
Aussi la musique de Ravel apparaît-elle d’emblée, comme celle de Debussy, profondément originale, voire inclassable selon l’esthétique traditionnelle. Ni absolument moderniste ni simplement impressionniste (comme Debussy, Ravel refusait catégoriquement ce qualificatif qu'il estimait réservé à la peinture),[53] elle s’inscrit bien davantage dans la lignée du classicisme français initié au XVIIIe siècle par Couperin et Rameau et dont elle fut l’ultime prolongement. Ravel par exemple (à l’inverse de son contemporain Stravinski) ne devait jamais renoncer à la musique tonale et n'usa qu'avec parcimonie de la dissonance, ce qui ne l’empêcha pas par ses recherches de trouver de nouvelles solutions aux problèmes posés par l’harmonie et l’orchestration, et de donner à l’écriture pianistique de nouvelles directions.
De Chabrier au jazz
De Fauré et Chabrier (Sérénade grotesque, Pavane pour une infante défunte, Menuet antique) à la Musique noire américaine (L’Enfant et les sortilèges, Sonate pour violon, Concerto en sol) en passant par l’école russe (À la manière de… Borodine, orchestration des Tableaux d’une exposition), Satie, Debussy (Jeux d’eau, Quatuor à cordes), Couperin et Rameau (Le Tombeau de Couperin), Chopin et Liszt (Gaspard de la nuit, Concerto pour la main gauche), Schubert (Valses nobles et sentimentales), Schönberg (Trois poèmes de Mallarmé), et enfin Saint-Saëns et Mozart (Concerto en sol), Ravel a su faire la synthèse de courants extrêmement variés et imposer son style dès ses premières œuvres. Ce style ne devait d’ailleurs que très peu évoluer au cours de sa carrière, sinon comme il le disait lui-même dans le sens d’un « dépouillement poussé à l’extrême » (Sonate pour violon et violoncelle, Chansons madécasses).
L’éclectique
Éclectique par excellence tout en s'inscrivant dans une esthétique indiscutablement française, Ravel sut tirer profit de son intérêt pour les musiques de toutes origines. L’influence notoire jouée sur son imaginaire musical par le Pays basque (Trio en la mineur) et surtout l’Espagne (Habanera, Pavane pour une infante défunte, Rapsodie espagnole, Boléro, Don Quichotte à Dulcinée) participe beaucoup à sa popularité internationale, mais conforte aussi l’image d’un musicien toujours épris de rythme et de musiques folkloriques. L’Orient (Shéhérazade, Introduction et Allegro, Ma mère l’Oye), la Grèce (Daphnis et Chloé, Chansons populaires grecques) et les sonorités Tziganes (Tzigane) l’inspirèrent également.
La musique noire américaine, que lui fit mieux découvrir Gershwin au cours de la tournée américaine de 1928, fascina Ravel. Il en introduisit de nombreuses touches dans les chefs-d’œuvre de sa dernière période créatrice (ragtime dans l'Enfant et les sortilèges, blues dans le second mouvement de la Sonate pour violon, jazz dans le Concerto en sol et le Concerto pour la main gauche).
Enfin, il est nécessaire de souligner la fascination qu’exerça le monde de l’enfance sur Ravel. Que ce soit dans sa propre vie (attachement absolu, quasi-infantile, à sa mère, collection de jouets mécaniques…) ou dans son œuvre (de Ma mère l’Oye à l'Enfant et les sortilèges), Ravel exprima régulièrement une extrême sensibilité et un goût prononcé pour le fantastique et le domaine du rêve.
L’orfèvre du son
« Je me refuse simplement mais absolument à confondre la conscience de l’artiste, qui est une chose, avec sa sincérité, qui en est une autre [...]. Cette conscience exige que nous développions en nous le bon ouvrier. Mon objectif est donc la perfection technique. Je puis y tendre sans cesse, puisque je suis assuré de ne jamais l’atteindre. L’important est d’en approcher toujours davantage. L’art, sans doute, a d’autres effets, mais l’artiste, à mon gré, ne doit pas avoir d’autre but. » (Ravel, Esquisse autobiographique, 1928).
La recherche de la perfection formelle fit autant pour le succès de Maurice Ravel auprès du public que pour sa défaveur auprès de certains critiques. Tandis que Stravinski raillait sa méticulosité en le qualifiant d’ « horloger suisse », certains ne virent dans sa musique que sécheresse, froideur ou artifice. Ravel, qui ne reniait rien de son amour pour les artifices et les mécanismes mais cherchait toujours, en citant Edgar Allan Poe, « le point à égale distance de la sensibilité et de l’intelligence »,[54] répliqua avec une formule lapidaire : « Mais est-ce qu’il ne vient jamais à l’esprit de ces gens-là que je peux être artificiel par nature ? » [55]
Composer semble n’avoir jamais été chose facile pour Ravel. Son refus de céder à cette « haïssable sincérité de l’artiste, mère de tant d'œuvres bavardes et imparfaites » lui donna le goût de la contrainte auto-imposée, et plus encore de la difficulté vaincue. C’est en partie ce qui explique la faible abondance de ses œuvres (et notamment d'œuvres « de second plan »), dans une période créatrice pourtant longue de près de quarante ans, et l'état d'inachèvement dans lequel il laissa plusieurs projets, notamment Shéhérazade (opéra, 1898), La Cloche engloutie (opéra, 1906), et Zazpiak Bat (concerto, 1914). Par ailleurs, Ravel ne nous a laissé presque aucune esquisse. Pleinement conscient de son caractère, le compositeur pouvait confier à Manuel Rosenthal : « Oui, mon génie, c’est vrai, j’en ai. Mais qu’est-ce que c’est ? Eh bien, si tout le monde savait travailler comme je sais travailler, tout le monde ferait des œuvres aussi géniales que les miennes. »[56]
Quoi qu’il en soit, de l’ouverture de L'Heure espagnole aux onomatopées de L'Enfant et les Sortilèges, de la pédale obstinée de si bémol du Gibet dans Gaspard de la nuit à la rigidité rythmique du Boléro, cet entêtement dans la quête de la perfection et ce goût de la gageure sont un des traits ravéliens les plus caractéristiques.
L’orchestrateur
Ravel fut selon Marcel Marnat « le plus grand orchestrateur français » et de l’avis de nombreux mélomanes l’un des meilleurs orchestrateurs de l’histoire de la musique occidentale. Son œuvre la plus célèbre, le Boléro, doit sa tenue à la seule variation des timbres et à un immense crescendo de l’orchestre.
Passé maître dans le maniement des timbres (quoique n’étant pas lui-même adepte de nombreux instruments), sachant trouver l’équilibre harmonieux le plus subtil, Ravel sut transcender de nombreuses œuvres originales (le plus souvent écrites pour le piano) et leur donner une dimension nouvelle, que ces pages fussent de lui (Ma mère l’Oye, 1912, Valses nobles et sentimentales, 1912, Alborada del gracioso, 1918, Le Tombeau de Couperin, 1919…) ou de ses éminents confrères : Moussorgski (Khovantchina, 1913), Schumann (Carnaval, 1914), Chabrier (Menuet pompeux, 1918), Debussy (Sarabande et Danse, 1923) ou encore Chopin (Étude, Nocturne et Valse, 1923).
Mais ce fut l’orchestration des célèbres Tableaux d’une exposition de Moussorgski, commande de Serge Koussevitzky achevée en 1922 à Lyons-la-Forêt chez son ami Roland-Manuel, qui assit définitivement la réputation internationale de Ravel en la matière. Sa version reste la référence et éclipse celle des autres compositeurs qui s’y sont essayés, même si certains regrettent que ce travail ait diminué la simplicité et la naïveté de la page originale. Les Tableaux orchestrés par Ravel font partie, avec le Boléro, des œuvres françaises les plus représentées à l’étranger.
L’interprète
Faute d'un entraînement assidu, Ravel fut bon pianiste sans être un virtuose (certaines de ses propres œuvres, notamment le Concerto en sol qu’il rêvait de présenter lui-même,[57] lui restèrent inaccessibles). Il fut propriétaire de plusieurs pianos droits, le dernier étant encore exposé à Montfort-l'Amaury.[58] Au piano le compositeur assura la création, entre autres, de ses Histoires naturelles (1907), des Mélodies hébraïques (1914), de La Valse (1920), de la Berceuse sur le nom de Fauré (1922) et, avec Georges Enesco, de la Sonate pour violon et piano (1927). Au cours de sa tournée américaine en 1928, il joua sa Sonatine, accompagna sa Sonate pour violon et certaines de ses mélodies.
En tant que chef d’orchestre, Ravel créa l'ouverture de Shéhérazade (1899) et la version de concert du Boléro (1930). À la baguette il n’égala jamais, même de loin, ses qualités d’orchestrateur. Le seul enregistrement [59] qu’il a laissé (un Boléro daté de 1930) et les témoignages de l’époque confirment que Ravel n’était pas un virtuose au pupitre. Il dirigea pourtant avec un immense succès son Concerto en sol au cours de sa dernière tournée, en 1932.
Œuvres principales
D'un volume relativement modeste si on la compare à celle de ses principaux contemporains, l'œuvre de Ravel se caractérise d'une façon générale par sa diversité (tous les genres musicaux ayant été abordés à l'exception de la musique religieuse) et sa faible proportion de titres oubliés, la très grande majorité de ses œuvres ayant intégré le répertoire. Le catalogue complet [60] établi par Arbie Orenstein et complété par Marcel Marnat compte cent onze œuvres achevées par le compositeur entre 1887 et 1933, soit quatre-vingt six œuvres originales et vingt-cinq œuvres orchestrées, réduites ou transcrites. Les quelque soixante œuvres principales sont sous-citées.
Œuvres originales
Période Titre Instrumentation Parties / Indications ŒUVRES POUR PIANO 1892 - 93 Sérénade grotesque Piano 2 mains Très rude 1895 Menuet antique Piano 2 mains Majestueusement 1895 - 97 Sites auriculaires 2 pianos I. Habanera (En demi-teinte et d'un rythme las) - II. Entre cloches (Allègrement) 1899 Pavane pour une infante défunte Piano 2 mains Assez doux, mais d'une sonorité large 1901 Jeux d'eau Piano 2 mains Très doux 1903 - 05 Sonatine Piano 2 mains I. Modéré - II. Mouvement de menuet - III. Animé 1904 - 05 Miroirs Piano 2 mains I. Noctuelles - II. Oiseaux tristes - III. Une barque sur l'océan - IV. Alborada del gracioso - V. La vallée des cloches 1908 Gaspard de la nuit Piano 2 mains I. Ondine - II. Le gibet - III. Scarbo 1908 - 10 Ma Mère l'Oye Piano 4 mains I. Pavane de la Belle au bois dormant - II. Petit Poucet - III. Laideronnette, impératrice
des pagodes - IV. Les entretiens de la Belle et de la Bête - V. Le jardin féerique1909 Menuet sur le nom de Haydn Piano 2 mains Mouvement de menuet 1911 Valses nobles et sentimentales Piano 2 mains I. Modéré. Très franc - II. Assez lent - III. Modéré - IV. Assez animé - V. Presque lent -
VI. Vif - VII. Moins vif - VIII. Épilogue. Lent1912 À la manière de... Chabrier Piano 2 mains Allegretto 1912 À la manière de... Borodine Piano 2 mains Valse. Allegro giusto 1914 - 17 Le Tombeau de Couperin Piano 2 mains I. Prélude - II. Fugue - III. Forlane - IV. Rigaudon - V. Menuet - VI. Toccata 1918 Frontispice 2 pianos 5 mains Pas d'indication ŒUVRES ORCHESTRALES 1898 Ouverture de Shéhérazade Orchestre Ouverture de féerie 1907 Rapsodie espagnole Orchestre I. Prélude à la nuit - II. Malagueña - III. Habanera - IV. Feria 1909 - 12 Daphnis et Chloé Orchestre et chœurs Symphonie chorégraphique en trois parties 1919 - 20 La Valse Orchestre Mouvement de valse viennoise - Un peu plus modéré - 1er Mouvement - Assez animé 1922 - 24 Tzigane Violon et orchestre Lento - Moderato - Allegro 1928 Boléro Orchestre Tempo di Bolero moderato assai 1929 - 30 Concerto pour la main gauche Piano et orchestre Lento - Allegro - Tempo I 1929 - 31 Concerto en sol majeur Piano et orchestre I. Allegramente - II. Adagio assai - III. Presto MUSIQUE DE CHAMBRE 1897 Sonate posthume Violon, piano Allegro moderato 1902 - 03 Quatuor à cordes 2 violons, alto, violoncelle I. Allegro moderato - II. Assez vif, très rythmé III. Très lent - IV. Vif et agité 1905 Introduction et Allegro Harpe, flûte, clarinette, 2 violons, alto, violoncelle
Introduction - Allegro 1914 Trio avec piano Piano, violon, violoncelle I. Modéré - II. Pantoum. Assez vif - III. Passacaille. Très large - IV. Finale. Animé 1920 - 22 Sonate pour violon et violoncelle Violon, violoncelle I. Allegro - II. Très vif - III. Lent - IV. Vif, avec entrain 1924 Tzigane Violon, piano ou luthéal Lento - Moderato - Allegro 1924 - 27 Sonate pour violon et piano Violon, piano I. Allegretto - II. Blues. Moderato - III. Perpetuum mobile MÉLODIES ET MUSIQUE VOCALE 1897 - 99 Deux épigrammes Soprano et piano I. D'Anne jouant de l'espinette - II. D'Anne qui me jecta de la neige - (Clément Marot) 1901 Myrrha Soprano, ténor, baryton, orchestre Cantate pour le Prix de Rome - (Lord Byron) 1902 Alcyone Soprano, ténor, baryton, orchestre Cantate pour le Prix de Rome - (Ovide) 1903 Alyssa Soprano, ténor, baryton, orchestre Cantate pour le Prix de Rome - (Marguerite Coiffier) 1903 Shéhérazade Soprano et orchestre I. Asie - II. La flûte enchantée - III. L'indifférent - (Tristan Klingsor) 1906 Histoires naturelles Voix et piano I. Le paon - II.Le grillon - III. Le cygne - IV. Le martin-pêcheur - V. La pintade - (Jules Renard) 1907 Chansons populaires grecques Soprano et piano I. Chanson de la mariée - II. Là-bas, vers l'église - III. Quel galant m'est comparable -
IV. Chanson des cueilleuses de lentisques - V. Tout gai ! - (Grèce)1913 Trois poèmes de Mallarmé Voix et orchestre de chambre I. Soupir - II. Placet futile - III. Surgi de la croupe et du bond - (Stéphane Mallarmé) 1914 Mélodies hébraïques Voix et piano I. Kaddich - II. L'énigme éternelle - (Israël) 1914 - 15 Trois chansons pour chœur Chœur mixte a cappella I. Nicolette - II. Trois beaux oiseaux du paradis - III. Ronde - (Maurice Ravel) 1922 Chansons madécasses Soprano/baryton, piano, flûte et violoncelle
I. Nahandove - II. Aoua - III. Il est doux - (Évariste de Parny) 1923 - 24 Ronsard à son âme Voix et piano Amelette Ronsardelette - (Pierre de Ronsard) 1927 Rêves Voix et piano Un enfant court - (Léon-Paul Fargue) 1932 - 33 Don Quichotte à Dulcinée Baryton et piano/orchestre I. Chanson romanesque - II. Chanson épique - III. Chanson à boire - (Paul Morand) ŒUVRES LYRIQUES 1907 - 11 L'Heure espagnole Opéra pour cinq voix solistes avec orchestre sur un livret de Franc-Nohain 1919 - 25 L'Enfant et les Sortilèges Fantaisie lyrique en deux parties pour solistes et chœurs avec orchestre sur un livret de Colette Orchestrations et arrangements
ARRANGEMENTS DE SES PROPRES ŒUVRES Période Titre Arrangement Parties / Indications 1906 Une barque sur l'océan Orchestration D'un rythme souple 1910 Pavane pour une infante défunte Orchestration Lent 1911 - 12 Ma Mère l'Oye Orchestration I. Prélude - II. Danse du rouet et scène - III. Pavane de la Belle au bois dormant -
IV. Les entretiens de la Belle et de la Bête - V. Petit Poucet -
VI. Laideronnette, impératrice des pagodes - VII. Le jardin féerique1912 Adélaïde ou le langage des fleurs Orchestration I. Modéré. Très franc - II. Assez lent - III. Modéré - IV. Assez animé - V. Presque lent -
VI. Vif - VII. Moins vif - VIII. Epilogue. Lent1918 Alborada del gracioso Orchestration Assez vif 1919 Le Tombeau de Couperin Orchestration I. Prélude - II. Forlane - III. Menuet - IV. Rigaudon 1920 La Valse Réductions pour 2 pianos Mouvement de valse viennoise 1929 Boléro Réduction pour piano Tempo di Bolero moderato assai 1929 Menuet antique Orchestration Maestoso 1932 Concerto en sol majeur Réduction pour 2 pianos I. Allegramente - II. Adagio assai - III. Presto ARRANGEMENTS D'AUTRES ŒUVRES Période Titre Auteur original Arrangement Parties / Indications 1909 Trois Nocturnes Claude Debussy Réduction pour 2 pianos I. Nuages - II. Fêtes - III. Sirènes 1910 Prélude à l'après-midi d'un faune Claude Debussy Réduction pour piano à 4 mains Très modéré 1913 La Khovanchtchina Modeste Moussorgski Orchestration Orchestration complétée avec Igor Stravinski 1914 Carnaval Robert Schumann Orchestration 1914 Les Sylphides Frédéric Chopin Orchestration I. Prélude - II. Nocturne - III. Valse 1917 - 1918 Menuet pompeux Emmanuel Chabrier Orchestration Extrait des Dix Pièces pittoresques 1922 Les Tableaux d'une exposition Modeste Moussorgski Orchestration 10 tableaux et 5 promenades 1923 Sarabande et Danse Claude Debussy Orchestration I. Sarabande - II. Danse ou Tarentelle styrienne Œuvres les plus jouées
D’après le Portail de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique,[61] Ravel est le musicien français non tombé dans le domaine public qui s’exporte le mieux depuis des décennies. Le Boléro est ainsi resté en tête du classement mondial des droits SACEM jusqu’en 1993,[62] suivi de près par l’orchestration des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. En 1994 et 1995, sur les dix œuvres de la SACEM les plus exportées, cinq étaient de Ravel : le Boléro, les Tableaux d’une exposition, Daphnis et Chloé, le Concerto en sol et Ma mère l’Oye.[63] En 2005, le Boléro pointait encore à la cinquième place.[64]
Références, notes et citations
- ↑ Note : Français de nationalité, Joseph Ravel était né à Versoix dans le canton de Genève où son père, Aimé Ravel, né en Savoie à Collonges-sous-Salève en 1800, exerçait la profession de boulanger. Voir Association patrimoine versoisien
- ↑ Source : Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, pp. 19-22.
- ↑ Source : Jankélévitch V, Ravel, Seuil, 1995, p. 127.
- ↑ Note : la courte Esquisse autobiographique de Maurice Ravel, dictée par le musicien à son élève et ami Roland-Manuel en oct. 1928, a paru pour la première fois dans la Revue musicale de déc. 1938. Elle est reprise intégralement dans les ouvrages d’Arbie Orenstein (Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, pp. 43-47) et Vladimir Jankélévitch (Ravel, Seuil, 1995, pp. 197-204).
- ↑ Citation : « Mon maître préféré ? En ai-je un ?... En tout cas, j’estime que Mozart demeure au plus parfait de tous. (...) Il n’était que musique. » — Ravel cité par Nino Franck dans le journal Candide, mai 1932.
- ↑ Source : rapport scolaire de Fauré sur Ravel, juin 1900.
- ↑ Citation : « J’en perçois fort bien les défauts : l’influence de Chabrier, trop flagrante, et la forme assez pauvre. L’interprétation remarquable de cette œuvre incomplète et sans audace a contribué beaucoup, je pense, à son succès » — Ravel cité dans la revue musicale de la S.I.M., fév. 1912, in : Orenstein A, Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, p. 295.
- ↑ Source : Institut de France.
- ↑ Source : lettre de Camille Saint-Saëns à Charles Lecoq, 4 juillet 1901.
- ↑ Citation : « Monsieur Ravel peut bien nous considérer comme des pompiers, il ne nous prendra pas impunément pour des imbéciles » — Un membre de la section musicale de l’Institut apprenant la candidature de Ravel en 1905, In: Jankélévitch V, Ravel, Seuil, 1995, p. 183.
- ↑ Note : La raison exacte de la démission de Dubois est débattue, le compositeur ayant apparemment réclamé sa démission en mars 1905, deux mois avant « l’affaire Ravel » expergo.org
- ↑ Citation complète : Je ne suis pas ami de Ravel. Je puis même dire que je n'ai pas de sympathie personnelle pour son art subtil et raffiné. Mais ce que la justice me commande de dire, c'est que Ravel n’est pas seulement un élève qui donne des promesses; il est dès à présent un des jeunes maîtres les plus en vue de notre école, qui n’en compte pas beaucoup. [...] et je ne conçois pas que l'on s'obstine à garder une école de Rome, si c'est pour en fermer les portes aux rares artistes qui ont en eux quelque originalité, à un homme comme Ravel qui s'est désigné aux concerts de la Société nationale par des œuvres bien autrement importantes que toutes celles qu'on peut exiger à un examen. Un tel musicien faisait honneur au concours. [...] C’est le devoir de chacun de protester contre un jugement qui, même s’il est conforme à la justice littérale, blesse la justice réelle de l’art. — Lettre de Romain Rolland à Paul Léon, directeur de l’Académie des Beaux-Arts, mai 1905. In: Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, p. 162.
- ↑ Citation : « J’ai trouvé plus debussyste que Debussy : Ravel » — Romain Rolland, 1901.
- ↑ Note : Marcel Marnat note ainsi l'influence de Ravel sur Debussy dans les Estampes (1903), les Études (1915), l'orchestration des Images (1905) et celle de Jeux (1912). Marnat 1986, p. 154
- ↑ Citation : « Où Ravel a paru uniquement debussyste, c'est dans les pièces où il a fait de la musique pittoresque, parce que n'ayant pas de sensibilité personnelle, il empruntait, en même temps que les procédés techniques, la sensibilité d'autrui ». Pierre Lalo, Le Temps, 28 mai 1911, dans Marnat 1986, p. 310
- ↑ Note : Xavier-Cyprien (dit Cipa) et Ida Godebski, famille d'origine polonaise installée à Paris, comptèrent parmi les plus fidèles amis de Ravel qui dédia Ma mère l’Oye à leurs enfants Jean et Mimie. Cipa était le fils du sculpteur Cyprian Godebski et le frère de Misia Sert, la future dédicataire de La Valse.
- ↑ Citation : « Le soir du Sacre, j’avais vu un Ravel coléreux, insolent, cramoisi, défendant l’œuvre qu’il aimait avec une indignation tonitruante » — Valentine Hugo, In: Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, p. 363.
- ↑ Source : Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, p. 407.
- ↑ Citation : « Trente millions de boches ne peuvent pas détruire la pensée française » proclamait Debussy en signant sa Sonate pour violon et piano, In: cite-musique.fr
- ↑ Source : lettre de Ravel au Comité de la Ligue nationale pour la défense de la musique française, In: Orenstein A, Maurice Ravel : Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, p. 157
- ↑ Source : Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, p. 420-21.
- ↑ Citation : « Je songe qu’il y aura bientôt trois ans qu’elle est partie (...) J’y songe encore plus depuis que je me suis remis au travail, que je n’ai plus cette chère présence silencieuse m’enveloppant de sa tendresse infinie, ce qui était, je le vois plus que jamais, ma seule raison de vivre. » — Lettre à Ida Godebska, déc. 1919, In: Orenstein, Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, lettre 163.
- ↑ Image : Dessin de Ravel pour la couverture de la partition de son Tombeau de Couperin, 1917.
- ↑ Note : les deux hommes ne furent pas amis, leurs relations restant toujours professionnelles avec même une certaine rivalité. Mais Ravel ne manqua jamais de rappeler combien Debussy comptait dans son estime — Entretien accordé au New York Times, 7 août 1929.
- ↑ Note : le refus fit scandale à l’époque. Hélène Jourdan-Morhange rapporta que « les distinctions honorifiques lui paraissaient vaines autant que les paroles creuses des discours » (Ravel et nous, Genève, 1945). Ravel accepta pourtant d’être fait Chevalier de l’Ordre de Léopold par le roi Albert Ier, à Bruxelles en mars 1926 et fut décoré plusieurs fois dans d’autres pays.
- ↑ Source : cité dans le journal Le Coq, mai 1920.
- ↑ Note : Diaghilev accueillit l’œuvre avec réserve, arguant que ce n’était pas un ballet, mais « la peinture d’un ballet ». Stravinski ne dit pas un mot pour défendre son ami, ce que Ravel ne lui pardonna jamais. Scène rapportée par Francis Poulenc dans Moi et mes amis, Paris, 1963.
- ↑ Source : Les musées des Yvelines – Le Belvédère de Maurice Ravel à Montfort-l’Amaury.
- ↑ Citation : « Nous ne sommes pas faits pour nous marier, nous autres artistes. Nous sommes rarement normaux, et notre vie l’est encore moins. » — Lettre à H. Casella, jan. 1919, In: Orenstein A, Lettres, écrits et entretiens, 1989, lettre 150
- ↑ Note : Dans un entretien accordé à France Culture en 1985, Manuel Rosenthal rapporta toutefois que Ravel fréquentait des prostituées à l'occasion, In: Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, p. 464
- ↑ Note : « L'Affaire Ravel » de 1905 se déroula alors que le compositeur passait deux mois en croisière sur le bateau de Misia Edwards (née Godebska) dont l'époux, Alfred Edwards, puissant magnat de presse, fit vraisemblablement jouer ses appuis afin de révéler le scandale. C'est ce même Alfred Edwards qui possédait la salle dans laquelle les Ravel firent représenter leur « Tourbillon de la mort : saut périlleux en automobile ». Les arguments biographiques et musicologiques de cette thèse, développée par David Lamaze, professeur d'écriture musicale au Conservatoire de Rennes, sont exposés dans l'édition d'un mémoire de Master II : Le Coeur de l'horloge, une dédicace cachée dans l'œuvre de Ravel (éd. thebookedition.com, nov. 2008)Présentation, accès à la table des matières
- ↑ Source : Forum Opéra
- ↑ Source : Bibliothèque et Archives Canada.
- ↑ Note : au total, 25 villes visitées à travers tout le continent. « Il se laissa fasciner par le dynamisme de la vie américaine, ses immenses villes, ses gratte-ciel (...) et fut impressionné par le jazz, les negro spirituals et l’excellence des orchestres américains ». Orenstein A, Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, p. 24.
- ↑ Note : lors d’un programme qui lui était entièrement consacré au Carnegie Hall à New York, sous la direction de Serge Koussevitzky, il reçut une ovation de dix minutes lorsqu’il entra prendre sa place. Profondément ému, il confia à Alexandre Tansman : « Vous savez, jamais une chose pareille ne pourrait arriver à Paris. » In: Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, p. 604.
- ↑ Note : un grand discours de Ravel sur la musique contemporaine, prononcé à Houston le 6 avril 1928, a été reproduit d’après sténographie directe dans les ouvrages de Marcel Marnat (Maurice Ravel, Fayard, 1986, pp. 612-22) et Arbie Orenstein (Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, pp. 48-57).
- ↑ Source : Jankélévitch V, Ravel, 1995, p. 193.
- ↑ Source : bisbigliando.com
- ↑ Note : Interview accordée par Ravel au Musical Digest, avril 1928.
- ↑ Source: Entretien accordé par Maurice Ravel au London’s Daily Telegraph, 1931, repris dans Ravel 1989, p. 365
- ↑ Source : Marnat M, Maurice Ravel, Fayard, 1986, p. 634.
- ↑ Image : Ravel docteur en musique honoris causa à Oxford, oct. 1928
- ↑ Image : Inauguration du quai Maurice-Ravel à Ciboure en présence des pelotari, août 1930.
- ↑ Citation : Je ne ferai jamais ma Jeanne d’Arc, cet opéra est là, dans ma tête, je l’entends mais je ne l’écrirai plus jamais, c’est fini, je ne peux plus écrire ma musique.» – Ravel en nov. 1933, cité par Valentine Hugo dans la Revue musicale, janv. 1952.
- ↑ Note : la description sémiologique que fit Théophile Alajouanine de la maladie de Ravel est reproduite dans : De Recondo J, Sémiologie du système nerveux, Flammarion Médecine, 2004
- ↑ Citation : « Il a suffi de ce stupide accident pour m’anéantir pendant trois mois. Ce n’est que depuis quelques jours que j’ai pu me remettre au travail, et assez difficilement. » — Lettre à Alfred Perrin, fev. 1933, In: Orenstein A, Lettres, écrits et entretiens, 1989, lettre 328.
- ↑ Source : (en) The exceptional brain of Maurice Ravel, A Otte, P De Bondt1, C Van de Wiele1, K Audenaert, Med Sci Monit, 2003; 9(6): RA154-159.
- ↑ Citation : « Nous n'avons pas pu ignorer que Ravel se vit dépouillé du don de mémoire, perdit la parole, le geste d'écrire, mourut jugulé et conscient alors qu'en lui se débattaient encore tant d'harmonies, tant d'oiseaux, de guitares, de danses et de nuits mélodieuses. » – Colette, citée dans Jourdan-Morhange H, Ravel et nous, Éditions du milieu du monde, 1945, p. 11
- ↑ Source : Jourdan-Morhange H, Ravel et nous, Éditions du milieu du monde, 1945, p. 252
- ↑ Note : Pour le premier anniversaire de la mort du compositeur, la Revue musicale publia un numéro spécial dans lequel près d'une centaine d'articles, signés de la main de compositeurs, de critiques musicaux et d'artistes du monde entier, rendaient hommage à la mémoire de Ravel.
- ↑ Source : info-levallois.com
- ↑ Source : Jankélévitch V, Ravel, Seuil, 1995, p. 7-8.
- ↑ Citation : « Si vous me demandez si nous avons une école impressionniste en musique, je dois dire que je n'ai jamais associé ce terme à la musique. La peinture, ah, ça, c'est autre chose ! Monet et son école étaient impressionnistes. Mais dans l'art sœur, il n'y a pas d'équivalent à cela. » — Extrait d'un entretien accordé au Musical Digest, mars 1928, In: Orenstein A, Maurice Ravel : Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, p. 327
- ↑ Source : www.ville-montfort-l-amaury.fr
- ↑ Source : cité par Calvocoressi dans Galerie de Musiciens, Londres, Faber, 1933.
- ↑ Source : Orenstein A, Maurice Ravel : Lettres, écrits et entretiens, Flammarion, 1989, p. 39.
- ↑ Citation : « À maintes reprises, il s’épuisa à essayer d’accéder au niveau de virtuosité indispensable. Les longues heures passées à briser ses doigts sur les Études de Chopin et de Liszt le fatiguèrent beaucoup et privèrent le génial compositeur d’autant de moments d’inspiration fructueuse. » — Marguerite Long, Au piano avec Maurice Ravel, Éd. Billaudot, 1971.
- ↑ Image de Ravel devant son piano à Montfort-l'Amaury vers 1930
- ↑ Note : un Concerto en sol daté de 1932 publié sous son nom était en fait dirigé par Pedro de Freitas Branco
- ↑ Source : Université du Québec
- ↑ Source : Portail Sacem.
- ↑ Source : Sacem – Palmarès 1993
- ↑ Source : Sacem – Palmarès 1994
- ↑ Source : Sacem - Palmarès 2005
Voir aussi
Articles connexes
- Musique moderne ;
- Œuvres de Ravel.
Bibliographie
Biographies
- Roland-Manuel, À la gloire de Ravel, éditions de la Nouvelle Revue Critique, Paris, 1938, 285 p.
Première biographie de Maurice Ravel.
- Colette, etc., Maurice Ravel par quelques-uns de ses familiers, éditions du Tambourinaire, Paris, 1939, 187 p.
Hommage à Ravel coécrit par M. Delage, L.-P. Fargue, H. Jourdan-Morhange, T. Klingsor, Roland-Manuel, D. Sordet, É. Vuillermoz et J. de Zogheb.
- Hélène Jourdan-Morhange, Ravel et nous, éditions du Milieu du monde, 1945 ;
Recueil des souvenirs d'une proche de Ravel, préfacé par Colette et illustré par Luc-Albert Moreau.
- Marguerite Long, Au piano avec Maurice Ravel, éd. Gérard Billaudot, 1971 ;
Témoignages éclairés d’une grande pianiste proche du compositeur.
- Marcel Marnat, Maurice Ravel, Fayard, coll. « Indispensables de la musique », 1986, 828 p. (ISBN 2-213596255) ;
Biographie quasi exhaustive, d’une formidable richesse documentaire. La vie de Ravel replacée en permanence dans le contexte de son temps. Catalogue complet des œuvres.
- Marcel Marnat, Maurice Ravel. Qui êtes-vous ? : l'hommage de la Revue Musicale, décembre 1938, Éditions de la Manufacture, Lyon, 1987, 487p. (ISBN 2-7377-0052-3)
Réédition du numéro spécial de la Revue Musicale paru en décembre 1938 pour l'anniversaire de la mort de Ravel, présenté et annoté par Marcel Marnat.
- Maurice Ravel, Lettres, écrits et entretiens, présentés et annotés par Arbie Orenstein, Flammarion, collection Harmoniques, 1989, 632 p. (ISBN 2-080661035) ;
Recueil de la correspondance et des principaux documents écrits de Ravel.
- Vladimir Jankélévitch, Ravel, Le Seuil, coll. « Solfèges », 1995, 224 p. (ISBN 2-020234904) ;
Seconde édition, augmentée d’un catalogue exhaustif de l’œuvre musicale et d’un index, comporte aussi une nouvelle discographie et une bibliographie mise à jour.
- David Lamaze, Le Cœur de l'horloge, TheBookEdition, nov. 2008, 283 p.
Edition du mémoire de Master II, présentant les indices biographiques et analytiques de la transcription musicale par Ravel d'un nom et d'un prénom : Misia Godebska. Table des matières David Lamaze est professeur d'écriture musicale au Conservatoire de Rennes.
Romans
- Jean Echenoz, Ravel, Minuit, 2006, 123 p. (ISBN 2-707319309).
Ce roman retrace les dix dernières années de la vie du compositeur.
- David Lamaze, Le Cygne de Ravel, 2006, 250 p.
Ce roman présente sous forme d'intrigue la thèse d'une dédicace cachée par Ravel dans sa musique, transcrivant un nom et un prénom. Les arguments musicologiques de cette thèse sont présentés dans Le Cœur de l'horloge, une dédicace cachée dans la musique de Ravel.
Divers
- Étienne Rousseau-Plotto, Ravel, portraits basques, Séguier, 2004, 308 p. (ISBN 2-840493600).
Cet ouvrage présente les liens du compositeur avec le pays (origines maternelles, séjours, amis), la langue et la musique basques ; 150 photographies, 26 planches couleurs ; index.
Liens externes
Ressources biographiques
- Médiathèque de l’IRCAM – Centre Georges Pompidou Biographie du musicien et fiches détaillées sur ses œuvres.
- Université du Québec Catalogue complet des œuvres de Ravel d’après Marcel Marnat.
- Maurice Ravel Frontispice Site anglophone richement illustré de citations et de témoignages en anglais et en français.
- Le Coeur de l'horloge Citations variées autour du caractère de Maurice Ravel. Biographie détaillée des années 1895 à 1914. Une lettre inédite (1/2/06).
Ressources documentaires
- (en) Piano Society Plusieurs enregistrements d’œuvres pour piano de Ravel en écoute gratuite. Qualité sonore MP3.
- Extraits d'archives sonores d'œuvres de Maurice Ravel, sur ContemporaryMusicOnline (portail de la musique contemporaine).
- (fr+en) Maurice Ravel sur l’Internet Movie Database
- Partitions libres de Maurice Ravel dans International Music Score Library Project
- Partitions libres de Maurice Ravel dans Choral Public Domain Library (ChoralWiki)
- Maurice Ravel sur Wikilivres
Commémorations et festivals
- Montfort-l’Amaury Site officiel de la ville où vécut Ravel de 1921 à sa mort. Section Ravel avec présentation du Belvédère.
- Les journées Ravel de Montfort-l'Amaury Festival donné chaque année début octobre sur les lieux-mêmes où vécut et composa Maurice Ravel.
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