- Schola Cantorum de Paris
-
Pour les articles homonymes, voir Schola Cantorum.
Trois hommes animés d'un même esprit et d'une même foi, d'une même ténacité et d'un idéal commun — Charles Bordes, Alexandre Guilmant et Vincent d'Indy — sont les instigateurs d'un mouvement consistant à remettre en honneur la musique religieuse grégorienne et palestrinienne. Ce mouvement part de la tribune de l'Église Saint-Gervais où Bordes est maître de chapelle ; l'histoire de la Schola se confond avec les Chanteurs de Saint-Gervais qui diffusent en France le répertoire religieux ancien y compris les cantates de Jean-Sébastien Bach. Bordes crée sa propre maison d'édition et publie une Anthologie des maîtres religieux qui fait autorité.
Le 6 juin 1894, Bordes, Guilmant et d'Indy, réunis dans la salle de la maîtrise de Saint-Gervais avec le chanoine de Bussy, l'abbé Noyer, premier vicaire, l'abbé Chappuy, vicaire de Saint-François Xavier, l'abbé Perruchot alors maître de chapelle de Notre-Dame des Blancs Manteaux, fondent une Société de propagande pour la divulgation des chefs-d'œuvre religieux. Mais le titre est trop long et Charles Bordes propose de lui substituer celui de Schola Cantorum, aussitôt adopté. On décide, également, de publier une revue mensuelle La Tribune de Saint-Gervais, qui publie des articles qui placent la nouvelle école dans le prolongement direct de l'école de musique religieuse d'Alexandre-Étienne Choron, de la société de musique vocale religieuse et classique du prince de la Moskowa et en concurrence avec l'École Niedermeyer :
- le retour à la tradition grégorienne pour l'exécution du plain-chant et une application aux diverses éditions diocésaines ;
- la remise à l'honneur de la musique palestrinienne comme modèle de musique figurée pouvant être associée au chant grégorien pour les fêtes solennelles ;
- la création d'une musique religieuse moderne, respectueuse des textes et des lois de la liturgie, s'inspirant des traditions grégoriennes et palestriniennes ;
- l'amélioration du répertoire des organistes du point de vue de son union avec les mélodies grégoriennes et de son appropriation aux différents offices.
Elle ouvre ses portes le 15 octobre 1896, sans ressources financières, rue Stanislas, à l'angle du boulevard du Montparnasse (Paris 6e).
Son enseignement consiste à dispenser des cours élémentaires gratuits, des cours supérieurs payants et des cours du soir ou cours populaires. Ils sont confiés à l'abbé Vigourel pour les études grégoriennes, M. Shilling pour le chant grégorien, Alexandre Guilmant pour l'orgue, André Pirro pour le piano. Les classes d'écriture sont dirigées par G. de Boisjardin (solfège), Fernand de La Tombelle (harmonie), et Vincent d'Indy (contrepoint et composition).
La première année on dénombre 21 inscriptions dont celles de Déodat de Séverac et de René de Castéra. Les débuts sont difficiles. Il faut créer d'autres classes : orgue avec Abel Decaux et piano supérieur avec Edouard Risler. Afin d'élargir l'enseignement, des conférenciers sont invités, et parmi eux : Marie Bobillier, Jules Combarieu, Pierre Aubry, dom Parisot (bénédictin de l'abbaye de Solesmes faisant suite à un voyage organisé par l'école), André Hallays, Guy Ropartz. Une maîtrise est fondée à l'église catholique anglaise de Saint-Joseph, avenue Hoche (Paris 8e).
En 1900, deux événements majeurs marquent l'histoire de la Schola :
- Charles Bordes devient un entrepreneur de spectacles dans une dépendance de l'Exposition Universelle où est installée une rue du Vieux-Paris (une église de carton-pâte est construite et plus de soixante mille spectateurs en franchissent le porche pour écouter les Chanteurs de Saint-Gervais ce qui contribue à mieux faire connaître la Schola) ;
- Il souscrit un bail dans une belle demeure des XVIIe et XVIIIe siècles située 269, rue Saint-Jacques, l'Hôtel des Bénédictins anglais. En septembre, Bordes ouvre la maison par des Assises sur la musique religieuse (congrès qui dure cinq jours). Le 2 novembre 1900, une fête d'inauguration est donnée pour l'ouverture des cours avec un concert en soirée.
Le règlement de l'école ainsi établi :
- pas de limite d'âge pour l'admission ;
- un examen début octobre et, s'il y a lieu, au commencement de chaque trimestre ;
- un diplôme de fin d'études est remis aux élèves du second degré et des cours supérieurs (avec éventuellement des mentions) ;
- l'organisation de concerts auxquels prennent part les élèves instrumentistes et les élèves du chant ;
- l'obligation de participer aux cours d'ensemble vocal pour tous les élèves instrumentistes ;
- l'interdiction de présenter pour les examens d'autres pièces que celles inscrites dans le répertoire publié à la suite du règlement.
En 1905, l'école compte 300 élèves ; 400 en 1912 ; 500 en 1924. Après la mort de Bordes survenu à Toulon le 8 novembre 1900 et celle de Guilmant décédé le 29 mars 1911 à Meudon, Vincent d'Indy enseigne lui-même la composition et dirige les séances d'ensembles d'orchestre.
Parmi les professeurs renommés qui ont enseigné à la Schola, on citera : Isaac Albeniz, Mme Michel Brenet, Guy de Lioncourt, Albéric Magnard, Blanche Selva, Auguste Sérieyx, André Pirro, Albert Roussel, Paul Le Flem, Marcel Labey, Gabriel Grovlez, Victor Vreuls, Amédée Gastoué, Fernand de La Tombelle, Armand Parent, Léon Saint Réquier, Achille Philip, Louis Vierne, André Fleury, Abel Decaux, Maurice Sergent, Édouard Souberbielle.
L'influence de la Schola est considérable et des succursales sont nées dans les grandes villes et à l'étranger (Schola Cantorum de Bâle).
À la mort de Vincent d'Indy en 1931, le Conseil d'administration de la Schola est renversé pour des raisons de personnes. Le nouveau Conseil révoque les dirigeants désignés par d'Indy et le conseil artistique, composé notamment de Gabriel Pierné, Paul Dukas, Guy Ropartz, Albert Roussel, donne sa démission. Sur 54 professeurs, 49 donnent leur démission suivis par 220 élèves sur 250. Les élèves dépossédés de la Schola fondent alors l'École César-Franck qui ouvre ses portes le 7 janvier 1935 sous la direction de Louis de Serres et s'installe au 3 rue Jules-Chaplain (Paris 6e) à quelques pas de la rue Stanislas.
La Schola Cantorum, école de chant et de musique religieuse, constitue l'événement le plus important dans l'histoire de l'enseignement musical en France au cours du XIXe siècle. Elle représente l'instruction musicale religieuse qui tente de briser le monopole du Conservatoire de Paris, institution laïque qui centre son enseignement sur l'instrument et l'orchestre.
Aujourd'hui, la Schola Cantorum qui, depuis 1980, possède le statut d'établissement privé d'enseignement supérieur, est toujours située au 269, rue Saint-Jacques dans l'ancien couvent bénédictin et Michel Denis en est le Directeur général et musical. Pour son engagement envers cette institution, ce dernier a été élevé par le Président de la République en 2007 au rang de Chevalier de l'Ordre National du Mérite.
Professeurs actuels
Composition, orchestration, analyse: Patrice Sciortino, Richard Phillips
Ecriture: Pierre Doury
Orgue : Jean-Paul Imbert
Piano: Igor Lazko, Mireille Phillips, Robert Millardet, Gabriel Tacchino
Violon: Igal Shamir; Patrice Fontanarosa
Opérette: Nicole Broissin
Formation Musicale : Frédéric Tennesson
Direction d'Orchestre: Jean Jacques Werner
et bien d'autresArticles connexes
- Schola Cantorum de Bâle
- Georges Martin Witkowski, fondateur de la Schola Cantorum de Lyon
Liens externes
Catégories :- École de musique française
- 5e arrondissement de Paris
Wikimedia Foundation. 2010.