- 1830 en France
-
Années :
1827 1828 1829 1830 1831 1832 1833Décennies :
1800 1810 1820 1830 1840 1850 1860
Siècles :
XVIIIe siècle XIXe siècle XXe siècle
Millénaires :
Ier millénaire IIe millénaire IIIe millénaire
Chronologies géographiques :
Afrique • Amérique (Canada, États-Unis) • Asie • Europe (France, Italie, Suisse) • Océanie
Chronologies thématiques :
Architecture • Chemins de fer • Droit • Littérature • Musique • Musique classique • Parcs de loisirs • Photographie • Science • Sociologie • Théâtre
Calendriers :
Romain • Chinois • Grégorien • Hébraïque • Hindou • Musulman • Persan • RépublicainChronologie de la France
Cette page concerne l'année 1830 du calendrier grégorien.
Événements
- Hiver particulièrement froid (1829-1830). Au printemps, la disette provoque une série d'incendies, en particulier dans l'Ouest (les mendiants menaçant les paysans de brûler leurs chaumières s'ils ne leur fournissent pas du pain), témoignant de la vétusté de l'habitat rural.
- Début d'épidémie de choléra (qui durera jusqu'en 1835).
- Création de l'école de l'agriculture.
Janvier
- 2 janvier : Honoré de Balzac publie El Verdugo pour la première fois sous son nom de plume.
- Dimanche 3 janvier : Première publication du National (Adolphe Thiers, Armand Carrel et François-Auguste Mignet fondateurs). Ils ont essayé, en vain de se rapprocher du Globe.
- 5 janvier : Victor Hugo écrit à Montbel, ministre de l'Intérieur, pour protester contre le censeur Brifaut qui divulgue des extraits d'Hernani.
- 23 janvier : Guizot est élu député de l'Eure.
- 31 janvier : Le gouvernement décide d'intervenir à Alger, et l'annonce le 3 mars par le discours du trône.
- Mme Récamier engage Quinet à la venir voir.
- Fondation de la Conspiration La Fayette ou Association de Janvier.
Février
- Lundi 1er février : L'Aumône de Victor Hugo paraît en plaquette chez Périaux à Rouen. Vendu au profit exclusif des ouvriers chômeurs et pauvres de Normandie.
- 3 février : Sous le titre : « Pour les pauvres ouvriers de Bapaume et de Decauville », publication de L'Aumône de Hugo dans Le Globe.
- 7 février : Préparatifs de l'expédition contre Alger.
- 12 février : Brifaut et Sauvo, censeurs, signent une note accusant Victor Hugo de n'avoir pas accepté toutes les corrections prescrites pour Hernani.
- 13 février-20 février : Le baron Trouvé autorise Victor Hugo à maintenir dans son texte des expressions blâmées.
- 15 février : Première parution sous sa nouvelle forme du Globe (de Leroux et Dubois où Rémusat joue un rôle croissant).
- 19 février : Formule de Adolphe Thiers : « le roi de France règne et ne gouverne pas », qui résume la pensée de ceux qui se rallient à une monarchie parlementaire.
- 22 février : Parution des Poésies de feu Charles Dovalle, avec une lettre-préface de Victor Hugo.
- 24 février : Répétition générale d'Hernani.
- 25 février : Première d'Hernani à la Comédie-Française. Trente-six représentations jusqu'au 22 juin.
- Benjamin Constant publie dans la Revue de Paris les « Souvenirs historiques à l'occasion de l'ouvrage de M. Bignon » (fin en juillet).
Mars
- Mardi 2 mars :
- 4 mars : Début de la publication d'Hernani en feuilletons dans Le Cabinet de lecture (jusqu'au 4 avril).
- 9 mars : Édition originale d'Hernani chez Mame.
- 12 mars : A la Porte-Saint-Martin, on joue une parodie d'Hernani, sous le titre : N, I, NI, ou le Danger des Castilles, présenté comme étant « un amphigouri romantique en cinq tableaux et en vers ».
- 15 et 16 mars : Discussion de l'adresse des 221 (221 pour et 121 contre).
- 16 mars :
- 221 députés votent la défiance contre le ministère Polignac. Adresse au roi de deux cent vingt et un députés de l'opposition début d'une intense agitation politique.
- La majorité des députés, en réponse au discours du trône, réclame la démission des ministres.
- Brazier et Scaramouche font représenter une autre parodie d'Hernani, au Théâtre de la Gaîté : Oh ! qu'Nenni, ou le Mirliton fatal.
- 18 mars : Présentation de l'Adresse au Roi.
- 19 mars : La session de la Chambre est prorogée au 1er septembre.
- 20 mars : Banquet donné aux Vendanges de Bourgogne, restaurant du Faubourg Poissonnière. Discours d'Odilon Barrot.
- 21 mars : Dissolution de la Chambre.
- 23 mars : Au Théâtre du Vaudeville : Hernani, ou la Contrainte par cor, d'Auguste de Lauzanne. Au Théâtre des Variétés : « Hernali imitation burlesque du drame du Théâtre-Français ».
- 24 mars : Étude de femme d'Honoré de Balzac.
- Série d'incendies mystérieux dans les régions périphériques du Bassin parisien au printemps. Des administrateurs demandent des mesures de police pour éviter des mouvements populaires.
Avril
- Printemps : Mission française d'Océanie.
- Jeudi 1er avril : Réception de Lamartine à l'Académie française.
- 7 avril : Dans le Feuilleton des journaux politiques, Balzac attaque Hernani.
- 12 avril : L'éditeur Gosselin presse Victor Hugo de fournir Notre-Dame de Paris.
- 15 avril : Six nouvelles des Scènes de la vie privée dont mises en vente chez Louis Mame.
Mai
- Vendredi 7 mai, Paris : Quittant la rue Notre-Dame-des-Champs, Victor Hugo s'installe au n° 9 de la rue Jean-Goujon.
- 8 mai : Les souverains des Deux-Siciles arrivent à Saint-Cloud.
- 9 mai : Démissions de Cahbrol et de Courvoisier.
- 10 mai : Honoré de Balzac fuyant ses créanciers s'installe au n° 1 de la rue Cassini. Il publie une partie de Sur Catherine de Médicis.
- 15 mai : Paris fête les souverains des Deux-Siciles.
- 16 mai : La Chambre est dissoute. En riposte aux prises de position des députés (les 221), Charles X dissout la Chambre.
- 19 mai : Le comte de Peyronnet est nommé ministre de l'Intérieur.
- 25 mai : A Toulon, embarquement d'un corps expéditionnaire pour Alger.
- 31 mai : Le duc d'Orléans donne une réception en l'honneur du roi de Naples, son beau-frère. Charles X y est. M. de Salvandy (futur ambassadeur en Espagne), en passant à côté du duc, s'adresse au futur Louis-Philippe, pressentant la révolution de juillet, Monseigneur, ceci est une fête toute napolitaine; nous dansons sur un volcan."
Juin
- 5 juin : L'éditeur Gosselin impose à Victor Hugo un nouveau contrat, draconien, pour Notre-Dame de Paris.
- 7 juin : parution de Adieu, nouvelle d'Honoré de Balzac
- 14 juin : Début de l'expédition d'Alger.Trente-huit mille hommes, conduits par le général de Bourmont, ministre de la guerre, débarquent à Sidi-Ferruch, 25 km à l'ouest d'Alger.
- 15 juin : Guizot part pour Nîmes.
- 23 juin :
- Victoire de l'opposition aux élections.
- Benjamin Constant est réélu à Strasbourg. Malade, il s'installe à la campagne.
- 28 juin : Le tronçon de seize kilomètres de la ligne de chemin de fer Givors-Grand-Croix est ouvert au public.
Juillet
- Le quatrième tome de De la religion de Constant est publié.
- Premiers essais de vespasiennes sur les boulevards, colonnes à double usage, affichage publicitaire et urinoirs. Elles sont adoptées définitivement en 1841.
- Rapport Lacordaire, dénonçant le comportement irréligieux des élèves et de l'administration des collèges royaux, publié dans le journal L'ami de la religion à la fin de l'année.
- Samedi 3 juillet : Élection d'une nouvelle chambre. Au terme de la deuxième journée des élections, l'opposition (républicains et orléanistes) obtient 274 sièges sur 430.
- 5 juillet : Prise d'Alger. Capitulation du dey Hussein. L'Algérie devient colonie française, jusqu'à son indépendance le 1er juillet 1962. Sur le plan diplomatique, l'expédition d'Alger, réalisée sans tenir compte des questions de la Grande-Bretagne sur les intentions de la France, déterminera son ambassadeur à ne pas soutenir la dynastie lors de la révolution de Juillet. L'envoi en Afrique et la concentration dans le sud de la France de nombreuses troupes ne peut que faciliter le succès d'une insurrection parisienne.
- 12 juillet : Ajournement des élections dans 20 départements, dont la Seine.
- 17 juillet : Invention de la machine à coudre par Barthélemy Thimonnier.
- 19 juillet : Fin des élections ajournées. Première apparition de la Vierge Marie à Catherine Labouré au couvent parisien de la rue du Bac. Elle lui aurait annoncé la chute de la monarchie…
- 22 juillet : François Guizot quitte Nîmes.
- 25 juillet :
- Après la victoire de l'opposition aux élections (23 juin) Charles X utilise l'article 14 de la Charte et signe les quatre ordonnances de Saint-Cloud qui restreignent la liberté de la presse, modifient la loi électorale (modification du cens, la patente étant exclue des impôts considérés comme valables), dissolvent la chambre des députés et convoquent les collèges électoraux pour le mois de septembre, et procèdent à des nominations de conseillers d'État.
- Victor Hugo commence à écrire Notre-Dame de Paris.
- 26 juillet :
- Publication dans Le Moniteur des Ordonnances de Saint-Cloud.
- Réunion des journalistes dans les bureaux du National. Protestation rédigée par quarante-quatre journalistes, dont Thiers. Rémusat est prévenu vers 9 ou 10 H du matin par Placide Justin.
- 26 juillet : François Guizot en passant à Pouilly apprend par la malle les ordonnances.
- 27-29 juillet : Révolution de juillet ou les Trois Glorieuses (en référence aux journées d'émeutes des 27, 28, 29 juillet).
- 27 juillet :
- A la suite de la saisie des presses de quatre journaux (Le National, Le Temps, Le Globe, Le Journal du Commerce) qui ont paru sans autorisation du gouvernement, la résistance des ouvriers typographes déclenche l'insurrection parisienne contre les ordonnances. Celle-ci est en outre électrisée par le nomination du maréchal Marmont, duc de Raguse, comme commandant militaire de Paris. La Révolution est le fait du petit peuple (boutiquiers, manœuvres ou domestiques). Premières barricades.
- 5 H du matin, François Guizot arrive à Paris. À 11H il reçoit un billet de Casimir Périer qui le convoque chez lui.
- 28 juillet : Marmont écrit à Charles X qui se trouve au château de Saint-Cloud : « Ce n'est plus une émeute, c'est une révolution. » Charles X signe une ordonnance mettant Paris en état de siège. Les insurgés parviennent à s'emparer de l'hôtel de ville pendant que les ministres apeurés se réfugient au palais des Tuileries sous la protection de Marmont. La défense du régime échoue : manque d'effectifs, mauvaise coordination et manque d'approvisionnement des troupes. Les combats font 800 morts et 4500 blessés du côté des insurgés, 200 morts et 800 blessés de celui de l'armée.
- 29 juillet : A la suite de la défection de deux régiments qui passent aux insurgés, les troupes de Marmont doivent évacuer Paris et s'installer dans le bois de Boulogne. La Fayette est nommé commandant de la garde nationale (dissoute en 1827). Une commission municipale provisoire, composée de Casimir Perier, du général Mouton, de Pierre-François Audry de Puyraveau, François Mauguin et Auguste de Schonen, est chargée d'administrer la capitale. Charles X, isolé à Saint-Cloud, remplace trop tard Polignac par le libéral duc de Montemart.
- 27 juillet :
- 29 juillet-31 juillet : Tocqueville est volontaire dans la garde nationale de Versailles.
- 30 juillet :
- Paris crie « Vive la République ».
- François Guizot va à la Chambre, rameute les députés pour voter une résolution demandant au duc d'Orléans d'être lieutenant général du royaume.
- Sous l'impulsion du banquier Jacques Laffitte, d'Adolphe Thiers et du général Sebastiani, les orléanistes passent à l'offensive. Un manifeste invitant à appeler comme roi le duc d'Orléans est publié dans Paris après avoir rallié 47 des 50 députés présents dans la capitale, désireux d'éviter la proclamation de la République ou celle du duc de Reichstadt. À Neuilly-sur-Seine, dans la soirée, une délégation de députés propose la lieutenance générale du royaume à Louis Philippe d'Orléans, qui se rend au Palais Royal où il passe la nuit.
- Benjamin Constant rédige une déclaration en faveur de Philippe d'Orléans et fait partie du cortège qui l'accompagne à l'Hôtel de ville le lendemain.
- Mal en cour, mais très populaire pour ses combats sans relâche en faveur de la liberté de la presse, Chateaubriand est porté en triomphe par la jeunesse des écoles. Aux cris de "Vive la Charte", il répond : "Vive la Charte ! Vive le Roi".
- 31 juillet :
- Dans la nuit, Charles X quitte Saint-Cloud pour Trianon, puis Rambouillet. Tocqueville est témoin de cette fuite. Son père quitte la Chambre des pairs.
- Au matin, Louis Philippe publie une proclamation dans laquelle il déclare accepter la lieutenance générale du royaume et conclut : « La Charte sera désormais une vérité. ».
- Dans l'après-midi, une proclamation concordante de 90 députés répond à celle du duc d'Orléans.
- A l'hôtel de ville, Louis Philippe rencontre La Fayette qui approuve le nouveau régime, et le fait acclamer du balcon, écartant ainsi la menace républicaine. La commission municipale cherche à se transformer en exécutif provisoire et nomme des commissaires aux différents départements ministériels (V. Ministère nommé par la commission municipale de Paris).
Août
- Dimanche 1er août :
- Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, Charles X arrive au château de Rambouillet. Il signe une ordonnance confiant au duc d'Orléans la lieutenance générale du royaume, que Louis-Philippe refusera de recevoir, l'ayant déjà acceptée des députés. Louis Philippe désigne des commissaires provisoires aux différents départements ministériels, en reprenant à peu de choses près les nominations faites par la commission municipale et remplace Bavoux par Girod de l'Ain à la préfecture de police. Une ordonnance rétablit officiellement la cocarde tricolore. Une autre ordonnance convoque les chambres pour le 3 août.
- Départ de la famille Hugo pour Montfort-l'Amaury (jusqu'au 7 août).
- 2 août : À Rambouillet, dans l'après-midi, Charles X abdique et son fils, le dauphin, contresigne cette abdication en faveur du jeune duc de Bordeaux, fils posthume du duc de Berry. Un message est adressé à Louis-Philippe pour l'inviter à faire proclamer l'avènement d'« Henri V ». Louis-Philippe décide d'envoyer l'acte d'abdication aux Chambres afin qu'elles se prononcent, ce qui revient à le priver d'effet. Il envoie à Rambouillet quatre commissaires - Odilon Barrot, le maréchal Maison, Augustin de Schonen et le duc de Coigny - chargés de négocier les conditions du départ de Charles X et de sa famille vers l'exil.
- 2-5 août : Séries de nominations au gouvernement, dans la haute administration, dans l'armée et dans la magistrature.
- 3 août :
- Sur ordre de Louis-Philippe, une troupe de 10 à 20 000 hommes de la Garde nationale, commandée par le général Pajol et le colonel Jacqueminot, marche sur Rambouillet pour contraindre Charles X au départ. Ce dernier se met en route vers Cherbourg où deux paquebots américains ont été dépêchés pour le prendre en charge.
- Louis-Philippe accorde, sur sa cassette personnelle, une pension de 1 500 francs à l'auteur de La Marseillaise, Rouget de Lisle ; il accorde des sous-lieutenances à tous les élèves de l'École polytechnique qui ont pris part aux Trois Glorieuses et des décorations aux étudiants des facultés de droit et de médecine qui se sont distingués pendant l'insurrection ; de manière plus polémique, il nomme le baron Pasquier à la présidence de la Chambre des pairs, accorde au duc de Chartres le droit de siéger à la Chambre des pairs et confère au duc de Nemours la grand-croix de la Légion d'honneur. Une ordonnance prescrit de rendre la justice au nom de « Louis-Philippe d'Orléans, duc d'Orléans, lieutenant général du royaume ».
- À une heure de l'après-midi, Louis-Philippe préside à l'ouverture de la session des Chambres au Palais-Bourbon, accompagné de son deuxième fils, le duc de Nemours. Dans son discours, il jure de maintenir la Charte tout en annonçant les principes d'un certain nombre de réformes à conduire (organisation de la Garde nationale, application du principe du jugement par jury aux délits de presse, formation des administrations départementales et municipales, interprétation de l'article 14 de la Charte, fondement des ordonnances du 26 juillet), et communique l'abdication de Charles X, contresignée par le dauphin.
- Dans la soirée, plusieurs députés mécontents se retrouvent chez Jacques Laffitte et décident d'en finir avec les Bourbons de la branche aînée en établissant clairement une nouvelle dynastie. Une proclamation est rédigée par Louis Bérard qui propose de conférer la couronne au duc d'Orléans à la condition qu'il entreprenne une révision de la Charte fondée sur les principes mentionnés dans son discours d'ouverture de la session parlementaire, complétés par plusieurs autres : responsabilité des ministres et des agents secondaires de l'administration, statut légal des militaires, réélection des députés promus à des fonctions publiques, égalité des cultes devant la loi, interdiction des troupes étrangères dans l'armée nationale, abolition de la noblesse, initiative des lois accordée aux Chambres, suppression du double vote, abaissement de l'âge et du cens électoral, reconstitution totale de la pairie.
- 4 août : Lors d'un conseil des ministres qui examine la proposition de Bérard, Louis-Philippe charge le duc de Broglie et Guizot de préparer une révision de la Charte.
- 5 août : Casimir Perier est proposé par la Chambre des députés comme président (174 voix contre 160 à Laffitte) et ce choix est ratifié par Louis-Philippe.
- 5 au 7 août : La chambre s'occupe de la révision de la Charte. Des bandes occupent de façon plus ou moins menaçante les édifices publics.
- 6 août :
- Guizot communique à Bérard le projet de révision de la Charte qu'il a élaboré avec le duc de Broglie et reçoit de Boinvilliers le projet concurrent élaboré par les républicains (constitution républicaine sous forme de monarchie, déclaration des droits, ratification de la Constitution par le peuple, dissolution de la Chambre des députés, reconquête par la guerre de la frontière naturelle du Rhin).
- Dans la matinée, la Chambre des députés engage la discussion sur le projet de Bérard, tandis que les manifestants républicains cernent le Palais Bourbon. Le débat se focalise autour de la question de l'hérédité de la pairie.
- Nomination d'un Conseil municipal provisoire à Paris.
- Soirée : La Fayette promet la dissolution de la pairie pour apaiser une foule houleuse qui menace la Chambre des pairs.
- Une ordonnance décide que le coq gaulois remplacera la fleur de lys sur la hampe des drapeaux.
- 7 août :
- Lors du conseil des ministres réuni le matin au Palais-Royal, Louis-Philippe écarte l'emploi de la force publique en cas d'émeute provoquée par la question de l'hérédité de la pairie.
- Par 219 voix contre 33 (sur 430 députés), la Chambre des députés adopte pour l'essentiel le projet de Bérard. Invoquant le départ de Charles X et de sa famille et la violation de la Charte, les députés déclarent le trône vacant de fait et de droit et appellent Louis-Philippe d‘Orléans au trône comme « roi des Français » (et non plus comme « roi de France ») en contrepartie de l‘engagement par celui-ci de respecter la Charte, qui est modifiée sur plusieurs points : suppression du préambule, de l'article 6 (qui déclarait le catholicisme religion État), abolition de la censure, modification de l'article 14 sur les ordonnances royales, désormais cantonnées à l'exécution des lois, initiative des lois accordée aux deux Chambres, publicité des débats de la Chambre des pairs, élection des députés pour 5 ans, abaissement de l'âge d'éligibilité de 40 à 40 ans et de l'âge de l'électorat de 30 à 25 ans, élection des présidents des collèges électoraux par les électeurs et du président de la Chambre des députés par les députés, extension des possibilités de mise en accusation des ministres, abolition des tribunaux d'exception, serment de fidélité à la Charte prêté par le roi devant les Chambres, rétablissement de la cocarde tricolore, annulation des nominations de pairs faites par Charles X. L'article 27 sur l'hérédité de la pairie est renvoyé à un nouvel examen lors de la session de 1831. Enfin, la Chambre demande de pourvoir par des lois à un certain nombre de points : jury pour les délits de presse et les délits politiques, responsabilité des ministres et des fonctionnaires, réélection des députés promus à des fonctions publiques salariées, vote annule du contingent de l'armée, organisation de la Garde nationale, institutions départementales et municipales fondées sur l'élection, instruction publique et liberté de l'enseignement, fixation des conditions d'exercice du droit de vote et d'éligibilité.
- Dans la soirée, les députés se rendent en corps au Palais-Royal où Louis-Philippe proclame son adhésion à leur déclaration qu‘il affirme « conforme aux principes politiques [qu‘il a] professés toute [sa] vie ». Il paraît au balcon avec sa famille et reçoit les acclamations de la foule.
- Au Palais du Luxembourg, la Chambre des pairs adopte sans enthousiasme la déclaration des députés, par 89 voix sur 114 présents.
- Louis-Philippe signe un acte de donation-partage qui répartit ses biens personnels entre ses enfants en s'en réservant l'usufruit, afin d'éviter que ceux-ci ne soient incorporés au domaine de la Couronne lors de son avènement.
- Chateaubriand renonce à la pairie, pour entrer dans une opposition déterminée à "Philippe" (Louis-Philippe, duc d'Orléans devenu "roi des Français") qu'il estime avoir "filouté" la couronne de France. Il prononce son dernier discours à la Chambre des pairs et refuse de prêter serment de fidélité au roi Louis-Philippe.
- 8 août : Sur les instances de La Fayette, et contre son premier mouvement, Louis-Philippe décide de régner sous le nom de Louis-Philippe Ier (et non de Philippe VII). Les formules « Par la grâce de Dieu… », « l'an de grâce… » et « sujets » sont abandonnées. Les ministres perdent les titres de « Monseigneur » et d'« Excellence ». Le fils aîné du roi est titré « prince royal », les filles et la sœur du roi sont titrées « princesses d'Orléans » (et non « filles de France ») et il est décidé que le sceau officiel de État portera les armes de la maison d'Orléans (de France au lambel d'argent), ce qui n'avait jamais été le cas par le passé lors de l'accession au trône d'un cadet (celui-ci prenant alors les pleines armes de France), manière de marquer le changement de dynastie et la solution de continuité entre le nouveau régime et celui qui l'a précédé.
- 9 août : Proclamation officielle de la monarchie de Juillet au Palais-Bourbon. Le duc d'Orléans accepte la couronne et devient Louis-Philippe Ier. Il prête serment devant les Chambres.
- 10 août : Chateaubriand renonce à sa pension de pair de France.
- 11 août : Louis-Philippe annonce la formation d'un ministère sans président du Conseil, le premier ministère du règne de Louis-Philippe Ier : Molé devient ministre des Affaires étrangères, le général Sébastiani, ministre de la Marine, le duc de Broglie, ministre de l'Instruction publique et des Cultes tandis que sont nommés quatre ministres sans portefeuille : Jacques Laffitte, Casimir Perier, André Dupin et Bignon. Guizot est ministre de l'intérieur.
- 14 août : La nouvelle Charte est promulguée.
- 15 août : L'église Sainte-Geneviève de Paris est retirée au culte et rendue à sa destination de temple des grands hommes, fixée par la Révolution, sous le nom de Panthéon.
- 16 août :
- Charles X et sa famille s'embarquent à Cherbourg pour l'Angleterre.
- Une ordonnance nomme provisoirement (en attendant une loi) La Fayette commandant général des Gardes nationales du royaume. Il a comme adjoint le général Dumas.
- Hostile au nouveau régime, Tocqueville consent néanmoins à prêter serment comme magistrat tandis qu'une partie de sa famille s'y refuse.
- 17 août : Le général-comte Gérard est élevé à la dignité de maréchal de France.
- 19 août :
- Louis-Philippe Ier écrit aux monarques de l'Europe pour leur notifier le début de son règne.
- Discussion à la Chambre de la question du serment que devront prêter les membres des deux chambres.
- 26 août : Ordonnnace rétablissant le Panthéon et sa sécularisation.
- 27 août : Benjamin Constant est nommé président d'une section au conseil d'État.
- 27 août :
- Ordonnance du roi rendant au barreau français ses anciennes franchises en reconnaissant à tout avocat inscrit au tableau le droit de concourir, par élection directe, à la nomination des membres du conseil et du bâtonnier de l'ordre, ainsi que le droit de plaider devant toutes les cours et tous les tribunaux du royaume sans avoir besoin d'aucune autorisation.
- Mort du prince de Condé, retrouvé pendu à l'espagnolette de sa chambre au château de Saint-Leu. Son légataire universel est le duc d'Aumale, cinquième fils du roi.
- 29 août : Louis-Philippe passe en revue la Garde nationale.
- 31 août : Lord Stuart of Rothesay, ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris, remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
Septembre
- Lundi 3 septembre : Talleyrand est nommé ambassadeur à Londres.
- 5 septembre : L'empereur d'Autriche François Ier reconnaît la monarchie de Juillet.
- 12 septembre : Loi qui soumet à la réélection les députés promus à des fonctions publiques.
- 17 septembre : Ordonnance de désignation des membres du Conseil municipal.
- 19 septembre : Baptême d'Adèle Hugo. Sainte-Beuve est parrain.
- 21 septembre : Emeute place de Grève. Lors d'une cérémonie en mémoire des quatre sergents de La Rochelle, la rue demande l'abolition de la peine de mort.
- 25 septembre : A la Chambre des députés, le Gouvernement est interpellé sur l'agitation entretenue par les clubs républicains, notamment la Société des Amis du peuple, tandis qu‘une cohorte d'habitants du quartier Montmartre envahit la salle des réunions de cette société et en disperse de force les membres.
- 27 septembre : La Chambre des députés adopte à une forte majorité un projet de loi mettant en accusation des ministres de Charles X responsables des ordonnances du 26 juillet : Polignac, Peyronnet, Chantelauze et Guernon-Ranville.
- 30 septembre : Suppression des 8 000 demi-bourses de 150 francs qui avaient été accordées aux écoles secondaires catholiques.
Octobre
- Vendredi 1er octobre : Création du « Corps des zouaves » par la France.
- 7 octobre : Victor Hugo est élu sous-lieutenant de la Garde nationale. La Fayette casse son élection.
- 8 octobre :
- Loi mettant en œuvre le principe du jugement par jury pour les délits de presse.
- La Chambre des députés vote, par 225 voix sur 246 votants, une adresse au roi l'invitant à présenter un projet de loi abolissant la peine de mort, au moins pour les délits politiques.
- 9 octobre : Le Roi reçoit une adresse de la Chambre demandant l'abolition de la peine de mort dans les condamnations politiques.
- 11 octobre :
- Une ordonnance décide que des récompenses seront accordées à tous les blessés de la révolution de Juillet, que des pensions seront allouées aux parents, veuves et enfants des victimes. Une médaille commémorative est créée pour les participants aux Trois Glorieuses.
- Abrogation de la loi de 1825 dite « du sacrilège », punissant de mort les profanateurs d'hosties consacrées.
- 13 octobre :
- L'ambassadeur d'Espagne à Paris remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
- Suppression des indemnités versées aux prêtres auxiliaires.
- 16 octobre : L'Avenir, journal catholique libéral fondé par Lamennais, Lacordaire et Montalembert.
- 17-18-19 octobre : Émeute républicaine à Paris. Des manifestants envahissent le Palais-Royal puis marchent sur Vincennes pour lyncher les ministres de Charles X qui y sont détenus, mais que le général Daumesnil refuse de leur livrer. L'émeute sert de détonateur à la crise ministérielle.
- 18 octobre : L'Élixir de longue vie, nouvelle de la série des études philosophiques d'Honoré de Balzac.
- 20 octobre : François Guizot a repris la situation en main, la rue est calme.
- 21 octobre : Suppression des traitements des quatre cardinaux résidentiels.
- 24 octobre : Le comte Apponyi, ambassadeur d'Autriche à Paris, remet ses lettres de créance à Louis-Philippe.
- Tocqueville et Beaumont sollicitent une mission pour les États-Unis et rédigent pour cela un mémoire imprimé en 1831 sous le titre Note sur le système pénitentiaire et sur la mission confiée par M. le Ministre de l'Intérieur à MM. Gustave de Beaumont et Alexis de Tocqueville. Tocqueville obtient un congé de dix-huit mois du garde des Sceaux pour étudier officiellement le système pénitentiaire américain. En fait, il projette déjà d'écrire un livre sur l'Amérique, œuvre susceptible de favoriser sa carrière politique.
Novembre
- Mardi 2 novembre : Gouvernement Laffitte, un gouvernement d'hommes d'affaires : Jacques Laffitte (parti du mouvement) est nommé président du Conseil en cumulant cette fonction avec le ministère des Finances. Adolphe Thiers est nommé secrétaire État aux Finances. Le maréchal Maison est ministre des Affaires étrangères en remplacement de Molé. Le comte de Montalivet est ministre de l'Intérieur en remplacement de Guizot. Joseph Mérilhou devient ministre de l'Instruction publique et des Cultes.
- 3 novembre : Inauguration de l'église Saint-Louis de La Roche-sur-Yon, alors appelée Bourbon-Vendée[1].
- 4 novembre : Charles Philipon commence la publication de l'hebdomadaire satirique La Caricature avec des contributions de Daumier.
- 13 novembre : Le Rouge et le Noir, roman de Stendhal.
- 17 novembre : A l'occasion d'un remaniement ministériel, le général-comte Sébastiani de la Porta devient ministre des Affaires étrangères en remplacement du maréchal Maison, nommé ambassadeur à Vienne, tandis que le comte d'Argout le remplace à la Marine. Le maréchal Soult remplace le maréchal Gérard, jugé trop belliqueux dans les affaires belges, au ministère de la Guerre.
- 18 novembre : Benjamin Constant échoue encore à l'Académie française.
- 18 novembre : Élections à l'Académie de Victor Cousin et de Viennet.
- 19 novembre : Constant prononce son dernier discours à la Chambre.
- 25 novembre : Honoré de Balzac fait paraître Sarrasine.
Décembre
- 5 décembre : Première de la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz.
- 7 décembre : Explications orales de Sainte-Beuve à Victor Hugo. Il lui avoue son amour pour Adèle.
- 8 décembre : Benjamin Constant meurt, assisté de Charlotte et de son ami Coulmann.
- 10 décembre : Loi sur la police des afficheurs et crieurs publics.
- 12 décembre : Des funérailles nationales sont organisées. Le corps de Benjamin Constant est inhumé au Père-Lachaise.
- 13 décembre : Loi instituant la croix de Juillet.
- 15-21 décembre. Début du procès des ministres de Charles X devant la Chambre des pairs au Palais du Luxembourg, tandis que l'émeute gronde autour du palais. Malgré des émeutes les 21 et 22, ils ne sont pas condamnés à mort mais à la prison à vie.
- 20 décembre : Reconnaissance de l'indépendance de la Belgique par les grandes puissances.
- 21 décembre : Fin du procès des ministres de Charles X. La Chambre des pairs les condamne à la réclusion à perpétuité, assortie de la mort civile pour le prince de Polignac.
- 24 décembre : La Chambre des députés vote une loi qui supprime le titre de commandant de toutes les gardes nationales de la France, jugé contraire à la Charte de 1830.
- 25 décembre : La Fayette démissionne de sa fonction de commandant général des Gardes nationales, que la Chambre des députés, à l'occasion du débat sur l'organisation de la Garde nationale, a estimé contraire à la Charte.
- 26 décembre :
- La gauche suscite un incident à propos du retrait de La Fayette : Dupont de l'Eure démissionne de ses fonctions de garde des sceaux et il est remplacé par Joseph Mérilhou, lui-même remplacé par Félix Barthe.
- Le général Mouton, comte de Lobau, est nommé commandant de la Garde nationale de Paris.
- Enfantin reprend Le Globe, journal saint-simonien, avec Michel Chevalier comme directeur. (Jouffroy, Charles de Rémusat, Duchâtel, Sainte-Beuve et Ampère).
Liens internes
- L'année 1830 dans le monde
- Chronologie de la France sous la Restauration (1814-1830)
- Chronologie de la France sous la monarchie de Juillet (1830-1848)
Notes et références
Catégories :- Chronologie de la France au XIXe siècle
- 1830 en France
Wikimedia Foundation. 2010.