- 1834 en France
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Cette page concerne l'année 1834 du calendrier grégorien.
Événements
- Choléra à Marseille, qui tue 2,2% de la population.
- Chateaubriand, qui a participé au complot contre le roi de la duchesse de Berry en 1832, abandonne la vie politique après quinze jours de prison.
Janvier
- 4 janvier : Premier discours de Lamartine à la Chambre, il est est élu déjà depuis presque un an.
- 9 janvier : Début du cours de Michelet à la Sorbonne.
- 15 janvier : Publication, chez Urbain Canel de l'Étude sur Mirabeau de Victor Hugo, en préface aux Mémoires de Mirabeau.
- 16 janvier : Durant les débats de la Chambre des députés, Marie Denis Larabit, se plaignant de la dictature militaire du ministère Soult, Bugeaud l'interrompit par ces mots : «L'obéissance est le premier devoir du soldat». Un autre député, François-Charles Dulong, demanda, caustique : « Même si on lui demande de devenir geôlier ? ».
- 29 janvier : Au cours d'un duel qui les oppose, Bugeaud tue Dulong.
- Rémusat : « Il n'y avait pas un mois que la Chambre était ouverte, lorsqu'un événement sinistre vint accroître l'irritation universelle : dans un débat sur une question d'avancement militaire, le général Bugeaud ayant insisté sur la nécessité de l'obéissance dans l'armée, un jeune homme assez doux de manières, Dulong, collègue de la députation de Dupont de l'Eure - dont il passait (je le répète sans en savoir un mot) pour le fils naturel - demanda au général si la soumission du militaire devait aller jusqu'à lui faire accepter le métier de geôlier. L'offense était personnelle. Un duel, qu'on avait cru pouvoir éviter, devint inévitable grâce à l'intervention de Carrel qui s'opposa aux explications accordées par Dulong et qui portait dans ces sortes d'affaires une raideur pointilleuse peu digne de son esprit et que Sainte-Beuve a parfaitement décrite[1]. On se battit. Bugeaud tua son adversaire; il y mit, après comme avant, un luxe de sang-froid qui n'était pas nécessaire, et Dupont de l'Eure donna sa démission de membre de la Chambre. »
- 30 janvier : Dulong meurt.
Février
- Mercredi 5 février : Dupont de l'Eure démissionne.
- 13 février, Lyon : tentative de grève générale des ouvriers de la société des mutuellistes, qui provoquent au moment de leur procès la révolte des canuts (avril).
- 13 février : Juliette Drouet est engagée comme pensionnaire à la Comédie-Française. Elle n'y jouera jamais.
- 16 février : Loi interdisant aux crieurs publics des brochures et journaux l'exercice de leur profession sans autorisation préalable de la municipalité. La promulgation de la loi est l’occasion, pendant plusieurs jours de rixes avec la police dans les rues de Paris.
- 21-23 février : La nouvelle loi sur la presse provoque des troubles à Paris.
- 24 février : Traité entre l’émir Abd el-Kader, bey de Mascara, et le général Desmichels. Abd el-Kader est reconnu souverain de la province d'Oran.
- 28 février : La Cour d'assises condamne le député Étienne Cabet à deux ans de prison pour délit de presse. Il se réfugie en Grande-Bretagne pendant cinq ans.
- Premières lectures des Mémoires d'outre-tombe à l'Abbaye-aux-Bois chez Madame Récamier.
Mars
- Samedi 1er mars : Texte hostile à Victor Hugo de Gustave Planche dans La Revue des Deux Mondes.
- 15 mars - 15 avril : Publication dans la Revue des Deux-Mondes de la préface et de la conclusion des Mémoires d'outre-tombe.
- 19 mars : Chez Renduel : Littérature et Philosophie mêlées de Hugo, 2 vol.
- 25 mars : Une loi qui limite le droit d'association est votée.
- 31 mars : La Chambre des députés rejette la ratification de l’accord avec les États-Unis concernant l’indemnisation des dommages causés par les corsaires français. Demission du duc de Broglie et du général Sébastiani et remaniement ministériel avec le départ de Barthe et du comte d’Argout et l’arrivée de Duchâtel et de Persil.
Avril
- Mardi 1er avril : Lettre de rupture de Victor Hugo à Sainte-Beuve.
- 4 avril : À la suite de la démission du duc de Broglie le 1er, Thiers obtient l'Intérieur.
- 9-13 avril : Insurrection à Lyon (V. Révolte des Canuts) : Pour enrayer une surchauffe de la production, des baisses de salaire sont décidées dans le textile, qui entraînent des grèves et des révoltes des ouvriers que les républicains (Société des droits de l'homme) attisent et tentent de récupérer à leur profit. Thiers abandonne la ville aux insurgés puis la reprend le 13 avril. L’insurrection s’étend dans diverses villes de province (Arbois, Épinal, Lunéville, Châlon, Grenoble, Vienne, Clermont-Ferrand, Marseille, Toulon…), notamment à Saint-Étienne (11 avril), puis à Paris, où les autorités procèdent à des arrestations préventives pour étouffer tout mouvement similaire.
- 10 avril : Loi qui limite le droit d’association et menace d’interdiction les sociétés ouvrières de secours mutuel.
- 11 avril : Situation insurrectionnelle sérieuse à Saint-Étienne. Massacre de la rue Projetée à Lyon.
- 12 avril : Victor Hugo est attaqué de biais par Désiré Nisard.
- 13 avril : Emeutes à Paris.
- Lundi 14 avril : Massacre de la rue Transnonain : Les troupes de Bugeaud massacrent tous les habitants d’une maison située no 12 rue Transnonain, d’où un coup de feu a été tiré sur la troupe. Cet épisode sera abondamment exploité par les républicains. Il marque la fin de l'insurrection.
- Rémusat : « Un autre exemple du genre d'illusion où nous jette l'esprit de parti fut l'affaire alors fameuse de la rue Transnonain. Dans cette rue, située entre les Halles et le Marais, des soldats étaient entrés furieux dans une maison d'où l'on venait de tirer à l'improviste. Après quelque résistance dans l'escalier, ils appliquèrent d'instinct ce droit de la guerre qui permet, dit-on, de passer au fil de l'épée tous les défenseurs d'un ouvrage pris d'assaut. Mais tout ce qu'ils massacrèrent n'était pas des défenseurs. Tout ce qui se trouva dans la maison y passa. On dit même que les véritables combattants s'étaient sauvés par le toit. Ce fut une terrible scène. Quelques jours après, quand les vaincus ou leurs amis purent se plaindre et récriminer, ils dénoncèrent en l'amplifiant le massacre de la rue Transnonain. Les organes du gouvernement répondirent par des dénégations. On insista, Thiers inquiet fit une enquête, dans laquelle les faits furent palliés. Il crut et nous dit qu'il n'y avait rien eu. On le crut aussi dans la majorité ministérielle, après avoir dit d'abord que si c'était vrai, c'était bien fait. Pour moi, sans aller jusque là, je ne doutai pas, pendant plusieurs mois, de la fausseté du récit des journaux, et il fallut la publication du rapport des commissaires instructeurs de la Cour des pairs pour me dissuader. Nouvelle et frappante preuve de la difficulté pour les gouvernements et les partis de savoir la vérité qui peut leur déplaire. L'anecdote sanglante de la rue Transnonain n'en resta pas moins comme un souvenir de haine dans le peuple de Paris. Les journaux avaient eu soin de l'imputer au général Bugeaud. » Rémusat note qu’il n’y était directement pour rien.
- La rue Transnonain était la partie de la rue Beaubourg située entre les rues du Grenier Saint-Lazare et Michel Lecomte au sud, et la rue au Maire qui longeait Saint-Nicolas-des-Champs au nord ; elle appartenait pour sa partie méridionale au quartier Saint-Avoye (3e ar.) et pour sa partie septentrionale au quartier Saint-Martin-des-Champs (6e arr.). On l'a englobée dans le nom de la rue Beaubourg en 1851.
- 20 avril : Loi sur l'organisation du conseil général et des conseils d'arrondissement du département de la Seine et du conseil municipal de la ville de Paris, par la voie de l'élection. Parmi les 44 membres du Conseil général de la Seine élus au suffrage restreint, les 36 élus de Paris forment le Conseil municipal de Paris (Brochure Paris 1971).
- 22 avril- 2 mai : Débat sur le financement de la conquête de l'Algérie par la France.
- Mémoires Rémusat T3 p. 171, NdE : "Le débat sur une allocation de 400 O00 francs pour la colonisation dans le budget de 1835, avait duré cinq séances du 22 avril au 2 mai 1834. Une série d'ordonnances au mois d'août 1834 avait organisé le gouvernement général (le général Drouet d'Erlon) assisté d'un intendant civil ( M. Le Pasquier), mis à la tête de la Marine l'amiral de La Bretonnière, et chargé le député Laurence, membre de la commission d'Afrique, d'étudier l'organisation judiciaire à créer."
- 24 avril : Quadruple-Alliance.
- « La Convention du 22 avril 1834, qu'on a appelée improprement Quadruple alliance, n'avait en réalité qu'un caractère local. Elle se composait de sept articles et d'un additif de quatre articles. Elle se référait dans ses considérations à la nécessité de maintenir la paix intérieure dans les deux États de la péninsule. Le régent de Portugal s'engageait à employer tous les moyens pour expulser don Carlos de son territoire. La régente d'Espagne s'engageait à intervenir au Portugal sur demande du régent pour coopérer à chasser du territoire portugais les deux prétendants don Carlos et don Miguel. Le roi d'Angleterre s'engageait à concourir aux opérations par l'envoi de forces navales. Le roi des Français dans le cas où sa coopération serait jugée nécessaire s'engageait, à faire à cet égard ce qui serait jugé nécessaire d'un commun accord. Les deux gouvernements portugais et espagnol promettaient une amnistie générale et assureraient aux prétendants après leur départ une pension convenable -par l'additif la France s'engageait à prendre toutes dispositions pour empêcher le passage d'armes et de munitions par la frontière, l'Angleterre s'engageait à fournir à l'Espagne armes et munitions. » (Rémusat Mémoires T3, p. 143-144)
Mai
- 2 mai : Discours de Lamartine à la Chambre des Députés pour la colonisation de l'Algérie.
- 13 mai : La Chambre des députés vote 14 millions de crédits supplémentaires pour pouvoir entretenir une armée de 360 000 hommes.
- 15 mai : La Chambre des députés vote un projet de loi réprimant sévèrement la détention et l’usage d’armes de guerre.
- Lundi 19 mai : Loi sur l'état des officiers.
- 20 mai : Mort de La Fayette.
- 24 mai : Loi réprimant les insurrections.
- 24 mai : Clôture de la session parlementaire.
- 25 mai : Ordonnance qui dissout la Chambre des députés, convoque les collèges électoraux pour le 21 juin et fixe au 20 août l’ouverture de la session parlementaire de 1835.
- 27 mai : Prosper Mérimée est nommé Inspecteur général des monuments historiques de la France.
Juin
- 8 juin : Honoré de Balzac envoie au baron Gérard les quatre premiers volumes des Études de mœurs de la Comédie humaine.
- Samedi 14 juin : Énorme succès du Robert Macaire, joué par Frédérick Lemaître.
- 21 juin : Élections législatives : L’opposition a 150 sièges, mais les républicains ont quasiment disparu et il y a une trentaine de légitimistes. Emergence du « Tiers Parti » au sein de la majorité.
- 25 juin : Les Paroles d'un croyant de Lamennais est condamné par l'encyclique Singulari.
- Création du Jockey Club.
Juillet
- 6 juillet : Claude Gueux de Hugo est publié dans la Revue de Paris.
- 18 juillet : Démission de Soult. Ministère du maréchal Gérard qui remplace le premier gouvernement Soult.
- 20 juillet, Paris : Juliette Drouet quitte le 35 bis de la rue de l’Échiquier pour le no 4 bis de la rue de Paradis.
- 22 juillet : Création par une ordonnance royale du « Gouvernement général des possessions françaises dans le nord de l’Afrique », après une enquête menée en Algérie par une commission composée de pairs, de députés et d’officiers. Le général Drouet d’Erlon est nommé gouverneur général des possessions françaises du nord de l’Afrique.
- 22 juillet-26 juillet. Juliette Drouet et Victor Hugo font ensemble leur premier voyage Saint-Germain, Triel, Meulan, Rolleboise, Louviers, Évreux, Pacy-sur-Eure, Poissy.
- 28 juillet : Le Saint-Office met Notre-Dame de Paris à l'Index.
- 31 juillet : Ordonnance avançant l’ouverture de la session parlementaire.
Août
- 2 août : À la suite d'une nouvelle scène, Juliette Drouet quitte Paris pour Brest, avec sa fille Claire.
- 5 août : Victor Hugo quitte Paris pour rejoindre Juliette : Verneuil, Mortagne, Mayenne, Laval, Rennes. Il arrive à Brest le 8.
- Lundi 11 août : Juliette et Victor Hugo quittent Brest : Carnac, Locmariaquer, Auray. Le 12, à Vannes. Le 13, départ pour Nantes. Le 14 et le 15 : Nantes et Angers. Le 16, à Tours. Le 17, Amboise. Le 19, à Orléans, par Blois. Le 21, à Pithiviers et à Yèvre-le-Châtel. Le 22, à Étampes. Du 23 au 25 : Montlhéry, Palaiseau, Versailles, Saint-Germain. Le 26, à Gisors par Conflans et Pontoise. Le 27, à Gisors et Beauvais. Le 28, à Senlis par Clermont-de l'Oise. Le 29 : Senlis et Chantilly. Le 30 et le 31 Saint-Germain, Jouy-en-Josas.
Septembre
- Lundi 1er septembre : Victor Hugo installe Juliette Drouet près de Jouy, dans la vallée de la Bièvre, aux Metz. Il rentre seul à Paris.
- 3 septembre : Victor Hugo s'installe aux Roches (non loin de Jouy) avec sa femme et ses enfants.
- 6 septembre : Claude Gueux de Hugo paraît en plaquette.
Octobre
- Mercredi 8 octobre : Début de la parution du Réformateur, journal d'opposition républicaine de François-Vincent Raspail.
- 11 octobre : Le journal La Tribune reparaît.
- 29 octobre : Démission du maréchal Gérard, favorable à l’amnistie des insurgés d’avril, réclamée par le Tiers Parti mais à laquelle s’opposent Guizot, Thiers et le roi.
- 30 octobre : Inauguration du pont du Carrousel à Paris.
- Echec au théâtre de Versailles de la pièce de Chateaubriand, Moïse.
Novembre
- 2 novembre : Honoré de Balzac lance sa Lettre aux écrivains du XIXe siècle.
- Lundi 10 novembre : Ministère Maret, sous la présidence de Maret, duc de Bassano, surnommé « le ministère des trois jours ».
- 13 novembre : Démission des ministres devant les quolibets qui ont accueilli la formation du ministère.
- 18 novembre : Ministère Mortier : Nouveau gouvernement présidé par le maréchal Mortier, duc de Trévise (pratiquement semblable au ministère Gérard), après deux courts gouvernements.
- 27 novembre : Eugène Scribe est élu à l'Académie française.
Décembre
- Mercredi 10 décembre : Joseph Arthur de Gobineau est exclu du collège de Lorient pour indiscipline. M. du Couédic, ami de la famille, intervient en vain auprès du principal pour qu'il soit sursis à cette mesure.
- 20 décembre : Joseph Arthur de Gobineau, qui a refusé tout accommodement avec la direction du collège de Lorient, est jugé « insolent » par le principal. Il prépare sans entrain le concours de Saint-Cyr.
- 24 décembre : Honoré de Balzac retrouve Ewelina Hańska à Genève. Il lui offre le manuscrit d'Eugénie Grandet, la comtesse lui donne une bague-cachet à laquelle Balzac attribue une valeur de talisman.
Notes
- 29 janvier; Dulong, blessé d'une balle au front mourut le lendemain matin sans avoir repris connaissance. La lettre de démission de Dupont de l'Eure fut lue à la Chambre le 5 février.] [Causeries du Lundi. L'article Carrel dans ce recueil est très juste de ton, et peut être pris pour vrai. (Note de Rémusat.) - Le duel eut lieu le
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