- Sarrasine
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Sarrasine Auteur Honoré de Balzac Genre Étude de mœurs Pays d'origine France Lieu de parution Paris Éditeur Charles Gosselin Collection La Comédie humaine Date de parution 1831 Série Scènes de la vie parisienne Chronologie Facino Cane Pierre Grassou Sarrasine est une nouvelle d’Honoré de Balzac, publiée pour la première fois dans la Revue de Paris en 1830 et fut éditée en volume en 1831 dans le tome II des Romans et Contes philosophiques, aux éditions Charles Gosselin. Elle est constituée de deux récits, un récit cadre et un récit enchâssé.
Le récit cadre
La riche famille Lanty organise une fête afin de faire étalage de ses richesses. Le narrateur oppose le côté tumultueux, clinquant et étincelant de la fête à l’hiver, avec ses arbres nus recouverts de neige.
Le narrateur est en compagnie de Béatrix de Rochefide. Ils saluent quelques personnes importantes parmi lesquelles un vieillard dont l’aspect effarouche sa compagne. Plus tard, il lui racontera l’histoire de ce vieillard centenaire, ancien chanteur d’opéra, connu autrefois sous le nom de Zambinella.
Le récit enchâssé
Sarrasine est devenu sculpteur en se révoltant contre l’éducation que voulait lui donner son père. « Il eut l’enfance d’un homme de talent. Il ne voulait étudier qu’à sa guise et restait parfois des heures entières plongé dans de confuses méditations[1]. » Ce n’est que lorsqu’il rencontre le maitre sculpteur Bourchardon qu’il se consacre avec fougue à cet art qui dévorera toute sa vie : la sculpture. Ayant obtenu le prix de sculpture fondé par le marquis de Marigny, frère de Madame de Pompadour, il part étudier en Italie où il s’éprend de la Zambinella, une chanteuse d’opéra. Ce que Sarrasine ignore, c’est que la Zambinella est en fait un castrat qui va tenter d’éloigner désespérément Sarrasine en lui cachant son secret. Mais le jeune sculpteur se faisant trop pressant, la Zambinella doit avouer sa vraie nature avant d’être enlevée par son bourreau, le cardinal Cicognara et ses sbires, aux ordres du pape. Fou de rage, Sarrasine veut se venger, mais il meurt abattu par les hommes de main du cardinal qui se dit le protecteur de Zambinella.
Balzac traite ici d’un sujet qu’il a déjà abordé dans Gambara et qu’il creusera dans Massimilla Doni : la musique, l’art lyrique et surtout, la création artistique, ses affres, ses malheurs, ses douleurs. Créer est douloureux nous dit-il, inhumain parfois (la castration). Mais la douleur est partie intégrante de la création : c’est parce qu’il souffre que Sarrasine réussit son œuvre la plus spectaculaire : la représentation de Zambinella le castrat.
Roland Barthes : S/Z
Récit méconnu, Sarrasine a été « découvert » par Roland Barthes auquel il doit d’avoir été mis en valeur auprès d’étudiants qui n’avaient jamais lu Balzac. Barthes lui consacre une analyse en 1970 dans S/Z, dans laquelle le contexte du monde balzacien est totalement évacué au profit des élucubrations de Barthes, qui, pour pertinentes qu’elle soient, n’apportent pas une compréhension de Balzac ni de son œuvre, ni de la biographie de l’auteur de la Comédie humaine sans laquelle on ne peut appréhender les mille subtilités d’un texte très dense[2].
« On n’écrit pas Sarrasine, dans les époques heureuses ou simplement équilibrées (...)[3] »
« Le texte s’inscrit dans une poussée philosophique et fantastique à signification clairement sociopolitique (les fortunes, la fausse vie, la vie absurde, Paris et ses mystères, la société jugée, etc.) qui est de la plus haute importance quelques mois après la monarchie de Juillet[4]. »
Artistes cités
- Le sculpteur Edmé Bouchardon, comme maître du jeune Sarrasine à Paris.
- Le peintre du XVIIIe siècle Joseph-Marie Vien, pour un tableau d’Adonis, œuvre de fiction.
- Le peintre néoclassique Girodet-Trioson pour son tableau Le Sommeil d’Endymion, Paris musée du Louvre.
- Le peintre franco-anglais actif à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle Philippe-Jacques de Loutherbourg, évoqué, sous le nom de Lauterbourg, comme ami de Sarrasine.
- Le sculpteur du XVIIIe siècle Christophe-Gabriel Allegrain lui aussi évoqué comme ami.
Notes et références
- Sarrasine, p. 53, Folio Classique.
- l'Année balzacienne, 1971. Pierre Barbéris,
- Pierre Barbéris, Balzac et le mal du siècle, Paris, Gallimard, 1970, p. 1346.
- l'Année balzacienne, 1971, p. 114. Pierre Barbéris,
Bibliographie
- Eric Bordas, « Sarrasine de Balzac, une poétique du contresens », Nineteenth-Century French Studies, Fall 2002-Winter 2003, no 31 (1-2), p. 41-52.
- (en) Helen O. Borowitz, « Balzac’s Sarrasine: The Sculptor as Narcissus », Nineteenth-Century French Studies, 1977, no 5, p. 171-85.
- (it) Vito Carofiglio, « Sacrificio estetico in Balzac: 'Sarrasine' e dintorni », Athanor: Rivista d’Arte, Letteratura, Semiotica, Filosofia, 1991, no 2, p. 88-93.
- Scott D. Carpenter, « Illusion et idéalisme dans La Marquise et Sarrasine », French Review, Mar 2006, no 79 (4), p. 749-59.
- Pierre Citron, « Interprétation de Sarrasine », L’Année balzacienne, 1972, p. 81-95.
- Pierre Citron, « Sarrasine », L’Année balzacienne, Paris, Garnier Frères, 1966, p. 369-70.
- Pierre Citron, « Sarrasine, Louis Lambert et Balzac », L’Année balzacienne, 1968, p. 389-93.
- (en) James Creech, « Castration and Desire in Sarrasine and The Girl with the Golden Eyes: A Gay Perspective », The Rhetoric of the Other: Lesbian and Gay Strategies of Resistance in French and Francophone Contexts, Martine Antle et Dominique D. Fisher, Éd. et intro., New Orleans, UP of the South, 2002, p. 45-63.
- Henri David, « Balzac italianisant : autour de Sarrasine », Revue de Littérature Comparée, 1933, no 13, p. 457-68.
- Béatrice Didier, « Logique du récit musical chez Stendhal et chez Balzac », Stendhal, Balzac, Dumas : un récit romantique ?, Chantal Massol, Éd. Lise Dumasy, Intro. Toulouse, PU du Mirail, 2006, p. 137-47.
- (de) Ottmar Ette, « Macht und Ohnmacht der Lektüre: Bild-Text-Relationen in Balzacs Novelle Sarrasine », Macht Text Geschichte: Lektüren am Rande der Akademie, Markus Heilmann et Thomas Wägenbaur, Éd., Würzburg, Königshausen & Neumann, 1997, p. 36-47.
- (en) Roberta Kevelson, « ‘Figures’ and Semiotic Relations: A Rhetoric of Syntax in Balzac’s Sarrasine », Semiotica, 1978, no 24, p. 113-47.
- (en) Diana Knight, « From Painting to Sculpture: Balzac, Pygmalion and the Secret of Relief in Sarrasine and The Unknown Masterpiece », Paragraph, Mar 2004, no 27 (1), p. 79-95.
- (en) Katherine Kolb, « The Tenor of Sarrasine », PMLA, Oct 2005, no 120 (5), p. 1560-75.
- Jean Molino, « Balzac et la technique du portrait : autour de Sarrasine », Lettres et réalités, Aix-en-Provence, PU de Provence, 1988, p. 247-83.
- (en) Per Nykrog, « On Seeing and Nothingness: Balzac’s Sarrasine », Romanic Review, Nov 1992, no 83 (4), p. 437-44.
- Thomas Pavel, « Allusion et transparence : sur ‘le code culturel’ de Sarrasine », Travaux de Littérature, 1996, no 9, p. 295-311.
- Thomas Pavel, « Énergie et illusion : sur les protagonistes de Sarrasine », French Forum, Sept 1996, no 21 (3), p. 301-18.
- (en) Esther Rashkin, « Tracing Phantoms: Religious Secrets and the (Un)Veiling of Jewish Identity in Balzac’s Sarrasine », Religion and the Arts, Winter 1997, no 1 (4), p. 40-61.
- (it) Romolo Runcini, « Terrore e orrore nell’orizzonte narrativo di Honoré de Balzac », Questione Romantica: Rivista Interdisciplinare di Studi Romantici, Spring 1997, no 3-4, p. 127-35.
- (fr) Scott Sprenger, « Sarrasine de Balzac ou l’archéologie du moi moderne », in La Pierre et la plume, Martine Lavaud, Nimes, Champs Social, 2008, p. 291–318.
Liens externes
Notice, résumé et analyse sur le site de la maison de Balzac par Anne Geisler.
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