Charles Ferdinand d'Artois

Charles Ferdinand d'Artois
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Charles Ferdinand d'Artois
Miniature de Jean-Baptiste-Jacques Augustin.

Pays Royaume de France Royaume de France
Royaume de France Royaume de France
Flag of the Kingdom of France (1814-1830).svg Royaume de France
Titre Duc de Berry
Grade militaire Colonel général de cavalerie
Distinctions Ordre du Saint-Esprit
Ordre de Saint-Louis
Décoration du Lys[1]
Légion d'honneur
(Grand-croix[2])
Ordre de la Toison d'Or
(branche espagnole)
Autres fonctions Grand prieur de France de l'Ordre de Malte[2].
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon
(Seconde maison d'Artois)
Nom de naissance Charles-Ferdinand de Bourbon
Naissance 24 janvier 1778
Château de Versailles
Décès 14 février 1820 (à 42 ans) (à 42 ans)
Opéra de la rue de Richelieu,
Paris
Père Charles Philippe, comte d'Artois
(futur Charles X de France)
Mère Marie-Thérèse de Sardaigne
Conjoint Amy Brown (1783-1876) (en)
Maria Carolina di Borbone, princesse des Deux-Siciles

Blason duche fr Berry (Artois).svg

Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry (Versailles, 24 janvier 1778Paris, 14 février 1820), fils du roi Charles X de France, et de Marie Thérèse de Sardaigne, assassiné le dimanche 13 février 1820.

Sommaire

Biographie

Dès les débuts de la Révolution française, il émigre avec son père. De 1792 à 1797, il sert dans l'armée de Condé puis passe en Grande-Bretagne. Là, il a une liaison avec Amy Brown (1783-1876) (en), avec qui il s'unit peut-être secrètement et a deux filles, dont il avoue l'existence sur son lit de mort :

À partir de 1807, Monsieur le comte de La Fare, évêque de Nancy, est chargé par Louis XVIII de lui verser, ainsi qu'à son frère Louis Antoine d'Artois, duc d'Angoulême, des sommes importantes pour l'entretien de sa Maison et les pensions de l'armée des princes pour assurer la subsistance de ses compatriotes. Toutes les communications du continent avec l'Angleterre sont interdites et les militaires de l'armée de Condé ne peuvent plus recourir à Londres pour y toucher du gouvernement britannique leurs pensions alimentaires. Monseigneur de La Fare est chargé d'ordonnancer et de vérifier le paiement de ces pensions sur des maisons de banque de Vienne, notamment celle de Baron J.J. de Boesner, banquier viennois, qui placent les fonds sur Hambourg et Augsbourg ainsi que chez M.A. Gnecco & cie et M.Heath & cie à Gênes. Pour les mois de mars et d'avril 1807, le versement est de 18.676 livres tournois, soit la somme de 149.408 euros 2006, compte tenu de la commission de 130,5 livres de Baron J.J. de Boesner. Parmi les bénéficiaires des pensions, on trouve les noms du marquis de Montaignac, du capitaine chevalier de Badasset et du marquis d'Anjorrant entre autres. Monseigneur de La Fare exerce cet emploi périlleux jusqu'à la Restauration.

Le duc de Berry retourne en France lors de la Première Restauration. Pendant les Cent-Jours, il suit Louis XVIII à Gand. Il revient en France en 1814 avec son père.

Mariage et descendance

En 1816 en la cathédrale Notre-Dame de Paris, il épouse la princesse Caroline des Deux-Siciles (1798-1870), fille aînée de François Ier des Deux-Siciles (1777-1830) et de Clémentine d'Autriche (1777-1801), dont il a quatre enfants, dont deux parviennent à l'âge adulte :

Le duc de Berry laisse, outre ses enfants légitimes et légitimés susmentionnés, deux fils naturels illégitimes, issus de sa liaison avec Eugénie-Virginie Oreille (1795-1875) :

  • Charles (Louis-Auguste) Oreille de Carrière (1815-1858) dont un fils : Charles (né en 1842), artiste lyrique, marié sans postérité ;
  • Ferdinand Oreille de Carrière (né posthume[Note 2], Paris, 10 octobre 1820 - 1876), et postérité à nos jours[5] ;

Il aurait eu également d’une liaison avec Marie-Sophie de La Roche (1795-1883), deux autres fils[6] :

  • Ferdinand de La Roche (1817-1908) ;
  • Charles de La Roche (1820-1901).

Assassinat

La mort du duc de Berry.

Apparenté aux « ultras », ces royalistes prônant le retour à l’Ancien Régime et à ses valeurs traditionnelles, il est assassiné à sa sortie de l’Opéra de la rue de Richelieu le 13 février 1820, vers onze heures du soir, par l’ouvrier Louvel, qui veut éteindre en lui la race des Bourbons ; ce sera un échec puisque naîtra, quelques mois plus tard le comte de Chambord, "l'enfant du miracle", suivant l'expression d'Alphonse de Lamartine. Le duc aura la force d'arracher la lame puis tombera en syncope.

Transporté dans une des salles du théâtre, le prince mortellement blessé expire le lendemain à six heures du matin. Au cours de cette longue agonie, le prince révéla que son épouse, Marie-Caroline de Bourbon-Sicile était enceinte. Il demanda que son assassin soit grâcié et regretta d'être mort de la main d'un Français.

Conséquence du deuil royal, le préfet de police Jules Anglès promulgue le jour-même une ordonnance interdisant les réjouissances du Carnaval prévues dans les rues de Paris les 14 et 15 février (mardi gras). L’Opéra de la rue de Richelieu sera rasé par la suite afin de faire disparaître le lieu du drame. À son emplacement se trouve aujourd’hui un square qui fait face à l’entrée principale du bâtiment de la Bibliothèque nationale rue de Richelieu.

Monuments funéraires

Monument expiatoire de la place Louvois.

Charles Ferdinand d'Artois est inhumé dans la basilique Saint-Denis, ses entrailles sont conservées à Lille, dans un monument funéraire érigé dans l’église Saint-Maurice et son cœur dans la chapelle du château de Rosny.

Suite à sa mort, un monument expiatoire fut bâti place Louvois (actuel square Louvois), à l'emplacement de l'opéra de la rue de Richelieu. Ce bâtiment contenait un monument funéraire en l'honneur du prince. Après la destruction du monument expiatoire en 1830, le monument funéraire fut ramené en dépôt à Saint-Denis près de la dépouille du prince, dans un débarras occupant l'actuelle crypte-chapelle des Bourbon durant plus d'un siècle. Suite à la restauration de la crypte, il fut remonté derrière le chevet de la basilique en 1976, près de la sacristie du XIXe siècle.

Le monument funéraire du prince est l'œuvre des sculpteurs Dupaty, Cortat et Cartelier et devait à l'origine trôner dans le monument expiatoire de la après l'assassinat du duc de Berry. Mais ce monument a été finalement détruit après la révolution de 1830.

Le monument funéraire du prince n'avait pas été conçu pour figurer dans la crypte des Bourbons et il était impossible de remonter l'ensemble dans les souterrains de la basilique. Mais il était possible de le remonter dans celle-ci, par exemple, dans les premières travées de l'église, près des porches d'entrée, suffisamment hautes pour l'accueillir[Note 3].

Les conséquences politiques de la mort du duc de Berry

La chute de Decazes

Le meurtre en février 1820 du duc de Berry par Louis-Pierre Louvel, un bonapartiste, engendre immédiatement la chute du ministre de la Police Élie Decazes. Ce dernier est en effet accusé d’être le responsable du crime, et dès lors, la presse ultra se déchaîne contre lui, certains allant même jusqu'à demander sa mise en accusation.

Decazes est un homme politique haï des ultras et du comte d’Artois, le futur Charles X et frère du roi Louis XVIII. Redoutable manœuvrier, il a épuré l’administration des ultras aux élections de 1816. Il rompt également avec la droite du duc de Richelieu et, ministre de l’Intérieur, s'impose comme le chef officieux d’un cabinet théoriquement dirigé par Dessolle jusqu’en novembre 1819. Il mène une politique qui se veut libérale (sans pour autant le dire ouvertement), en s’appuyant sur les doctrinaires (qui ont choisi Louis XVIII et qui lui sont donc favorables). Son ambition est alors de « royaliser la nation et nationaliser les royalistes » ; il doit, pour ce faire, manœuvrer avec des groupes parlementaires méfiants. Désireux de développer l’économie française, il met en place des actions en faveur de l’agriculture, de l’industrie, et du commerce. Il aide également le développement de la presse grâce à la loi de mars 1819, la loi De Serre : désormais, pour fonder un journal, il suffit seulement d’une déclaration et du dépôt d’un chèque de 10 000 Francs. L’autorisation préalable et la censure sont abolies. Cela permet à la presse nationale et régionale, qu'elle soit ultra ou libérale, de se développer.

Decazes s’attire au fil des mois les foudres des ultras, qui le trouvent trop libéral, mais aussi celles des libéraux, qui critiquent la timidité de ses réformes. Il tente de se rapprocher des ultra pour modifier la loi électorale, dans un sens plus favorable aux grands propriétaires, ce qui l'amène à la tête d’un gouvernement « droitisé » en novembre 1819. Dans les semaines qui précèdent la mort du duc de Berry, il tente de mettre en place sa réforme électorale.

Après l'assassinat du duc, la chambre des pairs refuse de voter la loi, et il est alors contraint de démissionner. Chateaubriand écrit, dans ses mémoires, pour relater cet évènement « le pied lui a glissé dans le sang ». La mort du duc de Berry marque donc la fin d’une expérience qui ne réussit pas réellement à trouver sa place entre une droite ultra qui refuse de changer ses positions, et une gauche libérale qui glissera petit à petit vers une opposition de plus en plus forte, dès lors que les libertés seront remises en cause.

Le changement de politique sous le ministère Richelieu

Après la démission de Decazes, la politique du pays change radicalement. Le roi Louis XVIII rappelle le duc de Richelieu à la tête du gouvernement, pour un deuxième ministère, qui sera marqué par un réel retour en arrière. En effet, il suspend grâce au vote de lois, les libertés précédemment acquises. Les libertés individuelles et les libertés de presse sont suspendues, la censure et l’autorisation préalable pour fonder un journal sont rétablies.

De plus, les ultras imposent le vote d’une loi électorale qui est censée freiner la montée des libéraux ; de nombreuses réactions éclatent, comme la manifestation des étudiants qui se rendent au palais Bourbon pour protester.

La loi voulue par les ultras est cependant votée le 30 juin 1820. Cette loi, appelée loi du « double-vote », réorganise l’élection des députés. En effet, 258 d’entre eux seront élus par tous les électeurs lors d’un scrutin d’arrondissement, et les 172 restants seront élus dans les chefs-lieu par le quart des électeurs les plus imposés. Ces derniers voteront donc deux fois. Une autre loi électorale permet également de faire passer certains des électeurs « suspects » sous la barre d’imposition des 300 francs, nécessaire pour avoir le droit de vote. Cela permet donc aux ultras de remporter une large victoire aux élections de novembre 1820, et d’écraser les oppositions.

Richelieu continue sa politique avec l’adoption de nouvelles lois. Le 5 juillet 1820, les universités, et donc le corps enseignant et étudiant, sont contrôlées par les autorités ; le 27 février 1821, l’enseignement secondaire est placé sous surveillance du clergé.

Richelieu devra nommer des ultras au sein du gouvernement, et sera contraint de démissionner, en raison des exigences toujours plus grandes de ses ministres, et en l'absence du soutien du comte d’Artois.

Il sera remplacé en décembre 1821 par Villèle, l’homme de confiance du comte d’Artois, qui continue une politique ultra dans la lignée de celle de Richelieu : il placera les universités sous tutelle de l’Église, la presse sera de plus en plus contrôlée, et il luttera contre la Charbonnerie.

Annexes

Bibiographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleLaure Hillerin, "La duchesse de Berry, l'oiseau rebelle des Bourbons", Flammarion, collection Grandes Biographies, 12 05 2010 (ISBN 978-2-0812-2880-1) présentation en ligne
  • Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleDominique Barjot, Jean-Pierre Chaline et André Encreve, La France au XIXe siècle, 1814 - 1914, Paris, Quadrigue Manuel, Puf, 2005
  • Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleJean-Claude Caron, La France de 1815 à 1848, Paris, Armand Colin, 2004
  • Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleJean El Gammal, Histoire politique de la France de 1814 à 1870, Paris, Nathan, 1999
  • Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleRoullet, Récit historique des événements qui se sont passés dans l'administration de l'opéra la nuit du 13 février 1820 (assassinat du duc de Berry), 1820 ; rééd. : Paris, librairie Poulet-Malassis, 1862.
  • « Berry (Charles-Ferdinand de Bourbon, duc de) » , dans Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, 1889 [détail de l’édition]  ;
  • Christophe Brun, Descendance inédite du duc de Berry : documents et commentaires, Paris, édité par L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 1998, 125 pages, 21 cm, ISBN 2-908003-06-6

Notes et références

Notes

  1. Titre octroyé le 10 juin 1820 par Louis XVIII.
  2. Au même titre que Henri d'Artois, né le 29 septembre 1820, dit l’enfant du Miracle.
  3. Cet emplacement aurait eu l'avantage de donner le ton au visiteur entrant dans la basilique. Depuis la disparition de la clôture et des tombeaux de la croisées de transept visibles depuis la nef (tombeaux de Charles II le Chauve et Charles VIII), il est difficile de savoir que l'on entre dans une nécropole puisqu'il faut s'avancer vers l'est, vers le transept, pour apercevoir les gisants et les tombeaux Renaissance qui se trouvent au niveau des bras de l'édifice. La présence de ce grand cénotaphe à l'entrée ferait immédiatement apparaître que la basilique abrite une nécropole.

Références

  1. D'après la Miniature de Jean-Baptiste-Jacques Augustin en début d'article.
  2. a et b Charles-Ferdinand de Bourbon sur roglo.eu. Consulté le 13 juillet 2011.
  3. BB/29/974 pages 282-283., Titre non transmissible de comtesse d'Issoudun accordé à Charlotte, Marie, Augustine, fille de Charles Ferdinand de Bourbon, Duc de Berry et de Amy Brown. Paris (10 juin 1820). sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France). Consulté le 4 juin 2011.
    • État civil du bénéficiaire : Né le 13 juillet 1808 à Londres.
    • Armoiries : D'azur au pairle d'or,a laisé, accompagné de trois fleurs de lys du même ; au chef engrelé d'or chargé de trois fleurs de lys d'argent.
  4. BB/29/974 pages 282-283., Titre non transmissible de comtesse de Vierzon accordé à Louise Marie Charlotte, fille de Charles Ferdinand [de Bourbon, Duc de Berry] et de Amy Brown. Paris (10 juin 1820). sur chan.archivesnationales.culture.gouv.fr, Centre historique des Archives nationales (France). Consulté le 4 juin 2011.
    • État civil du bénéficiaire : Né le 19 décembre 1809 à Londres.
    • Armoiries : D'azur à la tour, en bande, crénelée de quatre pièces d'argent, maçonnée de sable ; au chef engrelé d'or, chargé de trois fleurs de lys d'azur.
  5. Daniel Manach § Michel Sementéry, La descendance de Charles X, roi de France, éd. Christian, 1997 ISBN : 2-86496-068-0.
  6. Roglo C. Maubois, Descendance inédite du duc de Berry, 15 juin 2010.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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