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Le sou est une ancienne monnaie française, issue du solidus romain et dont le nom a survécu dans le langage à la décimalisation de 1795 pour désigner la pièce de 5 centimes jusqu'au début du XXe siècle. Il doit à cette longévité d'être encore présent dans de nombreuses expressions relatives à l'argent.
Sommaire
Historique
Tout commence avec l’aureus romain qui valait, sous Jules César, 25 deniers d'argent (soit 100 sesterces de laiton ou 400 as de bronze) et pesait plus de 8 grammes d'or. Chaque empereur le rognant davantage, Dioclétien puis Constantin durent stabiliser sa valeur à 1/60e puis 1/72e de livre romaine, soit finalement 4,5 grammes d'or, sous le nom de solidus. Le sou était né.
Faisant honneur à son nom, la nouvelle monnaie allait gagner sa réputation d'inaltérabilité en traversant presque inchangée le déclin et la chute de l'Empire romain d'Occident, les grandes invasions et la création de royaumes germaniques dans toute l'Europe : non seulement frappé à Byzance jusqu'au XIe siècle sous le nom de Nomisma, le solidus sera imité par les rois barbares, en particulier les Mérovingiens[1], quoique le plus souvent sous forme de « tiers de sou » (tremissis)[2].
Face à la pénurie d'or, une nouvelle « stabilisation » (c'est ainsi que l'on appelle souvent les dévaluations) va venir de Charlemagne : le solidus ne sera désormais plus un soixante-douzième de livre romaine d'or, mais un vingtième de livre carolingienne d'argent. Il est lui-même divisé en 12 denarii, qui, sauf rares exceptions (le gros de Saint Louis), seront dans la pratique les seuls à circuler. Mais le système de compte « £sd » (1 livre = 20 sous de 12 deniers) restera inchangé en France jusqu'à la Révolution - et en Angleterre jusqu'en 1971.
Solidus va devenir soldus, puis solt (XIe siècle), sol (XIIe siècle au XVIIIe siècle), puis sou. Mille ans après la réforme monétaire carolingienne, quand la livre tournois cède la place au franc en 1795, sols et deniers disparaissent des bourses, mais le terme « sou » est tellement ancré dans les habitudes que les Français vont continuer à désigner ainsi le vingtième du franc. On le retrouvera également en Suisse, au Canada et, plus généralement, dans tous les pays francophones dans les expressions liées à l'argent.
Survivance du terme dans de nouvelles monnaies
Un sou en francs français
Après la Révolution, les Français continuent d'appeler sou ainsi le vingtième du franc. Ainsi, la pièce de cent sous valait cinq francs ; ceci jusqu'à ce que la dernière pièce de 5 anciens centimes soit démonétisée dans les années 1940.
De rognage en dévaluation[3], l'antique sou d'or, puis d'argent, sera devenu une pièce de billon, de cuivre, de bronze avant de finir, frappé une dernière fois entre les dates de 1914 et 1939, sous forme d'une pièce percée de 5 centimes en cupronickel puis en maillechort : au début du XXIe siècle, les Français âgés parlent encore de tel article à six sous de leur jeunesse et, pour eux, cinq anciens francs sont toujours une pièce de cent sous.
Un sou en dollars canadiens
Au Canada, le mot sou est utilisé dans le langage courant pour dénommer la division du dollar canadien, dont le terme officiel est cent. Les pièces d'un cent ont le nom vernaculaire de sou noir, et les pièces de vingt-cinq cents, celui de trente sous.
- Échanger quatre trente sous pour une piastre veut donc dire, changer pour quelque chose d'exactement identique, la piastre étant le nom commun du Dollar.
Un sou en francs suisses
En Suisse, une pièce de cent-sous désigne une pièce de cinq francs suisses et une pièce de quatre-sous désigne une pièce de vingt centimes suisses. Le mot sou reste également dans le langage familier dans les termes « dix, vingt, ... sous ».
Le sou dans les expressions en langue française
- Des sous signifie de l'argent ;
- C'est une affaire de gros sous pour parler d'une affaire dans laquelle les questions d'argent ont une grande importance.
- Être sans le sou, ne pas avoir sou vaillant signifie ne pas avoir d'argent.
- On disait aussi n'avoir ni sou ni maille, la maille étant un demi-denier.
- On dit de celui qui est toujours à court d'argent qu'il lui manque toujours dix-neuf sous pour faire un franc (un franc valant vingt sous).
- Un sou est un sou veut dire qu'il ne faut pas négliger les petits profits.
- Être près de ses sous, c'est être pingre.
- Sou par sou ou sou à sou signifie petit à petit.
- Propre comme un sou neuf signifie très propre.
- On lui donnerait cent sous à le voir se dit de quelqu'un d'apparence pitoyable.
- S'ennuyer à cent sous l'heure (à cent sous de l'heure), signifie être désœuvré.
- Quand quelque chose vaut trois francs six sous, cela n'est pas bien cher.
- Un objet de quatre sous est d'encore moins de valeur, ainsi « l'Opéra à 3 groschen » de Brecht est devenu L'Opéra de quat'sous.
- Lorsqu'on n'a pas deux sous de jugeote, on ne vaut pas un sou.
- On parle de machine à sous quelle que soit la monnaie.
- Pas ambigu pour un sou : pas ambigu du tout, sans aucun doute.[réf. nécessaire]
- Le sou du franc , bakchich consenti à qui achète[4].
- Se faire des sous, c'est percevoir un salaire ou plus largement gagner de l'argent.
- Quand on n'a pas un sou en poche, on est désargenté.
- Pas fier pour un sou signifie être abordable, ne pas être vaniteux.
- Pas modeste pour un sou signifie être prétentieux.
- Pas courageux pour un sou signifie être pleutre.
- Pas vaillant pour un sou selon le contexte signifie être peureux ou être fainéant.
- Ne pas avoir un sou vaillant, c'est ne pas avoir d'argent sur soi.
- Pour un sou valant de tabac signifie acheter du tabac au détail pour la valeur d'un sou.
Articles liés
- Antiquité et haut Moyen Âge : Aureus, Solidus et Nomisma
- Moyen Âge et Ancien Régime : Livre, Livre tournois, Sol et Denier
- Époque moderne : Franc, Franc français et Centime
- Solde
Notes et références
- Un sou d'or mérovingien, à la tête de Magnence, datant du VIIe siècle sur Gallica.
- Les monnaies des rois Mérovingiens
- 0,68 % l'an en moyenne, il aurait suffi de placer la somme à ce taux pour ne rien perdre. La permanence du sou permet de mesurer l'érosion monétaire sur une longue période : la richissime famille gallo-romaine qui se serait transmis 1 million d'aureus de la conquête de la Gaule à nos jours sans jamais les placer mais en modernisant l'apparence à chacune de ces quelque 65 générations se serait retrouvée avec 50 000 anciens francs français, puis 500 nouveaux francs français, puis 76,22 euros. Elle ne possèderait plus 8 tonnes d'or comme au temps de César mais pourrait à peine en acheter 8 grammes, bref son million de sous serait devenu un sou. Toutefois, l'érosion constatée n'est que de
- [1] Q Q P E F par Yves Leroy : le sou du Franc , page 21
Catégories :- Monnaie du Moyen Âge
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