- Hyperinflation au Zimbabwe
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L'hyperinflation au Zimbabwe débute en 2000, peu après la confiscation par le gouvernement de Robert Mugabe des fermes détenues par des blancs. Depuis, cette inflation est la face la plus visible de la déliquescence de l'économie du pays, où la majorité des échanges commerciaux se font en dollars américains. En juillet 2008, l'inflation est officiellement estimée à 231 millions de pour cent par an[1], mais selon d'autres économistes elle serait plutôt de l'ordre de 80 milliards par mois[2].
Finalement, en avril 2009, le gouvernement décide d'abandonner pour au moins un an le dollar zimbabwéen[3] au profit du Rand sud-africain et du dollar américain.
Sommaire
Contexte
L'hyperinflation débute à la fin des années 1990 avec la réforme agraire accélérée du gouvernement de Robert Mugabe où les fermes appartenant à des blancs sont confisquées pour être redistribuées à des noirs. Cette réforme commence en fait avant et est même un des points des Accords de Lancaster House qui voit naître le Zimbabwe sur les restes de la colonie britannique de Rhodésie du Sud. La réforme agraire vise à acquérir les terres détenues par des blancs (qui représentent 45% des terres les plus productives) pour les redistribuer à des noirs. Mais les difficultés économiques du pays limitent ses capacités d'acquisition. Cette réforme est d'autant plus importante pour le régime qu'elle est un instrument politique en vue d'asseoir son autorité. La confiscation est donc décidée (connue sous le nom de réforme agraire accélérée) et débute en novembre 1997[5].
Suite aux nombreuses violations des droits de l'homme par le régime de Robert Mugabe, passées jusque-là sous silence[5], plusieurs pays occidentaux, comme ceux de l'Union européenne[6] et les États-Unis[7], sanctionnent certaines personnalités politiques et organisations proches du pouvoir en leur interdisant de séjourner sur leur territoire et en gelant leurs avoirs.
L'économie du Zimbabwe s'effondre. Le taux de chômage est estimé en 2005 à 80 %[8]. Les critiques du gouvernement considèrent que la cause de cette crise économique a pour origine la réforme agraire accélérée, où des personnes proches du pouvoirs se sont retrouvées à posséder des fermes qu'ils sont incapables de gérer correctement[9], créant ainsi une crise alimentaire tournant à la famine[5], alors que le pays quelques années plus tôt était considéré comme le grenier à blé de l'Afrique australe[9]. A contrario, les partisans du gouvernement voient dans les sanctions des pays occidentaux la cause de la crise économique.
La situation politique est également instable, ce qui rend les investissement étrangers rares. Le président Robert Mugabe est réélu en 2008, mais il était le seul candidat au second tour, son opposant Morgan Tsvangirai s'étant retiré de la course après des violences à l'encontre de l'opposition, alors qu'il était arrivé en tête au premier tour. Depuis, comme le parlement n'est pas à majorité du Zanu-PF, le parti du président, des accords doivent être trouvés pour l'établissement d'un gouvernement mixte. Durant plusieurs mois des tensions bloquent la situation, mais un gouvernement mixte, dit d'union nationale, est finalement mis sur place le 11 février 2009.
Conséquences
Cette hyperinflation oblige régulièrement la Banque centrale du Zimbabwe à imprimer des billets ayant sans cesse une plus grosse valeur. Ainsi, en janvier 2009, un billet de cent mille milliards de dollars du Zimbabwe, valant 30 dollars US est mis en circulation[1].
Suite aux difficultés économiques causées par cette hyperinflation, comme un taux de chômage évalué début 2009 à 94 % selon l'ONU[10], le taux d'émigration vers les pays frontaliers (Afrique du Sud et Botswana) est en hausse[8]. Ainsi, c'est plusieurs millions de Zimbabwéens qui ont quitté leur pays[11], pour une population estimée en juillet 2008 à 11,3 millions[8].
Certains commentateurs politiques pensent que cette hyperinflation mettra à mal le régime de Robert Mugabe. Mais Steve Hanke, se basant sur l'exemple yougoslave des années 1990 sous la présidence de Slobodan Milosevic qu'il juge très similaire[12], ne pense pas cela. Car, alors que l'hyperinflation yougoslave est à son sommet en janvier 1994, il faut encore attendre six ans pour que Slobodan Milosevic quitte le pouvoir, suite à sa défaite à l'élection présidentielle[2].
Actions contre l'hyperinflation
Le gouvernement a essayé de maîtriser l'hyperinflation, notamment en gelant les prix en 2007, mais cela n'a eu aucune conséquence car les produits concernés étaient absents des rayons et les clients manquaient d'argent liquide[13].
Pour sa part, Steve Hanke pense que c'est une réforme en profondeur du système économique du pays qu'il faut mettre en place en établissant un système de banque libre, excluant de fait la banque centrale qui est selon lui le cœur du problème[14].
Devant l'ampleur de l'hyperinflation, le gouvernement zimbabwéen autorise en janvier 2009 l'utilisation des devises étrangères, faisant de fait disparaître de la circulation le dollar zimbabwéen. Le 9 avril 2009 l'Office central des statistiques (CSO) zimbabwéen note une baisse des prix de 3 % depuis le début de l'année 2009[15]. Suite à la mise en place en février 2009 d'un gouvernement d'union nationale dont le Premier ministre est Morgan Tsvangirai, opposant de Robert Mugabe, on annonce le 12 avril que le dollar zimbabwéen n'a plus cours pendant au moins un an, le temps que l'économie nationale soit plus solide et que les investissements étrangers reviennent[3].
Selon le FMI, les prix ont reculé de 7,7 % au total en 2009[16].
La croissance économique repart ainsi dans la crise financière de 2007-2010, avec pour l'année 2009 un taux de croissance estimé à 4,7 % et pour 2010 une espérance de 6 à 7 %[17].
Références
- (fr) Un billet de cent mille milliards de dollars au Zimbabwe, Le Monde avec AFP, 16 janvier 2009. Consulté le 16 janvier 2009
- (fr) Steve Hanke, « La planche à billets », UnMondeLibre.org, 8 décembre 2008. Mis en ligne le 8 décembre 2008, consulté le 19 janvier 2009
- (fr) Le Zimbabwe suspend l'usage de sa monnaie pour un an, Reuters, 12 avril 2009. Consulté le 12 avril 2009
- London Stock Exchange et le Zimbabwe Stock Exchange. l'Old Mutual Implied Rate est un calcul donnant une approximation non officielle large pour la valeur du dollar Zimbabwe comparé au dollar US basé sur la valeur relative des actions sur le
- (fr) Colette Braeckman, « Bataille pour la terre au Zimbabwe », Le Monde diplomatique, mai 2002. Consulté le 20 janvier 2009
- (en) EU agrees Zimbabwe sanctions, BBC News, 18 février 2002. Mis en ligne le 18 février 2002, consulté le 23 janvier 2009
- (en) Executive Order - Blocking Property of Additional Persons Undermining Democratic Processes or Institutions in Zimbabwe, Département du Trésor des États-Unis, 7 mars 2003. Consulté le 23 janvier 2009
- (en) Zimbabwe - People, Central Intelligence Agency, 18 décembre 2008. Mis en ligne le 18 décembre 2008, consulté le 19 janvier 2009
- (fr) Cyril Bensimon, « Le grenier est vide », Radio France internationale, 3 décembre 2007. Mis en ligne le 3 décembre 2007, consulté le 20 janvier 2009
- (fr) Zimbabwe: 7 millions d'affamés, 94% de chômeurs et 3.000 morts du choléra sur 24 heures, Agence France-Presse, 29 janvier 2009. Mis en ligne le 29 janvier 2009, consulté le 5 mars 2009
- (en) Steve Hanke, « Zimbabwe - From hyperinflation to growth », Cato Institute, 25 juin 2008, p. 1. Consulté le 20 janvier 2009
- (en) Sebastien Berger, « Zimbabwe hyperinflation 'will set world record within six weeks' », The Daily Telegraph, 13 novembre 2008. Mis en ligne le 13 novembre 2008, consulté le 23 janvier 2009
- (fr) Zimbabwe : files d'attente et pénuries monstres en 2007, British Broadcasting Corporation, 30 décembre 2007. Consulté le 23 janvier 2009
- (fr)Steve Hanke, « Zimbabwe : la nécessité d'une réforme monétaire drastique », UnMondeLibre.org, 25 juin 2008. Mis en ligne le 25 juin 2008, consulté le 23 janvier 2009
- (fr) Zimbabwe: chute des prix confirmée après l'abandon de la monnaie locale, Agence France-Presse, 9 avril 2009. Consulté le 12 avril 2009
- (fr) Zimbabwe : Les prix ont baissé de 7,7% en 2009, Les Afriques, 29 janvier 2010. Consulté le 31 janvier 2009
- (fr)Zimbabwe : Retour de croissance, Les Afriques, 15 décembre 2009. Consulté le 31 janvier 2009
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