Troc

Troc

Le troc est l'opération économique par laquelle chaque participant cède la propriété d'un bien (ou un groupe de bien) et reçoit un autre bien. Le troc fait partie du commerce de compensation (en), avec l'échange de services au pair.

On oppose le troc à l'opération d'achat-vente médiatisée par une monnaie.

Le troc a été le seul mode d'échange de nombreuses économies anciennes comme celle de l'Egypte des Pharaons ou celle des peuples amérindiens. L'absence de monnaie circulante n'empêchait pas l'usage d'unités de compte. Le faible nombre des productions conduisaient les agents économiques à connaître par cœur les rapports d'échanges entre eux qui étaient généralement fixes et parfois constatés dans des mercuriales. Les indemnités judiciaires étaient également basées sur des rapports de valeurs fixées entre les différents objets usuels, souvent dans l'espace méditerranéen antique la tête de bétail (le plus souvent le bœuf).

Le troc n'a pas été incompatible avec de grandes civilisations organisées qui ont perduré pendant des siècles voire des millénaires.

Le troc a précédé l'échange monétaire qui l'a supplanté dans les sociétés modernes. Mais il n'a jamais totalement disparu, ni dans le commerce intérieur et encore moins dans les échanges internationaux, lorsqu'un pays ne dispose pas d'une devise convertible.

Les crises économiques redonnent toujours un rôle un peu plus grand au troc du fait de la raréfaction des signes monétaires.

Les sociétés soviétiques ont toutes connu, à côté des marchés classiques utilisant la monnaie légale, d'importants marchés de troc portant sur des productions personnelles, des biens meubles personnels, ou des biens récupérés sur les lieux de travail.

Plus généralement dans les périodes de pénuries, comme les périodes de guerre ou d'occupation, le troc redevient un mode d'échange fréquent. Les différents tickets de rationnement font particulièrement l'objet d'un troc massif, l'égalité de la distribution de ticket ne correspondant pas à la variété de celles des goûts. Mais les biens rares et d'usage courants jouent un rôle nouveau dans les échanges. Pendant la guerre de 1940, en France occupée, les pneus rechapés, extrêmement rares, comme l'essence, étaient des moyens d'échanges irrésistibles.

La contestation de l'échange monétaire et du rôle de la monnaie a vu l'apparition de systèmes de troc à dimension sociale qui sont toujours restés d'une diffusion confidentielle.

Sommaire

Diversité des formes

Les formes de troc varient grandement selon la nature des biens échangés, le nombre de participants et le déroulement temporel de l'échange.

Les biens échangés d'un troc peuvent être matériels, par exemple des ressources minières, des terres, ou encore non matérielles, comme des services, des savoirs, des quotas de pollution, des idées ou même des symboles, comme l'est devenue la monnaie. Ces biens sont divisibles lorsqu'il est possible de les partager, ou indivisibles, comme l'est un billet de banque. Lorsqu'un étalon de mesure permet d'évaluer la quantité d'un bien divisible, ces biens sont mesurables.

Le troc est multilatéral, bilatéral lorsqu'il a lieu entre deux participants, ou non-bilatéral entre au moins trois participants. Les cessions de propriété qui réalisent l'échange peuvent être immédiates, ou différés selon des conditions dépendant d'évènements futurs.

Usage d'un seul médium mesurable et divisible

L'usage d'un seul médium d'échange réduit les échanges à des cycles bilatéraux, et ramène la concurrence au choix du meilleur prix. Ce médium est la monnaie. Le participant qui cède la monnaie est l' acheteur, celui qui la reçoit est le vendeur. C'est aujourd'hui la transaction économique dominante.

La création d'un médium symbolique permet de réduire à des relations bilatérales acheteur-vendeur le problème complexe de recherche de cycles d'échange de valeurs réelles qui intègrent plus de deux acteurs économiques. Si un marché de troc se limite, comme sur un marché classique, à des relations bilatérales, la coïncidence offre-demande est peu probable car on a peu de chance de trouver un partenaire qui accepte ce qu'on fournit et propose en même temps ce qu'on demande. Cette faible liquidité explique pourquoi la plupart des transactions économiques utilisent un médium monétaire.

Une multitude de monnaies alternatives apparaissent:

Les marchés du troc

Selon l'International Reciprocal Trade Association, l'organe de commerce de l'industrie du troc, plus de 400.000 entreprises ont échangés 10 milliards de dollars au niveau mondial en 2008 - et les officiels s'attendent à voir le volume des échanges commerciaux augmenter de 15% en 2009[1].

Troc de biens tous mesurables et divisibles

D'autres médiums moins symboliques que la monnaie ont ces mêmes qualités, celle de durabilité par exemple, pour les ressources minières non extraites ou les quotas de pollution non produits.

Lorsque tous les biens échangés sont mesurables, on peut considérer une variable \omega\,\! comme une autre expression du prix d'une offre; qui est le rapport entre quantité fournie et quantité reçue. cette variable mesure la générosité de l'offre de troc. L'accord bilatéral entre acheteur et vendeur s'exprime par l'identité des prix de leurs offres. Si l'acheteur donne à son offre un \omega\,\!_a et le vendeur un \omega\,\!_v, l'accord s'exprime par l'identité \omega\,\!_a . \omega\,\!_v = 1.

Produit collectif

Cette apparente complication a l'avantage de se généraliser à des rapports non bilatéraux, puisque pour un cycle de n offres, on peut montrer qu'un accord sur les \omega\,\!_i est possible lorsque \prod_{n=0}^{i-1}\omega\,\!_i  = 1 . Ce produit, qu'on note \Omega\,\! est sans dimension. Il est supérieur à 1 lorsque les offres du cyle sont plus généreuses que nécessaires, et que les \omega\,\!_i doient être revus à la baisse pour aboutir à un accord, exprimant une abondance globale à répartir sur le cycle. Dans le cas contraire les \omega\,\!_i doivent être revus à la hausse, traduisant un effort global à répartir sur le cycle. On donne à ce produit \Omega\,\! le nom de produit collectif. L'équilibrage du troc consiste à répartir également ce produit collectif en ajustant les \omega\,\!_i des participants à une valeur {\omega\,\!'}_i = \omega\,\!_i . \Omega\,\!^{-\frac{1}{n}}. Il est facile de vérifier que \prod_{n=0}^{i-1}{\omega\,\!'}_i  = 1 .

Lorsque les \omega\,\!_i sont ajustés de manière empirique, on donne à ce processus le nom de marchandage.

Concurrence

Généraliser la règle du meilleur prix à des rapports non-bilatéraux consiste à ordonner les cycles d'échange créés par le dépôt d'une nouvelle offre; en définissant par exemple une fonction réelle à maximiser, dépendant des \omega\,\!_i et indépendante de leur ordre. Il en existe au moins deux:

  • L'une d'elles consiste à maximiser le produit individuel, c'est-à-dire \omega\,\!'_i, soit \Omega\,\!^{-\frac{1}{n}}.
  • Une autre consiste à maximiser \Omega\,\!, c'est-à-dire le produit collectif.

On peut constater que ces deux règles sont équivalentes lorsqu'elles sont appliquées à des relations bilatérales, elles mêmes équivalentes à la règle du meilleur prix.

Comme il est simplement impossible de partager entre moins que deux, la restriction des échanges à des rapports bilatéraux oblige à confondre de ces deux notions de produit individuel et produit collectif fondamentalement différentes du point de vue des rapports humains.

Pour les distinguer, il faut construire une place de marché qui explore ces cycles d'échange non-bilatéraux, ce que tente de faire openbarter. Le faible nombre de biens mesurables réellement nécessaires (riz, blé, énergie, quota de pollution, etc.) fait que les cycles d'échange qui ont un un poids économique significatif incluent un nombre d'acteurs très réduit. Si l'on restreint ainsi la recherche des coïncidence offres-demandes à des cycle de taille limitée, la complexité de l'algorithmique est bornée, et à la portée de moyens informatiques.

Nouvelles formes de troc

Réseaux d'échanges

  • L'expérience argentine des trueque,
  • Les trocs aux plantes organisés par les communes.
  • Les après-midi trocs organisés par des particuliers.
  • Les réseaux communautaires dédiés par internet.

Swap

Un swap est un échange de cadeaux autour d'un thème donné entre internautes[2]. Le but est de faire plaisir à un inconnu selon ses goûts, et de, peut-être, lier amitié[3]. L'intérêt est aussi de recevoir des cadeaux parmi ses factures dans sa boîte aux lettres. Il ne s'agit surtout pas d'un troc car lors d'un swap, l'effet de surprise est très important.

Les règles du swap sont généralement définies par son organisateur[4] :

  • nature de l'envoi : neuf, création personnelle ou objet d'occasion ;
  • nombre d'objets dans le colis ;
  • date de fin d'envoi maximum ;
  • nombre de participants : limité ou illimité.

Par exemple, pour le swap à 2 euros, les membres du swap doivent envoyer un objet d'une valeur inférieure à 2 euro. Les participants d'un swap peuvent être répartis en binôme, ou sous forme de chaîne (A envoie à B qui envoie à C, qui envoie à D etc).

Notes et références

  1. William Lee Adams, « Bartering: Have Hotel, Need Haircut », dans Times, 2 novembre 2009 [texte intégral] 
  2. La folie des cadeaux créatifs/ sur www.leparisien.fr, Le Parisien, 6 janvier 2009. Consulté le 2 mars 2010
  3. Céline Chahi, « Et si on swappait ? » sur www.maisonapart.com, 19 janvier 2009. Consulté le 2 mars 2010
  4. Stéphanie Combe, « Swapez-vous ? » sur www.famillechretienne.fr, 4 février 2009. Consulté le 2 mars 2010

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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