Histoire De La Monnaie

Histoire De La Monnaie

Histoire de la monnaie

Cet article traite de l'histoire de la monnaie. La monnaie a une histoire aussi longue que le commerce et les transactions. Elle est une condition essentielle de l'activité économique. Son histoire peut être retracée depuis son invention pendant la préhistoire jusqu'à sa disparition en tant qu'objet pour ne plus être qu'une transaction informatique à la suite du processus de dématérialisation.

Le Changeur.
Peinture de Marinus van Reymerswaele créée vers 1540 exposée auNational Gallery.

Sommaire

Création

Origine

Il n'est guère possible de situer avec précision l'invention de la monnaie. Le développement d'une division du travail au sein de la société avec la révolution néolithique a contribué fortement à l'essor de la monnaie pour surmonter les multiples difficultés du troc. Mais les origines de la monnaie sont aussi indissociables des échanges sociaux et rituels.

Les formes premières de la monnaie furent des plus variées.

Depuis des temps préhistoriques, les hommes ont compté leurs biens.

En Mésopotamie, les premières écritures cunéiformes, sur des tablettes d'argile, ont été des écritures comptables. Un système de gestion administrative des dettes et des créances s'est développé. Il était basé sur la comparaison de la valeur des produits échangés avec des "valeurs-étalons" connus de tous (quantité donnée de céréales, d'or, ou d'argent). En Egypte et en Mésopotamie, la monnaie scripturaire a existé bien avant la monnaie fiduciaire (plusieurs milliers d'années). Mais avec l'intensification et la diversification des échanges, cela a nécessité une administration pléthorique, et par conséquent une fiscalité bien trop lourde. Il a donc fallu simplifier : trouver le moyen de solder une dette par un moyen simple et fiable : la monnaie "fiduciaire". Parenthèse étymologique : «crédit» vient du latin credere = croire, avoir confiance ; «débit» vient du latin debitus = ce qui est dû, dette ; dans la même veine, «fiduciaire» vient du latin fiducia, ae = la confiance[1].

Un étalon s'est imposé dans chaque groupe humain : coquillages, petits objets d'art, minéraux ou petits lingots de métal plus ou moins précieux ou des biens d'usage courant, comme le sel qui servit à payer les légionnaires romains (c'est l'origine du mot salaire). Des objets symboliques furent aussi employés, telles les « monnaies-haches » de la fin de l'âge du bronze découvertes en Bretagne.

Au XIVe siècle, chez les Aztèques, la fève de cacao était un moyen d'échange reconnu dans toute la Mésoamérique. Un esclave vaut alors 100 fèves, les faveurs d'une courtisane 80 fèves, et un lapin, 10 fèves. L'aumône à un mendiant s'élève à 3 ou 4 fèves. En fait, la valeur de la monnaie n'est pas égale à la valeur marchande des fèves[2].

Cypraea moneta, ou kauri.

Dans certains pays, il fallut attendre le XXe siècle pour voir disparaître ces formes primitives de monnaie. Ce fut notamment le cas des manilles (anneaux d'esclave) ou des coquillages dans certaines régions d'Afrique. Les coquilles kauris (ou cauris) ont été utilisées en Chine de 1100 av. J.-C. à 1578 ap. J.-C. ; l'emploi s'est étendu au Ve siècle ap. J.-C. en Inde, puis dans tout le Pacifique. On en retrouve au début du XIVe siècle aux Maldives, d'où les commerçants arabes les ont exportés vers la côte est de l'Afrique. Elles transitent ensuite par le Soudan jusqu'en Guinée, puis vers la Mauritanie et jusqu'aux Berbères de l'Atlas. Jusqu'au XIXe siècle, les valeurs-kauri se sont étendues avant tout en Afrique de l'Est, particulièrement à Zanzibar et en Éthiopie. Après 1870, les gouvernements des colonies ont cherché à interdire les kauris en tant que monnaie. Mais les hommes y étaient habitués et les utilisaient toujours comme « menue monnaie ». Ce n'est qu'en 1955 que les valeurs-kauri devinrent presque totalement hors d'usage.

L'invention de la monnaie métallique

L'invention des premières pièces métalliques en Occident fut l'œuvre des Grecs d'Asie Mineure au VIIe siècle avant Jésus-Christ. L'idée de frapper des pièces en métal précieux est née autour de la mer Égée vers 650 avant J.-C. et on a retrouvé des pièces frappées à Sardes par le roi Alyattès, qui régna sur la Lydie entre 610 et 560 avant J.-C.

Le souvenir de ces premiers temps s'est conservé dans notre vocabulaire. Toucher le pactole évoque le fleuve Pactole de Lydie, qui charriait des pépites faites d'un mélange d'or et d'argent, alliage nommé électrum et dans lequel étaient frappées les pièces les plus anciennes. Au VIe siècle avant Jésus-Christ, l'un des rois, Crésus, fonda un système bimétalliste s'appuyant sur les progrès de la métallurgie désormais capable de séparer l'or de l'argent.

Article détaillé : Monnaie athénienne.

Parmi les monnaies grecques qui allaient influencer les frappes monétaires anciennes, une mention particulière doit être faite des pièces macédoniennes dont la diffusion accompagna, à la fin du IVe siècle avant Jésus-Christ, les succès des rois de Macédoine (Philippe II de Macédoine et Alexandre le Grand).

Les monnaies métalliques se répandirent rapidement sur tout le pourtour méditerranéen. Ainsi, les premières pièces métalliques qui furent frappées, au Ve siècle avant Jésus-Christ, sur le territoire qui forme aujourd'hui la France, semblent l'avoir été dans la région de Marseille, très tôt colonisée par les Grecs. Par leur dessin, ces statères de la cité phocéenne montrent à l'évidence leur parenté avec les premières monnaies grecques.

Le système monétaire romain : sesterce, denier et sou

Denier romain

C'est à Rome, au IIIe siècle avant Jésus-Christ qu'entra en activité un premier atelier monétaire. Il était installé sur le Capitole, à proximité du temple de Junon Moneta. En d'autres temps, les oies gardées près du temple avaient prévenu les Romains d'une attaque nocturne des Gaulois, ce qui avait valu à la déesse Junon le qualificatif de Moneta (avertisseuse), terme dont sont dérivés les mots monnaie, moneda, money...

Les premières monnaies métalliques romaines (aes ou as) étaient de petits lingots de bronze orné d'un bœuf. Elles furent remplacées par les sesterces. Le denier (denarius ou pièce de dix), frappé en argent, fut la première pièce à porter une valeur inscrite à l'avers sous la forme d'un X, pour 10 as.

Puis, au début de notre ère, Auguste réorganisa le système monétaire sur le principe du trimétallisme. L'aureus pèse environ 8 g d'or, sa parité avec le denier d'argent est fixée à 1/25e. Le denier lui-même équivaut à 4 sesterces de bronze.

Avec le développement de l'Empire, le système monétaire romain s'impose largement. Monnaies d'échange, les pièces deviennent aussi des instruments de propagande à la gloire de l'empereur. L'instabilité politique et la décadence de l'Empire s'accompagnent d'une dégradation de la monnaie. De même, la raréfaction progressive de l'argent entraîne une rupture des parités et une perte de confiance dans la valeur respective des pièces. Pour enrayer ce mouvement, Constantin Ier, en même temps qu'il réorganise l'Empire, impose le monométallisme et met en circulation une nouvelle pièce d'or conçue pour durer et servir de référence : le solidus (massif, en latin). Les premiers solidus sont frappés à Trèves, en Rhénanie, en l'an 310.

Après la chute de l'Empire romain d'Occident, l'usage de cette monnaie se perpétue encore longtemps à Byzance. En Occident, même si sa circulation se réduit plus rapidement, il continue à jouer un rôle d'unité de compte pendant près d'un millénaire. Francisé en sol ou sou, le terme a traversé les siècles ; il a aussi donné « solde » et « soldat ».

Les monnaies métalliques en Europe

L'or provenait principalement de la Méditerranée, en particulier des monnaies de l'Empire byzantin, le nomisma, puis le besant. Mais vers 650, la géographie économique et monétaire se modifiait au profit du Nord, d'où venaient les « sceattas », des monnaies d'argent anglo-saxonnes et frisonnes (actuels Pays-Bas). En outre, l'or se fait plus rare et plus cher après la chute de l'Afrique byzantine et la prise de Carthage.

Vers 675, en Gaule, le sou d'or est complété, puis remplacé par une pièce d'argent, le denier, du nom de l'ancienne monnaie romaine d'argent. Douze deniers font un sou. Les pièces sont produites un peu partout et revêtent de multiples aspects.

En 692, le calife Abd al-Malik de Damas introduit le dinar d'or dans le monde musulman. Il s'imposera comme la monnaie de référence dans toute la Méditerranée et même au-delà pendant des siècles.

Les réformes monétaires byzantines et arabes, le succès des monnaies anglo-frisonnes, l'exploitation de nouveaux gisements argentifères et des circonstances politiques internes pérennisent l'adoption de l'étalon argent sous l'égide des Carolingiens. Charlemagne, faute d'approvisionnement suffisant en or, se résigne à mettre en circulation une nouvelle monnaie de référence, le denier d'argent (de 1,36 g à 1,80 g d'argent). En prescrivant de tailler 240 deniers dans une livre d'argent, Charlemagne jette les bases d'un système monétaire et comptable qui persistera, en France jusqu'à la Révolution : 1 livre = 20 sous ou 240 deniers, et un sou = 12 deniers et au Royaume-Uni jusqu'en 1971. En outre, est frappée une division du denier, l'obole d'argent, qui correspond à sa moitié.

Dans la grande période d'expansion économique du Moyen Âge réapparaissent aussi les pièces d'or. La première est le florin de Florence en 1252, suivi par le ducat de Venise. Saint Louis crée le tournois d'argent et l'écu, d'une valeur de 10 sous tournois.

Du Thaler au dollar

La première monnaie internationale des temps modernes a été frappée en Autriche. En 1750, pour renouer avec le succès du Reichsthaler de l'empereur Ferdinand Ier (1559), l'impératrice Marie-Thérèse de Habsbourg fait frapper un thaler en or à son effigie. Le Maria Theresien Thaler (MTT) va très vite devenir une monnaie internationale très prisée dans les colonies espagnoles et anglaises d'Amérique, et jusqu'en Afrique orientale. Après la mort de la souveraine, en 1780, elle continuera d'être frappée avec la date de 1780.

Le mot dollar est lui-même une déformation du mot thaler, la monnaie de Marie-Thérèse ayant été la première utilisée par les planteurs d'Amérique du Nord[réf. nécessaire].

Les premières substitutions du papier au métal

Alors que la monnaie représente déjà une certaine quantité de biens, qu'on ne pourrait pas manipuler aussi facilement, l'étape suivante est la mise en place d'une monnaie de second niveau, qui elle-même représente une grande quantité de monnaie métallique laissée en dépôt en lieu sûr. Ainsi apparaît la monnaie papier (le billet de banque, connu en Chine dès le VIIIe siècle), qui ne représente originellement qu'une dette payable à vue sous forme de métal ou d'autres biens.

La lettre de change, inventée par les marchands italiens, est une des premières voies de substitution du papier au métal.

De la monnaie métallique à la monnaie fiduciaire

On peut distinguer plusieurs étapes dans l'évolution historique qui a conduit de la monnaie métallique à la monnaie fiduciaire que nous connaissons aujourd'hui :

  • le bimétallisme (jusqu' au XIXe siècle)  : toutes les monnaies sont définies à la fois par rapport à l'or et par rapport à l'argent (métal). Chaque État, en fonction de ses disponibilités métalliques, utilise préférentiellement l'un ou l'autre métal, et se sert de l'autre comme appoint. Les pièces d’or et d’argent notamment, de par leur valeur intrinsèque, circulent fréquemment en dehors de leur pays d’origine. Les découvertes minières et les évolutions financières dans une économie largement mondialisée à l'époque font fluctuer les proportions entre les deux métaux, et le développement de la monnaie papier et du crédit permettent de limiter les besoins de métal, et de supprimer l'argent-métal comme étalon.
  • l'étalon-or « classique » (jusqu'en 1914) : toutes les monnaies sont définies par rapport à l'or. La monnaie-papier est un substitut à l'or (une once d'or équivaut à 20 dollars, 4 livres britanniques, etc.). Les taux de conversion de chaque monnaie en or, et donc entre elles, sont fixes. Cela assure la stabilité de la monnaie et empêche une inflation provoquée artificiellement par une augmentation de la masse monétaire (procédé auquel les États auront constamment recours par la suite).
    • En 1865, est créée l'Union monétaire latine, une convention monétaire entre la Belgique, la France, l'Italie et la Suisse, convention à laquelle adhère la Grèce en 1868. Cette convention est restée en vigueur, moyennant plusieurs aménagements, jusqu'au 1er janvier 1927. Elle avait pour but d'harmoniser les monnaies de ces pays (module, titre, poids) qui avaient ainsi une circulation transfrontalière.
  • l'étalon de change-or (1914-1971) : il s'agit d'un système mixte par lequel certains pays veulent conserver les avantages de l'étalon-or, alors que d'autres veulent se garder la latitude (via la « planche à billets ») d'avoir des taux de change variables. Ce système va devenir caduc en quelques décennies :
    • Première Guerre mondiale : en raison du coût de la guerre toutes les monnaies européennes sont fortement dévaluées par rapport à l'or.
    • 1922 : conférence de Gênes. Un nouvel ordre monétaire est mis en place où seuls les États-Unis conservent l'étalon-or classique. Le dollar repose sur l'or, la livre britannique sur le dollar, et les autres monnaies européennes sur la livre britannique.
    • 1931 : le Royaume-Uni, conduit à augmenter sa masse monétaire, abandonne le système de change-or.
    • 1934 : le dollar est défini comme 1/35 d'once d'or. Les citoyens états-uniens n'ont pas le droit de posséder de l'or.
    • 1944 : accords de Bretton Woods : le système monétaire repose sur le dollar, seule monnaie encore ancrée à l'or.
    • 1971 : sous Nixon, les États-Unis, ne pouvant plus maintenir le prix de l'or à 35 dollars l'once ni éviter une dévaluation du dollar, abandonnent l'étalon-or.
  • le régime des changes flottants (à partir de mars 1973) : après l'abandon des accords de Bretton Woods, les monnaies varient entre elles librement, suivant l'offre et la demande, et donc en principe selon la quantité de crédit émise par chaque pays (une politique monétaire laxiste est « punie » par une baisse de la valeur de la monnaie locale par rapport aux autres devises). Il n'y a plus de contrepartie métallique à la monnaie émise, seulement de la dette.

Sur l'organisation et l'évolution du marché des changes depuis 1973, voir notamment : Forex et Dollar US.

Dématérialisation

Montée en importance des comptes courants (dépôt à vue) dans l'ensemble de la monnaie détenue par les ménages.

On commence à voir apparaitres des moyens de paiements éléctroniques :

Tout ceci dans le but de faciliter le retrait aux utilisateurs.

Création de l'euro

     États membres de l’UEM en 2007.      États Membres du MCE II.      États de l’UE non-membres de la zone euro.      États et territoires hors de l’UE où l’euro est utilisé.      Non-membres de l’UE qui utilisent couramment l’euro.

Introduction de l’euro

Cette nouvelle monnaie a été introduite le 1er janvier 1999 à minuit, quand les monnaies nationales des pays participants, alors au nombre de 11 (la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Autriche, le Portugal et la Finlande), cessèrent d’exister à part entière et devinrent de simples subdivisions de la monnaie européenne. La Grèce est entrée dans la zone euro le 1er janvier 2001. La Slovénie est entrée à son tour dans la zone euro le 1er janvier 2007. La Slovaquie est pour le moment le dernier état étant rentrée dans la zone euro, son entrée eu lieu le 1er janvier 2009.

Pourtant, les billets et les pièces des monnaies nationales ont continué à être utilisés dans leurs pays respectifs, jusqu’à l’introduction des nouveaux billets et pièces le 1er janvier 2002. Certaines des anciennes devises gardèrent encore leur valeur légale jusqu’à la date butoir du 28 février 2002.

La date de fin de validité des monnaies nationales a varié d’un État à l’autre. La première monnaie à disparaître fut le Deutsche Mark, le 31 décembre 2001 à minuit, les dernières le firent le 28 février 2002, date à laquelle toutes les monnaies cessèrent d’avoir valeur légale dans leurs États respectifs.

Mais les banques centrales des États de la zone euro continuent d’accepter les billets et pièces des anciennes monnaies, et ce pendant plusieurs années (2012 en France pour certains billets et 2005 pour les pièces). Certaines banques centrales, comme celle de l’Allemagne, continueront même à échanger les anciens billets nationaux sans limite de temps.

Annexes

Notes et références

  1. Site documenté et illustré sur l'invention de la monnaie
  2. Myriam Mommaerts, L'Aventure du chocolat, éd. J.-M. Collet 1997

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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