- Prix
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Le prix, exprimé en un montant de référence (en général monétaire), est la traduction de la compensation qu'un opérateur est disposé à remettre à un autre en contrepartie de la cession d'un bien ou un service. C'est l'un des éléments essentiel d'une transaction. Il mesure la valeur vénale.
Le mécanisme de formation des prix est un des concepts centraux de la microéconomie, spécialement dans le cadre de l'analyse de l'économie de marché où les prix jouent un rôle primordial dans la recherche et la définition d'un prix dit " d'équilibre " (alors qu'ils jouent un rôle plus mineur dans une économie administrée).
Les niveaux de prix possibles sont en nombre potentiellement infini, selon les acteurs économiques , selon leurs estimations de la valeur de la chose pour eux-mêmes et pour les autres (spéculation).
Si une transaction se réalise effectivement, le prix traduit le compromis - reflet de l'offre et la demande- établi entre les estimations de l'acheteur et celles du vendeur .
Le mécanisme de détermination des prix peut être affecté par d'autres facteurs :- éventuelles imperfections régnant sur le marché (monopole, oligopole, pénurie, marché noir etc.)
- contraintes légales lorsqu'il en existe (les prix n'étant pas toujours libres : « prix imposés » ou « administrés » ),
- considérations techniques telles que : la méthode de mise en marché (gré à gré, enchères, par l'intermédiaire d'une bourse, etc.) et/ou les contraintes que cela implique (délais de transmission des offres, technique de sélection de la priorité entre des offres, ...)
Parmi les prix possibles, on peut donner à titre d'exemple:
- le prix de vente (prix auquel un commerçant déclare être disposé à céder la chose); Ce prix ne peut être inférieur au coût de revient (Interdiction légale de la vente à perte).
- le prix d'acceptabilité (ou prix psychologique : le prix qu'une grande partie de la clientèle trouve " normal " pour son acquisition) ;
- le prix de revient (où le coût calculé est censé refleter l'ensemble des dépenses liées aux intrants et à la fabrication d'un produit / service) ;
- le prix de cession (prix auquel est facturée une cession entre deux services d'une même entreprise ou entre deux filiales d'un même groupe)
Sommaire
Formation et mécanisme des prix
L'importance du système de prix libres a été mise en avant et débattue en particulier dans les années 1920-1930.
Une vive controverse sur la question du calcul économique oppose les économistes de l'école autrichienne d'économie, Ludwig von Mises puis, ultérieurement Friedrich Hayek, aux tenants du socialisme de marché, Oskar Lange au premier chef.
Pour Ludwig von Mises, le système de prix libres est le seul moyen de coordination des actions des millions d'individus qui composent l'économie d'un pays.
Friedrich Hayek relaie cette idée et insiste pour sa part sur le rôle des prix comme vecteur de transmission de l'information disponible aux individus[1].L'économiste Milton Friedman résume pour partie cela en écrivant que le système de prix libres remplit trois fonctions[2] :
- transmission de l'information sur l'offre et la demande ;
- incitation pour les producteurs à s'orienter vers les secteurs aux prix élevés et, partant, à permettre un retour à l'équilibre ;
- répartition des revenus.
Dans une économie centralement planifiée, les prix n'ont pas la même importance. L'appareil productif peut s'en passer (au lieu de chercher à maximiser la valeur ajoutée de sa production comme il le ferait dans une économie de marché, un producteur peut se voir attribuer un quota de matières premières et un objectif de production). Quand ils existent (pour des biens de consommation finale, notamment, ainsi que pour des biens importés ou exportés), les prix sont fixés autoritairement par les pouvoirs publics à un niveau considéré comme politiquement souhaitable, mais ils ne sont pas directement connectés aux décisions d'allocations des matières premières ou d'objectif de production, qui sont fixés par ailleurs. Il peut en résulter une pénurie (file d'attente et marché noir), si le prix est inférieur à l'utilité pour les consommateurs, ou des excès de production (dans le cas contraire). De plus, il apparait des subventions implicites, pas toujours cohérentes avec les choix officiels de priorité (un bien prioritaire mais moins cher à produire que son prix officiel est en fait taxé, alors qu'un bien non prioritaire mais dont le coût excède son prix officiel est subventionné) ni avec les besoins de la population.
Dans certaines situations (comme dans une économie de guerre), ou dans certains systèmes interventionnistes (économie planifiée), les autorités recourent au « contrôle des prix », ou du moins de certains prix pratiqués sur le marché, ou encore influent sur l'offre (protectionnisme, subvention...) ou la demande (rationnement).
En réalité , on remarque que la liberté totale des prix est rarement constatée - même dans les économies réputées les plus libérales , notamment à cause de l'impact de la fiscalité, de lois anti-dumping, des engagements pris à l'avance dans le cadre de contrats pluri-annuels , etc.
Évolution des prix
L'évolution des prix n'est pas l'inflation. L'inflation ne mesure le prix que d'une seule chose, la monnaie, alors que l'évolution des prix en général dépend du fonctionnement de l'économie, qui modifie le prix relatifs des biens. Cependant la mesure du prix de la monnaie ne peut être fait qu'indirectement, par mesure du prix d'un panier de biens représentatif : si le prix de ce panier augmente, c'est que la valeur (relative) de la monnaie diminue, et inversement.
Il existe différents indices de prix pour différentes classes de biens et pour différents usages :
- Les prix à la consommation sont mesurés par l'Indice des prix à la consommation (IPC ou en anglais, CPI).
- Les prix à la production sont mesurés séparément, et correspondent aux Coûts de production.
- Les indices boursiers donnent une indication du prix des actifs productifs.
- L'indice du coût de la construction ou l'indice de référence des loyers mesurent l'évolution du prix du logement
- etc.
Pour un bien, on parle de « prix nominal » lorsque l'on fait référence au prix exprimé dans une monnaie donnée. On parle de « prix réel » lorsque l'on extrait du prix nominal la part due à l'évolution de la valeur de la monnaie, c'est-à-dire l'inflation.
Contrôle des prix
Il est fort rare que le mécanisme des prix joue de manière parfaitement libre, ne serait-ce que pour des raisons fiscales, mais aussi pour des raisons politiques (plus grande force pour le contrôle des prix que contre).
Les gouvernements imposent souvent des « prix plancher », indirectement par des taxes, ou directement par des règlementations : SMIC imposant un prix minimum du travail, législation anti-dumping, action d'achat public de denrée dont le prix chute « trop » (exemple : la politique agricole commune). L'objectif de ces politiques est généralement d'assurer une garantie de revenu aux vendeurs ; plus rarement, il peut s'agir de limiter ou rationner la consommation (exemple : politique anti-tabagique).
Inversement, les biens considérés comme de première nécessité, notamment la nourriture et le logement, sont souvent soumis à des règlementations qui en fixe un « prix plafond », ou l'augmentation maximum qu'on peut leur appliquer chaque année. L'objectif est alors, inversement, d'assurer que les consommateurs peuvent se payer le bien.
Par rapport à un marché où l'offre et la demande sont en équilibre, on peut distinguer deux grandes situations, selon que le prix d'équilibre est spontanément dans les bornes fixées par le contrôle (c'est-à-dire inférieur au prix plafond et supérieur au prix plancher), ou si le contrôle est actif.
Dans le premier cas, les effets ne sont pas tout à fait nuls, mais ils ne sont qu'indirects, à travers les anticipations des acteurs économiques sur la probabilité de passer dans le second type de situation.
Dans le second cas, les effets sont multiples :
- des frais supplémentaires pour le gouvernement (pour imposer sa règle) et pour les agents économiques (pour éluder cette règle, ce qui peut se faire légalement, en profitant de failles juridiques, ou illégalement) ;
- une destruction directe de valeur ajoutée (surplus), par la réduction des quantités échangées (les pertes de surplus, en jaune, dans le schéma ci-contre) ;
- un effet redistributif, de transfert de la valeur ajoutée, (rectangle rouge dans le schéma ci-contre) entre les producteurs et les consommateurs qui restent sur le marché. Cette redistribution n'est pas homogène, elle divise la population en trois groupes :
- ceux qui gagnent (dans l'exemple : les consommateurs qui restent servis) ;
- ceux qui perdent un peu (dans l'exemple : les producteurs qui sont capables de continuer à produire, qui continuent à bénéficier de surplus mais simplement moins que dans la situation libre) ;
- ceux qui perdent beaucoup (producteurs et consommateurs évincés du marché, forcés à produire à perte ou à se tourner vers des produits alternatifs plus chers ou le marché noir) ;
- apparition d'un marché noir ; apparition de modes alternatifs de la répartition du bien : file d'attente, carte de rationnement, règlementation complexe des priorités en fonction de critères plus ou moins objectifs et traduits en dossiers administratifs à remplir, etc. accompagnés de leur cortège de défauts (fraude, discrimination, « pistonnage », bureaucratie…) ;
- une incitation à produire encore plus de règlementation (répression du marché noir, extension du prix contrôlé à des marchés voisins, obligation de produire ou de consommer…) accroissant les problèmes ci-dessus.
L'avantage du contrôle des prix pour ceux qui en bénéficient est nettement visible et souvent important, les inconvénients le sont moins et supportés par des gens dont l'avis peut être moins pris en compte (par exemple, parce que moins nombreux et donc de moindre poids électoral dans une démocratie), ou qui ne les voient pas, ou pour qui la référence n'est pas la situation libre, mais la situation la plus favorable pour eux (ainsi le consommateur qui ne trouvent pas de logement au prix plafond ne va-t-il pas réclamer une hausse du prix plafond qui accroitrait l'offre, mais plutôt une attribution de logement pour lui et sans augmenter le prix ; idem, le chômeur évincé du marché du travail par la destruction des emplois dont la valeur est inférieure au minimum : sa revendication ne sera pas une baisse du minimum, mais simplement un emploi). En outre, avantages et inconvénients n'étant pas répartis sur la même population, les critères de justice sociale adoptés peuvent faire que, même s'il y a globalement destruction de valeur, il peut y avoir création de valeur pondérée par le poids accordé aux différentes populations (par exemple, on peut compter pour nulle — voire négativement — la perte ou le gain des plus riches, ou celle des opposants politiques, etc.). Pour ces raisons, l'équilibre politique est souvent déplacé en faveur d'un contrôle des prix, spécialement pour les denrées les plus sensibles et en période de crise (une guerre notamment).
Article détaillé : contrôle des loyers.Notes et références
- Friedrich Hayek, "The Use of Knowledge in Society", American Economic Review, septembre 1945, [lire en ligne]
- Milton Friedman, La Liberté du choix, 1980, Belfond, p. 26-38
Voir aussi
Articles connexes
- Valeur
- Marginalisme
- Offre et demande
- Paradoxe de l'eau et du diamant
- Juste prix
- Prix prédateurs
- Loi du maximum général
Liens externes
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