- Vito Cascio Ferro
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Vito Cascio Ferro dit "Don Vito" (Palerme, 22 janvier 1862- 1943), est un puissant parrain de la mafia sicilienne, la Cosa Nostra. Il fut à partir de la fin du XIXe siècle, l'un des premiers « Capo di tutti capi. »
Sommaire
Biographie
Vito Cascio Ferro est né à Bisacquino en Sicile, près de Palerme[1]. Il forme Giuseppe Battista Balsamo, fondateur de la Mano Nera et premier parrain italo-américain, puis Salvatore Maranzano, premier Capo di tutti capi italo-américain, et enfin Calogero Vizzini.
Le fondateur de la Mafia moderne
dans ses méthodes
Il fut le premier mafioso à être le maître incontesté de la Mafia[2]. Il règne à la fois à Palerme et à la campagne. Il la fait entrer dans une nouvelle ère. Il est connu pour avoir inaugurer une nouvelle maniére d'extorquer les commerçants. Au lieu de leur prendre une grosse somme et de mettre en faillite leurs activités commerciales, il préfére prendre de petites sommes de maniére réguliére, afin de créer une rente pour la mafia. Cette pratique s'appelle Pizzu (Pizzo en italien) en référence au petit oiseau qui "picore" de l'eau pour boire. En contre-partie, la Mafia assure aux commerçants qui payent un monopole[3]. De même la mafia ne se contente plus de voler ; mais, elle propose au volé de récupérer son bien moyennant un prix inférieur au neuf[1]. Ce système lui permit d'accumuler des richesses, qui lui permirent ensuite d'acheter tous les juges de Sicile. En réalité un seul juge pouvait casser une décision de justice : lui-même, Don Vito[1]. Bientôt tous les députés lui sont également soumis et le préfet de Palerme lui-même l'invite à ses réceptions.
dans son organisation
L'organisation se fait autour de familles qui contrôlent des villages et des régions. Les familles se réunissent en groupes appelés COSCA qui choisissent la famille la plus puissante du clan au cours de réunions appelés consortiere (association). Cette famille devient le centre du COSCA (l'artichaut) ; les autres familles forment alors autour d'elle une gangue protectrice comme les feuilles de l'artichaut en protège le coeur. La Cosca Nostra est la cosca auqelle est rattachée une famille ; "cosca nostra" qui donnera "cosa nostra" (notre cause). L'ensemble de ces familles forment l'Onorata Societa (Société honorable)[4].
1909 : l'assassinat de l'inspecteur américain Petrosimo
Le mercredi 12 mars 1909[5][6], un policier américain arriva en Sicile pour enquêter sur la Main Noire, une organisation sicilienne qui organisait un racket outre-atlantique. L'inspecteur s'appelait Jack Petrosimo, et était lui-même d'origine italienne. Il fut introduit en Sicile par deux émigrés siciliens qu'il croyait avoir acheté. Mais, il avait sous-estimé la puissance du parrain don Vito. Averti de la venue de l'inspecteur, don Vito l'abattit en personne d'une seule balle sur la place Marina, devant le Palais de Justice de Palerme, à 13h32 précise[6] à l'aide d'un pistolet de cavalerie[7]. L'enquête n'aboutit pas. En effet, Don Vito au moment du meurtre était invité à dîner chez le député Petrani ; ce même député lui prêta sa voiture et son chauffeur qui le conduisirent place Marina ; devant le juge, le député affirma que don Vito n'était pas sorti de chez lui. Tous les domestiques de la maison confirmèrent[6]. Le corps de Petrosimo fut rapatrié à New-york où ses funérailles furent suivis par 200.000 personnes[8].
Le procès de Palerme (1915)
Calogero Vizzini (Calo) était un homme de don Vito. Inculpé trois fois pour meurtre, huit fois pour vol qualifié, et onze fois acquitté[9]... Il était le chef de la région de Villalba, Mussomeli et Caltanisetta[9]. En 1915, l'Italie entre en guerre, mais Vizzini est démobilisé grâce aux "amis". Il razzie alors littéralement la campagne, confisquant tout le blé, les fruits et le bétail et tuant tous les paysans récalcitrants[10]. L'armée italienne ayant prévu de réquisitionner tous les chevaux de l'île, Don Vito et Don Calo offrent leur protection aux propriétaires de chevaux désirant échapper à la réquisition : ils garderont leurs chevaux et les mafieux vendront des chevaux volés à la place. Don Vito et Don Calo touchent en leur nom l'indemnité, et au lieu de livrer des chevaux valides à l'armée, ils livrent des chevaux malades ou vieux ; les officiers récalcitrants qui refusent d'être achetés sont menacés de mort, et Don Vito et Don Calo arrivent donc à vendre à prix d'or de vieux canassons à l'armée italienne[11]. Rome envoya alors sur place le Général Moccia[12]. Ce dernier fit mettre aux arrêts quelques officiers et colonels compromis et ouvrit une enquête. Il recueillit de nombreux témoignages compromettant Don Vito[12]. Mais, le jour du procès, à Palerme, tous les témoins changèrent leur version des faits. Si bien que l'accusation tomba à l'eau, et le procès dut être annulé. Pire : les témoins qui s'étaient rétractés furent alors condamnés pour faux-témoignage ; et aucun mafioso ne fut condamné, alors que trois colonels et 5 commandants le furent (!)[12]. Don Vito échappait encore à la justice. Après cette déconfiture, l'armée concéda à Don Vito l'adjudication du fourrage pour l'armée et d'autres marchés encore [12]; la Sicile lui appartenait de fait.
Grand ami de Lucky Luciano, il meurt en prison lors d'un bombardement américain en 1943 en pleine Seconde Guerre mondiale. Il fut l'un des rares parrains mafieux à mourir de cause naturelle (crise cardiaque).
Notes
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.36
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.34
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.35
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.40-41
- Jacques Kermoal et Dominique Bartolomei, La mafia se met à table, Actes Sud, Paris, 1986, p.33.
- Jacques Kermoal et Dominique Bartolomei, La mafia se met à table, Actes Sud, Paris, 1986 p.40.
- Jacques Kermoal et Dominique Bartolomei, La mafia se met à table, Actes Sud, Paris, 1986, p.39.
- Bernhard Pfletschinger, Une histoire de la mafia, épisode 2, docu TV Arte, 55min., 2010.
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.37
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.38
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972,p.39
- J. Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972,p.40
Bibliographie
- Jacques Kermoal, "Le premier empereur mafioso", Historia hors-série n°28 novembre 1972, p.34-41.
- Jacques Kermoal et Dominique Bartolomei, La mafia se met à table, Actes Sud, Paris, 1986.
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