- Eva Joly
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Eva Joly Eva Joly, en juin 2011.Mandats Députée européenne Actuellement en fonction Depuis le 14 juillet 2009 Élection 7 juin 2009 Législature 7e Parlement européen Biographie Date de naissance 5 décembre 1943 Lieu de naissance Oslo (Norvège) Nationalité franco-norvégienne Parti politique Europe Écologie Les Verts Profession Juge d'instruction modifier Eva Joly, née Gro Eva Farseth[1] le 5 décembre 1943 à Oslo (Norvège), est une femme politique franco-norvégienne. Ancienne magistrate française[2], elle a instruit des dossiers politico-financiers tels que l'affaire Elf.
En 2009, elle est élue députée européenne dans la circonscription Île-de-France, sur la liste Europe Écologie. Elle est candidate officielle d'Europe Écologie Les Verts en vue de l'élection présidentielle de 2012.
Sommaire
Biographie
Jeunesse et formation
Gro Eva Farseth naît en 1943 à Motzfeldts gate (rue Motzfeldt), dans un quartier modeste d'Oslo[3], d'une famille issue de l'agriculture.
Gro Eva Farseth passe une partie de son enfance dans le quartier ouvrier de Grünerløkka (blanchisseries, boulangeries, meuneries, fabriques de voiles pour bateaux…), à Oslo, et en fréquente les écoles.
À 18 ans, après avoir fini troisième au concours de Miss Norvège[4], elle quitte son pays natal, avant d'exercer divers métiers : fille au pair, secrétaire chez Eddie Barclay, dactylo, couturière à domicile[5]. En 1967, elle épouse un étudiant en médecine, Pascal Joly, le fils aîné de la famille qui l'accueillait au pair (et cousin de Sylvie Joly), malgré l'opposition de ses futurs beaux-parents[6]. Ils ont deux enfants, Caroline, qui deviendra avocate et Julien, devenu architecte. Tout en poursuivant des études de droit, Eva Joly gagne sa vie comme styliste en décoration d'intérieur[3]. Quand son mari termine ses études de médecine, le couple s'installe à la campagne à Bouray-sur-Juine, près d'Étampes[3].
Eva Joly obtient une licence en droit et un DEA de sciences politiques[7] et devient conseillère juridique de l'hôpital psychiatrique d'Étampes. En 1980, elle passe le concours d'entrée dans la magistrature, et est reçue 30e[3]. À 38 ans, en 1981, elle est nommée substitut du procureur de la République à Orléans. En 1989, elle est détachée au Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), organisme rattaché au ministère des Finances, qui épaule les entreprises en difficulté dans les zones sinistrées. Elle en devient la première secrétaire générale adjointe à ne pas sortir de l'ENA. Elle est également auditrice de l'Institut des hautes études de défense nationale dont elle a suivi l'enseignement en 1996[8].
Affaire Elf
Article détaillé : Affaire Elf.Nommée en 1990 juge d'instruction au pôle financier au Palais de justice de Paris, elle instruit des affaires en vue, comme celle de Bernard Tapie, puis se voit confier le dossier Bidermann, qui conduit via Elf-Gabon à l'affaire Elf, qu'elle instruit avec Laurence Vichnievsky. Le 5 juillet 1996, Eva Joly fait incarcérer Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d'Elf et président en exercice de la SNCF. Puis elle ouvre les dossiers de l'affaire des frégates de Taïwan et de l'affaire Dumas-Deviers-Joncour. En 1998, elle met en examen Roland Dumas, président du Conseil constitutionnel qui est contraint à la démission. Condamné en première instance en 2001, il est relaxé en appel en 2003.
En pleine affaire Elf, Eva Joly est marquée par le suicide de son mari (dont elle était séparée) en 2001[9].
Elle est lauréate, pour le travail exceptionnel effectué dans cette affaire, du prix de l'intégrité décerné par l'ONG Transparency International[10].
Elle est l'une des initiatrices de la Déclaration de Paris avec l'ancien procureur de Genève Bernard Bertossa, le juge espagnol Baltasar Garzón, le juge italien Antonio Di Pietro (à l'origine de l'opération Mains propres), ou le Chilien Juan Guzmán, qui a inculpé Augusto Pinochet.
Retour en Norvège
Après l'affaire Elf, Eva Joly souhaite s'éloigner de la France. Elle explique son départ en Norvège comme un véritable exil pour se mettre à l'abri : « J'ai quitté la France. Je suis partie parce que je ne voulais laisser à personne les moyens et le temps de se venger »[11]. En 2002, elle se met en disponibilité de la magistrature pour devenir conseillère du gouvernement norvégien dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière internationale, déplorant au passage la complaisance en France pour les malversations financières.
En 2005, elle crée, avec l'appui du ministère des Affaires étrangères, le « Network », réseau privé de juges et d'enquêteurs engagés dans la lutte contre la corruption. Ses membres représentent notamment plusieurs pays en voie de développement auxquels le Network apporte non seulement un soutien psychologique et moral grâce aux échanges et réunions organisés régulièrement, mais aussi, à l'occasion, une aide matérielle, comme l'exfiltration d'un membre dont la sécurité serait menacée. Comme le disent certains membres du réseau, cette initiative unique et salutaire ne pourra réellement avoir un impact significatif que si une cour internationale est créée afin de poursuivre les criminels financiers, seule façon de faire appliquer les lois communes en vigueur[12].
Son nom est choisi par la promotion 2007 de l'École nationale de la magistrature. Dénonçant toujours la soumission de la magistrature au pouvoir politique, elle a critiqué le projet de Nicolas Sarkozy visant à dépénaliser le droit des affaires[13].
Enquête sur la crise financière en Islande
En mars 2009, Eva Joly est appelée par le gouvernement islandais pour servir en tant que conseillère spéciale dans une enquête sur une possible criminalité financière qui aurait aggravé la crise financière dans le pays[14]. Elle rend un rapport de 2 000 pages en janvier 2010. La chanteuse islandaise Björk estime que cette mission a constitué un apport immense pour son pays[15]. Eva Joly renonce ensuite à ce poste, la raison officielle de ce départ étant sa préparation à la campagne présidentielle française de 2012, comme candidate du mouvement écologique[16].
Engagement politique
Proche du Mouvement démocrate
Eva Joly est, en 2007-2008, proche du Mouvement démocrate[17]. Elle approche François Bayrou pour être tête de liste MoDem aux élections européennes[18], mais, ne recevant pas l'investiture souhaitée, elle ne donne pas suite. Elle expliquera plus tard ce départ en jugeant que François Bayrou « n'a pas de programme »[5].
Engagement écologiste
Voir les articles : Primaire présidentielle écologiste de 2011 et Élection présidentielle française de 2012.En octobre 2008, elle rejoint le rassemblement Europe Écologie[19], en deuxième position sur la liste des écologistes en Île-de-France en vue des élections européennes[20]. La liste conduite par Daniel Cohn-Bendit recueille 20,86 % des voix, et elle est élue députée européenne, le 7 juin 2009.
L'édition 2010 du prix Press club humour et politique lui est décernée pour sa formule « Je connais bien Dominique Strauss-Kahn : je l'ai mis en examen »[21].
Dès 2010, elle annonce son intention de se présenter sous les couleurs écologistes à l'élection présidentielle française de 2012[22],[23]. Eva Joly est considérée comme la favorite de la primaire écologiste[24] jusqu'à la déclaration de candidature de Nicolas Hulot. Elle bénéficie du soutien de certains Verts de premier plan, mais pas de la direction[25]. Elle arrive cependant en tête du premier tour, fin juin 2011, manquant de l'emporter à 63 voix près. Le 12 juillet 2011, elle est proclamée vainqueur de la primaire avec 58,16 % des voix face à Nicolas Hulot : Eva Joly devient ainsi la candidate officielle d'Europe Écologie Les Verts pour l'élection présidentielle de 2012[26].
En 2011, elle soutient officiellement le chef Raoni dans sa lutte contre le barrage de Belo Monte[27].
Bibliographie et filmographie
Ouvrages rédigés par ou avec Eva Joly
- Notre affaire à tous (avec la collaboration de Laurent Beccaria, éd. Les Arènes, Paris, 2000 (rééed. « Folio documents », Gallimard, Paris, 2002) (ISBN 2-912485-18-5)
- (no) Korrupsjonsjeger: Fra Grünerløkka til Palais de Justice, Aschehoug (2001) (ISBN 978-2702846995)
- L'Abus de biens sociaux à l'épreuve de la pratique, éditions Economica, 2002 (ISBN 2-7178-4389-2)
- Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, éd. Les Arènes, Paris, 2003 (rééd. « Folio documents », Gallimard, Paris, 2004) (ISBN 2-912485-48-7)
- (de) Im Auge des Zyklons, Riemann I. Bertelsmann Vlg, 2003 (ISBN 3-570-50051-9)
- * La Force qui nous manque. Petit traité d'énergie et d'orgueil féminin (avec la collaboration de Judith Perrignon), témoignage, éd. Les Arènes, Paris, 2007 (ISBN 2-35204-035-3)
- Des héros ordinaires (avec Maria Malagardis), éd. Les Arènes, Paris, 2009 (ISBN 978-2-35204-085-9)
- Les Yeux de Lira, avec Judith Perrignon, mai 2011, édition Les Arènes (ISBN 978-2-35204-150-4)
Autres livres
- Eva ou La justice est un roman, de Marie-France Etchegoin et Matthieu Aron, éd. Robert Laffont, Paris, 2002.
Films
L'affaire Elf a inspiré les auteurs de fictions :
- Les Prédateurs, téléfilm de Lucas Belvaux (2007)
- Téléfilm en deux épisodes produit par Canal+, fiction sur l'affaire Elf, Nicole Garcia y joue le rôle d'Eva Joly. Eva Joly a « adoré ce film » qui « rend bien compte de ce qui s'est passé »[28].
- L'Ivresse du pouvoir, film de Claude Chabrol (2006)
- En 2006, le cinéaste Claude Chabrol s'est inspiré de l'affaire Elf et de la vie d'Eva Joly pour son film L'Ivresse du pouvoir. Eva Joly a critiqué le film comme « un petit théâtre de mœurs qui conforte chacun dans l'immobilisme », et souligné que dans la réalité, « des circuits financiers occultes d'une ampleur sans précédent en Europe ont été découverts. La justice a apporté la preuve de détournements massifs (jusqu'à 150 millions d'euros) par les dirigeants de la firme, en grande partie pour leur usage personnel. Elle a éclairé les citoyens sur les pratiques corruptrices entre les pays développés et ceux en voie de développement. » Elle a estimé que le film réduisait l'enquête à « une suite de clichés » et regretté que Claude Chabrol ait selon elle violé l'intimité de sa vie privée, ajoutant lors de la promotion du film « des détails sordides et erronés sur [sa] vie personnelle »[29].
Notes et références
- « Eva Joly, meilleure chance d'Europe Ecologie pour 2012 ? », 31 mars 2010, Le Post. David Servenay, article
- Arrêté du 9 mars 2006 portant admission à la retraite (magistrature), Journal officiel no 64 du 16 mars 2006, page texte n° 76, NOR: JUSB0610154A. Ministère de la Justice,
- Gilles Gaetner, « L'inflexible », dans L'Express, 23/10/2003 [texte intégral]
- Eva Joly, Judith Perrignon, La Force qui nous manque, 2007.
- Sylvia Zappi, « Eva Joly, la nouvelle égérie écolo », dans Le Monde, 14 août 2010 [texte intégral (page consultée le 21 août 2010)]
- http://www.politique.net/2008092903-portrait-eva-joly.htm Eva Joly : de la justice à la politique], 29 septembre 2008.
- Portrait : Eva Joly, TF1 NEWS, Marlène Andrezo, 30 octobre 2008
- Discours de clôture d’Eva Joly lors des journées d’été d'Europe Ecologie, 20 août 2011.
- L'Express, lundi 23 août 2010
- Integrity Awards winners 2001
- Quatrième de couverture de La Force qui nous manque.
- Le Monde, 23 mars 2009.
- Le Monde, 13 septembre 2007, p. 11.
- "Eva Joly, icône au pays des Vikings", Challenges, 12 mars 2009.
- Gilles Médioni, « Björk plébiscite Eva Joly », dans L'Express, 17 novembre 2010 [texte intégral (page consultée le 2011-07-17)]
- (en) Eva Joly quits Iceland bank crash investigation, Icenews, 13 octobre 2010.
- « Européennes : Eva Joly possible candidate », dépêche AFP, 8 juin 2008.
- « Hulot : “Eva Joly avait demandé à François Bayrou d’être tête de liste aux européennes” », Le Parisien, 10 juin 2011.
- '« Pourquoi je rejoins le Rassemblement »
- Eva Joly rejoint Cohn-Bendit et l’union des écolos pour l’Europe, Libération, 17 septembre 2008.
- « Eva Joly lauréate 2010 du prix humour et politique », Libération, 20 septembre 2010.
- « Cécile Duflot ne souhaite pas être candidate à la présidentielle de 2012 », Le Nouvel Observateur, 19 août 2010.
- « Europe Ecologie : Eva Joly fait un pas de plus vers 2012 », Le Figaro, 15 août 2010.
- « Derrière le consensus écolo pour Eva Joly, des tensions demeurent », Le Monde, 18 août 2010.
- Julien Bayou, Marie-Christine Blandin, Pascal Canfin, Yves Contassot, Karima Delli, François de Rugy, Yannick Jadot, Alain Lipietz, Noël Mamère, Caroline Mécary, Michèle Rivasi, Dominique Voynet, Hélène Flautre, François Alfonsi, Lucile Schmid, Andrée Buchmann, cf. Rodolphe Geisler,Primaire écolo : Joly et Hulot comptent leurs soutiens, Le Figaro, 14 juin 2011
- « Primaire écologiste : Eva Joly l'emporte par 58 % des voix », Le Monde, 12 juillet 2011.
- http://www.raoni.fr/actualites-100.php
- « La juge Eva Joly et l'actrice Nicole Garcia parlent des “Prédateurs” », Télérama, 15 octobre 2007.
- Claude Chabrol a rétréci l'affaire Elf, Le Monde, 17 mars 2006
Liens externes
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