Humain moderne

Humain moderne

Homo sapiens

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Homo sapiens
Homme et femme sur la plaque de Pioneer
Homme et femme sur la plaque de Pioneer
Classification classique
Règne Animalia
Sous-règne Eumetazoa
Super-embr. Deuterostomia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Primates
Sous-ordre Haplorrhini
Infra-ordre Simiiformes
Micro-ordre Catarrhini
Super-famille Hominoidea
Famille Hominidae
Sous-famille Homininae
Tribu Hominini
Genre Homo
Nom binominal
Homo sapiens
Linnaeus, 1758
Statut de conservation IUCN :

LC : Préoccupation mineure
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

Répartition géographique
Densité de population humaine dans le monde en 1994

Densité de population humaine dans le monde en 1994

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Homo sapiens[1], « homme sage » en latin, est une espèce de primate appartenant à la famille des hominidés. Plus communément appelé « homme », « humain », ou encore « être humain », il est le dernier représentant actuel du genre Homo[2].

D’un point de vue physiologique, il se distingue des autres hominidés[3] par sa bipédie, son cerveau plus volumineux, et son système pileux moins développé[4],[5].

D'un point de vue éthologique, l'être humain se distingue par l'extrême complexité de ses relations sociales, son utilisation d'un langage complexe transmis par apprentissage, la domestication du feu et de nombreuses espèces végétales et animales, la faculté à fabriquer des outils, ainsi que l'aptitude de son système cognitif à l'abstraction et l'introspection.

Plus généralement, il se distingue de toute autre espèce animale par la complexité de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il opère sur les écosystèmes[6].

La science qui étudie l'homme sous tous ses aspects est l'anthropologie.

Sommaire

Appellation

Appellations courantes

Le mot français « homme » est une évolution du latin hominem, accusatif de homo, et se réfère avant toute chose à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble (le nominatif homo a donné en français le pronom indéfini on[7]).

Le mot « homme », dans une deuxième acception, désigne aussi l'individu mâle (le latin classique utilisait, en ce sens, le mot vir, d'où dérivent les mots français viril, virilité). L'individu femelle est, quant à lui, dénommé « femme » (du latin femina).

Les termes « garçon » et « fille » désignent respectivement les hommes et les femmes sous leurs stades infantiles ou pubères.

On emploie aussi le terme « Humanité », au singulier et avec une majuscule, pour parler de l'espèce humaine dans son ensemble, ou pour désigner l'ensemble de la population humaine.

Certaines langues font la distinction entre l'homme « être humain » et l'homme « individu mâle » : par exemple le latin (homo = être humain et vir = être humain mâle), l'allemand (Mensch = être humain et Mann = être humain mâle). En français, certains dialectes (dont celui de France) utilisent indistinctement le terme « homme » tantôt pour parler du mâle, tantôt pour parler de l'espèce, alors que d'autres (comme celui du Québec) préféreront les termes génériques « personne » et « humain » pour désigner un membre de l'espèce et réserveront la dénomination « homme » pour parler du mâle humain adulte[8].

Enfin, on peut mentionner l'emploi de la majuscule (Homme) pour distinguer l'espèce Homo Sapiens de l'être humain mâle (homme).

Nom scientifique

La dénomination binomiale complète de l'espèce humaine est : Homo sapiens, Linné 1758.

La signification des différents éléments de cette dénomination est la suivante :

  • Homo est un mot latin au nominatif (avec majuscule et en italique) qui signifie « homme » en français. Il désigne ici le genre biologique.
  • sapiens est un adjectif latin (avec minuscule et italique), qui signifie en français : intelligent, sage, raisonnable ou encore prudent. Il désigne ici l'espèce.
  • Linné est le nom du scientifique qui a nommé et décrit l'espèce.
  • 1758 est l'année de l'appellation.

Toutefois, en pratique, le nom et l'année sont rarement précisés.

Jusqu'en 2003, l'espèce Homo sapiens était subdivisée en deux groupes distincts, considérés comme deux sous-espèces, dont l'une était l'espèce humaine actuelle, et l'autre, une espèce cousine éteinte, celle de l'homme de Néandertal. Comme pour toute sous-espèce la conséquence terminologique a été de créer des noms trinomiaux en rajoutant un adjectif, toujours latin (et en italique), après le nom d'espèce. C'est ainsi que l'espèce humaine était appelée Homo sapiens sapiens. Bien que souvent encore entendue, cette terminologie n'est plus en vigueur pour la majorité des scientifiques. En effet, n'étant pas une terminologie constitutive, mais référentielle, elle est le réceptacle évolutif qui reflète l'état des connaissances et la place de l'homme dans la compréhension que celui-ci a du monde : de nouvelles connaissances ou une nouvelle compréhension pourront produire une nouvelle classification, qui pourra conduire à une nouvelle dénomination.

Le principal avantage de cette terminologie est, depuis Linné, d'avoir offert un langage commun. Par delà les noms vernaculaires propres à chaque langue pour désigner l'espèce humaine ou les membres de celle-ci : Human, Mensch, Ser humano… et parfois multiples au sein d'une même langue : l'espèce humaine, l'homme, l'humain ; Homo sapiens se présente comme un vocable de référence, certes de nature scientifique, mais qui a su par ailleurs acquérir une notoriété dépassant celle du jargon.

Description physique générale

La Baigneuse, peinture de William Bouguereau, montrant plusieurs des caractères sexuels secondaires féminins

Homo sapiens est un primate qui se tient debout, la colonne vertébrale étant redressée.

La hauteur d'un individu adulte est généralement comprise entre 1,40 et 2 m, mais peut varier d'environ 80 cm à environ 2,50 m dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme.

Par rapport aux autres espèces de primates, sa pilosité est beaucoup moins importante[4]; celle-ci étant essentiellement limitée à certaines parties du corps, notamment le cuir chevelu. C'est chez l'individu masculin adulte que la pilosité est en général la plus importante.

La femme présente d'ailleurs des caractères sexuels secondaires uniques chez les primates[9] : chevelure particulièrement longue, en contraste avec le manque de pilosité du reste du corps, organes mammaires proéminents même en dehors des périodes de gestation et d’allaitement, étroitesse prononcée de la taille, et haute tessiture vocale. À plus d’un titre, son anatomie caractérise plus l’espèce humaine que celle des hommes.

La couleur de la peau humaine est variable (noire, marron, beige ou rosée). La couleur sombre constitue dans de nombreuses régions du globe une adaptation génétique à une insolation importante[10].

La peau humaine se ride, s’amincit et perd son élasticité avec l’âge[11].

L’Homme porte généralement des vêtements, recouvrant en général au moins les parties génitales[12]. Il peut aussi porter des accessoires divers comme des lunettes ou une canne.

Régime alimentaire

Homo sapiens est omnivore. Il est incapable de digérer la cellulose.

Initialement chasseur-cueilleur, les humains forment pour la plupart depuis le néolithique des sociétés de producteurs basées sur agriculture et l’élevage.[réf. nécessaire] De nos jours, les hommes consomment une grande diversité d’aliments, aussi bien végétaux qu’animaux, mais la base de leur alimentation est constituée de féculents, issus en particulier de deux céréales domestiques : le blé et le riz.

Comportement

L’homme est un animal diurne, même s’il peut se tenir éveillé la nuit. Son rythme circadien n'est d'ailleurs pas tout à fait ajusté à la durée du jour[réf. nécessaire].

Comme tous les hominidés[13], l’homme manifeste un comportement social complexe et dispose d'aptitudes à la communication telles qu'une expressivité faciale, accentuée chez lui par la mobilité des sourcils qu'offre l'absence de bourrelet sus-orbitaire[4]. Il est en plus capable de vocaliser un langage articulé complexe, dont l'usage exact, appelé « langue[14] », se transmet de façon culturelle.

L’homme dispose aussi d’un réflexe respiratoire et nerveux, appelé rire, qui semble inné, propre à l’espèce[15], permettant d’exprimer la joie ou l’incongruité d’une situation, doté d’un pouvoir communicatif, et faisant office de signal d’apaisement dans une situation éventuellement conflictuelle. Le rire possède une version atténuée se limitant à une expression faciale, appelée sourire, qui semble ne pas avoir d'équivalent non plus chez les autres hominidés[16], et qui, contrairement au rire, peut être déclenché de façon consciente[4], ce qui lui fait jouer un rôle particulier dans les conventions sociales[17].

Les humains sont aussi capables de pleurer, surtout dans les premiers stades de leur vie.

Les humains forment des sociétés complexes et souvent hiérarchisées, dont le fonctionnement est essentiellement basé sur une répartition des activités qui peut prendre la forme de la division du travail. Au sein de ces sociétés, chaque individu peut avoir des moyens de subsistance extrêmement variés, qui dépendent du type de société dont il s’agit, et de la position hiérarchique qu’il y occupe[18].

Enfin, comme tous les primates, l’homme est doté de pouces opposables lui permettant de saisir et manipuler des objets. Mais chez l’homme, les mains sont particulièrement efficaces et couplées à des capacités cognitives importantes.

Aptitudes physiques

Usain Bolt, détenteur de trois records du monde : 100 m (9 s 58), 200 m (19 s 19) et 4 x 100 m (37 s 10).

L’homme, parfaitement bipède, se déplace essentiellement selon deux allures: la marche essentiellement, à une vitesse de quelques km/h, et la course à des vitesses comprises entre 6 et 30 km/h. Après un entraînement, certains sont capables, départ arrêté, de parcourir cent mètres en moins de dix secondes.

Son absence de pelage contribue à sa thermorégulation en favorisant la sudation.

Cette aptitude à la marche, déjà présente chez Homo erectus, a très certainement contribué aux premières colonisations des différents continents[19].

L’homme peut également de manière occasionnelle, selon les situations, ramper, grimper, sauter, nager.

Les aptitudes physiques de l’être humain présentent un dimorphisme sexuel : la puissance musculaire et l’endurance des femmes étant inférieures à celles des hommes[20].

Systèmes sensoriels

Vision

L’œil humain permet une vision trichromatique, probablement en raison de ses lointaines origines arboricole et frugivore[21][4].

Ouïe

Le système auditif constitué par l'oreille capte des sons dont les fréquences s'étalent de 20 à 20 000 hertz.

Capteurs chimiques

Homo sapiens, comme la plupart des vertébrés, est capable de détecter des molécules dans l'air et dans un aliment, grâce à des récepteurs situés respectivement dans les fosses nasales qui captent les odeurs et les arômes (olfaction), et sur les papilles gustatives de la langue, qui captent les saveurs. L'hypothèse de l'existence de phéromones humaines n'est pas exclue, bien que, chez Homo sapiens, l'organe voméro-nasal ne soit pas considéré comme actif puisqu'il n'est pas nerveusement relié au système nerveux central[22].

Aptitudes cognitives

Premiers pas d’un Homo Sapiens sur la Lune lors du programme Apollo, aboutissement de l’essor des capacités techniques humaines

De tous les animaux à système nerveux central, l’homme est probablement celui qui a le cerveau le plus développé et performant[23]. C’est probablement cette particularité qui explique son succès évolutif.

L’homme est capable d’appréhender les règles qui organisent le monde qui l’entoure, de près comme de loin : du mouvement des astres aux lois qui structurent la matière, en passant par les règles qui organisent l’espace et les principes nécessaires à l’induction.

Plus précisément, on peut dire que depuis le milieu du XXe siècle[24], Homo sapiens est capable d’appréhender toutes les règles qui régissent l’organisation du monde visible, à l’exception de celles qui sont à l’origine des forces subatomiques, et des raisons qui font que la matière courbe l’espace-temps[25][26].

Cette aptitude à comprendre le monde s'est traduite, au cours des deux derniers millénaires, par l'accumulation d'un ensemble de connaissances appelées sciences, et le développement d'outils divers appelés technologies.

Les capacités cognitives d’Homo sapiens présentent elles-aussi un certain dimorphisme sexuel : il est avéré notamment que les femmes sont plus aptes à maîtriser les subtilités du langage et ont plus d’adresse manuelle, alors que les hommes sont plus performants en matière d’orientation dans l’espace et de raisonnement logique [27][28].

Reproduction

Une femme enceinte
humain en bas-âge. On remarquera à la fois le sourire et la chevelure déjà imposante

La femme est nubile de la ménarche, qui survient en général entre 11 et 13 ans (parfois dès l’âge de 10 ans), jusqu’à la ménopause qui survient, elle, entre 40 et 50 ans (certaines femmes sont ménopausées dès l’âge de 35 ans). Il est important de noter que la ménopause n’existe chez aucune autre espèce de primate[9][29], et aurait eu en fait un certain avantage évolutif[30] au cours de l'hominisation.

Le cycle ovarien dure environ 28 jours, et est marqué par les menstruations. Contrairement à la plupart des femelles primates, la femme ne manifeste pas de chaleurs, et la période de meilleure fécondité n'est donc pas décelable par les mâles[4][9]. Cependant, il est avéré que le comportement des femmes, en particulier lors de la recherche d'un partenaire sexuel, est sensiblement différent pendant l'œstrus[31].

Les garçons atteignent leur maturité sexuelle entre 12 et 15 ans. L’andropause, équivalent masculin de la ménopause, n’existe pas[9].

Les hommes et les femmes, à l'instar des bonobos ou des chimpanzés, peuvent pratiquer le coït de façon ludique ou sociale, ou avoir des pratiques sexuelles à visée non reproductive, comme l'homosexualité ou la sexualité orale, mais le plus souvent l'acte sexuel est l'aboutissement d'une relation à forte implication émotionnelle[4], prélude à une union à long terme visant à la fondation d'une famille.

Si chez l'humain il n'existe pas à proprement parler de parade nuptiale, l'attrait des adolescents et des jeunes adultes pour la musique et pour la danse, qui semble être inné et universel, en tient manifestement lieu.

Du fait de sa station debout, la femme dissimule ses parties génitales. Des théories quelque peu controversées[32] émettent l'hypothèse que la femme parviendrait néanmoins à exciter sexuellement l'homme en exhibant sa poitrine et ses lèvres, dont les formes, inhabituelles pour une femelle primate, auraient évolué pour évoquer respectivement celles de ses fesses et de sa vulve[9][33].

Chez l'être humain, le coït est le plus souvent nocturne et fait l'objet de préliminaires[4].

La gestation chez la femme est appelée grossesse, et dure neuf mois. Une femme gravide est dite enceinte. La grossesse est le plus souvent monoembryonnaire, même si une grossesse sur quarante[réf. nécessaire] est gémellaire. La parturition, quant à elle, est appelée accouchement. L'accouchement s'effectue le plus souvent dans la douleur, en raison du volume de la boîte crânienne de l'enfant, et de l'étroitesse relative du bassin, requise par la locomotion bipède[34]. Le placenta est comestible, mais rarement consommé.

À la naissance le petit est complètement dépendant de sa mère. Cette dernière l'allaite pendant plusieurs mois, parfois plus d'une année, et le garde à ses côtés au moins jusqu'à la puberté.

Même s'il existe des exceptions, Homo sapiens possède une très forte tendance monogame[4]. Les couples forment le plus souvent la base de la structure familiale et sociale, s'établissent dès la puberté et durent en général jusqu'à la mort. Cette tendance s'explique par le très fort investissement que nécessite la protection et l'éducation des enfants, rendant nécessaire d'un point de vue évolutif la cohésion du couple. Il s'agit là encore d'un caractère distinguant l'homme des autres hominidés.

Cette tendance monogame est cependant contrariée par l'indiscernabilité évoquée de l'œstrus et par les différences mentionnées de comportements pendant cette période[9][31]. Ces caractéristiques permettent en effet à la femme de diversifier son apport en matériel génétique extérieur, tout en bénéficiant du soutien et de l'apport en ressources de l'homme avec lequel elle a établi un foyer[4][35][36].

Culture

La Dame de Brassempouy, l'une des plus anciennes sculptures connues représentant une tête humaine

Homo sapiens manifeste une activité culturelle variée, qui se présente notamment sous forme de:

  • rites, de croyances,
  • de connaissances et de savoir-faire techniques et scientifiques: pratiques agricoles par la domestications de différentes espèces animales et végétales, amélioration de l'habitat, soins médicaux...
  • sous forme de pratiques et d'objets artistiques.

On admet qu'il existe des cultures simples chez les autres primates actuels ( méthode de toilettage, outils à termites...). Mais ce n'est que dans l'espèce humaine, que l'on constate une modification de la culture avec un aspect cumulatif[37], ce qui lui permet d'atteindre un haut niveau de complexité.

Tous les humains ne partagent pas la même culture. On peut toutefois trouver une certaine homogénéité culturelle dans un même groupe, appelé peuple. L'étude de ces peuples et de leurs différentes caractéristiques est l'objet de l'ethnologie.

Les premières cultures techniques qui ont permis de confectionner les premiers outils ont fait leur apparition bien avant Homo sapiens. Voir Industrie lithique. De même pour la maîtrise du feu. Les premiers rites funéraires sûrement liés à des croyances, les premiers objets artistiques, décoratifs sont attribués à Homo neanderthalensis[38]. En revanche, l'art rupestre et les premières représentations humaines font leur apparition au cours du paléolithique supérieur chez l'espèce humaine moderne.

Premières représentations de Homo sapiens

Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'homme de Néandertal durant le Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines authentifiées comme telles sont le fait d’Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), faciès culturel le plus ancien et attribuable à l'homme en Europe, sont associées les statuettes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. On note aussi dans l'art pariétal, comme à la grotte Chauvet, la représentation de vulves féminines ainsi que d'individus mi-homme mi-bison[39]. Puis au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites Vénus paléolithiques. Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.

Culture et biologie humaine

Certains aspects de la culture humaine, notamment la médecine, et les connaissances scientiques et techniques, influencent les processus biologiques et reproductifs, et ont un impact sur l'espérance de vie ou la fécondité, et in fine sur la démographie[40].

Origines

Article détaillé : Histoire évolutive des homininés.
Évolution simplifiée de la lignée humaine (Dates approximatives en années)

Les recherches en paléoanthropologie, ainsi que des études en génétique[41], aboutissent à l'idée que la population originelle pour tous les humains se situait en Afrique, il y a très approximativement 200 000 ans.

Les premiers représentants du genre Homo seraient, quant à eux, apparus il y a environ 2,5 Ma.

Un aspect de ce processus évolutif supposé est la modification héréditaire du phénotype consistant en une persistance des caractères juvéniles à l'âge adulte, appelée néoténie, et dont on peut, encore de nos jours, voir des indices à travers la physiologie et l'éthologie humaine — à préciser —[4].

Fossiles humains

La paléoanthropologie classe les ossements fossiles d'hominidés parmi ceux d’Homo sapiens, lorsque leurs morphologies satisfont aux critères suivant :

De plus, ces caractères propres doivent être combinés à d'autres caractères comme un volume cérébral important: entre 1 400 cm3 et 1 600 cm3 [42].

Les plus vieux ossements retrouvés sont deux crânes datés de -195 000 ans, et appelés Omo 1 et Omo 2. Viennent ensuite ceux de l'homme d'Herto encore appelé Homo sapiens idaltu, datés d'environ -154 000 ans, puis les ossements de Qafzeh et Skhul en Israël/Palestine datés respectivement de -97 000 et -80 000 ans.

Les plus célèbres sont ceux de l'homme de Cro-Magnon, datés de -35 000 ans et découverts en France.

Un autre représentant du genre Homo, Homo neanderthalensis, a fait son apparition en Europe il y a 250 000 ans, et a été contemporain d'Homo Sapiens jusqu'à sa disparition, il y a environ 28 000 ans. On ignore presque tout de la nature de leurs relations.

« L'homme de Cro-Magnon » est un représentant des premiers Homo sapiens en Europe (-35 000 ans)

L'homme moderne et ses ancêtres immédiats ne sont plus considérés comme des Homo sapiens sapiens, selon l'ancienne dénomination trinomiale, mais comme des Homo sapiens, dont ils sont les seuls représentants[43].

L'apparition de l'espèce humaine

Du point de vue scientifique, l'apparition de l'homme résulte d'une évolution biologique à partir d'espèces ancêtres, d'abord des eucaryotes, puis des vertébrés, des tétrapodes et aussi des mammifères arboricoles présentant une allure générale semblable aux singes actuels. Cette évolution depuis notre ancêtre commun le plus récent avec les chimpanzés est relativement bien documentée grâce aux fossiles, bien que des lacunes importantes existent[44]; le fait que les deux espèces de chimpanzé, Pan troglodytes et Pan paniscus, soient considérés comme les espèces vivantes les plus proches de l'Homme est aussi établie par la phylogénétique.

Les séparations des lignées ayant mené aux différentes espèces de primates actuels, dont le genre Homo, se sont produites de manière successive. La séparation la plus récente entre la lignée humaine et celle d'une autre espèce de primate a été la bifurcation des Homininés en Hominines (lignée humaine) et Panines (lignée des chimpanzés). Selon David Reich de la Harvard Medical School à Boston, cette séparation s'est faite il y a moins de 6,3 Ma[45]. Toutefois, ces travaux indiquent également que cette séparation a été progressive, car la comparaison des séquences des chromosomes X de l’Homo sapiens et du chimpanzé montre des similitudes qui semblent refléter une période de hybridation entre des Hominines et des Panines. Une hybridation significative entre au moins une espèce de chimpanzé d'une part, des espèces d'australopithèque et probablement des espèces d'homme d'autre part, conduisant à des échanges de gènes entre les deux tribus, a dû exister pendant peut-être quatre millions d'années selon les auteurs de ces travaux.

Les mécanismes orientant cette évolution ne sont pas encore entièrement compris, mais la sélection naturelle semble avoir joué un rôle important : l'environnement aurait guidé notre évolution récente bien que les facteurs environnementaux responsables n'ont pas encore tous été identifiés.

Les théories scientifiques se sont d'abord centrées sur l'évolution de la taille du cerveau qui aurait précédé en temps les autres évolutions adaptatives de l'être humain (théorie du singe au gros cerveau). Toutefois, la découverte de Lucy qui avait une démarche déjà bipède mais un cerveau de faible volume vint infirmer cette hypothèse, la bipédie étant de loin plus ancienne voire archaïque tandis que l'augmentation du volume cérébral étant un phénomène plus récent. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,75 Ma (trouvées à Laetoli en Tanzanie) montrent une bipédie archaïque. Des empreintes comparables aux nôtres datant de 1,51 à 1,52 Ma (trouvées au Kenya à Ileret)[46].

Place sur la Terre

Démographie humaine depuis 12 000 ans.

Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, Homo sapiens prospère sur tous les continents, à l'exception notable de l'Antarctique, et sur toutes les latitudes.

Il ne connait aucun prédateur[réf. nécessaire].

Son effectif actuel est estimé à 6,785 milliards au 21 septembre 2009[47].

Articles détaillés : Population mondiale et Histoire du monde.

Impact sur l'environnement

Homo sapiens exerce un impact important sur son environnement, essentiellement du fait de ses activités agricoles et industrielles.

Son besoin en surfaces agricoles l'a amené et l'amène encore à déforester, ce qui a tendance à provoquer la réduction voir la destruction complète du milieu de vie de nombreuses espèces animales et végétales. Ce phénomène est notamment connu pour ce qui concerne les forêts tropicales et humides telles que celles d'Amérique du Sud et d'Indonésie.

L'agriculture moderne, quant à elle, fait un usage intensif de pesticides et de désherbants, dont l'innocuité sur la qualité des sols ne fait pas l'unanimité[réf. nécessaire].

Concernant l'industrialisation, elle pose essentiellement problème du fait de son usage intensif d'énergies fossiles, qui par leur combustion dégagent des gaz dits à effet de serre, risquant ainsi de contribuer au réchauffement climatique.

Place dans le monde vivant

Classification biologique

Les espèces actuellement les plus proches de l'humain sont les deux espèces de chimpanzé : Pan troglodytes (le chimpanzé commun) et Pan paniscus (le bonobo). Dans leur proximité phylogénétique à l’homme viennent ensuite le gorille et l'orang-outan. Le génome des humains ne diffère que de 0,27 % de celui des chimpanzés, et de 0,65 % de celui des gorilles. Ces chiffres conduisent à estimer que notre lignée s'est séparée de celle des chimpanzés il y a environ cinq millions d'années, et des gorilles il y a environ sept millions d'années.

La démarche phylogénétique part de l'idée que la vie évolue des formes les plus simples aux plus organisées, avec acquisition de plus en plus de caractéristiques nouvelles, même si des pertes secondaires de caractères peuvent se produire au sein des lignées. Ainsi, l'espèce humaine fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés dont chacun est caractérisé par un caractère nouveau, qui se rajoute à ceux déjà accumulés. Notre espèce est classée dans :

Dans le groupe des primates, Homo sapiens fait partie[48] des :

Parmi toutes les espèces citées ci-dessus, aucune n'est « inférieure » à aucune autre. Seuls les degrés de parenté diffèrent, en allant des espèces les plus éloignées jusqu'aux espèces les plus proches de nous.

Préjugé anthropocentrique

On entend souvent : « l'homme descend du singe ». Cette phrase est en fait fausse : l'humain partage avec les singes actuels des ancêtres communs, qu'on ne connaît pas encore. L’Homo sapiens serait en fait l'espèce actuelle la plus proche des chimpanzés, et inversement. Donc, parmi toutes les espèces vivantes actuelles, il n'existe aucun ancêtre, mais simplement des espèces qui sont plus ou moins apparentées entre elles. Du point vue scientifique, les humains ne sont pas « plus évolués » que les chimpanzés. Ils ne sont pas « supérieurs » aux autres êtres vivants, ni aux singes, ni aux bactéries ; chaque espèce est adaptée à son milieu. Parler en termes de supériorité d’une espèce relève de jugements de valeur.

Selon Jean-Marie Schaeffer[49], on a longtemps estimé, en sociologie et en philosophie, que l'espèce humaine était à part dans le monde vivant. Dans son ouvrage La fin de l'exception humaine, il estime que l'espèce humaine doit être considérée de la même manière que les autres espèces « pour appréhender la complexité de notre psychisme et de nos relations sociales ».

Le propre de l'homme ?

Article détaillé : Humanité.
Rembrandt, La leçon d'anatomie du professeur Tulp ou la diversité des émotions de l'homme

La notion du propre de l'homme relève à la fois de la philosophie et de la science, notamment la paléoanthropologie et la sociobiologie, et a une grande importance religieuse.

Les plus anciennes traces de réflexion sur la spécificité de l'homme remontent à l'Antiquité. Par la suite, à de nombreuses reprises, les scientifiques et les penseurs ont tenté de définir le propre de l'homme par des caractéristiques anthropocentriques aujourd'hui dépassées[50] :

«  Ainsi, même dans le cadre des théories modernes de l'évolution, qu'on appelle néodarwinisme ou théorie synthétique de l'évolution - terme inventé pas Julian Huxley - et qui domine la pensée évolutionniste entre 1947 et 1977, les évolutionnistes s'efforcent de réserver une place à part à l'homme, étant entendu que si son corps à évolué, il reste que ce qui fait l'humain échappe aux lois de l'évolution[51]. »

Durant les développements de la science moderne, les « spécificités » avancées comme étant propres à l'homme ont tour à tour été remise en question. Ainsi, il fut avancé que le propre de l'homme était l'usage de l'outil, et il fut aussi question de la culture, qui semblait seulement exister chez notre espèce animale. Toutefois, les découvertes récentes montrent que les grands singes manient eux aussi des outils, et sont capables de transmettre des éléments de culture. Le caractère bipède exclusif de l'homme est lui aussi remis en question : la bipédie aurait pu préexister parmi l'ancêtre commun des hominoïdes, dans ce cas ce n'est pas la lignée humaine qui aurait acquis la bipédie, mais ce seraient les lignées existantes de grands singes qui l'auraient perdue. Le rire a lui aussi été souvent présenté comme étant le propre de l'Homme mais de nombreuses recherches le montrent comme appartenant également aux grands singes et même aux rats[52].

Du point de vue de la biologie, cette question peut sembler peu pertinente si l'on prend l'angle d'approche de la sociobiologie : elle est « évidente » par sa présence. Par contre, la paléoanthropologie apporte une réponse intéressante à la question, tout en se concentrant sur les aspects biologiques de l’Homo sapiens. Une citation de Pascal Picq résume cette position scientifique :

«  L'humain est bien une invention des hommes, qui repose sur notre héritage évolutif partagé, mais n'est pas une évidence pour autant. Homo sapiens n'est pas humain de fait.[53] »

Selon Rolf Schäppi[9], les caractéristiques distinguant l'homme des autres primates sont à chercher chez la femme. La femelle humaine présente en effet diverses caractéristiques anatomiques tout à fait exceptionnelles : forme étroite du bassin, existence d'une ménopause, nombreux caractères sexuels secondaires, en particulier une chevelure démesurément longue, pilosité particulièrement ténue, faible pigmentation relative de la peau par rapport aux hommes, etc.

Caractéristiques physiques

L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :

  • expansion de la boîte crânienne et du volume du cerveau, en moyenne 1 400 cm3 (plus de deux fois celui des chimpanzés ou des gorilles). Pour certains anthropologues, la modification de la structure du cerveau est plus importante encore que l'augmentation de sa taille ;
  • diminution de la taille des canines ;
  • locomotion bipède, marche ; toutefois pour certains anthropologues, l'aptitude à courir est plus importante que l'aptitude à marcher.
  • descente du larynx, ce qui permet le langage articulé.

Les liens entre ces éléments, leur valeur adaptative, et leur rôle dans l'organisation sociale est sujet à débat parmi les anthropologues. La taille moyenne des hommes, aujourd'hui[Quand ?], en France, est de 1,75 m, et celle des femmes de 1,62 m, pour des masses respectives moyennes de 75 et 61 kg. Les données individuelles sont très variables autour de ces moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, des comportements et des régimes nutritionnels. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques.

 v · d · m  Formule dentaire
mâchoire supérieure
3 2 1 2 2 1 2 3
3 2 1 2 2 1 2 3
mâchoire inférieure
Total: 32
Dentition permanente humaine


Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Totalement dépendants à la naissance, leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule). L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 40 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps sans doute possible sur son âge est la française Jeanne Calment, qui a vécu plus de 122 ans.

L'être humain possède 23 paires de chromosomes (contre 32 pour le cheval).



Droit

En droit international

Le jeudi 30 mars 2006 s’est tenu à l’UNESCO un colloque ayant pour thème « L’espèce humaine peut-elle se domestiquer elle-même ? ». Le directeur général de l’UNESCO, Monsieur Matsuura, avait alors exposé les deux enjeux de cette question : l’enjeu scientifique, mais également l’enjeu éthique, et exposa ainsi la problématique : « Pour la première fois de son histoire, l’humanité va donc devoir prendre des décisions politiques, de nature normative et législative, au sujet de notre espèce et de son avenir. Elle ne pourra le faire sans élaborer les principes d’une éthique, qui doit devenir l’affaire de tous. Car les sciences et les techniques ne sont pas par elles-mêmes porteuses de solutions aux questions qu’elles suscitent. Face aux dérives éventuelles d’une pseudoscience, nous devons réaffirmer le principe de dignité humaine. Il nous permet de poser l’exigence de non-instrumentalisation de l’être humain ». L’espèce humaine ainsi appréhendée dans sa vulnérabilité génétique pose la question de son statut juridique : est-elle un sujet de droit ? Est-elle protégée en elle-même ? Comment est-elle protégée ?

Paradoxalement, alors que les conférences insistent de plus en plus sur l’espèce humaine et sur son devenir, les textes internationaux ne protègent pas pour le moment l’espèce humaine par un dispositif qui lui serait expressément rattaché.

Les quelques rares textes qui font mention de l’espèce humaine le font dans leur préambule, au titre de fondement général aux dispositions du corps du texte, qui ne vise donc pas directement à protéger l’espèce humaine elle-même ; ainsi peut-on lire dans le préambule de la Déclaration sur la race et les préjugés raciaux adoptée par acclamation le 27 novembre 1978 à la vingtième session de la conférence générale de l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture à Paris pour fonder la non-hiérarchisation de ses membres : alinéa 5 : « Persuadée que l’unité intrinsèque de l’espèce humaine et, par conséquent, l’égalité foncière de tous les êtres humains et de tous les peuples, reconnue par les expressions les plus élevées de la philosophie, de la morale et de la religion, reflète un idéal vers lequel convergent aujourd’hui l’éthique et la science, ». Il ne faut ici pas confondre la protection de l’espèce humaine en tant que telle, et l’interdiction de la hiérarchisation de ses membres qui est précisément l’objet des dispositions de la Déclaration.

La Convention pour la protection des Droits de l’homme et de la dignité de l’être humain à l’égard des applications de la biologie et de la médecine: Convention sur les Droits de l’homme et la biomédecine élaborée au sein du Conseil de l’Europe, convention dite d’Oviedo du 4 avril 1997, fait également référence à l’espèce humaine dans l’alinéa 10 de son préambule : « Convaincus de la nécessité de respecter l’être humain à la fois comme individu et dans son appartenance à l’espèce humaine et reconnaissant l’importance d’assurer sa dignité; ». L’espèce humaine est de premier abord présentée de nouveau comme attribut d’un sujet de droit pour fonder la protection de celui-ci ; toutefois, la problématique du Directeur Général de l’UNESCO trouve dans le corps de la convention une résonance au sein de l’article 13 de la convention, intitulé « Interventions sur le génome humain » situé sous le Chapitre IV relatif au « Génome humain ». En effet, cet article énonce qu’ « Une intervention ayant pour objet de modifier le génome humain ne peut être entreprise que pour des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques et seulement si elle n’a pas pour but d’introduire une modification dans le génome de la descendance. » Ce texte se préoccupe explicitement, non pas seulement de la définition génétique de l’individu lui-même, mais également de sa descendance à travers son patrimoine génétique, et, par là même, de l’espèce. La protection ainsi élaborée n’est cependant pas absolue. En effet, le texte ne retient la modification du génome de la descendance comme illicite que dans la mesure où cette modification n’est pas le but poursuivi ; a contrario, si le génome de la descendance n’est pas la motivation directe de la modification du génome, cette modification est licite dans les cas gouvernés par « des raisons préventives, diagnostiques ou thérapeutiques » relatives à la personne subissant l’intervention.

La procédure se décompose traditionnellement en une Signature par un plénipotentiaire (Chef d’État, Ministre des affaires étrangères…) et une Ratification, qui consiste en une confirmation de cette signature, par l’organe compétent propre à chaque État, qui lie ainsi, de façon effective, l’État au Traité. Ainsi, une convention internationale n’a théoriquement valeur de droit positif que si, après avoir été signée, elle a été ratifiée (en droit français la ratification est le fait du Président de la République, conformément à l’article 52 de la Constitution, après autorisation du Parlement selon les cas énumérés à l’article 53 de la Constitution). La portée de cette protection est donc très relative.

La valeur juridique de ces traités dépend de la compréhension propre à chaque système juridique de ce qui constitue une atteinte à l’espèce humaine. La France a adopté récemment une des premières législations spécifiques visant explicitement à protéger l’espèce humaine.

En droit français

La loi du 29 juillet 1994 relative au corps humain (une des lois dites bioéthiques) a introduit, dans le droit français, la disposition selon laquelle « Nul ne peut porter atteinte à l’intégrité de l’espèce humaine » (article 16-4 1er alinéa Code civil français). Cette disposition figure parmi les principes généraux devant gouverner les recherches scientifiques et les pratiques médicales (articles 16 à 16-9 c.civ.). D’importants débats existent sur la portée et la signification pratique à donner à cette interdiction : en effet, les alinéas subséquents de l’article 16-4 énoncent les interdictions de l’eugénisme, du clonage reproductif (cette interdiction a été introduite par la loi bioéthique du 7 août 2004), et de la modification des « caractères génétiques dans le but de modifier la descendance de la personne ». Ainsi, le premier alinéa doit-il être interprété indépendamment des autres, ce qui reviendrait à distinguer l’interdiction de porter atteinte à l’intégrité de l’espèce humaine, l’interdiction des pratiques eugéniques et l’interdiction du clonage, auquel cas le premier alinéa demeure énigmatique ? Ou ce premier alinéa doit-il être interprété à la lumière des alinéas subséquents, auquel cas l’intégrité de l’espèce humaine serait atteinte par la réalisation d’actes d’eugénisme ou de clonage ?

Une réponse semble pouvoir exceptionnellement être recherchée dans la traduction pénale de ces interdictions : en effet, ce sont les mêmes textes qui figurent dans le Code civil français et dans le Code pénal, textes qui ont été, de surcroît, introduits par les mêmes lois. Protégée pénalement depuis 1994 à l’article 511-1 du Code pénal, dans le livre qui protégeait les animaux des sévices graves (le Livre V du Code pénal), l’espèce humaine a reçu par la loi bioéthique du 7 août 2004 une protection renforcée, les dispositions la protégeant ayant été déplacées en partie dans le livre II, lui faisant partager à présent l’intitulé du Titre I qui réprimait les crimes contre l'humanité, soit : « Des crimes contre l’humanité et contre l’espèce humaine », et lui consacrant le Sous-titre II intitulé « Des crimes contre l’espèce humaine » regroupant les articles 214-1 et suivant.

L’enjeu de ces dispositions est de préserver les spécificités biologiques de l’espèce humaine que sont toutes ses caractéristiques génétiques :

  • par la répression des « pratiques eugéniques tendant à l’organisation de la sélection des personnes » (article 214-1 Code Pénal). De plus le Conseil d’État, dans son rapport du 25 novembre 1999 Lois bioéthiques : cinq ans après, précisa qu’il fallait entendre dans cette définition le caractère systématique de la sélection afin de ne pas assimiler les pratiques de procréation médicalement assistée aux pratiques eugéniques : leur caractère non systématique est apprécié par l’exigence de « choix propres [, par nature contingent,] à des couples confrontés à l’annonce d’une maladie d’une particulière gravité ». La pertinence de ce critère est critiquée par la doctrine qui propose comme autre critère de distinction : le cadre thérapeutique ; ou encore, sur la distinction kantienne selon laquelle il faut considérer l’homme non comme un moyen mais comme une fin, distinguer la sélection motivée par le sentiment d’empathie envers l’être à naître atteint d’une « maladie d’une particulière gravité reconnue comme incurable aux moment du diagnostic » (articles 2131-1, 2131-4, 2131-4-1, 2141-2 Code de la Santé publique), de la sélection motivée par un sentiment utilitariste de cet être perçu comme devant permettre l’amélioration de l’espèce humaine.
  • par la répression du clonage reproductif (article 214-2 Code pénal), comme portant atteinte au caractère sexué de la reproduction humaine (consistant en la rencontre de gamètes de patrimoine génétique différent), et portant atteinte, à grande échelle, à la diversité biologique de l’espèce humaine (qui est un de ses facteurs d’adaptation). Le clonage thérapeutique, consistant en la création d’un embryon humain à partir de cellules d’une personne malade, destiné à fournir des cellules souches prélevées puis cultivées pour fournir un tissu ou un organe génétiquement compatible avec le patient, ou implantées dans le corps de celui-ci pour que son organisme reconstitue des cellules défaillantes, n’est pas réprimé au titre de la protection de l’espèce humaine, mais au titre de la protection de l’embryon dans le Livre V du Code pénal(art. 511-17 et 511-18 Code pénal). Par ailleurs l’infraction de clonage thérapeutique est un délit (puni d’un maximum de 7 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende), alors que l’infraction de clonage reproductif est un crime (puni, tout comme le crime d’eugénisme, d’un maximum de 30 ans de réclusion criminelle et de 7 500 000 € d’amende). Cette différence de traitement est toutefois elle aussi critiquée dans la mesure où d’un point de vue anthropologique, toujours selon la distinction kantienne, le clonage thérapeutique déclasse la perception de la vie humaine au rang de médicament (à ne pas confondre avec le bébé-médicament qui consiste, pour un couple ayant un enfant malade et désirant avoir un deuxième enfant, à saisir l’opportunité que peut offrir la compatibilité génétique des cellules du petit frère pour sauver l’aîné, par le prélèvement de cellules sur le cordon ombilical, le don de sang ou encore de moelle épinière, ce qui n’entrave nullement l’accès sain à la vie de cet enfant), donc de moyen, ce qui peut apparaître au moins aussi grave que le clonage reproductif (argument anthropologique proposé par Mme Marie-Angèle Hermitte, Directeur d’étude à l’École des hautes études en sciences sociales); toutefois, d’autres auteurs justifient cette différence par le caractère d’utilité publique, d’intérêt général (pour les personnes nées atteintes aujourd’hui et demain d’une maladie grave et incurable), que peut revêtir la motivation de procéder à de telles recherches, contre le clonage reproductif motivé par le seul intérêt égoïste des couples d’avoir un enfant (Mikaël Benillouche, Maître de conférence à la faculté de droit de l’université de Picardie).

Les crimes contre l’espèce humaine peuvent être considérés comme le deuxième ensemble d’infractions les plus graves du système juridique français, après les crimes contre l'humanité, apparaissant en deuxième position (après les crimes précités) dans l’énonciation des infractions dans le Code pénal, et l’action publique se prescrivant, par exception au droit commun (10 ans pour les crimes), par un délai de 30 ans (ce délai ne commençant par ailleurs à courir qu’à la majorité de l’enfant qui serait né du clonage), l’action publique relative aux crimes contre l’humanité étant, quant à elle, imprescriptible. On peut, par ailleurs, voir dans les crimes contre l’espèce humaine le complément de la protection de l’homme initié par les crimes contre l’humanité, ces derniers protégeant l’homme dans sa dimension métaphysique : le respect de son humanité et de sa dignité, et les crimes contre l’espèce humaine protégeant l’homme dans sa dimension matérielle : sa définition génétique et sa spécificité biologique.

Notes et références

  1. Selon la classification classique, références :
  2. les autres espèces, une quinzaine en l’état actuel des connaissances paléoanthropologiques, étant éteintes.
  3. parfois appelés grands singes
  4. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j  et k Desmond Morris, le singe nu
  5. Selon Rolf Schäppi, il faudrait ajouter à ces critères, l’existence d’une ménopause chez la femelle, ainsi que le caractère indécelable de l’œstrus chez cette dernière. Rolf Schäppi,"la femme est le propre de l'homme"
  6. voir Extinction de l'Holocène, réchauffement climatique, déforestation, pollution, surpêche.
  7. Dictionnaire étymologique et historique du français, Larousse.
  8. Les droits de l'homme, par exemple, sont dénommés ainsi dans de nombreux pays francophones, mais, au Québec, on parle plutôt de « droits de la personne ».
  9. a , b , c , d , e , f  et g Rolf Schäppi, la femme est le propre de l’homme (ISBN 978-2-7381-1116-6)
  10. En Afrique par exemple les albinos sont sujets à des cancers de la peau de manière plus fréquente qu eles individus "normaux"albinos sans frontière
  11. Le phénomène de perte de l’élasticité de la peau peut être observé par le test consistant à pincer et à tirer légèrement la peau du dessus de la main, et à constater combien de temps elle met pour reprendre son aspect normal une fois relâchée. L’écart entre un sujet jeune et un sujet âgé est d’environ une seconde.
  12. l’usage de vêtements ou de peaux d’animaux pour dissimuler les parties génitales est très ancien. Il est discuté longuement dans "le singe nu"
  13. Voir section "principales caractéristiques" de l'article hominidés
  14. L'article Langage humain distingue la langue et le langage de la façon suivante : "Le langage est la faculté de mettre en œuvre un système de signes linguistiques (qui constituent la langue)[...]"
  15. le rire existerait néanmoins sous une forme moins accentuée chez d’autres primates, et même chez les rats (cf. rire)
  16. à l'exception peut-être du chimpanzé[réf. nécessaire]
  17. le sourire étant dans certaines cultures un élément de salutation requis par la politesse. Voir : Société, Politesse
  18. Voir les articles Société, Économie et Politique
  19. Les ossements Homo Erectus sont les plus anciens restes d'hominines découverts en dehors du continent africain
  20. À titre indicatif, l'actuel record du monde de l'épreuve féminine du 100 mètres, est de 10s49, contre 9s58 pour l'épreuve masculine.
  21. l'aptitude à distinguer un fruit rouge sur un fond de végétation verte est en effet indispensable pour un animal frugivore.
  22. CNRS
  23. Ses seuls rivaux dans ce domaine sont certains cétacés
  24. époque ayant vu l’élaboration de l’électrodynamique quantique (voir note suivante)
  25. Selon le prix Nobel de physique Richard Feynman, ces deux domaines sont les seuls qui ne sont pas couverts par l’Électrodynamique quantique (Richard Feynman, "Lumière & matière : une étrange histoire")
  26. Il est possible à ce propos que cette connaissance soit achevée prochainement grâce à la démarche expérimentale entreprise récemment avec le LHC
  27. Pr. Doreen Kimura,Cerveau d’homme, cerveau de femme ?, Paris: Éditions Odile Jacob, 2001
  28. Pr. Doreen Kimura, Sex and Cognition, (ISBN 0-262-61164-3).
  29. la fécondité diminue bien sûr avec l'âge chez les autres femelles primates, mais cela ne se produit pas de façon soudaine, ni avec les symptomes caractéristiques secondaires que l'on peut observer chez la femme (bouffées de chaleurs, sécheresse vaginale et cutanée, etc.). Voir Rolf Schäppi, "la femme est le propre de l'homme", et Hypothèse de la grand-mère
  30. voir : Hypothèse de la grand-mère
  31. a  et b Gangestad S.W., R. Thornhill (2008), Human oestrus, Proc. Roy. Soc. B., 275, 991-1000, doi : 10.1098/rspb.2007.1425
  32. D'aucuns diront qu'elles font partie des "excès des sociobiologistes"
  33. On considèrera à ce propos les faits suivants. Tout d'abord, les seins des femmes ont tendance, avec l'âge et surtout après la ménopause, à tomber et à s'aplatir, prenant alors un aspect bien plus proche des mamelles des autres primates. Ensuite, toujours avec l'âge, les lèvres ont tendance à s'amincir et à perdre leur aspect charnu et leur couleur rosée, jusqu'à elles-aussi prendre un aspect simiesque. Il n'est d'ailleurs pas rare d'entendre la réflexion selon laquelle les personnes âgées ressemblent à des singes. Pour la femme en tout cas, avec l'âge les seins et les lèvres perdent incontestablement leur ressemblance avec les fesses et la vulve.
  34. Ce conflit évolutif entre deux des principales caractéristiques de l'espèce humaine, est discuté dans le singe nu
  35. Geoffrey Miller, The mating mind (ISBN 0-099-28824-9)
  36. Philippe Gouillon, Pourquoi les femmes des riches sont belles ? (ISBN 2801113360)
  37. Boyd et Silk, L'aventure humaine, de la molécule à la culture, De Boeck 2004, partie 4, chapitre 18; ISBN 2 8041 4333 3
  38. http://fr.wikipedia.org/wiki/Homo_neanderthalensis#La_naissance_de_l.27art
  39. La grotte Chauvet : Extraits de INORA Lettre Internationale d'Information sur l'Art Rupestre - no 29 - 2001 sur http://www.culture.gouv.fr/ Ministère de la culture et de la communication (France). Consulté le 14 novembre 2007. Note : pour accéder à l'information, cliquez sur « La recherche » puis « résultats » puis « INORA no 29 » (en haut à droite).
  40. Voir Population humaine, Transition démographique
  41. Études consistant en des comparaisons de l'ADN mitochondrial et du chromosome Y entre différentes populations humaines actuelles. (cf. Ève mitochondriale)
  42. Par exemple le fossile de l'homme de Florès n'a pu être attribué à Homo sapiens en raison d'un volume cérébral de seulement 400 cm3.
  43. Les êtres humains actuels appartiennent à cette seule espèce, et sa subdivision en races est considérée comme non pertinente d'un point de vue biologique.
  44. Note : les lacunes au niveau des fossiles concernent surtout la lignée évolutive qui mena aux chimpanzés
  45. publiés dans la revue Nature no 441, p. 1103 s. ; (en)Nature, 17 mai 2006 [pdf]
  46. M. Benett et al., Science, vol 323, p 1197, 2009
  47. Estimation de la population mondiale par le Bureau de recensement des États-Unis. Consulté le 21 septembre 2009
  48. Classification phylogénétique de Guillaume Lecointre et Hervé Le Guyader, Belin
  49. Le Point, 4/12/2008
  50. ERRE M., PICQ P., VINCENT J-D. (2003) Qu’est-ce que l’Humain ?, éd. Le Pommier et le Collège de la Cité des sciences, (ISBN 2746501309)
  51. P. Picq, L'humain à l'aube de l'humanité p. 41 dans Qu'est ce que l'humain ?.
  52. Sources : BBC News le 1 mai 1998, ABC News le 31 mars 2005, National Geographic le 31 mars 2005.)
  53. P. Picq, L'humain à l'aube de l'humanité p. 64 dans Qu'est ce que l'humain ?

14 ↑ Site web du GIEC : section Qui sommes-nous? [archive]

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Desmond Morris, Le Singe nu, éditions du livre de poche, 1971.
  • Rolf Schäppi, La femme est le propre de l’homme, Odile Jacob, 2002.
  • Richard Dawkins, Le Gène égoïste, Odile Jacob, 2003.
  • Richard Dawkins, Le phénotype étendu.
  • Boyd et Silk, L'aventure humaine, de la molécule à la culture, De Boeck, 2004, partie 1, chapitre 3, pages 68–72. (ISBN 2-8041-4333-3).
  • Gerhard Bosinski, Homo sapiens, l’histoire des chasseurs du paléolithique supérieur en Europe (40000-10000 av. J.-C.), Paris, Éditions Errance, 1990, 281 p. .

Liens externes

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