- Esperance de vie
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Espérance de vie humaine
L'espérance de vie est une des données statistiques les plus utilisées pour évaluer le niveau de développement d'un état ou d'une région du globe. Elle permet de connaître la durée de vie moyenne qu'on peut espérer atteindre à un moment donné pour un espace donné (généralement un pays). Cette statistique est calculée et publiée par de nombreux organismes, incluant l'OMS.
L'espérance de vie à la naissance se calcule à partir des quotients de mortalité par âge, c'est-à-dire des probabilité de décéder dans l'année pour des personnes qui atteignent un âge donné (mais elle peut aussi se calculer à partir des taux de mortalité). Elle est la durée moyenne que peut espérer vivre une personne en fonction de son année de naissance. À chaque âge, le risque de décès est donc mesuré par le quotient par âge observé cette année-là. Elle synthétise donc les conditions de mortalité de l'année, sous forme d'une génération fictive. Elle diffère de la moyenne des âges au moment du décès de toutes les personnes mortes au cours d'une année qui, elle, est sensible à la structure par âge de la population.
Dans la quasi totalité des pays, l'espérance de vie des femmes est plus importante que celle des hommes.
Les guerres, les désastres naturels et les épidémies la font diminuer, alors que les progrès de la médecine et du niveau de vie (hygiène, vaccins, alimentation ...) tendent à l'allonger.
Sommaire
Calcul
Espérance de vie d'une population décédée
Pour calculer l'espérance de vie d'une population totalement décédée (par exemple, l'espérance de vie en France en 1880), il suffit aux démographes d'effectuer une moyenne des âges de décès grâce aux registres d'état civil[1].
Espérance de vie d'une population non décédée
Le calcul de l'espérance de vie d'une population encore vivante au moment de l'étude s'opère en deux phases[1] :
- Dans un premier temps, les démographes calculent la probabilité de décéder à chaque âge (la probabilité de mourir à 1 an, à 2 ans, etc). Pour cela, ils se basent sur la part de personnes décédées à chaque âge. Par exemple : les démographes ont calculé qu'en 2000, 0,08% des français âgés de 30 ans, sont décédés. Ils obtiennent donc une statistique : le taux de mortalité pour l'âge de 30 ans était de 0,8‰ en l'an 2000. Ce même calcul est étendu à tous les âges possibles, de 0 à 112 ans (âge de la doyenne des français, Eugénie Blanchard). Les démographes obtiennent ainsi le taux de mortalité par âge.
- Dans un second temps, les démographes se basent sur une génération fictive de 1 000 personnes. Sachant que la mortalité des individus qui ont moins d'un an en 2000 est de 4‰, ils retirent 4 individus et ainsi de suite : à l'âge de 30 ans, ils retirent 0,08% des individus restant, et ce jusqu'à ce qu'il ne reste plus aucun individu. À la fin de l'opération, tous les membres de cette génération fictive sont décédés, il ne leur reste alors plus qu'à faire la moyenne des âges de décès observés.
Remarque : ce calcul utilise le taux de mortalité observé en 2000, c'est-à-dire qu'on considère que le taux de mortalité par âge demeure constant dans le futur.
Où :
- correspond au nombre de personnes décédées à l'âge d'1 an.
Statistiques
Évolution
Depuis le début du XIXe siècle, période où l'espérance de vie des Français était au plus bas avec une moyenne de 33 ans (François de Closets, 1970, p. 201), celle-ci n'a cessé d'augmenter. De 1900 à 2000, l’espérance de vie en France (moyenne hommes et femmes) est passée de 48 à 79 ans soit une hausse de 65% en un siècle seulement. Cette avancée a été le résultat de nombreux progrès :
- sanitaires : prise en charge de la grossesse et des nourrissons, asepsie, antibiotiques, vaccinations, chirurgie, mais aussi campagnes contre le tabac et l’alcool, etc.
- sociaux : allègement de la pénibilité du travail, congés payés, allègement du temps de travail, accès aux soins et à la scolarité, hausse du niveau de vie, réduction de l’extrême pauvreté et des carences alimentaires graves qui lui sont associées, accessibilité à la majorité d’un confort autrefois réservé à une élite : eau courante, électricité, chauffage, accès au logement, etc.
- des normes: politique de sécurité des transports, normes de sécurité dans les entreprises et les bâtiments, conservation des aliments par le froid, matériels de sécurité incendie.
Les causes individuelles ont également joué un rôle dans l’augmentation de l'espérance de vie. La prise de conscience de l’importance de la prévention a modelé les comportements : diminution de la consommation d’alcool, hygiène, asepsie, prise de conscience de l’importance de l’activité physique et de l’équilibre alimentaire pour la santé.
Aujourd'hui, la prévention des risques de santé par l'individu constitue le moyen le plus efficace pour permettre la poursuite de l'augmentation de l'espérance de vie dans les pays développés. Or, il semble qu'une compression de la morbidité se produise effectivement : c'est-à-dire que les individus vivent de plus en plus longtemps sans présenter d'incapacités ou de dépendances.
Cependant, comme le fait remarquer la philosophe Hannah Arendt, l'espérance de vie n'augmente en Occident que par rapport à la période des débuts de l'industrialisation, particulièrement nocive pour la vie humaine. En revanche si l'on considère une durée plus longue, les données que nous possédons sur les anciens à Rome et en Grèce montrent que ces derniers vivaient communément jusqu'à 70 ou 80 ans (sans considérer la mortalité infantile). De même, de nombreux groupes humains traditionnels ont une espérance de vie similaire aux sociétés occidentales sans que cela puisse être attribué à la médecine moderne, comme en Kabylie ou en Arménie (Hannah Arendt, 1953, La Condition de l'homme moderne, p. 183). En outre, de nombreuses études suggèrent que chez les groupes humains adoptant des modes de vie "civilisés", la fréquence des infections augmente plutôt qu'elle ne diminue (Edouart Goldsmith, 1994, Le Défi du XXe siècle, p. 261). On peut donc supposer que les progrès scientifiques et techniques résolvent des problèmes par la médecine qu'ils ont eux-même créés par la modernisation des modes de vie (Serge Latouche, 1995, La Mégamachine, raison techno scientifique, raison économique et mythe du progrès, p.89).
Statistiques par pays
Article détaillé : Liste de l'espérance de vie par pays.Espérance de vie[2] Pays Homme Femme Japon 78,0 84,7 Australie 78,9 83,0 Canada 78,7 83,8 France 77,6 84,5 Royaume-Uni 75,8 80,5 États-Unis 74,6 79,8 Chine 69,6 72,7 Brésil 65,7 72,3 Égypte 65,3 69,0 Russie 58,4 72,1 Inde 60,1 62,0 Nigeria 48,0 49,6 Depuis quelques années, des espérances de santé sont également calculées. Ainsi, l'OMS publie depuis 2001 une statistique appelée espérance de vie en bonne santé, qui ne tient pas compte des années de vie durant lesquelles les individus souffrent de maladies incurables. Eurostat publie annuellement depuis 2004 une statistique appelée Healthy Life Years HLY) basée sur la déclaration des limitations d'activité. Les Etats Unis utilisent des indicateurs similaires dans le cadre de leur programme national de promotion de la santé et de prévention des maladies "Healthy People 2010". De plus en plus de pays utilisent aujourd'hui des espérances de santé pour surveiller la santé de leur population.
Différence entre hommes et femmes
Le fait que l'espérance de vie des hommes soit de beaucoup inférieure à celle des femmes dans la plupart des pays « suscite la réflexion et [...] questionne » les chercheurs, qui tentent des explications[3].
Facteurs déterminants
Une équipe de chercheurs de l'université de Cambridge (Royaume-Uni), en partenariat avec le Medical Research Council, a mené une enquête sur 20 244 individus pendant 14 ans (entre 1993 et 2007), dont 1 987 sont décédés en cours d'enquête, afin de déterminer l'impact du mode de vie sur l'espérance de vie[4]. L'étude conclu que le "mode de vie idéal" - absence de tabac, consommation d'alcool égale ou inférieure à un demi verre par jour, consommation de 5 fruits et légumes par jour, exercice physique d'une demi heure par jour - majore l'espérance de vie de 14 ans par rapport au cumul de quatre facteurs de risque[5]. Le cumul des quatre facteurs de risque (tabac, alcool, manque de fruits et légumes et d'exercice physique) multiplie le risque de décès par 4,4, trois facteurs, de 2,5, deux facteurs de près de 2 et 1 facteur de 1,4. Selon le professeur Kay-Tee Khaw, premier signataire de l'étude, "c'est la première fois que l'on analyse l'effet cumulé des facteurs de risque sur la mortalité."[5].
Une évolution future incertaine
Alors que les projections de l'Insee et l'ONU prédisent une évolution vers le haut, certaines études[6] contredisent ce scénario. Elles relèvent principalement la non prise en compte de phénomènes considérés comme des "bombes à retardement" que sont l'obésité, les maladies dues à l'amiante, le tabagisme et les impacts de la pollution sur la santé.
Voir aussi
Articles connexes
- Liste de l'espérance de vie par pays
- Prix de la Souris Mathusalem, prix visant à l'accroissement radical de l'espérance de vie humaine
- L'espérance de vie entre dans le calcul de l'indice de développement humain et de l'indice de pauvreté humaine
- Table de mortalité
- Immortalité | Mythe de la fontaine de jouvence
Liens et documents externes
- Durée de vie, une présentation animée de l'INED.
- Estimation de l'espérance de vie dans le monde par pays.
- Voir également projet d'art: Dialogue avec l'Âge - - Willy Puchner
Notes et références
- ↑ a et b Site de l'Institut National d'Étude Démographique.. Consulté le 27 juillet 2008
- ↑ Chiffres Organisation mondiale de
la santé (OMS), 2003 - ↑ La nécessaire compréhension entre les sexes, Paul-Edmond Lalancette, p. 32 à 38, Québec, 2008.
- ↑ Public Library of Medecine, n°de la semaine du 9 janvier 2008, cité dans Le Figaro, 9 janvier 2008, page 12
- ↑ a et b Une vie saine peut accroître la longévité de 14 ans, dans Le Figaro, 9 janvier 2008, page 12
- ↑ Espérance de vie, la fin des illusions, par Claude Aubert. Editions Terre Vivante, mars 2006.
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