- Plaque de Pioneer
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La plaque de Pioneer est une plaque métallique embarquée à bord de deux sondes spatiales lancées en 1972, Pioneer 10 et Pioneer 11, sur laquelle un message pictural de l'humanité est gravé à destination d'éventuels êtres extraterrestres : un homme et une femme représentés nus, ainsi que plusieurs symboles fournissant des informations sur l'origine des sondes.
Il s'agit en fait d'une sorte de « bouteille à la mer interstellaire », les chances pour qu'elle soit retrouvée étant extrêmement faibles.
Les sondes Pioneer furent les premiers objets construits par des humains à quitter le système solaire. Les plaques sont attachées aux sondes de manière à être protégées de l'érosion des poussières interstellaires ; si bien que la NASA s'attend à ce que la plaque (et la sonde elle-même) survive plus longtemps que la Terre et le Soleil.
Un message plus détaillé et évolué, le Voyager Golden Record, est embarqué sous la forme d'un disque vidéonumérique par les sondes Voyager, lancées en 1977.
Sommaire
Histoire
L'idée originale, celle que la sonde devrait diffuser un message de l'humanité, a été mentionnée la première fois par Eric Burgess quand il a visité le Jet Propulsion Laboratory de Pasadena pendant la mission Mariner 9 (voir Programme Mariner). Avec Richard Hoagland, il a approché Carl Sagan qui avait parlé de la communication avec des intelligences extraterrestres à une conférence en Crimée.
Sagan était enthousiaste à l'idée d'envoyer un message avec la sonde spatiale Pioneer. La NASA était d'accord et lui a donné trois semaines pour préparer un message. Avec Frank Drake, il a conçu la plaque et le dessin a été créé par son épouse Linda Salzman Sagan.
La première plaque a été lancée avec le Pioneer 10 le 2 mars 1972 et la seconde avec le Pioneer 11 le 5 avril 1972. Les deux sondes sont sorties du système solaire dans les années 1980.
Caractéristiques
- Matière : aluminium et or (avec anodisation) ;
- Largeur : 229 mm ;
- Hauteur : 152 mm ;
- Épaisseur : 1,27 mm ;
- Profondeur de gravure : 0,381 mm.
Symbolique
Raie d'émission de l'hydrogène neutre
En haut à gauche de la plaque se trouve une représentation schématique de la transition hyperfine de l'hydrogène, qui est l'élément le plus abondant dans l'univers.
En dessous de ce symbole, il y a une petite ligne verticale pour représenter l'élément binaire 1. Grâce au spin de l'atome d'hydrogène, cela peut indiquer une unité de longueur (longueur d'onde, 21 centimètres) aussi bien qu'une unité de temps (fréquence, 1 420 mégahertz). Les deux unités sont employées comme mesures dans les autres symboles.
Représentations de l'homme et de la femme
Sur le côté droit de la plaque se trouvent un homme et une femme. Une représentation binaire (le chiffre 8) de la taille de la femme est aussi visible. Grâce aux unités de longueur d'onde de la transition hyperfine de l'hydrogène ceci signifie 8 × 21 centimètres = 168 centimètres ; ce qui est la taille moyenne d'une femme.
La main droite de l'homme est levée en signe de salut. Bien qu'il soit peu probable que ce geste soit vraiment universel, il offre la possibilité de montrer le pouce opposable et l'articulation des membres. Il a été envisagé dans un premier temps que l'homme et la femme se donnent la main pour représenter leur union, mais cette représentation pourrait être interprétée par une intelligence extraterrestre comme celle d'une seule entité et non de deux personnes distinctes[réf. nécessaire].
On peut voir que les parties génitales de la femme ne sont pas vraiment dépeintes ; seul le Mont de Vénus est montré.
Représentation de la sonde
Derrière la représentation des êtres humains, la silhouette de la sonde Pioneer est visible. Elle est montrée dans la même échelle, de sorte que la taille des êtres humains puisse être déduite à partir de la taille de la sonde spatiale.
Position relative du Soleil au centre de la galaxie et 14 pulsars
La plaque montre, sur le côté gauche, quinze lignes provenant de la même origine. Quatorze des lignes sont de longs nombres binaires correspondants aux périodes des pulsars. Puisque ces périodes changent en fonction du temps, l'époque du lancement peut être calculée à partir de ces valeurs. Les longueurs des lignes montrent les distances relatives des pulsars au Soleil. La position de la Terre peut donc être calculée par triangulation, même si seulement certains des pulsars sont identifiés. Une des lignes se prolonge vers la droite derrière les personnages ; elle indique la distance relative au centre de la galaxie.
Système solaire
Au bas de la plaque se trouve un diagramme schématique du système solaire. Une petite image de la sonde est montrée en train de partir hors du système solaire.
Les anneaux de Saturne donnent un autre indice pour identifier le système solaire.
Les nombres binaires à côté des planètes montrent leurs distances relatives au Soleil. L'unité est 1⁄10 de l'orbite de Mercure.
Critiques
Le message a été jugé trop anthropocentrique et trop compliqué à comprendre par les critiques. Bien qu'il eût pour but de transmettre un maximum d'informations dans un espace minimal, plutôt que d'être facilement lu, la plupart des scientifiques auxquels il a été présenté furent incapables de le décoder entièrement.
Selon Frank Drake, il y a eu beaucoup de réactions négatives sur cette plaque, principalement parce que les humains étaient représentés nus[1]. Le Los Angeles Times a reçu des lettres de lecteurs mécontents accusant la NASA de dépenser l'argent du contribuable pour envoyer des « obscénités » dans l'espace. Par ailleurs, d'autres critiques[2] ont relevé que ces deux humains étaient manifestement un couple de yuppies californiens bien nourris et que l'homme a un rôle actif (lever la main) tandis que la femme reste passive. D'autre part, il est étonnant de constater que tandis que l'organe génital de l'homme est représenté normalement, celui de la femme n'est seulement qu'ébauché, c'est-à-dire que les grandes lèvres sur le mont de Vénus ne sont pas représentées.
Il est également à noter que le fait d'adjoindre la plaque à la sonde Pioneer a aussi été décrit par certains comme irresponsable voire dangereux, en ce qu'elle offre la possibilité à une intelligence extraterrestre (pouvant être animée de potentielles mauvaises intentions) de localiser assez précisément l'emplacement du système solaire, et donc de la Terre, dans la galaxie[3].
Voir aussi
Sources
- Carl Sagan : Murmurs of Earth, New York, 1978 (ISBN 0-679-74444-4). Cité dans
- Jean Heidmann, Nicolas Prantzos, Hubert Reeves et Alfred Vidal-Madjar, Sommes-nous seuls dans l'univers ?, Éditions Fayard, 2000 (ISBN 2-213-60554-8). Dans ce livre, Alfred Vidal-Madjar tente aussi, de manière humoristique, une interprétation extraterrestre de cette plaque. Rapportées par Hubert Reeves dans
- Alan Weisman, The World Without Us, Thomas Dunne Books, 2007.
Références
- Mark Wolverton, The Depths of Space: The Story of the Pioneer Planetary Probes, Washington D.C., Joseph Henry Press, 2004 (ISBN 0-309-09050-4)
Liens externes
- (en) NASA : Pioneer 10 et 11
- (en) Informations de la NASA concernant la plaque
- (en) William Robert Johnston, « Reading the Pioneer/Voyager Pulsar Map »
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