- Menstruation
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La menstruation (ou règles) est la manifestation la plus visible du cycle menstruel de la femme. Elle consiste en la désagrégation de la couche fonctionnelle de l'endomètre en l'absence de grossesse, véhiculée par des pertes de sang plus ou moins abondantes, évacuées par le vagin. Elle est propre à l'espèce humaine et à quelques espèces de primates supérieures, à l'exclusion des primates du Nouveau Monde. Les femelles d'autres espèces de mammifère placentaires connaissent un œstrus (ou période de chaleurs), dans lequel l'endomètre est réabsorbé par l'animal à la fin de son cycle menstruel.
Sommaire
Généralités
Le terme menstruation vient du mot latin mensis « mois » (proche du grec mene, la lune) qui évoque une parenté avec les cycles lunaires mensuels. L'aspect de la lune a aussi été évoqué pour expliquer cette étymologie.
La menstruation, que l'on appelle souvent une période ou les règles, est la transformation de l'utérus chaque mois lorsqu'il élimine, par le vagin, les tissus (endomètre) qui étaient en place pour accueillir un œuf fécondé. Le saignement dure généralement trois à cinq jours mais cette période peut aller jusqu'à sept ou huit jours (jusque quinze jours dans certains cas). Le saignement peut être absorbé par des protections hygiéniques.
Les règles ne sont qu'une façon particulière de renouveler un tissu, en l'occurrence l'endomètre, qui se reconstitue de façon discontinue à la différence du renouvellement continu de la peau et des autres muqueuses. Ce renouvellement menstruel discontinu est parfaitement adapté à la vie car il évite de « jeter le bébé avec l'eau du bain » en permettant le maintien d'une éventuelle grossesse. Entre deux grossesses et pendant l'allaitement, le renouvellement bascule en mode continu et les règles, tout comme les cycles, s'interrompent. L'absence de règles liée à la prise de pilules progestatives de type Cerazette® traduit également un mode de renouvellement continu.
Lorsque des femmes vivent ensemble, il y a une tendance à la synchronisation des règles, ce qui serait dû à l'émission par les glandes axillaires de substances volatiles. L'action éventuelle des phéromones dans l'espèce humaine fait l'objet de controverses, puisque l'organe voméronasal n'existe pas chez l'adulte. Toutefois, chez la souris, certaines phéromones peuvent activer des récepteurs présents dans l'épithélium olfactif.
Peut-on se passer des règles ? La femme peut tout à fait choisir d'avoir ou de ne pas avoir ses règles : il n'est pas dangereux de se passer de règles. Pour ne pas avoir ses règles, la femme choisira un moyen de contraception adéquat : pilule combinée prise sans interruption, pilule progestative prise en continu, DIU hormonal[1]. Jadis du fait des nombreuses grossesses ou de la longue durée de l'allaitement, les femmes étaient rarement réglées. Nous sommes passés en deux siècles de trente cycles par vie à plus de quatre cent cinquante voire six cents en cas de traitement de ménopause[réf. nécessaire].
Douleurs
Chez certaines femmes, une douleur du bassin appelée dysménorrhée qui peut durer plusieurs heures, due à une crampe de l'utérus, peut précéder et accompagner la période des règles. Elle s'inscrit dans le cadre du syndrome prémenstruel (ou SPM), qui associe douleurs, malaises, modifications comportementales.
Certaines femmes peuvent également ressentir des maux de tête ou une tension des seins, qui peuvent augmenter de volume en fin de cycle, et rendre nécessaire le changement de taille de soutien-gorge. Chez certaines femmes, les désagréments hormonaux peuvent expliquer des périodes d'irritabilité en fin de cycle, très difficiles à assumer pour elles-mêmes, voir pour leurs proches (c'est le syndrome prémenstruel).
Ces douleurs, très fortes, ne durent pas plus de quelques heures mais, le plus souvent, les femmes ont ces douleurs durant les deux premiers jours de leurs menstruations et il peut même arriver que ces douleurs perdurent toute leur période menstruelle. Ceci est tout a fait normal car c'est l'utérus qui se contracte pour évacuer le sang. Des vomissements sont aussi fréquents, voire des pertes de connaissance momentanées.
Chez certains individus, les menstruations peuvent pousser à des excès colériques, dépressifs ou euphoriques.
Période fertile
Les spermatozoïdes peuvent survivre dans le corps de la femme pendant une période de 2 à 5 jours. La période de fécondation (le zygote est la réunion des deux gamètes) commence donc six jours avant et se termine 24H environ après l'ovulation : en effet, l'ovule ne vit que 24 heures environ. Les méthodes de planification familiale naturelle utilisent ce principe, soit pour favoriser une grossesse, soit pour l'éviter.
Contrôle hormonal
La fonction de reproduction, c'est-à-dire la production des gamètes et des hormones gonadiques, est contrôlée par l'axe hypothalamo-hypophysaire. L'hypothalamus synthétise et libère de manière pulsative une hormone peptidique (GnRH = hormone gonadolibérine) qui stimule la libération par l'hypophyse antérieure de deux hormones FSH et LH. Les hormones principales ovariennes impliquées dans le contrôle du cycle menstruel sont les œstrogènes, la progestérone et l'inhibine. Au début du cycle, l'hypophyse antérieure (glande pituitaire) libère la FSH (hormone stimulant la folliculogenèse) signalant au follicule immature de grandir dans les ovaires. Le follicule est un sac contenant l'ovocyte. Normalement, un seul ovule est produit par cycle. Il n'y a pas de coordination gauche/droite. Le même ovaire peut donc théoriquement émettre un ovule plusieurs mois de suite. En fait, la présence d'un corps jaune dans un ovaire perturbe fortement la sélection du follicule dominant, de telle sorte que chez 88 % des femmes, l'ovulation se produit alternativement dans un ovaire, puis dans l'autre. Le premier follicule à se développer sécrète de l'inhibine. Les niveaux d'œstrogènes montent quand l'hormone est sécrétée par le follicule qui se développe. Ce taux d'œstrogènes est à son maximum juste avant l'arrivée de l'ovulation. L'ovulation a lieu le 14e jour du cycle, environ 36 h après le pic de LH (hormone lutéotrophe) libérée par l'hypophyse antérieure. Ce pic de L.H est provoqué par l'importante quantité d'œstrogènes qui étaient présents juste avant l'ovulation[2]
Après l'ovulation, œstrogènes et progestérone sont chacun sécrétés par le corpus luteum (ou corps jaune) qui se développe à partir du follicule rompu et reste dans l'ovaire. Le rôle de la progestérone est de préparer le corps pour une éventuelle grossesse. En particulier, la progestérone provoque une augmentation de la température basale d'environ 0,3 °C. Cette augmentation de la température peut être utilisée pour détecter l'ovulation.
Si aucune grossesse n'intervient le corpus luteum dégénère et le niveau des hormones chute brutalement, ce qui provoque l'élimination de l'endomètre lors de la menstruation.
S'il y a une grossesse, le placenta produit les hormones pour interrompre le cycle menstruel :
- hCG (hormone gonadotrophine chorionique humaine) pour garder le corpus luteum ;
- inhibine pour empêcher une autre ovulation.
Histoire et sociétés
La menstruation est un phénomène physiologique « spectaculaire », à l'origine de nombreuses croyances et tabous culturels ; Cesare Lombroso la liait ainsi à la criminalité féminine[3].
Masters et Johnson rappellent :
« En 1878, le prestigieux British Médical Journal édita une série de lettres de médecins qui donnaient des «preuves» que le contact d’une femme qui avait ses règles pouvait abîmer le jambon qu’elle avait touché[4]. »
Dans les sociétés traditionnelles, il existe également de nombreuses croyances liées aux menstruations. Par exemple, chez les Marquisiens :
« Les menstruations étaient entourées de plusieurs restrictions, et étaient la principale raison pour laquelle les femmes étaient regardées comme impures et impies. Les femmes ayant leurs règles devaient être évitées sous peine d'avoir la lèpre, par contamination par contact avec elles, ou avec le fluide menstruel ou avec leur vêtements. Les restrictions liées aux menstruations ont ensuite été étendues pour toutes les femmes pubères à toutes les occasions. Il était interdit aux femmes de passer au-dessus de tout objet ou structure, ou de passer au-dessus de la tête d'une personne. Ainsi, une femme ne pouvait pas s'asseoir sur la selle d'un homme, aller en canoë, ou s'asseoir sur une chaise ou sous le porche d'une maison si un enfant était également en dessous. Car autrement elle contaminait l'objet ou la personne. Et la contamination ne pouvait être enlevée qu'en tuant la femme, ou en détruisant l'objet, ou en pratiquant le rituel ha'a tahe tahe[5]. »
Au même titre, on rappelle le fait que les femmes musulmanes sont considérées en état d'impureté rituelle lorsqu'elles ont leurs règles et sont dispensée de leurs obligations du ramadan à ce moment-là.
Notes et références
- Martin Winckler, " Les règles, en avoir ou pas " article de
- cours La Procréation
- Le sang impur. Notes sur le concept de prostituée-née chez Lombroso ». In: Romantisme, 1981, n°31. Sangs. pp. 167-178. Hilde Olrik. «
- William Masters, Virginia Johnson, Robert Kolodny. Amour et sexualité : mieux vivre sa vie sexuelle dans le monde d'aujourd'hui, Interéditions, 1987.
- (en) Robert C. Suggs Marquesan sexual behavior, Harcourt, Brace & World, 1966.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- La dysménorrhée[PDF] Étude sur cette douleur abdominale qui survient parfois dans les 3 premiers jours des menstruations.
- (en) [PDF] Understanding your fertility
Catégorie :- Discipline fondamentale en gynécologie-obstétrique
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