Orang-outan

Orang-outan
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 Orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus)
Orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus)
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Primates
Famille Hominidae
Sous-famille Ponginae
Genre
Pongo
Lacépède, 1799

Les Orang-outans (Pongo) forment un genre de singes anthropoïdes de la famille des Hominidae. Ils sont répandus en Insulinde, plus précisément dans les îles de Bornéo et Sumatra.

Sommaire

Origine et génétique

Les orang-outans intéressent beaucoup les généticiens et les biologistes qui étudient l'évolution humaine car ils appartiennent à la super-famille des primates hominoïdes mais possèdent une diversité génétique[1]' [2] plus riche que les autres grands singes, n'ayant pas subi de goulot génétique contrairement aux espèces d'origine africaine.

Le caryotype des orang-outans est diploïde, avec 2n = 48 chromosomes, comme pour tous les autres grands singes à l'exception des humains. La taille du génome des deux espèces d'orang-outan est comparable à celle de l'espèce humaine. La date de sa divergence d'avec la lignée humaine est estimée à 12-14 millions d'années, ce qui le place en tant qu'espèce à un point médian dans l'évolution des primates. Ceux-ci auraient commencé à diverger d'avec les lignées humaines il y a 25 millions d'années selon Chen et Li 2001[3]' [4]. Le caryotype de l'orang-outan est le plus proche de l'hominoïde ancêtre commun à l'espèce humaine et aux grands singes[5]. Selon les critères adoptés, ils auraient environ 3 à 4 % de différences génétique avec l'espèce humaine[3].

Le nom « orang-outan » vient du malais orang hutan signifiant « homme de la forêt ». On l'écrit aussi « orang-outang ».

Génome

Le génome des orangs-outangs a été séquencé en janvier 2011[6]. Après les humains et les chimpanzés, les orangs-outans sont devenus la troisième espèce d'hominidés à avoir leur génome séquencé. L'origine du séquençage du génome est basé sur un individu femelle captif appelé Susie[6].

Les chercheurs ont également publié des copies moins complètes de dix orangs-outans sauvages, cinq de Bornéo et cinq de Sumatra. Il a été constaté que la diversité génétique était plus faible chez les orangs-outans de Bornéo (Pongo pygmaeus) que chez ceux de Sumatra (Pongo abelii), bien que ceux de Bornéo soient six ou sept fois plus nombreux que ceux de Sumatra. La comparaison a montré que ces deux espèces ont divergé il y a autour de 400 000 ans, soit plus récemment qu'on le pensait. On a également constaté que le génome des orangs-outangs a évolué beaucoup plus lentement que celui des chimpanzés et de l'homme[6].

Les chercheurs espèrent que ces données pourront aider à sauver les grands singes en voie de disparition, et s'avéreront également utiles pour une meilleure compréhension des maladies génétiques humaines[6].

Distribution

Distribution

Les espèces de ce genre se rencontrent à Sumatra et à Bornéo en Indonésie et en Malaisie. Autrefois l'on trouvait également des orangs-outans sur l'île de Java.

Liste des espèces

Selon Mammal Species of the World (26 févr. 2011)[7] et NCBI (26 févr. 2011)[8] :

Principales caractéristiques

La taille moyenne des orang-outans est de 1,10 à 1,40 m pour 40 à 80 kg et peuvent vivre de 30 à 40 ans.

La gestation dure 245 jours. Les jeunes orang-outans voyagent accrochés au dos ou au ventre de leur mère pendant plus de deux ans. Les naissances sont espacées, avec un intervalle d'environ huit ans en moyenne.

Les orang-outans sont parmi les plus arboricoles des grands singes. Ils passent la majeure partie de leur temps dans les arbres, à la recherche de nourriture. L'animal se nourrit la plupart du temps de fruits, de jeunes pousses, d'écorce, de petits vertébrés, d'œufs d'oiseaux et d'insectes. Chaque nuit, ils fabriquent un nouveau nid perché entre 12 et 18 mètres au-dessus du sol.

Comportement

Intelligence

Comme les autres grands singes, les orang-outans sont remarquablement intelligents. Au milieu des années 1990, une population d'orang-outans a été observée utilisant régulièrement des outils pour s'alimenter[9],[10]. Cela avait déjà été montré auparavant chez des chimpanzés par Jane Goodall dans les années 1960[11].

Un article paru dans Science en 2003 apporte des preuves de l'existence d'une culture propre aux orang-outans[12].

Plus récemment, une expérience conduite par des chercheurs allemands de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig a permis de mettre en évidence les capacités intellectuelles des orang-outans. Des chercheurs ont présenté à 5 orang-outans femelles de 7, 11, 17 et 32 ans, venant d'un zoo local, une grosse cacahuète flottante sur de l'eau, dans une longue éprouvette verticale transparente fixée à une paroi. Le niveau d’eau était trop bas pour que les singes puissent attraper la cacahuète avec les doigts. Un récipient d’eau était mis à leur disposition dans la pièce. Les orang-outans ont rapidement compris qu'en prenant de l’eau dans leur bouche pour la recracher dans l’éprouvette, ils feraient monter le niveau de l’eau et pourraient attraper la cacahuète et la manger. Il a fallu 9 minutes en moyenne pour qu’ils le fassent ; à la dixième expérience, 30 secondes leur suffisaient pour attraper et manger la friandise. Aucune autre méthode ne permettait de récupérer et manger la cacahuète[13].

Sociabilité

Les adultes mâles sont solitaires durant une grande partie de leur vie mais communiquent par des cris puissants, perceptibles à 1 km au moins, pour marquer leur territoire et sans doute pour appeler les femelles. Les femelles sont moins solitaires puisqu'elles accompagnent leurs petits jusqu'à l'âge de 3 ans et demi environ. Elles accordent une grande attention au jeune et les naissances (un seul petit) sont rares (une tous les 8 ans). Le mâle n'est sexuellement mûr qu'entre 7 et 10 ans.

Agressivité et relations sociales

Bien que les orang-outans soient généralement passifs, les agressions entre individus sont courantes ; ce sont des animaux solitaires qui peuvent être férocement territoriaux. Les mâles non mûrs essayent de s'accoupler avec n'importe quelle femelle et peuvent réaliser de force des copulations avec des femelles immatures, pas encore assez fortes pour parer ces avances. Au contraire, les femelles adultes détournent facilement les jeunes prétendants, préférant s'accoupler avec les mâles mûrs.

Les orang-outans sauvages sont connus pour leurs visites des installations humaines de recueil des jeunes orang-outans abandonnés, communiquant avec eux et peut-être aidant ainsi leur retour à la vie sauvage.

Sexualité

L'orang-outan commence à se reproduire entre 7 et 10 ans. L'orang-outan n'a pas de saison des amours privilégiée. La gestation dure 9 mois. La mère donne naissance à un seul petit. Les jumeaux sont rares. Les naissances sont espacées de plusieurs années.

Menaces et protection

Pongo abelii est sur la liste rouge de l'IUCN, dans la catégorie en danger critique;

En 2011, le déclin démographique évalué de ces orang-outans dépasse les 80 % au cours des 75 dernières années.

Pongo pygmaeus est sur la liste rouge de l'IUCN, dans la catégorie en danger;

En 2011, le déclin démographique évalué de ces orang-outans dépasse franchement les 50 % au cours des 60 dernières années.


La survie des orang-outans dans la nature est grandement menacée par le développement des activités humaines et en particulier la déforestation, récemment encouragée par les sylvicultures industrielles (exploitation ou surexploitation du bois), le développement de mines et de cultures destinées à produire des biocarburants[14], et l'agriculture (en particulier pour la production d'huile de palme transformée ensuite en biodiésel).

La plupart de ces activités responsables de l'accélération de la destruction de leur habitat, sont illégales. Cela touche également les parcs nationaux officiellement hors d'atteinte des bûcherons, des mineurs et du développement des cultures. Certains jeunes orang-outans sont également capturés pour être illégalement vendus, les braconniers tuent souvent la mère pour voler son bébé. Taipei, la capitale de Taïwan, compte beaucoup d'orang-outans. Au marché noir, un petit singe se vend aisément. En dix ans, un millier de singes sont ainsi devenus des bêtes de cirque ou de compagnie. Or, sur six à huit petits capturés, un seul survit au choc et au voyage après que sa mère a été abattue par les braconniers.[réf. souhaitée]

L’espèce est également menacée par le braconnage, alimentant le marché de la viande sauvage et des animaux de compagnie, et les incendies de forêts, souvent volontaires. Seul un tiers de la population de l'État de Sabah se trouve dans des zones protégées telles que des parcs nationaux et réserves naturelles, ce qui laisse deux tiers des animaux sans protection et donc plus vulnérables encore.

Environ 80 pour cent de l'habitat des orang-outangs a été déboisé ces 20 dernières années[réf. souhaitée]. Les chercheurs de la « Wildlife Conservation Society » (Société de préservation de la faune) prévoient que la majeure partie de la population d'orang-outangs sauvages mondiale sera éteinte d'ici dix ans[réf. souhaitée] à moins que le braconnage et la destruction de son habitat puissent être arrêtés. Avec des pertes se montant à 1 000 individus chaque année, leur nombre est tombé de 12 000 en 1993 à 6 000 individus à peine aujourd'hui. Il y a onze ans, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) avançait le chiffre de 800 orangs-outans au Sabah et de 5 000 dans le monde, sans avoir fait de recensement.

Le WWF travaille en collaboration avec les autorités et d’autres organisations pour la conservation de la nature : son but est d’étendre la superficie des aires protégées et d’en créer de nouvelles, où la chasse et l’exploitation forestière seront interdites. Le WWF a également aidé les autorités à faire appliquer les lois qui limitent sévèrement le commerce des orang-outangs vivants et des produits dérivés de ces primates. Lorsqu’un orang-outang est confisqué à un trafiquant, il est confié à un centre où il est réhabitué à la vie sauvage avant d’être relâché dans un site protégé.

Les principaux centres de conservation se trouvent :

  • En Malaisie (tous deux sur l'ile de Bornéo) :
    • Semenggok à Sarawak.
    • Sepilok près de Sandakan à Sabah : c'est un centre de réhabilitation où les orang-outans vivent en semi-liberté, ouvert aux touristes : il est possible d'y observer les orang-outans lors de leurs 2 repas quotidiens.

L'orang-outan dans la culture

Orang-outan bucolique

Dans la littérature :

Au cinéma :

Notes et références

  1. Warren K.S., Verschoor E.J., Langenhuijzen S., Heriyanto, Swan R.A., Vigilant L., Heeney J.L. (2001) « Speciation and intrasubspecific variation of Bornean orangutans, Pongo pygmaeus pygmaeus ». Mol Biol Evol, 18, pp. 472-80.
  2. Zhang Y., Ryder O.A. (2001) « Genetic divergence of orangutan subspecies (Pongo pygmaeus) ». J Mol Evol 52, pp. 516-26.
  3. a et b Chen F.C., Li W.H. (2001) « Genomic divergences between humans and other hominoids and the effective population size of the common ancestor of humans and chimpanzees ». Am J Hum Genet 68, pp. 444-56.
  4. Goodman M. (1999) « The genomic record of Humankind's evolutionary roots ». Am J Hum Genet 64, pp. 31-9.
  5. (en) Proposal for BAC library construction of Orangutan (Pongo pygmaeus)
  6. a, b, c et d 26 January 2011 | Nature | doi:10.1038/news.2011.50
  7. Mammal Species of the World, consulté le 26 févr. 2011
  8. NCBI, consulté le 26 févr. 2011
  9. (en) BMF Galdikas, « Orang-Utan tool use at Tanjung Putting Reserve, Central Indonesian Borneo (Kalimantan Tengah) », dans J Hum Evol, vol. 10, 1982, p. 19-33 [lien DOI] 
  10. (en) CP Van Schaik, EA Fox et AF. Sitompul, « Manufacture and use of tools in wild Sumatran orangutans – implications or human evolution », dans Naturwissenschaften, vol. 83, no 4, 1996, p. 186-188 [lien DOI] 
  11. Goodall J. 1970. Tool-using in primates and other vertebrates. In: Lehrman DS, Hinde RA, Shaw E, editors. Advances in the study of behavior. New York, Academic Press. Vol. 3: p. 195-249
  12. (en) Carel P. van Schaik, Marc Ancrenaz, Gwendolyn Borgen, Birute Galdikas, Cheryl D. Knott, Ian Singleton, Akira Suzuki, Sri Suci Utami, Michelle Merrill, « Orangutan Cultures and the Evolution of Material Culture », Science, 3 janvier 2003, vol. 299, n° 5603, pp. 102-105 (résumé).
  13. vidéo de l'expérience
  14. CNRS, « Disparition des orangs-outans : le génome met en cause la déforestation », 24 janvier 2006.

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