Histoire de la culture du coton

Histoire de la culture du coton

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la culture du coton était l'affaire de l'Asie, surtout de l'Inde, qui vendait depuis des siècles des filés de coton déjà colorés, très recherchés en Europe.

Sommaire

L'avant révolution industrielle

Les origines indiennes anciennes

Cultivé dans de nombreux pays chauds pour les fibres qui entourent les graines à maturité du fruit, le coton se trouve à l'état sauvage sous la forme d'une trentaine d'espèces[1], qui ne donnent au final que quatre espèces cultivées : Gossypium arboreum, Gossypium herbaceum (coton dit indien à fibres épaisses et courtes), Gossypium barbadense (coton égyptien à fibres longues et fines) et Gossypium hirsutum, l'espèce la plus couramment cultivée à fibres de taille moyenne.

Le premier mot à désigner le coton, dans la version en hébreu de la Bible, dans le Livre d'Ester, est celui du vieux-sanskrit "Karpasi", qui donnera plus tard Kapas ou "Karpas", terme resté pour désigner le coton-graine en Inde et en Indonésie.

Les Grecs trouvent le coton en Inde, selon les écrits d'Hérodote : « Les Indiens ont une sorte de plante qui produit, au lieu de fruits, de la laine plus belle et plus douce que celle des moutons; ils en font leurs vêtements ». L'historien avait auparavant parcouru, au Ve siècle av. J.‑C., l'Égypte et l'Asie occidentale, sans y voir de coton.

Strabon découvre du coton plus proche, quelques années avant notre ère, à l'entrée du golfe Persique. Pline le décrit ensuite sous les noms de xylon et de gossypion, comme l'une des productions de l'Arabie et de la Haute-Égypte, en précisant que les vêtements des prêtres égyptiens étaient confectionnés en coton[2].

Au premier siècle de notre ère, le commerce d'étoffes indiennes, jusque-là limité à l'Asie occidentale, se déplace vers l'Ouest de la Méditerranée. En même temps, la culture de la plante et la filature du coton se répandent hors de l'Inde vers la Perse et l'Arménie, où elles sont florissantes au XIIIe siècle[3]. Parallèlement, les Arabes propagent cette culture en Afrique, à mesure que leur conquête s'y étend[3].

L'histoire des indiennes de coton en Europe créé une forte demande

Dans le Sud des États-Unis et aux Antilles, le coton a d'abord coexisté avec le tabac et le riz, mais cultivé dans des quantités très marginales. La demande européenne est encore modeste et le coton d'Asie y suffit.

À partir des années 1730 à 1740[réf. souhaitée], l'histoire des indiennes de coton en Europe s'accélère. L'Europe s'entiche de ces tissus légers et doux, moins chers que la soie et plus faciles à colorer, grâce aux procédés d'impression. Leur succès stimule la recherche de l'indigo, de la garance et autres plantes tinctoriales.

La production des indiennes, d'abord localisée en Inde, puis en Suisse depuis la fin des années 1690, arrive en 1746 en Alsace et 1750 en France. Symbole de cette évolution, la famille suisse de Pourtalès a installé à Nantes en 1754 une succursale pour écouler ses indiennes vers le Nouveau-Monde, où les tissus légers en coton font fureur. Pour remplir ses bateaux au retour, elle développe la culture du coton sur l'île de Saint-Domingue, où les colons français ont introduit les premiers plants de coton vers 1740. Peu à peu, les plantations de coton s'étendent, pour répondre à la forte demande européenne.

La montée en puissance de Saint-Domingue en 25 ans, de 1764 à 1789

Saint-Domingue, commença pat cultiver le cotonnier dans la région de l'Artibonite et la plaine des Gonaïves, trop sèches pour le sucre. La guerre de Sept Ans (1757-1764) donne un coup de frein au développement du coton dans le Nouveau-Monde. Les anglais s'en inquiètent lors du traité de Paris de 1763. Les vainqueurs laissent la France conserver Saint-Domingue, déjà productrice de deux millions de livres de coton[4], et préfèrent affaiblir, en les taxant, les fabriques de rhum de la Nouvelle-Angleterre, car ils sentent les prémices de la guerre d'indépendance. L'Angleterre vote le Sugar Act de 1764, qui toilette le Sugar and Molasses Act de 1733 : la fiscalité est durcie sur les importations de sucre, alors que le coton volontairement épargné, incitant les grands négociants anglais à capter la production de Saint-Domingue, le plus souvent via une escale à la Jamaïque anglaise[5], pour alimenter les premières usines de Manchester[6]. Plus fin que celui de la Jamaïque, le coton de Siam blanc de Saint-Domingue a une rentabilité plus élevée, 24% contre 14%[7] et les planteurs s'intéressent au coton de Sainte-Marthe.

Les trente années qui suivent, entre 1766 et 1789, voient la révolution cotonnière de Saint-Domingue. La production triple, une croissance aussi rapide que celle de la révolution du café de Saint-Domingue, qui se déroule au même moment. En 1773, l'île produit déjà 4 millions de livres de coton[8]. En 1789, c'est 6,3 millions de livres, chiffre qui monte à 8 millions de livres en 1790, puis chute à 3 millions de livres dès 1794[9], une partie des plantations de coton étant abandonnées lors de la révolte des noirs de 1791.

C'est le coton qui exigea les plus grandes entrées d'esclaves dans les années 1780. Saint-Domingue doubla alors le nombre de captifs importés chaque année pour dépasser 30000 après 1785, à un prix unitaire dépassant 1500 livres. En six ans, seulement, de 1783 à 1789, les surfaces cotonnières augmentèrent d'un tiers, atteignant 6 311 hectares, surtout dans le Sud et l'Ouest, zone de coton où vient les mulâtres[10] et les propriétaires blancs de moyenne envergure[11].

Après le traité de libre-échange de 1786, les importations françaises de textiles britanniques en coton furent multipliées par 15 entre 1786 et 1789[12], créant une énorme demande de matière première, fournie elle par les colonies françaises. A Bordeaux, 7 navires chargés de coton partaient pour l'Angleterre en 1785, ils étaient 19 en 1789, dont 15 pour Liverpool. En 1788, la valeur de la production cotonière dépasse 16 millions de livres[13].

Jusqu'en 1791, l'île reste la principale source de coton brut, avec l'Asie et les îles du littoral de Caroline du Sud et Géorgie. Cultivé dans 7 000 exploitations, contre 3 000 pour l'indigo, situées dans l'ouest de l'île, passées sous contrôle anglais en 1794 lors du traité de Whitehall, le coton de Saint-Domingue fait travailler 30 000 ouvriers dans la région de Manchester en 1794, selon les estimations d'Alain Turnier, dans Les États-Unis et le marché haïtien, le pacte colonial.

La révolution industrielle

L'invention de nouvelles fileuses et tisseuses stimule la demande de coton brut, les cours flambent

Les années 1790 voient se généraliser les machines perfectionnées au cours des trois décennies précédentes, qui permettent de doper la production de vêtements en coton. L'ingénieur anglais Edmond Cartwright reçoit 10 000 livres du parlement en 1792 pour avoir inventé en 1789 la machine à peigner le coton, fonctionnant à vapeur, qui permet de décupler la productivité de ses 400 ouvriers. Son rival Robert Owen en fait travailler 4 000 dans la ville-champignon écossaise de New Lanark. Son invention multiplie le potentiel de la fileuse (Spinning-Jenny), inventée en 1765 par James Hargreaves, de la fileuse waterframe de Arkwright (1768) et la machine à vapeur de Watt (1769).

En 1789 dans le Rhode Island, l'immigré anglais Samuel Slater (en) s'associe à Moses Brown, qui crée une usine textile à Pawtucket, avec son gendre William Almy, et son neveu Smith Brown. Samuel Slater apporte les technologies développées en 1768 par Arkwright, puis quitte la firme Almy, Brown & Slater pour créer la sienne avec son fils John en 1818. Les vêtements en coton sont produits en quantité dix fois supérieure, ce qui fait chuter leur prix de vente. Mais parallèlement, le coût de la matière première augmente de 50%, en raison l'explosion de la demande. Dans le port de Liverpool le cours de la livre de coton (indice cotlook) passe de 30 à 45 dollars entre 1790 et 1800, avant de retomber à 10 cents, mais seulement en 1840, l'offre de coton brut ne s'adaptant que progressivement à la demande.

À partir de 1785, une intense spéculation immobilière sur le Bourbon county

Le boom de la consommation en Angleterre, à partir de 1770 puis 1789, déclenche les premières spéculations immobilières pour planter du coton dans la région dite du Bourbon county: les terres de l'ex-Louisiane Française, passées sous contrôle des Espagnols qui ne parviennent pas à les peupler, malgré l'appel aux Acadiens et aux Allemands. La partie la plus intéressante est le Nachez District: des terres fertiles y surplombent le Mississippi, à l'abri des inondations. Les spéculateurs prévoient que les riches planteurs des Îles Caraïbes seront tentés un jour ou l'autre de se replier sur la Louisiane. Les premiers réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique comme Pierre-Jacques Meslé de Grandclos.

L'essor des zones productrices d'Amérique du Nord

L'arrivé des planteurs de coton suit les vagues de hausse des cours. Premières locomotives la Géorgie et la Caroline du Sud, qui multiplient par vingt leur production dans les années 1790, en innovant avec le Sea Island cotton sont suivies par la basse Louisiane dans les années 1800, puis en 1817 l'Alabama et le Mississippi, qui vit un second boom entre 1833 et 1837.

Georgie et Caroline, les deux premières locomotives

En 1789, le congrès créé une taxe à l'importation de coton, de 3 cents par livre, pour encourager le retour en Caroline du Sud et Géorgie des loyalistes anglais exilés aux Bahamas pendant la guerre d'indépendance, où ils ont perfectionné le Sea Island cotton.

L'Angleterre veut de son côté protéger les Antilles comme source d'approvisionnement, en proposant en 1792 l'Article 12 du Traité de Londres (1795), qui interdit les importations de coton américain[14]. Le coton de Saint-Domingue, où la révolte des esclaves démarre en 1791, a en effet du mal à satisfaire la « famine de coton » des premiers entrepreneurs du coton britannique, dont les nouvelles machines permettent de multiplier la production par cent. Le Sénat américain demande que l'article 12 soit amendé pour adopter le Traité de Londres de 1795, mais cela ne suffit pas à atténuer les récriminations du sud contre le rédacteur du traité, John Jay, accusé à la fois de protectionnisme et de faiblesse envers l'Angleterre par le parti français à Washington, qui va lancer la quasi-guerre.

Entre-temps, en 1793, Eli Whitney invente le Cotton gin, qui améliore le roller gin, une machine à trier les semences des fibres de coton. La machine se diffuse très vite chez les planteurs de Géorgie, menés par Jean Bérard de Moquet. Entre 1793 et 1800, les exportations américaines de coton brut passent d'un demi-million de livres à 18 millions de livres, soit le double de celles de Saint-Domingue, puis à 128 millions de livres en 1820[15], selon Stephen Yafa, dans Big Cotton (New York: Viking, 2005). Une expansion entraînant l'augmentation rapide de la part américaine du marché mondial: 70% dès 1805 contre 9% en 1791 et 0% en 1784[16].

Louisiane et Mississippi

Les années 1800 voient arriver la Louisiane et ses planteurs français, comme Hippolyte Chrétien, ravitaillé en esclaves par Jean Laffite, figure de la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe. Le planteur et spéculateur immobilier William Blount, gouverneur du futur Tennessee, les rejoint lors de la bataille de la Nouvelle-Orléans, gagnée contre les Anglais. En 1797, en difficulté financière, il avait au contraire incité les indiens Creek et Cherokee à s'allier aux Anglais, afin de s'emparer des terres espagnoles en Floride occidentale puis en Louisiane. Dix mille réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique émigrent en Louisiane, qui produit 93 millions de livres de coton en 1810 contre 90 livres en 1793, grâce à de nouvelles espèces de coton.

Un peu au nord, les producteurs du Nachez District menés par Daniel Clark se convertissent massivement au coton, en obtenant en 1795 le traité de Madrid, garantissant la navigation sur toute la longueur du Mississippi. Parmi eux, Stephen Minor, John Bisland, ou Joseph Duncan. Cette partie de la formidable artère fluviale du Mississippi, reçoit tellement d'immigrants qu'elle devient en 1817 l'État du Mississippi[17], celui qui hébergera le plus d'esclaves dans l'histoire américaine : 15 000 sont déjà là en 1711. C'est dans les années 1815-1819, juste à la fin de la guerre de 1812, que l'afflux d'immigrants est le plus massif[17]. Un témoin a vu 4 000 voyageurs arriver en seulement 9 jours.

Entre 1833 et 1837, une deuxième vague d'immigrants, grisés par le succès des planteurs du Natchez District, envahit le nord de l'Etat du Mississippi, lui permettant pour la première fois de dépasser en production Géorgie et la Caroline du Sud[18]. En 1839, l'Etat a déjà la même population qu'en 1860 et les dix années de dépression des cours du coton qui suivent équilibrent les départs et les arrivées[19]

La ruée vers l'or blanc d'Alabama en 1817

En 1817, l'Alabama fever voit plusieurs centaines de réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique, menés par deux ex-généraux de Napoléon Bonaparte, fonder la Vine and Olive Colony, avec le planteur Frederick Ravesies. Ils obtiennent 370 kilomètres carrés du gouvernement américain, sur lesquels le vin et les olives font vite place à la culture du coton.

L'extension se poursuit avec la colonie bonapartiste de Champ d’asile, menée par général Antoine Rigau et Charles Lallemand, puis jusqu'au Missouri et au Territoire du Kansas, fondé en 1854 par Aristide Rodrigue, fils de Jacques-André Rodrigue, autre réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique, sur fond de flambée des cours du coton et d'expansion monétaire et spéculative, permise par les ruée vers l'or de 1848 en Californie et 1851 en Australie.

La migration des esclaves, de l'Atlantique aux territoires de la frontière sauvage

En 1805 Washington interdit la la traite négrière. Les prix augmentent sur le marché aux esclaves de La Nouvelle-Orléans, 500 dollars en 1805 contre 200 en 1776 et 100 en 1766. L'État fédéral interdit aussi de défricher sur la « frontière sauvage », à l'Ouest. Mais en 1803, Thomas Jefferson est élu président: le parti français à Washington et les partisans de la conquête de l'Ouest l'emportent. Trois nouveaux états fondés dans les années 1810, l'Alabama, le Mississippi et la Louisiane cultivent la moitié du coton américain dès 1834 puis 78% en 1859, si on leur ajoute la Géorgie. La Virginie, qui a aboli la traite négrière dès 1785, voir sa part chuter. Les anciennes colonies de la côte atlantique ne pèseront que plus que 10% de la culture du coton américain lors de guerre de sécession.

Les esclaves des anciennes colonies sont déplacés, depuis le port de Norfolk jusqu'à la Nouvelle-Orléans. La plupart doivent emprunter des « routes de la migration » établies le long d'un réseau d'entrepôts destinés à leur accueil temporaire. La Louisiane importe 18 000esclaves entre 1790 et 1810[20]. Et selon l'historien Adam Rothman, la plupart des 40 000 esclaves importés à Charleston entre 1804 et 1807 sont envoyés directement à la Nouvelle-Orléans.

Les États-Unis ne comptaient que 350 000 esclaves en 1750, sur 1,5 million d'habitants. En 4 générations, leurs descendants sont 11 fois plus nombreux : 4 millions d'esclaves noirs en 1865. Mais sur le long terme, les États-Unis, comme colonies anglaises puis comme pays, n'ont accueilli que 5% des 11 millions de victimes de la traite négrière, avec 350 000 personnes, selon les estimations, contre plus de 1,6 million pour les Antilles britanniques, 1,7 million pour les Antilles françaises et 4 millions au Brésil.

Le travail dans les plantations de sucre était réservé à une minorité de jeunes esclaves, qui mouraient vite. L'espérance de vie plus élevée des esclaves en Amérique du Nord s’explique par l'interdiction de la traite négrière qui empêche de remplacer trop vite les esclaves. On peut parler de deux esclavages :

  • le sucre brésilien ou antillais, sur des surfaces agricoles spéculatives car limitées, à forte rentabilité, espérant des gains très importants en cas de flambée des cours après un ouragan ou une sécheresse. L'horizon est le court terme et l'exploitation de la main d'œuvre ultraviolente, la traite négrière permettant un rapide turn-over.
  • le coton américain : l'esclavage est maintenu mais la traite négrière interdite. Les progrès technologiques des industriels entretiennent une demande structurelle de coton brut et une expansion régulière, vers l'ouest, des surfaces plantées, privant les planteurs de toute visibilité sur leurs futurs prix de vente. S'enrichir, c'est arriver le premier sur les terres de l'Ouest.


L'essor de la production de coton brut, selon les États (en millions de livres) :
Année 1766 1770-75 1789 1794 1795-1800 1800 1811 1821 1825 1835
Saint-Domingue 2 6,2 3 0 0 0 0
Caroline du Sud 0,98[21] 8,4[21] 40 50[22]
Géorgie 0 2 17 20 45[22]
Louisiane 0,09 2[22] 10[22]
Alabama 20[22]
Mississippi 10[22]
Tennessee 3[22] 20[22]
Virginie 8[22] 12[22]
Caroline du Nord 7[22] 10[22]
États-Unis 0 6[23] 18 17 80 177[22]
Natchez District 0,03[24] 1,2[24]
Importations anglaises 4,8[25] 11,8[25] 32,5[25] 155[26] 361[26]

La production américaine a atteint le seuil de 3 millions de balles dès 1850[27].

Deux Amériques en 1865: les plantations aristocratiques au Sud, les usines protectionnistes au Nord

Dans l'Amérique du XIXe siècle, les mentalités sont différentes entre le Nord, d'origine protestante ancienne et le Sud, anglican et d'immigration plus récente. Le Nord compte trois fois plus de journaux par habitants, deux fois plus d'écoles, 20 fois plus de bibliothèques.

Le sénateur de Caroline du Sud James Henry Hammond résume en 1858 la puissance du coton américain, par la formule "King cotton"[28]. Mais les manufactures de coton représentent un capital de 43 millions de dollars au Nord, et de 2 millions seulement dans le Tennessee, l'Alabama, la Géorgie et la Caroline du Sud, les États planteurs.

En 1850, la production de textiles cotonniers du Nord pèse 288 000 sterling par an, soit la moitié de celles des Britanniques, et deux fois celle de la France, qui a pourtant 35 millions d'habitants contre 22 millions aux États-Unis. Dès 1830, c'était le 2e consommateur mondial de coton.

Les industriels du Nord, protectionnistes, réclament des barrières douanières, afin de protéger leur industrie naissante contre l'impérialisme anglais. Les planteurs du Sud veulent le libre-échange, pour conserver leurs grands clients anglais. La Caroline du Sud a recouru en 1832 à l'ordonnance de « nullification », pour tenter d'annuler la loi protectionniste tout juste votée à Washington.

Le libre commerce perd cependant peu à peu de son intérêt stratégique : d'autres pays cultivent à grande échelle du coton brut, ce qui pèse sur les cours mondiaux. Et après 1860, la consommation mondiale de coton brut ne croît plus aussi vite. Les bourses américaines et anglaises n'ont plus d'yeux que pour trois nouvelles industries : le rail, l'acier et le charbon.

Nouveaux producteurs et nouveaux consommateurs

Le coton brésilien en croissance mais marginalisé au début du XIXe siècle

À partir de 1788, les importations anglaises de coton brésilien augmentent très vite et atteignent une moyenne de 4 400 par an, sur une production brésilienne de 5 600, au cours de la période 1803-1805, pour ensuite progresser à un ryhtme moins rapide et s'établir à 14 000 vers 1830, tombant à 4% de la production mondiale contre 10% à 15% en 1805[29].

L'émigration au Brésil de la famille royale portugaise, face à l'invasion du Portugal par Napoléon en 1807, va priver le Brésil de ses débouchés français, comme le montrent les difficultés de la Manufacture de coton d'Annecy, qui doit se tourner vers le coton égyptien. Les cours du coton flambent en 1807 et 1808, alors que les importations françaises passaient de 12 à 4 millions de kilos, obligeant à se tourner vers le coton venu du Levant, jugé de mauvaise qualité, car aux fibres courtes ; alors que le Brésil représentait encore en 1807 un tiers des 126 000 balles de coton importées en France, à égalité avec les Etats-Unis[30]. Vingt ans plus tard, en 1827, le coton américain était déjà 15 fois plus consommé en France que le coton du Brésil.

L'émigration au Brésil de la famille royale portugaise, qui se place sous protection anglaise, n'empêche pas la part du coton brésilien dans les importations anglaises de chuter parallèlement de 18% à 11% entre 1805 et 1821, car il n'est plus compétitif face à la montée des surfaces cultivées aux États-Unis, où la machine à égrener d'Eli Whitney se répand, et en Égypte[29]. Malgré des conditions climatiques optimales, le coût des communications intérieures[31] rend le coton brésilien trop cher[32].

Malgré ces difficultés, le coton reste la première exportation du Brésil, grâce à deux origines anciennes et réputées, Pernambouc et Bahia, avec 26% des recettes en 1821-1823, devant le sucre (23%), tandis que le café ne connaîtra son ascension qu'à partir du milieu du siècle. La province du Maranhao a ainsi 80 000 esclaves noirs pour 150 000 habitants[33].

La consommation de coton en forte hausse en Angleterre

La percée du coton au début du XIXe siècle n'est pas seulement technologique. Les gains de productivité sont réinvestis dans des baisses de prix. Après avoir explosé au tournant du siècle, la productivité des usines de coton britannique quadruple encore entre 1830 et 1845. Les profits sont réinvestis, parfois dans d'autres industries, qui embauchent à leur tour, augmentant la demande solvable en Angleterre. La consommation de coton par habitant y est multipliée par sept entre 1830 et 1860. En 1840, environ 80% de toutes les machines à vapeur d'Europe tournent en Angleterre. Les nouveaux marchés des nouvelles républiques d'Amérique du Sud contribuent également aux économies d'échelles.

Les industriels anglais à la recherche de nouveaux pays fournisseurs

Les industriels de Manchester craignaient une révolte des esclaves noirs dans les plantations sud des États-Unis. Ils ont tenté très tôt de trouver de nouveaux producteurs. La “Cotton Supply Association” est créé en 1828 à Manchester pour promouvoir la culture du coton sur tous les continents. Elle crée des prix annuels encourageants les planteurs de l’Inde centrale, seule région productrice de l'Inde.

L'Afrique aussi est courtisée : la Cotton Supply Association affirme en 1860 que près de 60 000 personne travaillent le coton dans le delta du Niger, au pays des Yorubas[34]. Se créent alors des « compagnie pour la culture du cotonnier », comme en Australie, à Moreton Bay (Moreton Bay cotton Growing company), dans la colonie australienne de Queen'sland, au capital de 5 000 livres (75 000 francs). Une "British cotton Company", est aussi crée en 1858, au capital de 750 000 francs, pour encourager la culture du coton à la Jamaïque.

Les industriels « n’ont pas besoin de faire prêter à la confédération esclavagiste l’immense appui de la marine et des finances britanniques. Il leur suffit de s’adresser à tous les pays producteurs de coton, aux Antilles, à la Colombie, à l’Hindoustan, et, grâce à la hausse des prix (causée par la forte demande), leur appel sera bientôt entendu », écrit le géographe Élisée Reclus[35].

Les Français, privés de coton brésilien, se tournent vers l'Égypte

En 1807 encore, les industriels français recevaient 126 000 balles de coton, dont un tiers, soit 40 000, du Brésil et un autre tiers, soit 36 000, des États-Unis[30]. Vingt ans plus tard, le coton américain sera 15 fois plus consommé en France que le coton du Brésil.

Un industriel savoyard, Louis Alexis Jumel, implante alors en 1817 en Égypte un coton à fibres longues, le coton Jumel, après avoir fondé en 1804 la Manufacture de coton d'Annecy et en 1816 la Manufacture de coton de Cluses. En 1825, cette variété est croisée avec le Sea Island cotton. Ensuite, dans les années 1830 et 1840, les alsaciens vont en planter en Algérie et dans le Texas. En 1861, une crue du Nil détruit un quart de la récolte, mais les fellahs augmentent l’étendue de leurs plantations et construisent dans le delta du Nil plus de 40000 noria pour l’irrigation[35].

Les années 1850 et une nouvelle flambée des cours

Une forte expansion des usines de coton

Les années 1850 sont caractérisées par un doublement des cours mondiaux du coton[36], sous l’effet du développement rapide de l’industrie textile en Europe[16]. C'est au cours de cette décennie que les sous-vêtements en coton bon marché seront diffusés, car il est possible de les nettoyer fréquemment et d’en changer souvent.

Alors qu'entre 1800 et 1848 la croissance annuelle de la demande mondiale était de 1,15%, sur la période 1849-1863, elle enregistre une croissance beaucoup plus rapide, de 11,75% par an, avant de revenir pour 1867-1936 à une expansion moins forte (2,75% par an), qui ralentit encore après 1937 (2,3%), selon l'analyse historique des quatre grandes périodes de croissance cotonnière effectuée des chercheurs du CIRAD[16].

En 1840, le coton brut représente 55% à 65% des coûts d'une filature anglaise, qui paie la matière deux fois plus cher qu'une filature égyptienne[37]. Dès les années 1850, les anglais accélèrent l'histoire de la culture du coton en Inde.

L'implantation en Inde

Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien: 463000 balles contre 56923, tandis que les quantités de coton achetées dans les "Indes occidentales" (les Antilles) stagnent à un niveau très faible[38].

Dès 1858, les industriels français commencent à importer eux aussi du coton des régions de Sumate et Madras en Inde : ainsi en 1858, il s'est vendu en France 17000 balles de coton indien, même si ses fibres présentent plus de difficulté dans la fabrication que le coton "longue laine" d'Amérique.

Les filatures anglaises constatent que la fibre de coton indien casse fréquemment, faute d’une bonne longueur de soie. Pour éviter les coûts élevés qu’aurait entraînés une modification des machines, le gouvernement colonial britannique introduit le coton américain en Inde, avec pour inconvénient plusieurs maladies végétales, dont le ver de la capsule. Le coton américain (Gossypium hirsutum) exige trois fois plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite : ses rendements chutent après trois ans, alors que ceux du coton indien restent constants pendant trente ans.

Les anglais implantent aussi sur place des usines[39] et mettent au chômage des artisans, causant la Révolte des Cipayes, menée par des soldats[40] servant dans la Compagnie anglaise des Indes orientales.

La France essaie de produire plus en Algérie mais sans grand succès

La hausse des cours des années 1850 incite la France à relancer l'histoire de la culture du coton en Algérie et expérimenter la culture irriguée du coton et de l’indigo à Richard Toll, dans le nord du Sénégal[41], puis en Casamance, et dans la vallée du fleuve Sénégal, où les Soninkés disposent d’une longue tradition cotonnière, des expérimentations qui resteront sans suite[40]. Ce sont les tout débuts de l'histoire de la culture du coton en Afrique noire.

Les prix du coton ayant flambé, des matières premières de substitution sont recherchées : en Belgique, les importations de laine augmentent de 50% entre 1855 et 1857 pour atteindre 12 millions de kilos[42]. Dans la région française de Cholet, les industriels font passer de 78% à 93% part du coton américain entre 1850 et 1860[43]. L'industrie textile calaisienne choisit au contraire d'entamer sa reconversion du coton à la soie.

La guerre de Sécession fait à nouveau flamber les cours

À la veille de la guerre de Sécession, les américains produisent 80% des 850 000 tonnes de coton consommés chaque année dans le monde, dont les trois-quarts prennent la direction des usines britanniques, qui font travailler deux millions de salariés. Les États-Unis produisent à eux seuls 716 000 tonnes, contre 95 000 pour les Indes britanniques, 27000 pour l'Égypte, 10 000 pour le Brésil, et 5 000 pour la Caraïbe[44]. La France achète alors cinq fois moins de coton sur le marché mondial que l'Angleterre[45]. Le coton brut mobilise alors 60 millions d'hectares dans le monde, dont le tiers est utilisé chaque année, selon le principe de l'assolement triennal et rapporte 1,6 à 2 milliards de francs[45].

L'origine des importations de coton au Havre entre 1861 et 1864 (en milliers de balles).

Année Etats-Unis Inde Brésil
1861 516 30 1
1862 31 125 4
1863 4 189 9
1864 5 216 27

C'est en octobre 1863 que la flambée des cours est au maximum : du coup, les importations anglaises sont divisées par deux, faute de matière première disponible[46]. Le conflit, qui interrompait les livraisons de coton américain, fait craindre une pénurie de coton dans le Sud des États-Unis. Peu à peu, elle se matérialise, malgré une contrebande, dans laquelle les ports américains de Charleston et Wilmington se distinguent. En un an et demi, les cours du coton ont été multipliés par six[47], pour dépasser le seul de un dollar par livre, qui ne sera plus atteint ensuite avant 120 ans. Les négociants français du Le Havre souffrent du blocus maritime organisé par les États du Nord, ceux Liverpool reste approvisionné en cotons américains, par la contrebande. Pour contourner le blocus maritime des États du Nord, les chantiers navals anglais mettent au point un navire spécial en acier, plus léger que ceux en fer, filant à la vitesse de 16 nœuds. Munis de roues à aubes, d'un faible tirant d’eau, il s’approche des côtes américaines à grande vitesse, pour échapper à la surveillance et déposer, en échange du coton, des armes qui constituaient le fret du voyage aller.

Marseille, ouvert sur l'Algérie et surtout l'Égypte, profitent de la pénurie pour devenir des voies d'importation. L'interruption des arrivages de coton américain profite à l'Inde, dont les exportations vers l'Europe passent de 560 000 balles environ en 1861 à plus de 11 millions en 1865. Les perturbations causées par la guerre de Sécession suscite aussi un boom du coton égyptien, dont les exportations passent de 10 à 56 millions de dollars entre 1861 et 1864 et un engouement pour cette culture : les surfaces cultivées, avec l'aide de capitaux européens, sont multipliées par quatre[48]. Sur cette même période du début des années 1860, profitant de la pénurie mondiale, le gouvernement du Paraguay incite financièrement à développer les plantations de coton pour l'exportation[49].

La production américaine a continué à croître fortement après la guerre de Sécession jusqu'à la veille de la Première guerre mondiale, puis à connaître une légère tendance baissière, mais après 1865, la part des États-Unis chute fortement, en raison de la croissance extrêmement forte de l'offre mondiale dans les autres pays[16]. La diversification des sources va s'accélérer au XXe siècle : en 1924, 5 pays assuraient 93% de la production mondiale et en 1975, il en fallait 15 pays pour fournir la même quantité.

L'après-guerre de Sécession

Le coton d'Asie centrale, une colonie de l'expansionnisme russe

Au milieu du XIXe siècle, l’Asie centrale se trouve prise en étau entre deux empires, la Russie au nord et la Grande-Bretagne au sud. Par un oukaze de juillet 1867, le tsar Alexandre II (1818-1881) décida de rassembler tous les territoires conquis par la Russie en Asie centrale en une seule entité, le gouvernorat du « Turkestan russe »[50].

La Russie a dû réduire considérablement sa production de coton textile pendant la guerre de Sécession américaine et trouver de nouveaux fournisseurs grâce aux cotons d'Asie centrale, l'essor des industries textiles russe ne reprenant que vers 1865.

Dès 1860, la Russie avait commencé dans le Turkestan une politique d'expansion, avec en perspective de développer la culture du coton dans la vallée de Ferghana, une vaste plaine de 300 km de long sur 170 de large, située sur l’ancienne route de la soie, et lieu et un passage et d’échanges entre civilisations.

Kokand, qui avait été la ville de Gengis Khan et Tamerlan, devient le plus important marché en gros de coton d'Asie centrale et le centre financier de cette vallée turcophone, après qu'en 1876, le général Mikhaïl Skobelev déclare l'annexion du khanat de Kokand au Turkestan russe.

Les commandes militaires de ce qui devient la dixième guerre russo-turque, en 1877-1878, s'ajoutent à hausse de la consommation textile dans les campagnes, entamée lors de la décennie précédente : la consommation moyenne annuelle en tissus de coton par personne en Russie double en vingt ans, entre la période 1856-1860 et la période 1876-1880[51].

Les cultivateurs de la vallée de Ferghana, dans l'actuel Ouzbékistan turcophone, vont utiliser dès la deuxième partie du XIXe siècle la variété du Sea Island cotton, appelée aussi coton Jumel[52]. Parmi les grands marchés cotonniers d'alors, Kachgar, au débouché oriental de la vallée de Ferghana et de celle du Zarafchan.

Grâce à l'irrigation, la vallée de Ferghana est devenue l'une des grandes régions productrices et exportatrices de coton. Cependant, l'été, l'Ouzbékistan se plaint de ne pas recevoir assez d'eau pour son coton, alors que le Kirghizistan voisin a développé l'énergie hydraulique en amont[53]. À partir des années 1960, l'intense effort de production s'accompagne de problèmes de corruption qui débouchent sur l'affaire du coton ouzbek de 1983, jugée comme l'un des facteurs de la guerre d'Afghanistan, dont Iouri Andropov fut l'un des promoteurs les plus fervents.

L'appel de l'industrie textile asiatique

À partir de la fin du XIXe siècle, le développement de l'industrie textile asiatique, dans les Indes Britanniques et au Japon, combiné à la poursuite de l'expansion des filages et tissages dans l'industrie européenne, provoque une forte hausse du prix du coton, surtout à la veille de la Première guerre mondiale[16]. Ensuite, sur la période 1919-1931, la production cotonnière mondiale a été découragée par les prix moins bien orientés.

Après l'indépendance du Pakistan en 1947, qui le sépare de l'Inde, une divergence très forte entre les deux parties du pays émerge: les gens de l'Ouest s'allient aux musulmans du Bengale pour développer l'agriculture[54]. La culture du maïs est concurrencée sur certaines terres par celle du coton, avec de nouvelles techniques agricoles pour augmenter les rendements, sur des terres à l'abri de la Mousson. À la même époque, le manque de devises fortes, comme le dollar ou la livre sterling, amenait vers 1950 les industriels textiles de la métropole lilloise à se procurer leur matière première au Pakistan à des prix bien plus élevés qu'aux États-Unis[55].

La production de coton du Pakistan occidental a dans la foulée enregistré une multiplication par 18, passant en vingt ans de 350 millions de yards en 1947-1948, à 6 836 millions dans les années 1967-1968. Sur la même période, la production au Pakistan oriental a stagné à 550 millions de yards. Le Pakistan entre ainsi dans le club des cinq premiers pays producteurs mondiaux, avec la Chine, les États-Unis, l'Ouzbékistan, et l'Inde, qui concentrent à eux quatre 73,4% de l'offre mondiale dès 1994, la Chine pesant à elle seule environ le quart de la production mondiale.

Le développement du coton africain

En Afrique, le coton a été très tôt l'un des piliers du système de l’assolement triennal utilisé par les exploitations paysannes, dans un but limité : satisfaire aux besoins domestiques pour l'habillement. Il s'est transformé en culture de rente lors de la colonisation, avec des tentatives ratées de développer cette culture lors de la forte croissance économique mondiale des années 1850.

En 1903, les Anglais établissent au Nigeria la British Cotton Growers Association (BCGA). L’Afrique équatoriale française (AEF), créé en 1910, ne s'intéresse au coton à partir de 1928, en Oubangui-Chari et au Tchad, une zone dans laquelle quatre sociétés françaises privées se répartissent la production dans les années 1830.: Cameroun, Tchad et République centrafricaine, forment à eux trois un grand bassin cotonnier qui partage les infrastructures de transport et restera le plus important d'Afrique de l'Ouest jusque dans les années 70, avec 42% des cultures, devant le Nigéria(38%)[40]. L'administration française met aussi en place dans les années 1930 l’Office du Niger au Mali.

Les pouvoirs publics sont intervenus après la Deuxième guerre mondiale, l'initiative privée étant découragée par une longue période baissière du prix international[16], avant la guerre puis par la chute des cours de 1951 à 1973. Créée en 1949, la Compagnie Française pour le Développement des Textiles (CFDT) a pour mission d’organiser les cultures en mutualisant les connaissances, les achats de matériels et d'engrais. Sa direction régionale fut installée en 1949 à Bobo-Dioulasso, en Haute-Volta.

Une quinzaine d'année après les indépendance de 1960, la plupart des pays transformèrent ses filiales en sociétés cotonnières, sur le modèle de sociétés d’économie mixte où la CFDT restait actionnaire: la Sodecoton au Cameroun, la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (C.I.D.T) en Côte d'Ivoire, la Compagnie malienne pour le développement du textile au Mali, la CotonTchad au Tchad, la Société centrafricaine de développement agricole (Socada) en République Centrafricaine, la Société togolaise du coton (Sotoco) au Togo, la Sodefitex au Sénégal, la Société nationale pour la promotion agricole (Sonapra) au Bénin et la Société Burkinabè des Fibres Textiles (Sofitex) en Haute-Volta.

De 100000 tonnes de coton graine en 1950, la production de coton s’est rapidement développée dans la zone franc, pour atteindre 500000 tonnes en 1980, soit cinq fois plus, puis 2,6 millions de tonnes en 2004[56]. A lui seul, le Burkina Faso représentent près d'un quart du total. La période de plus forte croissance est la décennie 1990, marquée par la dévaluation du franc CFA, qui voit doubler la production africaine.

La production de coton de la zone franc, en tonnes (sources : CFDT/Dagris)

Année 1950 1960 1980 1990 2000 2004 2008
Production 100000 200000 1/2 million 1 million 2 millions 2,6 millions 1,3 millions

L’Afrique de l’Ouest et du Centre devient ainsi le deuxième exportateur mondial de fibre de coton derrière les États-Unis, grâce à une productivité multipliée par quatre entre 1960 et 1985, passant d'environ 100 kilos à plus de 400 kilos de fibres à l'hectare, soit 25% au-dessus de la moyenne mondiale (319 kilos de fibre par hectare), selon Pierre Henri Texier, ex-directeur industriel de la Compagnie Française pour le Développement des Textiles[56].

Depuis 2004, date après laquelle plusieurs des sociétés nationales affrontent des difficultés, la production du coton a chuté de 1,3 millions de tonnes, sur fond de retournement des cours, de baisse des rendements à l’hectare, et d’arrimage du franc CFA à l’euro, dont la valeur a augmenté face au dollar[56].

L'évolution du palmarès mondial des grands exportateurs

Les principaux exportateurs de coton brut vers l'Europe (en %)

Année 1790 1859 1910
Etats-Unis 0 75[57] 62,2[57]
Inde britannique 0 17,5[57] 17,4[57]
Antilles 70[57] 0 0
Egypte 0 3,5[57] 7,4[57]
Empire russe 0 0 4,3
Brésil 8[57] 3,3[57] 1,9[57]
Chine 0 0 3,4[57]

Les périodes de flambée des cours

[16]

Les cours du coton à la Nouvelle-Orléans =

[59]

Voir aussi

Bibliographie

  • Michelle Jeanguyot, Le Coton au fil du temps

Liens externes

Autres articles sur l’histoire des matières premières

Références

  1. http://www.snv.jussieu.fr/bmedia/textiles/01-coton-historique.html
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  28. La « famine du coton », par Tristan Gaston-Lebreton, Les Échos du 28 juillet 2008
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  54. La Partition du Bengale, 1947-19723, par Cyril Berthod
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  58. http://agents.cirad.fr/pjjimg/michel.fok@cirad.fr/These_fok_P2_1.pdf
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