- Gengis Khan
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Gengis Khan (ᠪᠣᠷᠵᠢᠭᠢᠨ ᠲᠡᠮᠦᠵᠢᠨ) Portrait de Gengis Khan[1]Titre Khagan de l'Empire Mongol 1206 – 1227 Successeur Ögödei Biographie Titre complet Khan, Khagan
Nom posthume: Empereur Fatian Qiyun Shengwu
(法天啟運聖武皇帝)Date de naissance v. 1155 Lieu de naissance Monts Khentii, Mongolie Date de décès 1227 (à 72 ans) Père Yesügei Mère Hö'elün Conjoint Börte Ujin
Khulan
Yisugen
Yisui
autresEnfants Djötchi (1182–1227) (paternité douteuse)
Djaghataï (1184-1241)
Khojen Beki
Ögödei (1186—1241)
Alaqai Beki, ° (1187/1190)
Tolui (1190–1232)
Tümelün, ° (1192)
Altalun, ° (1193)
Checheyigen, ° (1194)modifier Gengis Khan écouter /ˈtʃɪŋɡɪs ˈxɑːŋ/ (mongol : Чингис Хаан) est né vers 1155[2] et mort en 1227 dans le district de Qingshui, fut le premier dirigeant (Khan) mongol et empereur (Khagan) de l'Empire mongol.
Né Temüdjin ou Temüjin (mongol : Тэмүжин) dans le clan Bordjigin, il utilisa son génie politique et militaire pour unifier les tribus turques et mongoles de l'Asie centrale et ainsi fonder son empire, le plus vaste empire contigu de tous les temps[3].
Pour les Mongols, qui le considèrent comme le père de leur nation, Gengis Khan est une figure légendaire entourée d'un grand respect. Dans beaucoup de régions de l'Asie et du Moyen-Orient ravagées par ses guerres ou celles de ses successeurs, il est un conquérant impitoyable et sanguinaire[4].
Avant de devenir khan puis khagan, Temüdjin unit plusieurs tribus nomades de l'Asie de l'est et de l'Asie centrale sous une nouvelle identité commune en tant que « mongoles ». Commençant par l'invasion de la dynastie des Xia occidentaux et de la deuxième dynastie Jin en Chine du nord puis par de nombreuses conquêtes dont l'Empire des Khwârazm-Shahs en Perse, les Mongols dominèrent l'Eurasie et y changèrent radicalement la démographie et la géopolitique.
Gengis Khan régna sur une majeure partie de l'Eurasie, incluant la Chine, la Russie, la Perse, le Moyen-Orient et l'Europe de l'est. Après sa mort en 1227, ses fils et petit-fils ont dirigé et développé l'empire pendant plus de 150 ans. Son petit-fils, Kubilai Khan, devint le premier empereur de la dynastie Yuan en Chine.
Sommaire
Biographie
Naissance
Il y a très peu d'informations vérifiables sur Gengis Khan avant qu'il ne commence ses conquêtes. Les quelques sources sur cette période ne sont pas toujours en accord. Fondées sur des légendes transmises par ses biographes, les jeunes années du futur conquérant sont difficiles à cerner.
Initialement prénommé Temüdjin (du turco-mongol temür, tömör : fer, le « plus fin acier »), il est né vers 1155 ou plus tard (1162 ou 1165)[5] dans une tribu mongole près de la province de Hentiy, à proximité de la montagne Burkhan Khaldun, non loin de l'actuelle capitale de la Mongolie, Oulan-Bator.
L’Histoire secrète des Mongols indique que Temüdjin est né en tenant un caillot de sang dans son poing, ce qui, dans le folklore mongol traditionnel, est une indication que l'enfant est destiné à devenir un grand chef. Temüdjin est le fils aîné de Yesügei, le chef du clan des Qiyat de la tribu Bordjigin[5] (mongol : Боржигин). Il était le vassal de Toghril, le chef des Kéraït[5]. Yesügei est également le petit-fils de Khabul Khan. La mère de Temüdjin, Hö'elün, épouse principale de Yesügei, fut enlevée de la tribu Merkit[5].
Selon l’Histoire secrète des Mongols, Gengis tient son nom d'un chef de clan tatar que son père venait de capturer. Le nom suggère également que sa famille ait pu être des descendants d'une famille de forgerons.
À sa naissance, les quarante clans mongols sont déchirés par des guérillas intestines et divisés face à leurs parents et rivaux, Turcs et Tatars. Comme beaucoup d'autres tribus, ils étaient nomades.
Puisque son père est un chef de clan, de même que ses prédécesseurs, Temüdjin est d'origine noble. Cette position sociale, relativement plus élevée, lui servira lorsqu'il demandera le soutien d'autres tribus. Néanmoins, le mythe lui attribuera comme ancêtres un loup gris-bleu, une biche blanche et « Alan Qo'a », une femme fécondée par un rayon de soleil[5].
Enfance
À neuf ans, en 1164, il est fiancé à Börte « La Céruléenne »[5], du puissant clan des Onggirats et doit vivre auprès de sa belle famille afin de gagner par son travail, selon la coutume, le prix de sa fiancée. La même année, il aurait tué un ours à mains nues. Son père meurt peu après, empoisonné dans la steppe lors d’un festin partagé avec les Tatars[5]. Temüdjin étant alors trop jeune, le clan ne se soumet pas à lui et c’est le clan des Tayitchiout (Taïdjioutes) qui s’empare du pouvoir. Ils excluent la veuve de Yesügei et ses quatre enfants (les trois frères et la sœur de Temüdjin)[5].
Il passe les années suivantes avec sa famille en suivant le mode de vie des nomades. Capturé un jour par la tribu rivale des Tayitchiouts et par leur chef Targutaï, il réussit à s'échapper peu de temps après avec l'aide d'un de ses ravisseurs. Pendant ces années de misère, se battant pour manger[5], Temüdjin et son frère Qasar tuent leur demi-frère Bekter. Petit à petit, il reconstitue un patrimoine.
Le fort caractère de Temüdjin lui permet d'avoir des amis fidèles dont Bo'ortchu et Djamuqa, même si ce dernier finira par le trahir, et des ennemis[5].
Vers 1181, il épouse Börte, obtenant un statut social grâce à sa belle-famille, mais elle est enlevée par la tribu des Merkit[5]. Temüdjin, avec l’appui de Toghril et de Djamuqa, chef des Jadaran, écrase les Merkit sur les bords de la Buura, affluent de la Selenga, et délivre sa famille. Son premier fils Djötchi naît en 1182, quelques mois après la libération de sa femme, entretenant des doutes quant à sa paternité[5].
En 1184, Temüdjin a un deuxième fils Djaghataï, suivi deux ans plus tard par un troisième nommé Ögödeï, puis en 1193, un quatrième nommé Tolui[6].
Temüdjin, que les historiens dépeignent comme grand, sec et musclé, est un farouche guerrier mais aussi un habile politicien, ce qui va lui servir dans sa tentative d'unification des tribus mongoles. Sa renommée grandit et de nombreux jeunes gens avides d'aventures le rejoignent. Parmi eux, Qubilai, Djelmé, Djebé la Flèche, Subötai resteront toujours ses quatre chiens féroces.
Union des tribus
À cette période, les peuples nomades d'Asie centrale sont divisés et facilement manipulés par les peuples sédentaires dirigés par de puissants monarques, tels ceux de la dynastie Jin au nord de la Chine[7].
Se forgeant de solides amitiés parmi les chefs des clans mongols, Temüdjin réussit, après une série de guerres et d'alliances mouvantes, à se faire nommer Khan vers 1195 ou 1197 par le qüriltaï (assemblée plénière)[5]. Son élection le brouille avec Djamuqa[5].
Gengis met rapidement en place des lois qui deviendront par la suite le Yasaq, un code politique et moral teinté de traditions ancestrales, qui servira de référence à ses successeurs[5].
En 1202, Temüdjin vainc les Tatars avant de dominer la Mongolie orientale puis centrale[6].
En 1206, un nouveau qüriltaï proclame Gengis empereur, prenant le titre de Tchingis Qaghan qui signifie en turco-mongol : « Souverain Océanique », ou plutôt « souverain universel »[5] (de Tchingis = « océan » (cf. mongol tengis et turc deniz : mer, océan) et Qaghan = « souverain », c’est-à-dire en mongol moderne : Ĉingis Xaan). Il est désormais connu sous le nom de « Gengis Khan ».
La Mongolie est née.
Fondation de l'Empire mongol
Articles détaillés : Empire mongol et Conquêtes mongoles.Dynastie des Xia occidentaux
Entre 1206 et 1209, Gengis lance sa première campagne sur la Dynastie des Xia occidentaux après avoir envoyé son fils Djötchi soumettre une tribu du nord[6]. Cette conquête aboutit à un accord de paix, l'empereur du Xia occidental reconnaît son infériorité et promet d'associer ses troupes à celles de Gengis en cas de besoin[5].
Diverses tribus se rallient spontanément à Gengis Khan comme les Qarluq et les Ouïghours dont l'alphabet, encore en usage de nos jours en Mongolie, est intégré[5]. Par la suite, suivent les Khitans et les Kara Khitaï[5].
Deuxième dynastie Jin
Cependant, la cible principale de Gengis reste la Deuxième dynastie Jin, tant pour des raisons de revanche que pour s'accaparer les richesses de la Chine du nord. La guerre est déclarée en mars 1211[5]. Malgré sa préparation, il est bloqué deux années près de la Grande Muraille mais en profite pour prendre la Mandchourie[5]. Victorieux en campagne, les Mongols voient leurs assauts repoussés dans la conquête des grandes villes jusqu'au développement d'armes de siège.
Il avance ensuite avec trois armées au cœur du territoire, entre la Grande Muraille et le Huang He. Après avoir dévasté le nord de la Chine et pris de nombreuses villes, il capture Pékin en 1215 mais refuse d'entrer personnellement dans la ville[5]. Ses successeurs y seront ensuite vaincus, mais pas avant 1234.
Kara-Khitans
Entre-temps, certains de ses adversaires se réfugient vers l'ouest et se cachent dans le royaume des Kara-Khitans (ou Qara Khitaï), pourtant allié occidental de Gengis. Le Khan envoie Djebe, l'un de ses généraux, à sa poursuite par la conquête du territoire, qui, selon lui, conspirait contre-lui[5]. De population majoritairement musulmane mais sous la coupe des bouddhistes, les Mongols sont accueillis comme des libérateurs[5]. En 1217, Gengis quitte la Chine, laissant son général Muqali en charge des régions conquises[6].
Khwarezm
En 1218, Gengis envoie des émissaires dans une province orientale du Khwarezm afin de parlementer avec le gouverneur. Ceux-ci sont exécutés. Gengis réplique en envoyant une force de 100 000 à 200 000 hommes et en pénétrant en Sogdiane[5]. Dès 1220, le Khwarezm est vaincu, Boukhara et Samarcande sont occupées[6].
Certains travaux historiques récents mettent en doute la vérité et l’authenticité de l'exécution de ces émissaires (ou plutôt de ces commerçants).
« En effet, la structure de l'empire Khwarezm Chahian était basée sur le commerce. Même, Mohammad Kharazm Chah encourageait vivement le commerce et le troc, et invitait souvent à son palais les grands commerçants aussi bien nationaux qu'étrangers. Deux à trois fois par semaine, il organisait en leur honneur des fêtes royales. Donc, il est improbable qu'un tel acte soit commis. Ce n'est qu'un légende et peu crédible au point de vue historique »
— Hossein Oreizi, L'invasion de l'Iran par Gengis Khan et la conquête de Bagdad : Deux événements inséparables, Ispahan, EFE, 1972, p. 76.
En 1221, il occupe Bactres (Balkh) et arrive jusqu'à l'Indus[6] où, près de quinze siècles auparavant, un autre conquérant, Alexandre le Grand, s'était arrêté en provenance de Grèce. Son petit-fils, Mütügen meurt à Bâmiyân[6].
Dynastie des Xia occidentaux et la Deuxième dynastie Jin
L'empereur du Xia Occidental (Xixia) ayant refusé de prendre part à la guerre contre le Khwarezm, Gengis lui promet un châtiment. Alors qu'il est en Iran, le Xia Occidental et Jin s'allient contre les Mongols.
Avec le temps, Gengis prend l'avenir avec plus de considération et s'assure une sélection de successeurs parmi ses descendants. Il choisit son troisième fils Ögödei comme héritier et établit une méthode de sélection de ses sous-chefs spécifiant qu'ils doivent provenir de sa descendance directe. Dans un même temps, il étudie les rapports de ses espions sur le Xia Occidental et Jin et prépare une force de 180 000 hommes pour sa nouvelle campagne.
En 1226, Gengis Khan attaque les Tangoutes sous le prétexte qu'ils hébergeaient des ennemis des Mongols. En février, il s'empare des villes de Heisui, Gan-zhou et Suzhou. À l'automne, il prend Xiliang-fu. Un général de Xixia défie les Mongols dans une bataille près de la montagne Helanshan, mais son armée est vaincue. En novembre, Gengis mène le siège contre la ville tangoute de Ling-zhou puis traverse le Fleuve Jaune et anéantit le reste de l'armée tangoute. Un alignement de cinq étoiles est observé le soir de cette bataille.
En 1227, il attaque la capitale tangoute et s'empare de Lintiao-fu en février. En mars, il prend Xindu-fu et la préfecture de Xining. En avril, la préfecture de Deshun. À Deshun, le général Xixia Ma Jianlong résiste aux Mongols pendant plusieurs jours et mène personnellement les attaques pour les maintenir en dehors de la ville. Ma Jianlong meurt peu après sous les assauts des archers mongols. Après avoir conquis Deshun, Gengis se dirige vers la montagne Liupanshan pour passer l'été. Sur la montagne, il décrète que les Mongols ne doivent plus tuer aveuglément, conformément à la parole qu'il avait eue un an auparavant, lors de l'alignement des cinq étoiles.
Mort
Article détaillé : Tombe de Gengis Khan.Gengis meurt des suites d'une chute à cheval lors d'une partie de chasse[5]. Il aura le temps d'exposer à son plus jeune fils, Tolui, les plans qui seront plus tard utilisés pour achever la destruction de l'empire de Jin.
Son corps est ramené en Mongolie. Sur le chemin du retour, son escorte tue tout témoin du cortège afin que le lieu de sa dernière demeure reste secret. Ce lieu n'ayant pas été découvert, le mausolée de Gengis Khan n'est en fait qu'un cénotaphe.
Le nouvel empereur de Xixia se rend aux Mongols. Les Tangoutes capitulent probablement le 12 août 1227[5], après 190 ans d'existence. L'empereur tangoute et la famille royale sont exécutés.
Famille
Article détaillé : Arbre généalogique de Gengis Khan.Temujin avait trois frères et une sœur :
- Qasar (frère)
- Qachi'un(frère)
- Temüge (frère)
- Temülun (sœur)
Avec son épouse Borte fille de Dei Seichen, Onggirat, et de Tchotan ; mariée en 1180 ; morte après 1206/1207, il eut quatre fils et cinq filles:
- Djötchi (1182–1227) (paternité douteuse)
- Djaghataï (1184 —1241)
- Khojen Beki, ° (1185) ; fiancée en 1202 à Tusakha, fils de Senggum, fils d’Ong Khan, chef Kerait ; mariée avant 1206 Botu, fils de Nekün, Ikire
- Ogedei (1186—1241)
- Alaqai Beki, ° (1187/1190) mariée I 1207 Alaqush Digit Quri, chef des Ongüt, + 1211 ; mariée II 1211 Jingue, neveu de Alaqush Digit Quri, + (1221) ; mariée III Boyaohe, ° 1208 ; fils de Alaqush Digit Quri
- Tolui (1190–1232)
- Témulün, ° (1192) ; mariée avant 1206 Chigu, fils d’Anchen, fils de Dei Sechen, chef des Onggirat
- Altalun, ° (1193) ; mariée I avant 1206 Olar, chef Olqunu’ut ; mariée II Taichu, fils d’Olar, chef des Olqunu’ut ; mariée III après 1227 (fiancée 1209) Barshuq Art Tegin, chef des Uighurs ; + peu après 1227
- Checheyigen, ° (1194) ; mariée 1207 Törölchi, fils de Quduka beki, chef des Oirat
Succession
« Nos descendants se vêtiront d'habits dorés, mangeront des mets gras et sucrés, monteront d'excellents coursiers, presseront dans leurs bras les plus belles femmes et oublieront qu'ils nous le doivent. »
— Gengis Khan, d'après l'historien persan Rachid al-Din[8].
Le Khagan successeur ne pouvait avoir de réelle légitimité que s'il était du même sang que Gengis Khan, limitant donc les successeurs potentiels à la seule famille du dernier Khagan. Tolui assura la régence de la mort de Gengis en 1227 à la nomination d'Ögödei en 1229 après une autre assemblée plénière[9].
Les quatre fils de Gengis Khan avaient participé aux campagnes de leur père et occupèrent donc des rôles de première importance dans l'empire. Si Ögödei devint Khagan, ses trois frères devinrent Khan de différents Khanats
À partir de 1260, l'Empire Mongol se divisait en quatre ulus (mongol ulus, uls : pays, région) :
- au nord-ouest, les steppes russes, territoire de la Horde d'Or où régnaient les descendants de Djötchi
- au sud-ouest, le domaine des Ilkhans de Perse descendants de Hülegü, fils de Tolui
- au centre, le khanat de Djaghataï, fief des descendants de Djaghataï
- à l'est, englobant la Mongolie, la Chine des Yuan, dynastie fondée par Kubilai Khan
Étude sur les descendants
Article détaillé : Descendance de Gengis Khan.Tatiana Zerjal et d'autres chercheurs déclarent en 2003[10],[11] avoir identifié une lignée de chromosome Y sur environ 8 % des hommes d'une grande partie de l'Asie (soit environ 0,5 % du total mondial des hommes). L'étude démontre que la forme des variations génétiques trouve son origine il y a 1 000 ans en Mongolie. Une expansion aussi rapide n'a pas pu se faire par simple dérive génétique mais par sélection naturelle. Les auteurs supposent que cette lignée est portée par des descendants de Gengis Khan et qu'elle s'est répandue par sélection sociale.
En plus des Khanats et d'autres descendants, la mère de l'empereur moghol Bâbur était une descendante de Gengis Khan. Tamerlan, chef militaire du XIVe siècle, prétendit aussi descendre de Gengis Khan.
Croyance religieuse
Les traditions animistes des Mongols étaient assez profondes. La relative absence de pratiques religieuses ne masquait pas leur attachement à Tengri, le dieu du Ciel[12]. Certains auteurs rapportent que Gengis Khan était un strict monothéiste faisant preuve d'une grande tolérance vis-à-vis des autres croyances[13].
Influence sur l'Histoire militaire
Article détaillé : Armée mongole.Gengis Khan récupère et met en exergue les atouts des Mongols, ce sera la base des conquêtes mongoles. Mais Gengis Khan participe en de nombreux points au développement des stratégies et des tactiques de combat.
L'armée repose sur un système décimal sans doute d'origine achéménide, le « tümen », les armées étant divisées en groupes de 10, 100, 1 000 et 10 000 hommes. Les liens étroits des clans mongols sont adaptés aux unités de combat, mettant l'accent sur le collectif avec les recrues au centre et les vétérans sur les ailes[14].
Dès 1217, Gengis s'intéresse au problème des attaques de places fortifiées. Aidés par des artilleurs chinois qu'il forme en corps d'armée, ils bâtissent progressivement les techniques qui feront d'eux de redoutables meneurs de sièges, en particulier grâce à l'utilisation de poudre à canon[14].
L'arc réflexe (très ressemblant à un arc recourbé), précis et maniable, est réputé être l'arc le plus efficace[14].
Les chevaux originaires des steppes sont endurants. Ils peuvent parcourir jusqu'à 100 kilomètres par jour en conditions optimales. Ils se nourrissent facilement avec ce qu'ils trouvent. Les campagnes d'hiver sont préférées, les chevaux étant reposés et rassasiés[14].
Les soldats disposent de plusieurs chevaux, généralement au moins trois, afin d'avoir une monture fraîche toujours disponible[14].
La tactique, loin des clichés de hordes barbares, est très travaillée. Évitant les grands affrontements, ils préfèrent le harcèlement pour démoraliser. Ainsi, une technique appliquée est la charge directe avec un repli avant le contact simulant une fuite, les ennemis se lancent de manière désordonnée à la poursuite des fuyards en rompant la formation. Une fois arrivés sur un terrain favorable, les cavaliers mongols décochent des flèches par-dessus leur épaule, décimant les adversaires. Cette technique de tir sera appelée « flèche de Scythe ou du Parthe »[14].
Perception de Gengis Khan aujourd'hui
Perception négative de Gengis Khan
En Irak et en Iran, il est vu comme un seigneur de guerre sanguinaire et génocidaire qui causa d'immenses destructions[15]. Un descendant de Gengis, Hulagu Khan, détruira une grande partie du nord de l'Iran. Il est l'un des conquérants les plus haïs des Iraniens, avec Alexandre le Grand et Tamerlan[16],[17].
Il en est de même en Afghanistan, au Pakistan ainsi que dans d'autres pays non turcs à majorité musulmane, bien que dans certains pays il faille nuancer le tableau. On raconte que l'ethnie des Hazaras d'Afghanistan descend d'une grande garnison mongole qui stationnait autrefois sur leur terre d'origine. Les sacs de Bagdad et de Samarcande causèrent des massacres et le sud du Khuzestan fut complètement détruit. En Russie, Ukraine, Pologne et Hongrie, Gengis Khan, ses descendants et les Mongols et/ou Tatars sont généralement décrits comme de grands destructeurs.
Aujourd'hui, Gengis, ses descendants, ses généraux et les Mongols en général restent connus pour leurs forces militaires féroces, leur endurance, leur cruauté et leurs conquêtes destructives dans les livres d'histoire du monde entier.
Perception positive de Gengis Khan
La perception négative de Gengis Khan est donc très courante, beaucoup d'historiens citant souvent la cruauté de son règne et la destruction provoquée par les troupes mongoles, mais certains mettent l'accent sur les aspects positifs des conquêtes de Gengis Khan. Il est parfois crédité d'avoir mis la route de la soie sous un système politique cohérent. Ce système aurait ainsi théoriquement accru la communication et le commerce entre le monde occidental, le Moyen-Orient et l'Asie en étendant les horizons de chacun. Plus récemment, des historiens remarquent que Gengis Khan a instauré certains niveaux de méritocratie, et qu'il semblait assez tolérant envers les religions. Aujourd'hui, en Turquie, on voit en Gengis Khan un grand chef militaire et beaucoup de garçons sont nommés en son honneur.
Gengis Khan comme symbole de la Mongolie
Gengis Khan a longtemps été énormément respecté par son peuple pour ses victoires militaires et son association avec la culture et les systèmes politique et militaire mongols. Durant la République populaire mongole, il deviendra un symbole encombrant. Gengis Khan et les Mongols étaient des sujets sévèrement réprimés par un gouvernement qui craignait probablement un regain de ferveur nationaliste. Par exemple, en 1962 la construction d'un monument sur son lieu de naissance et une conférence en son honneur mena à des critiques de la part de l'URSS et le licenciement de Tömör-Ochir, un secrétaire du Comité central du Parti révolutionnaire du peuple mongol.
Quand la démocratie est instaurée en Mongolie après la révolution démocratique du début des années 1990, le souvenir de Gengis Khan et l'identité nationale mongole virent un renouveau ; Gengis Khan lui-même deviendra la figure centrale de cette identité. Il n'est pas rare d'entendre les Mongols appeler la Mongolie « la Mongolie de Gengis Khan », eux-mêmes « les enfants de Gengis Khan » et Gengis Khan « le père des Mongols », surtout les plus jeunes.
Beaucoup de choses sont nommées en son honneur : produits, rues, immeubles, parcs... On peut voir son portrait sur des bouteilles de boisson alcoolisée ainsi que sur les billets de 500, 1 000, 5 000 et 10 000 tögrög. Le principal aéroport du pays, près de la capitale, Oulan-Bator, fut rebaptisée « aéroport international Chinggis Khaan », de grandes statues le représentant ont été érigées devant le parlement[18] et près d'Oulan-Bator.
Il y a un débat continuel sur la surutilisation de son image et la crainte de la voir banalisée. La Mongolie le voit comme une figure centrale de la fondation de la nation mongole et comme le socle de l'idée de la Mongolie comme pays.
Aujourd'hui, Gengis Khan est largement reconnu comme l'un des leaders mongols les plus grands, les plus légendaires et les plus aimés. On le croit responsable de l'émergence des Mongols en tant qu'identité ethnique et politique, ainsi qu'à l'origine de l'écriture mongole et de la yassa, premier code juridique mongol.
Il y a une incompréhension sur la perception de sa brutalité, les Mongols croyant souvent que les documents historiques, écrits pour la plupart par des non-Mongols, sont injustement trop sévères envers Gengis Khan, exagérant sa barbarie et ses massacres et minimisant son rôle positif. Il renforça beaucoup de traditions mongoles et offrit la stabilité et l'unité aux Mongols à une époque très incertaine dû à des facteurs internes et externes.
En Chine
La République populaire de Chine considère Gengis Khan comme un héros national chinois. Pour justifier ce point de vue, on affirme le plus souvent qu'il y a plus de Mongols habitant la Chine que partout ailleurs, y compris en Mongolie. On affirme aussi que son petit-fils, Kubilai Khan, fonda la dynastie Yuan qui réunifia la Chine. Toutefois, les historiens (en particulier les Occidentaux), dressent une image contrastée de Gengis Khan en Chine. Car si ses descendants réussirent à conquérir militairement la Chine, il y eut aussi beaucoup d'œuvres d'art et de littérature le louant comme un grand chef militaire et un génie politique. En tout cas, les Mongols ont laissé des traces importantes et durables, quoique discutables, sur les structures sociales et politiques chinoises[19].
Au Japon
Au Japon, une légende populaire à l'époque Edo (1603-1867) voulait que Gengis Khan soit en fait Minamoto no Yoshitsune (1159-1189), qui aurait réussi à s'enfuir lors de la bataille de Koromogawa et à traverser la mer du Japon[20]. Cette histoire est notamment évoquée dans le manga Oh-roh de Kentarō Miura et Buronson.
Dans diverses publications
L'influence de Gengis Khan est estimée dans plusieurs publications :
- Il est classé no 29 dans « Classement des 100 plus influentes personnalités de l’Histoire » ( " 100, a ranking of the most influential persons in history "), compilée par Michael H. Hart en 1992;
- Il est élu « Homme du millénaire » par le journal The Washington Post le 31 décembre 1995 ;
- Il est élu l'une des « 10 plus grandes légendes culturelles du millénaire » en 1998 par G. Ab Arwel et cinq juges (D. Owain, G. Parry, C. Campbell, S. Evans et B. Parry).
- Il est aussi l'un des « 50 leaders politiques les plus importants » selon le magazine National Geographic.
- Héros d'une série de cinq albums de bande dessinée, Le Khan, de Simon Rocca et André Houot, aux éditions Soleil Productions.
Films sur Gengis Khan
- La Rose noire, film américain d'Henry Hathaway avec Orson Welles, 1950.
- Le Conquérant, film américain de Dick Powell avec John Wayne, 1955.
- Genghis Khan, film (Royaume-Uni-Allemagne de l'Ouest-Yougoslavie) de Henry Levin avec Omar Sharif, 1964.
- Gengis Khan, film documentaire français, produit par Edward Bazalgette, sponsorisé par la BBC et FR2, 2005
- The Blue Wolf: To the Ends of the Earth and Sea (Aoki Ôkami : chi hate umi tsukiru made), film nippo-mongol de Shinichiro Sawai avec Takashi Sorimachi, 2007.
- Mongol de Sergei Bodrov Sr. (Russie-Kazakhstan-Allemagne) avec Tadanobu Asano, 2008.
- Genghis Khan, film russe d'Andrei Borissov 2010.
Musiques sur Gengis Khan
- Genghis Khan pièce musicale instrumentale du groupe Iron Maiden sur l'album Killers et en face B du single Purgatory sorti en 1981.
- Cavalera Conspiracy et Running Wild lui ont aussi dedié une chanson.
Notes et références
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « Genghis Khan » (voir la liste des auteurs)
- Il n'existe aucune représentation de Gengis Khan de son vivant mais il inspira beaucoup d'artistes fascinés par son épopée.
- Rashid al-Din prétend que Gengis Khan a vécu jusqu'à l’âge de 72 ans, ce qui place la date de sa naissance en 1155. Le Yuanshi (元史, l'Histoire de la dynastie Yuan), donne l’année 1165. Selon Paul Ratchnevsky, placer sa date de naissance en 1155 ferait que Gengis Khan fut père à presque 30 ans et qu'il prit la tête de l'expédition contre les Tangoutes à l'âge avancé de 72 ans.
- Empire britannique est estimé à 36,6 millions de km 2 en 1922 sous George V et l'Empire mongol à 33,2 millions de km 2 en 1268 sous Kubilai Khan. L'Union des républiques socialistes soviétiques et son bloc à son extension maximale dépassent en superficie l'Empire mongol mais n'ont jamais été totalement unifiés sous le même chef. D'après (en) To Rule the Earth..., Bruce R. Gordon (2005). Sans la notion de contigüité, l'
- (en) The barbarian stereotype.
- Chapitre 1 : « Gengis Khan » dans Gengis Khan et l'Empire mongol de Jean-Paul Roux, Découvertes Gallimard, 2002.
- « Repères chronologiques » dans Gengis Khan et l'Empire mongol de Jean-Paul Roux, Découvertes Gallimard, 2002.
- Voir page 1 in Singing the village: Music, Memory and Ritual Among the Sibe of Xinjiang, Rachel Harris, Oxford University Press, 2004
- Chapitre 4 : « Les quatre empires et la décadence » dans Gengis Khan et l'Empire mongol de Jean-Paul Roux, Découvertes Gallimard, 2002.
- Chapitre 2 : « Les successeurs » dans Gengis Khan et l'Empire mongol de Jean-Paul Roux, Découvertes Gallimard, 2002.
- (en) Tatiana Zerjal et al. ; The Genetic Legacy of the Mongols ; The American Society of Human Genetics ; 17 janvier 2003
- Article « Les conquêtes génétiques de Genghis Khan »
- voir page 7 in Genghis Khan: Conqueror of the World, Leo de Hartog, Tauris Parke Paperbacks, 2004
- Voir page 245 in Comparative Criticism: A Yearbook (volume 3), E. S. Shaffer, Cambridge University Press, 1982
- Chapitre 3 : « Comment se fonde l'Empire, comment dure l'Empire » dans Gengis Khan et l'Empire mongol de Jean-Paul Roux, Découvertes Gallimard, 2002.
- (en) Ahmad Kamron Jabbari ; "The Legacy of Genghis Khan" at Los Angeles County Museum of Art--again ; Payvand.com ; 14 juin 2003
- (en) Azar Mahloujian ; Phoenix From the Ashes: A Tale of the Book in Iran ; Iran Chamber Society
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- (en) Minoru Harada, « The Legend of Yoshitsune », ASIOS
Annexes
Bibliographie
- (fr) René Grousset, Le conquérant du Monde - Vie de Gengis-Khan, Paris, Albin Michel, 1944, 354 p. (ISBN 978-2-226-18867-0)
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- (fr) Boris Vladimirstov, Gengis Khan, Paris, 1948
- (fr) Jean-Paul Roux, Histoire de l'Empire Mongol, Paris, Fayard, 1993
- (fr) Louis Hambis, Gengis Khan, Paris, 1973
- (en) John Andrew Boyle, The Mongol World Empire 1206-1370, Londres, 1977
- (fr) Dominique Farale, De Gengis Khan à Qoubilaï Khan, Paris, Economica, 2003 (ISBN 2-7178-4537-2)
- (fa) Hossein Oreizi, L'invasion de l'Iran par Gengis Khan et la conquête de Bagdad : Deux événements inséparables, Ispahan, EFE, 1972
Liens externes
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