- Guerre Russo-Turque De 1877-1878
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Guerre russo-turque de 1877-1878
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Monument Plevna commémoratif de la guerre russo-turque, situé à Kitai-Gorod, quartier d'affaires de Moscou Informations générales Date 24 avril 1877- 3 mars 1878 Lieu Balkans-Arménie Casus belli Révoltes des slaves des Balkans contre l'Empire ottoman Changements territoriaux Bosnie-Serbie-Roumanie-Bulgarie-Roumélie orientale-Kars-Batoumi-Chypre Issue Traité de Berlin Belligérants Russie impériale
Roumanie
Volontaires bulgares
Serbie
MonténégroEmpire ottoman Commandants Nicolas Nicolaïévitch
Mikhaïl Skobélev
Joseph Gourko
Mikhaïl Tcherniaïev
Mikhaïl Loris-MelikovOsman Pacha
Suleiman Pacha
Ahmed Muhtar PachaGuerres russo-turques La guerre russo-turque de 1877-1878 est un conflit, qui opposa l'Empire ottoman à la Russie, la Roumanie, la Serbie et le Monténégro. C'est le premier conflit ayant comme toile de fond le panslavisme, assignant à la Russie le devoir de libérer les peuples slaves encore sous la domination turque et de constituer une confédération panslave qui irait de l'Elbe à l'Adriatique.
Sommaire
Contexte
Le mouvement panslaviste avait commencé à se développer quelques années auparavant mais il prend véritablement de l'ampleur avec la révolte de la Bosnie-Herzégovine en 1875, et surtout de la Bulgarie en avril 1876, réprimée dans le sang. 15 000 Bulgares sont en effet massacrés par les bachi-bouzouks turcs. On s'émeut non seulement en Russie mais aussi en Europe. William Gladstone en Grande-Bretagne et Victor Hugo en France protestent solennellement.
La crise éclate à Constantinople[1]. Le sultan Abdulaziz est renversé, auquel succède Abdülhamid II.
Le gouvernement russe tente d'en profiter. Il est hostile pourtant à la mission de Belgrade du général Mikhaïl Tcherniaïev, héros des guerres de l'Asie centrale, qui partit de sa propre initiative commander les troupes de Serbie. Celle-ci s'empresse, en juin, de déclarer la guerre à la Turquie. Les armées serbe et monténégrine pénètrent en territoire turc mais ni les Bosniaques, ni les Bulgares, échaudés, n'osent se soulever. Tchernaiev s'avère un mauvais stratège et les troupes serbes sont finalement repoussées, notamment par Osman Pacha.
Les puissances européennes obtiennent un armistice vite rompu par la Serbie. Les troupes turques prennent la direction de Belgrade mais un ultimatum russe les fait reculer. Un nouvel armistice est décrété le 3 novembre.
La conférence de Constantinople
Un mois plus tard, débute la conférence des ambassadeurs à Constantinople à laquelle participent la Russie, l'Autriche-Hongrie et la Grande-Bretagne. Les deux premières exigent l'autonomie des territoires chrétiens, sinon elles provoqueraient de nouveaux soulèvements qui mèneraient à un nouveau démembrement.
Encouragé par Gladstone, le gouvernement turc s'octroie une nouvelle Constitution le 23 décembre. Une monarchie constitutionnelle est créée et on y affirme l'indivisibilité de l'empire.
Dépitée, la Russie décide de préparer sa revanche. À l'hiver, Alexandre II rencontre François-Joseph et promet de lui obtenir la Bosnie-Herzégovine s'il proclame sa neutralité dans la guerre qu'il prépare. L'empereur d'Autriche accepte. Le 24 avril 1877, la Russie déclare la guerre à la Turquie.
Les alliances
Durant l'hiver, la Russie a également négocié une alliance avec les pays chrétiens des Balkans. La Roumanie accepte d'entrer en guerre à condition d'obtenir une reconnaissance internationale de son indépendance. Elle veut aussi une indemnité de guerre et exige qu'on lui cède en compensation le delta du Danube et la Dobroudja.
La Serbie est plus réticente. Elle est contre la cession de la Bosnie-Herzégovine à l'Autriche et craint l'indépendance bulgare. Elle n'entre en guerre finalement que le 10 décembre.
La Grèce est également sollicitée mais, encouragée secrètement par le gouvernement de Londres, fait traîner les négociations en longueur, ce qui fait qu'elle n'y participe pas.
Les opérations
La Russie mène la guerre sur deux fronts, dans le Caucase et dans les Balkans.
L'offensive caucasienne est menée par Mikhaïl Loris-Melikov. Il s'empare d'abord de la forteresse d'Ardagan, puis entre en Arménie et marche sur Erzeroum. Il assiège la ville de Kars mais une défaite le contraint à reculer. Ce n'est qu'en janvier 1878 que, doté de nouvelles troupes, il réussit à prendre Kars et reprend sa marche vers Erzeroum.
En juin 1877, la principale armée russe franchit le Danube, traverse le nord de la Bulgarie puis vient s'empêtrer dans les cols des Balkans (dont le col de Shipka) où les Ottomans tentent de les arrêter. À l'automne, les troupes roumaines font leur jonction avec les Russes qui entreprennent d'assiéger Plevna tenue par Osman Pacha, lequel capitule le 7 décembre. En janvier, ils débouchent dans la plaine et commencent à se diriger vers Constantinople. Le 19 janvier, les Turcs, à bout de souffle, signent un armistice à Andrinople. En février, des négociations sont entreprises à San Stefano, petit village situé près de Constantinople.
Le traité de San Stefano
Article détaillé : Traité de San Stefano.Le 3 mars 1878, les belligérants signent le traité de San Stefano-Hagios Stéphanos, quartier de Constantinople, qui reconnaît de facto la suprématie de la Russie dans les régions slaves et orthodoxes des Balkans. Comme gains territoriaux, elle remet la main sur le sud de la Bessarabie, perdu lors de la guerre de Crimée vingt ans auparavant. Dans le Caucase, elle acquiert Batoum, Kars, Ardagan et Bajazet. Elle occupe militairement la Bulgarie pendant deux ans.
Celle-ci, que les troupes turques doivent quitter, devient une principauté autonome de la mer Noire à la mer Egée (la "Grande Bulgarie"). Cette date est la fête nationale bulgare, qui rappelle l'indépendance, acquise grâce aux Russes.
La Roumanie, la Serbie et le Monténégro obtiennent leur complète indépendance. La Roumanie acquiert, comme elle le désirait, le delta du Danube et la Dobroudja mais doit cependant céder à la Russie le sud de la Bessarabie. Le Monténégro double son territoire vers le nord-ouest et n'est plus séparé de la Serbie que par une petite enclave autrichienne.
Ces pays ont signé le traité avec quelques réticences. La Roumanie a été obligée de céder la Bessarabie à contrecœur. La Serbie juge qu'elle a obtenu trop peu de territoires. Le Monténégro est mécontent parce qu'il n'a aucun débouché sur la mer.
Le Congrès de Berlin
Article détaillé : Congrès de Berlin.La Grande-Bretagne juge que les clauses du traité met l'équilibre de l'Europe en péril. Pour elle, la Russie est devenue trop puissante face à une Sublime Porte affaiblie. Elle voit également ses intérêts menacés dans la région, en effet, la route des Indes, essentielle à son Empire, pourrait se trouver menacée ou bloquée par une Russie qui détiendrait les Détroits et Constantinople. Durant la guerre, elle a même fait pénétrer sa flotte en mer de Marmara pour protéger Constantinople, menacée par l'armée russe.
De son côté, l'Autriche-Hongrie s'estime spoliée parce qu'on ne lui a pas donné la Bosnie-Herzégovine, qu'on lui avait promise.
Bismarck offre alors ses services et invite à Berlin les puissances européennes et la Sublime Porte pour négocier un nouvel accord de paix. Le congrès se tient en juin et juillet 1878. Les États balkaniques ne sont pas représentés mais peuvent envoyer des émissaires pour y plaider leurs causes.
Un nouvel accord est signé le 14 juillet, mettant fin au projet de Grande-Bulgarie. Celle-ci est coupée en deux : au nord, elle devient la principauté autonome de Bulgarie avec Sofia comme capitale ; au sud, la Roumélie orientale, semi-autonome, reste occupée par la Turquie. La Thrace et la Macédoine reviennent dans le giron ottoman.
La Russie et la Roumanie gardent à peu près tous leurs gains territoriaux acquis à San Stefano, sauf dans le Caucase où Bajazet est rendue à la Turquie. La Serbie voit son territoire agrandi. Le Monténégro obtient moins qu'à San Stefano mais acquiert son débouché sur la mer.
Clause importante, l'Autriche-Hongrie met la main sur la Bosnie-Herzégovine et sur le sandjak de Novi Pazar, une enclave située entre la Serbie et le Monténégro. Cette prise de possession sera une source de conflits grandissante avec la Serbie, qui aboutira à long terme à l'assassinat de François-Ferdinand et au début de la Première Guerre mondiale en 1914.
Une dernière clause place Chypre sous administration britannique.
L'opinion russe est scandalisée par les clauses du traité de Berlin et y voit une trahison de l'Allemagne, car elle la croit responsable du recul de la Russie dans la région. Il s'ensuivra un relâchement des liens germano-russes dans les années suivantes.
Sources
- Michel Heller, Histoire de la Russie et de son empire, Plon, 1997.
- Georges Castellan, Histoire des Balkans, Fayard, 1999.
Notes et références
- ↑ L'usage international du nom de la ville jusqu'en 1936 est Constantinople. Istanbul était uniquement utilisé en langue turque. Le changement n'intervient qu'ensuite
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