Revolution haitienne

Revolution haitienne

Révolution haïtienne

Révolution haïtienne
San Domingo.jpg
Informations générales
Date 22 août 17911er janvier 1804
Lieu Haïti
Issue Victoire d'Haiti
Belligérants
Drapeau français Royaume de France, puis
Drapeau français République française
Flag of Haiti 1791.svg Rebelles Haïtiens[5] Union flag 1606 (Kings Colors).svg Royaume de Grande-Bretagne[1]
Flag of Spain (1785-1873 and 1875-1931).svg Royaume d'Espagne[2]
Flag of Royalist France.svg Royalistes français [3]
Flag of Royalist France.svg Armée des émigrés [4]
Commandants
Charles Leclerc†,
De Rochambeau
Toussaint L'Ouverture †,
Jean-Jacques Dessalines
Forces en présence
60 000 soldats
86 navires de guerre
55 000 soldats réguliers
100 000 volontaires
Pertes
militaires:
57 000 morts
(37 000 tués au combat
20 000 tués par les fièvres)
civiles:
25 000 civils tués
militaires:
inconnues
civiles:
100 000 civils tués
Notes
  1. (De 1793 à 1798)
  2. (En guerre contre la France de 1793 à 1795, puis allié à la République française à partir de 1796)
  3. (jusqu'en 1798)
  4. (jusqu'en 1798)
  5. (alliés aux coalisés de 1793 à 1794,
    alliés aux français de 1794 à 1801)
Guerres de la Révolution française
Batailles
Révolution haïtienne
Expédition de Saint-Domingue - Bataille de Vertières

La Révolution haïtienne constitue la première révolte d’esclaves réussie du monde moderne. Elle fut favorisée par la Révolution française. Les historiens situent traditionnellement son départ lors de la cérémonie de Bois-Caïman, une cérémonie vaudoue en août 1791. Elle établit en 1804 Haïti en tant que première république noire libre du monde, succédant à la colonie française de Saint-Domingue. La France avait perdu ainsi sa colonie la plus prospère.

Sommaire

Origines

À la veille de la Révolution française, la colonie de Saint-Domingue est d’une prospérité sans égale. Elle est le premier producteur mondial de sucre – avec plus de la moitié de la production – comme de café. Son commerce extérieur représente plus du tiers de celui de la France métropolitaine. Un Français sur huit en vit directement ou indirectement. Cette opulence est bâtie sur un système économique critiqué et une organisation sociale inhumaine.

Le système mercantiliste de l’« Exclusif colonial », inventé par Jean-Baptiste Colbert, vise à enrichir la métropole. Il repose sur le monopole commercial et l’interdiction de l’industrie locale. La métropole fixe les prix. Les colons, très critiques, usent de contrebande et fomentent même des troubles.

La société des colons est très inégalitaire : aux riches planteurs, ou grands blancs issus de la noblesse ou de la bourgeoisie du grand négoce, répond la foule des petits fonctionnaires, employés et ouvriers, appelés petits blancs.

Surtout, l’esclavage est particulièrement cruel. Le Code Noir de 1685, pourtant édicté pour l’« humaniser », punit ainsi de mort l’esclave qui aurait frappé son maître (art. 33), voire aurait commis un vol (art. 35). L’esclave avait le statut juridique d’un bien meuble (art. 44). Encore, ce code n’est-il pas respecté. L’obligation d’évangélisation est négligée; le repos obligatoire du dimanche, souvent reporté. À la peine capitale prévue, les décisions de justice ajoute souvent des supplices pour leur caractère exemplaire. La cruauté des colons est telle que l’espérance moyenne de vie d’un esclave ne dépassait guère dix ans.

Enfin, alors que le Code ne connait que deux catégories d’individus - les libres et les esclaves - les gens de couleur libres (les mulâtres libres et les nègres affranchis) se voient progressivement refuser l’égalité avec les blancs : Ils ne peuvent hériter de titres de noblesse, certains emplois leur sont interdits, ils doivent déférence aux blancs, etc.

Or, l’évolution démographique est défavorable aux blancs, et plus particulièrement aux grands planteurs. L’opulence de la colonie au XVIIIe siècle attire un nombre croissant de Français modestes, venant chercher fortune. La plupart restent dans la misère. Le nombre de libres de couleur s’accroit encore plus rapidement : D’une poignée au début du siècle, leur nombre avoisine celui des blancs en 1788, soit environ 30 000. Quant aux esclaves, aussi nombreux que les blancs au XVIIe siècle, ils sont plus de 500 000 à la veille de la Révolution, tant la Traite des noirs s’amplifie. À la fin du XVIIIe siècle, plus de 30 000 Africains débarquent chaque année dans les ports du Cap-Français ou de Port-au-Prince.

Si on ajoute à ce tableau les rivalités régionales entre le Nord, le plus opulent, le Sud, et l'Ouest séparés par des chaînes montagneuses, l’opposition entre les fonctionnaires et les blancs créoles (c’est-à-dire nés sur place) ainsi qu’entre les planteurs et les commerçants, le rôle déstabilisateur de l’Espagne, possédant la partie Est de l’île, ou de l’Angleterre, on comprend la complexité du déroulement de la révolution de Saint-Domingue.

De leur côté, les révolutionnaires français sont écartelés entre le principe d’égalité et le réalisme économique.

Les revendications des blancs et des mulâtres

Les colons de Saint-Domingue considérèrent la convocation aux États généraux de 1789 comme une opportunité pour se défaire du système de l’Exclusif. Malgré le refus préalable du roi Louis XVI, ils réussissent à faire accepter six députés à l’Assemblée constituante. Sur place, ils poussent, en le menaçant, l’Intendant Barbé de Marbois à regagner la métropole. Puis, fin 1789, ils élisent des municipalités.

Mais, la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 août 1789 leur apparaît dangereuse. D’autant que la Société des amis des Noirs, fondée à Paris le 19 février 1789 (qui compte entre autres membres Brissot, Mirabeau, Condorcet, La Fayette et l’abbé Grégoire) propose l’abolition progressive de l’esclavage et l’égalité immédiate des libres de couleur.

Dès le 20 août 1789 est créé à Paris le Club de l’hôtel Massiac, constitué principalement de planteurs de Saint-Domingue. Leur meilleur avocat est le député Barnave. Le 28 mars 1790, celui-ci réussit à faire voter un décret qui écarte les colonies du droit métropolitain et crée des assemblées coloniales ouvertes aux propriétaires. Sans l'exprimer, la Constituante confirme ainsi l'esclavage. Condorcet a ce commentaire : « Ajoutons un mot à l’article premier de la Déclaration des droits : Tous les hommes ’’blancs’’ naissent libres et égaux en droits ! »

Mais, les blancs de Saint-Domingue vont encore plus loin : Ils élisent, sans les libres de couleur, une assemblée qui se déclare supérieure au Gouverneur Général, entend remplacer les régiments royaux par une garde nationale locale et vote même le 28 mai 1790 une constitution. En juillet, elle décrète la liberté du commerce. Devant cette sédition, les autorités réagissent en s’alliant les libres. L’assemblée de planteurs est vite renversée. La revanche des blancs est sanglante : quelques mois plus tard, le colonel de Mauduit, qui a dispersé l’assemblée, est lynché par la foule.

Les libres commencent alors à réclamer l’égalité avec véhémence. Plusieurs sont massacrés par la population blanche. Notamment, le mulâtre Vincent Ogé, pourtant notable aisé, est condamné au supplice de la roue en février 1791 pour avoir manifesté en ayant pris les armes avec trois cents partisans.

L'Assemblée de Paris reste indécise quant au statut des libres de couleur. Après avoir confirmé l’esclavage en lui donnant statut constitutionnel le 13 mai 1791, elle accorde le 15 mai l’égalité aux libres de couleur nés de père et mère libres, soit moins de 5% des intéressés.

Les blancs de Saint-Domingue refusent d'appliquer ce décret. Les libres se soulèvent alors dans plusieurs endroits de l’Ouest et du Sud et remportent des victoires dès l'été. Dirigés par Jacques Beauvais et André Rigaud, les mulâtres prennent même la capitale Port-au-Prince, qui est en grande partie incendiée, en novembre 1791.

La révolte des noirs et l'abolition de l'esclavage

Le marronnage favorisé par le relief montagneux de Saint-Domingue qui offre refuge aux esclaves en fuite, s’instaura dès le début de la Traite. Les Nègres réussirent à vivre en groupes dans les forêts. Ils y développèrent une religion syncrétique des croyances africaines, le vaudou. Le phénomène perdura malgré la traque et la répression féroce. Ces marrons inquiétaient les blancs qu’ils empoisonnaient parfois et dont ils brûlaient les champs.

Le 14 août 1791, à Bois-Caïman, dans la plaine du Nord, de nombreux esclaves décidèrent la révolte, sous l’autorité de Boukman, assisté de Jean-François et Biassou. Ce premier acte de la révolution des esclaves aurait pris la forme d'une cérémonie vaudoue. En quelques jours, toutes les plantations du Nord furent en flammes et un millier de blancs, massacrés. Malgré la répression où Boukman fut tué, des bandes d’esclaves armés persistèrent dans les campagnes et les montagnes. Dans d’autres parties du pays, des révoltes plus spontanées s’ensuivirent.

Le soulèvement des esclaves entraîna de vifs débats à la nouvelle Assemblée législative de Paris. Celle-ci d’abord sensible aux arguments des colons, envoya des commissaires civils pour ramener à l’ordre les libres et les esclaves. Alors que ces derniers étaient demandeurs d’une paix honorable, la raideur des colons ranima les révoltes. La Législative finit par se rallier aux arguments des Girondins comme Brissot, Élie Guadet et Armand Gensonné. Ceux-ci appelaient à l'égalité de tous les hommes libres, quelle que soit leur couleur de peau. Leur objectif était d'amener progressivement à l'abolition de l'esclavage. Le 4 avril 1792, fut promulguée dans l’enthousiasme l’égalité des droits des libres et des blancs. Pour la faire appliquer, de nouveaux commissaires civils, dont Léger-Félicité Sonthonax et Étienne Polverel, furent envoyés à Saint-Domingue, appuyés de quatre mille volontaires de la garde nationale.

Ceux-ci débarquèrent au Cap le 18 septembre 1792, à la veille de la proclamation de la République française. Sonthonax annonça à son arrivée qu’il entendait préserver l’esclavage. Mais c'est lui qui avait écrit un an plus tôt : « Les terres de Saint-Domingue doivent appartenir aux noirs. Ils les ont acquises à la sueur de leur front » et il ne reçut que défiance de la part des colons. Les commissaires s’allièrent aux mulâtres pour s’imposer. Ils eurent du succès, notamment à Port-au-Prince.

Mais l’exécution du roi, le 21 janvier 1793, déclencha un nouveau clivage. Le 21 juin 1793 au Cap-Français, le nouveau gouverneur Galbaud, royaliste, s'allia aux colons pour renverser les commissaires. Acculés, ceux-ci promirent la liberté à tout esclave qui se battrait pour la République. Des hordes envahirent la ville, la pillèrent et l'incendièrent. Dix mille colons s’expatrièrent.

De leur côté, l’Angleterre et l’Espagne, qui avaient déclaré la guerre à la France, attaquèrent Cap-Français, par la mer et par les terres depuis la partie orientale de l'île, possession espagnole. Les espagnols avaient avec eux des colons royalistes ainsi que des bandes d’esclaves révoltés, comme celle de Jean-François et de Biassou, à qui ils avaient promis la liberté. À l'été 1793, de nombreux ports et la plus grande partie du pays étaient occupés.

À la recherche d'alliés, Sonthonax proclama de son propre chef l'abolition de l'esclavage le 29 août 1793 dans le nord de l'île. Un mois plus tard, Polvérel fit de même dans le reste du pays. Afin de faire avaliser cette décision, les commissaires civils choisirent trois députés l'un blanc, l'autre mulâtre, le troisième noir - Jean-Baptiste Belley - qu'ils envoyèrent à Paris. Devant le rapport de ces députés, la Convention vota, dans l'enthousiasme, le 4 février 1794, l’abolition de l'esclavage dans toutes les colonies.

Toussaint Louverture et la révolution noire

L'affranchi Toussaint Bréda (du nom de la plantation au Haut-du-Cap où il naquit en 1743) exerce, malgré sa petite taille, un ascendant tant par ses origines africaines qu'on dit royales Arada que par ses qualités de lettré, de cavalier et de médecin par les plantes.

Il devient aide-de-camp de Georges Biassou, un des successeurs de Boukman, qui se rallie aux Espagnols de l'Est de l'île en 1793 afin de combattre les colons. Initié à l'art de la guerre, il remporte plusieurs victoires audacieuses qui lui valent le surnom de L'Ouverture.

L'abolition de l'esclavage par les commissaires civils le fait réfléchir. Après un échange de courriers avec le général républicain Étienne Lavaux, il change brutalement de camp en mai 1794. En quelques mois, il refoule les Espagnols à la frontière orientale de l'île et bat les troupes de ses anciens chefs qui leur sont restés fidèles. En 1795, il libère l'intérieur des terres. La Convention l'élève au grade de général en juillet. En mars 1796, le gouverneur Laveaux, qu'il a délivré d'une révolte au Cap, le nomme lieutenant-général de Saint-Domingue.

À mesure de ses victoires, Toussaint confirme l'émancipation des esclaves. Grâce aux renforts arrivés de métropole en mai 1796, il reprend la lutte contre les Anglais qui tiennent de nombreux ports. Lassés d'un combat sans espoir, ceux-ci finissent par négocier directement avec lui et abandonnent Saint-Domingue le 31 août 1798.

Toussaint a, en effet, éloigné les représentants de l'autorité métropolitaine, y compris Lavaux en octobre 1796, et Sonthonax en août 1797, pourtant revenu comme commissaire civil. Il a habilement fait élire ces derniers députés de Saint-Domingue à Paris. Le dernier commissaire envoyé par le Directoire, le général Hédouville, embarque en octobre 1798, après avoir constaté que l'armée n'obéit qu'à Toussaint.

Les mulâtres, menés par le général André Rigaud sont les derniers à discuter son autorité. Ils tiennent le sud du pays. Avec l'aide de ses lieutenants Christophe et Dessalines, Toussaint les bat en août 1800 après une guerre civile sanglante d'un an. Rigaud embarque pour la France.

Enfin, après avoir envahi en un mois la partie espagnole de Saint-Domingue (janvier 1801), il établit son autorité sur toute l'île.

Toussaint organise la remise en marche de l'économie en invitant les colons à revenir, y compris ceux qui ont choisi le parti contre-révolutionnaire. Il publie le 12 octobre 1800 un règlement de culture obligeant les noirs à reprendre le travail sur les plantations. Ce travail forcé est mal perçu par la population. En novembre 1801, une révolte éclate dans les ateliers du Nord. Il la mate et fait fusiller treize meneurs, dont son neveu adoptif, le général Moyse.

Le 8 juillet 1801, il promulgue une constitution autonomiste qui lui donne les pleins pouvoirs à vie.

La reconquête française et la guerre d'indépendance

Article détaillé : Expédition de Saint-Domingue.

En représailles, Napoléon Bonaparte, qui signe avec l'Angleterre les préliminaires de la paix d'Amiens le 18 octobre 1801, charge une expédition militaire de plusieurs flottes réunissant au total trente et un mille hommes à bord de quatre-vingt-six vaisseaux, menée par son beau-frère le général Leclerc, de reprendre le contrôle de l'île.

Toussaint arrête une stratégie de défense de marronnage : devant l'arrivée des Français, en février 1802, les villes sont incendiées et ses troupes se retirent sur les hauteurs pour pratiquer une guerre d'usure. Les Français investissent le plus souvent des villes en ruines, comme le Cap. Les noirs résistent, mais reculent devant la puissance de l'armée de Leclerc. À la fin avril, au prix de cinq mille morts et autant de malades ou blessés, les Français tiennent toute la côte.

Les généraux de Toussaint Louverture, dont Henri Christophe (en avril) et Jean-Jacques Dessalines (à la Crête-à-Pierrot après trois semaines de combat inégal et sanglant en mars 1802) se rendent aux Français après d'âpres combats si bien que Toussaint Louverture lui-même accepte sa reddition en mai 1802. Il est autorisé à se retirer sur l'une de ses plantations, à proximité du bourg d'Ennery, dans l'ouest de l'île, non loin de la côte. Le 7 juin 1802 Toussaint Louverture est arrêté malgré sa reddition et Jean-Jacques Dessalines, défait par les Français à la Crête-à-Pierrot, participe à cette arrestation[1]. Louverture est déporté en France, il est interné au fort de Joux, dans le Jura, où il mourra des rigueurs du climat et de malnutrition le 7 avril 1803, après avoir prophétisé la victoire des Noirs.

Toussaint Louverture neutralisé, Leclerc décide le désarmement de la population et le met en œuvre à grand renfort d'exécutions sommaires ; alors les chefs de couleur se détachent peu à peu de l'Expédition de Saint-Domingue et rejoignent les insurgés, prenant conscience que l'Expédition de Saint-Domingue n'avait d'autre but plus important que celui de rétablir l'esclavage à Saint-Domingue.

C'est en apprenant le rétablissement de l'esclavage à la Guadeloupe qu'Alexandre Pétion donne le signal de la révolte, le 13 octobre 1802. À la tête de cinq cent cinquante hommes il marche contre le principal poste français du Haut-du-Cap, le cerne, le fait désarmer et sauve quatorze canonniers que les siens voulaient égorger : l'armée des « indépendants » est alors formée. Les généraux Geffrard, Clervaux et Christophe, viennent se joindre à Pétion qui accepte de céder au dernier le commandement de l'insurrection.

Dessalines rejoint alors de nouveau les révoltés, dirigés par Pétion, en octobre 1802. Au congrès de l'Arcahaye (15-18 mai 1803), Dessalines réalise à son profit l'unité de commandement. C'est lors de ce congrès que naît le premier drapeau haïtien, bicolore bleu et rouge, inspiré du drapeau français dont la partie blanche (considérée comme symbole de la race blanche et non pas de la royauté) a été déchirée. Le 19 novembre 1803, à la tête de l'armée des indigènes, avec à ses côtés Henri Christophe, il impose à Rochambeau - le cruel successeur de Leclerc (mort de la fièvre jaune en novembre 1802) qui utilisait des chiens féroces achetés à Cuba contre les insurgés, entraînés à chasser et manger les Noirs - la capitulation du Cap après la défaite des armées françaises, la veille, à la bataille de Vertières. Rochambeau n'a alors d'autre choix que d'ordonner l'évacuation de l'île.

Après le départ des Français, Dessalines provoque aussitôt le massacre de la population blanche restante (cf. Jean-Marcel CHAMPION, notice biographique consacrée à Jean-Jacques Dessalines dans le Dictionnaire Napoléon, op. cit., p. 599) ; à l'exception des prêtres, médecins, techniciens et de quelques négrophiles. Il redonne à Saint-Domingue son nom indien d'Haïti (Ayiti) et proclame la République le 1er janvier 1804 aux Gonaïves.

La première république noire libre du monde vient alors de naître.

Conclusion

Le bilan de l'expédition de Saint-Domingue est particulièrement lourd en vies humaines. À la veille de la révolution, la population de l'île compte environ 550 000 âmes. En 1804, elle est réduite à 300 000.

Il faut attendre 1825 pour que la France de Charles X « concède » l'indépendance à Haïti, moyennant le paiement d'une indemnité de 150 millions de francs or pour « dédommager les anciens colons ». Renégociée en 1838 à 90 millions, cette dette d'indépendance a été entièrement honorée par versements successifs jusqu'en 1883. Certains historiens identitaires caribéens affirment que cette dette a fait de Haïti la nation la plus sous-développée d'Amérique.

L'indépendance d'Haïti marque la fin du colonialisme, mais installe au pouvoir l'élite de l'armée haïtienne, surtout constituée d'anciens affranchis. Cette élite se divise bientôt en deux factions : les défenseurs d'Alexandre Pétion, principalement mulâtres, et ceux d'Henri Christophe, largement noirs. Ces deux factions, constituant une classe citadine occidentalisée, se disputent le pouvoir tout au long du siècle, sans laisser de véritable place aux descendants des esclaves à culture rurale et vaudoue, relégués dans ce que le sociologue Gérard Barthélemy appelle le pays en dehors.

Sources

  • J.C. Dorsainvil : Manuel d'Histoire d'Haïti, Port-au-Prince, 1929
  • L. Abenon, J. de Cauna, L. Chauleau : Antilles 1789 - La Révolution aux Caraïbes, Paris, Nathan, 1989
  • G. Barthélémy : L'Univers rural haïtien - Le pays en dehors, Paris, L'Harmattan, 1991
  • F. Blancpain : La colonie française de Saint-Domingue, Paris, Karthala, 2004
  • L. Dubois : Les Vengeurs du Nouveau Monde. Histoire de la Révolution haïtienne, Les Perséides, 2005.

Notes et références

  1. Victor Schœlcher, Vie de Toussaint Louverture (1889), Ed. P. Ollendorf, p.348

Voir aussi

Liens externes

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