G.O.P.

G.O.P.

Parti républicain (États-Unis)

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir GOP et Parti républicain.
Republican Party
(fr) Parti républicain
L’éléphant, logo du Parti républicain 
Président Michael S. Steele
Fondation 28 février 1854
Siège 310 First Street SE

Washington, D.C. 2003

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Présidents
au Sénat Mitch McConnell
à la Chambre des représentants John Boehner
Idéologie Conservatisme

Conservatisme social
Libéralisme économique
Libertarianisme
Néo-conservatisme

Affiliation internationale Union démocratique internationale
Couleurs* rouge (officieux)
Site Web gop.com
voir aussi

Constitution américaine
Politique des États-Unis
Gouvernement américain
Président américain
Partis politiques

Le Parti républicain, aussi appelé GOP (anglais : Grand Old Party), est l'un des deux grands partis politiques américains contemporains [1].

Il fut fondé le 28 février 1854 par des dissidents nordistes du Parti whig et du Parti démocrate, hostiles au statu quo sur l’esclavage, aux revendications souverainistes des États fédérés et favorables au protectionnisme.

Supplantant le Parti whig moribond, il devint le principal parti politique du pays alternant au pouvoir avec le Parti démocrate.

Le président George W. Bush, a été le 19e et le dernier président des États-Unis d'Amérique issu de ses rangs.

Le Parti Républicain incarne généralement des tendances de droite et de centre-droite, bien qu'il existe plusieurs courants.

Sommaire

Quelques données

Depuis 1856, les candidats du Parti républicain ont remporté 23 des 39 élections présidentielles dont 7 des 11 dernières élections depuis 1968. Le parti compte dans ses rangs 18 des 28 derniers présidents américains.

Le Parti républicain a dominé le Congrès des États-Unis de 1995 à 2007.

En 2005, si autant d'Américains se déclaraient républicains que démocrates (39% chacun), ils étaient, selon le recensement de 2004, 55 millions à être enregistrés sur les listes électorales comme républicains contre 72 millions en tant que démocrates et 42 millions en tant qu'indépendants [2].

En 2008, le pays compte 22 gouverneurs républicains alors que le parti domine la législature (les 2 chambres locales) de 13 états fédérés et en partage 13 autres avec le parti démocrate.

En 2008, les 11 plus grandes villes du pays dirigées par un maire républicain ou issu de ses rangs sont New York, San Diego, Dallas, Charlotte, Jacksonville, Miami, Oklahoma City, Tucson, Colorado Springs, Indianapolis, Topeka et Bismarck.

Idéologie

Affiche de la première campagne présidentielle du Parti républicain en 1856

Le Parti républicain est un parti qui paraît plus homogène que le Parti démocrate bien qu’il soit également traversé par de nombreux courants internes souvent contradictoires. On discerne ainsi deux grands courants, l'un conservateur et l'autre modéré, tous deux divisés entre plusieurs factions qui ne sont pas exclusives les unes des autres dont notamment :

Depuis les années 1980, on distingue un antagonisme assez prononcé, bien que non exclusif, entre les républicains de l’ouest, libertariens et individualistes, et ceux du Sud, chrétiens fondamentalistes, concentrées sur les valeurs morales et religieuses.

Le Parti républicain est globalement considéré comme un parti de centre-droit, socialement plus conservateur et économiquement plus libertarien que son homologue démocrate. Proche des milieux d’affaires, il compte très peu de supports chez les syndicats.

Le Parti républicain considère que c’est le seul Congrès des États-Unis qui doit légiférer au niveau national et que les juges, notamment ceux de la Cour suprême, n’ont pas à interpréter la constitution pour créer parallèlement d’autres normes à valeur législatives ou constitutionnelles (cas du droit à l’avortement avec l’arrêt Roe v. Wade). C’est ce que les républicains appellent l’activisme judiciaire. Les républicains centristes considèrent cependant que c’est le travail des juges d’interpréter la constitution et de protéger les droits des citoyens contre l’abus du pouvoir législatif ou du pouvoir exécutif.

Dessin humoristique de 1904 illustrant la victoire électorale de Theodore Roosevelt et des républicains dont le symbole est un éléphant

Les républicains ont historiquement défendu le développement du pouvoir fédéral au détriment des pouvoirs des États. Mais ils ont ensuite opté pour une redéfinition des compétences en choisissant de limiter le pouvoir de l’État fédéral au profit des différents États constituant les États-Unis. Les libertariens sont ainsi les plus hostiles au pouvoir fédéral.

Dans cette optique libertarienne, le Parti républicain est hostile à un système de sécurité sociale universelle tel qu’il existe au Canada et en Europe. Il défend le principe d’un système de santé individuel secondé par une sécurité sociale gratuite pour les plus âgés et les plus démunis.

Le Parti républicain défend le principe d’une fiscalité modérée (baisse d’impôts), d’une intervention réduite au minimum de l’État dans l’économie. Ainsi, le principe du moindre État se résume dans la déclaration du président Ronald Reagan dans son discours inaugural en 1981 quand il déclara que « dans les temps de crise, le gouvernement n’est pas la solution à vos problèmes, le gouvernement est le problème » [3]. Partisan du libéralisme économique, le Parti républicain préfère le développement des accords de libre-échange bilatéraux aux grands accords internationaux. D’ordinaire, il préconise la maitrise des dépenses et le principe de l’équilibre budgétaire, sans nécessairement s'y tenir.[réf. nécessaire]

Le Parti républicain défend l’individualisme contre le collectivisme et le communautarisme et ses membres sont majoritairement hostiles à la politique de discrimination positive et aux quotas raciaux, globalement parce qu’ils refusent de faire de distinctions entre Américains [4]. Partisans de l’école libre et donc de laisser aux parents le droit de choisir l’école de leurs enfants, les républicains sont favorables à l’évaluation qualitative de l’enseignement et des résultats scolaires dans les écoles publiques. La branche conservatrice du parti soutient le principe de la prière à l’école dans les établissements publics tout comme une partie de ce courant soutient la théorie du dessein intelligent, opposé au darwinisme.

Au nom de la responsabilité individuelle, les républicains sont aussi souvent des partisans de la liberté de ports d’armes et de la répression maximum en matière de criminalité. Ainsi, ils sont très largement favorables à la peine de mort.

Dans une moindre mesure, les républicains sont favorables également à la restriction du droit à l’avortement.

Ils sont aussi très majoritairement hostiles au mariage homosexuel mais plus divisés sur les unions civiles homosexuelles (les libertariens y sont plutôt favorables).

Le parti est particulièrement divisé sur les recherches sur les cellules souches à partir d’embryons humains, sur les problèmes liés à l’environnement (protocole de Kyoto, forages en Alaska…) et sur la politique d’immigration à tenir envers les Hispaniques.

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, un courant jusque-là discret et très minoritaire a pris de l’ascendant sur le Parti républicain. Le courant néo-conservateur a imposé une politique étrangère unilatéraliste et idéaliste concrétisée par une hostilité renforcée au multilatéralisme et à l’ONU, par la guerre en Afghanistan en 2001 puis surtout par la guerre en Irak à partir de 2003, le but étant d’apporter la paix et la démocratie au Moyen-Orient. Cette politique a été néanmoins remise en cause électoralement à la fin de l’année 2006.

En 2006, la base sociale du Parti républicain se compose majoritairement d’hommes d’affaires, d’entrepreneurs et des membres de professions libérales. On y trouve majoritairement des hommes, des blancs d’ascendance WASP [5],[6], des couples mariés avec enfants, des banlieusards, des habitants de zones rurales et des chrétiens (61% des pratiquants, 59% de protestants et 52% de catholiques en 2004 [7]). En 2004, le président Bush a obtenu aussi le vote de 41% des 20% Américains les plus pauvres, 55% des 20% les plus riches et 53% des 60% Américains des classes moyennes.

Seulement 23-25% des membres de la communauté homosexuelle votent pour les candidats du Parti républicain.

Histoire

La fondation du Parti républicain

Le Parti républicain est fondé en 1854 à Pittsburgh pour s’opposer à loi Kansas-Nebraska, autorisant la pratique de l’esclavage au Kansas. Les activistes républicains y voyaient la preuve du pouvoir des propriétaires d’esclaves, conspirant pour s’emparer du pouvoir fédéral et étendre l’esclavage à tout le pays. Il s’agissait pour ses fondateurs de proclamer les vertus républicaines comme l’opposition à l’aristocratie et à la corruption. Le programme du Parti républicain proposait une vision progressiste et libérale d’une société industrielle et éduquée, fondée sur la liberté individuelle, la promotion sociale par l’effort et le mérite, une société où la loi du marché l’emportait sur toutes les formes d’asservissement économiques comme l’esclavage.

Les premiers partisans du Parti républicain sont alors les Whigs (libéraux) et les démocrates de Nouvelle-Angleterre et de la région des Grands Lacs comme les gouverneurs ou candidats au poste de gouverneurs comme Nathaniel P. Banks (Massachusetts), Hannibal Hamlin (Maine), Kinsley Bingham (Michigan), la majorité des membres du Parti du sol libre opposé à l'esclavage se rallièrent à ce nouveau parti.

C’est à Ripon, le 20 mars 1854, qu’eut lieu la première convention du Parti républicain. Le 6 juillet, à Jackson, les délégués républicains proclamèrent que le nouveau parti était opposé à l’extension de l’esclavage dans les nouveaux territoires et commença à sélectionner des candidats pour les élections au Congrès. Le parti s’organisa rapidement dans tout le pays à l’exception du Sud esclavagiste où il ne comptait quasiment aucun partisan.

John Frémont, le premier candidat républicain à l’élection présidentielle en 1856

Son moralisme et son puritanisme lui acquièrent rapidement le soutien des Yankees de Nouvelle-Angleterre, de New York et du Mid-Ouest, et plus précisément des presbytériens, des méthodistes, des quakers et des luthériens d’origine scandinaves. A contrario, il échoue à emporter l’adhésion des catholiques, des épiscopaliens et des luthériens d’origine germanique.

En 1856, son premier candidat à l’élection présidentielle est John Frémont sur un programme proposant « une terre libre, la liberté du travail, la liberté d’expression et des hommes libres ». Fremont est battu avec 33 % des voix par le démocrate James Buchanan (45 %), tandis que le vieux Parti whig s’effondre avec seulement 22% des voix pour son candidat, l’ancien président Millard Fillmore. Néanmoins, le Parti républicain remporte un incontestable succès immédiat puisqu’il s’impose en Nouvelle-Angleterre, à New York et dans les États de la région des grands lacs. Fremont n’obtient cependant presque aucun suffrage dans le sud et échoue face à un candidat démocrate soutenu par un parti rassemblé, unissant les ségrégationnistes du sud et les démocrates « conciliants » du Nord.

L’élection d’Abraham Lincoln et la guerre de Sécession

Affiche de la campagne républicaine de 1860 (en français : « Abraham Lincoln pour président, Hannibal Hamlin pour vice-président »).

Article détaillé : Origines de la guerre de Sécession
Article détaillé : Guerre de Sécession
En 1860, le candidat du Parti républicain est Abraham Lincoln de l’Illinois. Le contexte de l’élection présidentielle est alors très différent de celui de 1856. L’unité démocrate a implosé et le parti présente deux candidats. L’un est un sudiste ségrégationniste, John Cabell Breckinridge, et l’autre un nordiste modéré, Stephen A. Douglas. C’est la chance du candidat républicain. Au soir des élections, Abraham Lincoln est en tête des candidats et par conséquent est élu président avec 39% des voix alors que les démocrates divisés totalisaient ensemble 48% des suffrages.

Abraham Lincoln, premier président des États-Unis émanant du Parti républicain.

L’arrivée au pouvoir d’un républicain « yankee » (nordiste) soutenu par les abolitionnistes déclenche le processus qui mène à la guerre de Sécession. Lincoln parvint brillamment à rassembler les courants de son parti autour de lui et à faire front pour défendre l’intégrité de l’Union. Il reçut également dans un premier temps le soutien des démocrates du nord, appelés alors démocrates de guerre tandis que les républicains-radicaux envisageaient déjà de sanctionner durement les sudistes à la fin de la guerre.

Quand Lincoln proclama que le but de guerre serait l’abolition de l’esclavage, une partie des démocrates le lâchèrent pour devenir des « démocrates de paix » alors que les partis républicains de chaque État de l’Union se rangeaient à la cause abolitionniste, à l’exception des républicains du Kentucky.

En 1862, alors que le pays est en pleine guerre civile, les républicains alliés aux démocrates de guerre remportèrent les élections de mi-mandat. Lincoln est à son tour réélu en 1864 mais est assassiné en avril 1865 par un partisan sudiste alors que la guerre vient de prendre fin avec la victoire des armées de l’Union.

La domination républicaine

Après la victoire des armées du Nord en 1865, les républicains vont dominer la vie politique nationale jusqu’en 1932.

Ils imposent la reconstruction au Sud et privent brièvement de droit de vote les États sécessionnistes.

En 1864, le Congrès passe sous la domination des républicains-radicaux, résolus à se venger lourdement contre les États confédérés pour avoir brisé l’unité de l’Union et à leur imposer de très dures sanctions économiques.

Lincoln était méfiant envers les républicains-radicaux mais en choisissant Andrew Johnson comme vice-président, un sudiste-unioniste, il espérait freiner les appels à la vengeance.

Quand Johnson succède à Lincoln après l’assassinat de ce dernier, il rompt ses liens avec les radicaux et constitue une alliance des républicains et démocrates modérés afin de restituer aux sudistes leurs droits politiques. Cependant, lors des élections de 1866, les Radicaux remportent de nouveau la majorité des sièges au Congrès et imposent leur vision politique de la Reconstruction du Sud. Profitant de leur domination, ils tentent de destituer le président Johnson par la procédure d’impeachment mais échouent à une voix près.

le président Ulysses Grant

En 1868, Johnson est contraint de renoncer à solliciter un nouveau mandat et laisse la présidence à un républicain-radical, le général Ulysses S. Grant, chef victorieux de l’armée de l'Union. Les radicaux sont alors à leur zénith politique, contrôlant la Maison-Blanche, le Congrès, le Parti républicain et l’armée. Ils visent alors à construire un bastion républicain dans le sud des États-Unis, basé sur le vote des anciens esclaves devenus des hommes libres, des scalawags (natifs du Sud collaborant avec le nouveau pouvoir), des soldats de l’Union cantonnés dans le Sud, et des Carpetbaggers (immigrés économiques venant du Nord pour faire fortune dans le sud, voyageant avec un sac de voyage en toile à tapis). Dans ce but, les républicains du Sud s’organisent sous forme de ligues unionistes afin de mobiliser les électeurs et de combattre les anciens sécessionnistes dont certains s’organisent sous la bannière du Ku Klux Klan. Les premiers membres afro-américains du Congrès des États-Unis ont été élus sous l'étiquette Républicaine en novembre 1868. Il a fallu attendre 1934 pour que le parti démocrate ait ses premiers candidats noirs.

Le président Grant soutint activement la politique des radicaux dans le Sud et la mise en place du 14e amendement sur le droit de vote et les droits civiques des hommes libres. Le vote de ces nouveaux électeurs (noirs, soldats de l’Union, Carpetbaggers) et la privation des droits civiques des anciens officiers et sous-officiers de l’armée confédérée et des partisans connus de la sécession permet la victoire de gouverneurs républicains.

Dès 1872 cependant, le Parti républicain connait des dissensions internes alors que Grant est facilement réélu président contre Horace Greeley, un républicain dissident, soutenu par les libéraux du Parti républicain, menés par Carl Schurz, et les démocrates. Le Parti républicain, omnipotent qu’il est, est alors gangrené par la corruption alors qu’une opposition libérale interne s’active et demande la réconciliation avec les États du Sud, en commençant par mettre fin à la vengeance politique, en rappelant les soldats yankees dans leurs foyers et en rendant leurs droits civiques aux anciens confédérés.

En 1873, le pays connaît des problèmes économiques ce qui permet au Parti démocrate de réémerger politiquement et de gagner la chambre des représentants, mettant fin à la domination des radicaux. Dans le Sud, des coalitions anti-républicaines (qui deviendront les Les « Dixiecrats ») parviennent progressivement à récupérer le contrôle des États, à mettre en fuite les Carpetbaggers, parfois avec violence, tout en réglant leurs comptes aux scalawags et en « dissuadant », par la peur, les anciens esclaves de profiter de leurs droits civiques.

le président Rutherford B Hayes

En 1876, l’élection présidentielle met un terme définitif à la politique de Reconstruction. L’élection ayant été marquée dans certains États du Sud par la fraude et les intimidations en faveur des républicains, c’est une commission électorale bi-partisane qui proclame finalement vainqueur le candidat républicain Rutherford B Hayes, minoritaire en voix, après que celui-ci eut promis de rapatrier au nord toutes les troupes fédérales et de rendre leur souveraineté aux trois derniers États sudistes encore sous contrôle fédéral. Ce faisant, démontrant l’échec de la politique des radicaux dans le Sud, Hayes donne aux démocrates un contrôle absolu sur cette région jusqu’en 1964, caractérisé également par l’abandon politique des anciens esclaves et la quasi-disparition du Parti républicain sur le territoire des anciens États confédérés.

En 1874, un dessin politique de Thomas Nast représentant le parti en éléphant fut repris pour symboliser le parti [8]

De 1877 à 1932, malgré son échec dans le Sud, le Parti républicain reste le parti dominant de la vie politique américaine. Il bénéficie de l’assimilation populaire des démocrates à la rébellion (guerre de Sécession), à la minorité catholique (les Irlandais catholiques dominent alors le parti démocrate et dirigent de nombreuses grandes villes) et aux débits de boisson (les intérêts des débiteurs de boissons alcoolisées sont réputés proches des démocrates et non des puritains associés aux républicains).

Divisée entre une aile progressiste et une aile conservatrice, la ligne politique générale du Parti républicain est modérée tantôt libérale tantôt conservatrice, tantôt isolationniste, tantôt internationaliste. La croissance économique est son credo. Il se fait le défenseur de l’économie capitaliste, de l’industrialisation du pays et du développement de ses moyens de transport.

En 1884, il perd la présidence pour la première fois en 24 ans. Son candidat, James G. Blaine, perçu comme corrompu est battu par le démocrate Grover Cleveland.

En 1890, bien que proches des grands conglomérats et des grandes industries, le Parti républicain est l’initiateur des premières lois antitrust (Sherman Anti-Trust Act, Interstate Commerce Commission) afin de protéger les petits commerces et les agriculteurs.

Affiche de la campagne électorale républicaine de 1900 en faveur de William McKinley et Theodore Roosevelt

À partir de 1896 et de l’élection de William McKinley, les républicains s’imposent pour de nombreuses années à la Maison Blanche et au Congrès, en consolidant l’adhésion de la classe moyenne et des industriels. Le Parti républicain est alors tout à la fois progressiste, capitaliste et puritain. C’est le parti du business. Son emprise est aussi locale où des candidats issus de ses rangs dirigent de nombreuses grandes villes du nord (Détroit avec Hazen Pingree, New York avec Seth Low, Toledo avec Rule Jones…).

Au début du XXe siècle, le mouvement populiste, opposé à la politique économique des Républicains jugées défavorables aux États de l’Ouest, est absorbé par les démocrates. Au contraire, le mouvement progressiste, puissant au début du XXe siècle, qui réclame une moralisation de la vie publique et une meilleure prise en compte des aspirations de la population, inspire certains leaders républicains, comme le président Theodore Roosevelt. Dès son arrivée à la présidence en 1901, après l’assassinat de McKinley, il s’oppose aux grandes entreprises, aux trusts et réclame un pouvoir fédéral fort, capable de réglementer l’activité économique. Il proclame également que la prospérité doit être partagée et doit concerner toutes les races et toutes les religions.

En 1908, les premières élections des sénateurs au suffrage direct donnent une large majorité aux républicains (60 républicains contre 40 démocrates).

Résultats de l’élection présidentielle de 1912 : en vert les États remportés par Theodore Roosevelt, en rouge les États emportés par William H. Taft et en bleu ceux remportés par le démocrate Woodrow Wilson

En 1910, les républicains perdent le contrôle de la chambre des représentants tandis qu’ils se divisent entre progressistes rooseveltiens et conservateurs. En 1912, Roosevelt rompt avec les républicains et se présente comme candidat progressiste contre le président sortant, le républicain William H. Taft. La division républicaine amène logiquement à un éparpillement des voix (35% pour Roosevelt, 23% pour Taft) et conduit le candidat démocrate, Woodrow Wilson (41% des voix), à la Maison-Blanche et les démocrates à devenir majoritaire au Sénat.

Le Parti républicain reprend la Maison Blanche et le Congrès dès le début des années 1920 sur un programme économiquement et politiquement isolationniste et anti-SDN. Warren G. Harding, Calvin Coolidge et Herbert Hoover, tous trois républicains, se succèdent à la Maison Blanche alors que les États-Unis connaissent une vague de prospérité économique sans précédent.

La chute de la maison républicaine

Le président Herbert Hoover

Le krach de 1929 plonge le pays dans la grande dépression et les politiques républicaines non interventionnistes axées prioritairement sur l’équilibre budgétaire paraissent inadaptées à stopper la montée du chômage et à freiner les faillites. En 1932, pour la première fois depuis la guerre de Sécession, les républicains perdent le contrôle de la majorité des grandes villes du pays. Ils vont ensuite perdre la Maison Blanche, le Congrès, la majorité des postes de gouverneurs et le vote des noirs du Nord du pays. L’année 1936 est la pire année politique de l'histoire des républicains. Lors de l’élection présidentielle, le démocrate Franklin D. Roosevelt est triomphalement réélu contre le républicain Alf Landon. Seuls deux États, le Vermont et le Maine, restent alors fidèles au parti de Lincoln alors qu’au Congrès, 17 sénateurs et 88 représentants républicains rescapés font face à un « rouleau compresseur » composé de 79 sénateurs et 334 représentants démocrates.

La droitisation du Parti républicain

Robert Taft, leader au Sénat de la coalition conservatrice et co-auteur de la loi Taft-Hartley.

Réduit à un pôle minoritaire, le Parti républicain très divisé doit se reconstruire. Il se replie d’abord principalement sur deux courants, l’un conservateur issu de l’ouest et du sud-est du pays et l’autre libéral issu de Nouvelle-Angleterre, tous deux emprunts d’un résidu de la pensée progressiste, autrefois incarnée par Teddy Roosevelt. En 1936, Alf Landon, le gouverneur du Kansas, un républicain favorable au New Deal, l’emporte sur le courant conservateur soutenu par Herbert Hoover et devient le candidat républicain à la présidence. Il est cependant laminé par Franklin Roosevelt. Le parti est alors de nouveau tiraillé entre les isolationnistes, opposants au New Deal comme le sénateur Robert Taft de l’Ohio et les libéraux du nord-est comme Thomas Dewey, le gouverneur de l’État de New York, plus favorable au New Deal. Ainsi, divisé, le parti est par conséquent incapable de faire front face aux démocrates.

À partir de 1939, Robert Taft est la figure de proue des opposants à Roosevelt. Au Sénat, il fédère autour de lui les conservateurs et les démocrates du Sud sur des positions économiques isolationnistes, non interventionnistes en matière de politique étrangère et hostiles au New Deal.

Après 1941 et Pearl Harbor, les républicains jouent le jeu de l’union nationale derrière le gouvernement et au nom de la « real-politik », en 1945, le Parti républicain accepte l’implication forcée des États-Unis dans les affaires du monde dans le contexte de Guerre froide bien qu’en 1947, les isolationnistes menés par Taft tentent encore de s’opposer à l’adhésion du pays à l’ONU et à saper la fondation de l’OTAN. Et c’est de justesse qu’ils approuvent le plan Marshall, pourtant concocté par un républicain.

Le Parti républicain commence pourtant à regagner la faveur de l’opinion comme le démontrent ses victoires au Congrès en 1946 qui leur permet l'année suivante de faire adopter, en dépit de l'hostilité du président Harry Truman, la loi Taft-Hartley dont l'objet est de diminuer les prérogatives des syndicats et de limiter le droit de grève.

En 1948, Thomas Dewey échoue cependant de justesse à l’élection présidentielle face à Harry Truman, jugé plus crédible pour défendre l’Amérique face au communisme. En effet, à cette époque, des républicains isolationnistes comme Robert Taft s’inquiètent davantage de la bureaucratie et du niveau des dépenses publiques que des conséquences du rideau de fer tombé sur l’Europe.

Billets pour l’inauguration de la présidence de Dwight Eisenhower et de son vice-président Richard Nixon en 1953
Carte illustrant le raz de marée électoral des républicains lors de l’élection présidentielle de 1984

En 1952, le général Dwight Eisenhower, un internationaliste de la lignée politique de Dewey, partisan de l’alliance atlantique, l’emporte lors de primaires républicaines présidentielles sur Robert Taft. Eisenhower est élu président en novembre 1952, mettant fin à 20 années de règne démocrate sur la Maison Blanche alors que le pays est en plein maccarthisme. Eisenhower ne remet pas en cause le New Deal mais étend le système de sécurité sociale, met en œuvre un système autoroutier inter-État, poursuit la politique américaine de son prédécesseur face au communisme et fait respecter dans l’ancien Sud confédéré, au besoin par l’armée, les arrêts de la Cour Suprême en matière de déségrégation. Eisenhower est réélu facilement en 1956 mais l’échec de Richard Nixon en 1960 face au candidat démocrate John F. Kennedy permet à l’aile conservatrice du parti de prendre de l’ascendant sur l’aile modérée, héritée de Dewey, en imposant ses candidats aux présidentielles (Barry Goldwater en 1964, Ronald Reagan en 1980, George W. Bush en 2000).

A partir des années 1960, les républicains récupèrent les thèmes conservateurs propres aux Blancs du Sud et de l'ouest, comme la méfiance vis-à-vis de l’État fédéral et la défense des droits des États fédérés contre les empiétements du pouvoir central. Dans les années 1970, le parti opère une percée dans le Sud grâce à cette ligne conservatrice en accaparant le vote des électeurs blancs qui désertent avec leurs élus le Parti démocrate dominé alors par l'aile gauche du parti. En reprenant ainsi dans le sud des thèmes comme la généralisation de la prière à l’école, les droits des états fédérés, l’interdiction de l’avortement ou la défense des valeurs familiales, les républicains parviennent dans les années 1970 et 80, à y faire élire des gouverneurs, pour la première fois depuis la fin de la période de reconstruction (la Géorgie se dote ainsi en 2001 de son premier gouverneur républicain en 124 ans). En même temps, le parti rompt totalement avec la tradition isolationniste symbolisée autrefois par Robert Taft et entreprend une politique étrangère active dont l’objet est l’endiguement du communisme par tous les moyens. Cette politique symbolisée par le secrétaire d’État Henry Kissinger oblige néanmoins à quelques choix inattendus comme la reconnaissance de la République populaire de Chine, le début en 1972 des négociations sur la limitation des armements stratégiques avec l'URSS et le retrait des forces américaines du Vietnam.

Dans les années 1980, la « révolution conservatrice » lancée par le Président Ronald Reagan finit d’ancrer nationalement le parti à droite, malgré l’intermède de 1989 à 1993 de la présidence de George Bush, représentant de l’aile réformiste.

Les présidents Ronald Reagan et George H. W. Bush

En 1984, Ronald Reagan est triomphalement réélu, remportant 49 des 50 États du pays puis contribue à faire élire en 1988 son vice-président, George H. W. Bush, à la présidence du pays. Cependant, en dépit de ces victoires présidentielles, le Parti républicain peine à renverser la majorité démocrate du Congrès.

En 1992, le parti est de nouveau victime de ses divisions. Le courant conservateur, qui n’a pas digéré les augmentations d’impôts du président, préfère alors soutenir un dissident, Ross Perot, privant George H. W. Bush d’une réélection annoncée. Les deux premières années du mandat du démocrate Bill Clinton à la Maison Blanche, maladroitement gérées, permettent aux républicains de se rassembler sur un programme conservateur intitulé « contrat avec l’Amérique ».

En 1994, pour la première fois depuis 40 ans, le Parti républicain remporte les deux chambres du Congrès et redevient majoritaire. Il le restera jusqu’en 2007 (à l’exception des années 2001-2002 pour le Sénat).

Depuis les années 1980-90, le Parti républicain remplace le Parti démocrate dans ses anciennes zones d’influence, à savoir le Sud, mais perd bon nombre d’électeurs en Nouvelle-Angleterre, dans les Grands Lacs et sur la côte Ouest. Si le parti se maintient encore localement dans ses anciennes places fortes grâce à des élus modérés, il est nationalement ancré au sud et à l’ouest non côtier. En 2007, 20 des 26 sénateurs des États de l’ancienne Confédération sont républicains. Il y a 30 ans, ils étaient tous démocrates.

Depuis 2001, les Républicains conservateurs sont de retour à la Maison Blanche avec le président George W. Bush, et le vice-président, Dick Cheney, réélus en 2004.

Le Parti républicain depuis les années 2000

Depuis la révolution conservatrice menée sous Ronald Reagan dans les années 1980, le Parti républicain est dominé par sa branche conservatrice. Celle-ci s’est renforcée en 1994 avec la conquête du Congrès mené par Newt Gingrich et son « contrat pour l’Amérique » puis avec l’arrivée au pouvoir du texan conservateur George W. Bush, fils du 41e président des États-Unis.

Cette branche conservatrice s’appuie sur ses bastions électoraux du Sud et de l’Ouest et repose sur un électorat essentiellement blanc (à dominante WASP), banlieusard et rural, patriote et évangéliste. Cette posture conservatrice lui a aussi attiré, dans une moindre mesure, un soutien non négligeable de la communauté hispanique et des catholiques, traditionnellement démocrates.

Le sénateur John McCain, candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008

La branche libérale du Parti républicain (représentée par Arnold Schwarzenegger, Arlen Specter, Olympia Snowe, Susan Collins, Gordon Smith, Jim Douglas, Rudolph Giuliani…) a été la victime de la droitisation du parti.

Ses places fortes du nord-est et de la Californie se sont effondrées d’abord lors des élections présidentielles puis lors des élections locales et fédérales. Les élus républicains qui ont réussi à s’y maintenir sont souvent en dissidence de la ligne officielle conservatrice du parti et de l’administration de George W. Bush.

Une petite branche centriste incarnée par John McCain ou George H. W. Bush subsiste pour tenter de rassembler l’aile gauche et l’aile droite du parti et d’incarner ainsi la tradition historique modérée du Parti républicain. Ses représentants comme Rudolph Giuliani, John McCain et Mitt Romney furent les candidats favoris des sondages pour représenter le camp républicain lors de l'élection présidentielle en 2008 au côté de l'ancien sénateur (conservateur) du Tennessee et acteur de cinéma, Fred Dalton Thompson.

Le 4 septembre 2008, lors de la réunion de la convention nationale républicaine à Saint-Paul (Minnesota), les délégués républicains confirmèrent John McCain, qui s'était imposé lors des élections primaires, comme candidat à l'élection présidentielle de 2008 ainsi que Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, comme candidate à la vice-présidence. Lors de l'élection du 4 novembre 2008, John McCain est finalement battu par le candidat démocrate, Barack Obama.

Présidents républicains des États-Unis

Résultats des élections présidentielles depuis 1856 (les États remportés par les républicains sont en rouge)
  1. Abraham Lincoln de 1861 à 1865
  2. Andrew Johnson[9] de 1865 à 1869
  3. Ulysses Grant de 1869 à 1877
  4. Rutherford B. Hayes de 1877 à 1881
  5. James Garfield en 1881
  6. Chester Arthur de 1881 à 1885
  7. Benjamin Harrison de 1889 à 1893
  8. William McKinley de 1897 à 1901
  9. Theodore Roosevelt de 1901 à 1909
  10. William H. Taft de 1909 à 1913
  11. Warren G. Harding de 1921 à 1923
  12. Calvin Coolidge de 1923 à 1929
  13. Herbert Hoover de 1929 à 1933
  14. Dwight Eisenhower de 1953 à 1961
  15. Richard Nixon de 1969 à 1974
  16. Gerald Ford de 1974 à 1977
  17. Ronald Reagan de 1981 à 1989
  18. George Bush de 1989 à 1993
  19. George W. Bush de 2001 à 2009

Vice-présidents républicains

Candidats à la présidence et vice-présidence

États dirigés par des gouverneurs républicains

En 2009 comme en 2008 et en 2007, 22 États (sur 50) sont dirigés par un gouverneur républicain :

Alabama, Alaska, Arizona, Californie, Caroline du Sud, Connecticut, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Floride, Géorgie, Hawaii, Idaho,Indiana, Louisiane, Minnesota, Mississippi, Nebraska, Nevada, Rhode Island, Texas, Utah, Vermont.

En 2006, 28 États (sur 50) étaient dirigés par les républicains :

En rouge, les 28 États dirigés par un gouverneur républicain en 2006

Alabama, Alaska, Arkansas, Californie, Caroline du Sud, Colorado, Connecticut, Dakota du Nord, Dakota du Sud, Floride, Géorgie, Hawaii, Idaho, Indiana, Kentucky, Massachusetts, Maryland,Minnesota, Mississippi, Missouri, Nebraska, Nevada, New York, Ohio, Rhode Island, Texas, Utah, Vermont.

Les parlements des États ont été dans leur majorité à dominante légèrement républicaine durant la législature 2004-2006.

À partir de la législature 2007-2008, ils sont majoritairement démocrates [1] et [2].

Résultats du Parti républicain aux législatives depuis 1992

Chambre des représentants (435 sièges)

Sénat (100 sièges)

43
53
55
55
50
51
55
49

Personnalités républicaines actuelles

Personnalités républicaines à Hollywood

L’industrie du cinéma américain est connue aux États-Unis pour être un bastion du « libéralisme » (progressisme) américain et du parti démocrate. Certains s’amusent à comparer la cérémonie des Oscars avec une assemblée de généreux donateurs au parti démocrate.

Cependant, des stars se sont affichées comme républicaines ou ont soutenu des candidats républicains lors des élections présidentielles.

Par le passé, le Parti républicain pouvait toujours compter sur le soutien de John Wayne, Cecil B. DeMille, Gary Cooper, Glenn Ford, Jimmy Stewart, Cary Grant ou Sonny Bono. D’anciens démocrates les avaient ralliés comme Ronald Reagan (sous Eisenhower), Frank Sinatra (sous Richard Nixon), Charlton Heston (sous Ronald Reagan) ou Lara Flynn Boyle (sous George W. Bush).

Plus récemment, d’autres acteurs, cinéastes ou producteurs du monde du spectacle ont affiché leur appartenance au parti de Reagan ou soutenu les candidats républicains lors d'élections présidentielles. Parmi ceux-ci, on peut citer Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis, Clint Eastwood, Robert Duvall, James Wood, Dennis Hopper, Jon Voight, Tom Selleck, Kelsey Grammer, Gary Sinise, Marc Cherry, Jerry Bruckheimer, Rip Torn, Adam Sandler, Melissa Gilbert, Bruce Boxleitner, Dennis Miller, Tim Robbins, ou Heather Locklear [10].

Voir aussi

Notes et références

  1. Il ne doit pas être confondu avec le précédent Parti démocrate-républicain de Thomas Jefferson
  2. Article de USA Today de 2004
  3. « In the present crisis, government is not the solution to our problem; government is the problem ». - Ronald Reagan
  4. Condoleezza Rice témoignera avoir notamment opté pour le Parti républicain par le fait qu’elle n’y avait pas été accueillie comme la représentante d’une minorité ethnique mais comme une Américaine comme une autre
  5. 51% des blancs ont voté pour un candidat républicain en 2006 alors qu’en moyenne, seulement 15% des noirs ont voté pour le GOP depuis 1980 (alors qu’ils étaient 36% en 1968)
  6. En 2004, le président Bush a obtenu 44% des suffrages de la communauté hispanique et 44% de la communauté asiatique.
  7. 70% des évangélistes en 2004
  8. (en) Thomas Nast and the G.O.P. Elephant (1874)
  9. a  et b Andrew Johnson est à l'origine un démocrate. Mais il mit entre parenthèses son affiliation démocrate pour figurer comme colistier d'Abraham Lincoln en 1864 sur la base d'un programme d'union nationale. Il ne parvint à la présidence qu'à cause de l'assassinat de Lincoln en 1865. Il reprit son affiliation démocrate en 1869, après la fin de sa présidence
  10. Hollywood's GOP Favors McCain, Giuliani

Liens externes


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