Immigration

Immigration
Page d'aide sur les redirections Pour l'immigration en France, voir Immigration en France.
Jeunesse à Oslo, en Norvège. La plupart des immigrés vivent dans les grandes villes. À Oslo, plus de 27% des habitants sont d'origines immigrés.

L'immigration désigne aujourd'hui l'entrée, dans un pays, de personnes étrangères qui y viennent pour y séjourner ou s'y installer. Le mot immigration vient du latin migratio qui signifie « passage d'un lieu à l'autre ». Elle correspond, vue du côté du pays de départ, à l'émigration.

Dans le cas des frontaliers, les migrations peuvent être quotidiennes.

Sommaire

Historique

Avant l'apparition des moyens de locomotion mécaniques modernes (train, voiture, avion, etc.) les migrations furent essentiellement régionales, les registres paroissiaux en France démontrent que les origines des immigrés de chaque village ne dépassèrent guère un rayon de quinze kilomètres. Le mode de vie sédentaire impose généralement un espace de vie d'un rayon de 7 km : jusqu'au début du XIXe siècle pour une grande partie de la population, ayant pour seul mode de transport la marche, la vie se déroulait entièrement dans cet espace. Les échanges de produits se font alors de proche en proche, 90 % des produits disponibles sont produits dans un rayon de 7 km. Cette proximité est également à la base des premiers découpages politiques en France. À la fin du XVIIIe siècle, le découpage du territoire français en communes se fait sur la base de la distance parcourue à pied en une journée. À l'époque, on parlait même d'immigré quand une personne venait du village voisin le plus proche, les mariages inter-villages étant alors mal vus !

Les raisons de l'immigration

Immigrants européens au Brésil
Photo de Guilherme Gaensly, vers 1890.

Pour le migrant, l'immigration peut avoir une ou plusieurs raisons :

  • Professionnelle (mission de longue durée à l'étranger) et études ;
  • Politique (réfugié politique fuyant les persécutions) ;
  • Sécuritaire, notamment en cas de guerre dans le pays d'origine ;
  • Économique (habitant de pays pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays riches, éventuellement temporairement) ;
  • Personnelle (volonté de s'installer dans un pays par goût, par exemple si l'on se reconnaît dans ses valeurs) ;
  • Familiale (rejoindre le conjoint, l'enfant déjà installé).
  • Fiscale (l'installation dans un pays offrant un niveau d'imposition moins élevé)

Pour les États, l'immigration peut permettre de faire face à un déficit des naissances ou encore assurer une quantité ou qualité de main-d'œuvre suffisante. Toutefois, l’immigration illégale va au-delà des souhaits des pays d’arrivée.

Aujourd'hui, les flux de migrations sont orientés aussi bien des pays en développement vers les pays développés que d'un pays développé vers un autre[1]. Les plus forts taux de travailleurs immigrés dans la population active se retrouvent dans les pays du Golfe Persique : 90 % aux Émirats arabes unis, 86 % au Qatar, 82 % au Koweït.

Un migrant peut ne pas être en règle au regard de la législation sur l'immigration en vigueur dans le pays de destination.

Des communes victime d'exode rural, comme Riace depuis 1998, en Italie ont une politique volontariste d'accueil de l'immigration visant à entretenir leur démographie et la vie économique locale[2]. En 2011, L'Osservatore Romano (le quotidien du Vatican) a cité cette bourgade comme un exemple à suivre vis-à-vis des immigrés[2].

Politique d'immigration et données statistiques

Données générales

Solde migratoire en 2008
     Solde migratoire positif      Solde migratoire stable      Solde migratoire négatif      Pas de données

D'après le rapport du Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies (O.N.U ) sur les migrations internationales et le développement, remis en 2006[1], le monde compterait près de 200 millions de migrants. Un tiers environ se sont rendus d'un pays en développement vers un autre et un autre tiers d'un pays en développement vers un pays développé.

Chaque pays adopte ses propres normes pour identifier les immigrés et les compter. Ceci affecte directement la quantité et la proportion d'immigrés. Ainsi en France, on réserve la dénomination d’immigré aux seules personnes « nées étrangères à l’étranger », en excluant les personnes nées françaises (cas des Harkis, rapatriés d'Algérie européens et juifs etc). Par contre, selon la définition des Nations unies, est immigrée toute « personne née dans un autre pays que celui où elle réside ». Elle peut avoir la nationalité de son pays de naissance ou avoir une autre nationalité, notamment celle du pays dans lequel elle réside. Dans le premier cas, elle est étrangère, et dans le dernier, elle ne l’est pas, ayant la nationalité du pays où elle habite.

Selon la définition des Nations unies précisée ci-dessus, la proportion des immigrés dans plusieurs pays en 2010 était la suivante:[3],[4]

Pays % Immigrés (2010) Pays d'origine le plus représenté
Émirats arabes unis 70%
Luxembourg 35%
Suisse 23%
Australie 22% Royaume-Uni
Canada 21% Chine
Autriche 16%
Suède 14%
Espagne 14% Maroc
Etats-Unis 13% Mexique
Allemagne 13% Turquie
France 11% Algérie
Pays-Bas 10% Turquie
Royaume-Uni 10% Irlande
Belgique 9% Maroc
Italie 7% Albanie

Flux d'immigration actuels par pays

Liste des 10 principaux pays d'origine des immigrés annuels en Australie, au Canada, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni. Les données les plus récentes disponibles sont utilisées.

Australie
2010
Canada
2010
États-Unis
2010
France
2008
Royaume-Uni
2009
Chine 13,8% Philippines 13% Mexique 13,3% Algérie 11,2% Inde 19,1%
Nouvelle-Zélande 12,1% Inde 10,8% Chine 6,8% Maroc 11,1% Pakistan 11,7%
Inde 10,3% Chine 10,8% Inde 6,6% Pologne 10,9% Philippines 5,1%
Royaume-Uni 9,6% Royaume-Uni 3,4% Philippines 5,6% Chine 5,6% Chine 4,8%
Philippines 5,2% États-Unis 3,3% République dominicaine 5,2% Tunisie 4,3% Nigeria 4,7%
Afrique du Sud 4,3% France 2,5% Cuba 3,2% Turquie 3,6% Zimbabwe 4%
Vietnam 2,4% Iran 2,4% Vietnam 2,9% Roumanie 2,3% Afrique du Sud 3,7%
Sri Lanka 2,3% Émirats arabes unis 2,4% Haïti 2,2% Mali 2,1% Bangladesh 3,7%
Malaisie 2,3% Maroc 2,1% Colombie 2,1% Cameroun 1,9% Afghanistan 2,6%
Corée 2,1% Corée du Sud 2% Corée du Sud 2,1% États-Unis 1,8% Irak 2,4%

Amérique du Nord

Canada

Article détaillé : Immigration au Canada.

Le Canada est un pays bien connu pour sa population multiculturelle et son bilinguisme (francophone et anglophone). Le statut de résident permanent peut être accordé à tout demandeur étranger après examen d'un dossier. Plusieurs programmes sont proposés dont le plus important est celui des travailleurs qualifiés qui a sélectionné 186 913 nouveaux immigrants économiques en 2010[5]. Dans le cadre de ce programme, la séléction dépend de l'attribution de points suivant la formation, la profession, l'âge, les langues maîtrisées, etc, mais aussi d'un examen médical et d'une enquête de sécurité. A travers ses différents programmes, le Canada a accueilli 280 681 nouveaux résidents permanents en 2010.

États-Unis

Article détaillé : Immigration aux États-Unis.

Près de huit millions de personnes se sont installées aux États-Unis entre 2001 et 2005, légalement ou illégalement, selon le Centre d'étude de l'immigration. C'est un rythme de 2,5 supérieur à celui de la grande vague d'Européens arrivés autour de 1910 sur le Nouveau Continent.

Les États-Unis accordent environ 675 000 visas aux immigrants chaque année, mais ceux-ci sont limités à 20 000 par pays. La règle est celle de l'ordre chronologique des demandes ; il existe deux grandes causes principales d'immigration : le regroupement familial et la recherche d'un travail. Depuis 1990, l'organisation passe aussi par l'attribution ou non de carte verte donnée à l'issue d'une loterie due à une forte demande. La carte verte n'est cependant utile que pour devenir salarié aux États-Unis, pas pour y créer une entreprise ! C'est parce qu'il ne pouvait pas obtenir de carte verte que Philippe Kahn, qui désirait rester aux États-Unis, a créé la société Borland International (avec succès). En raison d'une tradition de droit du sol, tout enfant né sur le territoire des États-Unis peut être déclaré citoyen américain. Le mariage avec une personne de nationalité américaine ne confère pas en revanche par ce seul fait la nationalité de ce pays.

En 2006, 1,2 million de clandestins ont été arrêtés en tentant d'entrer aux États-Unis via le Texas, l'Arizona, le Nouveau-Mexique et la Californie.

Europe

Article détaillé : Immigration en Europe.

Si la plupart des pays européens sont aujourd'hui des terres d'immigration, la situation est très différente d'un pays à un autre. Dans les pays d'Europe du Sud, l'immigration, plus récente, concerne surtout l'agriculture, le bâtiment et les services alors qu'elle est plus diversifiée dans les pays d’Europe du Nord, où le regroupement familial favorise par ailleurs la constitution de communautés.

Les droits des immigrés dépendent du pays d'accueil et de celui d'origine ; les pays de l’Union accordent (sous conditions minimales, la plus courante étant la réciprocité) un droit de vote et d'éligibilité aux résidents étrangers pour les élections locales aux citoyens des autres pays de l'Union ; certains pays l'accordent aussi à des citoyens d'autres pays.

L'importance de la nationalité et la façon dont elle s'acquiert est un autre paramètre très variable et très important, avec grosso modo trois approches :

  • Droit "du sol" (exemple : tradition française bien antérieure à la Révolution)
  • Droit "du sang" (exemple : tradition germanique)
  • Manifestation de volonté et décision des autorités (exemple : tradition britannique basé sur le passeport accordé de façon très libérale)

Ceci affecte directement la quantité et la proportion d'immigrés, chaque pays adoptant ses propres normes pour les identifier et les compter.

Il y avait en 2010, selon Eurostat, 47,3 millions de personnes nés à l'étranger qui vivaient dans l'UE27, dont 16,0 millions (3,2%) nés dans un autre État membre de l'UE27 et 31,4 millions (6,3%) nés dans un pays hors de l'UE27. Au total, la population née à l'étranger comptait pour 9,4% de la population totale de l'UE27. Les pays avec le plus grand nombre de personnes nées hors de l'UE27 sont l'Allemagne (6,4 millions), la France (5,1 millions), le Royaume-uni (4,8 millions), l'Espagne (4,1 millions), l'Italie (3,2 millions) et les Pays-Bas (1,4 millions)[6].

Pays Population 2010 (1000) Nés à l'étranger (1000) % Nés dans un autre état de l'UE 27 (1000) % Nés en dehors de l'UE 27 (1000) %
UE 27 501 098 47 348 9,4 15 980 3,2 31 368 6,3
Allemagne 81 802 9 812 12,0 3 396 4,2 6 415 7,8
France 64 716 7 196 11,1 2 118 3,3 5 078 7,8
Royaume-Uni 62 008 7 012 11,3 2 245 3,6 4 767 7,7
Espagne 45 989 6 422 14,0 2 328 5,1 4 094 8,9
Italie 60 340 4 798 8,0 1 592 2,6 3 205 5,3
Pays-Bas 16 575 1 832 11,1 428 2,6 1 404 8,5
Grèce 11 305 1 256 11,1 315 2,8 940 8,3
Suède 9 340 1 337 14,3 477 5,1 859 9,2
Autriche 8 367 1 276 15,2 512 6,1 764 9,1
Belgique (2007) 10 666 1 380 12,9 695 6,5 685 6,4
Portugal 10 637 793 7,5 191 1,8 602 5,7
Danemark 5 534 500 9,0 152 2,8 348 6,3

Espagne

Longtemps pays d'émigration vers l'Europe et l'Amérique latine, l'Espagne est devenue une terre d'accueil dans les années 1980. Il y avait officiellement 100 000 d'immigrés en 2005[7]. Les principaux pays d'origine des immigrants sont le Maroc, l'Équateur et la Roumanie. En 2010, la proportion d'immigrés était de 14%[3].

L'Espagne est un lieu de destination de transit pour les immigrés clandestins en provenance d'Afrique. Elle doit faire face à une arrivée massive de clandestins africains sur les îles Canaries. Au cours des cinq premiers mois de 2006, plus de 7500 immigrés clandestins ont débarqué sur les côtes de cet archipel espagnol[8]. Le Premier ministre a dû répondre aux attaques de l'opposition sur cette question et a demandé le soutien de l'Union européenne. Celle-ci a promis l'envoi de patrouilles aéronavales afin de surveiller la région. D'autre part, le gouvernement espagnol a renforcé sa collaboration diplomatique avec les pays d'Afrique de l'Ouest. Le journal La Razon a révélé que sur les quatre premiers mois de 2006, 60 000 Roumains et Bulgares étaient arrivés en Espagne. Il a rappelé que l'immigration la plus importante venait d'Amérique latine et d'Europe centrale.

L'Espagne a procédé à plusieurs opérations de régularisation d'immigrés clandestins depuis les années 1980. La dernière opération en date, lancée par le gouvernement Zapatero, a abouti à la régularisation de 700 000 personnes entre février et mai 2005. Certains pays membres de l'espace de Schengen, comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, ont critiqué cette mesure car les immigrés munis de papiers attribués par l'Espagne peuvent ensuite circuler librement dans les autres pays[9]. Ces régularisations massives provoqueraient par ailleurs un « appel d’air ».

France

Article détaillé : Immigration en France.

Selon l'INED, près de 14 millions de Français avaient en 1999 un parent ou un grand-parent immigré, soit 23 % de la population[10]. Gérard Noiriel estime en 2002 cette proportion à environ 33% si l'on remonte jusqu'aux arrière-grands parents[11].

En 2008, la France accueille, selon la définition internationale des Nations Unies, 6,7 millions d’immigrés soit 11% de la population[12],[13]. Elle se classe au sixième rang mondial, derrière les États-Unis (42,8 millions), la Russie (12,3), l'Allemagne (9,1), l'Arabie Saoudite (7,3), le Canada (7,2) mais elle devance en revanche le Royaume-uni (6,5) et l'Espagne (6,4)[14].

Selon la définition française, plus restrictive, la France métropolitaine comptait en 2008, 5,3 millions d’immigrés, soit 1 120 000 de plus qu’en 1999 et 8,3 % de la population totale. 40 % d’entre eux avaient la nationalité française, qu’ils ont pu acquérir par naturalisation ou par mariage[15],[16]. Les enfants d’immigrés, descendants directs d’un ou de deux immigrés, représentaient, en 2008, 6,5 millions de personnes, soit 11 % de la population. Trois millions d’entre eux avaient leurs deux parents immigrés[17]. Les immigrés sont principalement originaires de l'Union européenne (34 %), du Maghreb (30 %), d'Asie (14 %, dont le tiers de la Turquie) et d'Afrique subsaharienne (11 %)[16]. Au total, immigrés et enfants d'immigrés (seconde génération) sont au nombre de 11,8 millions en 2008 (dont un peu plus de 5 millions d'origine européenne et 4 millions d'origine maghrébine), soit 19 % de la population[18].

Selon l'INSEE, l'immigration vers la France est actuellement principalement d’origine africaine (Maghreb et Afrique noire). Sur les 210 075 nouveaux immigrés de 2004, 100 567 venaient d’Afrique[19].

40% des immigrés résident en Île-de-France (un habitant sur trois y est immigré ou descendant direct d'immigré), 11 % en Rhône-Alpes et 9 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur[20].

Italie

Pays d'émigration jusqu'aux années 1960, l'Italie est devenue progressivement une terre d'immigration. Depuis les années 1990, l'Italie a ainsi accueilli de nombreux réfugiés en provenance de l'ex-Yougoslavie et du Kosovo, ainsi que de Somalie. Le nombre officiel d'immigrés était de 3 millions fin 2005[7].

L'Italie fait aussi face à des vagues d'immigration clandestine, en particulier par voie de mer : Albanais sur la côte des Pouilles, Africains sur l'île de Lampedusa au sud du pays. Le gouvernement Berlusconi (2001-2006) a mis en place des vols charters vers les pays d'origine et a tenté de lutter contre l'arrivée d'immigrés clandestins par bateau. En 2005, 207 bateaux ont été arraisonnés par les autorités italiennes à proximité du littoral, sur un total estimé de 22 000 immigrés clandestins[21]. Par ailleurs, le gouvernement a régularisé 690 000 clandestins en 2003.

En 2002, la loi Bossi-Fini a mis en place un système de quotas qui déterminent chaque année le nombre d'immigrés que l'Italie peut accueillir en fonction des besoins du marché du travail et de ses capacités d'intégration économique. La loi a aussi instauré un fichier d'empreintes génétiques pour les demandeurs de visas. En 2006, 170 000 immigrés pourraient ainsi entrer légalement en Italie[22].

Le gouvernement de Romano Prodi, entré en fonction au printemps 2006, a annoncé sa volonté de revenir sur la plupart des dispositions de la loi Fini-Bossi et de faciliter l'obtention de la citoyenneté italienne. Il n'y est pas parvenu et après les élections du 13 et 14 avril 2008, le quatrième gouvernement Berlusconi est entré en fonction le 9 mai 2008. Ce gouvernement considère l'introduction du crime d'immigration clandestine et d'autres mesures facilitant les expulsions des immigrés irréguliers

Arrivées à Lampedusa en 2011

En 2011, suite à la révolution tunisienne, l'île de Lampedusa a connu des arrivées massives de personnes en provenance de Tunisie, qui ont profité de l'absence de surveillance sur les côtes tunisiennes. Presque cinq mille personnes sont ainsi entrées en un seul weekend; au total, les autorités italiennes ont arrêté environ quinze mille personnes. Un grand nombre des arrivants ont ensuite quitté l'Italie.[réf. nécessaire]

Pays-Bas

Aux Pays-Bas, les étrangers doivent passer un test d'immigration sur la culture et la langue néerlandaises. Les cours de langue sont obligatoires et gratuits pour les nouveaux arrivants. Un projet de loi prévoit de faire passer ce test à des immigrés présents depuis longtemps sur le sol des Pays-Bas. La municipalité de droite de Rotterdam a édicté en janvier 2006 un code de bonne conduite aux étrangers qui leur impose d'utiliser le néerlandais dans les lieux publics[22]. Depuis le changement de majorité, l'application en est suspendue.

Royaume-Uni

Le Royaume-Uni a connu une immigration importante en provenance de ses anciennes colonies après la fin de la Seconde Guerre mondiale et la fin de l'Empire britannique. Les ressortissants des anciennes colonies britanniques, regroupées dans le Commonwealth, gardaient le titre de « citoyen britannique » qui leur permettait de venir et de travailler librement au Royaume-Uni.

À la fin des années 1950, les premières tensions apparaissent entre immigrés et Britanniques de souche dans certains quartiers comme Notting Hill à Londres. Les problèmes économiques rencontrés par le Royaume-Uni au cours de la décennie suivante la poussent à mettre en place les premières mesures de restriction de l'immigration. Les habitants du Commonwealth ne peuvent plus venir s'installer librement sur le sol britannique. Dès la fin des années 1960 l'immigration nouvelle commence à diminuer au profit du regroupement familial.

Dans le même temps, le gouvernement mène une politique de lutte contre les discriminations qui, contrairement aux politiques françaises, se base sur la reconnaissance des catégories ethniques. L'appartenance ethnique figure ainsi sur les recensements de la population. Une Commission for Racial Equality (CRE) lutte contre les discriminations et pour l'intégration des personnes de toutes races. Indépendante du gouvernement, cette commission favorise la représentation des minorités ethniques dans la vie publique. Elle décerne un prix annuel de la personnalité médiatique, remis en 2005 au footballeur Thierry Henry.

Ce modèle multiculturaliste fait actuellement l'objet de débats importants au Royaume-Uni. On lui reproche d'entraîner la création de communautés ethniques mal intégrées dans la société, critique renforcée après les attentats de juillet 2005 à Londres dont plusieurs des principaux suspects étaient des citoyens du Royaume-Uni. Le gouvernement de Tony Blair envisage ainsi de modifier le statut des demandeurs d'asile en leur accordant un droit de séjour limité à 5 ans et non permanent. Il souhaite aussi favoriser une immigration des élites en délivrant des permis de séjour et de travail en fonction de l'âge, de la qualification professionnelle des postulants, de leur expérience et de leur connaissance de l'anglais...

Allemagne

Alors que la dernière édition du "micro-recensement" Mikro­zensus de 2005 avait montré que 15,3 millions de personnes vivant en Allemagne sont d’origine étrangère ou issus de l’immigration sur une population totale de 82,2 millions d'habitants, l’édi­tion 2010 porte ce nombre à plus de 16 millions, dont 3,3 millions de « rapatriés » (voir ci-dessous), sur une population totale de 81,8 millions d'habitants en 2009, soit 19,6 % de la population. Cette hausse s’explique d’un côté par un recul de 1,3 million de la population de souche allemande (mortalité), de l’autre par une hausse de 715 000 de la population étrangère ou issue de l’immigration (naissances et regroupement familial)[23].

Ceci inclut toutes les personnes « ayant un antécédent migratoire » (« Migrationshintergrund » ). Sur les 16 millions d'habitants ayant une « Migrationshintergrund » en Allemagne, on compte ainsi des enfants pourvu d'un parent de souche allemande. Si cette population d'origine immigrée ou étrangère correspond à 19,6% de la population totale du pays en 2009, ce taux est de plus de 33% pour la population de 0 à 5 ans.

En Allemagne, c'est le concept de « Migrationshintergrund » qui prévaut dans les statistiques, expression que l'on pourrait traduire par « ayant un antécédent migratoire ». La population est ainsi, en quelque sorte, comptabilisée entre population de pure souche allemande et population mélangée et d'origine étrangère.

L'année 1950 est l'année de référence avant laquelle toute origine étrangère ou toute migration est ignorée. Cela s'explique facilement par l'extrême homogénéité de la population allemande après la Seconde Guerre mondiale, résultat de l'eugénisme nazi.

Est ainsi désigné comme personne ayant une «Migrationshintergrund» toute personne:

  • ayant elle-même immigré et ayant gardé sa nationalité étrangère
  • ayant elle-même immigré et ayant acquis la nationalité allemande par naturalisation (Einbürgerung)
  • ayant au moins un de ses parents ou de ses grands-parents qui est « issu des flux migratoires »

Ceci implique que seront comptabilisées, dans la population «mit Migrationshintergrund» à la fois un individu ayant un parent autrichien et un parent allemand, un individu dont tous les grands-parents sont d'origine turque, ou encore un individu d'origine allemande lointaine revenu en tant que «Spätaussiedler».

Contrairement aux Pays-Bas, par exemple, où la différence entre « autochtone » et « allochtone » n'est valide que sur les 1ere et 2e générations, les statistiques allemandes prévoient, a priori, de chiffrer l'ensemble des descendants («Nachkommen»), y compris les mélanges.

De 1985 à 1990 inclus, l'Allemagne a reçu non moins de 2 300 000 immigrés supplémentaires, en grande partie originaires des pays de l'Europe de l'Est, mais cet important apport n'a pas réussi à empêcher la baisse de la natalité allemande en 1991-92 (chute de 905.675 naissances en 1990 à 809.114 en 1992 soit une perte de 10 %), et le mouvement ne s'arrêta pas à ce niveau. De nouveaux plus bas furent enregistrés, en 94-95 d'abord, puis au cours des premières années du XXIe siècle (766.999 naissances en 2000 contre 673.675 en 2006, soit une perte de 12,6 %).

Cependant, dans cette population issue des flux migratoires, il faut noter que les gens issus du rapatriement des populations allemandes installées depuis des générations en Europe de l'Est et en particulier en Russie sont comptabilisés dans la population « issue des flux migratoires », avec Migrationshintergrund. Le nombre de ces « Aussiedler » ou « Spätaussiedler » s'élèverait à au moins 3,3 millions de personnes. Les Allemands de Russie (Russlanddeutsche) forment la grande majorité de ce groupe. Cette population est venue en Russie appelés par Catherine de Russie pour développer les terres de la Volga et d'Ukraine. Cette minorité ethnique, à laquelle les tsars avaient accordé la liberté de culte et d'autres privilèges, en particulier financiers, s'intégra peu et se mélangea encore moins à la population russe. Persécutés sous Staline, déportés vers l'Asie centrale et la Sibérie par myriades en 1941, ces « Allemands de Russie » se sont précipités en grand nombre vers leur lointaine mère patrie dans les années 1990, dès la chute du rideau de fer[24].

Suisse

Article détaillé : Migration suisse.

D'après la définition de l'Office fédéral de la statistique (OFS), la population immigrée se compose de "toutes les personnes, quelle que soit leur nationalité actuelle, qui ne sont pas nées en Suisse et qui y ont donc immigré." Cela inclut donc les Suisses de l'étranger qui sont venus s'établir en Suisse, d'une part, mais cela exclut les personnes étrangères qui sont nées en Suisse. Toujours d'après l'OFS la population descendante d'immigrés comprend "toutes les personnes, quelle que soit leur nationalité actuelle, qui sont nées en Suisse et dont au moins un parent est né à l'étranger.

En 2001, 2,1 millions d’immigrés et de descendants d’immigrés de 15 ans ou plus vivaient en Suisse. Si l’on y ajoute les quelque 300'000 enfants de moins de 15 ans, cette population représentait environ 2,4 millions de personnes, soit 33% de la population résidente permanente en Suisse: ce chiffre étant composé de deux tiers par les immigrés et d'un tiers par leurs descendants[25].

Russie

La Russie souhaite restreindre le nombre de ressortissants des pays de la CEI travaillant sur son territoire à six millions contre onze millions actuellement[26].

En 2007, la dernière loi sur l'immigration permet entre autres de limiter le travail des ONG, notamment lorsqu'il s'agit d'étrangers militants des droits de l'homme[27].

Fin 2008, la Russie comptait quelque 10 millions d’immigrés[28].

Afrique du Sud

Après la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud a commencé à accueillir des réfugiés venant d'autres pays africains (notamment des pays immédiatement voisins), souvent clandestins[29]. Le gouvernement a mis en place une politique stricte vis-à-vis de l'immigration illégale : un million de personnes ont été reconduites à la frontière dans les années 1990[30].

L'immigration clandestine

Article détaillé : immigration illégale.
Un fort différentiel économique explique en partie l'immigration clandestine. Ici le mur de Nogales qui sépare à gauche les États-Unis et à droite le Mexique.

L'immigration clandestine concerne les habitants de pays pauvres cherchant un meilleur niveau de vie dans les pays plus riches et grand delta de démographie, ou des immigrants politiques non reconnus.

L'immigration clandestine se fait donc illégalement : les clandestins prennent fréquemment des risques importants pouvant mettre leur propre vie en péril afin de rejoindre des pays présentant des conditions de vie qu'ils espèrent meilleures. Ils n'hésitent donc pas à tout abandonner pour tenter l'aventure souvent « aidés » dans cette entreprise par des passeurs peu honnêtes leur faisant payer un prix exorbitant pour leur fournir les moyens de franchir les obstacles naturels (mers, montagne, fleuve, etc.) ou humains (poste frontière) dans des conditions de sécurité extrêmement précaires.

Notes et références

  1. a et b [PDF] Rapport du Secrétaire général sur les migrations internationales et le développement [1], Nations unies, 2006.
  2. a et b Salvatore Aloïse Reportage intitulé Dans le sud de l'Italie, un village déserté reprend vie en accueillant des immigrés ; LEMONDE 2011/04/26
  3. a et b G. Pison, Population & Sociétés, n° 472, Ined, novembre 2010
  4. Concernant la France, la proportion d’immigrés est plus élevée que celle publiée par l’Insee, qui contrairement aux Nations unies ne compte pas dans les immigrés les Français nés à l’étranger. En ne comptant que les personnes nées étrangères à l’étranger, la proportion n’est que de 8,5 % en France.
  5. (fr) Citoyenneté et Immigration Canada, MDR, Faits et chiffres 2010}
  6. Les ressortissants étrangers constituaient 6,5% de la population de l’UE27 en 2010, Eurostat, 105/2011 - 14 juillet 2011
  7. a et b Le Monde, 6 juin 2006 : « L'immigration en Europe : durcissement quasi général ».
  8. « Face à l’afflux d’immigrés clandestins, le gouvernement espagnol en appelle à l’Europe  » dans Le Figaro, web, 24/05/2006
  9. Marc Semo, « La forteresse Europe se barricade avec des mesurettes » dans Libération, 27/05/2006 [lire en ligne]
  10. Une estimation des populations d'origine étrangère en France en 1999, M. Tribalat, dans Population 2004 n° 1, INED, (résumé)
  11. Gérard Noiriel, Atlas de l'immigration en France (2002), éd. Autrement, 2002, p. 11
  12. Les immigrés constituent 11% de la population française, TF1, Alexandra Guillet, le 24 novembre 2010, source : Ined
  13. Ici selon la définition des Nations Unies : "personne née dans autre pays que celui où elle réside", "La proportion d’immigrés est plus élevée que celle publiée par l’Insee, qui contrairement aux Nations unies ne compte pas dans les immigrés les Français nés à l’étranger. En ne comptant que les personnes nées étrangères à l’étranger, la proportion n’est que de 8 % en France", Note de l'Ined, Populations et Société, N° 472
  14. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nommées lci.
  15. Populations étrangère et immigrée en 2008, Insee, Octobre 2011
  16. a et b Enquêtes annuelles de recensement 2004 et 2005 - Près de 5 millions d’immigré à la mi-2004, Insee Première n°1098, Catherine Borrel, 2006
  17. Être né en France d’un parent immigré, Insee Première, n°1287, mars 2010, Catherine Borrel et Bertrand Lhommeau, Insee
  18. Immigration légale : Guéant veut supprimer 20 000 autorisations par an, Le Monde, 16 avril 2011
  19. Statistiques des flux d’immigration permanente (Insee)
  20. Les descendants d’immigrés vivant en Île-de-France, Note rapide Société, n° 531
  21. « 460 clandestins arrêtés en Sicile » dans Le Nouvel Obs, 24/05/2006 [lire en ligne]
  22. a et b Emission de la 5, C dans l'air, 14 mars 2006
  23. Isabelle Bourgeois , « Population : une société largement métissée », Regards sur l'économie allemande En ligne , 98-99 | octobre 2010 , mis en ligne le 05 novembre 2010
  24. www.destatis.de
  25. Communiqué de presse, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 13 septembre 2002
  26. « La politique des quotas d'étrangers menace la CEI d'éclatement », dans Courrier international du 24 janvier 2007, [lire en ligne]
  27. http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-964255@51-954387,0.html En Russie, les lois sur l'immigration entravent la libre circulation et le travail des ONG LE MONDE | 08.10.07 | 15h50 • Mis à jour le 8 octobre 07.
  28. Marie Jégo, « Les immigrés en Russie, victimes expiatoires de la crise », dans Le Monde du 14 décembre 2008, [lire en ligne], mis en ligne le 13 décembre 2008.
  29. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 978-2-02-048003-1), p.159-160
  30. François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 978-2-02-048003-1), p.160

Voir aussi

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Bibliographie

  • « L’invention de l’immigration », Agone, n°40, 2008.
  • Paris-Noir. Présence afro-antillaise dans la capitale, Hazan, 2001, 240 p.
  • Paris-Arabe. Présence des Orientaux et des Maghrébins dans la capitale, La Découverte, 2003, 248 p.
  • Paris-Asie. Présence asiatique dans la capitale, La Découverte, 2004, 224 p.
  • Sud-Est. Marseille porte Sud. Immigration et histoire coloniale, La Découverte/Jeanne Laffite, 2005, 240 p.
  • Sud-Ouest. Porte des outre-mers. Histoire coloniale et immigrations des Suds, Milan, 2006, 240 p.
  • Centre-Rhône. Lyon capitale des outre-mers. Immigration des Suds et culture coloniale, La Découverte, 2007, 240 p.
  • Nord-Est. Frontière d'empire. Soldats coloniaux et immigration des Suds, La Découverte, 2008, 260 p.
  • Grand-Ouest. Mémoire des outre-mers. Des ports coloniaux aux présences des Suds, Les Presses Universitaires de Rennes, 2008, 240 p. [2]
  • Michèle Tribalat "Les yeux grands fermés, l'immigration en France", Denoël, 2010, 222 p.
  • Loïc Barrière, Le Voyage clandestin, roman, éditions du Seuil, 1998

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