Histoire du peuple kurde

Histoire du peuple kurde
carte du Kurdistan
Carte du Kurdistan.

L'histoire du peuple kurde en tant que groupe ethnolinguiste débute dans les régions montagneuses du sud du Caucase (Zagros et Taurus) ; cette aire géographique est dénommée Kurdistan. Il y a différentes hypothèses quant à lidentité des ancêtres des Kurdes, entre autres les Kardouques ou Carduchoi de lAntiquité classique. Les plus anciennes dynasties kurdes connues sous autorité musulmane (du Xe au XIIe siècle) sont les Hasanwayhides, les Marwanides et les Shaddadides, suivies de la dynastie des Ayyoubides fondée par Saladin. La bataille de Chaldiran en 1514 est une date importante dans lhistoire kurde, marquant lalliance des Kurdes avec les Turcs. Le Sharafnameh de 1597 est le premier récit de lhistoire kurde.

À partir du XXe siècle, l'histoire kurde est marquée par une montée de la prise de conscience dune identité nationale se centrant sur le but dun Kurdistan indépendant tel que prévu dans le Traité de Sèvres en 1920. Une autonomie partielle a été réalisée par le Kurdistan UyezdOuyezd — (1923-1926) et par le Kurdistan irakien (depuis 1991). Dans le Kurdistan turc, un conflit armé oppose le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) aux forces turques entre 1984 et 1999. La région continue toutefois à être instable et de nouvelles flambées de violence ont lieu dans les années 2000. Le traitement des Kurdes (comme des Arméniens et des Assyriens) par l'État turc est particulièrement dur[1],[2], allant jusquà inclure dans la loi turque lenregistrement national et dans lOrdonnance sur les noms de famille, l'interdiction de porter un nom kurde[3],[4].

Sommaire

Antiquité

Mésopotamie antique

Ruines de l'ancienne cité de Van
Ruines sur le site de l'ancienne ville de Van

Selon lérudit G. R. Driver, la plus ancienne mention des Kurdes a été trouvée sur une tablette en argile en cunéiformes sumériens du 3e millénaire Av. J.-C., sur laquelle est inscrit le nom dune terre appelée Karda ou Qarda. Ce territoire au sud du lac Van, était habité par un peuple, Su ou Subaru, qui était connecté avec les Qurties, un groupe de montagnards. Cest à partir de ce nom de Qurtie que Driver fait sa première connexion étymologique[5],[6],[7],[8],[9]. Les premières mentions du nom Kurde apparaissent dans des documents assyriens vers -1000. Les Assyriens appellent Kourti ou Kourkhi le peuple qui vit sur le Mont Azou ou Hizan (près du lac de Van). Le pays des Kourkhis comprend des régions du Mont Djoudi et des districts qui furent plus tard appelés Sophene, Anzanene et Gordyène. Les Kourkhis combattirent plusieurs fois Téglath-Phalasar Ier qui finalement les défit et incendia complètement 25 de leurs villes[10].

Les Cardouchis

Article détaillé : Gordyène.
Traduction en anglais et translittération du texte de Xerxès en persan ancien à Ganj Nameh
Traduction en anglais du texte en vieux-persan.
Inscription de Xerxes en 3 langues à Ganj Nameh en Iran
Période achéménide, inscription de Xerxès en persan ancien, élamite et babylonien à Ganj Nameh, près d'Hamadan, en Iran

En ce qui concerne lorigine des Kurdes, il suffisait auparavant de les décrire comme les descendants des Cardouchis, qui sopposèrent à la Retraite des Dix Mille à travers les montagnes au IVe siècle avJ.‑C., mais les Cyrtii (Kourtioi) mentionnés par Polybe, Tite-Live, et Strabon sont aussi des candidats possibles[11]. Les Kurdes font remonter leurs ancêtres aux Mèdes[12]. Cette descendance est défendable selon des preuves linguistiques, puisque les Kurdes parlent une variante occidentale de langues iraniennes. Au VIe siècle avJ.‑C., après avoir, avec les Babyloniens, défait lEmpire Néo-Assyrien, les Mèdes ont pu établir leur propre empire[13], qui sétendit des rives sud de la Mer Noire et de la province dAran (aujourdhui la République dAzerbaïdjan) au nord et à lAsie Centrale, lAfghanistan, et le Pakistan. A ces territoires sajoutaient plusieurs états vassaux, y compris les Perses, qui finirent par les supplanter et absorberont lempire Mède au sein de lEmpire Perse des Achéménides[13]. Avec la montée de lempire perse, Carduchie et Médie furent incorporées dans un seul et même empire. Les Cardouchis se rebellèrent fréquemment contre les Achéménides et à la fin du Ve siècle avJ.‑C., sous le règne dArtaxerxes II, ils nétaient plus sous contrôle perse[14]. Selon Xénophon, les Cardouchis défirent même une importante armée perse envoyée contre eux et parfois ils conclurent des traités avec des satrapes perses[13].

La période séleucide et parthe

Au cours des siècles suivants ils passèrent successivement sous le joug des Macédoniens, des Parthes, et des Sassanides. Les rois arsacides firent alliance avec eux. Gotarzes, dont le nom peut signifier chef des Goutii, est réputé être le fondateur des Gouranis, la principale tribu du Kurdistan sud. Son nom et ses titres sont préservés dans une inscription grecque à Behistoun près de Kermanshah[15].

Pendant lère séleucide, on trouve au moins un épisode important de déportation des Kurdes en Anatolie ouest et sud-ouest qui est prouvé historiquement. Il se déroule avant 181 av JC quand un grand nombre de Cardaces est amené pour sinstaller dans la région stratégique de Lycie et être un réservoir disponible pour la conscription dans larmée et chez les garde-frontières. Il est vraisemblable que ce furent les Séleucides qui installèrent ces Kurdes en Lycie dans ce but (protection contre les Romains), peut être dans les dernières décennies du IIIe siècle avJ.‑C.. En effet lhistorien romain Tite Live enregistre la présence en -190 de plusieurs milliers de soldats kurdes combattant dans larmée dAntiochus III. Le nom « Cardaces » ou « Cardacian » apparaît de nouveau à la bataille de Rafah en Palestine au printemps 217 av JC entre le roi séleucide Antiochus III le Grand et le roi Ptolémée IV Philopator dÉgypte[16],[17].

Les périodes romaine et sassanide

La ville d'Erbil (Hewlêr) avec la citadelle au centre
Erbil ou Hewlêr, au centre la citadelle. L'antique Adiabène ; en araméen : Arbela, en grec Hadyab. Son nom en kurde Horlei signifie « Temple du soleil ».

Les historiens classiques Polybe (-133) et Strabon (-48) appellent les Kurdes du nom de Kourtioi (Κύρτιοι). Le clan kurde Zelan de Commagène (région dAdiyaman), sétendit, établissant en plus de la dynastie des Zélanides de Commagene, le royaume zélanide de Cappadoce et lempire zélanide du Pont, tous ces sites se trouvent en Anatolie. Ils devinrent vassaux romains vers la fin du Ier siècle avJ.‑C.. Le royaume kurde de Cordouène devint une province de lEmpire romain en -66 lorsque Lucullus aida les Cordoueni à rejeter le joug de Tigranes qui avait auparavant tué leur roi Zarbienus. Après avoir défait Tigrane, Lucullus bâtit un mémorial à Zarbienus et lappela ami et confédéré des Romains. Cordouène resta sous le contrôle des Romains pendant quatre siècles jusquen 384. À lest, les royaumes kurdes de Cortea, Médie, Kirm et Adiabène étaient, dès le Ie siècle avJ.‑C., devenus membres confédérés de la Fédération Parthe[18]. Strabon, le géographe grec, considérait Gordys, fils de Triptolème, comme lancêtre de Gordyaei (Cordoueni). Il écrivit un article sur Gordiaea (Cordouène), un district ancien qui était réputé faire partie du Kurdistan[19].

Au milieu des années 530, il y eut quatre années de froid exceptionnel partout en Asie et en Europe qui causèrent la perte des récoltes et par suite des épidémies. Les Kurdes du Moyen-Orient furent durement touchés et perdirent leurs vergers et leurs troupeaux tout en étant de plus attaqués par les forces byzantines et syriennes[20].

Il y a des preuves dun culte du Soleil chez les Kurdes à la fin de la période sassanide. Les Kurdes adorateurs du Soleil vivaient dans les montagnes qui se trouvent au nord de lIrak daujourdhui, au Ve siècle. Au début du VIIe siècle aussi nous avons des descriptions de rituels de culte du Soleil et sacrifice dun bœuf dans la région autour dAdiabène, et de sacrifices à des démons à Beth Nuhadra, parmi les Kurdes[21].

Les conquêtes musulmanes

Citadelle d'Erbil
La citadelle d'Erbil

En 641, le commandant arabe Utba ibn farqad conquit les forts kurdes dAdiabene. À cette époque- les Kurdes menaient une vie partiellement sédentaire, élevaient des moutons et du bétail dans les régions de Beth Begash et Beth Kartewaye au-dessus de Erbil en Adiabene. En 696 des Kurdes joignirent la révolte des Khariji près de Hulwan[22].

Sous les califes de Bagdad, les Kurdes créèrent toujours des problèmes ici ou . En 838, et de nouveau en 905, dimportantes insurrections éclatèrent dans le nord du Kurdistan ; lémir Aqpd-addaula fut obligé de diriger les forces du califat contre les Kurdes du sud, capturant la fameuse forteresse de Sermaj, dont on voit encore les ruines aujourdhui près de Behistun et soumettant la province de Shahrizor avec sa capitale maintenant marquée par le grand tertre de Yassin Teppeh. Un des spécialistes kurdes très renommé, Al-Dinawari (828889), de Dinawar près de Kermanshah, vécut à cette époque. Il a écrit un livre sur les origines des Kurdes.

Un Kurde, du nom de Nasr ou Narseh se convertit au christianisme et prit le nom de Théophobe (« craignant Dieu ») sous le règne de lempereur Théophile (« aimant Dieu ») et fut lami intime de cet empereur, ainsi que commandant pendant plusieurs années[23]. Narseh se joignit à la révolte de Babak dans le sud du Kurdistan, mais les armées abbassides défirent ses forces en 833 et, selon lhistorien musulman Tabari, à peu près 60 000 de ses troupes furent tués. Narseh lui-même fuit vers les territoires byzantins et aida à former larmée de Théophile. Cette armée kurde envahit le domaine du califat en 838 pour aider la révolte de Babak. Après la défaite de Babak, Narseh et ses soldats sinstallèrent dans le Pont (au centre-nord de lAnatolie)[24].

Léclipse du pouvoir des Sassanides et des Byzantins à la suite de la conquête par le califat et laffaiblissement subséquent des principautés kurdes et des « administrateurs des montagnes » établit de nouveaux États indépendants. Les Shaddadides du Causase et de lArménie, les Rawadides de lAzerbaïdjan, les Marwandides de lAnatolie orientale, les Hasanwayhides, Fadhilwayhides et Ayyarides du centre du Zagros sont quelques-unes de ces dynasties kurdes.

Dynasties médiévales kurdes

En 837 le Seigneur kurde Rozeguite fonda la ville d'Akhlat sur les rives du lac de Van et en fit la capitale de sa principauté, théoriquement vassal du calife, mais en fait virtuellement indépendant. La principauté de Ake gouverna une terre carduchienne qui sétendit entre la vallée supérieure des Centritis et des Zabous. Elle était située entre Arzanène et Adiabène. Au début du Xe siècle elle devint vassale des Artsrunis de Vaspourakan. Andzewatsi était une autre principauté située au sud est de Van et au nord ouest de Ake et ses princes étaient une branche des Mèdo-Carduchis de Mahkert. En 780, son prince principal Tachat Andzewatsi obéissait au calife. Après lui la dynastie déclina et devint vassale des Artsrunis en 860[25].

Dans la seconde moitié du Xe siècle, le Kurdistan était partagé entre cinq grandes principautés kurdes. Dans le nord les Shaddadides (9511174) (dans des parties de lArménie et dArran), et Rawadid (9551221) dans Tabriz et Maragheh, dans lest les Hasanwayhides (9591015), les Annazides (990 - 1117) (à Kermanshah, Dinawar et Khanaqin) et à louest les Marwanides (9901096) de Diyarbekir. Des traces des Kurdes Shaddadides peuvent encore aujourdhui être trouvées dans les régions de Karvachar et de Berdzor en Azerbaïdjan, entre le Haut-Karabagh et lArménie.

Plus tard au XIIe siècle, la dynastie kurde des Hazaraspides établit son pouvoir dans le sud de Zagros et Louristan et conquit les territoires de Kouhgiluya, Khouzestan et Golpayegan au XIIIe siècle et annexa Shushtar, Hoveizeh et Basra au XIVe siècle.

Une de ces dynasties aurait pu être capable, au cours des décennies, dimposer sa suprématie sur les autres et construire un état qui incorporerait tout le pays kurde si le cours de lhistoire navait pas été troublé par les invasions massives de tribus originaires des steppes de lAsie centrale. Ayant conquis lIran et imposé leur joug sur le calife de Bagdad, les Turcs Seljuk annexèrent les principautés kurdes une par une.

Vers 1150, Ahmed Sanjar, le dernier des grands monarques Seljuk, créa une province à partir de ces territoires et lappela Kurdistan. La province du Kurdistan, formée par Sanjar, avait comme capitale le village de Bahar (nom qui signifie « Printemps »), proche de lancien Ecbatane (Hamadan), capitale des Mèdes. Elle incluait les vilayets de Sinjar et Shahrarzour à louest des monts Zagros et ceux de Hamadan, Dinawar et Kermanshah à lest de cette chaîne. Une brillante civilisation autochtone se développa autour de Dinawar (aujourd'hui en ruines), située à 75 km au nord est de Kermanshah, dont léclat fut plus tard partiellement remplacé par celle de Senna, à 90 km plus au nord[26].

Marco Polo (12541324), célèbre pour son premier « tour du monde », rencontra des Kurdes à Mossoul alors quil était en route pour la Chine et il écrivit ce quil avait appris sur le Kurdistan et les Kurdes pour éclairer ses contemporains européens. La kurdologue italienne, Mirella Galetti, a organisé ces écrits qui furent traduits en kurde[27].

La période ayyoubide

Article détaillé : Ayyoubides.

La période la plus florissante du pouvoir kurde fut probablement pendant le XIIe siècle quand le grand Saladin, qui appartenait à la branche Rawendi de la tribu des Hadabanis (ou Adiabène), fonda la dynastie Ayyoubide (11711250) de Syrie, et des chefs kurdes furent institués, non seulement dans lest et louest des montagnes kurdes, mais aussi loin que Khorasan dun côté et lÉgypte et le Yémen de lautre.

Mongols, Timur, Karakoyounlou et Akkoyounlou

Les Mongols dévastèrent les terres kurdes au XIIIe siècle. Larmée dHulagu élimina nombre de chefs tribaux kurdes. Au XIVe siècle, Timur conquit la majeure partie du Kurdistan et dévasta les tribus kurdes. Au XVe siècle, les dirigeants Kara Koyunlu aidèrent les chefs kurdes à retrouver leur influence perdue. Cependant, quand la dynastie Ak Koyunlu défit les Karakoyunlu, les tribus kurdes furent persécutées. Les Akkoyunlu exterminèrent beaucoup des dirigeants issus des familles de notables kurdes et appointèrent leurs propres gouverneurs à leur place[28].

Les principautés kurdes après la période mongole

Après la période mongole, les Kurdes établirent plusieurs états indépendants ou principautés, telles quArdalan, Badinan, Baban, Soran, Hakkari et Bitlis. Lhistoire complète de ces états et de leurs contacts avec les voisins est relatée dans le célèbre livre Sharafnameh écrit par le Prince Sharaf al-Din Bitlisi en 1597[29]. La plus importante dentre ces principautés fut Ardalan, établie au début du XIVe siècle. Létat dArdalan contrôlait les territoires de Zardiawa (Karadagh), Khanaqin, Kirkuk, Kifri, et Hawraman. La ville capitale de létat fut tout dabord Sharazur dans le Kurdistan irakien, puis fut transférée à Sinne (en Iran). La dynastie Ardalan continua à gouverner la région jusquà ce que le monarque Qajar, Nasser-al-Din Shah (18481896) y mit fin.

La période ottomane

Quand le sultan Selim Ier, après avoir défait Ismail Ier en 1514, annexa lArménie et le Kurdistan, il confia lorganisation des territoires conquis à Idris, lhistorien kurde de Bitlis. Il divisa le territoire en Sanjaks ou districts, et, ne faisant aucune tentative pour intervenir dans le principe héréditaire traditionnel, installa comme gouverneurs les chefs locaux. De plus il repeupla les riches terres pastorales entre Erzurum et Erevan qui étaient restées négligées depuis le passage de Timur, avec des Kurdes des districts d'Hakkari et Botan.

La Bataille contre les Yezidis

En 1640, les forces ottomanes sous le commandement de Firari Mustafe Pasha, attaquèrent les Kurdes Yezidis des monts Sinjar (Saçli Dagi). Selon Evliya Çelebi, les Ottomans étaient au nombre de 40 000. La bataille dura sept heures et 3 060 Yezidis furent tués. Le lendemain de la bataille, larmée ottomane rasa et incendia 300 villages yezidis. De 1 000 à 2 000 Yezidis se réfugièrent dans quelques cavernes aux alentours de Sinjar. Eux aussi furent massacrés après que larmée ottomane les eurent attaqués au canon et à la grenade[30].

La révolte de Rozhiki

En 1655, Abdal Khan, le Kurde Rozhiki gouverneur de Bitlis, forma une armée privée et engagea une guerre de grande envergure contre les troupes ottomanes. Evliya Çelebi nota la présence de nombreux Yezidis dans son armée[31]. La cause principale de cette insurrection armée fut la mésentente entre Abdal Khan et Melek Ahmad Pasha, le gouverneur ottoman de Van. Les troupes ottomanes marchèrent sur Bitlis et commirent des atrocités contre les civils en traversant le territoire Rozhiki. Abdal Khan avait construit de grandes redoutes de pierre tout autour de Bitlis et les remparts de la vieille ville étaient défendus par une importante armée de fantassins kurdes armés de mousquets. Les Ottomans attaquèrent le périmètre extérieur de défense et défièrent les soldats rozhikis, puis se précipitèrent pour piller Bitlis et sen prirent aux civils. Dès que les forces ottomanes se furent installées dans Bitlis, dans une action de vengeance, Abdal Khan fit une vaine tentative dassassiner Melek Ahmad Pasha. Un groupe de vingt soldats kurdes à cheval entrèrent dans la tente de Yusuf Kethuda, le commandant en second, et se battirent férocement avec ses gardes. Après la chute de Bitlis, 1 400 Kurdes continuèrent à résister depuis la vieille citadelle de la ville. Alors que la plupart dentre eux se rendirent et furent épargnés, 300 autres furent massacrés par Melek Ahmad, en démembrant 70 d'entre eux à lépée et les découpant en morceaux[32].

Kurdistan

Le système administratif introduit par Idris resta inchangé jusquà la fin de la guerre russo-turque de 1828-1829. Cependant les Kurdes, du fait de léloignement de leur pays de la capitale, et du déclin de l'Empire ottoman, accrurent leur influence et leur pouvoir et se sont étendus vers louest, aussi loin quAngora.

Après la guerre, les Kurdes essayèrent de se libérer du contrôle turc, et en 1834, après linsurrection du clan Bedirkhan, il devint nécessaire de les soumettre. Ce qui fut réalisé par Reshid Pasha, lui aussi un Kurde[réfnécessaire]. Les villes principales furent fortement occupées par dimportantes forces armées et plusieurs beys kurdes furent remplacés par des gouverneurs turcs. Une révolte sous Bedr Khan Bey en 1843 fut fermement réprimée et après la guerre de Crimée, les Turcs renforcèrent leur mainmise sur le pays.

Le Kurdistan en tant quentité administrative eut une brève et instable existence de 17 ans entre le 13 décembre 1847 (à la suite de la révolte de Bedirhan Bey) et 1864, date de linitiative de Moustapha Reschid Pacha pendant la période Tanzimat (18391876) de lEmpire ottoman. La capitale de la province fut, pour commencer, Ahlat, et sa juridiction couvrait Diyarbekir, Mus, Van, Hakkari, Cizre, Botan (ou Bohtan) et Mardin. Au cours des années suivantes, la capitale fut transférée plusieurs fois, dabord d'Ahlat à Van, puis à Mus et finalement à Diyarbekir. Son aire fut réduite en 1856 et la province du Kurdistan à lintérieur de lEmpire ottoman fut supprimée en 1864. Les anciennes provinces de Diyarbekir et de Van furent reconstituées[33]. Vers 1880, Shaik Ubaidullah mena une révolte visant à amener les territoires entre les lacs Van et Urmia sous son contrôle, néanmoins les forces ottomanes et Qajar parvinrent à le défaire[34].

Bedr Khan de Botan

Kurdish states 1835.png

Les efforts de modernisation et de centralisation du Sultan Mahmud II suscitèrent lopposition de chefs féodaux kurdes. Il en résulta que deux puissantes familles kurdes se rebellèrent contre les Ottomans en 1830. Bedr Khan de Botan dans lOuest du Kurdistan, autour de Diyarbekir, et Muhammad Pasha de Rawanduz dans lEst, qui établit son autorité à Mossoul et Erbil. Les troupes turques étaient occupées par linvasion des troupes égyptiennes en Syrie et furent incapables de réprimer la révolte. De ce fait Bedr Khan étendit son autorité sur Diyarbakir, Siverek, Viranşehir, Siirt, Sulaimania et Sauj Bulaq. Il établit un État kurde dans ces régions jusquen 1845 ; il frappa sa propre monnaie et son nom fut inclus dans les sermons du vendredi. En 1847 les forces turques tournèrent leur attention vers cette zone et défirent Bedr Khan qui fut exilé en Crète. Plus tard il fut autorisé à revenir à Damas il vécut jusquà sa mort en 1868.

Bedr Khan était devenu roi à la mort de son frère. Son neveu en fut très irrité et finalement les Turcs réussirent à lamener à combattre son oncle. Ils lui promirent de le faire roi sil tuait Bedr Khan. Il rassembla alors beaucoup de guerriers kurdes et ils attaquèrent les forces de son oncle. Il le vainquit mais au lieu de devenir roi comme promis par les Turcs, il fut exécuté par ceux-ci. Il existe deux fameux chants kurdes au sujet de cette bataille appelés Ezdin Shêr et Ez Xelefim[35].

Après l'exil de Bedr Khan, eurent lieu dautres révoltes en 1850 et 1852[36].

La révolte de Shaikh Ubaidullah et les Arméniens

La guerre russo-turque de 1877-1878 fut suivie de la tentative en 18801881 de Sheikh Obaidullah de fonder une principauté kurde indépendante sous la protection de la Turquie. Cette tentative, au départ encouragée par « La Porte » comme réponse au projet de création dun État arménien sous la suzeraineté de la Russie, échoua après le raid dUbaidullah en Perse, quand différentes circonstances amenèrent le gouvernement central à réaffirmer la suprématie de son autorité. Jusquà la guerre russo-turque de 18821829, il y avait peu dhostilité entre les Kurdes et les Arméniens, et aussi tard quen 1877-1878, les montagnards des deux peuples coexistèrent plutôt bien.

En 1891, lactivité des Comités arméniens amena La Porte à raffermir la position des Kurdes en créant un corps kurde de cavalerie irrégulière, bien armé et appelé les Soldats de Hamidieh, daprès le nom d'Abdülhamid II. Des troubles mineurs survenaient constamment et furent bientôt suivis, entre 1894 et 1896, du massacre des Arméniens à Sasun et en dautres lieux et dans lesquels les Kurdes prirent une part active. Quelques Kurdes voulurent établir un État kurde séparé.

Période safavide

De 1506 à 1510, les Kurdes Yézidis se révoltèrent contre Ismail Ier qui avait lui-même des ancêtres kurdes[37],[38],[39] . Leur dirigeant, Shir Sarim, fut défait et capturé au cours dune bataille sanglante plusieurs officiers importants du chah Ismail Ier perdirent la vie. Les prisonniers kurdes furent mis à mort « avec les tortures les pires qui se puissent exister »[40].

Transfert des Kurdes

Le transfert de la population du long de leurs frontières avec les Ottomans au Kurdistan et le Caucase fut dune importance stratégique pour les Safavides. Des centaines de milliers de Kurdes, et aussi de grands groupes dArméniens, dAssyriens, dAzéris et de Turkmènes, furent retirés des régions frontières et installés à lintérieur de la Perse. Comme les frontières furent progressivement déplacées vers lest et que les Ottomans poussèrent plus profondément dans les territoires persans, des régions kurdes entières en Anatolie se trouvèrent à un moment ou à un autre exposées aux horribles effets des spoliations et des déportations. Cet état de fait commença au cours du règne du Safavide Shah Tahmasp Ier (1524-1576). De 1534 à 1535, Tahmasp Ier entreprit la destruction systématique des anciennes cités kurdes et des campagnes. Pendant sa retraite devant larmée ottomane, il donna l'ordre de détruire les récoltes et tous les lieux dhabitation quelle que soit leur taille, poussant les populations devant lui vers lAzerbaïdjan, d elles furent plus tard transférées de façon permanente dans le Khorasan, quelques 500 km plus loin. Quelques tribus kurdes furent même déportées beaucoup plus loin à lest, au Gharjistan dans les montagnes du Koush Hindou (dans lAfghanistan actuel), à près de 800 km de leurs foyers dans le Kurdistan occidental.

Abbas Ier le Grand hérita dun État menacé par les Ottomans à louest et les Ouzbeks au nord-est. Il acheta les premiers afin de gagner le temps nécessaire pour défaire les seconds, après quoi il opéra une sélection des populations de Zagros et du Caucase, déportant des Kurdes, des Arméniens et autres groupes qui pouvaient, ou auraient pu, volontairement ou non, apporter aide et soutien à une campagne ottomane.

Lampleur de la politique de la terre brûlée des Safavides peut être entrevue dans les écrits des historiens de leur cour. Lun dentre aux, Iskandar Bayg Munshi, ne décrivant quun seul épisode, écrit dans le Alam-ara ye Abbasi que Shah Abbas, en poursuivant la politique de la terre brûlée de ses prédécesseurs, tomba sur le pays au nord des Araxes et à louest de Urmia, entre Kars et le lac de Van, et ordonna quil soit dévasté et que la population de la campagne et des villes entières soit rassemblée et emmenée loin hors de danger. Toute résistance devait « résulter en massacres et mutilations ; tous les biens non transportables, maisons, églises, mosquées, récoltes... sont détruits et la horde des prisonniers fut précipitamment poussée vers le sud-est avant que les Ottomans ne puissent contre attaquer. » De nombreux Kurdes échouèrent au Khorasan mais beaucoup dautres furent disséminés dans les montagnes Elbourz, en Perse centrale et même au Balouchistan. Ils devinrent le noyau de plusieurs enclaves kurdes modernes à lextérieur du Kurdistan, en Iran et au Turkménistan. Il a été rapporté quAbbas eut une fois lintention de transplanter 40 000 Kurdes au Nord Khorasan mais quil ne réussit à déporter que 15 000 dentre eux avant que ses troupes ne soient défaites[41],[42].

Après la bataille de Chaldoran, le sultan Selim Ier (« le Grim »), déporta plusieurs importantes tribus kurdes vers les centre de lAnatolie, au sud de la ville actuelle dAnkara. À leur place, il installa un petit nombre de tribus turkmènes, plus loyales selon lui. Pendant que les Kurdes déportés devinrent le noyau de lenclave kurde dans le centre de lAntalie moderne, les tribus Turkmènes au Kurdistan finirent par sassimiler[43]. Dès lors les Kurdes, qui étaient des pasteurs nomades, se sédentarisèrent.

La bataille de Dimdim

Il existe un récit historique très détaillé dune longue bataille en 16091610 entre des Kurdes et lempire Safavide. La bataille eut lieu autour dune forteresse appelée « Dimdim » dans la région de Beradost autour du lac Urmia dans le nord-ouest de lIran. En 1609, la structure en ruines fut reconstruite par « Emîr Xan Lepzêrîn », gouverneur de Beradost, qui cherchait à maintenir lindépendance de sa principauté en expansion face à la pénétration dans la région tant des Ottomans que des Safavides. La reconstruction de Dimdim était considérée comme constituant un acte dindépendance qui pouvait menacer le pouvoir safavide au nord-ouest. Plusieurs Kurdes, y compris les dirigeants Mukriyan (Mahabad), se rallièrent autour de Amir Khan. Après un siège long et sanglant mené par le grand vizir safavid Hatem Beg, qui dura de novembre 1609 à lété 1610, Dimdim fut capturée et tous ses défenseurs massacrés. Abbas Ier le Grand ordonna un massacre général de Beradost et Mukriyan (rapporté par Eskander Beg Turkoman, un historien safavide, dans le livre Alam Aray-e Abbasî) et il réinstalla la tribu turque des Afshar dans la région tout en déportant beaucoup de tribus kurdes à Khorasan. Bien que des historiens perses (comme Iskander Beg) décrivirent la première bataille de Dimdim comme résultant dune mutinerie ou dune trahison kurde, dans les traditions orales kurdes (Beytî dimdim), des œuvres littéraires[44], et dans lHistoire, elle est traitée comme un combat du peuple kurde contre une domination étrangère. En fait, Beytî dimdim est considérée comme une épique nationale surpassée seulement par Mem û Zin par Ehmedê Xanî. La première recension littéraire de cette bataille est écrite par Faqi Tayran[45],[46].

Histoire du XXe siècle siècle

Montée du nationalisme

Le nationalisme kurde émergea après la Première Guerre mondiale avec la dissolution de lempire ottoman lequel avait avec succès, intégré, mais non assimilé, les Kurdes en réprimant par la force les mouvements kurdes qui revendiquaient leur indépendance. Il y eut des révoltes sporadiques mais cest seulement en 1880, avec linsurrection dirigée par Sheik Ubeydullah que des exigences furent exprimées en tant que groupe ethnique ou que nation. Le sultan ottoman Abdul Hamid y répondit par une campagne dintégration en co-optant des Kurdes importants dans le pouvoir ottoman fort leur offrant des postes prestigieux dans son gouvernement. Cette stratégie parut réussir si lon considère la loyauté des régiments du kurde Hamidiye pendant la Première Guerre mondiale[47].

Le mouvement kurde ethno-nationaliste qui émergea à la suite de la Première Guerre mondiale et la fin de lEmpire ottoman fut largement en réaction aux changements qui avaient lieu en Turquie, en premier la sécularisation radicale à laquelle les Kurdes, musulmans convaincus, s'opposaient, la centralisation de lautorité qui menaçait le pouvoir des chefs locaux et lautonomie kurde, et un nationalisme turc rampant au sein de la nouvelle république turque qui bien évidemment menaçait de les marginaliser[48].

Les pouvoirs occidentaux, (en particulier la Grande-Bretagne), combattant les Turcs promirent aux Kurdes quils garantiraient la liberté kurde, une promesse quils brisèrent par la suite. Une organisation kurde en particulier, Teali Cemiyet (La Société pour lAvancement des Kurdes, ou SAK) joua un rôle central dans la création dune identité kurde distincte. Elle profita dune période de libéralisation politique pendant lère de la Seconde Constitution (18081920) de la Turquie pour transformer un intérêt dans la culture et la langue kurdes en un mouvement politique nationaliste basé sur lethnicité[48].

Pendant le gouvernement relativement ouvert des années 1950, des Kurdes obtinrent des postes politiques et travaillèrent à lintérieur du cadre de la république turque pour avancer leurs intérêts mais ce mouvement vers lintégration fut stoppé avec le coup dÉtat turc de 1960[47]. Les années 1970 virent une évolution dans le nationalisme kurde alors que la pensée politique marxiste influençait une nouvelle génération de nationalistes turcs opposés aux autorités féodales locales qui avaient été une source traditionnelle dopposition à lautorité, ils finirent par créer le parti séparatiste militant : Partiya Karkeren Kurdistan (PKK) ou Parti des travailleurs du Kurdistan.

Les Kurdes sous le régime des Jeunes Turcs

Jacob Künzler, chef de lhôpital missionnaire de Urfa, a relevé le nettoyage ethnique des Arméniens, des Assyriens, et des Kurdes par les Jeunes Turcs pendant la Première Guerre mondiale. Il a donné un récit détaillé de la déportation des Kurdes dErzurum et de Bitlis pendant lhiver 1916. Bien que nombre d'entre eux aient été convaincus de participer au génocide des Arméniens organisé par le pouvoir, les Kurdes étaient vus comme des éléments subversifs qui se porteraient aux côtés des Russes pendant la guerre. Afin déliminer cette menace, les Jeunes Turcs entreprirent une déportation à grande échelle des Kurdes des régions de Djabachdjur, Palu, Musch, Erzurum et Bitlis. À peu près 300 000 Kurdes furent forcés daller vers le sud à Urfa, puis vers louest à Aintab et Kahramanmaraş. Pendant lété 1917, des Kurdes furent déplacés vers la région de Konya en Anatolie centrale. Par ces mesures les dirigeants des Jeunes Turcs cherchaient à éliminer les Kurdes en les expulsant de leurs terres ancestrales et en les dispersant dans de petites poches de communautés en exil. À la fin de la Première Guerre mondiale, jusquà 700 000 Kurdes avaient été déportés de force et la moitié dentre eux périrent[49].

Après la Première Guerre mondiale

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Territoires des Kurdes en 1986
Territoires habités par les Kurdes, au Moyen-Orient et en Union soviétique, en 1986.

Certains groupes kurdes cherchèrent à obtenir leur autodétermination et défendirent larticle du Traité de Sèvres, signé en 1920 en conséquence de la situation nouvelle après la fin de la Première Guerre mondiale, concernant lautonomie kurde, mais la résurgence turque sous Kemal Atatürk fit obstacle à la réalisation de ces aspirations. Les Kurdes, soutenus par la Grande-Bretagne proclamèrent leur indépendance en 1927 et établirent la république dArarat. La Turquie supprima les révoltes de 1925, 1930 et 19371938, lIran fit de même dans les années 1920. Une brève république kurde de Mahabad en Iran, soutenue par lUnion soviétique, ne survécut pas longtemps à la Deuxième Guerre mondiale.

Quand les administrateurs baathistes attaquèrent les ambitions nationalistes kurdes en Irak, une guerre éclata dans les années 1960. En 1970, les Kurdes rejetèrent un projet de gouvernement sur un territoire limité en Irak, exigeant une zone plus importante incluant les riches champs pétrolifères de la région de Kirkuk.

En 1922, une enquête fut initiée par Nihad Pasha, le commandant du front EL-Cezire, par Adliye Encümeni (le Conseil de Justice) de la Grande assemblée nationale de Turquie à propos dallégations de fraudes. Au cours dune convention confidentielle sur ce sujet le 22 juillet, une lettre dintroduction émanant du Cabinet des Ministres et signée par Mustafa Kemal fut lue. Le texte nommait la région « Kurdistan » à trois reprises et donnait à Nihad Pasha complète autorité pour aider les administrations locales kurdes (idare-i mahallîyeye dair teskilâtlar) selon le principe de lautodétermination (Milletlerin kendi mukadderatlarini bizzat idare etme hakki), afin détablir graduellement un gouvernement local dans les régions habitées par des Kurdes (Kürtlerle meskûn menatik)[50].

En 1931, un homme dÉtat kurde dIrak, Mihemed Emîn Zekî, alors quil était ministre de lÉconomie dans le premier gouvernement de Nuri as-Said, traça les frontières du Kurdistan turc en ces termes : « Avec les monts Ararat et la frontière géorgienne (incluse la région de Kars des Kurdes et des Géorgiens vivent côte à côte) au nord, la frontière iranienne à lest, la frontière irakienne au sud, et à louest, une ligne tracée de louest de Sivas à Iskenderun. Ces limites sont aussi en accord avec celles tracées par les Ottomans[51] ». En 1932, Garo Sassouni, qui fut un personnage important à Dashnak en Arménie, définit les frontières du « vrai Kurdistan » (excluant tout le territoire de lArménie Wilsonienne) ainsi : « ...avec une ligne à partir du sud d'Erzincan jusquà Elazığ, incorporant Dersim, Bingöl et Malatya, incluant les montagnes de Cebel-i Bereket et atteignant la frontière syrienne », ajoutant aussi « celles-ci sont les plus larges limites du Kurdistan qui peuvent être revendiquées par les Kurdes[52] ».

Dans les années 1920 et 1930, plusieurs révoltes de grande envergure éclatèrent dans la région. Les plus importantes dentre elles furent celle de Saikh Said en 1925, la révolte dArarat en 1930 et la révolte de Dersim en 1938. À la suite de ces révoltes, fut établie la loi martiale dans la région du Kurdistan turc et un grand nombre de Kurdes furent transférés. De plus, le gouvernement encouragea linstallation dAlbanais du Kosovo et dAssyriens dans la région dans le but de modifier l'équilibre démographique régional. Ces évènements et mesures eurent pour conséquence un état desprit de méfiance permanente entre Ankara et les Kurdes[53].

En Turquie

Article connexe : Kurdistan turc.

À peu près la moitié des Kurdes vivent en Turquie. Selon le CIA Factbook, ils représentent 18 % des 76 millions dhabitants du pays, soit environ 15 millions[54]. Dautres estimations varient entre 12 et 15 millions. La majorité des Kurdes vit au Kurdistan turc, dans le Sud-Est du pays[55].

L'estimation la plus fiable du nombre de kurdophones en Turquie est denviron cinq millions (1980). À peu près 3 950 000 parlent le kurde septentrional (Kurmandji), selon les chiffres de 1980[56]. Alors que la croissance démographique suggère que le nombre de locuteurs a augmenté, il est en réalité nettement inférieur aux 15 millions d'individus qui sidentifient à lethnie kurde, lusage de la langue kurde ayant été découragé dans les villes turques, et de moins en moins de Kurdes vivant dans les campagnes leur langue fut traditionnellement en usage.

De 1915 à 1918, les Kurdes se battirent pour mettre fin au pouvoir ottoman dans la région. Ils furent encouragés par le soutien de Woodrow Wilson pour les nationalités non turques de lempire et ils soumirent leur revendication à lindépendance à la conférence de Paix de Paris en 1919. Le traité de Sèvres stipula la création dun état kurde autonome en 1920 mais le traité de Lausanne, qui lui fit suite en 1923, ne fit aucune mention des Kurdes. En 1925 et 1930 des révoltes kurdes furent réprimées par la force par le gouvernement turc de l'époque.

À la suite de ces évènements, lexistence dune ethnie distincte kurde en Turquie fut officiellement niée et toute expression par les Kurdes de leur identité ethnique fut durement réprimée. Jusquen 1991, lusage de la langue kurdebien que largement répandufut interdit. Des réformes inspirées par lUnion européenne eurent comme résultat que de la musique, des émissions de radio et de télévision en kurde sont maintenant permises bien que fortement limitées (par exemple les émissions de la radio ne peuvent excéder 60 minutes par jour avec un maximum de cinq heures par semaine, alors que les plages horaires de la télévision sont encore plus restreintes). De plus léducation en kurde est maintenant autorisée mais seulement dans des institutions privées.

Leyla Zana
Leyla Zana

Aussi récemment qu'en 1994 cependant, Leyla Zana, la première femme kurde députée du Parlement turc fut poursuivie pour « discours séparatistes » et condamnée à 15 ans de prison. Lors de son discours inaugural en tant que députée, elle sétait elle-même identifiée comme une Kurde. Selon Amnistie Internationale « elle prêta serment en turc comme lexige la loi, puis elle ajouta en kurde : « Je me battrai pour que les peuples kurde et turc puissent vivre ensemble dans un contexte démocratique. » De lassemblée jaillirent des cris de « Séparatiste ! », « Terroriste ! » et « Arrêtez-la ! »[57].

Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK ; Partiya Karkerên Kurdistan ), connu aussi sous le nom de KADEK et Kongra-Gel, est considéré par les États-Unis, l'Union européenne et la Turquie comme une organisation terroriste cherchant à créer un État kurde indépendant dans un territoire (traditionnellement appelé Kurdistan) englobant le sud-est de la Turquie, le eord-est de lIrak, le nord-est de la Syrie et le nord-ouest de lIran. Il sagît dune organisation ethnique sécessionniste usant de la diplomatie avec lÉtat turc mais aussi de la force contre les objectifs militaires et les intérêts touristiques dans le but de réaliser ses buts politiques)[réfnécessaire].

Entre 1984 et 1999, le PKK et la Turquie furent en guerre ouverte, et beaucoup des campagnes du Sud-Est furent dépeuplées, les civils kurdes se déplaçant vers des centres locaux défendables tels que Diyarbakır, Van et Şırnak, ainsi que les villes de Turquie occidentale voire en Europe de lOuest. Parmi les raisons de cette dépopulation il y a les atrocités commises contre les clans kurdes quils ne pouvaient pas contrôler, la pauvreté dans le Kurdistan turc, et les opérations militaires de lÉtat turc[58]. Human Rights Watch a répertorié plusieurs instances les militaires turcs évacuèrent de force des villages, détruisant des maisons et l'équipement civil pour empêcher le retour des habitants ; il est estimé que 3 000 villages kurdes en Turquie furent complètement effacés de la carte, représentant le déplacement de plus de 378 000 personnes[59],[60],[61],[62].

En 1992, Nelson Mandela refuse le prix Atatürk de la paix décerné par la Turquie à cause des violations des droits de l'homme qui ont été commises à cette époque. Dès lors, la presse turque lappela « laffreux africain » et « le terroriste Mandela »[63]. Il accepte finalement le prix en 1999[64].

En Irak

Article connexe : Kurdistan irakien.

Les Kurdes composent 17 % environ de la population totale en Irak. Ils sont majoritaires au moins dans trois provinces dans le nord de lIrak qui sont connues comme le Kurdistan irakien. Il y a aussi des Kurdes à Kirkuk, Mossoul, Khanaqin et Bagdad. Près de 300 000 Kurdes vivent dans la capitale irakienne Bagdad, 50 000 à Mossoul et environ 100 000 Kurdes vivent ailleurs dans le Sud irakien[65]. Des Kurdes sengagèrent à la suite de Mustafa Barzani dans de lourds combats contre les régimes irakiens successifs de 1960 à 1975. En mars 1970 lIrak annonça un plan de paix qui comprenait une autonomie kurde. Le plan devait être exécuté en 4 ans[66]. Néanmoins, au même moment, le régime irakien entreprit un programme darabisation dans les riches régions pétrolifères de Kirkuk et Khanaqin[67]. Laccord de paix ne fit pas long feu et en 1974 le gouvernement irakien commença une nouvelle offensive contre les Kurdes. De plus, en mars 1975, lIrak et lIran signèrent les Accords dAlger selon lesquels lIran sengageait à couper les vivres aux Kurdes irakiens. LIrak institua une autre vague darabisation en installant des Arabes dans les champs pétrolifères du Kurdistan, en particulier ceux autour de Kirkuk[68]. Entre 1975 et 1978, 200 000 Kurdes furent déportés vers dautres parties de lIrak[69].

Durant la guerre Iran-Irak dans les années 1980, le régime mit en place des politiques anti-Kurdes et une guerre civile de facto éclata. LIrak fut largement condamnée par la communauté internationale mais ne fut jamais sérieusement punie pour les mesures oppressives telles que le massacre de centaines de milliers de civils, la destruction intégrale de milliers de villages et la déportation de milliers de Kurdes vers le sud et le centre de lIrak. La campagne du gouvernement irakien contre les Kurdes en 1988 fut appelée Anfal (« butins de guerre »). Les attaques de lAnfal causèrent la destruction de 2 000 villages et la mort de 50 000 à 100 000 Kurdes[70].

Après linsurrection kurde de 1991 (en kurde : Raperîn) menée par le PUK et le KDP, les troupes irakiennes reprirent les aires kurdes et des centaines de milliers de Kurdes fuirent vers les frontières. Pour tenter d'apporter un peu de soutien dans cette situation, un « abri sûr » fut établi par le Conseil de Sécurité. La zone autonome kurde fut principalement contrôlée par les partis rivaux du KDP et du PUK. La population kurde accueillit les troupes des États-Unis en 2003 en organisant des fêtes et des danses dans les rues[71],[72],[73],[74]. La zone contrôlée par les peshmerga fut agrandie et les Kurdes avaient maintenant un réel contrôle dans Kirkuk et des parties de Mossoul. Au début de 2006 les deux zones kurdes furent réunies en une seule région. Une série de référendums auront lieu en 2007 pour déterminer les frontières définitives de la région kurde.

En Iran

Article connexe : Kurdistan iranien.

Les Kurdes constituent approximativement 7 % de la population totale de lIran. Les Perses, les Kurdes et les locuteurs dautres langues indo-européennes en Iran sont descendants des tribus aryennes qui commencèrent à immigrer depuis lAsie centrale dans ce qui est maintenant lIran, au 2e millénaire avant J.C[18]. Selon certaines sources « quelques Kurdes en Iran, tant avant quaprès la révolution de 1979, ont résisté aux efforts du gouvernement iranien de les assimiler dans le courant principal de la vie nationale et, avec leurs congénères kurdes des régions adjacentes en Irak et en Turquie, ont cherché à obtenir soit une autonomie régionale, soit létablissement dun état kurde indépendant[18]. Alors que dautres sources déclaraient que « la plupart des libertés que les Kurdes turcs ont voulu, pour lesquelles les Kurdes turcs étaient désireux de verser le sang avaient été disponibles en Iran depuis déjà des années » ; lIran reconnaît constitutionnellement la langue kurde et leur statut de minorité, et il ny a aucune interdiction de parler en kurde en public[75].

Il est à noter que les Kurdes Kermanshahi chiites, comptant 1.550.000 individus, nont aucune revendication dautonomie[76],[77].

Au XIIe siècle, un grand nombre de Kurdes furent déportés par Abbas Ier le Grand vers Khorasan en Iran oriental, il les établit dans les villes de Quchan et Birjand, pendant que dautres émigrèrent en Afghanistan ils trouvèrent refuge[78]. Les Kurdes de Khorasan, 700.000 âmes, utilisent toujours le dialecte kurde Kurmandji[55],[79]. Au cours des XIXe et XXe siècle, les gouvernements iraniens successifs écrasèrent les révoltes kurdes menées par des notables kurdes tels Shaikh Ubaidullah (contre les Qajars en 1880) et Simko (contre les Pehlevi dans les années 1920)[80].

En janvier 1946, pendant loccupation soviétique du nord-ouest de lIran, la république kurde de Mahabad, soutenue par les soviétiques, déclara lindépendance dans certaines parties du Kurdistan iranien. Néanmoins, les forces soviétiques quittèrent lIran en 1946 et la république autoproclamée tomba face à larmée iranienne après seulement quelques mois et le président de la république, Qazi Muhammad, fut pendu en place publique à Mahabad. Après le coup dÉtat iranien de 1953, Mohammed Reza Pahlavi devint plus autocratique et supprima la majeure partie de lopposition, y compris les groupes politiques kurdes qui recherchaient des droits plus étendus pour les Kurdes iraniens. Il interdit aussi tout enseignement de la langue kurde[80].

Après la révolution iranienne, dintenses affrontements eurent lieu entre des groupes militants kurdes et la République Islamique entre 1979 et 1982. Rouhollah Khomeini, déclara une « guerre sainte » contre les rebelles kurdes qui luttaient pour lautonomie ou lindépendance, et ordonna aux forces armées de pénétrer en territoire kurde iranien afin de repousser vers lextérieur les rebelles kurdes et de restaurer lautorité du pouvoir central dans le pays[81]. Une photo dun peloton dexécution des Gardiens de la Révolution exécutant des prisonniers kurdes aux environs de Sanandaj acquit une renommée internationale et gagna le Prix Pulitzer en 1980, il existe aussi dautres photos de militants kurdes capturant des partisans du régime iranien[82]. Le Corps des Gardiens de la Révolution combattit pour rétablir le contrôle du gouvernement dans les régions kurdes, il en résulta quenviron dix mille Kurdes furent tués[80]. Depuis 1983, le gouvernement iranien a toujours maintenu son contrôle sur le Kurdistan iranien[83]. De fréquents troubles et doccasionnelles représailles militaires eurent lieu dans les années 1990[84].

En Iran, les Kurdes expriment leur identité culturelle librement mais nont pas de gouvernement autonome ou dadministration gérée par eux. Comme dans toutes les parties de lIran, lappartenance à un parti politique non gouvernemental est interdit et les contrevenants encourent des peines demprisonnement, voire la mort. Les militants kurdes des droits de lhomme en Iran ont été menacés par les autorités iraniennes à cause de leurs activités[85],[86]. Suite au meurtre de Shivan Qaderi et de deux autres hommes kurdes par les forces de la sécurité iranienne à Mahabad le 9 juillet 2005, six semaines démeutes et de manifestations éclatèrent dans les villes et villages kurdes à travers tout le Kurdistan oriental. Il y eut un très grand nombre de tués et de blessés et d'innombrables arrestations sans charge. Les autorités iraniennes ont aussi fermé plusieurs importants journaux kurdes, arrêtant éditeurs et journalistes. Parmi ceux-ci Roya Toloui, une militante des droits des femmes et chef du journal Rasan (« Elévation ») à Sanandaj, qui fut torturée pendant deux mois pour sa participation à des manifestations pacifiques dans la province du Kurdistan[87]. Selon lun des analystes du Groupe de Crise Internationale (une organisation non gouvernementale fondée en 1995 par le vice-président de la Banque Mondiale et danciens diplomates des États Unis), « les Kurdes qui vivent dans certaines régions les moins développées dIran posent les plus sérieux problèmes internes à résoudre par lIran, et considérant ce quils voient chez les voisins, lassurance politique des Kurdes irakiens, il est à craindre que les Kurdes iraniens ne se mobilisent pour une plus grande autonomie »[88].

En Syrie

Statue équestre de Saladin avec groupe à Damas
Statue de Saladin à Damas

Les Kurdes et autres non Arabes forment 10 % de la population syrienne, soit à peu près 1,9 million de personnes[89], ce qui fait d'eux la plus grande minorité ethnique dans le pays. Ils sont pour la plupart concentrés dans le nord-est et le nord, mais il y a aussi des populations kurdes importantes à Alep et à Damas. Les Kurdes parlent souvent en kurde en public, à moins que certains parmi les présents ne comprennent pas la langue. Les militants kurdes des droits de lhomme sont maltraités et persécutés[90]. Aucun parti politique, kurde ou autre, nest autorisé.

Les techniques utilisées pour supprimer lidentité kurde en Syrie comprennent différentes interdictions de lusage de la langue kurde, le refus denregistrer les enfants sous un nom kurde, le remplacement des noms de lieux en kurde par un nom en arabe, l'interdiction d'entreprises qui ne portent pas un nom arabe, la prohibition des écoles privées kurdes, et des livres ou autres publications écrits en kurde[91],[92]. Par suite de la perte de leur citoyenneté syrienne, à peu près 300 000 kurdes sont privés de tous droits sociaux en violation du droit international[93],[94]. En conséquence de quoi ces Kurdes sont réellement piégés à lintérieur de la Syrie[91]. En février 2006 cependant des sources rapportèrent que la Syrie prévoyait daccorder la citoyenneté à ces Kurdes[94].

Le 12 mars 2004, commencèrent dans le stade de Qamishli (une grande ville kurde au nord est de la Syrie), des affrontements entre Kurdes et Syriens qui se poursuivirent pendant plusieurs jours. Au moins 30 personnes furent tuées et plus de 160 blessées. Lagitation se répandit aux autres villes kurdes le long de la frontière nord avec la Turquie, puis à Damas et Alep[95],[96].

En Afghanistan

Les Kurdes ont vécu dans les régions frontalières de lAfghanistan depuis les années 1500, en particulier au nord est iranien le gouverneur Safavide, Abbas Ier le Grand, exila des milliers de Kurdes[97]. Plusieurs dentre ceux qui furent exilés finirent par aboutir en Afghanistan, sinstallèrent à Herat et dans dautres villes de louest afghan. La colonie kurde en Afghanistan comptait quelques dizaines de milliers dindividus pendant le XIVe siècle[78]. Quelques Kurdes occupèrent de hautes fonctions gouvernementales en Afghanistan, tel Ali Mardan Khan qui fut gouverneur de Kaboul en 1641[98]. Les Kurdes prirent le parti des Afghans dans les conflits avec lempire Séfévides, et par la suite aussi dans les conflits avec les autres puissances régionales[99]. Le nombre des Kurdes présentement en Afghanistan est difficile à calculer, néanmoins il est donné comme approximativement de 200 000[100]. Et il nest toujours pas clair si les Kurdes dAfghanistan ont conservé l'usage de la langue kurde.

En Arménie

Entre 1920 et 1991, lArménie fait partie de lUnion soviétique à lintérieur de laquelle, les Kurdes, comme les autres groupes ethniques, ont le statut de minorité protégée. Aux Kurdes arméniens sont permis leurs propres journaux subventionnés par lÉtat, des émissions radiophoniques et des manifestations culturelles. Pendant la guerre du Haut-Karabagh, beaucoup de Kurdes non yezidis doivent quitter leurs foyers. Après la chute de lUnion soviétique, de nombreux Kurdes dArménie, pour échapper à la crise et la guerre, fuient vers la Russie ou lEurope de lOuest[réfà confirmer[101].

En Azerbaïdjan

En 1920, deux zones habitées par des Kurdes, Jewanshir (capitale Karvachar) et lorientale Zangazur (capitale Berdzor) sont réunies pour former le Kurdistan rouge. La période dexistence administrative de cette unité kurde est brève et ne dépasse pas 1929. Par la suite les Kurdes ont à subir beaucoup de mesures répressives, y compris des déportations. À cause du conflit au Haut-Karabagh, beaucoup daires de peuplement kurdes sont détruites et plus de 150 000 individus déplacées depuis 1988[101].

Notes et références

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  4. Sabri Cigerli, Lautorisation dun prénom kurde, 2000. Consulté le 27 octobre 2009
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  48. a et b Erreur dans la syntaxe du modèle ArticleDenise Natali, « Ottoman Kurds and emergent Kurdish nationalism », dans Critique: Critical Middle Eastern Studies, vol. 13, no 3, p. 383387 [lien DOI (page consultée le 2007-10-19)] .
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Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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