Élections municipales françaises de 2001

Élections municipales françaises de 2001

Les élections municipales françaises de 2001 se sont déroulées les 11 et 18 mars.

Elles ont été marquées par un fort recul de la gauche au bénéfice de la droite, notamment dans les villes populaires mais aussi par quelques victoires symboliques du Parti socialiste dans des villes traditionnellement conservatrices et bourgeoises, marquant une évolution notable de la sociologie politique française.

Si la majorité des villes de plus de 100 000 habitants reste gérée par la droite, celle-ci ne dirige plus que trois des cinq plus grandes villes de France après la perte de sa majorité en siège dans les villes de Paris et de Lyon.

À l'issue du second tour, la droite contrôle 318 municipalités de plus de 15 000 habitants, contre 259 pour l'ensemble de la gauche.

Sommaire

Dispositions légales concernant les élections municipales

Articles détaillés : Élection municipale française et Loi PLM.

Durée du mandat

Le mandat des conseillers municipaux est normalement fixé à six ans, selon l'article L. 227 du code électoral. Le mandat des maires élus en 2001 a été prolongé d'un an à cause de la trop grande proximité avec les élections présidentielle et législatives, dont certains redoutaient qu'elle ne créât une « cacophonie électorale ». Les élections municipales suivantes en France se sont donc tenues en mars 2008.

Mode de scrutin

Les élections municipales en France sont régies par un scrutin proportionnel avec prime majoritaire, à deux tours pour les communes de 3500 habitants ou plus. Le seuil de maintien au second tour est fixé à 10% des suffrages exprimés.

Pour les communes de moins de 3500 habitants, les conseillers municipaux sont élus au scrutin majoritaire.

Pour les villes de Paris, Lyon et Marseille, la circonscription n'est pas la ville elle-même, mais les conseillers sont élus par arrondissement.

Participation des ressortissants de l'Union européenne

C'est lors des élections municipales de 2001 que, pour la première fois, les citoyens des pays de l'Union européenne peuvent à la fois élire les conseillers municipaux, et être éligibles à ces postes. Cette disposition était contenue dans l'article 8B du traité de Maastricht.

Cependant, les droits de ces citoyens sont limités par l'article 88-3 de la Constitution du 4 octobre 1958, puisqu'ils ne peuvent prétendre au poste de Maire, ni d'adjoint, et ne peuvent participer aux Élections sénatoriales françaises, fonctions considérées comme participant de la souveraineté nationale.

Pour pouvoir s'inscrire sur la liste électorale complémentaire dans leur commune, les ressortissants européens doivent:

  • Être âgés de 18 ans ou plus au jour de la clôture de révision des listes
  • Jouir de leurs droits civiques à la fois en France et dans leur pays d'origine
  • Avoir leur domicile réel dans une commune française, ou prouver qu'ils y résident de manière continue et effective depuis au moins six mois[1].

Parité Hommes / Femmes

Compte tenu de la faible participation des femmes dans la vie publique française, la révision constitutionnelle du 8 juillet 1999 a complété l'article 3 de la Consitution d'un alinéa qui prévoit, par dérogation au principe d'égalité des citoyens, que « la loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives  » .

Cette disposition a été mise en œuvre pour les élections municipales des communes de plus de 3500 habitants par une modification de l'article L 264 du Code électoral, dont la version applicable aux élections de 2001 disposait que « l'écart entre le nombre des candidats de chaque sexe ne peut être supérieur à un. Au sein de chaque groupe entier de six candidats dans l'ordre de présentation de la liste doit figurer un nombre égal de candidats de chaque sexe ».

Cette réforme a eu un effet important, puisque le nombre de femmes élues dans les conseils municipaux concernés a pratiquement doublé, atteignant désormais 47,5 % des conseillers municipaux.

Toutefois, le mécanisme légal permettait des détournements qui ont abouti à ce que seuls 6,6 % des maires des villes de plus de 3500 habitants soient des femmes[2]. Les dispositions de l'article L 264 du code électoral ont donc été renforcées pour les élections de 2008.

Participation

Au premier tour, le 11 mars 2001, le taux d'abstention est relativement élevé : 32,7 % des électeurs inscrits sur les listes électorales, ce qui correspond à une augmentation de 2,1 % par rapport aux élections municipales de 1995. Lors des élections de 2008, le ministère de l’Intérieur a revu ce taux d'abstention à 34,5 %.

Le second tour, une semaine plus tard, voit la participation augmenter (+ 2,2 % par rapport au premier tour), 69,5 % des électeurs inscrits ayant voté. Le taux d'abstention de 30,5 % est donc le même que lors des élections de 1995, mais sensiblement plus élevé que pour les élections antérieures.

Résultats par villes

Étiquette politique des maires des communes de plus de 100 000 habitants après les élections municipales de 2001

Villes de plus de 150 000 habitants

Ville Population (1999) Sortant(e) Élu(e)
Paris 2 125 246 Jean Tibéri Bertrand Delanoë
Marseille 798 430 Jean-Claude Gaudin
Lyon 445 452 Raymond Barre Gérard Collomb
Toulouse 390 350 Dominique Baudis Philippe Douste-Blazy
Nice 342 738 Jacques Peyrat
Nantes 270 251 Jean-Marc Ayrault
Strasbourg 264 115 Catherine Trautmann Fabienne Keller
Montpellier 225 392 Georges Frêche
Bordeaux 215 363 Alain Juppé
Lille 212 597 Pierre Mauroy Martine Aubry
Rennes 206 229 Edmond Hervé
Le Havre 190 905 Antoine Rufenacht
Reims 187 206 Jean-Louis Schneiter
Saint-Étienne 180 210 Michel Thiollière
Toulon 160 639 Jean-Marie Le Chevallier Hubert Falco
Grenoble 153 317 Michel Destot
Dijon 153 151 Robert Poujade François Rebsamen
Angers 151 279 Jean-Claude Antonini

Villes de plus de 10 000 habitants passées de gauche à droite

Villes de plus de 10 000 habitants passées de droite à gauche

Résultats par familles politiques

Élus municipaux dans les communes de plus de 3500 habitants

Gauche (PC, PS, Verts)

  • Parti communiste

Après la perte du Havre aux élections municipales précédentes, le Parti communiste perd les villes qu'il était parvenu à reconquérir en 1995 (La Ciotat, Sète, Nîmes) ainsi que certains de ses bastions (Drancy, Argenteuil, Dieppe, Montluçon).

Les gains de Sevran ou d'Arles (aux dépens du Parti socialiste) ne suffisent pas pour renverser l'effondrement progressif du « communisme municipal », une tendance déjà commencée depuis le scrutin de 1983 (perte de Nîmes, de Sète, de Reims, de Levallois-Perret, d'Antony, de Sèvres, etc.) et confirmée en 1989 avec la perte d'Amiens.

  • Parti socialiste

Le Parti socialiste, quant à lui, perd au total 23 villes de plus de trente mille habitants (en comptabilisant les gains), alors que plusieurs personnalités du parti subissent une défaite cuisante. Ainsi, Catherine Trautmann, ministre de la Culture, ne se voit pas réélire à Strasbourg, tout comme Jack Lang, ministre de l'Éducation nationale, à Blois. En Avignon, Élisabeth Guigou, ministre des Affaires sociales, échoue face à la maire sortante, Marie-Josée Roig. Martine Aubry, qui avait quitté le gouvernement en 2001 pour se consacrer à sa campagne, ne devient maire de Lille qu'avec 49,6% des voix (et un taux d'abstention de 53%) dans cette ville historiquement acquise aux socialistes. Les victoires dans plusieurs villes comme Ajaccio, Auxerre (nettement aidée par la présence de deux candidats de droite au second tour), Dijon, ou Salon-de-Provence, et plus encore à Paris et Lyon, ne contrebalancent pas les pertes enregistrées.

  • Les Verts

Les Verts, eux, progressent de manière importante dès le premier tour du scrutin. Ils emportent Saumur. Cela confirme un rééquilibrage du rapport de force dans la gauche plurielle, les Verts émergeant comme le deuxième parti le plus important après le Parti socialiste, aux dépens des communistes[réf. nécessaire]. A Besançon, ils obtiennent plus de 16% des voix.

À Paris et Lyon, leur ralliement à la liste PS est un facteur important dans la victoire de la liste de gauche.

Extrême gauche (LO, LCR)

  • Lutte ouvrière

Lutte ouvrière a présenté 128 listes dans 109 villes différentes, qui ont recueilli 4,37% des suffrages, soit 120 347 voix[réf. nécessaire]. LO obtient ainsi 33 élus dont 11 femmes, dans 22 villes différentes, sans fusionner ses listes au second tour avec la gauche plurielle.

  • Ligue communiste révolutionnaire

La Ligue communiste révolutionnaire a "présenté" ou "soutenu" (selon ses termes) 91 listes[réf. nécessaire], commune avec différents partenaires (associatifs…) intitulées "100% à gauche", "Tous Ensemble à Gauche" ou encore "À Gauche Autrement". Elle a obtenu 4.52%, soit 93 182 voix. Au premier tour, ces listes ont obtenu 26 élus[réf. nécessaire]. Plusieurs listes ont ensuite fusionné avec des listes de la gauche plurielle, y compris conduites par le MDC de Jean-Pierre Chevènement. À noter que malgré la présence de la LCR, certaines de ces listes ont refusé l'appellation "extrême gauche", comme la liste "À Gauche Autrement" de Lyon.

Droite (RPR, UDF, DL)

La droite parlementaire compense les défaites qu'elle a subies à Lyon et Paris par des gains importants: elle remporte quarante municipalités supplémentaires de plus de 15 000 habitants (sur 583 au total) en plus de celles qu'elle contrôlait déjà, et ravit à la gauche plusieurs villes de 30 000 habitants, parmi lesquelles :

Elle conserve enfin les villes de Toulouse, Marseille et Nice avec la victoire des listes menées par Philippe Douste-Blazy dans la première (55% des suffrages), par Jean-Claude Gaudin dans la seconde (48,5% des suffrages, soit un total de 61 sièges, sur 101, au conseil municipal) et par Jacques Peyrat dans la dernière (44,48 % des suffrages).

Extrême droite nationaliste (FN, MNR)

En 1995, les candidats du Front national ou du MNR avaient emporté les villes de Toulon, Marignane, Orange puis Vitrolles en 1997.

En 2001, Jean-Marie Le Chevallier, maire de Toulon (ex-FN) est battu dès le premier tour, n'obtenant que 7,78% des suffrages. Hubert Falco (UDF) reprend la ville pour la droite avec 68,73% des voix contre la députée socialiste Odette Casanova (31,27%).

Le maire d'Orange Jacques Bompard (FN) est réélu dès le premier tour et celui de Marignane, Daniel Simonpieri (MNR), au second tour avec 62,52% des suffrages, contre 37,48% pour Guy Martin (DL).

À Vitrolles, Catherine Mégret (MNR) est d'abord réélue avec 45,32% des voix contre 44,07% pour Dominique Tichadou (PS, Gauche plurielle) mais son élection est par la suite invalidée. Elle sera finalement battue par Guy Obino (PS) en 2002.

Diversité

Au moins huit maires métropolitains d'origine non-européenne ont été élus ou réélus en 2001 dans des communes de moins de 5.000 habitants:

  • Auguste Senghor (neveu de Léopold Sédar Senghor), maire du May-sur-Èvre (Maine-et-Loire, 3.891 habitants) depuis 1989 (au conseil municipal depuis 1983)[3]
  • Xavier Cadoret (né Karim Kadouri au Maroc), à Saint-Gérand-le-Puy (Allier, 1.029 habitants), devenu maire en 1991 suite au décès de son prédécesseur, réélu en 1995 et en 2001[4]
  • Kaddour Derrar, depuis 2001 maire divers gauche de Condette (Pas-de-Calais, 2 675 habitants), que son prédécesseur avait désigné comme son dauphin avant les municipales
  • Pierre Pluton, maire UMP d'Évry-Grégy-sur-Yerre (Seine-et-Marne, 2.060 habitants) depuis 2001[5]
  • Ahmed Abdelkader, maire divers gauche de Ceilhes-et-Rocozels (256 habitants) depuis 1995, réélu en 2001, jusqu'à sa démission en octobre 2005[6]
  • Mahfoud Aomar maire (sans étiquette) de Guerchy (Yonne, 600 habitants) depuis 2001[7]
  • Jean-Claude Gautry, maire de Paroy (Seine-et-Marne, 198 habitants) depuis 2001[5]

Youssef Hamami, maire PS de Boviolles (91 habitants) depuis 1995, s'est retiré entre les deux tours en 2001 suite à un incident à caractère raciste[8]. Par le passé, il y avait déjà eu, également dans des petites communes rurales, Kofi Yamgnane (PS), d'origine togolaise, à Saint-Coulitz depuis 1989, ne s'est plus représenté en 2001, Gaston Monnerville (radical), d'origine guyanaise, à Saint-Céré de 1964 à 1971 et Raphaël Élizé (SFIO), d'origine martiniquaise, à Sablé-sur-Sarthe de 1929 à l'occupation nazie.

Notes et références de l'article

  1. Source : articles LO. 227-1 et art LO. 227-2 du Code électoral
  2. Source : http://www.femmes-egalite.gouv.fr/grands_dossiers/dossiers/vie_politique/vie_politique_bilan.htm
  3. Auguste Senghor se présente à Saint-Briac-sur-Mer, Le Nouvel Observateur, 15 janvier 2008. Consulté le 2008-03-01
  4. Ghislaine Buffard, « « Ils voient en moi un maire, pas un étranger » », Aujourd'hui en France, 26 février 1997. Consulté le 2008-01-07
  5. a et b Naissance du Comité des élus ultramarins de métropole, RFO, 21 septembre 2007. Consulté le 2008-03-03
  6. Arnaud Chabé, « Six conseillers démissionnent, le maire aussi : élections en vue », Midi Libre, 16 novembre 2005
  7. Annuaire des Mairies de l'Yonne (89) De EIP/ Les Editions Céline
  8. La sale affaire de Boviolles. Consulté le 2008-01-07

Voir aussi

Articles connexes

Liens et documents externes



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