- Willy Brandt
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Willy Brandt, né Herbert Ernst Karl Frahm le 18 décembre 1913 à Lübeck et mort le 8 octobre 1992 à Unkel, est un homme politique ouest-allemand du Parti social-démocrate (SPD). Il fut chancelier fédéral de 1969 à 1974 à la tête d’une coalition sociale-libérale, devenant le premier social-démocrate à diriger le gouvernement depuis 1930. Son Ostpolitik a ouvert une nouvelle phase des relations avec la République démocratique allemande et lui a valu le prix Nobel de la paix en 1971.
Il a également été président de la Chambre des députés de Berlin de 1955 à 1957, puis bourgmestre-gouverneur de Berlin de 1957 à 1966, président du SPD de 1964 à 1987, vice-chancelier et ministre fédéral des Affaires étrangères de 1966 à 1969.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Il est né Herbert Ernst Karl Frahm à Lübeck d'un père comptable, John Möller, dont il n'a jamais porté le nom et qui n'a jamais cherché à le connaître, et d'une mère vendeuse, Martha Frahm, âgée de 19 ans. Son grand-père adoptif[1], Ludwig Frahm, exerce une forte influence sur lui : le grand-père est lui aussi un membre actif du SPD[2]. Il devient apprenti chez un courtier maritime et dès 1929, rejoint la Sozialistische Arbeiterjugend (Jeunesse ouvrière socialiste), une branche du parti socialiste d'Allemagne, le SPD. Il la quitte en 1931 pour rejoindre le Sozialistische Arbeiterpartei (SAP, parti des travailleurs socialistes). Il obtient ensuite son Abitur[3] au Reform-Realgymnasium de Lübeck en 1932.
Hitler devient chancelier le 30 janvier 1933. Dès février 1933, lors d'un déplacement de Berlin à Dresde, Herbert Frahm adopte le pseudonyme de Willy Brandt pour participer à une réunion désormais illégale de son parti[4]. Il fera plus tard reconnaître Willy Brandt comme son nom légal. Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1933, il fuit l'Allemagne nazie grâce à un pêcheur de Travemünde qui le fait passer au Danemark[4]. De là, il passe en Norvège, où il s'installe.
En 1934, il participe à la création du Bureau international des organisations révolutionnaires des jeunes (lié au Bureau international pour l'unité socialiste révolutionnaire), et à l'automne séjourne secrètement en Allemagne se faisant passer pour un étudiant norvégien, sous le nom de Gunnar Gaasland. En 1937, il suit la guerre d'Espagne comme journaliste. En 1938, le régime nazi révoque sa nationalité allemande et il demande alors la nationalité norvégienne, qu'il obtient en 1940. La même année, il est arrêté par les forces allemandes qui occupent la Norvège mais qui ne l'identifient pas comme Allemand car il porte un uniforme norvégien. Il se réfugie alors en Suède, pays neutre, où il reçoit son passeport à l'ambassade norvégienne de Stockholm. Il réside en Suède jusqu'à la fin de la guerre.
Il épouse Rut Brandt.
Après guerre
Willy Brandt ne revient en Allemagne qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1946. Il s'installe à Berlin en tant que représentant du gouvernement norvégien. En 1948, il commence sa carrière politique au sein du SPD après avoir recouvré sa nationalité allemande. Il est bourgmestre-gouverneur de Berlin de 1957 à 1966, période particulièrement difficile car marquée par une série de crises, comme l'ultimatum de Khrouchtchev en 1958 et surtout la construction du mur de Berlin en 1961, contre lequel il est - avec ses administrés - seul à s'opposer. Il entretient d'ailleurs des rapports glaciaux avec l'administration américaine jusqu'au fameux discours de John F. Kennedy, Ich bin ein Berliner le 26 juin 1963.
En 1964, Willy Brandt devient président fédéral du SPD, poste qu'il conservera jusqu'en 1987.
En 1961, il est le candidat du SPD au poste de chancelier. Il perd contre Konrad Adenauer. Il est de nouveau candidat en 1965 et perd contre Ludwig Erhard. Mais en 1966, la grande coalition entre le SPD et la CDU le propulse au rang de ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier dans le gouvernement de Kurt Georg Kiesinger. Après les élections de 1969, il est élu quatrième chancelier fédéral de la République fédérale d'Allemagne.
Il participe à la relance de La Haye, qu'il marque par sa volonté de rompre avec la retenue traditionnelle de l'Allemagne dans les affaires européennes en se montrant intransigeant sur la question de l'élargissement de la Communauté face à la France.
L'Ostpolitik
Willy Brandt a marqué l'histoire de l'Allemagne d'après-guerre par sa politique étrangère très tournée vers la RDA et l'Europe de l'Est, l'Ostpolitik, commencée symboliquement par sa tombée à genoux de Varsovie au mémorial du soulèvement du ghetto de Varsovie. Ainsi, il reconnaît officiellement la RDA et entretient de bonnes relations diplomatiques avec la Pologne, l'Union soviétique et d'autres pays du bloc de l'Est.
Cette politique était très largement controversée. En mai 1972, une tentative de censure constructive de la CDU échoue, à la surprise générale, de quelques voix. Il sera plus tard révélé qu’au moins un membre de la CDU, Julius Steiner, avait été payé par le ministère pour la Sécurité d’État de la RDA, la Stasi, pour voter pour le maintien de Brandt. Certains Allemands considéraient l'Ostpolitik comme illégale et comme une haute trahison.
En 1971, Willy Brandt obtint le prix Nobel de la paix pour sa politique de rapprochement avec l'Europe de l'Est et l'Allemagne de l'Est.
L'affaire « Guillaume »
C'est dans une atmosphère de scandale politique sans précédent en Allemagne que Willy Brandt démissionne le 7 mai 1974, une quinzaine de jours après l'arrestation le 24 avril 1974 de l'un de ses conseillers personnels, Günter Guillaume, qui avoue être un espion de la RDA. Il est remplacé à la Chancellerie par intérim par Walter Scheel (vice-chancelier) pendant une semaine, puis par Helmut Schmidt.
De 1979 à 1983, Willy Brandt est membre du Parlement européen.
L'une de ses dernières apparitions publiques est un voyage à Bagdad pour demander la libération d'otages occidentaux détenus par Saddam Hussein en 1990.
Il meurt le 8 octobre 1992 à Unkel.
Citations
- « Vergesst nicht : Wer Unrecht lange geschehen lässt, bahnt dem nächsten den Weg. »[5]
- « Ne l'oubliez jamais : celui qui laisse commettre une injustice ouvre la voie à la suivante. »
- « I sell you something, I speak your language. If I buy », « dann müssen Sie Deutsch sprechen. »[6]
- « Je vous vends quelque chose, je parle votre langue. Si j'achète, alors vous devez parler allemand. »
Postérité
- Le siège central du SPD a été baptisé Willy-Brandt-Haus.
- Le nom de Willy Brandt a été choisi comme nom de baptême par la promotion 2007-2009 de l'École nationale d'administration.
- Doté d'un nouveau terminal dès 2012, l'aéroport international de Berlin-Schönefeld portera le nom de Berlin-Brandebourg Willy Brandt. Il remplacera ainsi les deux autres aéroports berlinois, Tegel, qui fermera en 2012, et Tempelhof, qui est déjà fermé.
- Le pont Willy-Brandt est un des ponts nantais enjambant la Loire (bras de la Madeleine).
Notes et références
- En fait, le père adoptif de sa mère
- Carola Stern, Willy Brandt,p. 11
- Équivalent allemand du baccalauréat
- Carola Stern, Willy Brandt, p. 19
- Lille citation exposée sur la Place Willy Brandt, en face du centre commercial Euralille, à
- La politique linguistique fédérale américaine
Annexes
Bibliographie
- (de) Carola Stern, Willy Brandt, Rowohlt Taschenbuch Verlag, 2009, (ISBN 978-3-499-50576-8)
Articles connexes
Liens externes
- (de) Bundeskanzler-Willy-Brandt-Stiftung
- (de) Dossier spécial sur Willy Brandt dans la bibliothèque numérique ENA
- (en) The Nobel Peace Prize 1971 sur le site de la fondation Nobel
- (de) Publications de et sur Willy Brandt dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB)
- (de) Willy Brandt dans le musée virtuel LeMO du Musée historique allemand (DHM)
Catégories :- Naissance en 1913
- Naissance à Lübeck
- Décès en 1992
- Chancelier allemand
- Ministre allemand des Affaires étrangères
- Député européen de la délégation allemande 1979-1984
- Député allemand
- Résistant allemand au nazisme
- Maire de Berlin
- Personnalité du Parti social-démocrate d'Allemagne
- Lauréat du prix Nobel de la Paix
- Lauréat allemand du prix Nobel
- Chevalier grand-croix de l'ordre du Mérite de la République italienne
- Personnalité de l'année selon Time Magazine
- Nom de guerre
- « Vergesst nicht : Wer Unrecht lange geschehen lässt, bahnt dem nächsten den Weg. »[5]
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