- Gerhard Schroder (CDU)
-
Gerhard Schröder (CDU)
Pour l’article homonyme, voir Gerhard Schröder.Gerhard Schröder Ministre fédéral de la Défense d'Allemagne 1er décembre 1966 - 21 octobre 1969 Chancelier(s) Kurt Georg Kiesinger Prédécesseur(s) Paul Lücke Successeur(s) Helmut Schmidt Ministre fédéral des Affaires étrangères 14 novembre 1961 - 30 novembre 1966 Chancelier(s) Konrad Adenauer
Ludwig ErhardPrédécesseur(s) Heinrich von Brentano Successeur(s) Willy Brandt Ministère fédéral de l'Intérieur 20 octobre 1953 - 14 novembre 1961 Chancelier(s) Konrad Adenauer Prédécesseur(s) Robert Lehr Successeur(s) Hermann Höcherl Biographie Date de naissance 11 septembre 1910 Lieu de naissance Sarrebruck, Empire allemand Date de décès 31 décembre 1989 (à 79 ans) Lieu de décès Kampen, Allemagne Nationalité Allemande Parti politique Union chrétienne-démocrate (CDU) Profession Professeur d'université modifier Gerhard Schröder, né le 11 septembre 1910 à Sarrebruck et mort le 31 décembre 1989 à Kampen, était un homme politique ouest-allemand de l’Union chrétienne-démocrate (CDU). C’était l’un des principaux dirigeants chrétiens-démocrates des vingt-cinq premières années de la République fédérale ; il occupa les portefeuilles de l’Intérieur et des Affaires étrangères dans les cabinets de Konrad Adenauer et de Ludwig Erhard et celui de la Défense dans la grande coalition de Kurt Georg Kiesinger et Willy Brandt. Membre du Bundestag de 1949 à 1980, il en présida la commission des affaires étrangères de 1969 à 1980.
Schröder était l’un des principaux défenseurs d’une orientation atlantiste de l’Allemagne fédérale, dont il chercha à renforcer les liens avec les États-Unis et l’engagement dans l’OTAN. Réputé pour son conservatisme et son adhésion à la fermeté dans le maintien de l’ordre, il obtint l’interdiction du Parti communiste d’Allemagne (KPD) et mena à bien une restructuration des forces fédérales de police. C’était l’une des rares personnalités protestantes de son parti, majoritairement catholique.
Considéré un temps par Adenauer comme un possible successeur, il échoua à deux reprises à conquérir la chancellerie fédérale, et fut candidat de la CDU/CSU lors de l’élection présidentielle de 1969.
Sommaire
Formation et jeunesse
Gerhard Schröder est issu d’une famille protestante de la bourgeoisie intellectuelle de Rhénanie. Son milieu d’origine est marqué par les valeurs prussiennes et luthériennes, qui développent chez lui le sens de la bureaucratie et la soumission envers l’État (Oppelland 2002, p. 16).
Il suit sa scolarité secondaire au Ludwigsgymnasium de Sarrebruck, où il obtient son Abitur en 1929. Il étudie ensuite le droit, et est reçu au premier examen d’État en 1932 et au second en 1936. Titulaire d’un doctorat en 1933, il devient assistant à la faculté de droit de l’université de Bonn. Il est durant ses études proche du Parti populaire allemand (DVP), le principal parti de la droite conservatrice et nationaliste.
Il adhère le 1er avril 1933 au parti nazi, puis, sous la pression de ses supérieurs, à la Sturmabteilung (SA). Il part l’année suivante à Berlin où il devient chercheur à l’institut Empereur-Guillaume de droit privé étranger et international, et ne renouvelle pas son inscription à la SA lors de son transfert. Il exerce en tant qu’avocat à partir de 1936.
Appelé dans la Wehrmacht en 1939, Schröder se détache du régime pendant la Seconde Guerre mondiale ; il épouse en 1941 Brigitte Landsberg, considérée par les lois de Nuremberg comme une « demi-juive de premier degré », et suite à une rencontre avec des membres de la Bekennende Kirche, une organisation chrétienne d’opposition au régime, il s’appuie sur sa qualité de soldat pour quitter le parti nazi en mai 1941. Il termine la période comme comme prisonnier de guerre.
Carrière
Entrée en politique
Schröder adhère à l’Union chrétienne-démocrate (CDU) lors de sa fondation en 1945. Il devient conseiller juridique au ministère de l’Intérieur du nouveau Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie avant de travailler à la North German Iron and Steel Control.
Il entre au Bundestag allemand lors des élections de 1949, sur un mandat direct de la circonscription de Düsseldorf-Mettmann. En 1952, il signe avec trente-trois autres députés un projet de loi visant à instaurer le scrutin uninominal majoritaire à un tour, une question qui divise la coalition au pouvoir. Ses capacités d’orateur le font connaître des dirigeants de l’Union, et il devient en juin 1952 vice-président du groupe CDU/CSU.
Ministre fédéral de l’Intérieur
Le 20 octobre 1953, à quarante-trois ans, Schröder devient ministre fédéral de l’Intérieur dans le deuxième cabinet de Konrad Adenauer. Son mandat lui apporte une réputation de fermeté dans la défense de l’ordre public et de la Loi. Il mène à bien une restructuration de la Force fédérale de protection des frontières, et défend avec succès auprès du Tribunal constitutionnel fédéral l’interdiction du Parti communiste d’Allemagne (KPD) en 1956.
Il dépose en 1958 une première version des futures lois sur l’état d’urgence, qui instaure une prise de contrôle par le pouvoir exécutif en situation d’urgence avec peu de contre-pouvoirs selon une procédure proche de celle de l’article 48 de la constitution de Weimar, et défend le texte réforme en déclarant que « le temps de l’urgence est le temps de l’exécutif ». Son projet suscite l’opposition du Parti social-démocrate, qui l’accuse d’avoir des tendances autoritaires et rappelle son passé dans le parti nazi, et est rejeté faute d’une majorité suffisante pour la révision constitutionnelle.
Schröder échoue également à faire interdire l’Association des persécutés du régime nazi par le Tribunal administratif fédéral en 1959.
Au sein de l’Union, il est à partir de 1955 et jusqu’en 1978 président de l’Evangelisches Arbeitskreis, le groupe rassemblant les protestants de la CDU et de la CSU, et fait partie en 1959 du comité chargé de désigner le candidat de la CDU/CSU pour l’élection présidentielle.
Ministre fédéral des Affaires étrangères
Après la démission d’Heinrich von Brentano du poste de ministre fédéral des Affaires étrangères en 1961, Schröder lui succède le 14 novembre. Il commence à nourrir l’ambition d’accéder à la chancellerie ; Adenauer, qui estime son vice-chancelier Ludwig Erhard inapte à diriger le gouvernement, le considère un temps comme un possible successeur avant de lui retirer son soutien en raison de leurs orientations divergentes en politique étrangère. Schröder reste aux Affaires étrangères dans les cabinets de Ludwig Erhard lorsque celui-ci devient chancelier en 1963. Torsten Oppelland, biographe de Schröder en 2002, considérera ses prétentions comme réalistes, mais affaiblies par son manque de soutien dans son Land d’origine, sa position marginale en tant que protestant dans un parti dominé par les catholiques, et les manœuvres du chrétien-social bavarois Franz Josef Strauß, lui-même désireux de succéder à Erhard.
Dans les années 1960, Schröder est avec Erhard le principal représentant des atlantistes, qui voient dans les États-Unis le garant indispensable de la sécurité de l’Allemagne fédérale et notamment de Berlin-Ouest, et sont favorables à la demande d’adhésion britannique à la Communauté économique européenne déposée en août 1961. Ils s’opposent en cela aux « gaullistes », notamment Adenauer et Strauß, qui privilégient l’autonomie par rapport aux États-Unis en matière de défense et une association de l’Europe occidentale autour de l’amitié franco-allemande, sans le Royaume-Uni en raison de sa « special relationship » avec Washington.
L’arrivée de Schröder aux Affaires étrangères a lieu dans la période la plus délicate de la diplomatie d’Adenauer, qui, déçu par l’administration Kennedy, se replie sur la relation avec la France et signe en janvier 1963 le traité de l’Élysée. Schröder, qui souhaite contrebalancer la relation franco-allemande par crainte d’un enfermement, obtient le 25 janvier du cabinet le soutien à la candidature britannique à la CEE, qui est cependant rejetée trois jours plus tard suite au refus de Charles de Gaulle.
Il partage également avec Erhard l’adhésion à la doctrine Hallstein, à l’« exigence de la représentation unique » (Alleinvertretungsanspruch) et à l’objectif ultime de réunification dans l’autodétermination, vision qu’il conservera jusqu’à la fin de sa vie malgré les évolutions de la politique allemande et étrangère de la république de Bonn.
Ministre fédéral de la Défense
Lorsque le départ du FDP entraîne en 1966 la chute du cabinet Erhard II et la formation d’une grande coalition avec le SPD, Schröder se porte candidat au sein du groupe CDU/CSU pour succéder à Erhard à la chancellerie ; au terme d’une vive compétition avec Kurt Georg Kiesinger et Rainer Barzel, Kiesinger l’emporte au troisième tour de scrutin. Les sociaux-démocrates ayant obtenu le portefeuille des Affaires étrangères pour le nouveau vice-chancelier Willy Brandt, Schröder devient ministre fédéral de la Défense dans le cabinet Kiesinger.
À la Défense, Schröder réoriente à partir de 1968 la Bundeswehr selon la nouvelle stratégie de la « flexible response » adoptée par l’OTAN, qui prévoit une réaction militaire et politique adaptée et mesurée à d’éventuelles menaces du pacte de Varsovie, ce que poursuivra son successeur Helmut Schmidt. Il présente en 1969 le premier livre blanc sur la politique de sécurité et de défense de la République fédérale.
Il devient en 1967 vice-président fédéral de la CDU, poste qu’il occupera jusqu’en 1973.
Lors de l’élection présidentielle de 1969, Schröder est désigné candidat par la CDU/CSU. Son conservatisme lui attire les voix du Parti national-démocrate (NDP), parti d’extrême-droite entré dans plusieurs Landtage les années précédentes, mais provoque l’hostilité du FDP qui, contre une petite minorité menée sur son aile droite par Erich Mende, se rallie au candidat social-démocrate Gustav Heinemann, élu au troisième tour par 512 voix contre 506. Cette alliance préfigure la formation de la coalition sociale-libérale à l’automne qui renvoie la CDU/CSU dans l’opposition, et Schröder quitte le 21 octobre le cabinet fédéral après seize ans de présence ininterrompue.
Dans l’opposition
Revenu dans l’opposition, Schröder devient en 1969 président de la commission des affaires étrangères du Bundestag. À partir des élections de 1969, il est élu au Bundestag sur la liste de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
En 1972, il fait partie avec Franz Josef Strauß et Hans Katzer du cercle des principaux conseillers de Rainer Barzel, président de la CDU, lors de sa candidature malheureuse à la chancellerie.
Schröder quitte le Bundestag lors des élections de 1980 après trente-et-un ans de mandat. Après sa mort, le 31 décembre 1989, une cérémonie officielle est organisée en sa mémoire dans la salle des séances plénières le 12 janvier suivant.
Publications
- Wir brauchen eine heile Welt: Politik in und für Deutschland, éd. par Alfred Rapp, Econ-Verlag, Düsseldorf et Wien, 1963, 283 p.
- Trad. en français par François Ponthier, Le Monde que nous voulons. Politique intérieure et extérieure de l’Allemagne, Plon, Paris, 1965, 291 p.
Ressources
Bibliographie
- Franz Eibl, Politik der Bewegung: Gerhard Schröder als Außenminister 1961-1966, Oldenbourg-Wissenschaftsverlag, coll. « Studien zur Zeitgeschichte » nº 60, Munich, 2001, 485 p. (ISBN 3-486-56550-8) [présentation en ligne]
- Hermann Kunst (dir.), Dem Staate verpflichtet: Festgabe für Gerhard Schröder, Kreuz-Verlag, Stuttgart et Berlin, 1980, 225 p. (ISBN 3-7831-0616-8 )
- Torsten Oppelland, Gerhard Schröder (1910-1989): Politik zwischen Staat, Partei und Konfession, Droste-Verlag, coll. « Forschungen und Quellen zur Zeitgeschichte » nº 39, Düsseldorf, 2002, 797 p. (ISBN 3-7700-1887-7) [présentation en ligne]
Liens externes
- (de) Publications de et sur Gerhard Schröder dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB)
- Portail de la politique
- Portail de l’Allemagne
- Portail de l’histoire
Catégories : Ministre allemand | Ministre allemand des Affaires étrangères | Personnalité de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne | Naissance en 1910 | Décès en 1989 - Wir brauchen eine heile Welt: Politik in und für Deutschland, éd. par Alfred Rapp, Econ-Verlag, Düsseldorf et Wien, 1963, 283 p.
Wikimedia Foundation. 2010.