- Wangari Muta Maathai
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Wangari Maathai Wangari Maathai en 2006.Nom de naissance Wangari Muta Naissance 1er avril 1940
Ihithe, Région centrale,
Colonie britannique du KényaDécès 25 septembre 2011 (à 71 ans)
Nairobi, KényaNationalité Kényane Profession Biologiste, professeur d'anatomie en médecine vétérinaire Autres activités Écologiste, personnalité politique Formation Université de Pittsburgh (M.Sc. 1966)
Université de Munich
Université de Nairobi (Ph,D. 1971)Distinctions - 2004 : Prix Nobel de la paix
- 2006 : Chevalier de la Légion d'honneur
Conjoint Mwangi Maathai (divorce : en 1979) Enfant Waweru, Wanjira et Muta Wangari Muta Maathai (1er avril 1940 à Ihithe[1] - 25 septembre 2011 à Nairobi) est une biologiste kényane et un professeur d'anatomie en médecine vétérinaire.
Cependant, elle est mieux connue pour son militantisme politique et écologiste. Le 8 octobre 2004, elle devient la première femme africaine à recevoir le Nobel de la paix pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ».
Sommaire
Biographie
Jeunesse et formation
Wangari Maathai a été élevée dans les White Highlands. Ses parents, de l'ethnie kikuyu, sont des fermiers qui luttent pour la subsistance de leur tribu. Étant l'aînée d'une famille de six enfants, elle s'occupe de la majorité des tâches ménagères de la maisonnée, comme c'est la coutume au Kénya. C'est grâce à la mentalité progressiste de ses parents que la jeune Wangari a la chance d'aller à l'école.
Sa scolarité se déroule au Kenya où elle entre à l'école primaire de Ihithe (Ihithe Primary School), puis suit des études secondaires au Couvent Loreto, une école de filles de Limuru. Au collège, ses professeurs l'aident, en 1959, à obtenir le Students Airlifts Programme en collaboration avec l'African-American Students Foundation et mis en place par Tom Mboya. Il s'agit d'une bourse d'étude qui permet aux étudiants kényans de terminer leurs études dans des universités américaines[2].
Elle devient alors, en 1964, la première femme d'Afrique de l'Est à obtenir une licence en biologie, obtenue au Mount Saint Scholastica College à Atchison, dans le Kansas. Puis elle poursuit ses études à Pittsburgh en Pennsylvanie en 1966. Cette même année, elle retourne chez elle pour une brève période, avant d'obtenir un emploi et de s'envoler pour l'Allemagne, où elle entre à l'université de Munich. Elle rejoint ensuite l'Université de Nairobi pour travailler en médecine vétérinaire comme assistante de recherche auprès du Professeur Reinhold Hofmann et y obtient, en 1971, son Ph.D. (doctorat). Elle enseigne, dès lors, l'anatomie vétérinaire et devient par la suite doyenne de la faculté. En 2002, elle est professeur invité au Global Institute of Sustainable Forestry de l'Université Yale.
Militantisme et vie politique
Maathai a fondé le mouvement de la Ceinture verte (Green Belt Movement) en 1977. Elle commence par planter sept arbres le jour de la Terre, pour honorer les femmes qui dirigent l'environnementalisme kényan. Ce mouvement, soutenu par les kényanes à travers le pays, aura planté plus de trente millions d'arbres en 16 ans, pour prévenir l'érosion du sol. Maathai est parfois affectueusement surnommée « la femme des arbres » (tree woman). Entre-temps, elle est active aussi bien dans le domaine de l'environnement que dans celui des droits de la femme.
Elle est également dirigeante du « Maendeleo ya wanawake » (Conseil national des femmes du Kénya). Elle aura eu trois enfants avant de divorcer en 1979. Son mari affirme alors au juge qu'elle avait un trop fort caractère pour une femme et qu'il était incapable de la maîtriser, le juge lui a donné raison. Pour avoir déclaré dans la presse que ce juge ne pouvait qu'être incompétent ou corrompu, elle est emprisonnée, pour la première fois, durant quelques jours.
En 1997, au Kénya, les deuxièmes élections multipartites sont marquées par des violences ethniques. Maathai avait posé sa candidature pour la présidence du Kénya mais son propre parti l'avait retirée avant même de lui en parler. Elle subit aussi la défaite pour obtenir un siège au parlement durant cette élection. Sous la présidence de Daniel Arap Moi, elle est emprisonnée plusieurs fois (notamment, en 1991, où elle est libérée sous caution par suite à une lettre d'Amnesty International) et violemment attaquée pour avoir demandé des élections multipartites, la fin de la corruption et de la politique tribale.
Sa renommée mondiale est acquise lors de son opposition au projet pour la construction de la maison luxueuse d'Arap Moi, projet abandonné, suite à son action. En effet, le projet envisageait d'abattre des arbres sur plusieurs acres de terre. Elle continue à défendre les forêts kényanes et la démocratie au péril de sa vie ou de sa liberté. Elle prône l'utilisation constante de la non-violence et des manifestations populaires avec l'aide des organisations internationales. Elle participe à des groupes onusiens et connaît personnellement Kofi Annan, ancien secrétaire des Nations-Unies.
Militante écologiste, elle fonde le Parti vert Verts Mondiaux. Elle est élue au parlement kényan en décembre 2002, où elle remporte son siège face à son rival par cinquante voix contre une. C'est à peu près en même temps que Mwai Kibaki bat Arap lors de l’élection présidentielle au Kénya. Ce nouveau président la nomme, en janvier 2003, ministre-adjoint à l'Environnement, aux Ressources naturelles et à la faune sauvage.
En 2006, elle reçoit le titre de Docteur honoris causa de l'Universite Soka de Hachiouji-Tokyo. Le 9 octobre 2008, elle intervient à la conférence d'ouverture du World Forum Lille (Forum mondial de l’économie responsable), à l'occasion de l'avant-première mondiale du film Nous resterons sur Terre, dans lequel elle exprime son point de vue sur les défis environnementaux actuels.
Depuis le 29 juillet 2009, Wangari Muta Maathai est conseillère honoraire au Conseil pour l'avenir du monde.
Controverse
Quelques organes de presse ont soutenu, en 2004, que Wangari Maathai aurait dit que le VIH (virus causant le SIDA) ne provenait pas des singes, mais était une arme biologique introduite en Afrique par des scientifiques comme outil destiné à maîtriser les Africains et le Peuple noir[3]. Wangari Maathai a depuis constamment déclaré que ce propos a été sorti de son contexte[4], et qu'elle ne croyait évidemment pas que ce fût une arme créée de toutes pièces. Les nombreuses reprises de cette information semblent en réalité faire partie des (tout aussi nombreuses) attaques physiques et morales - mentionnées dans son autobiographie - qu'a dû subir Wangari Maathai de la part de ses adversaires politiques, en raison de son action politique et sociale.
Affiliation
Elle est membre honoraire du Club de Rome[5].
Décès
Elle meurt le 25 septembre 2011 à l'hôpital de Nairobi, des suites d'un cancer[6],[7]. Sa dépouille fut mise dans un cercueil confectionné en bambou et en fibres de jacinthe, pour respecter la demande qu'elle avait faite à sa famille de ne pas couper un arbre pour fabriquer son cercueil. Le jour de la cérémonie, un arbre fut planté par ses enfants et petits enfants en présence de centaines de personnes, au Uhuru Park (Parc de la Liberté en Swahili) à Nairobi, que Wangari Maathai avait sauvé de la destruction en mettant en échec un projet de gratte-ciel que le régime autoritaire de l'ancien président Daniel Arap Moi voulait construire à cet endroit[8].
Honneurs, récompenses, distinctions, décorations (extrait)
Wangari Maathai a reçu plus de cinquante honneurs, récompenses, distinctions et décorations pour ses actions[9], dont :
- 1984 : Prix Nobel alternatif, « pour la conversion du débat écologique du Kénya en action de masse pour le reboisement », en Suède
- 1991 : Prix Goldman pour l’environnement, aux États-Unis
- 1991 : The Hunger Project’s Africa Prize for Leadership, de l'Organisation des Nations unies
- 1993 : Médaille Edingburg (The Edinburgh Medal), du Medical Research Council, en Écosse
- 2004 : Prix Petra Kelly (Petra Kelly Environment Prize, Heinrich Boell Foundation), en Allemagne
- 2004 : Prix Sophie, en Norvège
- 2004 : Prix Nobel de la paix, « pour sa contribution au développement durable, à la démocratie et à la paix »
- 2006 : Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur, de la France
Œuvres
Wangari Maathai a écrit et préfacé de nombreux livres. Seuls quelques-uns sont traduits en français ; elle a obtenu le Grand prix littéraire des lectrices ELLE 2008 catégorie Document, pour « Celle qui plante les arbres » :
- Wangari Maathai, (Nicolas Hulot et Gro-Harlem Brundtland signent la préface) (trad. Jean-Paul Mourlon), Pour l'amour des arbres, L' Archipel, 2005, 164 p. (ISBN 978-2841877096)
- Wangari Maathai (trad. Isabelle Taudiere), Celle qui plante les arbres, Héloïse d'Ormesson, 2007, 380 p. (ISBN 978-2350870571) « Témoignage poignant des défis et des réussites de l'Afrique moderne. » Bill Clinton
- Wangari Maathai (trad. Claire A. Nivola), Mama Miti, la mère des arbres, Le Sorbier, 2008
- Wangari Maathai, Un défi pour l'Afrique, Héloïse d'Ormesson, 2010 (ISBN 978-2350871400)
- Wangari Maathai, Unbowed: A Memoir, Knopf, 2006. (ISBN 0-307-26348-7)
- « Un prix Nobel de la paix pour la planète », article de Wangari Maathai, L'Ecologiste n°14, oct-nov-déc 2004, p. 6-7
- Wangari Maathai, The Greenbelt Movement: Sharing the Approach and the Experience, Lantern Books, 2003. (ISBN 1-59056-040-X)
- Wangari Maathai, The Canopy of Hope: My Life Campaigning for Africa, Women, and the Environment, Lantern books, 2002. (ISBN 1-59056-002-7)
- Wangari Maathai, Bottom is Heavy Too: Edinburgh Medal Lecture, Edinburgh UP, 1994. (ISBN 0-7486-0518-5)
Filmographie
- 2009 : Nous resterons sur Terre, film environnemental réalisé par Olivier Bourgeois et Pierre Barougier (sortie 8 avril 2009)
- 2008 : Taking Root: The Vision of Wangari Maathai, film environnemental réalisé par Lisa Merton et Alan Dater (2008), http://takingrootfilm.com/
Sources
- (fr) von Lüpke / Erlenwein le "Nobel" alternatif, 13 portraits de lauréats, La Plage, Sète, 2008
Notes et références
- Nyeri. Ihithe est un village à l'ouest de
- frères Kennedy en vue d'obtenir leur soutien pour élargir le programme Students Airlifts Programme à une plus grande partie de l'Afrique, et il y réussit. Le programme est étendu à l'Ouganda, au Tanganyika et à l'île de Zanzibar (tous deux maintenant Tanzanie), la Rhodésie du Nord (maintenant Zambie), la Rhodésie du Sud (maintenant Zimbabwe), et le Nyasaland (maintenant Malawi). En 1960, Tom Mboya rend visite aux
- « Le sida est une arme biologique, réaffirme Wangari Maathai », dans Agence France-Presse, 9 octobre 2004 [texte intégral (page consultée le 26 septembre 2011)].
- Olivier Mouton, « Il faut traiter le mal à ses racines : entretien avec Wangari Muta Maathai », dans La Libre Belgique, 9 décembre 2004 [texte intégral (page consultée le 26 septembre 2011)].
- (en) « In deep sympathy following the death of Professor Wangari Maathai », dans The Club of Rome, 26 septembre 2011 [texte intégral (page consultée le 26 septembre 2011)].
- (en) « Nobel peace laureate Wangari Maathai dies in Nairobi », dans Daily Nation, 26 septembre 2011 [texte intégral (page consultée le 26 septembre 2011)].
- « Wangari Maathai, Prix Nobel de la paix et militante écologiste, est morte », dans Le Monde, 26 septembre 2011, avec AFP et Reuters [texte intégral (page consultée le 26 septembre 2011)].
- http://www.ubiznews.com/news/societe/item/1784-kenya-fun%C3%A9railles-nationales-pour-wangari-maathai
- (en) « About Wangari Maathai: Summary Biography of Professor Wangari Maathai », dans The Green Belt Movement International, 2010 [texte intégral (page consultée le 26 septembre 2011)].
Voir aussi
Articles connexes
- Mouvement de la ceinture verte (en)
Bibliographie
- (de) Geseko von Lüpke et Peter Erlenwein (trad. Stéphanie Alglave), "Nobel" alternatif, 13 portraits de lauréats, La plage, 2008, 213 p. (ISBN 978-2842211912)
- Claire Nivola (trad. Ariel Marinie), Mama Miti, la mère des arbres, Le Sorbier, 2008, 32 p. (ISBN 978-2732039176)
- Laurent Simon, Joël Boulier et (Wangari Maathai, qui signe la préface), Atlas des forêts dans le monde : Protéger, développer, gérer une ressource vitale, Editions Autrement, 2009, 80 p. (ISBN 978-2746712690)
- Franck Prévot et Aurelia Fronty, Wangari Maathai, la femme qui plante des millions d'arbres, Rue du monde, 2011 (ISBN 978-2-3550-4158-7)
Liens externes
Sites en français
- (fr) Alexis Masciarelli, « Wangari Maathai, la voix des forêts », in : Revue en ligne du sur [1], Liberation, 2004. Mis en ligne le 9 octobre 2004, consulté le 7 mars 2010
- (fr) Louise Cunéo, « Wangari Maathai, la nobel qui plante des arbres », in : Revue en ligne du sur [2], Point, 2009. Mis en ligne le 2 avril 2009, consulté le 7 mars 2010
- (fr) Wangari Maathaï : "Je rêve qu'en replantant des millions d'arbres, on oriente l'Afrique vers la paix" par Raphaëlle Bacqué et Annick Cojean dans Le Monde
Sites étrangers
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