Sang de la Révolution

Sang de la Révolution

Révolution française

Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne la Révolution française de 1789. Pour celle de 1830, voir Trois Glorieuses. Pour celle de 1848, voir Révolution française de 1848.

La Révolution française est une période de l'histoire de France qui commence en 1789 avec la réunion des États généraux et la prise de la Bastille et s'achève avec le coup d'État du 18 brumaire (9-10 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte. C'est un moment fondamental de l’histoire de France, marquant la fin de l'Ancien Régime et le passage à une monarchie constitutionnelle puis à la Première République qu'ait connue le pays. La Révolution française mit fin à la royauté, à la société d'ordres et à tous les privilèges. Avec la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, elle proclama l'égalité des citoyens devant la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, apte à se gouverner au travers de représentants élus.

Dès son commencement, la portée universelle des idées de la Révolution française a été proclamée par ses partisans, et l'importance de ses conséquences reconnue par ses adversaires[1]. Son impact a été considérablement accru par les guerres de la Révolution française et de l’Empire, lesquelles ont touché une large partie de l’Europe continentale, avec la création de « républiques sœurs » et la transformation des frontières et des États d'Europe. La Révolution est restée un objet de débats et une référence positive ou négative tout au long des deux siècles qui l'ont suivie, en France comme dans le monde.

Histoire de France
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Antiquité

Moyen Âge

Époque moderne

Époque contemporaine

Voir aussi :

Chronologie de la France

Sommaire

La France dans les années 1780

La société française

La société d'Ancien Régime repose sur l'existence de lois particulières, les privilèges (lex privata, lois privées) qui sont les statuts dont disposent non seulement les corps constitués que sont clergé et noblesse, mais aussi les provinces, les villes et les corporations.

La Révolution française qui naît d'une crise financière, concentre essentiellement discours et critiques sur les privilèges fiscaux du clergé et de la noblesse (le poids des impôts est inégalement réparti entre ceux-ci et le tiers état alors que celui-ci est le plus productif). Mais à l'intérieur même du tiers état, il y a de fortes différences selon le mêtier, la province voire la ville. Les lois sont différentes en Bretagne et en Languedoc par exemple.

Ce manque d'unicité de la loi sous l'Ancien Régime est soit le fruit des agrandissements du royaume (le nouveau territoire reconnaît la souveraineté du roi de France et demande à celui-ci le respect de ses coutumes), soit des traditions sociales (par exemple, la noblesse ne paie pas l'impôt de la taille personnelle mais en échange doit payer "l'impôt du sang" c'est-à-dire faire la guerre pour le royaume ; les habitants du village de Domrémy ne paient pas d'impôts) ou professionnelles (par exemple les savetiers ont des privilèges que n'ont pas les cabaretiers et inversement, sachant que ces privilèges varient d'une province à l'autre)

Les privilèges sont en principe des garanties de liberté contre les abus du pouvoir mais dans la pratique, ils gênent l'établissement d'une politique générale, entravent les volontés de réforme du gouvernement, (notamment sous Louis XV), ralentissent les échanges (il y a des péages d'une province à l'autre, voire d'une ville à l'autre). Ils figent la société.

Au XVIIIe siècle, l'essor de nouvelles catégories sociales dans les villes et dans les gros bourgs est indéniable. Parmi les nouvelles couches, on trouve la bourgeoisie marchande ou financière, qui profite de l’enrichissement global, et les laboureurs, des paysans riches qui peuvent offrir à leurs enfants une éducation. La bourgeoisie aspire à occuper de hautes fonctions dans le royaume.

Cependant la société semble se figer, l’accès à la noblesse se ferme. Dans les années 1780, les nobles qui ont besoin de numéraire remettent en vigueur des droits féodaux oubliés et contrôlent de manière plus tatillonne leur perception : c’est la réaction nobiliaire. À la fin des années 1780, les mauvaises récoltes jettent à la rue les membres les plus fragiles des communautés.

La contestation de la monarchie absolue

Louis XVI en costume de sacre, peinture de Joseph Duplessis

En 1788, le pouvoir repose sur la monarchie absolue de droit divin. Le roi tient son pouvoir de Dieu comme le montre la cérémonie du sacre à Reims, au début de son règne ; la tradition monarchique s’inscrit dans le respect des coutumes, c'est-à-dire des libertés et des privilèges accordés à certains individus, certaines villes ou provinces. Le roi règne sur le pays en maître incontesté et se trouve, en tant que "seigneur des seigneurs", aux prises avec une noblesse turbulente plus ou moins domestiquée depuis Louis XIV. Les bases de ce système politique sont contestées et attaquées dans la seconde partie du XVIIIe siècle.

La philosophie des Lumières a joué un rôle déterminant dans la tournure que prirent les évènements mais son influence est à nuancer : accorder trop d'importance aux préceptes nés durant ce siècle se révélerait être un manque de fidélité historiographique majeur. Contre la monarchie absolue à la française, le modèle anglais d'une monarchie limitée par un parlement (assemblée élue) est mis en avant. À l’obéissance du sujet, s’opposent les droits du citoyen. Rousseau défend l'idée que le pouvoir souverain suprême réside dans la Nation et s'oppose à Voltaire partisan du despotisme éclairé et donc favorable à l'absolutisme mais qui en mettant la Raison au centre de tout, s'oppose aux fondements religieux de la monarchie française.

Les ordres privilégiés se révoltent aussi contre le pouvoir royal. En effet, l'absolutisme les a privés de leurs prérogatives traditionnelles. Les Parlements sont des cours de justice sous l'Ancien Régime. Ils profitent du droit traditionnel qui leur permet d'émettre des remarques lors de l'enregistrement des lois dans les registres des parlements pour critiquer le pouvoir royal. Bien qu'ils défendent avant tout leurs privilèges, ils arrivent à passer, aux yeux de l'opinion publique, comme les défenseurs du peuple.

La noblesse, évincée du pouvoir sous Louis XIV, ne rêve que de revenir aux affaires.[réf. souhaitée] À cette revendication politique, se double une revendication économique. Les nobles n'ont pas le droit d'exercer un grand nombre d'activités économiques sous peine de "déroger", c'est-à-dire de perdre leurs privilèges. Dans un siècle où la rente de la terre stagne et où les frais de représentation (costumes, carrosses…) sont de plus en plus élevés, leur pouvoir d'achat diminue. La noblesse s'arc-boute sur ses anciens privilèges, principalement les droits féodaux, et exige le paiement de certaines taxes féodales tombées en désuétude. Elle s'arroge aussi l'exploitation exclusive de certains communaux, ces terres non cultivées où, traditionnellement, les paysans pauvres pouvaient faire paître leurs quelques bêtes. Cette crispation est très mal vécue par les paysans qui réclament l'abolition des droits féodaux pour soulager leur misère. La mauvaise récolte de 1788, due à un épisode d'échaudage des grains, provoquant une hausse des prix du grains ne fera rien pour arranger la misère des paysans et est aujourd'hui présentée par divers historiens[2] comme une des causes de l'agitation populaire et de la Révolution, le politique étant considéré comme responsable du manque de grains[3]. À preuve, notamment, on peut citer ces femmes qui iront à Versailles demander que sortent "Le Boulanger, la Boulangère, et le petit mitron". Des révoltes de subsistances en 1788 attestent elles aussi d'une crise frumentaire à l'origine partielle de la Révolution[4].

Malgré tout, dans leur immense majorité, les Français de 1789 n’imaginent pas une Révolution violente avec une abolition de la monarchie. Le roi est depuis son avènement présenté par l'iconographie royale comme un second « père du peuple », dans un parallèle fait avec Louis XII[5], puis comme « père des Français ». Une réforme profonde de l’État est espérée et ce, dans un climat pacifique[6]. Si en 1789, le souverain est encore aimé et respecté[7], son image paternelle se dégradera rapidement par la suite - dès 1791 - notamment par la multiplication des vetos qu'il oppose à l'Assemblée législative[8].

L'échec des réformes politiques

Louis XV et Louis XVI ne sont pas restés insensibles à la diffusion des idées nouvelles et au blocage des institutions. Mais ils n'ont pas l'autorité de leur prédécesseur Louis XIV pour imposer aux privilégiés les changements nécessaires.

  • La Réforme judiciaire du chancelier de Maupeou, décidée à la fin du règne de Louis XV, est abandonnée par Louis XVI qui cède devant les parlements.
  • La Réforme fiscale : le problème des rois a toujours été le budget. Depuis le XVIIIe siècle, celui-ci est fortement déficitaire. En effet, le principal impôt direct, la taille, ne pèse que sur les non-privilégiés. Le souci des monarques est donc d'augmenter les rentrées fiscales. Des impôts nouveaux qui pèsent sur tous, quel que soit l’ordre, s’ajoutent aux impôts anciens: la « capitation depuis 1701 », qui porte sur toutes les têtes mais qui pèse plus en proportion sur les non privilégiés, le « vingtième » qui frappe tous les revenus (en théorie 1/20e du revenu) mais les nobles et le clergé le rachètent, c'est-à-dire le paient une fois pour toute et en sont ensuite débarrassés. Les impôts nouveaux n'empêchent pas le déficit et la dette publique de se creuser tout au long du XVIIIe siècle. Le 19 février 1781, Necker publie le Compte rendu au roi par M. Necker, Directeur général des Finances et, ainsi, rend public le budget du royaume. L'État perçoit 503 millions de livres de recettes pour 620 millions de livres de dépenses. Le service de la dette occupe à lui seul 310 millions de livres, soit la moitié des dépenses. L'opinion publique est scandalisée d'apprendre que la cour dépense 36 millions de livres en fêtes et pensions pour les courtisans.

La monarchie ne peut faire aboutir aucune réforme fiscale à cause de l’obstruction systématique des Parlementaires. La « Journée des tuiles de Grenoble » qui a lieu en 1788 illustre l'alliance contre-nature entre les parlements et le peuple. Les protestations des familles touchées par la crise économique se multipliant depuis mai, ces agitations poussent la garnison à intervenir le 7 juin. Celle-ci est reçue par des jets de tuiles lancées par les habitants de Grenoble montés sur les toits. Après la « journée des tuiles », une assemblée des trois ordres (noblesse, clergé, tiers état) se réunit au château de Vizille et décide la grève des impôts tant que les États Généraux de la province n’auront pas été convoqués par le roi pour les voter. En faillite et incapable de rétablir l’ordre, Louis XVI cède en août 1788 et convoque les États-Généraux pour le 1er mai 1789.

L'année 1789 marque la fin de la monarchie absolue et de l’Ancien Régime

La révolution juridique (mai-début juillet 1789)

La campagne électorale pour l'élection des députés aux États-généraux

La réunion des États généraux a suscité de grands espoirs parmi la population française. Les paysans espèrent une amélioration de leurs conditions de vie avec l'allègement, voire l'abandon des droits féodaux. La bourgeoisie espère l'instauration de l'égalité en droit et l'établissement d'une monarchie parlementaire à l'anglaise[réf. souhaitée]. Elle peut compter sur le soutien d'une petite partie de la noblesse acquise aux idées nouvelles et du bas-clergé qui vit auprès du peuple et est sensible aux difficultés de celui-ci. Ceci explique l'animation du débat politique pendant l'élection des députés aux États-Généraux. Les débats portent, entre autres, sur l'organisation des États-Généraux. En effet, traditionnellement, chaque ordre élisait à peu près le même nombre de députés. Les élus de chaque ordre se réunissaient, débattaient et votaient séparément. Le résultat du vote de chaque ordre comptait pour une voix. C'était le principe du vote par ordre. De ce fait, il suffisait que les deux ordres privilégiés votent dans le même sens, celui du maintien des privilèges, et le tiers état se retrouvait en minorité.

Le tiers état demande le doublement du nombre des députés le représentant, afin que le nombre de leurs élus corresponde davantage à son poids dans la société, ainsi que le principe du vote par tête, c'est-à-dire une assemblée unique où chaque élu dispose d'une voix. Louis XVI accorde le doublement des députés du tiers état mais garde le silence sur la question du vote par ordre ou par tête.

Les députés du tiers état s'opposent au roi

Le 1er mai 1789, les députés arrivent à Versailles. Alors que ceux du clergé (291) et de la noblesse (270) sont reçus en grand apparat, ceux du tiers état (584)[9] sont ignorés. Le 5 mai, le roi ouvre les États généraux. Son discours met en garde contre tout esprit d'innovation. Necker parle pendant trois longues heures, mais uniquement de questions financières. Aucune évocation des réformes politiques tant attendues n'est faite. Le pouvoir ne prend pas clairement position sur la question du vote par ordre ou par tête que les membres du tiers état se diraient mal représenté. Les ordres privilégiés prennent parti pour le vote par ordre. Le tiers état s'engage alors dans un processus de résistance en refusant de se réunir séparément des deux autres ordres. Au bout d'un mois de discussions et d'attente, le tiers état se décide à prendre l'initiative de vérifier les pouvoirs des députés par bailliage et sénéchaussée et non par ordre. Le 13 juin, trois curés répondent à l'appel. Le 16, ils sont dix.

Le 17 juin 1789, le tiers état et quelques membres de la noblesse et du clergé, sur proposition de l’abbé Sieyès, prennent le titre d’ « Assemblée nationale ». Le 19 juin, le clergé, qui compte une forte minorité de curés sensibles aux problèmes des paysans, décide de se joindre aux députés du tiers état pour la vérification des pouvoirs. Le 20 juin, le roi fait fermer la salle des Menus Plaisirs, lieu de réunion du tiers état. Ceux-ci se dirigent alors vers une salle de jeu de paume voisine.

Dans un grand enthousiasme, ils prononcent le serment du jeu de paume. Ils s’engagent à ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution écrite à la France. Le 23 juin, lors d'une séance royale, une réunion des trois ordres en présence du roi, Louis XVI ordonne aux députés de siéger en chambres séparées. Alors que les députes de la noblesse et du haut clergé obéissent et s'en vont, les députés du tiers état et ceux du bas clergé restent immobiles. Bailly, élu président en tant que doyen, lance au marquis de Dreux-Brézé venu leur demander au nom du roi de partir, cette phrase : « Je crois, monsieur, que la Nation assemblée n'a d'ordre à recevoir de personne », à la suite de laquelle Mirabeau rajoute: « Nous ne quitterons nos places que par la puissance des baïonnettes.» [10]. Face à la résistance du tiers état, soutenu par le bas clergé et une cinquantaine de nobles, le roi invite, le 27 juin les trois ordres à débattre ensemble.

L’Assemblée reprend alors immédiatement sa marche en avant. Le 9 juillet, elle se proclame Assemblée nationale constituante. Durant ces journées, l’Assemblée réalise une autre révolution décisive : beaucoup de députés, effrayés par la tournure des événements, démissionnent ; l’Assemblée déclare qu’elle tient son mandat non pas des électeurs individuellement pour chaque député, mais collectivement de la Nation tout entière. C'est la mise en application du principe de la souveraineté nationale défendu par Diderot[11].

Cette assemblée peut s’appuyer sur les espoirs de la majorité de la Nation, sur les réseaux de « patriotes ». En face, il n’y a que des ministres divisés, un gouvernement sans ressources financières et un roi velléitaire qui recule.

L'été 1789

La prise de la Bastille

La genèse de la révolte

Louis XVI fait mine de céder au tiers état. Mais, dès le 26 juin, il fait venir des troupes (20 000 hommes de régiments étrangers) sur la capitale. Or l’opinion parisienne est agitée. La bourgeoisie est déçue : pour l’instant, rien n’est sorti des débats à Versailles et elle a peur pour la survie de l’assemblée. Le peuple, lui, craint que les troupes ne coupent les routes du ravitaillement des Parisiens alors que, suite aux mauvaises récoltes de 1788, le prix du pain est au plus haut. Début juillet, des émeutes éclatent aux barrières d’octroi. Le roi renvoie ses ministres jugés trop libéraux, parmi lesquels Necker, contrôleur des Finances, renvoyé le 11 juillet. La nouvelle est connue à Paris le 12. Dans l’après-midi, dans les jardins du Palais-Royal, le journaliste Camille Desmoulins exhorte la foule à se mettre en état de défense. Il considère le renvoi de Necker comme une attaque contre le peuple. Dans les jardins des Tuileries et aux Invalides, les Parisiens se heurtent au régiment dit du Royal-Allemand du prince de Lambesc dont les soldats sont accusés d'avoir tué des manifestants.

Le 13 juillet, quarante des cinquante-quatre barrières d’octroi sont incendiées. Les réserves de grains des couvents sont pillées. Une milice bourgeoise se forme.

La première journée révolutionnaire
Prise de la Bastille le 14 juillet 1789

L'effervescence grandit. Le matin du 14 juillet 1789, les émeutiers parisiens partent chercher des armes. Dans une atmosphère révolutionnaire, ils pillent l'arsenal de l’Hôtel des Invalides où ils trouvent des armes et des canons mais pas de poudre. Ils arrivent ensuite aux portes de la prison royale de la Bastille pour chercher de la poudre et y retrouvent d'autres émeutiers massés devant la forteresse du Faubourg Saint-Antoine depuis le matin.

En juillet 1789, il n'y avait dans la prison que sept prisonniers dont quatre faussaires, ainsi que deux fous dangereux et un "délinquant sexuel" enfermés à la demande de leur famille (ce dernier, vraisemblablement le célèbre marquis de Sade, bien qu'il fût transféré le 2 juillet 1789 à Charenton). La Bastille représentait aux yeux de tous l'arbitraire royal. En attendant d'être démolie, elle était gardée par quatre-vingts invalides et trente-cinq suisses. Une nombreuse troupe marche sur la Bastille : le gouverneur, le marquis Bernard-René Jordan de Launay, veut résister mais, à la demande de médiateurs venus de l'Hôtel de Ville où siège un comité permanent, organe de l'insurrection bourgeoise, il rédige à la hâte un papier par lequel il accepte la reddition de la forteresse en échange de la promesse qu'il ne sera fait aucun mal à la garnison. Il laisse la foule pénétrer dans la première cour. Puis il se serait ravisé et aurait fait tirer à la mitraille : il y a des morts. Des gardes françaises mutinées amènent alors des canons pris aux Invalides : le gouverneur cède et abaisse les ponts-levis. Il est cinq heures de l'après-midi. Les Vainqueurs de la Bastille se dirigent alors vers l'Hôtel de Ville avec leurs prisonniers. En chemin, de Launay est rué de coups, massacré à coups de sabre, décapité au couteau par l'aide-cuisinier Desnot[12] et sa tête mise au bout d'une pique. Arrivés à l’Hôtel de Ville, les émeutiers accusent le prévôt des marchands (fonction comparable à celle de maire) Jacques de Flesselles de trahison. Il est lui aussi assassiné, puis sa tête est promenée au bout d’une pique, avec celle de de Launay.

Après la victoire populaire

Alors que Louis XVI reconnaît le fait accompli, la démolition de la Bastille commence. Louis XVI cède à la pression parisienne et vient en personne le lendemain annoncer à l’assemblée le retrait des troupes qui encerclaient Paris. Il rappelle Necker ainsi que tous les ministres renvoyés. À l’Hôtel de Ville de Paris, tous les membres de l’ancienne administration ayant pris la fuite, Jean Sylvain Bailly, président de l'Assemblée nationale, est nommé par acclamation « Maire de Paris ». La Fayette est nommé Commandant général de la Garde nationale. Une nouvelle organisation municipale allait se mettre en place. Louis XVI reconnaît celle-ci en se rendant à Paris le 17 juillet. À cette occasion, Bailly lui remet la cocarde bleue et rouge aux couleurs de la ville de Paris que Louis XVI fixe sur son chapeau, associant ainsi ces couleurs au blanc de la monarchie. Ce geste paraît sceller la réconciliation de Paris et de son roi. Dans les faits cependant, le roi accepte que son autorité soit tenue en échec par une émeute parisienne. Les députés acceptent que leur pouvoir dépende de la violence populaire.

Pendant ce temps, la renommée des « vainqueurs de la Bastille » gagne la France entière. La force l'a emporté, venant au secours des réformateurs. Très vite, une interprétation symbolique de la prise de la Bastille est élaborée. La Bastille y représente l'arbitraire royal. Les bruits les plus fous se répandent, qui décrivent des cachots souterrains emplis de squelettes et inventent le personnage fabuleux du comte de Lorges, victime exemplaire de cet arbitraire. Lors de la démolition de la forteresse, le « patriote » Palloy mène une entreprise de propagande politique rentable en vendant des pierres gravées et des chaînes qui en proviennent. La création de médailles commémoratives et la distinction des « vainqueurs de la Bastille » permet, par la suite, à de nombreux individus d'entamer des carrières politico-militaires intéressantes.

Article détaillé : Prise de la Bastille.

Ces événements déclenchent aussi la première émigration : le jeune frère de Louis XVI, le comte d’Artois, les grands du royaume comme le prince de Condé, le duc de Polignac et le duc d’Enghien. Leur destination est l’Angleterre, les Pays-Bas ou l’Allemagne. Tous pensent revenir dans les trois mois.

La Grande peur dans les campagnes françaises et la nuit du 4 août 1789

En province, à partir du 15 juillet 1789 jusqu'au 6 août 1789, les campagnes bruissent de rumeurs confuses appelées « Grande Peur ». Les paysans craignent que les récoltes ne soient pillées par des brigands. À l'annonce de l'arrivée de brigands, le tocsin sonne dans les villages. Les paysans s'arment de fourches, de faux et autres outils. Quand ils s'aperçoivent qu'il n'y a aucun danger, au lieu de retourner vaquer à leurs occupations, ils se dirigent vers le château du seigneur. Ils exigent les titres seigneuriaux qui établissaient la domination économique et sociale de leurs propriétaires et les brûlent. Si le seigneur ou ses gens résistent, ils sont molestés. On compte de très rares cas de seigneurs assassinés, ainsi que des châteaux pillés ou brûlés. Face à ces violences, l'Assemblée réagit en abolissant les privilèges, les droits féodaux, la vénalité des offices et les inégalités fiscales dans la nuit du 4 août 1789. C’est la fin de la société d'Ancien Régime. Toutefois les députés, presque tous propriétaires fonciers, qu'ils soient nobles ou bourgeois, se ravisent en partie pendant la rédaction des décrets du 5 au 11 août 1789. Les droits personnels (corvées, servage...) et le monopole de la chasse pour le seigneur sont simplement supprimés. Les droits réels portant sur la rente de la terre (cens, champart) doivent être rachetés. Seuls peuvent se libérer totalement les paysans les plus riches. Les propriétaires d'offices reçoivent une indemnité qu'ils investissent en partie dans l'achat de biens nationaux. Ainsi les possédants ont pu sauvegarder leurs intérêts économiques tout en mettant fin aux révoltes paysannes.

Le 26 août 1789, l’Assemblée constituante vote la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. S’inspirant des principes des Lumières, elle est une condamnation sans appel de la monarchie absolue et de la société d'ordres. Elle est aussi le reflet des aspirations de la bourgeoisie de l'époque: la garantie de libertés individuelles, la sacralisation de la propriété, le partage du pouvoir avec le roi et à tous les emplois publics.

Paris de nouveau capitale

Dès septembre 1789, l'Assemblée vote les premiers articles de la future constitution limitant le pouvoir royal. Les difficultés d’approvisionnement de Paris en grains et une rumeur relative au piétinement de la cocarde tricolore par le régiment de Flandre fidèle au Roi, provoquent les journées des 5 et 6 octobre 1789, où une foule majoritairement composée de femmes se rend à Versailles voir le roi. Ce dernier va dans un premier temps satisfaire leurs revendications. Dans la même journée, le président de la constituante Mounier, va à nouveau demander que Louis XVI promulgue la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et les lois du 4 et du 26 août abolissant la société d'ordres. Dans la soirée, à la demande de la commune de Paris, La Fayette arrive également à Versailles. Le lendemain à l'aube, une partie de la foule menace la famille royale et deux gardes du corps sont tués. Grace à l'intervention de La Fayette (selon les conclusions de l'enquête rendu par le châtelet, sur cet évènement, pivot de la révolution : "le salut du roi, de la reine, de la famille royale, fut uniquement dû à la Garde nationale et à son général")[13]. A la suite de cette journée, le roi accepte de quitter Versailles.

Article détaillé : Journées des 5 et 6 octobre 1789.

Désormais, le roi et l’Assemblée nationale siègent à Paris, surveillés par la Garde nationale et menacés par l’émeute.

Le pouvoir royal s'en trouve extrêmement affaibli. La France reste une monarchie mais le pouvoir législatif est passé entre les mains de l’Assemblée constituante. Des commissions spécialisées issues de l’Assemblée ont la haute main sur l’ensemble de l’administration qui se soucie de moins en moins du pouvoir du roi. Les ministres ne sont plus que des exécutants techniques surveillés par l’Assemblée. Néanmoins, le roi garde le pouvoir exécutif. Les lois et décrets votés par l'Assemblée ne sont valables que si le roi les promulgue. Par ailleurs, les intendants et autres agents de l'administration de l’Ancien Régime restent à leur poste jusqu’à la formation d’une nouvelle administration. Jusqu'à l'été 1790, les intendants qui n’ont pas démissionné continuent d'exercer leurs fonctions, bien que leur étendue ait été considérablement réduite.

L’échec de la monarchie constitutionnelle

Royaume de France

Monarchie constitutionnelle


Royaume de France
1791 — 1792
#La Première République

Flag of France 1790-1794.PNG Grandes Armes France-Navarre.svg
Drapeau Armoiries

Devise : La nation, la loi, le roi

Informations générales
 Statut Monarchie constitutionnelle
 Capitale Paris
 Langue(s) Français
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Superficie
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Histoire et événements
 4 septembre 1791 Louis XVI prête serment à la Constitution
 10 août 1792 Suspension de Louis XVI
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Entité précédente Entité suivante
Royaume de France Royaume de France
République française République française

La régénération de la France

La réorganisation administrative

La création des départements

L'Assemblée constituante, en majorité constituée de bourgeois, entreprend une vaste œuvre de réforme en appliquant les idées des philosophes et économistes du XVIIIe siècle. Les années de la Révolution française sont caractérisées par un bouillonnement des idées et des débats dans la France entière. La presse ne sera pleinement libre qu'entre 1789 et 1792.

Les premiers travaux de l'assemblée sont consacrés à la réforme administrative. Les circonscriptions administratives de l'Ancien Régime étaient très complexes. Les généralités, les gouvernements, les parlements et les diocèses se superposaient sans avoir les mêmes limites. Les députés entreprennent de les simplifier. Ils s'attachent tout d'abord à la réforme municipale, rendue pressante par le désordre suscité dans les corps municipaux par les troubles de l’été. La loi du 14 décembre met en place la municipalité. À partir de janvier 1790, chaque commune de France organise l'élection de ses élus. Ce sont les premières élections de la Révolution.

Par la loi du 22 décembre 1789, l’Assemblée crée les départements, circonscriptions à la fois administratives, judiciaires, fiscales et religieuses. Au nombre de 83, ces départements portent des noms liés à leur géographie physique - cours d'eau, montagnes, mers – et ils sont divisés en districts, cantons et communes. Leurs dirigeants sont élus par le peuple. Au printemps 1790, une commission est chargée par l'assemblée du découpage de la France et de répondre aux litiges occasionnés entre les villes candidates à des chefs-lieux. Les nouvelles administrations élues démocratiquement se mettent en fonction à partir de l'été 1790.

Les libertés économiques

Sous l'Ancien régime, les activités économiques étaient strictement encadrées par l'État ou par des réglementations qui limitaient le nombre de producteurs. Toutes les entraves à la liberté de production, qu'elles soient agricoles, artisanales ou industrielles, sont supprimées. Dans un climat de défiance vis-à-vis des regroupements professionnels, la loi Le Chapelier est votée le 14 juin 1791. Cette loi, restée fameuse dans l'histoire du monde ouvrier, interdit toutes les associations patronales et salariales, autrement dit les syndicats. La grève est également interdite.

La révolution, dans sa méfiance du groupe, dans son exaltation des libertés individuelles, met les ouvriers dans l'incapacité de s'organiser pour la défense de leurs droits pour près d'un siècle.

La question religieuse

Dès le 11 août 1789, la dîme est supprimée sans compensation, privant ainsi le clergé d'une partie de ses ressources. Le 2 novembre de la même année, sur proposition de Talleyrand, évêque d'Autun, les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation pour l'extinction de la dette publique. Ils deviennent des biens nationaux qui seront vendus par lots pour combler le déficit de l'État. La même année, les assignats, forme de papier-monnaie, sont introduits. Vu l’urgence de la situation financière, l'Assemblée constituante fait des biens nationaux la garantie d’un papier que ses détenteurs pourront échanger contre de la terre. Utilisés d’abord comme bons du Trésor, ils reçoivent un cours forcé en avril 1790 pour devenir une véritable monnaie. On émet ainsi pour 400 millions d’assignats : c’est le début d'une forte période d'inflation.

La nationalisation des biens du clergé contraint l'Assemblée constituante à s'intéresser au financement du clergé. La Constitution civile du clergé, adoptée le 12 juillet 1790 et ratifiée par le roi le 26 décembre 1790, transforme les membres du clergé en fonctionnaires salariés par l’État. Les membres du clergé séculier sont désormais élus et doivent prêter un serment de fidélité à la Nation, à la Loi et au Roi. Suivant une tradition gallicane bien ancrée dans une partie de la bourgeoisie, ainsi qu'une partie de l'héritage des Lumières favorable à la laïcisation de la société, les députés n'ont pas demandé au pape son avis sur les réformes du clergé catholique. Les premiers clercs commencent à prêter serment sans attendre l'avis du souverain pontife. Mais, dès mars 1791, le pape Pie VI condamne toutes ces réformes visant l’Église de France. La Constituante a divisé la population en deux camps antagonistes. On compte environ 65 % d’ecclésiastiques non jureurs ou réfractaires. Le drame de 1792-1793 est en germe.

La question religieuse aggrave le mécontentement d'une partie des Français déçus par la Révolution. Dès 1790, des troubles entre Protestants et Catholiques avaient éclaté dans le Midi. La question de serment dégénère en affrontement violent dans l'ouest où les villes soutiennent les prêtres jureurs et les campagnes les réfractaires.

Le roi et la Révolution

La fête de la Fédération, le 14 juillet 1790

Le 14 juillet 1790, un an après la prise de la Bastille, la fête de la Fédération est célébrée sur le Champ-de-Mars. Le marquis de La Fayette assiste à la cérémonie aux côtés du roi et de la reine. Il s’agit d’un moment d’union nationale : le roi prête serment à la Constitution fraîchement établie et sa personne est applaudie par la foule. Ce moment de communion nationale peut laisser croire aux observateurs de l'époque que Louis XVI a accepté les changements issus de la Révolution de 1789. En fait, il n'en est rien. Louis XVI louvoie entre les différents courants, pour essayer de garder son autonomie et de reconquérir son pouvoir perdu. De plus, catholique sincère, il prend fait et cause pour le pape et pour les prêtres réfractaires.

L'échec de la tentative de fuite du roi (20 et 21 juin 1791) a pour conséquence de dévoiler au grand jour son hostilité au projet de 1789. Les patriotes parisiens les plus radicaux voient dans ce geste la preuve de la trahison du roi et demandent, dans une pétition qu'ils veulent déposer sur l'autel du Champ-de-Mars, la déchéance du roi. Les députés comme Bailly et La Fayette, partisans d’une monarchie constitutionnelle, mettent sur pied la thèse de l'enlèvement du roi. Ils interdisent la manifestation et décrètent la loi martiale. Le 17 juillet 1791, le peuple manifeste malgré tout. La Fayette ne parvient pas à contenir ses hommes qui écoutent alors Bailly. Lorsque celui-ci ordonne le feu, ils tirent alors sur la foule désarmée, tuant principalement des femmes et des enfants. La fusillade du Champ-de-Mars a pour conséquence la rupture entre les patriotes modérés et le peuple parisien dont les porte-paroles sont, entre autres, Georges Jacques Danton, Maximilien Robespierre et Jean-Paul Marat. Certains comme Condorcet demandent même l'instauration d'une République. Par méfiance envers le peuple, Bailly et La Fayette, suivis par la majorité des députés, quittent le club des Jacobins pour fonder le celui des Feuillants. Pour eux la Révolution est finie et il convient de stabiliser le régime en soutenant la monarchie constitutionnelle.

Dans une partie de l'opinion publique, le roi a perdu toute estime. De nombreux journaux révolutionnaires le caricaturent sous la forme d'un porc et multiplient les grossièretés à son encontre comme à celle de la Reine. Les journaux royalistes prêchent la résistance ouverte. L'émigration s'accélère. Les contre-révolutionnaires et les Jacobins constituent des réseaux d'influence dans tout le pays et tentent de mobiliser l'opinion.

Louis XVI accepte à contrecœur la Constitution de septembre 1791. Les constituants reprennent les idées de Montesquieu sur la séparation des pouvoirs et de Rousseau sur la souveraineté populaire, mais ils les appliquent de manière trop stricte, consacrant ainsi une séparation rigide entre les pouvoirs. Le roi conserve uniquement le pouvoir exécutif. Il est irresponsable devant l'Assemblée législative qui ne peut rien contre lui. Il peut mettre son veto pendant quatre ans (deux législatures) à toute loi qui lui déplaît et garde le choix des ministres. Le pouvoir législatif est confié à une assemblée unique de 745 députés élus au suffrage censitaire très restrictif, l’Assemblée législative. Sur une population totale de 24 millions d'habitants, la France compte 4 millions de "citoyens actifs" qui ont le droit de vote[14]. Rien n'est prévu pour régler les désaccords entre les pouvoirs. Sur proposition de Robespierre, aucun constituant ne pouvait se présenter à l'élection de la nouvelle assemblée qui siège à partir du 1er octobre 1791. L'Assemblée législative est donc une assemblée d'hommes nouveaux, inexpérimentés, riches et plutôt jeunes, comprenant, à droite, 250 Feuillants qui veulent défendre la monarchie constitutionnelle et, à sa gauche, 136 membres du club des Jacobins, essentiellement des girondins.

Article détaillé : Constitution de 1791.

La chute de la monarchie

La marche vers la guerre

Léopold II, empereur du Saint Empire

Pour les patriotes, la question des émigrés est devenue essentielle car ceux-ci, en grande partie regroupés à Coblence autour du Comte d'Artois, maintiennent une agitation permanente aux frontières et font pression sur les souverains étrangers pour qu'ils interviennent dans les affaires françaises. Pour laisser les émigrés interpréter leur proclamation comme un ultimatum et intimider les Jacobins[15], le roi de Prusse et l'empereur d'Autriche font une déclaration commune, la déclaration de Pillnitz[16], le 27  août  1791, où ils manifestent leur inquiétude. Cette déclaration est perçue par l'opinion révolutionnaire comme une menace [17].

Ainsi, le 31  octobre 1791, l'Assemblée nationale législative vote un décret qui, dirigé directement contre les émigrés[18], exige que ceux-ci reviennent en France dans un délai de deux mois faute de quoi leurs propriétés seront confisquées ; le 29 novembre suivant, deux autres décrets sont votés : un premier invite Louis XVI à sommer Électeur de Trèves de disperser leur armée[19], puis un second qui impose le serment civique aux prêtres réfractaires sous peine de privation de pension ou même de déportation en cas de trouble à l'ordre public. Contre l’avis de la droite modérée[20], le roi oppose son veto aux décrets qui frappent les émigrés et les prêtres réfractaires, mais accepte de sanctionner l’Électeur de Trèves qui, vassal de l’empereur d’Autriche, rend la guerre possible[21].

Le vote et le décret qui suivent l'annexion, le 13  septembre  1791, d’Avignon et du Comtat Venaissin[22] jusque là possessions pontificales, puis l’affaire des princes possessionnés d'Alsace, qui s’estiment spoliés par l'abolition des droits féodaux dans leurs fiefs alsaciens (Princes possessionnés), répandent des alarmes dans toutes les Cours d’Europe[23]. Mais le souverain d’Autriche Léopold II reste fidèle à sa politique d’intimidation et supprime le 21  décembre  1791, le principal prétexte[24] pouvant conduire à une déclaration de guerre[25]. De ce fait le décret contre l’Électeur n’a pas plus été suivi d’effet que les annexions d’Avignon et du Comtat Venaissin ; la France en cette automne de 1791 n’est menacée par aucune puissance étrangère[26].

Néanmoins le roi, conscient de la désorganisation de l'armée, espère secrètement, comme les tenants de la guerre, l’ouverture des hostilités et une défaite rapide de la France afin de retrouver son ancienne grandeur, alors que les Jacobins souhaitent, pour consolider la Révolution, se lancer dans le prosélytisme révolutionnaire[27]. Robespierre, s’il n’est pas un opposant systématique à la guerre est un des rares à s'opposer à un conflit. Pourtant pour des raisons différentes tout le monde veut la guerre et cette solution semble s’imposer à la majorité du personnel politique[28].

La guerre modifie les rapports de force

Le 20  avril  1792, sur proposition de Louis XVI et après un vote à une écrasante majorité de l’Assemblée législative, la guerre est déclarée aux rois de Hongrie et de Bohême, c'est-à-dire à l’Autriche seule et non à l’Empire[29]. Les Girondins parlent alors d'une guerre des peuples contre les rois, d'une croisade pour la liberté. Mais l'armée française, totalement désorganisée par l'émigration d'une partie des officiers nobles, n'a pas les capacités requises pour mener une campagne et subit ses premières défaites[30] qui laissent les frontières nord et nord-est dégarnies. Ces événements développent chez les patriotes un sentiment de trahison de la Cour, des aristocrates et des prêtres réfractaires. Sous la poussée des Girondins, l’Assemblée vote alors trois décrets de précaution et de défense organisant la déportation des prêtres réfractaires (27 mai), le licenciement de la garde du roi (29 mai) et la constitution d’un camp de gardes nationaux (Fédérés) pour défendre Paris (8 juin)[31].

Le 12 juin, Louis XVI renvoie les ministres patriotes et, le 13, oppose son veto aux décrets sur les réfractaires et sur les fédérés. Cette situation provoque le 20 juin 1792 une nouvelle journée révolutionnaire qui voit le peuple investir les Tuileries. Mais pour une fois, le roi tient bon et accepte l'humiliation de porter le bonnet phrygien devant les sans-culottes, et refuse de revenir sur sa décision[32]. L’entrée en guerre de la Prusse aux cotés de l’Autriche (6 juillet) oblige l'Assemblée législative à tourner le veto royal en proclamant « la patrie en danger » le 11  juillet  1792 et en demandant à tous les volontaires d'affluer vers Paris[33].

Le renversement de la monarchie

Le 10 août 1792 : la seconde Révolution

Suggéré par la Reine et ébauché par Louis XVI, le manifeste de Brunswick[34], rédigé à Coblence le 25  juillet  1792, est connu à Paris le 1er août suivant ; ce texte promettant aux parisiens « une exécution militaire et une subversion totale » s’il est fait la moindre violence à la famille royale, ne laisse plus aucun doute aux patriotes sur la trahison du roi. D’une rare maladresse ce document, loin d’effrayer les sans-culottes, enflamme les sections parisiennes tout en leur donnant le prétexte recherché pour relancer la Révolution et faire chuter la monarchie[35].

Dirigée autant contre Assemblée que contre le roi[36], peu de journées révolutionnaires n’ont été préparées plus longuement et plus méthodiquement que cette journée du 10 août 1792[37] Ainsi, dans la nuit du 9 au 10 août, une Commune insurrectionnelle se forme à l’Hôtel de Ville et remplace la municipalité légalement établie. Au petit jour, les insurgés composés de gardes nationaux des faubourg patriotes, et des fédérés se présentent devant les Tuileries que défendent des volontaires nobles, la garde suisse et une poignée de gardes nationaux. Contenus un temps, et malgré de lourdes perte, les insurgés prennent d’assaut le palais qui est investi et pillé et dont une partie de la garde suisse est massacrée[38]. Cependant, avant l’attaque, le roi accompagné de la famille royale s’est réfugié dans l'enceinte de l'Assemblée législative qui le reçoit avec respect, mais le suspend de ses fonctions après le succès complet du mouvement insurrectionnel[39].

Dans le même temps est décrétée l’élection d’une Convention nationale qui, seule, pourra décider de la déchéance du souverain et aura la charge de rédiger une nouvelle constitution [40]. Le soir du 10 août (séance de 9 heures), l’Assemblée législative désigne par acclamation un conseil exécutif provisoire comprenant six ministres[41] ; mais l’Assemblée législative est devenue une simple chambre d’enregistrement : c’est la nouvelle Commune de Paris qui cumule les pouvoirs [42].

L’entrée en guerre de la Prusse aux cotés de l’Autriche précipite la reprise des opérations militaires et le 19 août, ayant fait leur jonction, les troupes ennemies pénètrent en France faisant tomber les places fortes les unes après les autres[43]. Le danger est extrême et c’est dans ce contexte que Danton déclare le 2 septembre 1792 : « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la Patrie sera sauvée ». Le peuple, entre panique et rancœur, rend responsable de la situation les ennemis de l'intérieur et se porte le 2  septembre  1792 sur les prisons de Paris où il massacre, après un jugement sommaire, la plupart de ceux qui s’y trouvent incarcérés : les prêtres réfractaires, les suspects d'activités contre-révolutionnaires, les détenus de droit commun et même des filles publiques[44]. Les tueries dureront jusqu’au 6 septembre à Paris sans que les autorités administratives n’osent intervenir[45], et les députés ne les condamneront pas avant plusieurs mois[46]. Les massacres de septembre, point culminant de la « Première Terreur » frappent l'opinion et marquent une radicalisation de la Révolution.

Les forces en présence à la Convention

Madame Roland, porte-parole des Girondins

Les élections à la Convention se déroulent au cœur des massacres de septembre. Sur 7 millions d’électeurs, on estime que 90 % se sont abstenus. Le choix des députés appartient donc à une minorité décidée. Comme en 1789, le scrutin à deux tours a pour effet d'éliminer les classes populaires de la représentation nationale. Les élus sont presque tous issus de la bourgeoisie. Un tiers vient des métiers de justice. Deux camps antagonistes s'opposent. Les Brissotins ou Girondins se méfient du peuple parisien. Leurs appuis sont en province et parmi la riche bourgeoisie du négoce et des manufactures. Ils sont très attachés aux libertés individuelles et économiques de 1789 et répugnent à prendre des mesures d'exception pour sauver la jeune république à laquelle ils sont pourtant attachés. Ils sont dirigés par Brissot, Vergniaud, Pétion et Roland.

Les Montagnards siègent sur les bancs les plus hauts, ce qui explique leur nom. Ils sont plus sensibles aux difficultés du peuple. Ils sont prêts à s'allier au peuple, notamment aux sans-culottes de la commune de Paris et à prendre des mesures d'exception pour sauver la république. Leurs chefs sont, entre autres, Robespierre, Danton, Marat et Saint-Just. Au centre, siège une majorité de députés, surnommée la plaine ou le marais, qui soutiennent à tour de rôle les deux extrêmes.

L'armée française remporte une victoire inespérée sur les Prussiens, le 20 septembre, lors de la bataille de Valmy. Les Prussiens et les Autrichiens quittent la France, plus préoccupés des affaires polonaises. Le 6 novembre 1792, le général Dumouriez remporte la bataille de Jemmapes. Les troupes françaises occupent les Pays-Bas autrichiens. À l'est, les armées du Général Custine occupent la rive gauche du Rhin. La Savoie, possession de la Maison de Savoie, est elle aussi envahie. Partout les Français propagent leur idéal révolutionnaire, mais en même temps énoncent l'idée que le Rhin est la frontière naturelle du nord et de l'est de la France.

Le dernier acte de l'Assemblée Législative est de laïciser l'état civil. Le 20 septembre 1792, elle décide que les registres des naissances et des décès seront désormais tenus par les communes. Le lendemain, la Convention se réunit pour la première fois. Elle dispose provisoirement des pouvoirs législatif et exécutif. Elle décide d'abolir la royauté. Le 21 septembre 1792, les députés de la Convention nationale proclamèrent l'abolition de la royauté et l'avènement de la première République qu'ait connue la France. C'est, pour les révolutionnaires, le début d'une ère nouvelle.

La Première République

Article détaillé : Première République française.
République française

Première République


Révolution française#L’échec de la monarchie constitutionnelle
Principauté de Liège
Pays-Bas autrichiens
1792 — 1804
Premier Empire

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Drapeau

Première république française en l'an 1800
Première république française en l'an 1800

Informations générales
 Statut République
 Capitale Paris
 Langue(s) Français
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Population
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Superficie
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Histoire et événements
 10 août 1792 Suspension de Louis XVI
 21 septembre 1792 Proclamation de l'abolition de la royauté
 26 octobre 1795 Directoire
 9 novembre 1799 Consulat
 18 mai 1804 Proclamation du Premier Empire
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Pouvoir exécutif
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Pouvoir législatif
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Royaume de France Royaume de France
Principauté de Liège Principauté de Liège
Pays-Bas autrichiens Pays-Bas autrichiens
Empire français Empire français

Girondins contre Montagnards

Article détaillé : Procès de Louis XVI.

La Convention est d'abord dominée par les Girondins. Ils siègent au conseil exécutif et essaient d'éviter le procès du roi, craignant que celui-ci ne ranime la contre-révolution et ne renforce l'hostilité des monarchies européennes. Mais la découverte de « l'armoire de fer » aux Tuileries le 20 novembre 1792 rend le procès inévitable. Les documents trouvés dans ce coffre secret prouvent sans contestation possible la trahison et la traitrise de Louis XVI. Le procès commence le 11 décembre 1792. Louis XVI explique qu'il n'a agi que dans le bien de la France. Il pense que le royaume n'a de salut que dans la monarchie absolue. Le condamnation de la constitution civile du clergé l'a éloigné de Dieu. Dans cette perspective théophanique, la correspondance avec l'ennemi est paradoxalement un acte de fidélité avec ce qu'il considère comme étant la France éternelle. À l'issue des débats, le roi est reconnu coupable à une écrasante majorité, 693 voix contre 28. Il est condamné à mort par une majorité plus étroite, 366 voix contre 334. Le sursis et l'appel au peuple demandés par les Girondins sont repoussés. Le roi Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793 place de la Révolution.

Son exécution provoque peu de réactions dans la population française. Par contre, les souverains d'Europe réagissent en formant la première coalition en février 1793, même s'ils ne sont pas mécontents d'un nouvel affaiblissement de la France. Les Girondins décident alors le 24 février 1793 la levée de 300 000 hommes. Cette levée doit se faire par tirage au sort, ce qui rappelle fâcheusement les pratiques de l'Ancien Régime. L'annonce de cette levée provoque des soulèvements ruraux en Alsace, en Bretagne et dans le Massif central; soulèvements aussitôt réprimés par la force. Mais la Convention vote une loi qui met en place une véritable logique de terreur; tout rebelle pris les armes à la main sera exécuté dans les vingt-quatre heures, sans procès.

Début mars 1793, l'insurrection vendéenne commence. Au sud de la Loire, la levée des 300 000 permet une alliance des paysans déçus par la Révolution, du clergé réfractaire et des nobles. Alors que les départements n'existent que depuis 1789 et que l'insurrection se développe bien au-delà de la Vendée, très vite, à la Convention, on parle de « Guerre de Vendée », argument des Montagnards et des sans-culottes pour stigmatiser la mollesse des Girondins et réclamer des mesures d'exception auxquelles ces derniers répugnent. Les Girondins sont obligés d'accepter la création du Comité de salut public et du Tribunal révolutionnaire. Les Girondins sont chassés du pouvoir par les journées des 31 mai et 2 juin 1793 menées par les sans-culottes parisiens. Les Montagnards se sont alliés avec les factions les plus extrémistes du peuple parisien pour parvenir au pouvoir. En province, c'est le mouvement inverse qui se produit. À Marseille, à Lyon, les partisans des Girondins chassent les maires montagnards du pouvoir.

La République en danger

L'assassinat de Marat

Quand les Montagnards arrivent au pouvoir, la République connaît des périls extrêmes. L'insurrection vendéenne, devenue royaliste après sa reprise en main par les nobles, s'étend dans l'ouest de la France. Saumur et Angers sont prises en juin 1793, mais Nantes résiste. Des révoltes royalistes se développent également en Lozère et dans la vallée du Rhône. Les députés girondins qui ont pu échapper à la répression parisienne appellent à la révolte contre Paris dans les départements. Ils sont soutenus par les autorités départementales comme en Normandie. Le 13 juillet, Jean-Paul Marat est assassiné par la fédéraliste Charlotte Corday. Les frontières françaises ont été franchies par les Espagnols au sud-ouest, les Piémontais au sud-est, les Prussiens, les Autrichiens et les Anglais au nord et à l'est. Pour conjurer ces périls et sous la pression des sans-culottes, les Montagnards prennent des mesures radicales.

En juin 1793, la Convention vote une constitution très démocratique et décentralisée, ratifiée par référendum. La Constitution de l'an I cherche à établir une véritable souveraineté populaire grâce à des élections fréquentes au suffrage universel, le mandat impératif et la possibilité pour les citoyens d'intervenir dans le processus législatif. Mais cette Constitution ne sera jamais appliquée. Le 10 août 1793, la Convention décrète que l’application de la Constitution est suspendue jusqu’à la paix. Saint-Just explique que : « Dans les circonstances où se trouve la République, la constitution ne peut être établie, on l'immolerait par elle-même. Elle deviendrait la garantie des attentats contre la liberté, parce qu'elle manquerait de la volonté nécessaire pour les réprimer ».

Le principal organe de gouvernement issu de l'Assemblée est le Comité de salut public. Il a été créé en avril 1793 et a été dominé par Danton jusqu'à son élimination le 10 juillet. Le « grand comité de l'an II » compte douze membres réélus tous les mois par la Convention. Il a l'initiative des lois, le pouvoir exécutif et nomme les fonctionnaires; c'est lui qui centralise le pouvoir dans une période particulièrement critique. Il est dominé par la personnalité de Robespierre. Chaque membre se spécialise dans un domaine particulier, comme Carnot aux armées.

Les membres du Comité de Sûreté Générale sont eux aussi des membres de la Convention. Ce comité est chargé de la police et de dresser la liste des suspects. Une rivalité de compétence l'oppose au Comité de salut public. Pour appliquer les mesures adoptées, la Convention envoie dans les départements et aux armées certains de ses membres : les Représentants en mission qui ont des pouvoirs très étendus pour châtier les contre-révolutionnaires.

La Convention doit faire face aux sans-culottes parisiens les plus radicaux avec à leur tête le journaliste Jacques-René Hébert, le fondateur du Père Duchesne, un journal populaire aux propos extrémistes et parfois orduriers, et le chef du groupe des « Enragés », l'ancien prêtre Jacques Roux. Les 4 et 5 septembre 1793, ils envahissent la Convention et obtiennent la levée d'une armée révolutionnaire chargée de réprimer la contre-révolution et la rétribution des sans-culottes qui siègent dans les sections. À la suite de leur action, la Terreur est « mise à l'ordre du jour » le 5 septembre 1793.

Article détaillé : Convention nationale.

Des lois pour sauver la République

Article détaillé : Terreur (Révolution française).

Les principales mesures

Face aux dangers, la Convention vote toutes les lois que lui présente le Comité de salut public. La loi du 23 août 1793 sur la levée en masse permet d'envoyer sous les drapeaux tous les jeunes gens célibataires. Les autres Français doivent participer à l'effort de guerre en fournissant l'équipement militaire, en frottant les murs des caves pour y collecter le salpêtre, indispensable à la fabrication de la poudre. Toute l'économie de la nation est tournée vers la guerre. Très vite, une armée d'un million de combattants est mise sur pied. Le nombre et l'ardeur au combat remplacent l'expérience d'une armée de métier.

Les conventionnels ont été très marqués par les exécutions sommaires des massacres de septembre. Pour vaincre les ennemis de la Révolution et pour éviter un retour à la fureur populaire, ils organisent la Terreur légale. Ils votent en septembre 1793 la loi des suspects. La liste des suspects est très large. Les nobles, les émigrés, les prêtres réfractaires, les fédéralistes, les agioteurs et leurs familles entrent dans cette catégorie. Ils doivent être emprisonnés jusqu'à la paix. Les sociétés populaires, contrôlées par les sans-culottes, reçoivent des pouvoirs de surveillance et de police.

Pour calmer le mécontentement du peuple urbain touché par les difficultés d'approvisionnement, la hausse du prix des denrées alimentaires et la dévaluation du cours de l'assignat, le Comité de salut public met sur pied la terreur économique. Dès le 27 juillet, la Convention vote la peine de mort contre les accapareurs, c'est-à-dire contre ceux qui stockent les denrées alimentaires au lieu de les vendre. En septembre, la loi sur le maximum des prix bloque les prix au niveau de ceux de 1790 augmentés de 30%. Enfin le cours forcé de l'assignat est instauré. Ces mesures ne permettent pas de mettre fin aux difficultés de ravitaillement des villes. Le pouvoir d'achat des salariés, payés en assignats, ne cesse de s'éroder.

Les résultats

La politique volontariste impulsée par le Comité de salut public permet de sauver la République. Dès la fin de mois de septembre 1793, les premières victoires permettent de repousser les membres de la première coalition hors de frontières. La révolte fédéraliste est vite réduite à néant, sauf à Toulon, où les royalistes prennent le contrôle de la ville et la livrent aux Anglais.

En Vendée, les troupes républicaines infligent une sévère défaite à l'armée catholique et royale à la bataille de Cholet. Une partie de l'armée vendéenne remonte vers le nord pour tenter de prendre le port de Granville dans le Cotentin. Cette expédition, connue sous le nom de Virée de Galerne, se solde par un échec, mais elle témoigne de la force et de la détermination des contre-révolutionnaires. Des bandes armées rurales continuent à sillonner tout l'ouest de la France. On leur donne le nom de « Chouans ». La répression contre les Vendéens est terrible. Entre décembre 1793 et février 1794, le représentant en mission Jean-Baptiste Carrier fait exécuter plusieurs milliers de personnes à Nantes. Les noyades et les fusillades collectives sont restées sinistrement célèbres. À Angers, près de 2 000 femmes sont exécutées. Dans le bocage vendéen, les colonnes infernales commandées par le général Louis Marie Turreau brûlent les villages et massacrent la population sans faire de différence entre population civile et révoltés.

Des mesures de déchristianisation, spontanées ou organisées par les représentants en mission, s'étendent à toute la République. Au nom de l'égalité, statues, croix et clochers sont abattus. Le 5 octobre 1793, la Convention adopte le calendrier républicain. À partir de cette époque, même l'Église constitutionnelle est persécutée. Les sans-culottes et les hébertistes développent le culte des martyrs de la Révolution. Le 10 novembre, la fête de la Raison est célébrée dans la cathédrale Notre Dame de Paris, transformée en temple pour l'occasion. Après la cérémonie, les hébertistes s'invitent à la séance de la Convention et improvisent une fête sous le regard désapprobateur de Robespierre qui n'y voit qu'une mascarade. Le désordre que suscitent ces comportements amène Robespierre à manifester son hostilité et à demander le rétablissement de l'ordre.

Robespierre et la Grande Terreur

À l'initiative de Robespierre, un gouvernement d'exception est mis en place par le décret du 14 frimaire an II (4 décembre 1793). La Convention devient le « centre unique de l’impulsion du Gouvernement ». Elle assume en principe tous les pouvoirs. Pour éviter les actes arbitraires dans les provinces, les représentants du peuple voient leur pouvoir limité. Certains d'entre eux, comme Fouché, sont critiqués pour leur action. Robespierre fustige l'athéisme. Hostile à la politique de déchristianisation, il fait voter une loi garantissant la liberté des cultes, puis une autre reconnaissant l'immortalité de l'âme. Il envoie dans le nord des représentants pour mettre un terme aux désordres suscités par l'armée révolutionnaire qu'il fait dissoudre.

À Paris, le Comité de salut public s'emploie à limiter l'influence des sans-culottes sur la Convention. À la fin du mois de mars 1794, il parvient à éliminer l'aile gauche des Montagnards et fait exécuter les principaux chefs Exagérés : Hébert, Momoro, Ronsin et Vincent. Les Enragés, menés par Jacques Roux, Leclerc et Varlet, sont quant à eux emprisonnés. Début avril, c'est au tour de l'aile droite des Montagnards dirigée par Georges Jacques Danton d'être éliminée. Les Indulgents, nom donné au groupe de Danton, sont guillotinés après un procès irrégulier où Danton est privé de son droit de se défendre personnellement. Fabre d'Eglantine, le créateur du calendrier révolutionnaire et Camille Desmoulins, pourtant ami de Robespierre, sont eux aussi guillotinés.

Alors que la Terreur se termine en province, elle s'accentue à Paris après le vote des lois de Prairial. Le tribunal révolutionnaire peut seul juger des crimes politiques. La définition d'ennemi de la Révolution est élargie à tous « ceux qui cherchent à anéantir la liberté par la force ou par la ruse ». Il n'y a plus ni témoin, ni avocat. Deux sentences sont possibles: la liberté ou la mort pour les coupables. La loi de Prairial donne naissance à la Grande Terreur. Dans les semaines qui suivent, plus de 1 400 personnes sont guillotinées à Paris.

Au début de l'été 1794, l'effort de guerre consenti par la nation porte enfin ses fruits. La victoire de Fleurus, le 26 juin 1794 permet aux troupes françaises de reprendre la Belgique. Des vivres commencent à être réquisitionnés dans les régions occupées pour être envoyées en France.

Robespierre, en luttant contre les factions, en faisant revenir les terroristes les plus zélés, s'est fait beaucoup d'ennemis. Il est devenu l'homme politique le plus influent. Lorsqu'il préside la Fête de l'Être suprême, le 10 juin 1794, ses adversaires murmurent qu'il veut accaparer le pouvoir. Son retrait temporaire de la scène politique permet la constitution d'un groupe d'opposants autour du Comité de sûreté générale et d'anciens représentants en mission, comme Tallien ou Fouché.

Quand il se décide enfin à réapparaître à la Convention, il brandit la menace d'une nouvelle épuration, y compris contre certains députés qu'il a la maladresse de ne pas nommer. Le complot se noue avec le soutien du Marais. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), il est décrété d'accusation par l'Assemblée et arrêté. Une action de la commune de Paris le délivre contre son gré et l'emmène à l'Hôtel de Ville. Mais les sans-culottes, démoralisés par la mise au pas du mouvement sectionnaire après l'élimination des Hébertistes, et mécontents de la stricte application du maximum des salaires, ne se joignent pas aux amis de Robespierre. La Convention qui l'a mis immédiatement hors la loi envoie les troupes qui prennent d'assaut le bâtiment. Il est guillotiné le lendemain, le 28 juillet 1794, avec ses principaux partisans. Les conventionnels thermidoriens rappellent les députés girondins et mettent fin à la Terreur.

La nouvelle Constitution de l’an III est votée par la Convention le 29 messidor (17 août 1795) et ratifiée par plébiscite en septembre. Elle est effective à partir du 4 vendémiaire (26 septembre) de la même année et fonde le nouveau régime du Directoire.

Le Directoire (26 octobre 1795 - 9 novembre 1799)

Pour le calendrier révolutionnaire, le Directoire dure du 4 Brumaire an IV au 18 Brumaire an VIII. Il s'agit de la seconde tentative pour créer un régime stable car constitutionnel. La pacification de l'ouest, la fin de la première coalition permettent l'établissement d'une nouvelle constitution. Pour la première fois en France, le pouvoir législatif repose sur un parlement bicaméral : le Conseil des Cinq-Cents (500 membres) et le Conseil des Anciens (250 membres). Le pouvoir exécutif est un directoire de cinq personnes nommées par le conseil des Anciens sur une liste fournie par le Conseil des Cinq-Cents. Les ministres et les cinq directeurs ne sont pas responsables devant les assemblées, mais ils ne peuvent non plus les dissoudre. Comme en 1791, aucune procédure ne permet de résoudre les conflits[47].

Le conseil des Cinq-Cents

Les Thermidoriens ont imposé que les deux tiers des élus soient issus de la Convention. Les régions de l'ouest, de la vallée du Rhône et de l'est du Massif Central élisent des députés royalistes. Pendant toute la durée du Directoire, l'instabilité politique est incessante. Les « réseaux de correspondance », royalistes mêlent le renseignement, la propagande et l'action politique. Ils quadrillent le pays avec le soutien des frères de Louis XVI et des puissances ennemies. Les partisans du retour à la monarchie remportent les élections de mars 1797. Les Républicains modérés organisent en septembre 1797 un coup d'état qui chasse deux des cinq directeurs et destitue ou invalide l'élection de 177 députés. En 1798, les élections semblent donner la faveur aux Jacobins. Les conseils s'octroient alors le droit de désigner les députés dans la moitié des circonscriptions. Les Thermidoriens se maintiennent au pouvoir mais sont totalement discrédités.

La situation économique contribue aussi à détourner les Français du régime. Les impôts ne rentrent plus. L'assignat, qui a perdu toute sa valeur, est remplacé par un autre papier monnaie, le mandat territorial, qui subit en un an le même sort que l'assignat. À partir de 1797, l'État demande aux contribuables de payer les impôts en numéraire. Or, avec la crise financière, la monnaie métallique s'est raréfiée. Après les années d'inflation liées à l'assignat, la France connaît une période de baisse de prix qui touche principalement le monde rural. Incapable de faire face à l'énorme dette accumulée par la monarchie absolue et huit années de révolution, les assemblées se résignent à la banqueroute des « deux tiers ». La France renonce à payer les deux tiers de sa dette publique mais consolide le dernier tiers en l'inscrivant dans le grand livre de la dette. Pour paraître crédible aux yeux des créanciers, un nouvel impôt sur les portes et fenêtres est créé en 1798. Les gendarmes sont réquisitionnés pour recouvrer l'impôt.

Bonaparte au pont d'Arcole

Grâce aux efforts du gouvernement de salut public, les armées françaises sont passées à l'offensive. Au printemps 1796, la France lance une grande offensive à travers l'Allemagne pour contraindre l'Autriche à la paix. Mais c'est l'armée d'Italie, commandée par le jeune général Napoléon Bonaparte, qui crée la surprise en volant de victoire en victoire et en forçant l'Autriche à signer la paix par le traité de Campo Formio du 17 avril 1797. Entre 1797 et 1799, presque toute la péninsule italienne est transformée en république sœur avec des régimes et des institutions calquées sur la France. Si les victoires soulagent les finances du Directoire, elles rendent le pouvoir de plus en plus dépendant de l'armée. Bonaparte devient l'arbitre des dissensions politiques intérieures. L'expédition en Égypte a comme objectif de couper la route des Indes au Royaume-Uni, mais les directeurs ne sont pas mécontents d'éloigner l'encombrant soutien du Corse qui ne cache pas son appétit de pouvoir.

La multiplication des républiques sœurs inquiète les grandes puissances, Russie et Royaume-Uni en tête, qui craignent la contagion révolutionnaire et une trop forte domination de la France sur l'Europe. Ces deux États sont à l'origine de la formation de la deuxième coalition en 1798. Les offensives anglaises, russes et autrichiennes sont repoussées par les armées françaises dirigées par Brune et Masséna.

Le Directoire prend fin par le coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) de Napoléon Bonaparte qui déclare « Citoyens, la révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée, elle est finie ». Le Consulat est mis en place, un régime autoritaire dirigé par trois consuls, dont seul le premier détient réellement le pouvoir : la France entame une nouvelle période de son histoire en s’apprêtant à confier son destin à un empereur.

Notes et références

  1. Réflexions sur la Révolution de France
  2. notamment E. Le Roy Ladurie[réf. souhaitée]
  3. c'est ce qu'on appelle l'imputation au politique
  4. voir Le Roy Ladurie Histoire Humaine et Comparé du Climat tome 2
  5. Nicole Hochner, Louis XII: les dérèglements de l'image royale, 1498-1515, éd. Champ Vallon, 2006, pp.24-25, en ligne
  6. François Furet et Denis Richet, La Révolution Française, Hachettes littératures, 2008, tome 1, p. 70
  7. Les cahiers de doléances évoquant l'amour paternel évoquent « un roi juste et bienfaisant comme un père au milieu de ses enfants », « un père chéri de ses enfants est bien assuré de leur secours », « le père du peuple et régénérateur de la France »; cité par Pierre Goubert et Michel Denis, 1789, Les Français ont la parole, extraits des cahiers de doléances, éd. Julliard, coll Archives, 1964
  8. Joël Cornette, L'image qui tue : du père du peuple au « roi-cochon », in L'Histoire n°303, 11/2005
  9. Pascal Perrineau, Dominique Reynié, Sandrine Lefranc (collectif), Dictionnaire du vote, Presses universitaires de France, 2001, p. 426.
  10. Moniteur Universel, 25 juin 1789, « Extrait des débats », p. 48 ; Sur la construction de cette phrase historique voir l'article de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale.
  11. Jacques Proust, Diderot et l'Encyclopédie, 1967.
  12. Dominique Soulas de Russel, Robert-Thomas Lindet, Comité régional d'histoire de la Révolution française (Haute-Normandie, Un révolutionnaire normand fidèle aux siens, à son terroir et à ses convictions, 4997, p. 168
  13. Procédure criminelle instruite au Châtelet de Paris sur la dénonciation des faits arrivés à Versailles dans la journée du 6 octobre 1789, 1790, Archives nationales
  14. Institutions et vie politique, la Documentation française, 2003
  15. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac La Révolution française Librairie Félix Alcan 1930, p. 98
  16. La déclaration de Pillnitz, ne s’accompagne d’aucune mesure précise, se limitant à désigner le danger qui menace le trône de Louis XVI en invitant les autres souverains à joindre leurs forces aux leurs : «  alors et dans ce cas » ils passeraient à l’action ; mais tout ceci était soumis à une entente éventuelle avec d’autres puissances européennes. François Furet Denis Richet, La Révolution française Fayard 1973, p.146
  17. Jean-Paul Bertaud, La Révolution française, Perrin, 1989 réédition collection. Tempus, 2004, p.126
  18. Le comte de Provence, notamment, est sommé de rentrer en France dans les deux mois, sous peine de perdre ses droits lors d’une régence éventuelle.
  19. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, op. cit., p.102
  20. C’est à dire des Feuillants qui sont au ministère et conseillent le roi ; ils sont divisés avec les Feuillants laméthistes (ou fayettistes) partisans d’une guerre limitée qui permettrait à Lafayette victorieux de renforcer sa position tout en renforçant la monarchie constitutionnelle en chassant les Jacobins.
  21. François Furet et Denis Richet, op. cit. p.148-149
  22. Après avoir longtemps hésités, les Constituants décrètent un référendum. Le vote étant positif ces états sont rattachés à la France.
  23. Jacques Godechot Les Révolutions, 1770-1799, P.U.F 1965 p.157
  24. Léopold II ne s’oppose pas à ce que Louis XVI demande à l’Électeur de Trèves de chasser les émigrés de ses possessions.
  25. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, op. cit., p.106
  26. Michel Winock L’échec au roi 1791-1792. Olivier Orban, 1991 p.151
  27. Jean-Paul Bertaud La Révolution française Perrin, 2004 p.143-144
  28. Frédéric Bluche, Stéphane Rials, Jean Tulard La Révolution française PUF, 2007 p.71
  29. Georges Lefebvre, Raymond Guyot, Philippe Sagnac, op. cit., p.110
  30. L’armée est aussi en proie au conflit politique et social qui oppose la troupe et le commandement aristocratique ; la confiance n’existe plus et la discipline s’en ressent Albert Soboul Histoire de la révolution française, tome 1. Collection Idée - Gallimard 1962, p. 284.
  31. Albert Mathiez Le dix août Les Éditons de la Passion 1989, p. 18-19
  32. Jacques Godechot La révolution française Perrin 1988, p.105.
  33. Cette proclamation, qui ne sera annoncée à Paris que les 22 et 23 juillet, à pour but de provoquer de nouveaux enrôlements dans les volontaires nationaux et de pousser les autorités à organiser elles-mêmes la défense. Jacques Godechot La révolution française op. cit., p.108
  34. Ernest Lavisse Histoire de France contemporaine – La Révolution – Tome I, Hachette 1920, p.376
  35. Michel Vovelle La Chute de la monarchie (1787-1792) Seuil 1972, p.261
  36. Albert Mathiez La Révolution française Librairie Armand Colin 1922, p.211
  37. Jean Massin Robespierre Club français du livre 1956, p.123
  38. Les blessés sont achevés alors que la plus grande partie des serviteurs du palais sont massacrés et que seules les femmes sont épargnées. Quelques gentilshommes, habillés en civil, arriveront à s’échapper en se mêlant à la foule.
  39. Michel Vovelle La Chute de la monarchie (1787-1792) op. cit. p.262
  40. Roger Dupuy La République jacobine - Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire - Seuil 2005, p.12
  41. C’est en fait pratiquement l’ensemble du gouvernement patriote (Girondin) du mois de mars 1792 qui est reconduit : Roland à l’Intérieur, Clavière aux Finances, Servan à la Guerre, auxquels on ajoute Danton à la Justice Monge à la Marine et Lebrun-Tondu aux Affaires étrangères.
  42. Jean-Clément Martin La France en Révolution 1789-1799 Édition Belin 1990 p.134
  43. Michel Vovelle La Révolution française tome III Éditions Messidor 1986, p.157
  44. Bernardine Melchior Bonnet La Révolution française – 1789-1799 – Librairie Larousse 1988, p.57
  45. Frédéric Bluche Septembre 1792 : logiques d’un massacre Laffont 1986, p.93-94-95
  46. Après le 9-Thermidor (27 juillet 1794) et, malgré l’amnistie décrétée par la Convention avant sa séparation, l’instruction des massacreurs suivra son cours et trente neuf seront jugés en mai 1796. Trois seulement seront condamnés à vingt ans de fers. Frédéric Bluche op. cit. p.210
  47. Institutions et vie politique, la documentation française, 2003

Bibliographie

Pour se familiariser avec la période

  • Elie Allouche, 99 questions sur la Révolution française, Montpellier, CRDP, 2005
  • Jacques Godechot, La Révolution française : chronologie commentée, suivie de notices biographiques sur les personnages cités, Perrin, Paris, 1988.
  • Alain Decaux raconte la Révolution française aux enfants, Perrin, 1988 et 2001
  • Jean-Paul Bertaud, Initiation à la Révolution française, Paris, 1989
  • Jean-Clément Martin, La Révolution française, Mémo seuil, 1996.
  • Jean-Clément Martin, La Révolution française, Le Cavalier Bleu, Idées reçues, 2008 (ISBN 2846701877)
  • Jean-Marc Schiappa, La Révolution française, 1789-1799, Librio, 2005
  • Jean Carpentier et François Lebrun, Histoire de France, Points Histoire Seuil, 2000 (permet de restituer la période dans son contexte général)
  • Michel Vovelle, La Révolution française expliquée à ma petite-fille, Seuil, 2006 (ISBN 2020812452)

Instruments de travail

  • Atlas de la Révolution française, EHESS.
  • Marc Bouloiseau, La République jacobine (10 août 1792-9 thermidor an II), Seuil, Paris, 1972.
  • Roger Dupuy, La République jacobine. Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire, , tome 2 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, Seuil, 1972
  • François Furet et Mona Ozouf (sous la direction de), Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, 1988 (existe en poche, collection Champs, 1992 avec compléments).
  • François Furet, Histoire de France, t. III : La Révolution:, Hachette, Paris, 1989.
  • Jacques Godechot, Les Révolutions, coll. Nouvelle Clio, P.U.F., Paris, 1986.
  • Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, Messidor, 1983.
  • Michel Perronnet, Les 50 mots-clés de la Révolution française, Privas, 2005.
  • sous la direction d'Albert Soboul, Dictionnaire historique de la Révolution française, édité par Jean-René Suratteau, François Gendron, Presses Universitaires de France, Paris, 1989, réédition Quadrige, 2005.
  • Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1987,1998 [détail de l’édition]
  • Michel Vovelle, La Chute de la monarchie, , tome 1 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, Seuil, Paris, 1972.
  • Georges Walter, Répertoire de l’histoire de la Révolution française, travaux publiés de 1800 à 1940 ; t. I, « Personnes » ; t. II, « Lieux », Paris, 1941 - 1945 (2 vol.).
  • Denis Woronoff, La République bourgeoise de thermidor à brumaire, tome 3 de la Nouvelle histoire de la France contemporaine, Seuil, Paris, 1972.

Grandes problématiques

  • Jean-Pierre Jessenne, Histoire de la France: Révolution et Empire, Paris, 1993.
  • Jean-Clément Martin, La France en Révolution, Paris, 1990 (réédité en 2004 sous le titre : La Révolution française, une histoire sociopolitique).
  • Michel Biard et Pascal Dupuy, La Révolution française - Dynamiques, influences, débats -, Paris, 2004.
  • Frédéric Bluche, Stéphane Rials et Jean Tulard, « La Révolution française » (édition PUF, collection Que sais-je)(2004).
  • Raymonde Monnier dir., « Révoltes et révolutions en Europe et aux Amériques de 1773 à 1802 », Paris, Ellipse, 2004.

Aspects historiographiques

  • François Furet, Penser la Révolution française, Gallimard, Paris, 1978, réédition Folio histoire, 1985.
  • Jean-Clément Martin, Violence et Révolution. Essai sur la naissance d'un mythe national, Éditions du Seuil, 2006 (ISBN 2020438429). Lire une recension de ce titre.
  • Jean-Clément Martin, La Révolution française, historiographie dans l’Encyclopédie Universalis.
  • Albert Soboul (sous la direction de), Dictionnaire historique..., (opus citatum).
  • Albert Soboul, Comprendre la Révolution française, Paris, 1981, recueil d’articles.
  • O. Bétourné, I. Aglaia Hartig, Penser l’histoire de la Révolution française, deux siècles de passion française, La Découverte, 1989. ( Une lecture critique des écrits de François Furet et une étude des travaux marquants sur la Révolution ).
  • Jacques Godechot, Un jury pour la Révolution, Paris, Robert Laffont, 1974. ( L'auteur analyse les ouvrages de quatorze écrivains, formant ce jury, traitant de la Révolution française. Il s'agit de: Alphonse de Lamartine, Thomas Carlyle, François-Auguste Mignet, Adolphe Thiers, Jules Michelet, Edgar Quinet, Alexis de Tocqueville, Louis Blanc, Heinrich von Sybel, Hippolyte Taine, Alphonse Aulard, Jean Jaurès, Albert Mathiez et Georges Lefebvre ).
  • Alice Gérard, La Révolution française, mythes et interprétations, 1789-1970, Flammarion, coll. Questions d'histoire, 1970 ( Une somme historiographique en 140 pages)
  • Jacques Solé, La révolution en questions, Paris, Éd. du Seuil, coll. « Points-Seuil», 1988.
  • Alfred Fierro, Historiographie de la Révolution française, in « Jean Tulard, Jean-François Fayard et Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française. 1789-1799», (opus citatum).

La Révolution et les arts

  • François Souchal, Le vandalisme de la Révolution, Paris: Nouvelles Éditions Latines, 1993
  • Philippe Bourdin et Gérard Loubinoux, Les Arts de la scène & La Révolution française, Clermont-Ferrand/Vizille, Presse Universitaire Blaise-Pascal/Musée de la Révolution française de Vizille, 2003
  • Alessandro Di Profio, La Révolution des Bouffons. L'opéra italien au Théâtre de Monsieur (1789-1792), Paris, CNRS Éditions, 2003

Voir aussi

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