- Fete de la Federation
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Fête de la Fédération
On désigne particulièrement sous le nom de Fête de la Fédération la fête qui fut célébrée au Champ-de- Mars de Paris, le 14 juillet 1790, premier anniversaire de la prise de la Bastille. On y vit réunis les députés des 83 départements, au nombre de 60 000. Louis XVI assista à cette fête, et y prêta serment à la Nation et à la loi.
L'enthousiasme y fut porté à son comble. Une seconde fédération eut lieu le 14 juillet 1792 ; mais l'union et l'entraînement qui avaient signalé la première avaient déjà fait place aux méfiances. Pendant les Cent-Jours (1815), on tenta de renouveler les anciennes fédérations à Paris et dans la Bretagne, mais sans aucun résultat.
Sommaire
Les Fédérations
À l’imitation des fédérations régionales de gardes nationales qui avaient commencé dans le Midi dès août 1789 et s’étaient étendues à toute la France, La Fayette, commandant de la Garde nationale de Paris, fait organiser à Paris pour l’anniversaire de la prise de la Bastille une fête nationale de la Fédération.
Fête de la Fédération de Lyon, le 30 mai 1790
Le 30 mai 1790, la municipalité de Lyon organise une grande fête civique : les 28 bataillons de la garde nationale de Lyon et des délégations des départements voisins défilent et s'assemblent dans le « Grand-Camp », à l'extérieur de la ville dans la plaine des Brotteaux, où l'on a construit pour l'occasion un temple de la Concorde et un rocher surmonté par une statue de la liberté portant d'une main une pique surmontée du bonnet phrygien et de l'autre une branche d'olivier. Un vaste public est spectateur. Une messe est célébrée par le curé constitutionnel de la paroisse Saint-Georges, l'abbé Benoît-Nizier Servier[1]. Le serment suivant est prononcé :
- Nous, députés des détachements des différentes gardes nationales rassemblées sous les murs de Lyon, pénétrés de l'importance de la mission sacrée qui nous a été confiée par nos commettants,
- Jurons sur l'autel de la patrie, et en présence de l'Être suprême, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution du royaume, d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, d'exécuter et de faire exécuter les décrets de l'Assemblée nationale, sanctionnés ou acceptés par le roi.
- Nous jurons d'être inviolablement attachés a ce grand principe de la liberté individuelle, de protéger les propriétés particulières et les propriétés déclarées nationales, d'assurer la perception de tous les impôts ordonnés pour le maintien de la force publique, d'entretenir la libre circulation des subsistances dans toute l'étendue du royaume, de maintenir, partout où nous serons appelés, l'ordre et l'harmonie, sans lesquels les sociétés se détruisent au lieu de se perpétuer.
- Nous jurons enfin de regarder comme ennemis irréconciliables tous ceux qui tenteraient de porter atteinte à la nouvelle Constitution ; et nous reposant avec confiance sur la Providence qui soutient notre patriotisme, nous promettons de sacrifier nos fortunes et nos vies pour conserver à nos descendants cette liberté après laquelle nous soupirions depuis si longtemps[2].
Fête de la réconciliation et de l’unité
En 1790, l’Assemblée voulut que cette première commémoration du 14 juillet 1789 soit la fête de la réconciliation et de l’unité de tous les Français.
Aménagement du Champ-de-Mars
Dès le 1er juillet 1790, 1 200 ouvriers commencèrent les travaux de terrassement. Ils étaient nourris mais mal payés et, quand on leur reprochait leur lenteur, ils menaçaient de quitter le chantier. Il s’agissait de transformer le Champ-de-Mars en un vaste cirque, d’une capacité de 100 000 spectateurs, au centre duquel s’élevait l’autel de la Patrie. On fit appel à la bonne volonté des Parisiens. Ils répondirent en masse. Louis XVI vint de Saint-Cloud donner un coup de pioche, La Fayette, en manches de chemise travailla comme un ouvrier. Bientôt ce fut une fourmilière humaine, où les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine côtoyaient les nobles, où les moines côtoyaient les bourgeois, où les courtisanes donnaient la main aux dames des beaux quartiers. Les charbonniers, les bouchers, les imprimeurs vinrent avec leurs bannières décorées de tricolore. On chantait gaiement le Ah! ça ira et autres couplets patriotiques. Les soldats se mêlaient aux gardes nationaux. On hébergeait les fédérés venus de la province ; ils étaient au moins 50 000.
Fête de la Fédération
La Fête de la Fédération eut lieu le 14 juillet 1790, pendant la Révolution française, un an jour pour jour après la prise de la Bastille. Les fédérés défilèrent avec leurs tambours et leurs drapeaux ; ils étaient 100 000, y compris ceux de Paris. Les Parisiens prirent place sur les talus que l’on avait élevés autour de l’esplanade. Louis XVI arriva de Saint-Cloud et prit place dans le pavillon dressé devant l’École militaire. La participation de la foule fut immense, très enthousiaste, malgré le mauvais temps. La messe est célébrée par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d’Autun. La Fayette, en grand uniforme, arriva sur un cheval blanc et monta sur l’estrade. Louis XVI prêta serment à la Nation et à la loi, la multitude le répéta et l’on entonna un Te Deum , puis on se sépara au milieu des embrassements et des vivats dont beaucoup s’adressaient à Louis XVI. À l’étranger, dans plusieurs villes, notamment à Hambourg, on célébra l’anniversaire de la prise de la Bastille.
C’est le 6 juillet 1880 que le 14 juillet devint officiellement jour de la Fête nationale française, sur proposition du député Benjamin Raspail, en mémoire de la fête de la fédération.
Postérité
L'historien Jules Michelet lui consacre deux longs chapitres de son Histoire de la Révolution française[3], contre un petit chapitre pour Edgar Quinet[4] et quelques pages pour Adolphe Thiers[5]
Plus récemment, Mona Ozouf consacre un chapitre entier à cette seule fête dans La fête révolutionnaire, 1789-1799[6].
La Fête de la Fédération a donné lieu à une importante iconographie. Hubert Robert, Charles Thévenin, François Louis Swebach-Desfontaines, Jean-François Janinet et Pierre-Antoine Demachy l'ont représentée.
Voir aussi
Notes et références
- ↑ Jean-Baptiste Monfalcon, « Histoire de la ville de Lyon », Volume 2, Guilbert et Dorier, 1847, pp.884-885
- ↑ A. Ray, « Réimpression de l'ancien Moniteur: seule histoire authentique et inaltérée de la révolution française depuis la réunion des Etats-généraux jusqu'au consulat (mai 1789-novembre 1799) », volume 4, H. Plon, 1860, p.550
- ↑ Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, Paris, Chamerot, 1847, tome II, livre III, chapitre XI : « De la religion nouvelle. Fédérations (juillet 89-juillet 90) » et chapitre XII : « De la religion nouvelle. Fédération générale (14 juillet 1790) », p. 161-195.
- ↑ Edgar Quinet, La Révolution, Paris, A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1866, tome 1, livre sept : « Varennes », chapitre 1 : « Fédération », p. 251-253
- ↑ Adolphe Thiers, Histoire de la révolution française, Bruxelles, J. P. Meline, 1834, tome 1, chapitre V, p. 167-175
- ↑ Mona Ozouf, La fête révolutionnaire, 1789-1799, Paris, Gallimard, 1976, chapitre II : « La fête de la Fédération : le modèle et les réalités ».
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