Langue roumaine

Langue roumaine

Roumain

Roumain
Română
Parlée en Roumanie, République de Moldavie, Russie, Ukraine, Serbie, Hongrie, Balkans, Canada, États-Unis, Allemagne
Nombre de locuteurs 25-30 millions, 24 millions natifs
Typologie SVO + OSV [2] Syllabique
Classification par famille
(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel
Langue officielle de Roumanie, République de Moldavie, Serbie-et-Monténégro (Voïvodine)
Régi par Academia Română
Codes de langue
IETF (en) ro
ISO 639-1 ro
ISO 639-2 rum (B), ron (T)
ISO/DIS 639-3 (en) ron
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL RUM
Échantillon

Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'Homme (voir le texte en français)
Articolul 1. Toate fiinţele umane se nasc libere şi egale în demnitate şi în drepturi. Ele sunt înzestrate cu raţiune şi conştiinţă şi trebuie să se comporte unele faţă de altele în spiritul Frăţiei.

Le roumain (limba română /'limba ro'mɨnə/ ou româneşte /ro'mɨneʃte/) est une langue appartenant au groupe des langues romanes orientales de la branche romane de la famille des langues indo-européennes. Il est parlé par plus de 30 millions de locuteurs, principalement en Roumanie et Moldavie. Appelé daco-roumain par les linguistes scientifiques, il est officiellement dénommé roumain en Roumanie, et moldave en République de Moldavie (limba moldovenească /'limba mol'doveněaskə/).

Une grande partie du vocabulaire roumain de base est issue directement du latin (80%-85% du vocabulaire total). Mais il existe également un substrat thrace - ~60 ou 300 mots - antérieur à la conquête romaine (voir Origine des roumanophones), un superstrat slave - 10% ou 15% des mots, et un apport de mots français entre 1850 et 1950 encore plus superficiel que le superstrat slave. Le fond de base est latin.

L'orthographe du roumain est, à l'instar de celle de l'italien, très simple, car phonétique : à chaque phonème correspond une lettre. Pour des phonèmes que d'autres langues écrivent avec plusieurs lettres, le roumain utilise des diacritiques. Il y a cependant quelques exceptions : les sons /ke/, /ki/, /ge/ et /gi/ s'écrivent che, chi, ghe et ghi - trois lettres pour seulement deux phonèmes. Pour les deux premières il est possible d'utiliser la lettre k au lieu de ch mais elle ne fait pas normalement partie de l'alphabet, sauf pour kilogramme, kilomètre et autres mots de la même famille.

Pétition des Valaques de Transylvanie (en latin)

Sommaire

Classification et langues apparentées

Le roumain est une langue indo-européenne appartenant au groupe langue latine ou latin et à la famille orientale de ce groupe. Il a beaucoup de traits en commun avec le français, l'italien, l'espagnol et le portugais.

Mais les langues les plus proches du roumain sont les autres langues romanes orientales parlées au sud du Danube :

Roumain et langues apparentées:
en gris = zone de rencontre inter-linguistique (tranhumance)
en blanc = daco-roumain
en vert = istrien et dalmate
en jaune = aroumain
en orange = mégléno-roumain

Certains linguistes roumains revendiquent également le dalmate comme appartenant à ce groupe.

Le nom que les linguistes utilisent pour identifier le roumain de manière indépendante des POV politiques, est daco-roumain ou daco-roman, qui fait référence à la zone où il est parlé (correspondant en gros à l'ancienne province romaine de Dacie et à son voisinage). Le daco-roumain, nommé officiellement roumain en Roumanie (română, limba română) et moldave en Moldavie (limba moldovenească) est partiellement attesté au XIIe s., complètement attesté au XVe s. Les superstrates slave et turc restent d'importance faible et le roumain s'avère assez conservateur ; c'est en cela qu'il est relativement différent des autres langues romanes et dissymétrique par rapport à elles (il est beaucoup plus facile à un roumanophone de comprendre l'italien ou le français, que l'inverse); il est langue co-officielle en Voïvodine serbe, mais est également parlé en Serbie (Portes de Fer et vallée du Timoc). Des minorités roumanophones vivent également en Ukraine, et une importante diaspora vit depuis les années 2000-2005 en Espagne et en Italie.

Le roumain parlé en République de Moldavie a été appelé moldave par les autorités soviétiques. Les autorités post-soviétiques l'ont reconnu comme étant du roumain. Dans la déclaration d'indépendance de la république de Moldavie, en 1991, il est défini comme limba română ("roumain"). Quelques années plus tard et après l'échec du référendum d'unification avec la Roumanie, les autorités moldaves sont revenues à l'appellation soviétique de moldave, mais les linguistes ne reconnaissent pas le roumain et le moldave comme des langues différentes.

Origine du vocabulaire

  • 80 - 85% mots romans (latins)
    • 35,33% hérités du latin, donnant la plupart du vocabulaire de base
    • 15,26% empruntés au latin (mots savants)
    • 22,12% du français
    • 3,95% de l'italien
    • 3,91% formations internes (la plupart d'origine latine)
  • 10,17% slaves
    • 6,18% slave ancien
    • 2,6% bulgare moderne
    • 1,12% russe
    • 0,85% serbe et croate
    • 0,23% ukrainien
    • 0,19% polonais
  • 2,47% allemand
  • 1,7% grec moderne
  • 0,96% substrat dace probablement
  • 1,43% hongrois
  • 0,73% turc
  • 0,07% anglais (en croissance rapide)
  • 0,19% onomatopées
  • 2,71% origine incertaine ou inconnue

Exemples

Exemples de mots

Voici quelques mots intéressants qui se retrouvent en français aussi avec la même signification ou pas :

Français Roumain Prononciation standard Mot français de même origine
pays ţară ['tsa.rə] terre
terre pământ [pə'mɨnt] pavé (latin pavimentum)
ciel cer [ʧer] ciel
eau apă ['a.pə] eau (latin aqua)
feu foc [fok] feu
homme(*) om [om] homme
homme bărbat [bər'bat] barbu
femme femeie [fe'me.je] (ie : diphtongue) féminin, femelle
mou moale ['mǒa.le] (oa : diphtongue) mou (latin mollis, -e)
manger a mânca [a.mɨn'ka] manger
boire a bea [a'běa] (ea : diphtongue) boire
mer mare ['ma.re] mer
petit mic [mik] mie
nuit noapte ['nǒap.te] (oa : diphtongue) nuit
jour zi [zi] -di (lundi, mardi, etc. - latin dies)
front frunte ['frun.te] front
tempe tâmplă ['tɨm.plə] tempe
temple templu ['tem.plu] temple
menuisier tâmplar [tɨm'plar] templier

(*) homme au sens de "être humain" seulement

Exemples de phrases

en français :

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
(Déclaration Universelle des Droits de l'Homme)

Roumain contemporain - les mots en surbrillance sont des emprunts au français ou à l'italien :

Toate fiinţele umane se nasc libere şi egale în demnitate şi în drepturi. Ele sunt dotate cu raţiune şi conştiinţă şi trebuie să se comporte unele faţă de altele în spiritul fraternităţii.

Roumain, avec des mots en surbrillance qui sont des emprunts slaves :

Toate fiinţele omeneşti se nasc slobode şi deopotrivă în destoinicie şi în drepturi. Ele sunt înzestrate cu cuget şi înţelegere şi trebuie să se poarte unele faţă de altele după firea frăţiei.

Roumain, sans emprunts, avec seulement des mots hérités du latin ou dérivés de tels mots :

Toate fiinţele omeneşti se nasc nesupuse şi asemenea în preţuire şi în drepturi. Ele sunt înzestrate cu cuget şi înţelegere şi se cuvine să se poarte unele faţă de altele după firea frăţiei.

Phrases communes

Français Roumain Transcription phonétique Traduction mot à mot
Salut ! Salut! /sa'lut/ -
Salut ! Bună! /'bu.nə/ (elle est) Bonne (la journée) !
Comment t'appelles-tu ? Cum te cheamă? /'kum.te'kěa.mə↘/ Comment on t'appelle ?
Comment vous appelez-vous ? Cum vă numiți? /'kum.və.nu'miʧʲ↘/ Comment vous vous nommez ?
Comment vas-tu ? Ce mai faci? /'ʧe.maj.faʧʲ↘/ Que encore fais-tu ?
Au revoir ! La revedere! /la.re.ve'de.re/ -
À plus tard ! Pa! /pa/
S'il vous plaît. Vă rog. /və'rog/ Je vous en prie. (latin rogare).
Je suis désolé(e). Îmi pare rău. /ɨmʲ'pa.re'rəǔ↘/ (ceci/il) me paraît mal.
Merci. Mulțumesc. /mul.ʦu'mesk/ -
Oui. Da. /da/ -
Non. Nu. /nu/ -
Je ne comprends pas. Nu înțeleg. /'nu.ɨn.ʦe.leg↘/ -
Où sont les toilettes ? Unde e toaleta? /'un.de.je.to.a'le.ta↘/ Où est le WC ? ?
Parlez-vous français ? Vorbiți franceza ? /vor'biʦʲ.fraŋ'ʧe.za↗/ Parlez-vous le français ?
Parlez-vous roumain ? Vorbiți românește ? /vor'biʦʲ.ro.mɨ'neʃ.te↗/ Parlez-vous de manière roumaine ?
Très bien. Foarte bine. /'fǒar.te'bi.ne/ Fort bien.
Comme je suis content(e) de te revoir ! Ce mă bucur că te văd din nou! /'ʧe.mə'bu.kur.kə.te'vəd.din'noǔ/ Qu'est-ce que je me réjouis que je te vois (de nouveau) !

Le terme de "roumain"

Article détaillé : Étymologie du nom « Roumanie ».

La lettre du marchand Neacşu, de 1521 est le plus ancien document écrit en roumain qui se soit conservé. La Valachie y est nommée Ţeara rumânească (Ţara Românească en roumain moderne). Historiquement, c'est la première apparition de la forme "rumân" pour désigner la langue parlée.

Bien que les habitants des trois voïvodats médiévaux de Transylvanie, Moldavie et Valachie se soient désignés comme "Transylvains" ("Ardeleni"), "Moldaves" ("Moldoveni") ou "Valaques" ("Munteni"), le nom de "roumain" ("rumâniască") pour désigner leur langue est attesté à partir du XVIe siècle par des sources concordantes. Ainsi, Francesco della Valle et Tranquillo Andronico notent respectivement 1532 et en 1534, que les 'valaques se désignent comme roumains" ("valachi nunc se rumanos vocant"), Francesco della Valle ajoutant même qu'en valaque, "parles-tu valaque ?" se dit: "Sti rominest ?" (en roumain moderne: "Ştii româneşte ?"). Après un voyage à travers les trois voïvodats en 1574, Pierre Lescalopier écrit que les habitants de ces pays "se considèrent comme descendants des Romains et appellent leur langue "roumounesque", c'est à dire "romaine". Enfin, Ferrante Capecci relate en 1575 que les habitants de ces pays se désignent comme "romanesci"[1]. Le terme "roumain" reste un endonyme jusqu'au XIXe siècle, mais cela ne signifie pas qu'il aurait été inventé au XIXe siècle[2] (comme on peut le lire ici où là, par exemple dans la littérature anglaise, allemande ou russe, notamment concernant la République de Moldavie).

Par ailleurs, au Moyen Âge, la dénomination ethno-linguistique rumân/român signifiait aussi «roturier», par opposition à boier ("boyard"), ce qui est logique, compte tenu du fait qu'après la chute de l'Empire romain, les plus anciens états de la région ont été soit dirigés par des Grecs (Empire byzantin), soit fondés par des peuples migrateurs (Slaves, Magyars...) tandis que la population autochtone latinophone était essentiellement rurale. Pendant le XVII-e siècle, lorsque l’institution du servage connaît une extension significative, rumân/român («roturier») revêt de plus en plus le sens de "serf"[3].

Dans un processus de différenciation sémantique pendant les XVII – XVIII siècles, la forme rumân, probablement la plus commune parmi les paysans, finit par identifier le sens de «serf», tandis que la forme "român" garda son sens ethnolinguistique[4]. Après l’abolition du servage par le Prince Constantin Mavrocordato en 1746, la forme "rumân", restant sans support socio-économique disparaît graduellement alors que la forme "român, românesc" s’établit définitivement.

Place du roumain dans la famille des langues romanes

Le territoire roumain fut anciennement habité par les Daces, un peuple indo-européen. Ils furent vaincus par l'Empire romain en 106 et les régions de la Dacie (Olténie, Banat, Transylvanie) devinrent provinces romaines. Dans les 165 années qui suivirent, il est prouvé qu'il y eut une colonisation romaine importante dans la zone, qui était en communication étroite avec le reste de l'Empire. Le latin vulgaire devint le langage de l'administration et du commerce.

Sous la pression des Daces libres et des Goths, l'administration romaine et les légions se retirèrent de la Dacie entre 271 et 275. La question de savoir si les Roumains sont les descendants de ces peuples qui abandonnèrent la zone et s'installèrent au sud du Danube, ou bien de la population qui resta en Dacie, est encore sujette à débat (voir Origine du peuple roumain).

Du fait de leur isolement géographique, le roumain et l'aroumain furent certainement les premières langue qui se séparèrent du latin, et qui, jusqu'aux temps modernes, ne furent pas influencés par les autres langues romanes, dont elles furent séparées. Cela expliquerait pourquoi le roumain, concernant la morphologie des noms, est plus conservateur que les autres langues romanes. Le roumain a gardé la déclinaison, mais tandis que le latin a six cas, le roumain n'en a gardé que cinq : le nominatif, l'accusatif, le datif, le génitif et le vocatif, Il a aussi gardé un neutre, mais qui se forme en combinant le masculin singulier et le féminin pluriel. Cependant, la morphologie du verbe roumain a évolué vers un parfait et un futur composés, comme dans les autres langues romanes.

Carte des Balkans avec les régions habitées par les daco-roumains, les Istro-roumains, les Aroumains dits Valaques et les Mégléno-Roumains

On pense que le roumain était unitaire jusqu'à la période située entre le VIIe siècle et le Xe siècle, lorsque la zone fut influencée par l'Empire byzantin. Le roumain subit à cette époque l'influence de la langue slave. L'aroumain par contre possède très peu de mots slaves. En outre, les variations dans le dialecte daco-roumain (parlé dans toute la Roumanie et en République de Moldavie respectivement sous les noms de "roumain" et de "moldave") sont très faibles, ce qui est vraiment remarquable. L'usage de ce dialecte daco-roumain dépasse largement les frontières de l'État de Roumanie : un roumanophone de la République de Moldavie parle la même langue qu'un roumanophone du Banat serbe. Cette unité linguistique, bien antérieure à l'unité politique de la Roumanie (commencée en 1859 et achevée en 1918) est due à l'importance du pastoralisme et de la transhumance dans l'économie ancienne roumaine.

Si les roumanophones ont beaucoup communiqué entre eux, le roumain s'est développé isolément par rapport aux autres langues romanes. C'est la raison pour laquelle il a été influencé par les langues slaves (pour cause de migration/assimilation, et de relations féodales/religieuses), par le grec moderne (surtout à l'époque des Phanariotes), le turc, et le hongrois, alors que les autres langues romanes ont adopté des mots et des caractéristiques germaniques.

Les premières attestations des roumains se désignant eux-mêmes avec le nom de “romain” ("român" en Roumain) datent du XVI siècle, alors que des humanistes italiens commencent à rendre des récits écrits sur leurs voyages en Transylvanie, Valachie et Moldavie.

Autres témoignages sur le nom que les roumains se donnaient eux-mêmes, notamment '"români" (Roumains), viennent à partir du XVI siècle des intellectuels ayant connu de très prés ou vécu en pays roumains.

C'est tardivement, à partir du XVIIIe siècle, que les termes de "Roumain" et "langue roumaine" ont été adoptés internationalement. Avant la création de l'État roumain moderne au milieu du XIXe siècle, les habitants roumanophones des principautés historiques de Transylvanie, de Moldavie et de Valachie, ainsi que ceux des régions voisines et des Balkans, étaient appelés "Valaques" (Walachen, Wallachians, Valacchi, Volokhs, Vlaques, Vlahi, Oláhok...), jusqu'à ce qu'Émile Ollivier et Élisée Reclus imposent la dénomination de l'endonyme "Roumains" (Rumänen, Romanians, rumeni, rumyny, roumanoi, románok...) dans un contexte où la France soutenait la constitution d'un État-"tampon" et "tête-de-pont" francophile entre l'Autriche-Hongrie, la Russie et l'Empire ottoman. Cet ancien termes de Valaques constituait un exonyme souvent péjoratif. Appeler un peuple par le nom non-péjoratif qu'il se donne lui-même (endonyme), est le principe de base de l'ethnonymie "politiquement correcte" (Roms plutôt que Tziganes ou Gitans, Inuits plutôt qu'Esquimaux, Roumains plutôt que Valaques, Moldaves ou Moldovalaques).

Contacts avec les autres langues

La langue dace

La langue dace était une langue indo-européenne parlée par les anciens Daces. Elle pourrait être la première langue à avoir influencé le latin parlé en Dacie, mais il y a peu de certitude. Il n'y a qu'à peu près 300 mots daces en roumain (dans tous les dialectes), qui se retrouvent aussi en albanais, beaucoup liés à l'activité pastorale (par exemple brânză = fromage), puis balaur = dragon, ou mal = rive; voir : substrat roman de l'est). Quelques linguistes ont supposé que les Albanais étaient des Daces non romanisés, et qu'ils avaient migré au sud.

Une autre façon de voir est que ces mots non latins ne sont pas forcément daces, mais qu'ils ont été plutôt apportés sur le territoire de la Roumanie moderne par des bergers parlant une langue romane, les Thraco-Romains, migrant depuis l'Albanie, la Serbie et le nord de la Grèce et qui sont devenus le peuple roumain. De toutes façons, le substrat roman de l'est apparaît comme avoir été une langue satem, alors que les langues paléobalkaniques parlées dans le nord de la Grèce (ancien macédonien) et en Albanie (illyrien) étaient plutôt des langues centum. Un possible rapprochement du dace avec la langue latine n'a pas pu être confirmé non plus, car le latin est une langue centum.

La vue communément admise est que le dace était une langue satem, comme l'était le thrace. Le dace était soit proche de l'albanais (qui est satem) voisin, ou des branches indo-européennes balto-slaves, soit un membre d'une branche distincte.

Union linguistique balkanique

Alors qu'une grande partie de la grammaire et de la morphologie du roumain est basée sur le bas latin, certaines caractéristiques ne sont partagées qu'avec d'autres langues des Balkans, et ne se retrouvent pas dans les autres langues romanes.

Les langues de ce groupe linguistique appartiennent à des branches de différentes langues indo-européennes : le bulgare et l'albanais, et dans certains cas le grec et le serbe.

Parmi ces similarités, il y a la postposition de l'article défini, la confusion entre cas génitif et datif, la formation du futur et du passé, et l'évitement de l'infinitif.

Langues slaves

L'influence slave fut d'abord due à la migration des tribus slaves, qui traversèrent le territoire de la Roumanie d'aujourd'hui pendant la formation de la langue roumaine. Les Slaves furent assimilés au nord du Danube, alors qu'ils assimilèrent complètement les populations roumaines (valaques) qui vivaient au sud du Danube. Une partie importante de cette population était encore valaque au Xe siècle, pour disparaître ensuite en même temps que la puissance politique valaque. Voir aroumain et mégléno-roumain pour plus de détails.

L'influence slave continua pendant le Moyen Âge, particulièrement parce que le slavon était la langue liturgique jusqu'au XVIIIe siècle. Les autres langues environnantes (toutes slaves, sauf le hongrois) ont aussi influencé le roumain.

Jusqu'à 20% du vocabulaire a une origine slave, y compris des mots comme : a iubi = aimer (on utilise aussi le nom "amor", emprunt relativement récent au latin ou à l'italien, et "a preţui" = apprécier, dérivé de "preţ" = prix, hérité du latin pretium, ou "a ţine la", hérité du latin tenem); glas = voix (on utilise "voce" d'habitude); nevoie = besoin (on utilise aussi "necesitate", emprunté au latin ou au français, et "cerinţă", dérivé du verbe "a cere", hérité du latin quaerere); prieten = ami (on utilise aussi "amic", emprunté au latin ou à l'italien); Malgré cela, de nombreux mots slaves sont devenus des archaïsmes et on estime à seulement 10% de mots slaves en roumain moderne.

D'autres influences slaves se rencontrent sur le plan phonétique et sur le plan lexical, par exemple le roumain a pris le da slave pour dire oui.

Autres influences

Bien avant le XIXe siècle, le roumain vint en contact avec d'autres langues. Les plus notables sont :

  • le grec (par exemple : folos < ófelos = utilité ; drum < dromos = route ; a chivernisi < kybérno = gérer ; talaz < thalassa = houle ; liman < limáni = abri côtier ; corabie < karávi = nef, voilier ancien ; proaspăt < prósfatos = frais ; prosop < prósopo = serviette-éponge)
  • le hongrois (par exemple : gând < gond = pensée ; oraş < város = ville ; a cheltui < költeni = dépenser ; a făgădui < fogadni = promettre ; viclean < hitlén = rusé ; marfa < márha = fret ; vama < vám = douane ; hotar < határ = limite territoriale)
  • le turc (par exemple : duşumea < duşme = parquet ; cutie < kutu = boîte ; papuc < papuç = pantoufle ; capac < kapak = couvercle ; cearşeaf < çarşaf = drap de lit)
  • l'allemand (par exemple : pârcălab < burgleiter = chambellan ; iarmaroc < jahrmarkt = foire ; meşter < meister = maître ouvrier ou artisan ; şine < schienen = rails ; şurub < schraube = vis ; şuncă < schinken = jambon ; graniţă < grenze = frontière).

Mots courants

Souvent les mots d'origine latine ont une prononciation proche du mot latin d'origine et sont semblables aux mots français:

  • frate = frère / fratern = fraternel / soră = sœur
  • apă = eau / acvatic = aquatique / ud = humide / înmuiat = mouillé
  • frig = froid / frigid = frigide
  • ochi = œil / ocular = oculaire / vedere = vue
  • ureche = oreille / auz = l'ouïe / aud = j'entends / auditiv = auditif
  • sunet = son / a cânta = chanter
  • a tăcea = se taire / tăcere = silence / tacit = tacite
  • bun = bon ou bienveillant / rău = mauvais ou méchant (du latin reus, coupable)
  • bucuros = joyeux / Bucureşti = Bucarest

Emprunts modernes

Depuis le XIXe siècle, de nombreux mots ont été empruntés aux autres langues romanes, particulièrement le français et l'italien (par exemple : birou < bureau ; pireu < purée ; avion ; exploata = exploiter, etc.) Il a été estimé que près de 38% des mots roumains sont d'origine française ou italienne. Avec les vocables hérités du latin et les mots empruntés à cette langue, on arrive à un total de 75 à 85% des mots roumains originaires directement ou indirectement du latin.

Certains mots sont même passés deux fois du latin au roumain, une fois au début de la formation de la langue (souvent des substantifs), la deuxième fois en tant que mots savants (souvent des adjectifs qui tiennent la place de dérivés inexistants de ces substantifs). Exemple :

  • apă = eau – acvatic = aquatique

Parfois il est apparu des synonymes par suite d'emprunts de mots romans occidentaux à côté de mots hérités du latin ou dérivés de tels mots. Exemple :

  • frate = frère > frăţesc, syn. fratern = fraternel

Plus récemment, un nombre important de mots anglo-saxons ont été empruntés (comme : gem < jam ; interviu < interview ; meci < match ; manager < manager). Ces mots ont un genre assigné en roumain, et respectent les règles de cette langue : "le directeur" se dit "managerul".

Distribution géographique

Le roumain dans le monde

On parle roumain surtout en Roumanie, en République de Moldavie, en Ukraine, en Hongrie, en Serbie, en Bulgarie, mais il y a des locuteurs roumains dans des pays comme le Canada, les États-Unis, l'Allemagne, Israël, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, principalement à cause de l'immigration après la Seconde Guerre mondiale.

Pays et territoires où l'on parle le roumain
Pays Locuteurs
(%)
Locuteurs
(natifs)
Population
(2005)
Asie
non officiel:
Israël 3,7% 250 000 6 800 000
Kazakhstan 1 0,1% 20 054 14 953 126
Russie 1 0,12% 178 000 145 537 200
Europe
Roumanie 91% 19 736 517 21 698 181
République de Moldavie ² 78,2% 2 649 477 3 388 071
Transnistrie ³ 31,9% 177 050 555 500
Voïvodine (Serbie) 1,5% 29 512 2 031 992
non officiel:
Timočka Krajina (Serbie) 4 5,9% 42 075 712 050
Ukraine 5 0,8% 327 703 48 457 000
Hongrie 0,08% 8 482 10 198 315
Amériques
non officiel:
Canada 0,2% 60 520 32 207 113
États-Unis 0,11% 300 000 281 421 906

1 Beaucoup sont des Moldaves déportés
² appelé "moldave en République de Moldavie" ; (données sans la Transnistrie et la ville de Tighina)
³ appelé "moldave" et écrit en cyrillique russe ; (l'indépendance de la Transnistrie n'est pas reconnue internationalement)
4 Officiellement divisés en Valaques et Roumains
5 Selon une étude Moldova Noastră (basée sur le dernier recensement ukrainien), il y a 409 000 roumains en Ukraine, divisés en "Roumains" (en Marmatie du nord ou Ruthénie transcarpathique, et en Bucovine du nord ou oblast de Cernivcy) et en "Moldaves" (en Podolie et en Bessarabie du sud ou Boudjak).

Statut officiel

Le roumain est la langue officielle de la Roumanie. En Voïvodine aussi le roumain est officiel à côté du serbe et des langues des autres minorités nationales, les droits des langues officielles étant théoriquement les mêmes. Par contre dans la Krajina orientale (vallée du Timok près des Portes de Fer, la minorité roumanophone, plus importante que celle de Voïvodine (42.000 locuteurs au lieu de 30.000) n'était pas reconnue jusqu'en 2006, et le serbe était obligatoire. Un accord est intervenu le 11 juin 2006[5]

Le roumain est également langue officielle en République de Moldavie mais sous la dénomination de moldave, et la langue de "communication inter-ethnique" dans cet état est officiellement le russe, ce qui, en pratique, dispense les Moldaves non-roumanophones (un tiers de la population) de connaître la langue officielle du pays.

Dans d'autres parties de la Serbie et en Ukraine, les communautés roumaines ont très peu de droits quant à l'usage et à la conservation de leur langue dans les écoles, la presse, l'administration et les institutions, mais ces pays se plaignent aussi que leurs langues ont très peu droit de cité en Roumanie.

Le roumain est l'une des cinq langues dans lesquelles se déroulent les services religieux au Mont Athos, parlé dans le skêtoi de Prodromos et Lacu (un skêtos est une communauté de moines ; skêtoi est le pluriel).

Le roumain est aussi l'une des langues officielles de l'Union européenne.

Il existe deux entités régulatrices officielles pour la langue roumaine: en Roumanie, c'est l'Académie roumaine, et en République de Moldavie, c'est l'Académie des Sciences. Depuis 1994, leurs décisions ne sont pas toujours coordonnées, et on note au contraire une tendance à accentuer artificiellement les différences.

Côté roumain, de nouveaux mots d'origine anglaise ou française ont été introduits dans la langue, et le sens de mots déjà existants a été modifié (par exemple, on a antrepriză au lieu d'"întreprindere", licenţă ne signifie plus "licence universitaire" mais "licence d'exploitation" à la place de "patentă", privată ne signifie plus "toilette" mais "privée").

Côté moldave, on a au contraire préservé les mots spécifiquement roumains plus anciens, mais en accentuant les régionalismes moldaves (par exemple curechi au lieu de "varză" pour le chou, graiul au lieu de "vorba" pour la parole, sfada au lieu de "cearta" pour la dispute, sfredel au lieu de "burghiu" pour la chignole...). Pour démontrer qu'il s'agit de langues différentes, un dictionnaire moldave-roumain a même été publié par la Moldavie sous la coordination du Pr. Vasile Stati, ce qui a provoqué, vu son coût, un tollé médiatique, compte tenu du fait que tous les roumanophones se comprennent intégralement mutuellement, les variétés régionales étant connues et comprises spontanément de tous les locuteurs.

Variétés régionales

Chez la plupart des linguistes roumains[6], le mot roumain désigne ce que les romanistes non-roumains appellent les langues romanes orientales. Dans cette acception, le roumain est une langue à quatre dialectes : au nord du Danube le daco-roumain dit "roumain" en Roumanie et "moldave" en République de Moldavie, et au sud du fleuve l'aroumain (dit aussi "macédo-roumain"), le mégléno-roumain et l'istro-roumain (ces deux derniers étant quasiment éteints). Selon d'autres linguistes[7], notamment non-roumains, les langues romanes orientales sont quatre langues à part, le daco-roman étant l'une d'elles, et les mots roumain et moldave désignant le daco-roman respectivement en Roumanie et République de Moldavie.

Quoi qu'il en soit, les linguistes considèrent tous que les variétés actuelles du daco-roumain ne sont pas des dialectes, mais des parlers. Les différences entre ces variétés sont en effet très minces, consistant en quelques douzaines de mots régionaux et quelques différences phonétiques. Deux locuteurs de parlers différents se comprennent totalement entre eux.

Parlers du daco-roumain (graiuri)
en bleu – parlers du sud ou valaques : oltéan, monténien et dicien;
en rouge – parlers du nord : banatéen, transylvain, maramuréchois et moldave

Ce sont :

  • les parlers du sud ou valaques (graiurile sudice, qu'il ne faut pas confondre avec les langues des "Valaques" du sud du Danube, différentes du daco-roumain) sont surtout parlés en Valachie et dans le sud de la Transylvanie ainsi qu'en Dobrogée : ce sont l'oltéen, le munténien et le dicien :
    • le parler oltéen (graiul oltenesc) est parlé surtout en Olténie et par la minorité roumaine de la région de Timok, en Serbie. La caractéristique notable de ce parler est l'usage du passé simple plutôt que celui du passé composé dans les autres parlers ;
    • le parler monténien (graiul muntenesc) qui a donné le roumain littéraire moderne, est à la base du roumain officiel actuel ;
    • le parler dicien (graiul dician)[8] est le roumain traditionnel de Dobrogée, à forte influence grecque médiévale ;
  • les parlers du nord (graiurile nordice) sont  :
    • le parler maramuréchois (graiul maramureşean), dans l'ancienne Marmatie ;
    • le parler transylvain (graiul ardelean ou ardelenesc), surtout en Transylvanie centrale ;
    • le parler banatéen (graiul bănăţean), dans l'ouest de la Roumanie (<t> écrit se prononce comme /ʧ/ devant une voyelle frontale) ;
    • le parler moldave (graiul moldovenesc) est le même en Moldavie roumaine, en République de Moldavie et au nord de la Dobrogée où il s'est mêlé au dicien lors de l'immigration de nombreux Moldaves fuyant l'annexion russe de 1812 (<p> écrit se prononce comme /k/ ; <c> écrit se prononce comme /ʃ/ devant une voyelle frontale, <ă> écrit en position finale est palatisé).

Les parlers régionaux ont bien sûr tendance à reculer face au roumain moderne standard, du fait des communications de masse et de la mobilité croissante de la population, même en république de Moldavie où les pouvoirs publics font pourtant tout ce qu'ils peuvent pour promouvoir le parler moldave. Dans la jeunesse et dans les média, on note une forte propension à emprunter des mots anglais tels quels (par exemple hard-disk, mouse, printer, fashion, eye-liner...), sans les introduire dans la langue en les adaptant ou en les traduisant, comme on le faisait jadis (par exemple dans meci et tramvai pour match et tramway, ou dans duplicator pour photostater/photocopieur - d'ailleurs plutôt que duplicator, on emploie communément xerox).

La "langue moldave"

Article détaillé : moldave.

Selon l'article 12 de sa constitution, la République de Moldavie a pour "langue d'état" (mais non "de communication inter-ethnique") le moldave, officiellement défini comme "différent du roumain", bien que ses locuteurs et les autres roumanophones de Roumanie se comprennent spontanément et complètement sans traducteur ni dictionnaire. Le parler moldave ayant précédé l'unification du daco-roumain autour du parler monténien, l'Académie des Sciences de Moldavie affirme que "la langue moldave a précédé le roumain" et que "s'il y a une langue-mère, le moldave l'est certainement davantage que le roumain" (Vasile Stati). Les linguistes et les historiens moldaves, opposés à ce point de vue officiel (Anatol Eremia, Nicolae Chetraru, Anatol Petrencu), ont été qualifiés d'"agents de l'impérialisme culturel roumain"[9].

Du point de vue strictement linguistique, dialectologique et sociolinguistique, roumain et moldave sont une seule et même langue ausbau, c’est-à-dire une langue dont les dialectes passés ou actuels présentent assez de traits structurels communs scientifiquement établis pour constituer une langue unitaire. Le terme le plus adéquat, parce que le plus neutre, pour cette langue, est daco-roman ou Daco-Roumain, membre d'une entité linguistique supérieure, le diasystème roman de l'est ou ERO (ensemble roman oriental), dont font partie aussi l'aroumain, le mégléno-roumain, l'istro-roumain, et peut-être le dalmate (éteint ; pour ce dernier, il y a controverse).

Ainsi, les linguistes scientifiques s'accordent à admettre que le fond lexical de base et la structure grammaticale du parler moldave et du daco-roumain officiel, sont identiques en Roumanie et en république de Moldavie. Mais des différences plus notables se trouvent dans l'usage linguistique des zones les plus russifiées de la République de Moldavie, comme Chişinău et la Transnistrie. Le parler de ces zones utilise des mots et des expressions empruntés au russe, que n'utilise pas un locuteur natif de Roumanie (qui a tendance, lui, à utiliser des mots empruntés aux langues romanes occidentales et à l'anglais). Les locuteurs qui utilisent ces mots le font parfois sciemment, pour marquer leur identité non-roumaine. Par exemple, ils emploient "văgzal", "parahod" ou "samaliot" là où un Roumain dirait "gară" (gare), "vapor" (paquebot) ou "avion".

Le gouvernement de la Moldavie encourageant l'identité moldave et considérant l'identité roumaine comme l'expression de l'expansionnisme roumain, lors du recensement de 2004 [10], 2.742.005 locuteurs du daco-roumain ont déclaré le "moldave" comme étant leur langue maternelle (70 % de la population), et seulement 74.276 ont déclaré le "roumain" (3 % de la population). La controverse continue.

Grammaire

Article détaillé : Grammaire roumaine.

Les substantifs roumains sont variables en genre (féminin, masculin et neutre), en nombre (singulier et pluriel) et en cas (nominatif/accusatif, datif/génitif et vocatif). Les articles, de même que les adjectifs et les pronoms, s'accordent en genre avec les substantifs auxquels ils font référence.

Le roumain est la seule langue romane où les articles définis sont enclitiques, c'est-à-dire attachés à la fin du mot qu'ils déterminent (substantif ou adjectif), comme dans d'autres langues balkaniques (bulgare, macédonien, albanais), ou dans les langues germaniques du nord (uniquement pour les substantifs), au lieu d'être placés devant (proclitiques). Ils se sont formés, comme dans les autres langues romanes, à partir des pronoms démonstratifs latins.

Le roumain a quatre conjugaisons du verbe, qui se séparent en plusieurs formes de conjugaison. Les verbes peuvent être mis à cinq modes personnels (indicatif, conditionnel/optatif, impératif, subjonctif, présomptif) et quatre modes impersonnels (infinitif, gérondif, supin et participe passé).

Le pluriel en roumain ne suit pas la même règle qu'en français ou en espagnol, où la marque du pluriel est le suffixe "s". En roumain il y a plusieurs marques du pluriel, selon genre du substantif ou de l'adjectif:


  • Pour le féminin: "-e", comme dans fete = filles, ou encore mame = mères, et "-le" comme dans stele = étoiles. Le "-e" et le "-le" ayant remplacé la dernière lettre des mots féminins qui est la voyelle "a".
  • Pour le masculin: "-i", comme dans doctori = docteurs, români = roumains. Ici le "-i" a simplement été rajouté à la fin de chaque mot.
  • Pour le genre neutre il y a deux terminaisons: "-e", comme dans pahare = verres (à boire). Le "-e" a simplement été rajouté. Et "-uri" comme dans careuri = carrés ou bonuri = bons (sens de tickets). La terminaison "-uri" a aussi été rajoutée, elle ne remplace aucune lettre, à la différence du genre féminin.

La mise au pluriel implique parfois des modifications du mot, comme par exemple : om au singulier, qui signifie homme au sens d'être humain, devient oameni au pluriel. Bāiat au singulier = garçon devient Bāieţi au pluriel (la même règle de transformation du "t" en "ţ" est valable pour les substantifs ou adjectifs masculins qui se terminent par un "t"). Il y a d'autres exceptions où le singulier et le pluriel ne se distinguent pas, comme pour le mot ochi = œil qui a la même forme au pluriel. (voir aussi Diasystème roman de l'est)

Phonétique

Article détaillé : Phonétique roumaine.

Le roumain a sept voyelles : /a/, /e/, /i/, /o/, /u/, /ə/, et /ɨ/. Dans quelques mots étrangers on peut rencontrer les voyelles /ø/ et /y/.

En position finale après une consonne (rarement au milieu d'un mot) un court /i/ non syllabique peut apparaître, marqué comme /ʲ/ et qui produit une palatalisation de la consonne précédente. Un son similaire, le u muet, existait en vieux roumain, mais a disparu dans le langage standard.

Il y a aussi quatre semi-voyelles et vingt consonnes.

Diphtongues

Diphtongues descendantes : ai, au, ei, eu, ii, iu, oi, ou, ui, ăi, ău, îi, îu.

Diphtongues ascendantes : ea, eo, ia, ie, io, iu, oa, ua, uă.

Triphtongues

Modèle S-V-S (voyelle principale entre deux semi-voyelles) : eai, eau, iai, iau, iei, ieu, ioi, iou, oai.

Modèle S-S-V (deux semi-voyelles glissées avant la voyelle principale) : eoa, ioa.

Évolutions phonétiques

En raison de son isolement des autres langues romanes, l'évolution phonétique du roumain a été assez originale, mais il partage certains changements avec l'italien, comme [kl] > [kj] (Lat. clarus > Roum. chiar, Ital. chiaro) et quelques-uns avec le dalmate, comme [gn] > [mn] (Lat. cognatus > Roum. cumnat, Dalm. comnut).

Parmi les évolutions notables, le roumain connaît :

  • la confusion de i bref et de e long latins en e, comme dans la plupart des langues romanes
    Lat. ligo > Roum. leg (je lie)
    Lat. lege(m) > Roum. lege (loi)
  • la confusion de u long et bref latins en u et de o long et bref latins en o, comme en sarde et en lucanien
    Lat. cruce(m) > Roum. cruce (croix)
    Lat. mensura > Roum. măsură (mesure)
    Lat. ovu(m) > Roum. ou (oeuf)
    Lat. populus > Roum. plop (peuplier)

à quelques rares exceptions près, restées sans explication : Lat. autumnus > Roum. toamnă (automne), Lat. cogito > Roum. cuget (je pense)

  • la diphtongaison, spontanée, comme en castillan, de ae et de e bref latins : [], [e] bref → [], en syllabe ouverte comme en syllabe fermée
    Lat. haedus > Roum. ied
    Lat. herbae > Roum. ierbii (de l'herbe)
    Lat. lepore(m) > Roum. iepure (lièvre),

bloquée toutefois par l'entrave nasale, ainsi que, dans les mots proparoxytons, par la position nasale ; dans quelques autres cas d'exception on peut invoquer l'action dissimilatrice de iot ou l'analogie : Lat. dente(m) > Roum. dinte, Lat. teneru(m) > Roum. tânăr (jeune), Lat. vetulus > Roum. vechi (vieil) (si l'on avait eu diphtongaison, on aurait eu comme résultats *zinte, *tsiner, *viechi)

  • la diphtonguaison métaphonique des e, o accentués, suivis par a, e ou ă
    Lat. cera > Roum. ceară (cire)
    Lat. sole > Roum. soare (soleil)
  • confusion, en syllabe atone, des timbres [e] et [i] en [e], ainsi que des timbres [o] et [u] en [u] et passage de [a] à [ə] ; le timbre [o] se trouve parfois rétabli analogiquement en daco-roumain
  • en initiale absolue [a] et [i] long se sont toutefois gardés, tandis que [e] (et [i] bref (?) passe à [a] ; [i] long garde également son timbre en finale absolue, pour sauvegarder la flexion
  • les vélaires [k], [g] (?), [] → labiales [p], [b] (?), [m] dans les groupes consonantiques latins [], [], [x], [] (?), [],
    Lat. octo > Roum. opt (huit)
    Lat. sancti > Roum. Sâm(p)ţi (Toussaint)
    Lat. coxa > Roum. coapsă (cuisse)
    Lat. *rig(i)dare > ? Roum. răbda (tolérer, supporter, endurer)
    Lat. signum > Roum. semn (signe)
  • [], [] + a → [p], [b], comme en sarde ; dans les autres environnements phonétiques [] et [] partagent le sort de [k] et [g]
    Lat. lingua > Roum. limbă (langue)
    Lat. aqua > Roum. apă (eau)
    Lat. quietus > Roum. (în)cet (lentement, faiblement)

Exception: les particules relatives : Lat. qualis > Roum. care (quel)

  • le rhotacisme : [l] entre voyelles → [r]
    Lat. caelum > Roum. cer (ciel)
  • les dentales [d] et [t] palatalisées en [ʣ]>[z] et [ʦ], devant [e] bref ou [i] long, ou bien devant iot en syllabe posttonique
    Lat. deus > Roum. zeu (dieu)
    Lat. terra > Roum. ţară (pays)

Le roumain est la seule langue romane moderne répandue qui a gardé le phonème original [h]. (Le normand aussi. Dans de nombreux dialectes espagnols, en particulier aux Amériques, <j> est prononcé comme [h], mais ce n'est pas une "rétention" : le phonème castillan original est [x]. Dans certains dialectes portugais, en fonction des phonèmes environnants, <r> est prononcé comme [h], mais pareillement le phonème originel est <r>. Dans ces dialectes, <r> correspond à deux phonèmes, un pour [r], et un pour [h].)

Prononciation

Articles de base : : Phonétique et Phonétique articulatoire.

La prononciation du roumain est assez simple, comme en français, sauf :

Graphie API Prononciation
ă [ə] o mi-ouvert non arrondi, un peu comme le "a" en anglais de "a dog"
â, î [ɨ] i central
ce, ci, cea [ʧe], [ʧi], [ʧa] tché, tchi, tcha
che, chi [ke], [ki] ké, ki
e [e], [ɛ], ([]) é (mi-ouvert)
ge, gi, gea [ʤe], [ʤi], [ʤa] djé, dji, dja
h [h] Consonne fricative glottale sourde
(l'air est bruyamment expulsé mais sans
le raclement de gorge de la jota espagnole)
o [o], [] o (mi-ouvert)
r [r] r roulé
s [s] ss jamais /z/
ş [ʃ] ch
ţ [ʦ] ts
u [u] ou
z [z] z

Règle d'orthographe pour â et î

Les lettres â et î (accent circonflexe) notent le même phonème [ɨ]. Leur emploi est maintenant fixé :

  • î se trouve en première lettre ou en dernière lettre d'un mot, comme dans începe (« commencer ») ou coborî (« descendre ») ;
  • î est maintenu si on ajoute un préfixe : reîncepe (« recommencer ») ;
  • â ne peut se trouver qu'au milieu des mots : vânt (« vent »), sârbă (danse populaire roumaine).

Les règles ont changé au cours du temps. Avant 1948, on a écrit vânt, de 1948 à 1993, vînt, et depuis 1993 on est retourné à l'ancienne orthographe vânt.

Entre 1948 et 1993, selon les normes imposées par l'URSS, seul î était utilisé, excepté (depuis 1964) pour le mot român et ses dérivés (românesc, România, româneşte, etc.), ainsi que pour les noms de personnes (Pârvu, Câmpeanu, etc). Ces normes soviétiques sont encore utilisées en République de Moldavie.

Remarque : Même en Roumanie, bon nombre de locuteurs et plusieurs publications roumaines préfèrent continuer à respecter la règle d'avant 1993, non pour des raisons politiques, mais pour la simplicité de cette règle.

Système d'écriture

La lettre de Neacşu est le plus vieux document en valaque
Un exemple de valaque écrit en cyrillique, encore en usage au XIXe siècle

La première trace écrite d'une langue romane parlée au Moyen Âge dans les Balkans est laissée par un chroniqueur byzantin, Théophane le Confesseur au VIe siècle, au sujet d'une expédition militaire contre les Avars en 587. Il y est noté qu'un soldat de l'armée byzantine remarque que le chargement de l'animal devant lui est en train de tomber, et crie à son compagnon "Torna, torna, fratre !" ("Retourne-toi, retourne-toi, frère !", interprété par d'autres comme "Alerte ! Alerte, compagnons !"), ce qui provoque la panique dans les rangs.

Le texte valaque le plus ancien est une lettre de 1521, dans laquelle un certain Neacşu de Câmpulung prévient Johannes Benkner, maire de Braşov, que "les Turcs préparent une attaque surprise sur toute la Transylvanie et la Valachie" (voir plus). Elle a été écrite en cyrillique, comme la plupart des écrits proto-roumains anciens. L'écrit le plus ancien en lettres latines est un texte de Transylvanie de la fin du XVIe siècle, écrit avec les conventions d'écriture hongroises.

Fin 1700, les lettrés roumains de Transylvanie prirent conscience de l'origine latine du roumain, et lui adaptèrent l'alphabet latin, en utilisant quelques règles de l'italien, qui est très proche du roumain. L'alphabet cyrillique resta en usage jusqu'en 1860, quand les règles d'écriture du roumain furent officiellement établies.

En république socialiste soviétique de Moldavie, une version spéciale de l'alphabet cyrillique, dérivée de la version russe, a été utilisée jusqu'en 1989. On utilise depuis l'alphabet latin, sauf en République moldave de Transnistrie.

Alphabet roumain

Article détaillé : Alphabet roumain.

L' alphabet roumain est le suivant :

A a, Ă ă, Â â, B b, C c, D d, E e, F f, G g, H h, I i, Î î, J j, K k, L l, M m, N n, O o, P p, R r, S s, Ș ș, T t, Ț ț, U u, V v, X x, Z z.

Q q, W w et Y y ne font pas partie de l'alphabet roumain de base ; ces lettres ne sont utilisées que pour écrire les mots importés, tels que quasar, watt, et yoga.

Les noms officiels des lettres ont varié au cours du temps. Aujourd'hui l'Académie Roumaine[11] accepte plusieurs variantes dont le nombre, pour certaines consonnes, arrive à trois. La liste comprends les lettres q, w et y aussi :

a, ă, â din a, be/bî, ce/cî, de/dî, e, ef/fe/fî, ge/ghe/gî, haş/hî, i, î din i, je/jî, ka/kapa, el/le/lî, em/me/mî, en/ne/nî, o, pe/pî, , er/re/rî, es/se/sî, şe/şî, te/tî, ţe/ţî, ve/vî, dublu ve/dublu vî, ics, igrec, ze/zet/zî

L'alphabet roumain est basé sur l'alphabet latin, et possède cinq lettres additionnelles (celles-ci ne sont pas des signes diacritiques, mais des lettres au sens propre). Initialement il y en avait 12 de plus, mais certaines disparurent suite aux différentes réformes. Un marqueur de voyelle courte était aussi utilisé jusqu'au début du XXe siècle.

Aujourd'hui, l'alphabet roumain est largement phonétique. Par contre, le "â" (à l'intérieur des mots) et "î" (au début ou à la fin des mots) représentent la même voyelle voyelle non-arrondie centrale fermée /ɨ/, qui a une prononciation entre le "i" et le "ou" français. Anciennement, il y avait quatre lettres pour représenter ce son : â, ê, î et û. À l'époque communiste en Roumanie, (plus précisément entre 1953 et 1993) seule la lettre î était utilisée pour transcrire ce son (avec quelques exceptions). Selon l'usage courant accepté par l'Académie roumaine, /ɨ/ est transcrit soit î en début ou en fin de mot, soit â au milieu. En pratique, les deux usages sont acceptables, et quelques publications gardent l'orthographe de l'ère communiste.

Une autre exception du système complètement phonétique est le fait que les voyelles et les semi-voyelles qui leur correspondent ne se distinguent pas à l'écrit. Dans les dictionnaires, la différence est notée en séparant le mot en syllabes pour les mots contenant un hiatus qui pourrait être mal prononcé comme une diphtongue ou une triphtongue.

Les voyelles accentuées ne sont pas non plus marquées à l'écrit, à part dans des cas très rares où un accent mal placé pourrait changer le sens du mot. Par exemple, "trei copíi" signifie trois enfants et "trei cópii" signifie trois copies.

L'écriture des lettres Ș (/ʃ/) et Ț (/ʦ/) avec une cédille à la place d'une virgule souscrite (c.à.d. Ş et Ţ) est incorrecte mais s'est imposée dans la saisie sur ordinateur, à cause de l'absence des variantes correctes dans les jeux de caractères.

Alphabet roumain cyrillique

Avant 1857, le roumain a été écrit en caractères cyrilliques, mais l'alphabet cyrillique roumain, dérivé du slavon et du grec, était spécifique à cette langue et différent des autres alphabets cyrilliques

Dans le tableau ci-dessous, l'ordre des lettres est indicatif.

cyrillique roumain ancien valeur numérique alphabet de transition roumain actuel
(latin)
moldave actuel
(cyrillique)
А 1 а a а
Б б b б
В 2 в v в
Г 3 g g, gh г
Д 4 d d д
Є, Е[12] 5 е e е
Ж ж j ж
Ѕ[13] 6
З 7 z, ḑ z з
И 8 i i и
Й[14] ĭ i й, ь
І[15] 10 i i и
К 20 k c, ch к
Л 30 l l л
М 40 m m м
Н 50 n n н
Ѻ, О[12] 70 o o о
П 80 п p п
Р 100 р r р
С 200 s s с
Т 300 t t т
Ѹ, У[12] [16] ɣ u у
Ф 500 f f ф
Х 600 х h х
Ѡ[14] 800 o o о
Ц 900 ц ț ц
Ч 90 ч c (перед e, i) ч
Џ џ g (перед e, i) ӂ
Ш ш ș ш
Щ щ șt шт
Ъ ъ ă э
Ь
Ѣ ea ea я
Ю iɣ, ĭɣ iu ю
Ꙗ (IA), Ѧ[12] ia ia я
Ѫ î â, î ы
Ꙟ (↑)[15] în, îm în, îm ын, ым
Ѯ[17] 60 ks x кс
Ѱ[17] 700 пs ps пс
Ѳ[17] 9 t, ft t, th т
Ѵ[17] 400 i, ɣ i, v и, в

Règles de lecture

La lecture du roumain met en jeu certaines règles semblables à la lecture de l'italien

  • Les lettres c et g représentent les fricatives /ʧ/ et /ʤ/ avant i et e, et /k/ et /g/ avant a, o, u, ă, et â/î.
  • Les digraphes ch et gh avant i et e représentent /k/ et /g/ légèrement palatalisées.
  • h représente /h/
  • j représente /ʒ/
  • Les lettres avec virgule souscrite, Ș et Ț, et les allographies avec cédille, ş et ţ (répandues quand les jeux de caractères avant Unicode et l'Unicode initial ne comprenaient pas la forme standard) représentent /ʃ/ et /ʦ/.
  • une finale orthographiée i après une consonne représente une palatisation de la consonne (c.à.d. lup /lup/ "loup" et lupi /lupʲ/ "loups").
  • ă représente le schwa, /ə/.

Groupes de lettres

Les lettres c et g ont des prononciations spéciales quand on les utilise dans des groupes de caractères, qui sont les mêmes qu'en italien

Groupe Son Exemples Exemples de mots roumains
ce, ci /tʃ/ tch de tchèque ce (quoi), deci (donc)
che, chi /k/ k de képi chin (souffrance)
ge, gi /dʒ/ dj de Adjani a geme (gémir)
ghe, ghi /g/ g de gui le prénom Gheorghe (Georges)

Ponctuation et majuscules

Différences par rapport au français :

  • Le point d'exclamation, le point d'interrogation, les deux points et le point-virgule ne sont pas précédés d'un espace.
  • Les guillemets ont la forme „...”. Pour une citation à l'intérieur d'une autre citation, on utilise les guillemets français («...») sans espace entre ceux-ci et le début (la fin) des mots.
  • Les signes de ponctuation qui suivent un texte entre parenthèses sont toujours écrits après la parenthèse fermante.
  • Dans les noms d'institutions, d'établissements, d'organisations, tous les mots s'écrivent avec majuscule initiale, sauf les prépositions et les conjonctions.

Notes

  1. Stefan Pascu, Documents étrangers concernant les Roumains, Archives de l'État, Bucarest 1992, ISBN 073-95711-2-3
  2. Alexandru Niculescu, Les particularités du roumain parmi les langues romanes, Ed. Encyclopédique, Bucarest 1978
  3. Stelian Brezeanu, Romanitatea Orientalǎ în Evul Mediu, Editura All Educational, Bucureşti, 1999, p. 229-246
  4. Stelian Brezeanu, Romanitatea Orientalǎ în Evul Mediu, Editura All Educational, Bucureşti, 1999, p. 229-246
  5. [1] ; Acord româno-iugoslav referitor la recunoaşterea apartenenţei vlahilor din Valea Timocului la minoritatea românească ; Românii din Valea Timocului, recunoscuţi drept minoritate naţională
  6. Gustav Weigand, Ovid Densusianu, Sextil Puşcariu, Alexandru Rosetti, Theodor Capidan, etc.
  7. G. Giuglea, Alexandru Graur, Ion Coteanu, etc.
  8. (Tudor Mateescu – Permanence et continuité des roumains în Dobrogée - Ed. Ovidius, Constanţa, 2003.
  9. Anatol Petrencu: Au service de la muse Clio, à compte d'auteur, Chişinău 2001, ISBN 9975-78-118-7
  10. rezultatele oficiale ale recensămîntului din Republica Moldova
  11. Dicţionar ortografic, ortoepic şi morfologic al limbii române, 2e édition, Bucarest, Editura Univers Enciclopedic, 2005
  12. a , b , c  et d Pour les couples de lettres Є/Е, Ѻ/О, Ѹ/У, Ꙗ(IA)/Ѧ, la première graphie s'utilisait à l'initiale et la seconde en positions médiane ou finale.
  13. Ѕ s'utilisait en pratique comme symbole numérique essentiellement ; certains lui associent les lettres dans l'alphabet de transition et dz en latin.
  14. a  et b Й n'était vraisemblablement pas une lettre distincte de l'alphabet cyrillique : la brève a été utilisée également sur les lettres Ю et Ѡ, et plus tard sur У et I.
  15. a  et b И et І correspondaient, pour les mots importés du grec, à η et ι respectivement ; pour les mots roumains et slaves, І apparaissait avant voyelle, et Иavant une consonne ou en fin de mot.
  16. La lettre Ѵ était utilisée pour noter le nombre 400.
  17. a , b , c  et d Les lettres Ѯ, Ѱ, Ѳ et Ѵ servaient à la transcription de l'écriture grecque des mots étrangers, en particulier les noms propres.

Références

  • Rosetti, Alexandru, Istoria limbii române, 2 vol., Bucarest, 1965-1969
  • Uwe, Hinrichs, Handbuch der Südosteuropa-Linguistik

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Gilbert Fabre, Parlons roumain, langue et culture, L'Harmattan/Corlet, 1991, ISBN 2-7384-0784-6
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