- Republique socialiste sovietique de Moldavie
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République socialiste soviétique de Moldavie
Pour les articles homonymes, voir Moldavie (homonymie).République socialiste soviétique
membre de l'Union soviétiqueРепублика Советикэ Сочиалистэ Молдова
République socialiste soviétique de Moldavie← 1940 — 1991 → Drapeau da la RSSM Sceau de l'état Devise (moldave) : Пролетарь дин тоате цэриле, униць-вэ!
(Traduction : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »)Capitale Chişinău Langue officielle Russe et Moldave (roumain en caractères cyrilliques russes) jusqu'en 1989
Roumain de 1989 à 1991Gouvernement Conseil des Ministres de la RSS de Moldavie Régime de l'état République socialiste soviétique fédérée Dernier Président du Soviet Suprême Mircea Snegur Superficie
- Totale
- % eau14e dans l'Union soviétique
33 843 km²
- %Population
- Totale
- Densité9e dans l'Union soviétique
4 337 600 habitants
128,2 hab/km²Création 2 Août 1940 Indépendance 27 Août 1991 Monnaie Rouble soviétique ou рублэ en moldave Zone horaire UTC +3 Hymne national Hymne de la République socialiste soviétique de Moldavie La République socialiste soviétique de Moldavie (en roumain : Republica Socialistă Sovietică Moldova, en moldave : Република Советикэ Сочиалистэ Молдова, en russe Молдавская Советская Социалистическая Республика) ou RSS de Moldavie (RSSM), était l'une des 15 Républiques membres de l'Union soviétique avant la chute de cette dernière en 1991.
Elle est le successeur de la République socialiste soviétique Moldave (en roumain : Republica Socialistă Sovietică Moldovenească, en moldave : Република Советикэ Сочиалистэ Молдовеняскэ), qui était une république de l'Union soviétique du 2 août 1940 au 23 mai 1991, dont le territoire correspond pour 87% aux deux tiers de la Bessarabie, qui faisait partie de la Roumanie avant la Seconde Guerre mondiale, suite à l'annexion de cette région par l'URSS, et pour 13% à un petit morceau de la Podolie ukrainienne, longeant la rive gauche du Dniestr, appelé Transnistrie en roumain/moldave, et Pridniestrie en russe .
Renommée République socialiste soviétique de Moldavie le 23 mai 1991, elle est aujourd'hui la République de Moldavie (en roumain : Republica Moldova, en moldave : Република Молдова) après son indépendance de l'URSS le 27 août 1991.
Sommaire
Histoire
La Moldavie soviétique durant la Seconde Guerre mondiale
L'Union soviétique avait déjà mis en place le 12 octobre 1924 une République autonome socialiste soviétique moldave, la RASSM (RASSM), qui appartenait à la République socialiste soviétique d’Ukraine (RSSU), entre le Dniestr et le Bug, qui officiellement donna de nombreux droits à la minorité roumaine de RSSU et qui pour Staline devait « préfigurer ce que sera un jour la Roumanie soviétique [dans le but] d'y porter la révolution ainsi que dans tous les Balkans », de même que la Carélie, plus au nord, devait « préfigurer ce que sera un jour la Finlande soviétique ».
Mais cette politique est abandonnée en 1938 lorsque l'URSS signe un traité de non-agression avec la Roumanie), Toutefois l'URSS revendique toujours la Bessarabie et les ethnographes soviétiques affirment que les Moldaves vivent en RASSM et en Bessarabie.
La RASSM existe donc jusqu'en 1940 un territoire sur la rive gauche du Dniestr, d'un superficie de 8.100 km², et qui correspond au double de la Transnistrie actuelle.
Le Pacte germano-soviétique est signé le 23 août 1939. Par l'article 4 de la clause secrète du traité, la Bessarabie tombe dans la zone d'intérêt soviétique.
Le 26 juin 1940, suite à ce pacte, l'URSS envoie un ultimatum à la Roumanie qui lui enjoint de céder la Bessarabie et le nord de la Bucovine, et qui la somme d'évacuer ces territoires en quatre jours, sinon la guerre sera déclenchée. Les deux provinces occupent une superficie de 51 000 km² et possèdent à près 3,75 millions d'habitants, Roumains à 78%.
L'administration roumaine commence à se retirer des provinces. Les troupes soviétiques pénètrent en Bessarabie et l'incorporent dans l'URSS. Elles commencent par déporter environ 50.000 personnes: des fonctionnaires de l'état roumain, des enseignants, des prêtres, des professions libérales, des commerçants ou des paysans qui refusent les réquisitions, et bien sûr toutes celles qui avaient un passeport Nansen (réfugiés ayant fui l'URSS: russes blancs, juifs, dissidents, sectes refusant le service militaire).
Parallèlement, conformément au Pacte germano-soviétique les 93 000 Allemands de Bessarabie sont conduits de force à bord de bateaux réquisitionnés sur le Danube, qui vont les transporter vers Vienne en Autriche: les nazis vont les coloniser en Pologne occupée (Umsiedlung). Ce fut le cas de la famille d'un président d'Allemagne: Horst Köhler. Les mêmes bateaux, lors des rotations retour, conduisaient à Sulina (Delta du Danube) des juifs expulsés de Hongrie, dont la plupart s'embarquent de là vers Istanbul (une minorité se réfugie en URSS).
En août, 1940, le territoire est réorganisé sous la forme de deux nouvelles républiques soviétiques unionales: la République Socialiste Soviétique Moldave (RSSM), et la République Socialiste Soviétique d'Ukraine (RSSU). Les zones nord et sud de la Bessarabie, où à côté des Roumains, vivaient aussi des Ukrainiens, des Russes, des Bulgares et des Gök-Oguz turcophones mais chrétiens, sont attribués à l'Ukraine, ainsi que la moitié est de la RASSM avec son ancienne capitale Balta. La date de transformation de la RASSM en RSSM, unie à l'URSS, et séparée de la RSSU est fixée au 2 août 1940. La "Moldavie soviétique" passe ainsi de 8.100 km² à 31.843 km² en restant la même RSS de Moldavie.
En juin 1941 la Roumanie, qui entre temps a remplacé son roi pro-Allié Charles II par le dictateur fasciste Ion Antonescu, efface la RSSM de la carte en participant à l'attaque allemande contre l'URSS et en reprenant pour quatre ans la Bessarabie. Ce n'est plus la Roumanie d'avant-guerre, une démocratie parlamentaire pluraliste, mais un état militaire qui annexe aussi la Podolie ukrainienne entre le Dnister et le Buh, (dite Transnistrie par les Roumains). 120.000 juifs sur 250.000 et 10.000 Roms sur 130 000 "disparaissent" de l'ancienne Bessarabie durant cette période. La moitié d'entre eux se sont enfuis derrière l'Armée rouge en déroute, mais ont été rattrapés en Ukraine et fusillés sur place, soit par les Allemands, soit par les Roumains, soit même par des retardataires Soviétiques: ils encombraient les routes. Une petite fraction, grâce au réseau maçonnique du Service Maritime Roumain dirigé par le Iancou Grigorescu et Dan Malioglu, a pu rallier Istanbul. Le pharmacien Beceanu de Jassy a aussi sauvé des juifs Bessarabiens. Mais 120.000 au moins ont été déportés de Bessarabie en Transnistrie où les autorités d'Antonescu les ont laissé mourir de froid, de malnutrition et de dysenterie. Une page très noire dans l'histoire de la Roumanie et de la Moldavie. Derrière le rideau de fer, les « justes » moldaves ou roumains n'ont pas eu connaissance de l'existence de Yad Vashem, et presque tous sont morts anonymement.
L'intégration dans l'Union Soviétique
Après la page noire, les pages rouges. L'Union Soviétique annexe de nouveau la région en 1944 et les soldats soviétiques qui vont occuper la Roumanie jusqu'en 1958 imposent un gouvernement communiste à Bucarest en mars 1945, aux ordres de Moscou. Ce régime communiste salue la cession à l'URSS de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord et l'entérine lors du traité de Paris en février 1947.
Lors des « purges » des années 1944-1955, l'élite moldave d'avant-guerre (les « intellectuels » et la « bourgeoisie »), de même que ces centaines de milliers de gens ordinaires sont tués ou déportés, particulièrement en Sibérie et dans les steppes du Kazakhstan (de façon massive en 1949).
Une grande immigration d'Ukrainiens et de Russes après la Seconde Guerre mondiale crée une minorité de 27% de slavophones en RSS Moldave. Les Roumains de la RSSM doivent désormais utiliser le russe, pour entrer dans la fonction publique et l'administration (le russe ayant le statut de langue de communication inter-ethnique). Les postes politiques et académiques sont donnés aux membres des groupes ethniques non-roumains (seulement 14% des chefs politiques de la RSSM sont d'origine roumaine en 1946), bien que ce pourcentage s'élève un peu ensuite. Alors que les toponymes locaux et l'alphabet latin sont conservés dans les trois républiques Baltes, en Moldavie tout est russifié, comme on peut le constater sur toutes les cartes soviétiques et dans la presse moldave de cette époque. Seul l'alphabet cyrillique russe est autorisé. Les noms des villes et des villages sont modifiés de façon à ce qu'ils sonnent plus « slave », ou sont renommés.
Le gouvernement soviétique encourage le développement d'une « culture moldave », que l'on veut différente de la culture roumaine, comme le moldave est officiellement différent du roumain (c'est le mouvement « moldaviste », qui vise à mettre en exergue les particularismes et les auteurs purement locaux, et à occulter tout ce que la culture locale peut avoir de commun avec la culture roumaine). L'histoire est modifiée de manière à présenter les Roumains comme des étrangers qui ont opprimé les populations moldaves avant la Seconde Guerre mondiale, avant que ces derniers aient été libérés par les Soviétiques.
Conséquences démographiques
Selon les rapports du ministre Krouglov à Staline, exhumés par l'historien Nikolai Bougai[1][2], et selon les données des recensements, de 1940 à 1950 la Moldavie a perdu un tiers de sa population, passant de 3 200 000 personnes selon le recensement roumain de 1938, à 2 229 000 selon le recensement soviétique de 1950.
Donc 971 000 personnes ont disparu en 10 ans :
- 140 000 Allemands de Bessarabie ont été déportés vers l'Allemagne en application du Pacte germano-soviétique
- 300 000 Moldaves ont été déportés entre le 28 juin 1940 et le 22 juin 1941 (dans la seule nuit du 13 juin 1941 - 13.470 familles, comprenant 22.648 personnes, dont approximativement 2/3 de femmes et enfants);
- 120 000 Juifs ont été soit massacrés par le régime du maréchal Ion Antonescu, soit ont fui vers l'URSS et ne sont jamais revenus, qu'ils s'y soient établis ou qu'ils y aient été rattrapés par la Wehrmacht et tués par les Einsatzgruppen;
- 250 000 Moldaves ont été déportés entre 1944 et 1948 ;
- 150 000 personnes sont mortes entre 1946 et 1947 suite à la famine provoquée par les réquisitions soviétiques alors qu'on était en période de mauvaises récoltes (politique déjà appliquée en Ukraine voisine dans les années 1920-1930 (Holodomor).
- 11 324 familles sont déplacées de force hors de Moldavie le 6 juillet 1949 (environ 40 850 personnes).
En 1950 plus de 220 000 « indésirables » ou « nuisibles » avaient déjà été déportés hors du pays, dont 49000 étaient encore en vie sur les lieux de leur déportation (toujours dans Bougaï). La mort de Staline ne met pas fin aux déportations : entre 1954 et 1964, 300 000 autres familles ont été déplacées vers la Russie et le Kazakhstan.
L'émergence d'un état indépendant
La dissidence renaît entre 1969 et 1971, avec un « Front patriotique » clandestin, monté par des jeunes intellectuels à Chişinău, qui rassemble plus d'une centaine de membres: ils se proposent de lutter pour la mise en place d'une République Démocratique Moldave, pour sa scission d'avec l'URSS, et pour son union avec la Roumanie, comme cela s'était déjà passé en 1917-1918 avec l'ancienne Bessarabie russe, détachée de la Moldavie 105 ans auparavant (1812) par la Russie.
En décembre 1971, suite à une note d'information écrite par Ion Stănescu, le président du Conseil de sécurité de l'État de la République Socialiste de Roumanie, à Iouri Andropov, le chef du KGB, trois des chefs du Front Patriotique National, Alexandru Usatiuc-Bulgar, Gheorghe Ghimpu et Valeriu Graur, de même qu'une quatrième personne, Alexandru Soltoianu, chef d'un mouvement clandestin similaire en Bucovine du nord, sont arrêtés et plus tard condamnés à de longues peines de prison.
En février 1988, les premières manifestations tolérées se déroulent à Chişinău. D'abord pro-perestroika, elles deviennent bientôt anti-gouvernementales et demandent un statut de langue officielle pour le roumain en lieu et place du russe.
Le 31 août 1989, suite à une manifestation forte de 600 000 participants à Chişinău quatre jours auparavant, le roumain (re-)devient langue officielle en Moldavie.
En 1990 se tiennent les premières élections parlementaires libres, et voient la victoire du Frontul Popular (le Front Populaire). Un gouvernement conduit par Mircea Druc, l'un de chefs du Frontul Popular, se forme. Le nom de la RSSM est modifié : la République socialiste soviétique moldave devient la République socialiste soviétique de Moldavie et enfin à son indépendance la République de Moldavie (Republica Moldova) tout court. Les minorités, descendant en grande partie des colons implantés depuis 1945, s'inquiètent, et les ultras des deux bords vont mettre le feu aux poudres. Côté roumanophone, certains promettent aux colons « la valise ou le cercueil » et côté slavophones, des leaders comme Stefan Topal (Gök-Oguz) ou Igor Smirnov (Russe), soutenus par la 14ème armée soviétique commandée par Alexandre Lebed, demandent à rester en URSS et menacent de faire sécession en cas d'indépendance. Certains analystes (Jean-Baptiste Naudet) pensent que des "ultras" des deux côtés émargeaient en fait au KGB dans le but d'enrayer le processus d'émancipation. Ce sera peine perdue.
La République de Moldavie proclame son indépendance en août 1991, immédiatement reconnue par la Roumanie (qui manifeste ainsi son absence de revendications sur le pays) puis par la communauté internationale. La RSSM a vécu. Les frontières du nouvel état, établies le 2 août 1940 restent inchangées, le gouvernement affirmant n'avoir aucune revendication territoriale sur l'Ukraine, mais cela n'empêchera pas Stefan Topal et Igor Smirnov de faire quand même sécession: une guerre s'ensuivra en 1992 entre la Moldavie et la 14ème armée russe: victorieuse, cette dernière soustrait au nouvel état 20 % de son territoire, érigé en républiques autoproclamées. Si les Gök-Oguz sont ensuite rentrés dans le rang lors d'une négociation avantageuse (1994), Igor Smirnov et ses amis constituent encore de nos jours (2007) une zone de non-droit et de trafics divers (armes, femmes, organes) aux portes de l'Union Européenne, comme en témoigne l'ouvrage de Xavier Deleu.
Notes et références
- ↑ Bugaï, Nikolaï F : Correspondance Joseph Staline - Laurent Beria: « Moi nado deportirovat » (« Il faut les déporter »). Revue Dokumenty, fakty, kommentarii. Vème tome - Moscou 1992.
- ↑ Bugaï, Nikolaï F. Godakh 30-50: narodov SSSR deportatsiya Voprosu (Sur la question de la déportation des peuples de l'Urss dans les années 30 et 50). Istoriia SSSR [Histoire de l'Urss ], numéro 6, Moscou, 1989.
Voir aussi
Liens internes
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