- Union linguistique balkanique
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L'union linguistique balkanique ou aire linguistique balkanique est un ensemble de langues d'origines différentes, en usage dans les Balkans, partageant de nombreuses similarités phonétiques, morphologiques, syntaxiques et lexicales qui ne découlent pas d'une origine commune mais d'une longue cohabitation.
Peuvent être considérées comme faisant partie de l'union les langues suivantes :
- parmi les langues romanes : les langues romanes orientales, c'est-à-dire le Diasystème roman de l'est[1] : daco-roumain, aroumain, mégléno-roumain et istro-roumain
- parmi les langues slaves : le bulgare, le macédonien qui en est un dialecte, et dans une moindre mesure le serbe, en particulier dialecte torlakien
- l'albanais sous les formes de ses deux grands dialectes, le guègue et le tosque
- le grec moderne
- le turc.
À l'exception du turc, toutes ces langues sont indo-européennes mais elles appartiennent à des branches différentes dont la divergence est très antérieure au développement de ces caractéristiques communes. Celles-ci résultent d'un phénomène de convergence linguistique plutôt que d'un héritage ancien ; les "balkanismes" caractéristiques ne s'observent pas dans les étapes les plus anciennement attestées ayant abouti à ces langues : le latin (pour le roumain), le grec ancien et le vieux bulgare.
Cependant, les langues balkaniques ne sont pas toutes similaires au même degré :
- le roumain, l'albanais, le bulgare et le macédonien ont le plus de propriétés en commun et forment un groupe central
- le grec et le serbe (particulièrement les dialectes torlakiens) montrent des traits typiquement balkaniques, mais certains d'importance ne s'y trouvent pas
- le turc participe à l'union essentiellement par le vocabulaire et par le remplacement de l'infinitif par le subjonctif.
Le romani et le judéo-espagnol sous leurs formes en usage dans les Balkans ont également subi une certaine influence de cette union linguistique.
Donabédian (2000) ajouterait à cette liste l'arménien occidental.
Sommaire
Histoire du concept
Le premier savant à remarquer les ressemblances entre les langues balkaniques au-delà de leur affiliation génétique fut le slovène Jernej Kopitar en 1829, mais ce ne fut qu'à partir des années 1920 qu'elles furent théorisées, avec comme contributeurs importants Gustav Weigand et Kristian Sandfeld-Jensen (Linguistique balkanique, 1930).
Ce fut le linguiste roumain Alexandru Rosetti qui lança le terme d'union linguistique balkanique en 1958. Theodor Capidan alla plus loin en affirmant que leur structure était susceptible d'être réduite à un type balkanique commun. Les opposants à cette théorie (par exemple Alexandru Graur) affirment que l'emploi du terme de linguistique balkanique est impropre et que certaines de ces propriétés communes peuvent résulter du développement interne de chaque langue, tandis que les autres relèveraient d'une simple "réciprocité linguistique", insuffisante pour fonder une "linguistique balkanique" autonome, comme le sont la romanistique ou la germanistique.
Origines possibles
La source du développement de ces caractéristiques communes et leur diffusion ont fait l'objet de nombreux débats et donné lieu à diverses théories.
Substrat thrace, dace ou illyrien
Comme l'essentiel des balkanismes ne se retrouvent pas les langues extérieures apparentées à celles de l'union, les premiers savants, dont Kopitar, pensaient que celles-ci les avaient hérités des anciennes langues indigènes qui forment le substrat des langues balkaniques modernes : le thrace, le dace et l'illyrien. Mais comme il ne nous est parvenu que très peu d'informations sur ces langues, on ne peut affirmer que les balkanismes y étaient présents.
Influence grecque
Une autre théorie avancée par Kristian Sandfeld en 1930 est celle d'une influence purement grecque, du fait de la "supériorité" de la civilisation grecque sur ses voisines. Cependant, aucun des dialectes du grec ancien ne présente de balkanismes typiques ; ceux qui se retrouvent en grec moderne sont des innovations postérieures au grec de la koinè. De plus, le grec n'est pas central dans l'union linguistique balkanique, il lui manque certains traits importants tels que la postposition de l'article défini.
Influence latine et romane
L'empire romain gouvernait l'ensemble des Balkans et il est possible qu'une forme locale de latin ait laissé sa marque sur toutes les langues autochtones, qui formèrent ultérieurement le substrat des langues slaves méridionales. Le point faible de cette théorie élaborée par Georg Solta est que seuls quelques uns des traits balkaniques se retrouvent dans les autres langues romanes, et il n'y a pas de preuve que les Romains aient été isolés assez longtemps dans les Balkans pour les y développer.
Un argument en faveur de cette théorie est l'existence en macédonien d'emprunts de structure (calques) à l'aroumain, ce qui peut s'expliquer par un substrat aroumain en macédonien, mais le problème de l'origine des balkanismes en aroumain reste entier.
Origines multiples
La théorie la plus largement acceptée de nos jours fut avancée par le polonais Zbigniew Gołąb : toutes les innovations n'auraient pas la même source et l'influence des langues entre elles aurait été réciproque, certains traits communs pouvant remonter au latin, au grec ou aux langues slaves tandis que d'autres, en particulier ceux que le roumain, l'albanais, le macédonien et le bulgare sont seuls à partager, s'expliquerait par un effet de substrat lors de la romanisation (dans le cas du roumain) ou la slavisation (dans le cas du bulgare et du macédonien). L'albanais fut influencé tant par le latin que le slave, mais conserva une grande partie de ses caractéristiques d'origine.
Un argument en faveur de cette théorie est que l'histoire turbulente des Balkans conduisit de nombreuses populations à se déplacer d'un endroit à un autre, habité par une autre ethnie. Ces petits groupes s'assimilèrent souvent rapidement en laissant des traces dans la nouvelle langue qu'ils acquéraient. Une autre possibilité est qu'avant l'ère moderne, le multilinguisme était courant dans les Balkans, permettant aux changements linguistiques de diffuser rapidement d'une langue à l'autre. Il est notable à cet égard que les dialectes les plus riches en balkanismes sont ceux des régions qui ont eu des contacts avec de nombreuses langues différentes.
Chronologie des contacts
(en développement)
Il est vraisemblable que les premiers contacts aient eu lieu entre les ancêtres des roumains et des albanais, entre le Ier et les Ve siècle, du fait de l'existence en albanais de mots empruntés au latin balkanique et en roumain de mots de substrat apparentés à des mots albanais.
L'endroit exact de ces contacts est objet de débat, entre l'Albanie du Nord à la Transylvanie (voir Origine du peuple roumain). Toutes les variétés du roumain font partie de l'union linguistique, indiquant que le contact est antérieur à leur divergence.
L'invasion des Slaves ouvrit une période de migrations à travers les Balkans qui fit émerger des communautés multi-ethniques à l'origine vraisemblable de l'union linguistique, à partir du VIIIe siècle ; la majorité des traits en existaient au XIIe siècle, la balkanisation se poursuivant cependant jusqu'au XVIIe siècle en certains points.
Le serbe fut peut-être la dernière langue à s'y joindre, ce qu'indique le faible nombre de traits qu'il en comporte, et pour la plupart dans les dialectes torlak seulement, des parlers de transition avec le bulgare d'origine assez tardive, après que la plupart des traits communs se furent établis dans l'union linguistique.
Traits communs grammaticaux
Système casuel
Le nombre de cas est réduit, plusieurs étant supplantés par l'emploi de prépositions, à l'exception du serbe. La déclinaison nominale typique d'une langue balkanique comporte les cas suivants :
- nominatif
- accusatif, employé avec des prépositions, de même forme que le nominatif
- datif / génitif (fusionnés)
- vocatif
NB: En Bulgare, les déclinaisons ont disparu.
Syncrétisme du génitif et du datif
Dans les langues balkaniques, le génitif et le datif, ou les constructions prépositionnelles qui y correspondent, sont de forme identique. Exemple:
Langue Datif Génitif Français J'ai donné le livre à Marie. C'est le livre de Marie. Albanais Kam dhashë e librin në Marisë. Është libri i Marisë. Bulgare Дадох книгата на Мария (Dadoh knigata na Marija)
Книгата е на Мария; (Knigata e na Marija)
Roumain I-am dat cartea Mariei. Este cartea Mariei. Macédonien И ја дадов книгата на Марија. (I ja dadov knigata na Marija)
Книгата е од Марија. (Knigata e od Marija)
Grec Έδωσα το βιβλίο στη Μαρία. ou aussi (dans la langue familière) : Έδωσα το βιβλίο της Μαρίας.
Είναι το βιβλίο της Μαρίας. Syncrétisme du locatif et du directionnel
L'expression sémantique du locatif (lieu où l'on est) et du directionnel (lieu où l'on va) se fait par la même forme ; c'est du reste également le cas du français, comme des autres langues romanes, mais des langues comme le latin ou l'allemand marquent explicitement la différence dans leur morphosyntaxe.
langue "en Grèce" (locatif) "en Grèce" (directionnel) Bulgare в Гърция в Гърция Grec στην Ελλάδα στην Ελλάδα Roumain în Grecia în Grecia Système verbal
Formation du futur
Le futur se forme de manière analytique en utilisant un auxiliaire dont le sens est "vouloir" (comme en anglais "will"), suivi le plus souvent d'un subjonctif.
Langue Registre Formation Exemple: "Je verrai" Albanais "do" (invariable) + subjonctif Do të shikoj Aroumain "va" (invariable) + subjonctif Va s-ved Bulgare "ще" (invariable) + présent Ще видя Grec "Θα" (invariable) + subjonctif Θα δω Macédonien "ќе" (invariable) + présent Ќе видам Serbe (langue littéraire) "hteti" (conjugué) + infinitif Ја ћу видети (видећу) (langue familière) "hteti" (conjugué) + subjonctif Ја ћу да видим Roumain (langue littéraire) "a voi" (conjugué) + infinitif Voi vedea (langue familière) "o" (invariable) + subjonctif O să văd (alternative familière) "a avea" (conjugué) + subjonctif Am să văd (archaïque) "va" (invariable) + subjonctif Va să văd Romani (Erli) "ka" (invariable) + subjonctif Ka dikhav Parfait périphrastique
Le parfait se forme de manière analytique avec l'auxiliaire "avoir", comme dans les langues romanes ou les langues germaniques modernes. L'origine de ce trait est peut être à chercher dans le latin vulgaire. Cela ne s'applique pas toutefois au bulgare et au serbe, où le parfait se forme avec l'auxiliaire "être" et le participe passé actif : обещал - "ayant promis" (participe passé actif); съм (Bul.); сам (Ser.) - "Je suis"; обещал съм; обећао сам (Ser.) - "J'ai promis" (littéralement. "Je suis ayant promis"), parfait. Le macédonien pour sa part peut optionnellement utiliser "être" ou "avoir" comme auxiliaire, selon le dialecte ; la construction avec "avoir "est caractéristique de cette langue : Имам ветено "j'ai promis"
Réduction de l'emploi de l'infinitif
L'emploi de l'infinitif, commun dans les langues apparentés à celles des Balkans mais extérieures à l'union, comme les langues romanes et les langues slaves, est généralement remplacé par des constructions au subjonctif :
- en bulgare, macédonien, grec et dans le dialecte tosque de l'albanais, la perte de l'infinitif est complète
- en aroumain et dans les dialectes méridionaux du serbe, elle est presque complète
- en mégléno-roumain et dans le dialecte guègue de l'albanais, l'emploi de l'infinitif se réduit à un nombre d'expressions limitées
- en daco-roumain, en serbe et en croate, l'infinitif partage de nombreuses fonctions avec le subjonctif
- le turc parlé à Sliven et Choumen a lui aussi presque entièrement perdu l'infinitif.
Par exemple, "je veux écrire" se dira littéralement "je veux que j'écrive" :
Langue Exemple Remarques Albanais "Dua të shkruaj" Macédonien "Сакам да пишувам" Bulgare "Искам да пиша" Grec "Θέλω να γράψω" Roumain "Vreau să scriu" par opposition à "Vreau a scrie", qui est correct mais d'usage restreint Serbe "Želim da pišem" par opposition à la forme plus courante en croate : "Želim pisati", oùpisati est un infinitif. Turc de Bulgarie "isterim yazayım" Dans le turc de Turquie on a "yazmak istiyorum" où "yazmak" est un infinitif. Subjonctif en emploi direct
Le subjonctif peut s'employer seul pour exprimer un vœu, un souhait, une requête, une intention ou une suggestion.
Ci-dessous, la traduction de "que tu y aille" par des constructions au subjonctif dans les langues balkaniques :
Langue Exemple Remarques Macédonien Да одиш! Bulgare Да отидеш! Serbe (notamment en dialecte torlak) Da ideš! Albanais Të shkosh! Grec Να πας! Romani Te dža! Roumain Să te duci! (la construction emploie un pronom réfléchi) Mégléno-roumain S-ti duţ! Aroumain S-ti duts! Évidentialité
(Ajout par rapport à la version anglaise, à développer)
Article défini postposé
À l'exception du grec et du romani, toutes les langues de l'union utilisent un article défini postposé, attaché à la fin du nom plutôt que placé devant. Aucune des langues apparentées (les autres langues romanes et slaves) n'a cette caractéristique, et elle est considérée comme une innovation créée et diffusée dans les Balkans.
Cependant, chaque langue a créé indépendamment en interne ses propres articles, de sorte que les articles roumains s'apparentent aux articles (et démonstratifs) de l'italien ou du français, tandis que ceux du bulgare correspondent à des démonstratifs dans les autres langues slaves.
Langue Féminin Masculin forme non articulée forme articulée forme non articulée forme articulée Albanais shtëpi shtëpia qiell qielli Bulgare жена жената мъж мъжът Macédonien жена жената маж мажот Roumain casă casa cer cerul Serbe (torlak) жена жената муж мужот Formation des numéraux
Les numéraux entre dix et vingt sont formés à la façon slave : "unité" + "sur" + "dix". Par exemple, "onze" se dit littéralement "un sur dix". Le grec moderne ne suit pas cette tendance.
Langue "onze" formation Albanais "njëmbëdhjetë" një + mbë + dhjetë Bulgare "единадесет" един + (н)а + десет Macédonien "единаесет" еде(и)н + (н)а + (д)есет Roumain "unsprezece" un + spre + zece Serbie "jedanaest" jedan + (n)a + (d)es(e)t Enclise pronominale
Le complément d'objet direct et le complément d'objet indirect sont redoublés par une forme faible clitique de pronom personnel. Ce trait se retrouve en roumain, grec, bulgare et albanais.
Exemple : "Je le vois, Georges".
Langue Exemple Romanisation Albanais "E shikoj Gjergjin" Bulgare "Виждам го Георги." (tournure familière, voir en note) "Vijdam go Georgi." Macédonien "Гo гледам Ѓорѓи." "Go gledam Djordji." Grec "Τον βλέπω τον Γιώργο" "Ton vlepo ton Giorgo" Roumain "Îl văd pe George." Note: La forme non marquée suit un ordre SVO sans clitique : "Виждам Георги". Le redoublement par un clitique est néanmoins possible en langue familière : "Виждам го Георги". Le clitique est obligatoire en cas de thématisation de l'objet, avec ordre OVS, qui sert d'alternative à la voix passive en registre familier : "Георги го виждам".
Traits communs lexicaux
Vocabulaire
Les langues de l'union linguistique balkanique ont plusieurs centaines de mots en commun, pour la plupart originaires du grec ou du turc osmanli, du fait de la domination culturelle et économique de l'empire byzantin puis de l'empire ottoman sur la région.
L'albanais, le roumain et le bulgare partagent également nombre de mots de diverses origines :
Langue source Mot source Sens Albanais Bulgare Grec Roumain Macédonien Latin mensa table tavolin маса (masa) - masă маса Thrace/Illyrien *magar âne magar магаре (magare) - măgar магаре Grec ancien λιϐάδιον (libádion) pré livadhe ливада (livada) λειβάδι (livádi) livadă ливада Grec ancien διδάσκαλος (didáskalos) professeur dhaskal (mësues) даскал (daskal) (très familier) δάσκαλος (dáscalos) dascăl даскал Grec ancien κουτίον (koutíon) boîte kuti кутия (koutia) κουτί (kouti) cutie кутија (koutiya) Phraséologie
En dehors de l'emprunt lexical proprement dit, il existe aussi de nombreux calques passés d'une langue balkanique à l'autre, en majorité entre l'albanais, le bulgare, le grec et le roumain.
Par exemple, le mot pour "mûr" (comme un fruit) est dérivé du mot "cuire" en albanais, grec et roumain.
Un autre exemple est un vœu signifiant littéralement "pour bien des années" :
Langue Expression Romanisation Grec χρόνια πολλά khronia polla Latin ad multos annos Roumain la mulţi ani Albanais për shumë mot Bulgare за много години za mnogo godini Macédonien за многу години za mnogu godini Des expressions idiomatiques signifiant "qu'on <verbe> ou non" se forment avec la tournure "<verbe>-ne pas-<verbe>"[2]. Par exemple, pour "qu'on le veuille ou non" :
Langue Expression Bulgare ще - не ще Grec θέλει δε θέλει Roumain vrea nu vrea Turc ister istemez Serbe хтео - не хтео Dérivation
Certains suffixes de dérivation lexicale se trouvent dans l'ensemble de l'aire linguistique balkanique, comme le diminutif d'origine slave -ica - API [iʦa] - qui se retrouve en albanais, grec et roumain.
Traits communs phonétiques
Un trait commun des langues balkaniques "centrales" est l'existence d'un phonème schwa (en API /ə/), écrit ë en albanais, ъ en bulgare, ă en roumain. Le schwa existe aussi dans la majorité des dialectes du macédonien, mais pas dans ceux du centre et de l'Ouest, sur lesquels se base la langue écrite.
En roumain et en albanais, le schwa dérive d'un /a/ en position inaccentuée. Ainsi, le mot latin camisia ("chemise") est devenu en roumain cămaşă [kəmaʃə], en albanais këmishë [kəmiʃə].
Annexes
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Balkan linguistic union » (voir la liste des auteurs)
- daco-roumain, langue parlée en Roumanie et en Moldavie, soit l'ensemble des langues romanes orientales alors considérées comme des dialectes du roumain. Selon les écoles, le terme de roumain est employé pour désigner soit uniquement le
- ISBN 0-631-21251-5 Winford, Donald (2003) An Introduction to Contact Linguistics; Blackwell Publishing
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- Andrej N. Sobolev (Ed.) Malyi dialektologiceskii atlas balkanskikh iazykov. Muenchen: Biblion Verlag, 2003-
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