Académie roumaine

Académie roumaine
Les membres fondateurs de l'Académie roumaine en 1867.
Médaille pour le 25e anniversaire de l'Académie roumaine (1866-1891).
L'entrée principale de la bibliothèque de l'Académie roumaine à Bucarest.
Le siège de l'Académie roumaine.
Le bâtiment de l'Académie roumaine élevé par les architectes de Nicolae Ceaușescu (et resté inachevé) à la place d'un quartier historique de Bucarest.

L'Académie roumaine (en roumain : Academia Română) est un forum culturel qui concerne les sciences, les arts et la littérature de la Roumanie. L'académie a 181 membres perpétuels et de nombreux membres correspondants.

Sommaire

Histoire

Les prémisses et les débuts

Les principautés de Valachie et de Moldavie, vassales de l'Empire ottoman mais autonomes, étaient sous l'influence de l'esprit des Lumières depuis le XVIe siècle : leurs Voïvodes (Alexandru Lăpușneanu, Radu Șerban, Șerban Cantacuzène et Antioh Cantemir) et des lettrés (Ioan Piuariu-Molnar) y avaient fondé des académies princières (în 1561 à Cotnari en Moldavie, en 1603 à Târgoviște et en 1688 à Bucarest en Valachie, en 1707 à Jassy en Moldavie et en 1795 à Alba Iulia en Transylvanie)[1]. Ces institutions fusionnent en 1843 en une Société littéraire des Pays Roumains, ébauche de l'Académie Roumaine, qui en prend ce titre en 1866 sous les auspices d'Ion Heliade Rădulescu et de Vasile Urechea Alexandrescu ; Heliade Rădulescu en fut le premier président. De nombreux académiciens d'avant le régime communiste, formés dans les Universités européennes et notamment françaises, furent porteurs d'un savoir et d'un esprit civique, laïc et démocratique, prenant une part active aux progrès politiques et sociaux de l'état roumain durant les huit décennies agitées, mais pluralistes et ouvertes de son histoire antérieure aux dictatures carliste, fasciste et communiste qui se succédèrent durant un demi-siècle entre 1938 et 1989.

Sous les dictatures

Les années 1940-1989, représentent un hiatus dans l'histoire de l'Académie comme dans celle de la Roumanie et de la Moldavie. Ces cinq décennies de société monolithique, fermée et dirigiste, fasciste de 1940 à 1944 et communiste de 1945 à 1989, furent des parenthèses de censure et de surveillance de la pensée, interrompant les échanges et la production d'idées, de biens et d'œuvres, et éliminant la compétences au profit de la flatterie et de la servilité politique. Antonescu, puis Staline furent promus parangons de la culture, avant que d'autres Danubes de la pensée comme Nicolae Ceaușescu ne leur succèdent. Des créateurs et savants de haut niveau furent alors exclus de l'Académie, persécutés, et pour certains, détenus, tandis que d'autres étaient privés de leurs droits à délibérer. Seuls furent épargnés ceux qui se firent les thuriféraires des dictateurs successifs.

En Moldavie soviétique, on imposa au roumain l'écriture cyrillique : non pas les caractères gréco-slavons utilisés au Moyen-Âge et jusqu'au début du XIXème siècle, mais ceux de la langue russe, qui se prêtent mal à la syntaxe et aux sons du roumain. Le passé et la culture du pays furent entièrement réécrits de manière à en occulter au maximum la latinité, la "roumanité" et la "balkanité", en exagérant et même en inventant des parentés, des influences ou des appartenances russes. On alla jusqu'à inventer une "langue moldave distincte du roumain" et on débaptisa villes et villages.

Entre 1945 et 1989, des personnages ubuesques comme Mihail Roller, officier du K.G.B. promu "historien" et "garde-chiourme" de ses collègues, V.D. Mirza, "biologiste" qui niait les lois de la génétique en adoptant le Lyssenkisme, ou Elena Ceaușescu, "chimiste" comme son mari était "démocrate", imposèrent en nombre leurs candidats sous la coupole : des exégètes des slogans communistes, des techniciens, des ministres à la retraite, des permanents du Parti. Prompts à se gaver de tous les avantages de leur condition, mais indifférents au devenir de la culture, de la science et de la langue roumaines, ces "académiciens" se montrèrent très efficaces dans l'étouffement de toute création ou recherche indépendante et provoquèrent une "fuite des cerveaux" continue hors du pays. Durant cette période, des collections furent dispersées (dans les villas de la "nomenclature") des musées fermés, des recherches interdites (sciences de l'éducation, psychologie), de nombreux fonds documentaires mis sous séquestre. Quiconque osait murmurer était exclu. Coupé du mouvement mondial d'innovations et d'échanges, dominé par ceux qu'on appelle en roumain des "semi-doctes", le régime stagnait sur tous les plans : académique, mais aussi universitaire, technologique, scientifique et artistique. Des roumanophones pourvus de doctorats de médecine, de diplômes d'ingénieurs ou de titres de "référents spécialistes" qui leur valaient, dans leurs pays, respect et considération, eurent la cuisante surprise de découvrir, en occident ou bien, depuis 1989, auprès d'entreprises occidentales, que leur formation faisait d'eux au mieux des internes ou des techniciens spécialisés, au pire des infirmiers ou des simples techniciens. Toutes les formations ont dû, depuis la Libération de 1989, être révisées et remises à niveau.

Depuis la Libération

Depuis 1990, le courant d'échanges avec la culture et la science mondiale a repris. Nul ne fut exclu parmi ceux qui avaient été cooptés durant la dictature, mais l'Académie Roumaine a repris l'intégration de professionnels internationalement reconnus de la science et de la culture, exclus durant la dictature. Les anciens apparatchiks restèrent cependant longtemps influents, et l'hebdomadaire britannique "Nature" jugeait en 1994 que l'Académie Roumaine utilise son autonomie pour reproduire les modes de fonctionnement communistes mis en place en 1948. Mais étant en recherche d'idéologies de rechange au communisme qu'ils avaient abandonné, cela ne les empêcha pas, au mépris de la laïcité, d'introduire la théologie dans la section "Philosophie, psychologie et pédagogie". À partir de 1996 cependant, avec l'alternance politique au profit des socio-démocrates, la bureaucratie communiste commença à perdre son influence et l'Académie roumaine à revenir à un fonctionnement plus proche de ses homologues européennes : en cela, l'histoire de l'institution est un reflet de la société roumanophone contemporaine[2].

Rôle

L'Académie roumaine est, en Roumanie, l'instance régulatrice de la langue roumaine, du moins de jure, car de facto, les média et les entreprises prennent beaucoup de libertés linguistiques, utilisant de plus en plus d'anglicismes. Selon ses règlements, les rôles principaux de l'académie sont de cultiver la langue et la littérature roumaines, d'étudier l'histoire nationale de la Roumanie et de conduire la recherche scientifique.

L'académie a beaucoup de projets fondamentaux, qui incluent le dictionnaire de la langue roumaine (en roumain : Dicționarul explicativ al limbii Romane) ("Dictionnaire explicatif de la langue roumaine"), également connu sous le nom de DEX, est le dictionnaire le plus important de la Roumanie ; le dictionnaire de la littérature roumaine, et le traité sur l'histoire des roumains.

L'académie gère également l'Institut d'archéologie Vasile Parvan de Bucarest ainsi que la revue d'archéologie Dacia‎.

Les disciplines de l'Académie roumaine

Les présidents

Noms Périodes
Ion Heliade Rădulescu 1867 - 1870
August Treboniu Laurian premier mandat 1870 - 1872
Nicolae Cretulescu premier mandat 1872 - 1873
August Treboniu Laurian deuxième mandat 1873 - 1876
Ion Ghica premier mandat 1876 - 1882
Dimitrie Sturdza 1882 - 1884
Ion Ghica deuxième mandat 1884 - 1887
Mihail Kogălniceanu 1887 - 1890
Ion Ghica troisième mandat 1890 - 1893
George Bariț 1893
Iacob Negruzzi premier mandat 1893 - 1894
Ion Ghica quatrième mandat 1894 - 1895
Nicolae Cretulescu deuxième mandat 1895 - 1898
Petru Poni premier mandat 1898 - 1901
Petre Aurelian 1901 - 1904
Ioan Kalinderu 1904 - 1907
Anghel Saligny 1907 - 1910
Iacob Negruzzi deuxième mandat 1910 - 1913
Constantin Istrati 1913 - 1916
Petru Poni deuxième mandat 1916 - 1920
Dimitrie Onciul 1920 - 1923
Iacob Negruzzi troisième mandat 1923 - 1926
Emil Racoviță 1926 - 1929
Ioan Bianu 1929 - 1932
Ludovic Mrazec 1932 - 1935
Alexandru Lăpedatu 1935 - 1938
Constantin Rădulescu-Motru 1938 - 1941
Ion Simionescu 1941 - 1944
Dimitrie Gusti 1944 - 1946
Andrei Rădulescu 1946 - 1948
Traian Săvulescu 1948 - 1959
Athanase Joja 1959 - 1963
Ilie Murgulescu 1963 - 1966
Miron Nicolescu 1966 - 1975
Theodor Burghele 1976 - 1977
Gheorghe Mihoc 1980 - 1981
Radu Voinea 1984 - 1990
Mihai Corneliu Drăgănescu 1990 - 1994
Virgiliu Constantinescu 1994 - 1998
Ioan Eugen Simion 1998 - 2006
Ionel Haiduc 2006 -

Quelques membres roumains

Quelques membres étrangers

Notes

  1. Andrei Oțetea, Istoria lumii în Date, Ed. Enciclopedică, Bucarest, 1969
  2. Source pour la partie historique : Karel Bartosek : Le bilan du communisme dans les pays roumanophones, chapitre sur l'Académie roumaine in : "la Nouvelle alternative"-Bulletins n° 1 et 2, Mars et Juin 1999

Lien externe

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