- Cyrillique
-
Alphabet cyrillique
Cyrillique Caractéristiques Type Alphabet Langue(s) Plusieurs langues slaves, ainsi que presque toutes les langues de l'ancienne URSS Historique Époque Variantes archaïques dès 940 Système(s)
parent(s)Protocananéen
Phénicien
Grec
Glagolitique
CyrilliqueSystème(s)
apparenté(s)Latin, copte, arménien Encodage Unicode U+0400 à U+04FF
U+0500 à U+052FISO 15924 Cyrl L'alphabet cyrillique (bulgare et macédonien : кирилица ; en russe : кириллица ; en ukrainien : кирилиця ; en biélorusse : Кірыліца ; en ruthène : кырилиця ; en serbe : ћирилица) est un alphabet bicaméral de trente lettres (dans sa version moderne bulgare), créé au IXe siècle par des disciples du frère Cyrille (peut-être Clément d'Ohrid), à partir du grec dans sa graphie onciale et de l'alphabet glagolitique.
Il est notable que la valeur phonétique des lettres empruntées correspond, mutatis mutandis, à celle qu’elles avaient dans le grec de l'époque. Par exemple, le Β bêta (prononcé [v] en grec ) est devenu le В ve cyrillique ; il a donc fallu créer une lettre de façon à obtenir un graphème pour le phonème [b], en l'occurrence une modification du ve, soit Б.
Sommaire
Usages de l'alphabet cyrillique
Le cyrillique est principalement utilisé pour écrire le russe (alphabet russe) et plusieurs langues slaves (plus spécifiquement, les langues des peuples slaves orthodoxes, les peuples slaves catholiques ayant conservé l'usage de l'alphabet latin) :
- biélorusse ;
- bulgare ;
- macédonien (voir l'article Alphabet macédonien) ;
- ruthène (langue éteinte) ;
- serbe voir l'article Alphabet cyrillique serbe (les Serbes utilisent aussi l'alphabet latin serbe) ;
- ukrainien (voir l'article Alphabet ukrainien) ;
- vieux slave.
Il sert également à écrire de nombreuses langues non slaves et non indo-européennes parlées sur le territoire de la Russie, comme l'oudmourte, le khanty, le nénètse ou l'ossète, ainsi que le mongol ou même le doungane, un dialecte du mandarin. Pour ces langues, il est souvent complété par des signes diacritiques ou des caractères spéciaux, destinés à noter des phonèmes qui n'existent pas en russe. On peut consulter à ce propos l'article Diacritiques de l'alphabet cyrillique.
Jusqu'en 1857, une variété d'alphabet cyrillique[1] a également servi à transcrire le roumain ; son emploi a perduré ponctuellement jusqu'en 1918 en Bessarabie. En outre, de 1938 à 1989 (et jusqu'à nos jours en Transnistrie) les pouvoirs soviétique et post-soviétique ont imposé, pour le roumain parlé en URSS (sous le nom de « moldave »), l'usage de l'alphabet cyrillique russe moderne (légèrement adapté).
Dans cet article, ne seront traités que les aspects de l'alphabet cyrillique servant à écrire le russe. En effet, dans les autres langues l'utilisant, les lettres peuvent avoir une tout autre valeur. Par exemple, en bulgare ъ (dit ер голям (èr goliam)) se prononce comme le ă roumain et le щ se prononce cht.
Origine
Le fait que Constantin Cyrille, dit Le Philosophe, ait créé l'alphabet et les premières traductions en slavon est incontestable. Mais une des questions les plus intéressantes, restée sans réponse univoque encore actuellement, porte sur la création au cours d'une période relativement brève de deux alphabets slaves, à savoir l'alphabet cyrillique et l'alphabet glagolitique. Les avis ne s'accordent pas tous pour affirmer lequel des deux a été créé par Constantin Cyrille.
Selon l’hypothèse la plus répandue sur la création des deux alphabets, le cyrillique ferait son apparition, chronologiquement, après le glagolitique. D'un point de vue acoustique et graphique, le cyrillique est basé sur l'onciale grecque. Ce serait le Bulgare Clément d'Okhrid, un des disciples de Constantin Cyrille, qui l'aurait créé, lui donnant le nom de son professeur, en signe de respect. La plupart des scientifiques attribuent l'alphabet glagolitique à Constantin Cyrille. Il correspond à la composition phonétique de la langue bulgare et possède une graphie originale; certains chercheurs indiquent que le dessin des lettres suit les règles de la section dorée (les rapports du petit et du grand côté à l'ensemble sont identiques). Si, entre l'alphabet glagolitique et l'alphabet cyrillique, il existe une certaine continuité, ils n'en comportent pas moins des différences significatives. L'alphabet cyrillique remplaça rapidement l'alphabet glagolitique, d'abord en Bulgarie orientale, et notamment dans la capitale de l'époque, Preslav. À l’école d'Ohrid (Bulgarie occidentale, actuellement en Macédoine) l'alphabet glagolitique fut plus largement répandu, et employé plus longtemps. Il existe quelques monastères au bord de la Mer Adriatique, en Croatie, où le glagolitique a été utilisé en cryptographie jusqu'au XIXe siècle.
Selon la deuxième hypothèse, Constantin Cyrille serait l'auteur des deux alphabets, ce qui signifierait qu'il aurait traduit les principaux livres liturgiques deux fois. En 855, il aurait créé l'alphabet cyrillique dérivé de l'écriture grecque en l'adaptant au langage slave, pour traduire ensuite les livres liturgiques pour les besoins des slaves bulgares de la région du fleuve de Brégalnitsa (Macédoine du nord-ouest). Plus tard, en 862-863, il aurait créé l'alphabet glagolitique, recopiant les livres déjà traduits afin de donner à sa mission en Grande-Moravie une expression chrétienne universelle. De nos jours l'alphabet cyrillique est employé non seulement par les Bulgares, mais également par les Serbes, les Monténégrins, les Russes, les Biélorusses aussi bien que par beaucoup d'autres peuples non-slaves de l'ex-URSS, ainsi que par les Mongols: environ deux cents millions de personnes en tout. L'œuvre de Cyrille et Méthode a été continuée par leurs disciples Clément, Naoum, Anguélarii, Gorazd et Sava qui, à leur arrivée en Bulgarie, ont reçu le soutien du roi bulgare Boris Ier. Chacun des cinq étudiants a sa propre fête religieuse, mais de plus, le 27 juillet on célèbre les deux Saints, Cyrille et Méthode, et leurs cinq élèves, ensemble. La fête est appelée "Sveti Sedmotchislenitzi" (Les Sept Saints). Les Saints Cyrille et Méthode ont été proclamés copatrons de l'Europe en décembre 1980.
Les ecclésiastiques vivant surtout dans la région de l'Adriatique du nord ont continué à utiliser l'écriture glagolitique jusqu'à la fin du XVIIe siècle, après quoi elle n'a été maintenue que dans la liturgie; et le dernier document en glagolitique date de la fin du XIXe siècle.
L'alphabet cyrillique doit, plus ou moins directement, plusieurs de ses caractéristiques innovantes par rapport au modèle grec, voire certaines de ses lettres, au glagolitique.
Dans la religion orthodoxe, le 24 mai, jour de l’alphabet slave et des Saints-Frères Cyrille et Méthode, est une fête qui n'a que peu d'analogues: jour de l'écriture, de l'éducation et de la culture. C'est la fête de l'éveil spirituel, de l'aspiration au perfectionnement à travers la science et la culture. Les lettres créées par Cyrille et Méthode, leurs traductions des livres liturgiques en slavon, la défense du droit de chaque peuple à glorifier Dieu dans sa propre langue, ont une importance historique qui dépasse la formation et la prospérité de la nation bulgare. Leur œuvre est humanitaire et démocratique, commune à tous les Slaves et au service de la grande idée humaine d'égalité de tous dans le domaine spirituel.
Lettres
Alphabet originel
Ce tableau présente :
- Les éventuelles variantes d'une lettre indiquées entre parenthèses sont utilisés dans les cas où l'informatique ne permet pas un rendu fidèle.
- Les valeurs numériques des lettres cyrilliques diffèrent de celles de leurs équivalents glagolitiques.
- La prononciation est donnée selon l'alphabet phonétique international ; les valeurs entre parenthèses sont des notations utilisées par les slavistes.
- Le nom est indiqué en transcription latine, puis entre parenthèses en vieux-slave et en slavon d'église.
Lettre Écriture Valeur
numériquePrononciation Nom Remarques А, а 1 /a/ az (азъ) La forme de la lettre a évolué tardivement vers celle du a latin Б, б /b/ buky (букы, буки) Son tracé est une déformation de la lettre В. В, в 2 /v/ vědě (вѣдѣ,вѣди) Cette lettre provient du β grec [2] Г, г 3 /g/ glagoli (глаголи) Д, д 4 /d/ dobro (добро) Є, є (Е, е) 5 /ɛ/ êst (ѥстъ, есть) peut être prononcée mouillée ié {?}. Ж, ж /ʒ/ živěte (живѣте) Ѕ, ѕ, Ꙃ, ꙃ 6 /dz/ zelo (ѕѣло, ѕѣлѡ) Variante de la suivante. З, з, Ꙁ, ꙁ 7 /z/ zemlâ (земля) И, и 8 /i/ iže (иже) nommé également « i–huitaine » ; provient du grec η. І, і,Ї,ї 10 /i/ i ou ižei (ижеи) nommé « i–dizaine ». К, к 20 /k/ kako (како, какѡ) Л, л 30 /l/ lûdiê (людиѥ, люди) dérive du λ grec. М, м 40 /m/ myslite (мыслите,мыслѣте) Н, н 50 /n/ naš´ (нашь,нашъ) la barre est penchée vers la droite à l'origine. О, о 70 /o/ on (онъ) le tracé peut s'approcher d'un losange. П, п 80 /p/ pokoi (покои,покой) dérive du π grec. Р, р 100 /r/ r´ci (рьци,рцы) dérive du ρ grec. С, с 200 /s/ slovo (слово) dérive du sigma lunaire (ϲ). Т, т 300 /t/ tverdo (тврьдо,твердо) Ѹ, ѹ, У,у (400) /u/ uk (укъ) l'origine, digraphe o + u Ф, ф 500 /f/ frt (фрътъ, фертъ) provient du φ grec ; le son est presque absent des langues slaves. Х, х 600 /x/ hěr (хѣръ) provient du χ grec Ѡ, ѡ 800 /oː/ o (о) nommée tardivement oméga (Омега). Il existe la ligature Ѿ, ѿ ot Ц, ц 900 /ʦ/ ci (ци,цы) provient du ץ hébreu final. Ч, ч 90 /ʧ/ črv (чрьвь, червь) provient du צ hébreu. Ш, ш /ʃ/ ša (ша) provient du ש hébreu. Щ, щ /ʃt/ šta (ща) À l'origine, la barre inférieure était au centre. Prononciation variable en slavon d'église. Ъ, ъ /u̯/ êr (ѥръ,еръ) jer ou yer ; actuel signe dur très rare en russe, courant en bulgare, disparu des autres alphabets. Ы, ы /ɨ/ êry (ѥры,еры) ligature cyrillique de ъ et і ; transcription habituelle y. Ь, ь /i̯/ êr´ (ѥрь,ерь) actuel signe mou marquant la palatalisation. Ѣ, ѣ /æː, ieː/ ât´ (ıать ou ять) jat' ou yat'. Disparu de tous les alphabets contemporains. Ю, ю /ju/ û (ю) ancienne ligature іоу (iou). Ꙗ, ꙗ, ІА, ıa /ja/ a yodisé А йотированное Ѥ, ѥ /jɛ/ e yodisé Е йотированное Ѧ, ѧ, Я,я petit jus| /ɛ̃/ юс малый Ѫ, ѫ grand jus|юс большой Ѩ, ѩ petit jus yodisé|юс малый йотированный Ѭ, ѭ grand jus yodisé|юс большой йотированный Ѯ, ѯ 60 ksi|кси Ѱ, ѱ 700 psi|пси Ѳ, ѳ 9 fita|фита Ѵ, ѵ 400 ijitsa (izica)[и] ижица Alphabets contemporains
L'alphabet cyrillique utilisé pour le russe compte trente-trois lettres depuis 1917. Avant cette date, l'alphabet dit « prérévolutionnaire » en comprenait quatre de plus. Celles-ci sont repérées dans le tableau par un fond coloré.
Cette écriture étant bicamérale, il existe deux variantes pour chaque lettre, capitale et minuscule. Le tableau suivant détaille l'alphabet actuel ; il se lit comme suit:
- Capitales et minuscules ;
- nom de la lettre telle que prononcée lorsque on l'épelle ; on a adopté ici une transcription et non une translittération afin de rendre explicite le nom en question ;
- translittération: le premier signe indiqué suit la norme ISO 9 de 1995 ; les suivants, si les usages divergent, proviennent d'autres systèmes fréquemment utilisés ;
- prononciation phonétique selon l'API ;
- prononciation imagée, orthographiée selon les usages français.
Capitale Minuscule Nom Translittération Prononciation
(API)Prononciation
(français)А а a a [a] a Б б be b [b] b В в ve v [v] v Г г ge g [g] g dur Д д de d [d] d Е е je ié [ʲe] ié Ё ё jo io [ʲo] io Ж ж že j [ʒ] j З з ze z [z] z И и i i [i] i Й й i kratkoié
и краткоеï [j] ï І і i s totchkoï
и с точкойì [i] i К к ka k [k] k Л л el l [l] l М м em m [m] m Н н en n [n] n О о o o [o] o П п pe p [p] p Р р er r [ɾ] r roulé С с es s [s] s dur Т т te t [t] t У у ou ou [u] ou Ф ф ef f [f] f Х х kha kh [x] ch allemand dans Achtung ! Ц ц tse ts [ʦ] ts Ч ч če tch [ʧ] tch Ш ш ša ch [ʃ] ch Щ щ šča chtch [ʃʧ] chtch Ъ ъ tvjordyj znak
твёрдый знак, - [palat.] muet Ы ы y
(jery, еры)y [ɨ] i tendu Ь ь miagkiï znak
мягкий знак’, ' + [palat.] y Ѣ ѣ yat’
ятьě [ʲɛ] iè Э э è oborotnoje
э оборотноеè [ɛ] è Ю ю ju you [ʲu] iou Я я ja ia [ʲa] ia Ѳ ѳ f̀ita
Ѳитаḟ [f] ~ [fʲ] ḟ Ѵ ѵ ižica
ижицаẏ [i] i Le système bulgare officiel de la translittération a été conçu en 1995 pour la Commission bulgare pour les toponymes antarctiques, et approuvé à l'usage du ministère des affaires étrangères, du ministère de l'intérieur, du ministère de l'administration publique, et de la Loi bulgare de la translittération de 2009.[3]
Graphie manuscrite et cursive
La graphie manuscrite cursive des lettres cyrilliques diffère autant de la graphie imprimée que le font nos lettres latines. De plus, dans certaines éditions l'italique imprimée minuscule suit le tracé des lettres cursives (ce qui, typographiquement, montre la différence entre des obliques et des italiques). Certaines cursives ne sont cependant pas identiques selon qu'elles sont manuscrites ou imprimées (ces lettres sont repérées par la couleur bleue) :
Légende
Rangée 1 : caractères d'imprimerie en romaine ; rangée 2 : caractères d'imprimerie en italique ; rangée 3 : caractères manuscrits cursifs.Enfin, en serbe et en macédonien, les italiques cursives des minuscules бгдпт ont encore un autre œil, parfois plus proche encore de la graphie manuscrite :
Note : dans ces langues, la lettre д en minuscule romaine se trace δ.
Divers
Articles connexes
- Alphabet russe
- Alphabet ukrainien
- Diacritiques de l'alphabet cyrillique
- Apophonie accentuelle en russe
- Transcription du russe en français
- Palotchka
- Bulgare
- Russe
- Serbe ; Alphabet cyrillique serbe
- Ukrainien
- Alphabet
- Écriture
- Cyrillisation des langues chinoises
- Système direct de la translittération des caractères cyrilliques bulgares
Notes et références
- ↑ А а, Ъ ъ (= ӑ), Б б, Β β, Ґ γ, Δ δ, Є є, ζ ʝ, С с, І ι, К к, Λ λ, М м, Ν н, О о, П п, Р р, Т m, Υ υ, Ф ф, Х х, Џ џ (= ҭ), Ч ч, Ш ш, Щ щ (= şt), Ђ ђ (= î, â), Ξ ξ (= x), Ζ z : Denis Deletant, Slavonic letters in Moldova, Wallachia & Transylvania from the tenth to the seventeenth centuries, Ed. Enciclopedicӑ, Bucharest 1991.
- ↑ Si le β grec se prononçait sans doute /b/, il a pris la prononciation /v/ dès l'époque byzantine.
- ↑ (bg) La gazette d'état, No. 19, 13 mars 2009.
Liens
- Alphabet cyrillique - prononciation
- Tableau comparatif des transcriptions du russe dans différentes langues européennes, en arabe, géorgien, braille et morse
Catégorie : Alphabet cyrillique
Wikimedia Foundation. 2010.