Amphélise de Montferrand

Amphélise de Montferrand

Urbain V

Urbain V
Pape de lÉglise catholique romaine
Image du pape Urbain V
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Armoiries pontificales de Urbain V
Nom de naissance Guillaume de Grimoard
Naissance 1310
Château de Grizac, Pont-de-Montvert, France
Élection
au pontificat
28 septembre 1362
Intronisation: 6 novembre 1362
Fin du
pontificat :
19 décembre 1370
Prédécesseur : Innocent VI
Successeur : Grégoire XI
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Antipape :
Listes des papes : chronologie · alphabétique
Projets Catholicisme et Histoire · Modèle

Guillaume de Grimoard ( en 1310 à Grizac[N 1], Lozère et décédé en 1370 à Avignon) devint le sixième pape à Avignon sous le nom dUrbain V. Originaire des pays de la langue doc, comme ses prédécesseurs, natif du Gévaudan dans une famille liée à celle des Sabran, il commença à vivre et à étudier à proximité de la vallée du Rhône[1]. Elzéar, un de ses oncles, était alors prieur de la chartreuse de Bonpas, près dAvignon[2].

Profès de lordre de Saint-Benoît, comme Benoît XII et Clément VI, il fut rapidement mis en charge des plus prestigieuses abbayes bénédictines de France et de Provence. Mais sarrête le parallèle avec ses devanciers. Ni évêque, ni cardinal, il na jamais entretenu de relations suivies avec la Curie et il fut, par le fait même, totalement étranger aux querelles de clans de lAntique et Sacré Collège des cardinaux. De plus sa carrière ne doit rien à ladministration royale française, et ses missions diplomatiques lont rendu très proche de lItalie, proximité qui entraîna une tentative avortée de retour de la papauté vers Rome.

Il est à l'origine de nombreux développements architecturaux, de missions dans le monde entier et, avec la Guerre de Cent Ans, a eu à participer et arbitrer plusieurs conflits.

Urbain V est le seul des pontifes avignonnais à avoir été porté sur les autels avec le titre de bienheureux. Béatifié en 1870, sous Pie IX, il est considéré comme saint dans le nouveau calendrier liturgique publié par Paul VI, sans avoir été formellement canonisé[3].

Sommaire

Biographie

De sa naissance au conclave

Naissance et enfance

Les restes du Château de Montferrand serait née sa mère
Les armes des Montferrand

Fils aîné de Guillaume II de Grimoard[4], seigneur de Grizac, et d'Amphélise (ou Élise) de Sabran, dame de Montferrand, près de La Canourgue, dans la baronnie de Canilhac[N 2], le futur pape Urbain V portait le même patronyme que son père. Il naît en 1310[N 3] au château familial de Grizac, situé sur la commune du Pont-de-Montvert près de Mende. Ce château a été construit peu avant sa naissance par son père, chevalier-paysan[5]. Il avait deux frères[4] : Étienne[N 4], et Anglic, futur religieux à l'abbaye de Saint-Ruf de Valence et cardinal. Ce dernier a survécu dix-huit ans à Urbain V, meurt le 14 avril 1388 et est enterré à l'église de Saint-Ruf de Valence. Le futur pape avait également une sœur[4], Delphine qui épousa Guillaume de Monyaut.

Guillaume de Grimoard fut baptisé en 1310, avec pour parrain Elzéar de Sabran, frère dAmphélise, comte dAriano et régent du royaume de Naples, dont il proclama lui-même la sainteté le 15 avril 1369[6]. Élève brillant, il quitta le domicile familial vers l'âge de douze ans pour aller étudier à Montpellier. Sa mère lui dit alors[7] : « Mon fils, je ne te comprends pas, mais Dieu, lui, te comprend ». Il se rendit ensuite à Toulouse parfaire ses études.

Le moine

Après des études de droit, il entra en 1335 dans l'ordre des bénédictins au prieuré du monastère de Chirac (qui devint plus tard le Monastier)[8], son oncle maternel Anglicprobablement le parrain de son jeune frèreétait prieur. Ce monastère, à quelques lieues de Mende, près des bourgs de Chirac et de Marvejols dépendait de la congrégation victorine de Marseille. Son noviciat achevé, il se rendit à Marseille, il fit sa profession monastique, puis retourna au Monastier il reçut l'ordination sacerdotale[9].

Il partit ensuite à l'université de Montpellier, il enseigna et devint un spécialiste renommé du droit. Il fut reçu docteur en 1342[8]. Il se trouvait toujours dans cette ville lorsque se propagea la terrible peste noire de 1348.

Pierre d'Aigrefeuille, venant d'être nommé évêque de Clermont, le prit comme vicaire général. Une fois transféré à Uzès, l'évêque garda Guillaume de Grimoard à ses côtés. Demeuré moine noir mais rattaché à Cluny, il fut nommé prieur au diocèse d'Auxerre. Le 13 février 1352, le pape Clément VI le plaça à la tête de labbaye Saint-Germain d'Auxerre puis Innocent VI le nomma abbé de Saint-Victor, la prestigieuse abbaye marseillaise, le 2 février 1361, après le décès d'Étienne de Clapier. Dans toutes ses charges, il était dit « moult sainct homme et de belle vie, grand clerc et qui moult avait travaillé pour lÉglise[10] ».

Le diplomate

Conseiller écouté des papes Clément VI et Innocent VI, il se vit confier plusieurs missions diplomatiques en Italie.

Giovanni Visconti, imprudemment nommé archevêque de Milan par Clément VI, voulait se rendre maître de Bologne. Après une campagne militaire qui se solda par la défaite des armées pontificales, le pape fit appel à Guillaume de Grimoard qu'il chargea des négociations. Le 6 septembre 1352 il prit au nom du pape possession de Bologne pour la céder ensuite à Visconti contre un paiement annuel. Guillaume de Grimoard se vit confier une mission analogue par Innocent VI auprès de Bernabo Visconti le neveu de Giovanni.

Moins d'un an après sa nomination à la tête de Saint-Victor, il reçut le 10 juin 1362 mandat du pape pour de se rendre de toute urgence à Naples. En effet le prince Louis de Tarente, second époux de la reine Jeanne, comtesse de Provence, venait de décéder. Le pape lui demanda de se rendre auprès d'elle pour porter à la jeune veuve de trente-six ans ses instructions. Le 27 juin 1362 il prit le chemin de l'Italie.

Le pape

Urbain V, huile sur bois de Simone de Filippo, dit de Crocefissi (vers 1375)
Pinacothèque de Bologne
Anonyme vers 1350, Portrait de Jean II le Bon, musée du Louvre

Élection

Innocent VI s'éteignit le 13 septembre 1362. Après une neuvaine en lhonneur du pontife défunt, pour procéder à sa succession le conclave ouvrit ses assises le 22 septembre 1362[11]. Au premier tour, avec une majorité de quinze voix, le cardinal Hugues Roger fut élu. Mais le frère de Clément VI refusa cette charge. Le second tour vit alors onze voix se porter sur Raymond de Canillac, autre illustre membre du clan des Roger de Beaufort[12]. Cétait insuffisant[N 5].

Le choix d'un prélat étranger au Sacré Collège s'imposa, et le 28 septembre Guillaume de Grimoard fut élu. Sa candidature avait été proposée et soutenue par le cardinal Guillaume dAigrefeuille, sur les conseils de son frère Pierre, lévêque dUzès[N 6]. Pour l'avertir, à Naples, des courriers partirent dans le plus grand secret de peur que les Italiens ne le retiennent.

L'abbé de Saint-Victor prit immédiatement la mer, arriva à Marseille le 27 octobre, et rejoignit seul Avignon, il arriva alors que la Durance et le Rhône étaient en crue[N 7]. Il fut d'abord ordonné évêque car il était simplement prêtre, puis couronné pape le 6 novembre, dans la chapelle du Palais Vieux, par Étienne-Audouin Aubert, cardinal dOstie et neveu du pontife défunt[13].

Six jours plus tard, le souverain pontife nomma son frère Anglic, vicaire général du diocèse dAvignon[14], et Aymar d'Aigrefeuille devint Maréchal de la Cour pontificale.

Il est considéré comme le premier des papes humanistes et fut particulièrement attaché à la nature, il aurait déclaré à son arrivée au palais des papes : « Mais je n'ai même pas un bout de jardin pour voir grandir quelques fruitiers, manger ma salade et cueillir un raisin[15] ». Ce fut peut-être suite à cette phrase, ou à son manque de jardins tels qu'il les avait connus dans ses Cévennes natales, qu'il entreprit durant son pontificat de coûteux travaux d'extension des jardins[16]. Celui qui jouxtait le palais des papes d'Avignon est toujours nommé « Jardin d'Urbain V[17] ».

Le roi de France auprès du pape

Le 16 novembre 1362, Jean II le Bon arriva à Villeneuve-lès-Avignon, à la tête dun fort détachement armé sous le commandement du Maréchal Boucicaut[N 8].

Quatre jours plus tard, le roi passa le pont Saint-Bénézet pour entrer dans Avignon. Tous les cardinaux étaient pour lescorter jusquau palais des papes et « le reçut le dit pape Urbain honorablement en consistoire et le détint avec luy à disner[10] ». Dès le 26 novembre 1362, le Souverain Pontife, en présence du roi de France, présida la translation des cendres de son prédécesseur Innocent VI dans la chapelle de la Trinité de l'église de la Chartreuse du Val-de-Bénédiction de Villeneuve-lès-Avignon[18].

Le roi Jean était venu dabord solliciter le Souverain Pontife pour laider à payer sa rançon et ensuite lentretenir de son désir dunir son fils Philippe le Hardi à la reine Jeanne. Si le pape acceptait douvrir les caisses de la « Révérende Chambre Apostolique », il lui fit savoir que la souveraine de Naples était déjà promise mais quil allait plaider en faveur du jeune duc de Bourgogne[N 9]. Le roi de France décida alors de séjourner jusquau printemps sur les bords du Rhône. Il passa son temps entre Villeneuve-lès-Avignon, il fit commencer la construction du fort Saint-André[N 10], son château de Roquemaure et la cité des papes.

Urbain V, à le voir aussi désœuvré, lui proposa de prendre le commandement d'une croisade[19]. L'idée d'Urbain était excellente : elle permettait de se débarrasser des compagnies qui saignaient le Royaume de France et la cité des papes[20]. Le moment était propice puisque Amurat Ier, le sultan des Turcs ottomans, après un an de siège, venait de conquérir Andrinople dont il voulait faire sa capitale. Le basileus Jean V Paléologue, qui avait vainement fait appel à Louis Ier de Hongrie pour contrer cette avancée, avait rendre hommage à lInfidèle. Le 4 décembre 1362, face à lurgence des affaires de Castille, Urbain V envoya en légation Guillaume dAigrefeuille, le cardinal de Saragosse, auprès de Pierre Ier de Castille, dit Pierre le Cruel[N 11]. Ce dernier venait de tuer son épouse, la sœur de la Dauphine. La Cour de France, outrée par ce meurtre, décida de soutenir Henri de Transtamare, son demi-frère, comme prétendant au trône de Castille.

La venue en Haute Provence de Transtamare ninspira aucune confiance. En janvier 1363, Urbain V fit commencer les travaux de fortifications de labbaye Saint-Victor de Marseille[N 12], tandis que Guillaume de la Garde, archevêque dArles, entreprit de faire renforcer les défenses de léglise de Sainte-Marie de Ratis[N 13].

Le 17 avril 1363, Urbain V, après avoir été informé de la victoire de Solaro remportée sur les Visconti, annonça son intention de retourner à Rome[N 14].

Quant à Jean le Bon, il dut revenir sur terre et quitter ses rêves de « croiserie ». Le roi avait appris que Charles le Mauvais et son parent, Jean III de Grailly, Captal de Buch[N 15], sagitaient et levaient des troupes tant en Normandie quen Navarre. Le 3 mai, le monarque décida de rejoindre son château de Vincennes.

Pendant ce temps, escorté par Juan Fernandez de Heredia, le pape était reçu dans la capitale du Comtat Venaissin par le recteur Philippe de Cabassolle, lévêque Jean Roger de Beaufort et les syndics de Carpentras[N 16].

Le Saint Père notifia officiellement que le 16 mai dernier, Jaime de Majorque avait débarqué à Naples à la tête dune flottille de sept galères et que son mariage avec la souveraine avait été officiellement célébré[N 17]. Puis averti que les Grandes Compagnies descendaient en masse vers le Languedoc par la vallée du Rhône, le 25 mai, il lança un vibrant appel à leurs capitaines afin quils se croisent. Léchec fut total et le pape les excommunia[N 18].

Conflit entre les comtes de Foix et dArmagnac

Entre temps le pape eut à régler un conflit entre Gaston Fébus, comte de Foix, et Jean Ier, comte dArmagnac, qui se disputaient la suprématie féodale dans le sud de la France. Dès le 3 décembre 1362, il écrivit aux deux comtes pour leur demander daccepter la médiation de son légat Pierre de Clermont, l'évêque de Cambrai, quil leur envoyait. Ce fut lettre morte, puisque le 5 décembre, en milieu daprès-midi, leurs troupes saffrontèrent à Launac, au nord-ouest de Toulouse, aux limites des comtés de Fezensaguet et de LIsle Jourdain, loin des domaines respectifs des deux comtes. Ce fut Gaston de Foix qui remporta la victoire et fit prisonnier son rival.

Le 19 décembre, averti de cette bataille et de son issue, Urbain V leur demanda de négocier. Le lendemain, le pape chargea Pierre de Clermont de demander à Gaston Fébus de ne pas abuser de sa victoire. Et le 29 décembre, il envoya un bref à Béatrix, comtesse dArmagnac, pour lengager à prendre patience. Elle ne pouvait rien faire dautre. Le traité de paix entre Gaston Fébus et Jean Ier, ne fut signé, en léglise Saint-Volusien de Foix[21], que le 14 avril 1363. Le comte de Foix, avec les rançons obtenues, devint dès lors le feudataire le plus riche du midi de la France et allait pouvoir continuer à tenir la balance égale entre les rois dAngleterre et de France pour sa vicomté de Béarn[22].

Croisade dAlexandrie

Article détaillé : Croisade d'Alexandrie.

Lappel à se croiser lancé conjointement par le pape et le roi de France avait motivé quelques monarques de la chrétienté. Le premier à répondre fut Valdemar IV Atterdag, roi du Danemark[23]. Le second fut Pierre Ier de Lusignan[24], roi de Chypre. À la mi-mars 1363, il quitta Gênes et se dirigea vers Avignon en passant par la route du front de mer. Il arriva dans la cité des papes le 29 mars 1363[25].

Jean II ayant appris par Urbain V « que messire Pierre de Lusignan, roi de Chypre et de Jérusalem, devait venir en Avignon et avait passé mer, si dit le roi de France quil attendroit sa venue, car moult grand désir avoit de lui voir, pour les biens quil en avoit ouï recorder et la guerre quil avoit faite aux Sarrasins, car voirement avoit le roi de Chypre pris nouvellement la forte cité de Satalie[10] », lattendit à Avignon avec le Maréchal Jean Ier le Meingre, dit "Boucicaut", pour prendre la croix.

Deux jours après, le vendredi saint, Urbain V renouvelait son solennel appel à tous les rois et princes chrétiens[N 19]. Il désignait Jean le Bon comme Capitaine général de la croiserie et le cardinal de Périgord comme son légat[N 20].

Lors dun banquet, Urbain V plaça le roi Jean à son côté. Comme celui-ci priait le roi de Chypre de sasseoir près de lui, Pierre de Lusignan lui dit : « Très cher Sire, il ne mappartient pas de seoir jouxte vous, qui estes le plus noble roy des crestiens, car, au regart de vous, je ne suis quung vostre chevalier[10] ».

Le 31 mai, Pierre Ier de Lusignan quitta Avignon et remonta vers lEurope du Nord pour convaincre dautres princes chrétiens de Flandre et du Brabant de se joindre à eux[26]. Il fut de retour à Avignon le 22 juillet, accompagné de Jean le Bon. Les deux rois sinstallèrent dans la « noble maison de Saint-Ouen[N 21] ». Le roi de Chypre avait peu à peu convaincu le roi de France de changer lobjectif de leur « croiserie ». Le port dAlexandrie fut dès lors préféré à Andrinople[24] et le Souverain Pontife, lui-même, donna son aval à la défense des saintes affaires du roi Pierre[N 22].

À lapproche de lhiver, on parlait toujours du « saint voyage » quand Jean II apprit que son fils Louis, prisonnier sur parole des Anglais à Calais, avait fui. Il dut quitter de toute urgence lHôtel du Dauphin à Villeneuve-lès-Avignon. Le 14 novembre, le roi de France fit étape dans la ville du Saint-Esprit et regagna les pays de langue dOïl.

Le 1er décembre 1363 une vague de froid sabattit sur tout le pays[N 23]. Jean le Bon fut surpris par ce froid glacial à Amiens il avait réuni les États Généraux de langue dOïl[N 24]. À leur clôture, le roi annonça quil allait retourner en Angleterre se constituer prisonnier en lieu et place de son fils Louis[N 25].

La défection du roi de France nempêcha point cette « croiserie » davoir lieu. Elle ne fut que retardée jusquen 1365. Cette année , le 30 juin, dAvignon, Urbain V écrivit au roi de Chypre, pour hâter son départ de Venise vers lÉgypte. Il venait dembarquer avec ses troupes vers Rhodes et Alexandrie. Aux côtés du roi se trouvaient, entre autres, Jean de la Rivière, chancelier du roi de France, Philippe de Mézières, chancelier du roi de Chypre[N 26], le vicomte de Turenne, Guillaume III Roger de Beaufort, et Gantonnet d'Abzac, neveu du patriarche de Nicosie. Avec eux, près de huit mille croisés étaient prêts à aller combattre les Infidèles à Alexandrie[N 27].

Le port égyptien fut pris le 10 octobre[N 28] et ses installations portuaires consciencieusement pillées durant une semaine[24]. Ce que ne savait pas Urbain V qui, le 15 octobre, écrit à Marco Cornaro, le doge de la Sérénissime. Dans sa lettre, il se plaignit des difficultés quéprouvaient les croisés pour se rendre de Venise à Chypre ou Rhodes.

An de grâce 1364 : froid, criquets, peste, routiers et Charles le Mauvais

La peste, dite encore « mal contagieux »

Les mois de janvier, février et mars 1364 furent extrêmement froids. Le Rhône fut pris par la glace[27] et les charrettes pouvaient le traverser. Ces grandes gelées, qui détruisirent oliviers et vignes, compromirent toute récolte dolives et de vin. Lété fut marqué par un événement inattendu dans la région dArles et dAvignon. Dès la fin juillet, le sirocco apporta une nuée de sauterelles en Provence et en Italie. Le nuage était si grand que le ciel en fut obscurci et que les insectes dévastèrent les céréales et les vignes[N 29].

Et à la fin août, il y eut la peste à Avignon. Fuyant le « mal contagieux » qui ravageait la cité papale, Urbain V se réfugia à Carpentras. Pour accélérer les travaux de fortifications de la ville, il fit donner jusquà cinq sous par jour aux ouvriers qui travaillaient sur les remparts. Le Comtat Venaissin nétait pas seul menacé par les Grandes Compagnies. Le 21 novembre 1364, au nom dUrbain V, Philippe de Cabassolle, patriarche de Jérusalem, adressa une lettre à lofficial de Sisteron et au prieur des dominicains de la Baume, les informant des exactions commises par les routiers. Le pape ordonna aux ecclésiastiques de contribuer aux charges nécessaires à la défense du pays.

Alors que sévissaient les premiers froids, deux personnalités arrivèrent dans la cité des papes. La première fut Charles le Mauvais qui avait voulu s'opposer militairement au couronnement de Charles V et dont les troupes venaient d'être écrasées à Cocherel et, le 24 novembre 1364, Urbain V put informer Charles V que son beau-frère de Navarre, réfugié à Avignon, se disait prêt à traiter[N 30]. La seconde fut le cardinal Pierre Roger de Beaufort. À la demande du pape, il venait de quitter lItalie pour rejoindre Avignon.

Laffaire de la « Vinea Vespalis »

Ce fut après le passage des criquets quAnglic de Grimoard et Jean Pellegrin, le jardinier pontifical, firent planter une immense « muscadière », aux portes dAvignon, à Champfleury, sur lemplacement du cimetière des pestiférés de 1348. Le pape ne jugea pas cela suffisant. Il fallait pourvoir immédiatement à lapprovisionnement du palais épiscopal de son frère.

Dans Avignon, une vigne avait été épargnée par le froid et les criquets. Elle avait pour nom « Vinea Vespalis[N 31] » et appartenait aux chanoines du diocèse. Le 11 juillet 1364, de Pont-de-Sorgues, il sétait installé, Urbain V autorisa son frère Anglic de Grimoard, après conseil du Chapitre de son Église et nonobstant une ordonnance impériale, à disposer à sa volonté, à Avignon, de ce vignoble.

Au début de lannée 1365, Anglic de Grimoard donna procuration à Isnard Garin et à Sicard du Fresne pour modifier le privilège de lévêque dAvignon et de son Église sur la « Vinea Vespalis ». Le 25 mars 1365, Sicard du Fresne, en tant que procureur épiscopal, désigna trois juifs pour estimer ce vignoble. Enfin le 10 juillet, par bulle, le pape autorisa son frère à exempter ses feudataires des charges de la « Vinea Vespalis ». Pour résumer, le Souverain Pontife avait dépossédé de ses vignes le chapitre capitulaire dAvignon pour les octroyer à son frère cadet[28].

Visite de lempereur Charles IV de Luxembourg au pape

Le 25 mai 1365, lempereur Charles IV de Luxembourg, à la tête dun somptueux cortège et dune imposante armée, descendit la vallée du Rhône. Il vint en Provence pour se faire sacrer roi des deux Bourgognes en la cathédrale Saint-Trophime dArles[29]. Depuis Dijon, il était accompagné par le duc de Bourgogne.

Le 23 mai, Charles de Luxembourg sarrêta à Montélimar, et arriva à Avignon le lendemain de lAscension[30]. Il était escorté par Guillaume de Melun, archevêque de Sens, Pierre Aycelin de Montaigut, évêque de Nevers, Guillaume de Dormans, chancelier du Dauphiné, et Raoul de Loupy, gouverneur de la même province.

Lempereur et Philippe le Hardi proposaient au pape que les Grandes Compagnies, qui sétaient installées dans la vallée du Rhône et menaçaient Avignon, soient dirigées vers la Hongrie, sous la conduite de lArchiprêtre Arnaud de Cervole, pour soutenir la lutte de Louis Ier contre lenvahisseur turc[N 32]. Le pape accueillit avec enthousiasme cette proposition. Lempereur sinstalla avec sa suite dans Tour Campane.

Le lendemain de la Pentecôte, couronne en tête et sceptre en main, lempereur assista à la messe pontificale. Le jour suivant, le 2 juin, il quitta la cité papale pour Arles il fut couronné roi pour la vigile de saint Boniface[N 33]. Lempereur revint à Avignon le 6 juin et en repartit trois jours plus tard[N 34]. Il avait obtenu du pape, suite à la mort de Ludovic de la Torre, patriarche dAquilée, la nomination comme nouveau patriarche du suève Marquand de Randeck, évêque dAugsbourg, homme possédant une grande expérience des armes.

Le pape et Avignon menacés par Bertrand du Guesclin

En France le désordre le plus total régnait. Les Routiers démobilisés erraient à travers le territoire, vivant sur le pays traversé ils pillaient et trucidaient. Par une bulle de 27 février 1364, Urbain V, qui les avait déjà excommuniés, accorda une indulgence plénière à ceux qui engageraient la lutte contre eux[N 35].

Après la paix de Guérande, les Bretons démobilisés après des années de guerre de succession les pillages et les meurtres perpétrés par les Grandes Compagnies devinrent plus quinquiétants. La bulle pontificale du 25 mai 1365, faisant obligation aux Capitaines des routiers de se croiser avec leurs troupes pour aller guerroyer contre les Infidèles, resta sans effet. Le cardinal de Beaufort proposa au pape de lancer lexcommunication contre ces routiers. Espérant toujours dans la promesse de lempereur et du duc de Bourgogne, Urbain V préféra nen brandir que les foudres[réfnécessaire][N 36].

Bulle en plomb du pape Urbain V, (1362-1370), diamètre 40 mm

Entre temps, le pape, par lettre bullée, avait convoqué le concile des trois provinces ecclésiastiques de Provence : Arles, Aix et Embrun[31]. Le lieu choisi fut Apt Raimond Savini, le prince-évêque de la ville, avec sa vie fastueuse et le relâchement de ses mœurs, était le parfait exemple de la dérive de lÉglise romaine[32].

Le 4 mai 1365, le troisième dimanche après Pâques, le concile commença à tenir ses assises au couvent des cordeliers. Urbain V se déplaça lui-même à Apt, le 22 octobre 1365. Il se rendit sur le tombeau dElzéar de Sabran, accompagné des seuls cardinaux Pierre Roger de Beaufort et Hugues de Saint-Martial. Le pape voulait bénir le vitrail de la cathédrale Sainte-Anne[N 37] il était représenté avec son parrain. Ce vitrail était lœuvre du maître verrier Audibert Chacharelli[33].

Puis le Souverain Pontife se rendit à Marseille, pour bénir cette fois les fortifications de labbaye Saint-Victor et consacrer le nouvel autel[N 38]. Lévêque Guillaume Sudre linforma alors que Bertrand du Guesclin avait pris la tête des routiers et rassemblait une « Longue Route » en Bourgogne pour descendre la vallée du Rhône[N 39]. Les promesses de Charles IV et de Philippe le Hardi navaient pas été tenues. Le pape demanda aux édiles marseillais de lui envoyer cent cinquante arbalétriers.[réfnécessaire] Mais le 12 novembre 1366, alors que les Grandes Compagnies campaient devant Avignon, il attendait toujours ces renforts[N 40].

Les Grandes Compagnies menées par le « Dogue Noir » étaient sur la rive droite du Rhône elles furent rejointes par les troupes dHenri de Transtamare[N 41].

Gros d'argent à l'effigie d'Urbain V
Florin d'or à l'effigie d'Urbain V

Le maréchal dAudreheim, aide de camp de Bertrand du Guesclin, obtint une audience. Au cours de celle-ci, il demanda au pape labsolution des péchés que les routiers allaient commettre en Castille au service dHenri de Transtamare et 200 000 francs[34]. SinonTous savaient que lopulence avignonnaise attirait ces soudards comme des mouches et certains membres de la Curie commençaient à penser à Rome.|date=août 2008}}

Aussi le 17 novembre, pour faire déguerpir les Grandes Compagnies, Urbain V[35], au nom de la ville dAvignon, emprunta 17 000 florins aux banquiers de la cité des papes[N 42]. Trois jours plus tard, par bulle, il charge Philippe de Cabassolle, Recteur du Comtat, de recouvrir 30 000 florins auprès du clergé provençal[N 43]. La rançon put être remise au Breton le 22 novembre et le souverain pontife y joignit son absolution. La cité des papes était sauve[N 44].[réfnécessaire]

Dès que la « Longue Route » des Grandes Compagnies eut quitté les rives du Rhône, une somptueuse ambassade envoyée par la Seigneurie de Florence se présenta devant Avignon. Parmi les émissaires se trouvait Boccace. Les Florentins étaient à Avignon afin dimplorer le pardon pontifical pour avoir traité avec John Hawkwood et sa Compagnie de Saint-Georges[N 45]. [réfnécessaire]

Projet de retour à Rome

Depuis 1360, une nouvelle constitution avait été établie à Rome. Appliquée et défendue par une milice populaire, la « Felix Societas Balestriorum et Pavesotarum », dont les capitaines étaient membres du gouvernement, elle avait chassé les nobles, rétabli l'ordre et tenu à distance les « compagnies d'aventure[36] ». Aussi quand le 22 mai 1363, Urbain V, reçut une délégation d'ambassadeurs romains, il leur avait déclaré :

« Notre retour à Rome, nous le souhaitons et nous ne tarderons pas à l'effectuer, si des empêchements de la plus haute importance ne nous retenaient ici. Mais nous l'espérons, le Très Haut lèvera les obstacles[37]. »

En effet, en Italie même, la situation évoluait. Le 2 mars 1364, le légat Audroin de la Roche signait avec Barnabò Visconti un traité lui rachetant Bologne pour 500 000 florins alors que le Grand Sénéchal de Naples, Nicola Acciajuoli, traitait pour 100 000[38]. Au printemps 1364, le cardinal Gil Albernoz, qui nétait plus légat quen Toscane, souhaitait rentrer. Urbain V refusa tout en lui confiant la légation du Royaume de Naples et de la Trinacrie[39]. Dès sa prise de fonction, le cardinal dEspagne nomma son neveu Gomez Albernoz Capitaine Général et Réformateur de Justice du Royaume[40].

Après ce traité, le retour prévisible à Rome nenthousiasmait que modérément la Cour pontificale qui avait vite oubliée Bertrand du Guesclin et ses Grandes Compagnies. À tel point quUrbain V décida de frapper un grand coup en menaçant dexcommunication Jean de Bussières, abbé de Cîteaux, sil continuait à approvisionner la Cour pontificale dAvignon en Clos Vougeot. Le bruit courait, en effet, que les cardinaux se refusaient daller à Rome ils ne retrouveraient pas un tel cru[N 46].

En juin 1364, Urbain V put donc écrire à lempereur Charles IV : « Non seulement nous avons le désir mais encore la ferme détermination de visiter la cité des Apôtres ». Pour préparer son installation, le pape adressa un bref à l'évêque d'Orvieto, le 13 novembre 1365, afin de remettre en culture les jardins du Vatican, planter des vignes et des fruitiers et faire réparer le mur de clôture[41]. À la même époque, il écrivit au cardinal Albornoz pour qu'il protège son architecte Gaucelin de Pradalhe qu'il envoyait à Rome afin de faire toutes les restaurations nécessaire à sa venue et à celle des cardinaux[42].

Mais il fallut pourtant encore attendre pour que la situation dans la péninsule devînt favorable. À la fin de lété 1366, à Avignon, il était de plus en plus question du retour à Rome[N 47]. Le pape avait à nouveau écrit dans ce sens à lempereur, le 14 septembre 1366, ainsi quau roi de France Charles V et à Marco Cornero, le Doge de la Sérénissime[N 48]. Un jour après, il avait informé de sa décision Galeazzo Visconti, tandis que le peuple de Rome, le 19 septembre, apprit la nouvelle du haut des chaires de toutes ses églises.

Deux victoires militaires confortèrent la décision pontificale. Celle dUgolino de Montemarte, Capitaine du cardinal Gil Albernoz qui, le 22 septembre, battit la Compagnie de Saint-Georges de John Hawkwood lobligeant à senfuir du Patrimoine de Saint-Pierre. Puis celle de Gomez Albernoz, à la fin du mois, qui écrasa les troupes dAmbrogio, le bâtard de Visconti, sur la Terre dOtrante. Mais lautomne passe et lhiver arrive sans que le convoi pontifical ne se forme à Marseille.

Dernière visite à Montpellier

Le cloître Saint-Benoît, fondation d'Urbain V, devenu de nos jours la cour d'honneur de la Faculté de médecine de Montpellier

Avant son départ pour Rome, le pape voulut revoir une dernière fois son Université de Montpellier. Au début janvier 1367, il en prit la route, suivi des cardinaux de Boulogne, de Canillac, de Tarragone et de Saragosse. Il fut accueilli à Castelnau-le-Lez par le clergé sous la conduite de Pierre de la Jugie, archevêque de Narbonne. À partir de , le cortège pontifical fut escorté par les officiers du roi de France et du roi de Navarre ainsi que par les consuls de la ville.

Ceux-ci abritaient le pape sous un dais à huit bâtons garni de vingt-quatre clochettes dargent et orné décussons aux armoiries pontificales et à celles de Montpellier. À lentrée de la ville, Urbain V fut accueilli par Louis Ier dAnjou. Le cortège pontifical, après un arrêt à lHôtel de la Ville se dirigea vers léglise de Notre-Dame des Tables. Puis après une collation, le pape visita léglise de Saint-Germain en construction. Il apostropha larchitecte en ces termes : « Javais mandé de bâtir une église et vous navez fait quune chapelle ».

Le 30 janvier, en présence du pape, larchevêque Pierre de la Jugie célébra la première messe en léglise Saint-Germain sur lautel avait été placé un tabernacle dargent dans lequel était enchâssée une image de la Vierge en argent doré offerte par le pape. Le 14 février, Urbain V dédicaça la nouvelle église Saint-Germain dont il consacra le maître-autel à Notre-Dame, à Notre-Seigneur et à saint Benoît. Dans les absidioles, à droite un autel est dédicacé à saint Blaise et à gauche à saint Germain. Cette cérémonie fut suivie dune messe chantée pontificalement. Puis du 15 février au 7 mars, le pape désigna de nouveaux évêques à Cahors, Maguelone et Nîmes. Le 8 mars 1367, il quitta Montpellier pour retourner à Avignon escorté par les consuls et les notables de la ville. Il était maintenant prêt à partir pour Rome[43].

Retour à Rome

Enluminure dans "Miscellanea historica" représentant le Pape (le blason sur le bateau est le sien) et ses deux cardinaux lors du voyage vers Rome
Rome, qui rendit le monde bon
avait coutume de posséder deux soleils
qui éclairaient l'une et l'autre route
celle de la terre et celle de Dieu

Dante[44]
Bibliothèque Nationale, f° 18, Ms italien 81
La rose d'or pontificale

Urbain V avait, bien avant son élection, considéré que le pape devait siéger à Rome et non ailleurs. Au cours de ce printemps 1367, le mercenaire John Hawkwood et sa compagnie de Saint-Georges, passés du côté pontifical, défirent les troupes à la solde de Pérouse. Ce qui permit au cardinal Gil Albornoz denlever à cette cité les villes dAssise, Nocera et Galdo[N 49], « terres dÉglise »[45]. Un calme relatif étant apparu en Italie à la suite de ses succès militaires, le pape estima pouvoir s'installer à Rome. Cela imposa un déplacement complet de la cour avec ses services, ses archives et son approvisionnement.

Le temps du départ pontifical approchant, le roi Charles, opposé par principe au retour à Rome, fit une dernière tentative en envoyant une ambassade conduite par le comte dÉtampes. Après avoir descendu la Saône et le Rhône, elle fut reçue par Urbain V le 22 avril 1367. Le pape notifia aux Français que son départ aurait lieu dans une semaine. Le chancelier de l'Université de Paris se lance alors, dans la salle du consistoire, dans un dialogue non improvisé dans lequel il mit en scène le roi et le pape.

« Seigneur, allez-vous ?
- Je vais à Rome.
- Pour vous faire crucifier une seconde fois[46] ? »

Le 30 avril, tenant sa promesse, en dépit de ces pressions, le pape quitta Avignon pour retourner à Rome[47]. Son cortège sarrêta d'abord à Pont-de-Sorgues il coucha deux nuits au château pontifical[41].

Urbain V quitta cette cité le 1er mai 1367, pour passer la Durance à Bonpas et coucher à Noves. De , le 2 mai, il se dirigea avec toute sa Cour vers le port de Marseille. Il fit étape à Orgon, le lendemain, puis entra à Aix-en-Provence, le 4 mai. Deux jours plus tard, le cortège pontifical arriva au grand port lattendaient les galères venues de Naples, de Rhodes, de Gênes, dAncône et de Pise[41].

Le 6 mai 1367, en attendant de s'embarquer, le pape consacra cardinal un jeune homme de vingt-huit ans, Guillaume d'Aigrefeuille, homonyme de son oncle. La flotte quitta Marseille le 19 mai 1367. En tête du convoi se trouvait le Grand Maître de lHôpital, Raymond Béranger, sur sa célèbre galère noire. Urbain V, en compagnie des cardinaux Pierre Roger de Beaufort et Guillaume de la Jugie, était monté sur une galère vénitienne, envoyée par le doge Marco Cornero[48]. Il était protégé par cinq galères rouges des Chevaliers de Rhodes.

Le 25 mai, la galère pontificale fit escale à Gênes[49]. Puis le 2 juin, le convoi relâcha à Porto-Pisano. Le pape fut accueilli le 3 juin à Corneto par Albornoz, cardinal-évêque de Sabine, qui le conduisit ensuite à Viterbe au milieu d'une foule enthousiaste[N 50]. Albornoz ne survit guère à ce jour de gloire et mourut deux mois plus tard le 24 août 1367[41]. Le pape arrivait à Orvieto il fut salué par Nicola Orsini, comte de Nola et Recteur de la cité, quaccompagnait Nicola Spinelli da Giovinazzo, le Garde des Sceaux du royaume de Naples[N 51].

Lentrée triomphale dUrbain V dans Rome ne se fit que le 16 octobre[49]. Nicolas d'Este, marquis de Ferrari, ouvrait le cortège à la tête de mille cavaliers. Amédée VI de Savoie tenait la bride du cheval du pape et derrière lui, à cheval, Rudolphe de Camerino tenait l'étendard de l'Église déployé au-dessus de la tête d'Urbain V[41]. Le pape et ses cardinaux étaient aussi accompagnés par Nicola Spinelli et Nicola Orsini. Ce dernier, en cette occasion, avait été nommé Recteur du Patrimoine. En dépit de la satisfaction davoir atteint son but, la différence avec Avignon était trop criante et Urbain V ressentit comme un malaise[50]. Les cardinaux maugréaient.

Le seul à afficher une joie sans détour fut Pétrarque. Il en fit part à son ami Francisco Bruni :

« Jamais mes paroles nont égalé ce que je pense de ce pontife. Je lui ai fait des reproches que je croyais justes, mais je ne lai pas loué comme je voulais. Mon style a été vaincu par ses mérites. Ce nest point lhomme que je célèbre, cest cette vertu que jaime et que jadmire avec étonnement. »

Une des premières personnes à demander audience au pape fut Brigitte Birgersdotter, comtesse de Suède[51]. Urbain V ne put que lui accorder lentrevue demandée. Mais pour diminuer la rudesse prévisible de cet entretien, il sollicita la présence à ses côtés du cardinal de Beaufort plus armé que lui, par son séjour italien, pour répliquer à cette religieuse. En fait, elle venait réclamer au pape la reconnaissance pontificale pour lordre du Saint-Sauveur quelle avait fondé en 1346, deux ans après la mort de son mari. Il promit à la Birgersdotter de lautoriser à fonder deux monastères distincts, pour les femmes et les hommes, à Vadstena, suivant la règle de saint Augustin[N 52].

Le 1er janvier, Pierre Ier de Lusignan, Capitaine Général de la croisade en Égypte était arrivé à Rome qui lui avait réservé un accueil triomphant. Ce fut au cours de laudience que lui accorda Urbain V que le roi de Chypre annonça officiellement la victoire des chrétiens sur les infidèles dAlexandrie. Le pape exulta.

Puis le 17 mars, se fut au tour de la Reine Jeanne de se rendre à Rome auprès du pape. Et pour Lætare, le quatrième dimanche de Carême, tandis que Nicola Spinelli était armé chevalier par le roi de Chypre, Urbain V avait remis la Rose dOr[52] à Jeanne de Naples[N 53], distinction attribuée pour la première fois à une femme. Le pape lui dit « Je te donne, ma chère fille, cette rose à la couleur pleine de joie, au parfum exaltant et dont la forme est limage même de la félicité ».

Certains prirent pour un geste de galanterie ecclésiastique cet acte politique qui marquait le soutien pontifical à la reine-comtesse dont les États de Provence étaient menacés par le frère du roi de France. Aux membres du Sacré et Antique Collège qui sétonnaient de cette distinction remise à une Dame et qui vantaient les mérites de roi de Chypre, victorieux en croisade, Urbain V répliqua « On navait jamais vu non plus labbé de Marseille devenir pape ! ».

Louis dAnjou et Bertrand du Guesclin attaquent la Provence

Bertrand du Guesclin,
le « Dogue Noir de Brocéliande »,
excommunié par Urbain V

Profitant du départ du pape, Louis dAnjou, dont les sénéchaussées étaient infestées par les Compagnies de routiers, décida de les regrouper. Sur la rive droite du Rhône, les plus avertis craignirent que le frère du roi de France utilisât ces soudards à des fins toutes personnelles. Cétait le sentiment de Philippe de Cabassolle, le recteur du Comtat Venaissin. Averti du passage dans les différents diocèses languedociens dune multitude de gens darmes, le 11 juillet 1367, il annonça au pape la menace que faisaient peser ces « societates » sur les frontières occidentales du Comtat et de la Provence[N 54]. Le recteur, inquiet, ordonna à Pons Bernard, Capitaine de Carpentras, de fermer les portes des remparts de sa ville et délever des murs de terres du château de Serres jusquà la Porte dOrange.

Urbain V, qui passait lété à Viterbe dans la forteresse construite par le cardinal Albernoz[41], prit cette menace très au sérieux. Face à la volonté évidente de Louis dAnjou denvahir la Provence et doccuper le Comtat, le pape demanda aux Provençaux de rester fidèles à la reine Jeanne par une lettre bullée datée du 30 juillet. [réfnécessaire] Au fil des jours, la menace se précisa. Vers la mi-septembre, sur ordre de lAngevin, les capitaines des routiers firent mouvement vers la vallée du Rhône. Enfin le 25 septembre, Olivier de Mauny[N 55] et ses troupes s'installèrent à Beaucaire en compagnie du duc. Ils sy cantonnaient dans lattente de la venue de Bertrand du Guesclin, toujours prisonnier du Prince Noir à Bordeaux.

Laffaire fut jugée si grave à Rome que le 27 septembre 1367, une bulle dUrbain V excommunia tous ceux qui apporteraient aide aux routiers. Dautant que le pape jugeant Raymond dAgoult incapable comme sénéchal de Provence, se sentit obligé, le 11 décembre, de donner son sentiment à la comtesse-reine : « Nous croyons quil conviendra à ton honneur et état et nous te suggérons dun conseil paternel ». Il lui proposa de le remplacer par Guillaume Augier de Forcalquier, le sire de Viens[N 56].[réfnécessaire]

Des bruits de mauvais augures traversèrent le Rhône. Dans la sénéchaussée de Beaucaire la rumeur courait que, le 7 février précédent, Bertrand du Guesclin, de passage à Montpellier, avait regroupé tous ses Capitaines routiers[N 57]. Ce fut quil apprit que le duc dAnjou et son cousin Olivier de Mauny lespéraient à Nîmes. Le Breton décida de les rejoindre en compagnie du maréchal Arnould d'Audrehem[N 58]. [réfnécessaire] Il fallait se préparer à la guerre. Elle fut déclenchée le 26 février 1368 quand Louis dAnjou donna ordre aux troupes placées sous le commandement de du Guesclin denvahir la Provence. Le Sénéchal de Beaucaire, Amiel des Baux, organise leur passage sur lautre rive du Rhône grâce à des ponts de barques[N 59]. La réaction de Raymond dAgoult, sénéchal de Provence, se faisant attendre, personne ne fut surpris dapprendre que, le samedi 4 mars 1368, Bertrand du Guesclin avait mis le siège devant Tarascon[53][N 60]. Au cours de celui-ci, Béranger de Raymond, chevalier dAvignon, fut tué, tandis que Louis de Trian, vicomte de Tallard, Bernard dAnduze, seigneur de la Voulte, et Foulques dAgoult, furent fait prisonniers.

Avant quils ne menacent Avignon, Philippe de Cabassolle fit immédiatement entamer des négociations préliminaires avec les Capitaines de Louis dAnjou. Un accord fut passé le 23 mars. Pour détourner les Bretons de la cité pontificale, les Avignonnais avaient accepté de leur payer 37 000 florins avec la promesse den verser immédiatement 5 000. Pour recouvrir cette créance, Bertrand du Guesclin, dès le lendemain, délégua Janequin le Clerc, son procureur anglais, auprès du banquier avignonnais, André de Tis, mandant de Michel de Baroncelli qui avançait la somme. Mais dans le même temps les Sociétés à la solde du duc dAnjou mirent pieds dans le comté de Provence.[réfnécessaire]

Le 3 avril, le pape dépêcha un émissaire au roi Charles V[54]. Il était chargé de lui remettre des lettres dénonçant lagression de son frère contre la Provence, comté de leur parente Jeanne de Naples, ainsi que le scandale de cette invasion sans cause, sans prétexte et sans déclaration de guerre. Pour bien se faire comprendre Urbain V menaçait même le roi de France dune réplique menée par une coalition contre la Sénéchaussée de Beaucaire et le Dauphiné. Deux jours plus tard, le Doge de Gênes reçut un bref pontifical lui enjoignant de ne pas soutenir les attaques dirigées de la France contre la Provence.

Le Sénéchal Raymond dAgoult, qui avait enfin levé des troupes, se porta au secours de Tarascon et d'Arles, assiégées depuis le 23 mars par messire Bertrand. Au cours de ce siège, Guiraud de Simiane, Arnaud de Villeneuve et Isnard de Glandevès, seigneur de Cuers, furent faits prisonniers. La rencontre des deux armées eut lieu devant cette cité le 11 avril.[réfnécessaire]

Luquet de Girardières, le lieutenant du sénéchal, se heurta au « Dogue Noir »[N 61], qui à la tête de ses troupes attaque la cavalerie provençale. Laffrontement se solda par la déroute des troupes fidèles à la reine Jeanne. [réfnécessaire] La débâcle des nobles provençaux imposait de mettre en place des mesures rapides pour éviter le désastre. Les États de Provence se réunirent durgence le 21 avril, à Aix-en-Provence, et chargèrent Louis de Trian, libéré après rançon, de prendre la défense de la capitale du comté. Pendant ce temps, une bulle pontificale, datée du 18 avril, porta condamnation des Avignonnais qui ravitaillaient les Bretons assiégeant Tarascon. Tandis que le 27 du même mois, Urbain V se vit obligé de rassurer par lettre la reine Jeanne. Le pape lui confirma quil ne se laisserait jamais abuser par les mensonges de ses adversaires et lexhortait à secourir et aider ses très fidèles provençaux.

Ce ne fut pas pour inquiéter les Français et les Bretons. Leur seul problème, pour linstant, était de transférer de nouveaux renforts sur la rive provençale du Rhône, le pont de barques mis en place par Amiel des Baux ayant cédé. Il fut réglé le 20 mai, Louis dAnjou ayant débauché Rainier Grimaldi, seigneur de Monaco, qui remonta le Rhône pour assurer le passage des derniers routiers de du Guesclin. Deux jours plus tard Tarascon capitula. [55]

Lincapacité du sénéchal de Provence ayant miné la confiance, même dans le Comtat, il fallut une bulle pontificale, datée du 26 mai, pour remettre les esprits en place. Urbain V ordonna à tous les nobles comtadins de suivre à la lettre les directives données par le recteur Philippe de Cabassolle.[réfnécessaire]

Bataille de Céreste et révolte des Laborieux

Face à une telle agression, toute la Provence s'inquiéta. Le 5 juin 1368, le Conseil de Ville de Sisteron, instruit des sévices de Bertrand du Guesclin, décida de suivre lexemple des cités voisines qui fermèrent leurs portes « en criant que le diable venait ». Le Conseil statua que tous ceux qui refuseraient de monter la garde aux remparts ou qui abandonneraient leur poste sans quils en aient eu lordre seraient passibles dune amende de 100 marcs dargent ou auraient une main ou un pied coupé[N 62].

Le 12 juin, le sénéchal de Provence se dit informé que « Bertrandus de Cliquino »[N 63] - comprendre Bertrand du Guesclin - se dirigeait avec ses compagnies vers Barjols, Flayosc et Draguignan.

Mais le mercredi 5 juillet, elles se trouvaient devant Aix défendue par le vicomte de Tallard. Et pendant que les Bretons mettaient le siège avec leurs machines de guerre, Raymond dAgoult, fils du sénéchal, en profitait pour faire attaquer Aigues-Mortes afin de bloquer les arrières français[N 64]. Larchevêque dArles, Guillaume de la Garde, sétant ouvertement déclaré pour Louis dAnjou, fut mis en accusation pour trahison et crime. Le sénéchal donna ordre à son lieutenant Luquet de Girardières de se saisir du temporel de larchevêque.[réfnécessaire]

La Tour de l'Hôpital, vestige des remparts d'Apt qui firent reculer Mosenhor Bertran de Cliquin

Les Bretons, tout en continuant à ravager la province convoitée par le frère du roi, envisageaient une jonction avec les troupes de Grimaldi à Nice. Certaines compagnies se dirigèrent déjà vers la côte. De plus on disait quOlivier du Guesclin, le frère de Bertrand, s'en allait vers les Baronnies pour sinstaller dans cette région sentremêlaient les terres adjacentes dauphinoises et provençales. Il installa, en effet, ses troupes dans les fiefs baronniards de la maison des Baux[N 65].[réfnécessaire]

Confirmation fut donnée le 18 juillet 1368 quand Raymond dAgoult leva quatre cent lances[N 66], la fine fleur de la noblesse provençale, pour traverser le Luberon et rejoindre la vallée du Calavon. Les Bretons avaient évité dattaquer Apt car la ville était trop bien protégée par ses remparts et ses bouches à feu, trente bombardes garnies « per lo passage de Mosenhor Bertran de Cliquin »[N 67]. Immédiatement les lances du Sénéchal se lancèrent à la poursuite de cette « Longue Route ».[réfnécessaire]

Arrivée en vue du village de Céreste[56], lavant-garde du sénéchal traversa le village et se trouva face aux Routiers. Effrontément, les cavaliers provençaux se lancèrent à lattaque. Ils furent secoués, malmenés, bousculés et taillés en pièces aux cris de « Notre-Dame Guesclin » ! Ce fut à nouveau une cuisante défaite.

Le 9 août, Raymond, le prince dOrange, mit sa ville en état dalerte. Le 20 août, Perrin de Savoie et le Bâtard de Comminges, qui avaient quitté les Baronnies se cantonnait Olivier du Guesclin, traversaient le fleuve au pont du Saint-Esprit. Ils avaient averti le Prince dOrange quils ne feraient que passer sur ses terres[N 68]. Ce qui ne les avaient point empêché de mettre à sac le village de Sainte-Cécile dans la vallée de lAigues.[réfnécessaire]

Le passage des Sociétés de « Mosenhor de Cliquin » avait laissé le pays exsangue. Tout avait été ravagé. Des villages, hameaux, bastides et écarts avaient été mis à sac, brûlés ou vidés de leurs provisions. Dans le Comtat, les impositions pontificales[N 69] qui arrivaient à la suite de ces exactions et pillages provoquaient une émotion qui se mua bien vite en rébellion armée des « Laborieux »[57].

Cétait tout un peuple qui sinsurgeait. La répression des nobles provençaux fut terrible. Dans chaque hameau et village nombre de paysans furent pendus pour lexemple, dautres enterrés vifs, enfin certains furent tout bonnement broyés sous des meules de moulins. Leurs femmes et leurs filles furent violées.[réfnécessaire]

À Montefiascone, les nouvelles des évènements de Provence firent leffet dune catastrophe. Bien que coincé entre sa sympathie pour la cause française et son écœurement face aux exactions commises par le frère du roi en Provence, Urbain V ne balança point. Une bulle datée du 1er septembre 1368 excommunia Bertrand du Guesclin et sa clique. Elle fut totalement occultée en France. Immédiatement Charles V fit intervenir les cardinaux du parti français pour la faire annuler. Urbain V ne céda pas et lexcommunication fut rendue publique le 14 septembre[N 70].

Croisade contre les Visconti et réception à Rome de deux empereurs

Barnabò Visconti contre lequel Urbain V prêcha la croisade

Au printemps 1368, Charles IV de Luxembourg quitta Prague, sa capitale, et entreprit sa dernière calata, cette visite si redoutée des cités de la péninsule. Officiellement, il arrivait pour le couronnement dÉlisabeth de Poméranie, sa quatrième épouse, mais surtout pour tenter de reprendre en main la situation en Toscane.

Craignant peu lempereur, au cours du mois davril, Barnabò Visconti et Can Signorio, seigneur de Vérone, avaient envahi la région de Mantoue.[58] Le 30 mai, Urbain V décréta Visconti coupable de révolte contre lÉglise et prêcha la croisade contre lui. Le pape avait alors espoir que Charles de Luxembourg en prît la tête.

L'empereur arrivé dailleurs à Padoue le 17 mai 1368. Le 12 juin, il sinstalla à Figheruola il fut rejoint par le cardinal Anglic de Grimoard à la tête des troupes pontificales puis par celles de la reine Jeanne. Pétrarque, lui-même quitta Arqua pour se rendre à Udine auprès de Charles IV, et participer à la guerre que lEmpire allait faire aux Visconti. Urbain V nomma son frère Anglic légat à la place du cardinal Audroin de la Roche.[réfnécessaire] Mais le 27 août 1368, pour se débarrasser de laffaire milanaise, lempereur conclut une trêve avec Barnabò Visconti.[59]

C'est encore à Montefiascone que le pape apprit les nouveaux ravages causés par les condottieres italiens. Barnabò Visconti s'était retourné contre la Toscane qu'il avait dévastée et désolée, son gendre John Hawkwoodle Faucon des Boisavait pillé et mis à sac Ravenne. Urbain V nappréciait ni ce pays qui lui était étranger sinon étrange, ni les Italiens avec leurs combinaziones. Il le fit savoir à son frère Anglic, qui venait de le rejoindre. Choqué, autant par la vie qui lui était faite en Italie que par la volonté française de mettre la main sur la Provence en son absence, il lui fit part de son intention de retourner à Avignon et de lui confier la direction des États pontificaux italiens.[59]

Ce fut sans doute pourquoi, le 22 septembre 1368, quand il désigna les nouveaux membres du Sacré et Antique Collège, sur les huit incardinés, un seul était dorigine italienne. Le tollé à Rome fut général. Ces aigres récriminations prennent un ton plus feutré quand lempereur germanique arriva avec toute sa suite[N 71]. Urbain V le reçut dans la résidence dété à la mi-octobre et agréa la demande de Charles pour couronner son épouse impératrice[N 72]. Le 21 octobre, les deux Vicaires du Christ rejoignirent ensemble Rome pour la cérémonie du sacre. Elle déroula ses fastes le 1er novembre. Puis lempereur fit négocier une nouvelle trêve avec les Visconti jusquau début du mois de mai 1369.[réfnécessaire]

Le 15 avril 1369, profitant de l'accalmie, Urbain V proclame saint son parrain Elzéar de Sabran en la basilique Saint-Pierre de Rome[60], en présence de Louis de Sabran, sénateur de Rome[N 73].

À la fin avril, la trêve avec Milan ne fut pas prorogée. Le pape et les Visconti étaient à nouveau en « grande discorde et guerre ». Et la Compagnie de Saint-Georges de John Hawkwood recommença à ravager les États pontificaux[N 74],[58]. Ce fut pourtant le moment que choisit Jean V Paléologue, empereur de Constantinople, pour se rendre en Italie auprès du pape. Le besoin urgent dune aide des chrétiens dOccident aux chrétiens dOrient face aux Turcs lavait poussé à abjurer sa foi. Il le proclama solennellement le 18 octobre 1369 dans léglise du Saint-Esprit à Rome mettant théoriquement fin au schisme[N 75]. Cette initiative isolée eut peu de succès dans ce qui restait de son empire et les « armées franques » nétant pas venues à son aide la grande union des chrétiens neut jamais lieu.[réfnécessaire]

Ayant passé lhiver à Rome, Urbain V rejoignit ensuite sa résidence au début de lété 1370. Au cours de celui-ci, le pape apprit la révolte de Pérouse. Inquiet, il choisit de quitter Montefiascone pour se réfugier à Viterbe. À son tour la ville fut menacée par les Pérugins venus lassiéger avec la Compagnie de Saint-Georges. Le 4 août, les Napolitains firent céder Pérouse qui avait reçu le renfort des Milanais, des Florentins, des Romains et des Vénitiens. [réfnécessaire]

Retour à Avignon et décès

Le pape, lassé, prit alors la décision publique de retourner en Avignon[N 76]. Informée, Brigitte Birgersdotter lui jeta un sort : « Sil retourne au pays il a été élu pape, il recevra rapidement un coup ou une gifle tels que ses dents se serreront et grinceront. Sa vue sera obscurcie, il pâlira et tout son corps en frémira (...) »[61]. Ce que lui promettait la comtesse suédoise lui sembla peu à côté de ce quil subissait en Italie. Le 26 juin 1370, dans une bulle datée de Montefiascone, Urbain V informa les Romains de son retour en Avignon[62] :

Le Petit Palais
Livrée cardinalice d'Anglic de Grimoard mourut Urbain V
Saint-Victor de Marseille,
l'abbaye repose Urbain V
« Nous ne doutons pas, chers fils de Rome, quaprès vous être réjouis de notre présence, vos cœurs ne sattristent en apprenant léloignement de votre père. Vous craignez que les Pontifes romains, nos successeurs, ne renoncent à venir à Rome, en voyant quau lieu dy fixer notre séjour, comme vous lespériez, nous y sommes resté fort peu de temps. Cet évènement, nous le déplorons ; mais, pour votre consolation, pour linstruction de ceux qui vivent aujourdhui ou qui viendront après nous, nous affirmons à nos successeurs, au monde, à la postérité que nous navons pas été troublé pendant les trois ans passés au milieu de vous. En nous proposant de passer la mer avec laide du Seigneur, nous avons la pensée dêtre utile à lÉglise universelle et au pays ou nous allons. Notre cœur reste au milieu de vous. Éloigné, nous vous soutiendrons comme si vous nous étiez présents. Cest pourquoi nous vous prions, nous vous ordonnons de vous consoler de notre départ, ainsi que des hommes pleins de force et de sagesse. Gardez la paix et la concorde, faîtes en sorte que notre ville persévère dans ces bons sentiments et saméliore même, afin que, si nous ou nos successeurs avons la pensée de revenir à Rome pour de justes raisons, nous nen soyons pas détournés par les troubles qui pourraient y régner. »

La reine Jeanne donna immédiatement mission à Nicola Spinelli, le nouveau sénéchal de Provence[N 77], de préparer le retour pontifical. À sa demande, parti de Marseille, Estève Brandis accostait le 5 septembre à Corneto avec ses trente-quatre galères. Urbain V, épuisé par la vie que lui avaient faite les Italiens depuis son arrivée, rembarquait vers la Provence. Le 16 septembre, le pontife arriva au Vieux Port et rejoignit Avignon, par petites étapes, onze jours plus tard.[réfnécessaire]

Urbain V, épuisé, pour se reposer, décida de se rendre à Châteauneuf les vendanges battaient son plein. Puis à la fin septembre, un peu remis, le pape fit une visite à Carpentras il fut reçu par lévêque Jean Roger de Beaufort et le recteur Philippe de Cabassolle[N 78].

Une de ses premières décisions fut de mettre un terme à la lutte frontalière qui perdurait entre les troupes provençales et celles du Dauphiné alliées aux Bretons dOlivier du Guesclin. Pour cela, il monnaya une trêve. Elle fut signée le 19 décembre 1370 entre Nicola Spinelli, sénéchal de Provence, et Amiel des Baux, sénéchal de Beaucaire. La « Longue Route » des Bretons quitta la région.[réfnécessaire]

Le jour même de la signature de la trêve, le pape, tourmenté par la maladie de la pierre, séteignit à Avignon[63] dans la Livrée de son frère. Il fut d'abord inhumé à Notre-Dame des Doms à Avignon. Ayant souhaité que son corps soit enseveli à la manière des pauvres à même la terre, puis réduit en cendres et que ses ossements soient portés à l'église abbatiale de Marseille, le 31 mai 1372, sous la direction de son frère, le cardinal Anglicus, ses restes furent exhumés du tombeau de la cathédrale avignonnaise[64] et transférés à Saint-Victor. Le 4 juin 1372, sa dépouille fut accueillie par l'abbé Étienne Aubert et le cardinal Guy de Boulogne prononce son éloge funèbre[65]. Dans l'abbaye, son tombeau de style gothique flamboyant, aujourd'hui disparu, fut commandé par Grégoire XI et exécuté par le lapidaire Joglarii[37]. À Montpellier une cérémonie grandiose en sa mémoire eut lieu la même année à la veille de Noël.

Ses réalisations

Réalisations architecturales

Guillaume de Grimoard fut un homme d'étude surtout préoccupé de développer la culture et la science tant des étudiants que des moines qui lui avaient été confiés « pour assurer leur foi orthodoxe et donner un intérêt profond à leur vie[66] ». Devenu pape, il enrichit considérablement la bibliothèque pontificale qui contient un grand nombre d'ouvrages d'histoire du droit, de théologie et de philosophie. Sa déclaration d'intention sur la nécessité du savoir et de la connaissance nous est connue :

« Je souhaite que les hommes instruits abondent dans l'Église de Dieu. Tous ceux que je fais élever et que je soutiens ne seront pas ecclésiastiques, j'en conviens. Beaucoup se feront religieux ou séculiers, les autres resterons dans le monde et deviendrons père de famille. Eh bien ! quel que soit l'état qu'ils embrasseront, dussent-ils même exercer des professions à travaux manuels, il leur sera toujours utile d'avoir étudié[67]. »

Urbain V, si préoccupé des intérêts spirituels, se montra très généreux pour financer de nombreux travaux.

Il profite de sa position pour favoriser l'enseignement par la fondation de plusieurs « studia », sortes de maison d'études supérieures destinées à préparer les jeunes gens aux universités notamment à Trets, Manosque, Saint-Germain-de-Calberte[N 79], Saint-Roman-de-Codières, etc.

Il œuvra à la création de plusieurs collèges universitaires (Orange, Cracovie[68] en 1364, Vienne[69] en 1365), d'une école de musique à Toulouse. Mais ce fut surtout l'université de Montpellier, fortement ébranlée par les pestes et le passage des routiers, qui bénéficia de sa mansuétude.

En Avignon et en Comtat Venaissin

Urbain V fit réaliser des jardins jouxtant le palais des papes et construire la Roma, une longue galerie à un étage, perpendiculairement à la Tour des Anges. Pour cette réalisation, l'architecte fut Bertrand Nogayrol et le pape fit décorer cette galerie, de nos jours disparue, par Matteo Giovanetti, noté Matthieu Janet dans les registres pontificaux[70].

De plus il donna une nouvelle impulsion au vignoble de Châteauneuf, qui faisait partie de l'État d'Avignon, en ordonnant quy fut planté du raisin muscat[71].

Article détaillé : Vins des papes d'Avignon.

Sous son pontificat, en 1363, l'enceinte sud-ouest de Malaucène fut remise en état. Une inscription signale cette restauration au-dessus de la « Porte Chaberlain » :

« L'an de Notre Seigneur 1363, sous le pontificat de Noutre Seigneur le pape Urbain, cette porte fut faite par ordre des seigneurs Philippe, Recteur, et Jean, Capitaine du Comté Venaissin, et par les soins de Guillaume Chaberlain[72]. »

En Gévaudan

Urbain V statufié depuis 1874 devant la cathédrale de Mende

Très proche de ses origines gévaudanaises[73], et il eut à cœur, tout au long de sa vie pontificale, de favoriser son pays. Ceci se traduisit par un enrichissement particulièrement de la région cévenole en édifices religieux et en voies d'accès. C'est ainsi qu'il fit édifier une église à Salmon-sur-le-Lot, une église paroissiale à Grisac son village natal, des embellissements au prieuré de Chirac et un pont à Quézac sur lequel fut construite une chapelle. Sur ses ordres furent fondées les églises collégiales de Quézac, en 1365[74], et de Bédouès, en 1363[75]. Cette dernière, il a été baptisé, fut fortifiée, pour accueillir le tombeau de ses parents.

S'étant réservé l'évêché de Mende, il décida de la construction de la cathédrale Notre-Dame et Saint-Privat, en remplacement de la cathédrale primitive.

Enseignement

Yves Renouard, analysant son action apostolique et universitaire a expliqué : « Sa bonté et son désir de diffuser la science se manifeste par ses générosités à l'endroit de bon nombre d'abbayes dont celle du Mont-Cassin et des principales Universités : il aime à fonder, auprès de celles-ci, des collèges qui accueilleront des étudiants pauvres »[76]. Ce fut dans ce cadre que, afin d'aider ses jeunes compatriotes, il fonda à Montpellier, en 1360, le collège des Douze-Médecins[77], placé sous l'invocation de Saint-Matthieu, pour des étudiants en médecine issus du Gévaudan[15]. Cet attachement à la médecine s'explique, en partie, par son amitié avec l'un des pères de la chirurgie, Guy de Chauliac, puis en 1364, le collège des SS. Benoît et Germain, destiné à accueillir les étudiants en théologie, droit canon et arts libéraux.

Il fonda la faculté de théologie de Padoue, un collège à Bologne et réforma les statuts des universités de Paris, d'Orléans et de Toulouse[78].

Afin d'aider à l'instruction des jeunes de son pays (le Gévaudant), il fonda à Saint-Germain-de-Calberte un « studium », sorte de séminaire avant l'heure, entièrement réservé aux moines[79]. Les étudiants devaient ensuite se rendre à Avignon pour y passer leur examen. Il fit restaurer le prieuré de Grizac, situé sur la paroisse de Bédouès, et cette seigneurie se vit, de plus, exemptée de tout impôt devenant ainsi une terre franche. Ce privilège, conservé jusqu'au XVIIIe siècle, fut accordé par le roi Charles V, en remerciement au pape.

Missions

Il favorisa les missions des îles Canaries, fonda le premier évêché de Pékin[80], nommé alors Khanbalik[81], il envoya Guillaume de Prato accompagné de douze frères mineurs. C'est aussi à Urbain V que l'on doit l'envoi de missionaires en Dalmatie, Moldavie, Valachie, Bulgarie, Crête, Arménie, Scythie, Russie, Scandinavie et Afrique du Nord[78].

Économie

Avignon fut un grand centre de consommation qui fit vivre l'agriculture dans les régions proches et est un partenaire important du commerce européen. Urbain V créa donc des officiers spécialisés dans les régions (par exemple Languedoc ou Bourgogne) missionnés pour négocier et ramener tel ou tel produit ou denrée[82]. Ils visitaient les centres de productions, étaient assidus aux foires. Cette pratique permit d'économiser sur les marges des marchands qui convoyaient habituellement les produits jusqu'à Avignon.

En 1363, à Avignon, Francesco, fils de Marco Datini[83], un toscan originaire de Prato, en dépit de l'annonce du départ d'Urbain V, jugea opportun de développer son affaire de négoce. Il sassocia avec Niccoli di Bernardo pour vendre, auprès de la Cour pontificale, des articles venus des villes lombardes et toscanes.Son succès commercial fut tel qu'en moins de deux décennies, il devint le plus grand et le plus riche marchand d'Europe occidentale.

Article détaillé : Francesco di Marco Datini.

La même année, le pape donna licence au maître confiturier Auseta de s'installer à Apt. Deux ans plus tard, en 1365, quand il se rendit sur le tombeau de son parrain Elzéar de Sabran, le confiturier aptésien lui offrit des « fruits confits au raisiné »[84]. C'est la première mention de la fabrication des « confitures sèches » dans la cité provençale.

En date du 18 mars 1368, de Rome, Urbain V rendit publique un bulle pour préserver l'activité économique d'Avignon après son départ[85]. Afin d'éviter toute récession, il chargea ses cardinaux Raymond de Canillac et Jean de Blauzac, en accord avec le recteur Philippe de Cabassolle, d'accorder libertés et privilèges aux artisans. Les premiers cités étaient les marchands et négociants en laine, qui devaient être exemptés de taille, les seconds, les meuniers, qui avaient le droit d'installer des moulins sur les berges de la Sorgue et de la Durance[86]. Ce que ne put empêcher le pape fut la crise de surproduction des vins en pays d'Apt. Les volumes que lui et ses cardinaux faisaient venir étaient tels que le départ d'Avignon d'Urbain V puis de Grégoire XI provoqua un marasme économique jusqu'en juin 1396[87].

Sa béatification

Gisant d'Urbain V à Avignon

Avant son départ pour Rome, Grégoire XI, pour atténuer la peine des Provençaux et des Comtadins, avait profité de son séjour en labbaye de Saint-Victor pour ordonner une enquête sur la « fama et sanctitate » de son prédécesseur. Durant des mois, les notaires pontificaux recueillirent des milliers dattestations décrivant par le menu les miracles et les guérisons attribués à Urbain V. Cette enquête fut interrompue en 1379, pour être reprise en 1390 sur ordre de Clément VII, le premier pape avignonnais du Grand Schisme.

Les premières demandes

Entre 1372 et 1376, Louis dAnjou, décida de financer de ses propres deniers les frais de procès en canonisation de son beau-père Charles de Blois. Sur sa lancée, il fit instruire celui du défunt pape Urbain V et de Delphine, « la femme de saint Elzéar, comte dAriano ». Un nouveau procès en canonisation fut demandé par Valdemar IV de Danemark et promis par le pape Grégoire XI dès 1375. Mais la crise du Grand Schisme qui secoua l'église catholique eut tôt fait de le stopper. Ainsi c'est seulement le 10 mars 1870 qu'il fut déclaré bienheureux par le pape Pie IX.[88]

Les demandes modernes

Au XXe siècle, une association, « Les Amis du Bienheureux Urbain V », s'est constituée pour promouvoir la cause de sa canonisation.

Ubain V est considéré comme saint dans le nouveau calendrier liturgique publié par Paul VI, à la date du 19 décembre, sans avoir été formellement canonisé.

Les faits marquants de son pontificat

Le 22 septembre 1362, les vingt cardinaux du Sacré Collège entrèrent en conclave. Il s'agissait de :

En 1363, Urbain V s'attribua le choix et la nomination des évêques ayant un revenu de plus de 200 florins et de tous les abbés dont le revenu excédait 100 florins[89].

Le 18 septembre 1366, Urbain V nomma pour la première fois en consistoire des cardinaux. Cette promotion en comprit trois : Anglic de Grimoard, son frère, Guillaume Sudre et Marco de Viterbe.

Le 12 mai 1367, avant son départ pour Rome, Urbain V décida pour la seconde fois de remettre le chapeau de cardinal. Il y eut un seul promu : Guillaume d'Aigrefeuille le Jeune qui devint cardinal-prêtre de Saint-Étienne au Mont-Cœlius.

Le 22 septembre 1368, Urbain V, lors de sa troisième promotion de cardinaux, désigna : Arnaldo Bernardi (ou Bertrandi)[90], Philippe de Cabassolle, Simon Langham, Bernard du Bosquet, Jean de Dormans, Étienne de Poissy (ou Paris), Pierre de Chinac (ou de Bagnac) et Francesco Thebaldeschi.

Le 7 juin 1370, Urbain V procéda à sa quatrième et ultime nomination de cardinaux. Cette promotion nen compta que deux : Pierre dEstaing et Pietro Corsini.

Hommages

Des villes

Plusieurs villes qu'il avait côtoyé lui ont depuis rendu hommage. Ainsi, en 1874 une statue à son effigie a été érigée sur le parvis de la basilique-cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Privat de Mende. La place elle se situe porte depuis son nom. À Avignon, le palais des papes possède un jardin qui porte son nom et qui est un des hauts lieux du festival, une polyclinique porte aussi le nom d'Urbain V[N 80]. Une rue de Marseille a été appelée de son nom et un gisant a été placé dans la crypte de Saint-Victor. La ville de Montpellier, il a fait une partie de ses études, a également baptisé une rue en son honneur.

Des hommes

Bien que pape français, qui plus est pape d'Avignon, Urbain V a tout de même gagné le respect des Italiens influents. Ainsi Pétrarque, peu enclin au compliment envers la France, ce « pays de barbares »[75], montra une grande admiration envers ce pontife :

« Ô grand homme, sans pareil dans notre temps, et dont les pareils, en tous temps, sont trop rares. »

— Pétrarque[91]

Plus étonnante encore est la demi-louange que lui décerna Brigitte de Suède :

« De même ce pape Urbain est du bon or qui peut servir à bien, mais il est entouré des soins de ce monde.[92] »

Un de ses contemporains, Jean de Noyal, chroniqueur et abbé de Saint-Vincent de Laon, est plus crédible dans la simplicité de son hommage :

« Il remist sur l'estude, qu'estoit déchue dou tems son devancier ; il pourveust aux clercs et à personnes qui le valoient, desquels il avoit grande connaissance par la volonté de Dieu et la bonne intelligence qu'il mettoit. Il étoit de moult sobre vie et de bon exemple à tous ceux qui conversoient avec lui[93]. »

Autres informations

  • Le nom Urbain vient du latin urbanus, autrement dit de la ville. Il a très tôt été employé comme nom de personne. Guillaume de Grimoard prit ce patronyme pontifical car, expliqua-t-il, « Tous les papes qui ont porté ce nom ont été des saints »[78].
  • Sa fête, d'abord célébrée le 19 décembre selon le calendrier liturgique romain, depuis le concile Vatican II a été déplacée au 6 novembre, jour de son couronnement[37].

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : source utilisée pour la rédaction de cet article

Chroniques contemporaines
  • J. Froissart, Chroniques, texte et notes de Kervyn de Lettenhove, Bruxelles (T. IV à VIII), 1868. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • J. Froissart, Chroniques, texte et notes de Siméon Lucé, Paris (T. IV à VIII), 1873 - 1874. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • G. Villani, puis M. Villani et F. Villani, Cronica e Istorie Fiorentine, Florence, 1823.
  • Bertrand Boysset (1365-1415), Chronique de Garoscus Veteri et Bertrand Boysset, manuscrit de la Bibliothèque Ingimbertine, Carpentras.
  • L. Bonnement, Mémoires de Bertrand Boysset. Contenant ce qui est arrivé de plus remarquable particulièrement à Arles et en Provence depuis 1372 jusquen 1414, Le Musée. Revue arlésienne, historique et littéraire, 1876 -1877. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
Études générales
  • É. Baluze, Prima Vita Urbani V, in Vitae paparum Avenionensium, sive collectio actorum veterum, Vol. I, Paris, 1693.
  • Tessier, Histoire des souverains pontifes qui ont siégé dans Avignon, Avignon, 1774.
  • Joseph Fornery, Histoire ecclésiastique et civile du comté Vénaissin et de la ville d'Avignon, Roumanille, Avignon, 1741.
  • J. B. Christophe, Histoire de la papauté pendant le XIVe siècle avec des notes et des pièces justificatives, T. I & II, Paris, 1853. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • J. B. Joudou, Histoire des souverains pontifes qui ont siégé à Avignon, Avignon, T. I et II, 1855.
  • G. Mollat, Les papes dAvignon (13051378), Limoges, 1949 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • G. Mollat, Les papes d'Avignon, Letouzey & Ané, Paris, 1950
  • B. Guillemain, La cour pontificale dAvignon, (13091376). Étude dune société, Éd. de Boccard, Paris, 1962? Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • D. Paladilhe, Les papes en Avignon, Librairie Académique Perrin, Paris, 1975. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • B. Guillemain, Les papes dAvignon (13091376), Éd. du Cerf, Paris, 2000, ISBN 2 204 05895 5 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Y. Renouard, La papauté à Avignon, Éd. J.P. Gisserot, Paris, 2004, ISBN 2 87747 7487 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
Études particulières
  • Joseph Hyacinthe Albanés, Recherches sur la famille de Grimoard, Imprimerie Privat, Mende, 1866. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Joseph Hyacinthe Albanés, Entrée solennelle du pape Urbain V à Marseille en 1365, Librairie ancienne de Boy-Estellon, Marseille, 1865, numérisé par Gallica [94] Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • G. de Rey, Les Saints de l'église de Marseille, Marius Olive, Marseille, 1885. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Maurice Prou, Étude sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France Jean II et Charles V, Bibliothèque de l'école des hautes études, Fasc. 76, Paris, 1888, numérisé par Gallica [95] Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • E. Déprez, Sur les documents relatifs aux rapports de Charles V avec les papes Urbain V, Grégoire IX et Clément VII, Annuaire de lÉcole Pratique des hautes études, 1898.
  • Louise Guiraud, Les Fondations du pape Urbain V à Montpellier : le monastère Saint-Benoît et ses diverses transformations depuis son érection en cathédrale en 1536, Éd. J. Martel Aîné, Montpellier, 1891.
  • L. H. Labande, Bertrand du Guesclin et les États pontificaux de France, Mémoires de lAcadémie du Vaucluse, T. IV, 1904. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • R. Michel, La défense dAvignon sous Urbain V et Grégoire XI, Mélanges darchéologie et dhistoire, Vol. 30, no 1-30, 1910.Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Henri Théolas, Le vitrail d'Apt et le retour de la papauté à Rome, Éd. Seguin, Avignon, 1924. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • V. L. Bourrily, Duguesclin et le duc dAnjou en Provence (1368), Revue Historique, T. 152, 1926. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • M. Chaillan, La vieille église de Saint-Victor de Marseille et le pape Urbain V, Tacussel, Marseille, 1929. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • P. Lecacheux et G. Mollat, Lettres secrètes et curiales du pape Urbain V (1362-1370) se rapportant à la France extraites des registres dAvignon et du Vatican, Paris, 1955.
  • J. Glénisson et G. Mollat, Correspondance des légats et vicaires généraux : Gil Albornoz et Androin de la Roche (1353-1367), Paris, 1964.
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  • A.M. Hayez, J. Mathieu et M.F. Yvan, Urbain V (1362-1370). Lettres communes, Paris-Rome, 1985.
  • Paul Amargier, Urbain V, un homme, une vie, Société des médiévistes provençaux, Marseille, 1987 (162 pages) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Antoine de Rosny, Urbain V : un pape du Gévaudan, 1310-1370. – Mende : Conseil général de la Lozère, coll. « Patrimoine », 2005. 35 p., 23 cm. – ISBN 2-9512302-7-3. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références

Notes

  1. Le village de Grizac était situé dans la paroisse de Fraissinet-de-Lozère, avant qu'Urbain V ne l'érige en paroisse. Il est depuis la Révolution française situé sur la commune du Pont-de-Montvert. On retrouve parfois la graphie Grisac, bien que Grizac se rencontre plus fréquemment.
  2. La famille Montferrand est une famille noble du Gévaudan, voir les baronnies du Gévaudan
  3. Même si cette date de 1310 est le plus souvent retenue, il existe tout de même une petite incertitude qui pourrait situer cette naissance en 1309.
  4. C'est un descendant d'Étienne de Grimoard qui a racheté et restauré le château.
  5. En 1179, Alexandre III avait publié une bulle imposant les deux tiers des voix du conclave pour lélection du pape.
  6. Le nouveau pape, un protégé du clan des Roger de Beaufort, devait une bonne partie de sa carrière à Pierre dAigrefeuille. Lors de ses nominations aux évêchés de Clermont et dUzès, il lavait à chaque fois désigné comme son Vicaire général.
  7. De retour de Naples, le nouveau pontife débarqua à Marseille et prit le grand chemin dAvignon par les Pennes, Salon, Orgon, Saint-Andiol et Noves. La Durance étant en crue, il fit appel à un batelier qui réussit à lui faire passer sans encombre cette dangereuse rivière. Lui et ses aides reçurent ensuite du pape une gratification de quinze florins.
  8. Le roi Jean et le Dauphin avaient quitté Paris à la fin août 1362 pour rencontrer le pape Innocent VI. Leur déplacement ayant duré deux mois, ils furent accueillis par Urbain V.
  9. La Reine Jeanne avait 37 ans et le duc de Bourgogne 20 ans. Au lendemain de son élection, le 7 novembre 1362, Urbain V avait fait parvenir deux lettres à la reine Jeanne. La première lui donnait lautorisation générale dépouser un cousin au troisième ou au quatrième degré. La secondesecrèteautorisait son mariage avec lInfant Jaime de Majorque. Matteo Villani, dans sa « Cronica », dit que le Souverain Pontife donna son accord « à condition que le prince demeurât dans le Royaume, prêtât le serment et payât le cens à lÉglise et que la reine, quil y exhorterait, y consentit ». Le 29 novembre, un nouveau courrier partit donc vers Naples le pape expliquait à la reine lutilité de ne point « troubler ses cousins de France » par un refus, chose qui pourrait être « nuisible pour sa personne et pour le royaume de Sicile ». Au cours du mois de décembre, Jeanne fit répondre par son secrétaire Nicola dAlife. Elle rappelait linterdit jeté par lÉglise sur ces mariages consanguins (!) et concluait « Après tout les mariages sont libres et je ne vois pas pourquoi ils devraient cesser de lêtre au détriment de ma liberté ».
  10. Les travaux du fort Saint-André, sous la direction de Jean de Loubières, allaient durer six ans. Larchitecte pontifical résidait à Villeneuve-lès-Avignon le roi de France lavait installé dans lancien Hôtel du cardinal Arnaud de Via quavait racheté le Dauphin Humbert II le 29 mars 1343. Cette somptueuse résidence qui faisait face à celle du cardinal du Pouget dans la ruelle qui montait au mont Andaon avait dès lors pris le nom dHôtel du Dauphin. Ce dernier avait fait orner ses murs de fresques dont la plus remarquable est celle de « Saint Georges combattant le dragon ».
  11. Pierre le Cruel était marié à Blanche de Bourbon, sœur de Jeanne, lépouse du Dauphin. Pour mieux filer le parfait amour avec sa maîtresse Padilla, il lavait faite occire à Jerez.
  12. Un immense chantier est ouvert. Pierre Boquier, bibliothécaire-archiviste des bénédictins de Marseille est choisi comme comptable et directeur des travaux. Au maximum du chantier, on estime à 200 le nombre d'ouvriers employés. Les travaux de Saint-Victor de Marseille durèrent deux ans et le pape y consacra les revenus de la prévôté et de larchidiaconé de Valence.
  13. Sainte-Marie de Ratis ou Sainte-Marie-de-la-Mer étaient les noms médiévaux de lactuel village camarguais des Saintes-Maries-de-la-Mer.
  14. Le 4 mars 1363, Urbain V avait excommunié Barnabò Visconti et prêché contre lui la croisade. Le 6 avril, les troupes du potentat de Milan étaient battues à Solaro tandis que son fils Ambrogio le Bâtard était fait prisonnier. Dès quil apprit cette victoire, le pape délégua dans les États italiens son ambassadeur Nicola Spinelli pour annoncer son intention de faire la paix afin de retourner à Rome. Ce fut dans ce but quil chargea, le 1er mai, le cardinal Gil dAlbernoz des discussions préliminaires à un traité.
  15. Fils de Jean II de Grailly, originaire dune famille savoyarde fixée en Aquitaine et de Blanche de Foix, fille du comte Gaston 1er de Foix. Cousin de Gaston Fébus, Jean III de Grailly était fiancé à Jeanne de Navarre, sœur du Mauvais.
  16. Le Conseil de Ville, pour la décoration des rues de Carpentras, lachat de blé et des vins pour le banquet pontifical, dépensa de 7 livres, 186 sous et 4 deniers (Archives municipales de Carpentras. CC 152 f ° 59-61).
  17. Le mariage par procuration avait été célébré le 14 décembre 1362. Urbain V avait alors fait parvenir à Naples ses lettres dassentiments le 8 février 1363. Le 24 du même mois, il dépêchait des émissaires pontificaux à travers tout le Royaume avec mission de recommander le prince consort aux barons et au peuple napolitain. Le lendemain, le pontife informait Louis 1er de Hongrie du mariage de sa cousine fait avec son assentiment.
  18. Dans le courant du mois de mars 1363, des Grandes Compagnies avaient ravagé la région de Montpellier sans soulever la moindre réaction de Jean le Bon. Malgré le remplacement de Jean de Souvain par Robert de Rabastens comme sénéchal de Beaucaire, le danger que faisaient régner ces routiers resta ubiquitaire. À tel point que, le 29 août, Urbain V écrivit à Arnould dAudreheim pour excuser labsence, à la prochaine réunion des États du Languedoc à Nîmes, de Pierre dAigrefeuille, évêque dUzès, et dAnglic de Grimoard, Vicaire Général dAvignon. Le pape invoqua comme prétexte que ces deux prélats étaient « occupés par ses affaires ».
  19. Lors de ce vendredi 31 mars 1363, Urbain V autorisa son frère Anglic de Grimoard, Grand Vicaire dAvignon, à recevoir des fidèles de ses cités et diocèse « les usures, rapines et biens mal acquis, de les relever de lexcommunication et de convertir largent en subsides pour la Terre Sainte ». Il le chargea de transmettre, sous deux mois, à la Révérende Chambre Apostolique la décime accordée à Jean le Bon pour la croisade. Le 2 avril, le jour de Pâques, le roi de Chypre quittait Avignon pour aller recruter dans toutes les Cours dEurope pour le « sainct passage doultre-mer » qui avait été fixé au 1er mars 1365.
  20. En prévision de son départ Jean le Bon nomma alors le Dauphin « Lieutenant Général en toutes les parties de la langue dOïl ».
  21. La noble maison de Saint-Ouen (villa Clipiacum) était le siège de lOrdre de lÉtoile. Il semblerait donc quelle ait eu une succursale à Avignon.
  22. Le port égyptien faisait concurrence à Famagouste, le grand havre chypriote. Porte de lOrient, lîle de Chypre était un maillon essentiel dans léconomie marchande des flottes européennes. Comme la analysé J. C. Hocquet « Chypre grâce à sa position avancée dessinait à son profit la géographie des itinéraires commerciaux dans les eaux de la Méditerranée ». Ses salines, propriétés domaniales des Lusignan, permettaient notamment aux nefs de se lester de sel gros (le sel du Roy), le plus apprécié au Moyen-Âge, en échange de sel fin (le sel de la Reine).
  23. Les grandes gelées de décembre 1363 détruisirent oliviers et vignes. À partir de lannée 1364, il y eut pénurie générale dhuile dolive et de vin.
  24. Les États dOïl avaient été convoqués précisément le 1er décembre 1363. Le roi fit adopter par les trois ordres un impôt permanent de trois francs par feu. Cétait une première dans la fiscalité française.
  25. Jean le Bon quitta Amiens le 10 décembre 1363 en compagnie de Jean dArtois et du Maréchal Boucicaut. Il partit de Boulogne pour Douvres il débarqua le 2 janvier 1364 avec une cagnotte de 100 000 écus pour ses faux-frais. Il arriva le 15 à Londres Édouard III serinait sa Cour en répétant que de sa vie il navait rencontré prince plus loyal que son « frère Jean de France ».
  26. Dès lâge de vingt ans, lors du combat de Smyrne, Philippe de Mézières sétait fait remarquer par sa bravoure. Pierre 1er de Lusignan lui avait alors demandé de le suivre à Chypre. Il y avait été nommé chancelier en 1352 puis ambassadeur en Europe.
  27. Malgré linterdiction pontificale de commercer avec Alexandrie, théoriquement en vigueur depuis 1314, les Républiques Maritimes y faisaient faire régulièrement escale à leurs convois. Les capitaines vénitiens ou génois savaient « quil y avait beaucoup dépices qui les attendaient » ainsi que du sel pour lester leurs galées. La Sérénissime République de Venise, qui avait acheté à Clément VI le droit de commercer avec lÉgypte, était entrée en conflit dès 13511352 avec la Superbe République de Gênes. Par un traité signé le 1er juin 1355, les deux Républiques sétaient partagé la Méditerranée. Le port dAlexandrie, en dépit du séisme qui avait fait totalement effondrer son antique phare en 1349, était devenu un concurrent redoutable pour Famagouste, le grand port chypriote sous protectorat génois.
  28. Une flotte de quelques cent soixante-cinq navires arriva à Alexandrie le 7 octobre 1365 et le 9, l'offensive terrestre était lancée
  29. Cest la première invasion historiquement connue de sauterelles en Provence. Les chroniques de lépoque parlent dune « espèce de grillets » ou de « langoustes ».
  30. Les plénipotentiaires de Charles V et du Mauvais, à la suite des pourparlers dAvignon, signèrent à Paris une trêve le 6 mars 1365. En mai, les deux rois contresignèrent cet accord de paix.
  31. Ce vignoble intra-muros jouxtait Notre-Dame des Miracles et avait comme centre lactuel Plan-de-Lunel.
  32. Juan Fernandez de Heredia fut immédiatement délégué à Toulouse pour en informer Charles V qui y séjournait.
  33. Charles IV fut couronné le 4 juin par larchevêque Guillaume de la Garde, en présence des prélats et abbés des archidiocèses dArles, Aix et Embrun, du Sénéchal Raymond dAgoult, du comte Amédée VI de Savoie, de Jean de Bourbon, oncle de Charles V, et de Raymond V des Baux, prince dOrange. Cet événement marque le début de la « Chronique de Garoscus Veteri et Bertrand Boysset ». Nous y apprenons que lempereur entra à Arles par le portail de la Cavalerie.
  34. Arrivé à Strasbourg le 30 juin 1365, Charles IV de Luxembourg confirma à la Reine Jeanne quen se faisant couronner à Arles il navait pas voulu aller à lencontre des droits de sa vassale sur son comté de Provence. Mais désormais lempereur fit frapper monnaie avec à lavers le sigle de sa double royauté dArles et de Bohème.
  35. Les indulgences plénières avaient été instituées dès la fin du XIe siècle pour les seuls croisés allant en Terre Sainte. Depuis, elles avaient été détournées amplement de leur but initial. Les premiers à engager le combat contre les compagnies de routiers furent les paysans excédés par leurs rapines. Ils se firent atrocement massacrer. Urbain V fit alors savoir que seuls auraient droit à sa bénédiction les engagements conduits ou dirigés par la noblesse.
  36. Déjà le 5 avril 1365, après la paix signée à Paris, Urbain V avait indulgencié ceux qui empêcheraient les Routiers de piller le pays. Dautre part, le pape demandait aux évêques « dunir leurs forces contre les ennemis de Dieu et des hommes » et retirait leurs privilèges aux villes, villages, châteaux et monastères qui, par couardise, pactiseraient avec les Routiers ou les accueilleraient. Cette seconde bulle, consécutive à la paix de Guérande, nayant eu aucun effet, le pape menaça les Grandes Compagnies dexcommunication.
  37. Depuis son élection en 1362, Urbain V avait favorisé et généralisé le culte de sainte Anne dApt.
  38. Les travaux de larchitecte pontifical Rastin avait duré deux ans et transformé à tel point labbaye Saint-Victor que, un siècle plus tard, le roi René la considérait comme « la clef du port et de la ville de Marseille ». Ses deux tours, sur la face nord, et ses quatre puissants contreforts, formant tourelles sur la nouvelle abside, en faisait un bastion défensif de premier ordre.
  39. Au soir de la bataille dAuray, Bertrand du Guesclin qui guerroyait pour Charles de Blois, avait été fait prisonnier par Jean de Chandos. Celui-ci lavait détenu en Guyenne. Il venait dêtre libéré par le Prince Noir, le 28 octobre 1365, après que le Maréchal Boucicaut a versé sa rançon. Pour conduire les Grandes Compagnies vers la Castille, Charles V avait donné au Breton 40 000 florins puis 32 000 francs sur la décime concédée par le pape sur les diocèses de France.[réfnécessaire] Il prenait le relais de lArchiprêtre qui, au cours des mois de mai et juin 1365, avait tenté de les faire passer en Hongrie. Mais Arnaud de Cervole sétait heurté à la Décapole et avait échoué à Metz, Strasbourg et Bâle. Larrivée de Charles IV à la tête de larmée impériale avait fait débander les Routiers.
  40. Guillaume Sudre, évêque de Marseille, ordonna alors à son viguier et à ses baillis de contraindre, par voix de héraut, les Marseillais à se mettre en état de guerre dans les quatre jours sous peine de sévères sanctions. Son écuyer, Philippe Tournier, fut délégué pour cette mobilisation générale.
  41. Pour inciter Henri de Transtamare à suivre Bertrand du Guesclin en Castille, les États Généraux de Provence, réunis à Aix, décidèrent de lui verser 10 000 florins tout en lui remettant un troupeau de bêtes à cornes de 2 000 têtes, 10 000 setiers de blé et 2 000 setiers de vin (soit 18 500 hl de blé et 37 000 hl de vin).
  42. Il y avait, entre autres, Luccio degli Abbate qui prêta 6 000 francs ; le florentin Jacopo Buonacursi, 400 francs, et les frères Michele et Giovanni de Baroncelli respectivement 1 000 et 400 francs Ces deux banquiers avignonnais étaient les fils de Francesco de Baroncelli, successeur de Rienzo à Rome. Il avait été chassé du pouvoir par une émeute populaire. Cette famille était originaire de Florence Giotto avait orné le maître-autel de leur chapelle dans léglise Sainte-Croix.
  43. Mais le danger passé, le peu dallant du clergé pour mettre la main à laumônière contraignit Urbain V à réitérer ses instructions le 21 mars 1366.
  44. La venue des Grandes Compagnies de Bertrand du Guesclin avait mis en évidence la faiblesse des défenses avignonnaises. Dès le départ des derniers Routiers, le fustier Andreù Férigolet fut chargé de poser durgence les dernières portes en bois des remparts. Il passa commande à son confrère Guilhem Vial pour lui fournir les différents étais et poutres nécessaires. La première livraison eut lieu le 27 février 1366. Elle permit de construire la nouvelle Porte Aiguière et celle de la Tour. Lensemble des travaux fut achevé en 1368.
  45. Malgré son amour pour Naples et les Napolitaines, Boccace ne sétait pas toujours entendu au mieux avec son ami Nicola Acciajuoli. Il avait trouvé judicieux daller séjourner le plus souvent à Florence la Seigneurie appréciait aussi bien le diplomate que lécrivain. La mort du Grand Sénéchal, le 8 novembre 1365, navait rien changé à ses habitudes.
  46. Pétrarque, lui-même, considérait que : « Lobstination des cardinaux à ne pas retourner à Rome trouve son origine dans la qualité des vins de Beaune. Cest quen Italie il ny a pas de vin de Beaune et quils ne croient pas mener une vie heureuse sans cette liqueur ; ils regardent ce vin comme un second élément et comme un nectar des dieux ».
  47. Dès la trêve signée avec Visconti, Urbain V avait donné ordre de remettre en état les jardins pontificaux et dentreprendre la restauration de la basilique Saint-Pierre. Sa décision fut confortée, le 20 juillet 1366, quand il reçut en audience Gomez Albernoz, envoyé par son oncle le cardinal dEspagne et la Reine Jeanne. Il était venu lui faire le rapport de la situation politique en Italie Nicola Spinelli œuvrait à la constitution dune Ligue anti-viscontienne tant au niveau national quinternational. Elle fut opérationnelle à la mi-septembre. Le pape annonça alors à ses cardinaux son retour imminent à Rome.
  48. Le Doge de Venise se vit remettre le bref pontifical par le légat Audrouin de la Roche. Pour préparer le retour du pape le cardinal demanda à Marco Cornero le libre passage dans tous les ports de la Sérénissime dun convoi de deux cents amphores de vin devant transiter par les marches dAncône. Les nefs étaient jaugées par amphore et vingt amphores correspondaient à environ douze tonneaux métriques.
  49. Aujourd'hui Galdo est un hameau de Sicignano degli Alburni.
  50. Corneto est nommé de nos jours Tarquina.
  51. Après la mort de Nicola dAlife, Garde des Sceaux du Royaume, sur les conseils dUrbain V, en décembre 1366, la Reine Jeanne avait octroyé cette charge à Nicola Spinelli da Giovinazzo, qui était déjà Promoteur du Royaume auprès de la Cour pontificale.
  52. Urbain V lui accorda cette faveur en 1370. Née en 1303, à Finsta, Brigitte Birgersdotter, fille du gouverneur de lUppland, avait été mariée en 1318 à Ulf Gudmarson, comte de Néricie dans le diocèse de Licope. Devenue veuve, la Suédoise fonda lordre de Saint-Sauveur et vint à Rome, lors du Jubilé de 1350, pour le faire reconnaître par le Souverain Pontife. Elle sy installa dans lespoir de la fin du séjour avignonnais.
  53. Ce chef-dœuvre de lorfèvrerie, qui pesait entre trois cents et trois cent cinquante grammes, était traditionnellement fabriqué par les joailliers de Sienne. Ornée de pierres précieuses et des perles, une Rose dOr était estimée aux environs de deux cents florins. Celle de la Reine Jeanne fut déposée lannée suivante à la Basilique Saint-Pierre de Rome. Un exemplaire de ce joyau est conservé au musée de Cluny à Paris, c'est la plus ancienne conservée au monde Musée de Cluny, orfèvrerie et ivoires, sélection des oeuvres
  54. Le terme « societates » (sociétés) désignait les groupes constitués allant de lorganisation dun quartier à une compagnie de Routiers.
  55. Olivier de Mauny, pour ses bons et loyaux services, fut fait capitaine général de Normandie et devint chambellan de Charles VI.
  56. Raymond dAgoult, troisième Sénéchal de Provence issu de la famille comtale de Sault, garda non seulement ses hautes fonctions mais devint Amiral du royaume de Naples pour les mers du Levant et fut chargé de conduire des ambassades pour la reine Jeanne en Italie et en Espagne.
  57. Bertrand du Guesclin, rançon payée, avait été libéré 27 décembre 1367 par le Prince Noir et avait immédiatement quitté Bordeaux.
  58. Arnould dAudrehem (1305-1370) était devenu le bras droit de du Guesclin.
  59. Louis, duc dAnjou, pour ses œuvres, fut qualifié « dexacteur, mais viril et intelligent ». Il avait nommé Amiel des Baux, Sénéchal de Beaucaire, en remplacement de Gui de Prohins, le 23 avril 1367. Le Bâtard succédait ainsi à son père Agoult et à son demi-frère Bertrand.
  60. L'importance de Tarascon était devenue primordiale à partir du XIIe siècle. Son emplacement stratégique en faisait le verrou de la basse vallée du Rhône. En effet, le contrôle de la navigation avait une importance capitale à une époque les routes étaient peu praticables et peu sûres. De cette époque, date l'établissement, à proximité immédiate du premier château, de familles nobles ainsi que de marchands et commerçants. La ville, qui faisait face à Beaucaire, siège de la Sénéchaussée, fut ceinte alors de remparts et une première réfection du château entreprise à la fin du XIIIe siècle.
  61. Héros incontournable de nos livres dHistoire de France, le futur connétable de France, tout comme lArchiprêtre et les Tard-Venus, eût un goût particulier pour rançonner et piller Avignon et la Provence. Si Innocent VI, pour voir déguerpir ces Routiers accepta toujours de leur payer tribut, Urbain V fut heureusement moins souple avec Bertrand du Guesclin.
  62. Ces renseignements sont contenus dans le « Livre Vert », un des rares documents municipaux conservés depuis le XIVe siècle. Le 9 juin 1368, le Conseil de Ville de Sisteron, qui avait engagé des gens darmes piémontais (tramontanos) assista à la montre. Francheschino Bolleris, bayle (bailli) et Capitaine de Sisteron, seigneur de Roccaspervia, présenta aux syndics Jean Baudoin et Pierre Autard, les 25 brigands placés sous le commandement des connétables Jacques Brutini de Rivoli et Jean Ruelle de Savillon. Moyennant leur solde, ceux-ci sengageaient pour un mois à défendre la ville et à ne pas en sortir sous peine damende. Le Conseil rappela quil est le seul habilité à louer des compagnies et à les passer en revue en compagnie du bailli.
  63. Seul Froissart le nomme Bertrand du Guesclin. En Bretagne, il était désigné comme Bertrand de Gueaqûi, tandis que les différentes chroniques qui font état des ses faits darmes lappellent indifféremment Glacquin, Claquin, Gleaquin, Glyaquin, Glesquin, Gleyquin, Cliquin ou Claiquin.
  64. Aigues-Mortes, malgré son début densablement, était le port français le plus utilisé sur la façade méditerranéenne. Il avait complètement supplanté celui de Saint-Gilles, fondé au début du XIIe siècle, par Raymond IV de Toulouse.
  65. Il sagissait des villages dAlauzun, Aulan, Autanne, Beaumont-le-Vieux, Briançon et son péage de la Gabelle, Mison, Montbrun, Plaisians, le Poët-en-Percip, la Roche-sur-Buis, la Rochette-du-Buis, Saint-Léger, Vercoiran et Villefranche-le-Château, fiefs de Raymond des Beaux, gendre de Guillaume III Roger de Beaufort.
  66. Une « lance » formant alors un équipage était composée de trois hommes : le cavalier, son écuyer et son valet de pied, larmée provençale regroupait mille deux cent hommes, mais non de mille deux cent combattants.
  67. Apt était une ville-close cest-à-dire une cité fortifiée derrière ses remparts pour se mettre à labri des « pilleries, roberies, larcins et autres maléfices faits par le temps de guerre ». La cité julienne était protégée par ses vingt-sept tours qui abritaient chacune une compagnie de huit arbalétriers, soit un total de deux cent seize hommes de traits.
  68. Louis dAnjou devant intervenir contre les Anglais en Guyenne, Agenais, Rouergue et Quercy voulut étoffer les troupes des barons occitans. Il fit revenir dans ses Sénéchaussées, qui avaient payé si cher leur départ, non seulement les compagnies de Perrin de Savoie et dAmanieu dOrtigue, mais aussi celles du Petit Meschin, de Bosonet de Pau et de Noli Pevalhon.
  69. Le 8 août 1368, Urbain avait rappelé urbi et orbi que tous les Comtadins devaient solder les garnisons que son Capitaine des Armes avait fait retrancher dans les châteaux et les places fortes.
  70. Ce qui a fait affirmer à certains quUrbain V navait excommunié quà demi-mot le Breton, ses commanditaires et ses affidés. Il nen était rien puisque le pontife jetait en même temps linterditla plus lourde sanction ecclésiastiquesur les villes et les châteaux se trouvaient les agresseurs du comté de Provence, et défendait à tous, nobles, princes ou rois de laccueillir et davoir désormais recours aux services du Breton et de ses sbires sous peine de sanctions identiques. Dans un siècle la religion scandait toutes les heures de la vie on comprend quelles pouvaient être les conséquences dune telle sanction qui interdisait toutes messes ou tous sacrements. Son usage fut aussi rare que redouté.
  71. La cité de Florence, se sentant menacée par la « calata » impériale, fit venir durgence pour la défendre Giovanni Malatacca de Reggio, un des meilleurs capitaines de la Reine Jeanne. À la fin décembre 1368, la reine dépêchait auprès du pape ses conseillers Nicola Spinelli et le logothète Napoléon Orsini pour traiter au nom de Florence avec lempereur. Un accord fut conclu en février 1369 entre les parties et Florence sen tira en versant une forte amende à Charles IV.
  72. Charles IV avait été couronné empereur du Saint Empire Romain Germanique en 1355 par le cardinal-légat Pierre-Bertrand du Colombier.
  73. Le neveu dElzéar, Louis de Sabran, comte dAriano, fils aîné de Guillaume de Sabran, avait été nommé sénateur de Rome par Urbain V pour cette année 1369.
  74. Les exactions de John Hawkwood, le gendre de Barnabò Visconti, dans le domaine pontifical italien ne prirent fin quen novembre 1370.
  75. Lempereur de Constantinople déclara : « Moi, Jean Paléologue, empereur fidèle en Christ et modérateur des Romains, illuminés par les clartés du Saint-Esprit, voulant pourvoir au salut de mon âme, suis venu à la sainte ville de Rome, pour visiter le très saint père seigneur Urbain V, pape par la providence divine pour reconnaître et promettre la Foi catholique professée, tenue et enseignée par la sacro-sainte, romaine et universelle Église afin dobéir en perpétuelle observance de ladite foi, pleinement et efficacement, aux ordres du susdit seigneur pape et de ses successeurs pontifes romains… ».
  76. Avignon désigne ici l'état pontifical et non la ville, d' la désignation de « en Avignon ».
  77. Ce fut le 1er août 1370 que la reine Jeanne nomma Nicola Spinelli di Giovinazzo, maître rational auprès de la Cour dAix, sénéchal de Provence tout en lui conservant sa charge de Grand Chancelier du royaume de Naples.
  78. Cette réception pontificale coûta la bagatelle de 208 florins 4 sous à la capitale du Comtat (Archives Municipales de Carpentras, CC. 156, f° 44 et 44 v°).
  79. Sur la moitié du blason de cette commune se trouve celui d'Urbain V. Avant de s'installer à Grizac, les Grimoard venaient de Saint-Germain-de-Calberte.
  80. (fr) Présentation de la polyclinique

Références

  1. Yves Renouard, op. cit., p. 43.
  2. Dominique Paladilhe, op. cit., p. 216.
  3. Calendrier du diocèse de Nîmes - 6 novembre : Bienheureux Urbain V, pape.
  4. a, b et c Généalogie de la famille de Grimoard
  5. Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], p. 771
  6. Florian Mazel, La noblesse et l'église en Provence fin Xe-début XIVe, L'exemple des familles d'Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, Éditions du comité des travaux historiques et scientifiques, Paris, 2002 (ISBN 2-7355-0503-0), p. 529 
  7. Paul Amargier, Urbain V, un homme, une vie (1310-1370), Société des médiévistes provençaux, Marseille, 1987, p. 20 
  8. a et b http://site.acgc.free.fr/fichiers/urbain.pdf Document PDF sur la vie de Guillaume de Grimoard
  9. J. B. Christophe, p. 536
  10. a, b, c et d Cf. Froissard.
  11. Comme la expliqué J. Heers, lors dun conclave « Tous les cardinaux le savent bien, le résultat ne traduit pas forcément un rapport de forces bien étudié ; tant de manœuvres, dententes savamment ourdies échouent lorsque tous se retrouvent ensemble et peuvent parler. Ce qui compte, ce sont les complots le jour même, la façon de persuader, de faire peur en montrant les dangers de tel choix, en rappelant des précédents fâcheux. On cause beaucoup, en dehors des séances, lors des interruptions, dans la journée, le soir plus encore et même la nuit ». J. Heers, Précis dhistoire du Moyen-Âge, Paris, 1966.
  12. J. B. Christophe, pp. 334-335. Raymond de Canillac est un parent de Hugues Roger et de son frère, l'ancien pape Clément VI décédé dix ans plus tôt.
  13. Buffière, opcit., p. 773. Urbain V fit du cardinal Étienne-Ardouin Aubert (13541363), dit le cardinal de Maguelonne, son Camerlingue.
  14. Son frère le nomma cardinal le 18 septembre 1366, en fit lévêque suburbicaire dAlbano, le 17 septembre 1367, quand il le rejoignit en Italie, puis son Vicaire à Bologne un an plus tard. Urbain V ne songea pas à grandir sa famille. Aucun des siens ne fut promu aux prélatures, si ce nest son frère Anglic, et un de ses cousins, Bernard de Châteauneuf, quil fit évêque de Saint-Papoul. J.B. Christophe pp. 356-357
  15. a et b Buffière, opcit., p. 774
  16. (fr) Les « vergers » de la papauté d'Avignon : Avignon, Pont-de-Sorgues et Villeneuve (1316-1378), thèse d'Élydia Barret, École nationale des chartes 2004
  17. Baluze, op. cit. parle au sujet du jardin d'Urbain V de « viridarium miræ pulchritudinis ».
  18. histoire de la chartreuse du Val-de-Bénédiction, Villeneuve-lès-Avignon.
  19. Histoire de France 1305-1364 (Volume 4 of 19) par Michelet, Jules, 1798-1874 (voir page 87 sur 152)
  20. Georges Minois, La guerre de cent ans, Perrin 2008, p. 192.
  21. J.B. Christophe, p. 552-553
  22. P. Lecacheux, et G. Mollat, Lettres secrètes et curiales du pape Urbain V, n°127, n°147 et 148, n°156 et M. Prou, Relations politiques du pape Urbain V, p. 16 et 17.
  23. J. B. Christophe, p. 539
  24. a, b et c "La croisade chypriote contre Alexandrie" - Point de vue islamique plaçant le rôle de Pierre 1er au-dessus de celui de Urbain V dans cette envie croisade - site de ressources islamique en langue française
  25. Pierre Ier de Lusignan, arriva à Avignon, le mercredi des Cendres. Il était tout auréolé de la gloire davoir, quelques mois plus tôt enlevé aux Turcs la place forte de Satalie, en Asie Mineure. Comte de Tripoli, il avait été couronné roi de Chypre du vivant de son père Hugues IV, le 24 novembre 1358. Ce dernier lavait préféré à son aîné Gui, prince de Galilée. Le roi Hugues sétait ensuite éteint le 10 octobre 1359. Louis de Mas Latrie, Histoire de l'Île de Chypre sous le règne des princes de la Maison de Lusignan, Imprimerie Impériale, Paris, 1852-1861  (OCLC 156109086).
  26. J. B. Christophe, p. 547
  27. étude du climat depuis le Xeme siecle
  28. Ces transactions dimportance occupent plusieurs feuillets de la « Gallia Christiana Novissima » du chanoine Albanès.
  29. Histoire générale, physique et civile de l'Europe: depuis les dernières années du cinquième siècle jusque vers le milieu du dix-huitième, De La Cépède (Bernard Germain Etienne de La Ville sur Illon), M. le comte de La Cépède, Publié par P.J. de Mat, 1826
  30. Froissart dans sa Chronique relate : « Il y fit une entrée magnifique, revêtu des insignes impériaux. Le pape et les cardinaux laccueillirent avec de grandes démonstrations dhonneur et de joie ».
  31. Le concile dApt regroupa dix-huit prélats des archevêchés dArles, Aix et Embrun. Les pères conciliaires étaient les évêques Raimond Savini dApt, Géraud de Sisteron ; Pierre Fabre de Riez ; Pierre dAynard de Senez ; Étienne Digna de Vence ; Laurent «le Peintre » de Nice ; Bertrand de Séguret de Digne ; Guillaume de la Voûte de Toulon ; Guillaume Sudre de Marseille ; Jean Revol dOrange ; Jean Maurel de Vaison ; Jacques Artaud du Tricastin et Jean Roger de Beaufort de Carpentras. Sétaient faits représentés : Anglic de Grimoard dAvignon, Amédée de Grasse, Guillaume Fournier de Gap, Raymond Diaconis de Fréjus et Bernard de Saint-Jacques de Glandevès. Il était présidé par les archevêques Guillaume de la Garde dArles ; Bertrand de Châteauneuf dEmbrun ; Jean de Peisson dAix et le Recteur du Comtat, Philippe de Cabassolle, évêque de Cavaillon et Patriarche de Jérusalem. Cf. Abbé É. Rose, Études historiques et religieuses sur le XIVe siècle ou Tableau de lÉglise dApt sous la Cour papale dAvignon, Avignon, 1842.
  32. Histoire de l'église de France, 1856, page 28.
  33. Henri Théolas, op. cit., pp. 17 à 20. La cathédrale Sainte-Anne d'Apt et son vitrail du XIVe siècle.
  34. (fr) J. B. Christophe, p. 551 Cette somme fut négociée et réduite de moitié. {{Référence nécessaire|Mais le 13 novembre 1365, le Trésorier du Comtat imposa les communes du Venaissin de 540 florins forts pour payer les gens darmes protégeant Avignon et fit lever, en janvier 1366, une taille exceptionnelle de 5 000 florins destinée à couvrir la part pontificale achetant le départ des Routiers. Le 23 novembre, Urbain V écrivit dailleurs au cardinal Raymond de Canillac pour sen justifier : « Dinnombrables gens darmes, appelés compagnons, sortant du royaume de France et partant en guerre, disaient-ils, contre les infidèles, avaient envahi la Sénéchaussée de Beaucaire et menaçaient dentrer en ennemi dans le Venaissin, ce qui leur était facile, si les habitants de ce comté ne leur versaient pas un subside. Pour éviter de très graves périls et de très gros dommages, nous avons donné mission demprunter, au nom des dits habitants, la somme de 5 000 florins dor et de la remettre à ces Routiers, ainsi que lon déjà fait les habitants des pays voisins ».
  35. Jean Favier, La guerre de Cent Ans, Fayard 1980, p. 308
  36. Yves Renouard, op. cit., p. 47.
  37. a, b et c Daniel Bréhier, Notre-Dame des Doms, Éd. Beaulieu, Art et Tradition, Lyon, 2002, p. 73.
  38. Le Grand Sénéchal nétait plus en odeur de sainteté en Avignon depuis que Pierre Amielh de Brénac, légat à Naples, avait écrit au cardinal Anglic de Grimoard : « LAcciajuoli a toujours soin et fait en sorte que leau soit troublée et que Madame ait toujours besoin de lui et de ses conseils. Nous le savons tous mais il ny a personne qui ose dire mot et il y a eu déjà quatre fois des altercations avec moi, en présence de tout le Conseil royal, et surtout parce quil sagissait des donations excessives de la Reine qui est très pauvre et qui na pas de quoi payer le cens. Il a tant fait que laffaire demeure presque désespérée. Et pourtant tous sont davis que si la délibération du comte de Nola [Nicola Orsini] avait été exécutée pour la perception et la conservation des revenus la Reine serait dans labondance », H. Bresc,op. cit..
  39. Depuis les « Vêpres siciliennes » marquant lexpulsion en 1282 des Angevins de lîle, il avait fallu une astuce pour conserver au royaume de Naples le titre de Sicile. On considérait quil y avait une Sicile insulaire, baptisée Trinacrie (pour sa forme triangulaire), qui était laissée en pâture aux hérétiques et aux Aragonais, et une Sicile péninsulaire bastion des guelfes et donc des intérêts pontificaux. Pierre Amielh de Brénac avait suggéré à Urbain V : « Considérant les affaires du roi, de la duchesse Jeanne, du Grand Sénéchal et vu que tout le monde semble nous ramener aux temps infâmes du roi André, lopinion commune est que notre situation ne pourra avoir remède que si Votre Sainteté envoie ici quelque grand légat sous lequel la Reine puisse gouverner », H. Bresc,op. cit..
  40. Cétaient les charges que sétait attribuées Jaime de Majorque. La décision du nouveau légat provoqua une révolution de palais. Le 23 avril 1364, larchevêque de Naples écrivit au pape : « Les querelles saggravent ces jours-ci entre nosseigneurs les princes au point que, le jour de vendredi saint et le jour de Pâques, il y a eu tant de matières à scandales quil faudrait de longs jours pour les apaiser et quil en reste des traces. Et cependant, à ce quil parait, les discussions portent seulement sur ce que le roi ne doit pas avoir un pennon. Mais on sen occupe, dun côté et de lautre, avec tant dacharnement que sil sagissait de toute la couronne. Aussi, bien que je ne vaquasse quà mes affaires, laissant les travaux de forge aux forgerons, comme je lai écrit ailleurs à Votre Sainteté, jai été obligé, à cause du danger et des requêtes instantes de Madame la Reine, que jai vu pleurer douloureusement de ces choses, de men occuper pendant plusieurs jours et de my laisser rentrer, bon gré mal gré, sans savoir, Dieu men est témoin, mettre les pieds », H. Bresc, op. cit..
  41. a, b, c, d, e et f http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/brigitte/index.htm CHAPITRE XXVIII / 98
  42. Henri Théolas, op. cit., pp. 7 à 10.
  43. Jean-Pierre Thomas Mémoires historiques sur Montpellier et le département de l'Hérault, Paris, 1827, pp. 106 à 109.
  44. Dante, Purgatoire, chant XVI.
  45. Histoire de Français, par J. C. L. Simonde De Sismondi, page 67.
  46. Bernard Guillemain, op. cit., p. 132.
  47. Cours d'histoire des états européens de Frédéric Schoell, Maximilien Samson Frederic Schoell, Franz Xaver Zach, Freiherr von Franz Xaver Zach, page 120
  48. Une caricature du XIVe siècle conservée au Musée Calvet dAvignon montre le pape Urbain V et les deux cardinaux, embarqués sur la même galère. enluminure Enluminure représentant le voyage du pape
  49. a et b Cours d'histoire des états européens de Frédéric Schoell, Maximilien Samson Frederic Schoell, Franz Xaver Zach, Freiherr von Franz Xaver Zach, page 120 à 122
  50. Élie Faure, dans son Histoire de lArt, a décrit ainsi la décrépitude de lUrbs au XIVe siècle : « Rome était une ville morte. Quelques milliers de misérables au milieu des cirques envahis par la ronce et lortie, des aqueducs rompus, des thermes éventrés. Mais ici rien de vivant ».
  51. Patrimoine littéraire européen: anthologie en langue française, De Jean-Claude Polet, Claude Pichois, Collaborateur Jean-Claude Polet, Publié par De Boeck Université, 1995, ISBN 2-8041-2077-5, 9782804120771
  52. http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/brigitte/index.htm CHAPITRE XXIX, 120
  53. Michel Hebert, Tarascon au XIVe siècle, histoire d'une communauté urbaine provençale, Édisud, 1979, Aix-en-Provence(ISBN 2-85744-033-2), page211
  54. Émile G. Léonard,Les Angevins de Naples, Presses universitaires de France, 1954, page426
  55. J.-B.-M. Joudou, Histoire des souverains pontifes qui ont siégé a Avignon,Fischer 1855
  56. É. Baratier, (sous la direction de.), Histoire de la Provence, Éd. Privat, Toulouse, 1969, p. 193.
  57. Les Archives municipales de Carpentras (CC. 154, f° 3) indiquent précisément «rebellione quam faciebant laboratores ». Cétait le nom donné tant aux gens de la campagne, quaux journaliers et aux artisans.
  58. a et b Histoire d'Italie pendant le Moyen Âge, De Heinrich Leo, Louis Dochez, Traduit par Louis Dochez, Publié par Parent-Desbarres,1837, page 670
  59. a et b Histoire générale, physique et civile de l'Europe: depuis les dernières années du cinquième siècle jusque vers le milieu du dix-huitième, De La Cépède (Bernard Germain Etienne de La Ville sur Illon), M. le comte de La Cépède, Publié par P.J. de Mat, 1826, page 37
  60. voir la "Famille de SABRAN - de SIGNES"
  61. http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/brigitte/index.htm CHAPITRE XXIX, 133
  62. http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/brigitte/index.htm CHAPITRE XXIX, 132
  63. Pour plus de détails, voir page 5 du Document PDF
  64. À coté du palais des papes : (fr) informations
  65. Dominique Paladilhe, op. cit., p. 238.
  66. Yves Renouard, La papauté à Avignon, p. 43.
  67. Dominique Paladilhe, op. cit., p. 237.
  68. Urbain V fonde lUniversité de Cracovie ASV, Reg. Vat. 251, f. 354r
  69. Urbain V fonde lUniversité de Vienne ASV, Reg. Aven. 159, ff. 522v-523r; ASV, Reg. Vat. 254, f. 84rv
  70. Daniel Bréhier, op. cit., p. 72.
  71. Robert Bailly, Histoire de la vigne et des grands vins des Côtes-du-Rhône, Avignon, 1978 
  72. Urbain V, quand il était encore Guillaume de Grimoard, abbé de Saint-Victor, était venu à Malaucène pour visiter l'abbaye du Groseau, chère à Clément V, au cours du mois de septembre 1359. Le seigneur Philippe est Philippe de Cabassolle, recteur du Venaissin, le seigneur Jean, Juan Fernandez de Heredia, Capitaine des Armes du Comtat. Michel Brusset, Malaucène, aspects de l'histoire entre Ventoux et Ouvèze, Carpentras, 1981 , p. 101, ISBN 2 901448 04 6
  73. Guetteurs du temps, la basilique-cathédrale de Mende, Sylvain Marcillac, 1996, p. 11
  74. Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], tome I, p. 777
  75. a et b Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], tome I, p. 778
  76. Y. Renouard, op. cit., p. 44.
  77. De douze, les étudiants ne furent rapidement plus que huit.
  78. a, b et c Daniel Bréhier, op. cit., p. 71.
  79. Félix Buffière, Ce tant rude Gévaudan [détail des éditions], tome I, p. 779
  80. Page 1 du Document PDF
  81. Bernard Guillemain, op. cit., p. 89.
  82. Jean Favier, Les papes d'Avignon, Fayard 2006, p.355.
  83. Francesco di Marco Datini s'était installé à Avignon dès 1358.
  84. Henri Théolas, op. cit., p. 24. et abbé Rose, op. cit., p. 644.
  85. Archives municipales d'Avignon, boîte Pintat, 15/480.
  86. Michel Hayez, Éviter la recession économique, souci des papes Urbain V et Grégoire XI au départ d'Avignon, in Avignon au Moyen-Âge, textes & documents, IREBMA, Faculté de Lettres d'Avignon, 1989, pp. 97-98.
  87. Jean-Pierre Saltarelli, Les Côtes du Ventoux, origines et originalités d'un terroir de la vallée du Rhône, Éd. A. Barthélemy, Avignon, 2000. ISBN 2-87923-041-1, p. 31.
  88. Information du diocèse d'Avignon
  89. Bernard Guillemain, op. cit., p. 52.
  90. Arnaldo Bernardi, patriarche dAlexandrie, mourut avant son incardination.
  91. Th. Roussel, Le pape Urbain V et Pétrarque, Bulletin de la société d'agriculture de la Lozère, 1858, pp. 374-383
  92. Revelationnes, L. IV, 137.
  93. Dominique Paladilhe, op. cit..
  94. Entrée solennelle du pape Urbain V à Marseille en 1365
  95. Etude sur les relations politiques du pape Urbain V avec les rois de France Jean II et Charles V

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