Raymond de Canillac

Raymond de Canillac
Raymond de Canillac
Biographie
Naissance v. 1300
à Canilhac (France)
Décès 1373
Évêque de l'Église catholique
Fonctions épiscopales Archevêque de Toulouse
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
17 décembre 1350
Titre cardinalice Cardinal-prêtre de Sainte-Croix-de-Jérusalem
Cardinal-évêque de Palestrina

Blason

Raymond de Canillac (v.1300-1373), parent de Clément VI, archevêque de Toulouse, cardinal avec le titre de cardinal-prêtre de Sainte-Croix-de-Jérusalem puis de cardinal-évêque de Palestrina (1350-1373).

Sommaire

Biographie

Natif de Canilhac, dans le diocèse de Mende, il était le fils de Guillaume de Canillac et d'une sœur du cardinal Bertrand de Deaux. Entré chez les chanoines réguliers de saint Augustin, il fit ses études à lUniversité de Montpellier il obtint des grades de docteur en droit et en droit canon[1].

Le prévôt de Maguelone

Nommé prévôt (administrateur) du chapitre de la cathédrale de Maguelone en 1333, ce fut à ce titre, le 25 novembre 1339, quil présida le chapitre provincial de Narbonne pour promulguer les statuts de lOrdre des augustins que venait dapprouver Benoît XII. Puis, à sa demande, en 1340, le roi Philippe VI de France confirma les privilèges de son chapitre de Maguelone. Ce fut à cette période, et très certainement dès le début du pontificat de Clément VI, que Raymond de Canillac devint abbé commendataire de Conques[1].

Les Canillac sallient aux Roger de Beaufort

Tout allait changer pour la famille de Canillac[2] au début de lannée 1345. Guillaume II Roger, vicomte de Beaufort, se remaria avec Garine de Canillac, fille dAlixène de Poitiers-Valentinois et de Marquis III de Canillac (frère de Raymond) dont elle était la seule héritière[3].

Il ne fallut attendre que jusquau 28 mars pour que Raymond de Canillac, son oncle, devienne archevêque de Toulouse par la grâce de Clément VI[1]. Désormais la munificence pontificale allait pourvoir à la pérennité et à la fortune de cette lignée[4]. Le pape, lors du consistoire du 17 décembre 1350, lui remit le chapeau de cardinal-prêtre de Sainte-Croix de Jérusalem. Et le 7 septembre 1351, Guillaume II Roger, devenu comte de Beaufort, établit à la cathédrale Notre-Dame des Doms dAvignon trois chapellenies, dites de Canillac.

Le négociateur dInnocent VI

Après la défaite de Poitiers, ce fut sur linitiative dInnocent VI, quAndroin de la Roche, abbé de Cluny, fit accepter, le 4 mars 1360, le principe dune négociation entre la France et lAngleterre. Elle débuta au début du mois de mai à Sovres, paroisse de Brétigny, dans le diocèse de Chartres, sous la présidence du cardinal de Jérusalem.

Parmi les négociateurs français Jean de Dormans, évêque de Beauvais, chancelier du royaume de France, et son frère Guillaume, deux éminents juristes, défendirent âprement la cause royale. La signature de la trêve de Brétigny eut lieu le 8 mai 1360. Jean Ier le Meingre, maréchal Boucicaut, fut lun des signataires du côté français.

Ce fut lannée suivante, le 4 novembre 1361, que Raymond de Canillac devint cardinal-évêque de Palestrina[1]. Il fut le receveur principal du double décime auquel le clergé du Languedoc sobligeait pour la rançon du roi Jean Ier prisonnier des Anglais.

Le mentor dUrbain V

Article détaillé : Conclave de 1362.

Après la mort dInnocent VI, le premier tour du conclave désigna le cardinal Hugues Roger qui refusa la charge pontificale. Au second tour onze voix se portèrent sur Raymond de Canillac, autre illustre membre du clan des Roger de Beaufort. Cétait insuffisant. Finalement ce Guillaume de Grimoard[5], abbé de Saint-Victor de Marseille, qui fut élu le 28 septembre 1362.

Urbain V, au cours de son pontificat, eut à négocier le départ de Bertrand du Guesclin et de ses Routiers qui campaient aux portes dAvignon. Les exigences financières du futur connétable furent négociées et réduites de moitié[6].

Mais les sommes exigées restaient énormes et le pape, le 23 novembre 1365, écrivit personnellement au cardinal de Canillac pour sen justifier :

« Dinnombrables gens darmes, appelés compagnons, sortant du royaume de France et partant en guerre, disaient-ils, contre les infidèles, avaient envahi la Sénéchaussée de Beaucaire et menaçaient dentrer en ennemi dans le Venaissin, ce qui leur était facile, si les habitants de ce comté ne leur versaient pas un subside. Pour éviter de très graves périls et de très gros dommages, nous avons donné mission demprunter, au nom des dits habitants, la somme de 5 000 florins dor et de la remettre à ces Routiers, ainsi que lon déjà fait les habitants des pays voisins[7]. »

Les résidences du cardinal de Jérusalem

Les armes des Canillac

À Avignon, la Livrée de Canillac était située dans le quartier de la Balance elle englobait cinquante-trois maisons. Sa tour émerge encore de lhôtel de Bouchony. Une croisée dogives est toujours ornée dun écu aux armes des Canillac[8] et des Roger de Beaufort et un morceau de plafond porte les paracloses aux armes des Canillac et des Mercœur[9].

À Villeneuve-lès-Avignon lHôtel de Canillac sis à langle de la place de lOratoire et donnant sur la rue de lHôpital était célèbre par ses jardins arrosés par les eaux de la source de Montaut à lexemple du palais pontifical de Clément VI. Cette résidence et sa chapelle Saint-Jean, démolie en 1980, étaient ornées de fresques. Dans la chambre de parement, deux de celles-ci, représentant un Chasseur au cor et un Chasseur au faucon accompagné de sa Dame, furent déposées et achetées par deux musées suisses en 1939.

À Saint-Rémy-de-Provence, Raymond de Canillac fut le propriétaire du château de la Tour, connu de nos jours sous le nom de Tour du Cardinal. Un linteau portait linscription maintenant disparue : Vis pour toi à la campagne, après que tu auras vécu à la ville pour les autres. Cette maxime avait été gravée dans la pierre selon les ordres du cardinal[10].

La chapelle des Canillac à Maguelone

Le cardinal de Palestrina décéda le 20 juin 1373 à Avignon et fut dabord inhumé dans léglise des franciscains. Mais il navait pas oublié Maguelone. Par testament, il y fonda, près de la cathédrale Saint-Pierre, une église dédiée à la Sainte-Trinité qui fut ensuite érigée en collégiale. Il demanda aussi dy être inhumé[1]. Son tombeau se trouve à lintérieur de la cathédrale, dans la chapelle des Canillac, sur le mur du transept gauche.

Œuvre

Le cardinal Raymond de Canillac est lauteur dun Recollectorum liber[1].

Notes

  1. a, b, c, d, e et f Salvador Miranda, Cardinal Raymond de Canillac, University Park, Miami, FL 33199, 2009
  2. La prestigieuse baronnie de Canillac était pauvre ! Sétendant à louest du Gévaudan et en Rouergue, elle comprenait la plupart des paroisses des Causses au-delà du Lot et du Tarn jusquau confluent de la Jonte. Son château principal était à Canilhac. Situé sur un éperon du Causse, il embrassait, du haut de son donjon, une vue magnifique sur lAubrac, la vallée du Lot, le Sauveterre, jusquaux hauteurs de la Margeride et du Truc de Randon. Mais ses terres produisaient uniquement du seigle, des lentilles et des châtaignes. Des pâturages permettaient lélevage du mouton.
  3. Le nom des Canillac (de Canillago) est cité, dès le premier quart du XIe siècle, dans le Breve de la paz de Memde puis, en 1036, dans le Cartulaire dAniane. Ce ne fut quen 1254 quapparut dans cette famille le prénom de Marquès ou Marquis. Garine, étant la nièce du cardinal Bertrand de Deaux, on peut se douter que ce fut ce prélat qui, à la demande de Clément VI, arrangea cette union. Le couple eut un fils prénommé Marquis, quatrième du nom. À la mort de sa mère, en 1359, son grand-oncle le cardinal de Canillac devint son tuteur. Ce fut de lui que Marquis hérita, le 2 juillet 1366, de la seigneurie de Saint-Laurent, des fiefs de Canilhac, Montjuif, Combret et la Canourgue.
  4. Le second frère de Marquis III, Pierre de Canillac profita des coupes claires faites par la Peste Noire. En 1348, il devint abbé de Montmajour, charge quil quitta cinq ans plus tard pour monter sur le siège épiscopal de Saint-Pons-de-Thomières. Devenu évêque de Maguelone, en 1361, il décéda avant de rejoindre sa nouvelle charge. Quà cela ne tienne ! Garine avait un grand-oncle, Dieudonné (ou Déodat) que la faveur pontificale avait sorti du monastère dAniane, en 1347, pour le placer sur le siège de lévêché de Saint-Flour alors quil languissait comme simple moine sous la coupe de son parent labbé Pons de Canillac. Le Souverain Pontife, qui ne voulait pas que Maguelone échappât aux Canillac, le nomma à ce siège. Traditionnellement, les évêques de Maguelone cumulaient leur charge avec celle de Trésorier pontifical.
  5. Son père, Guillaume II de Grimoard du Roure, seigneur de Grisac, dans le Gévaudan, avait épousé Amphélise (Euphélise ou Élise) de Sabran, dame de Montferrand, près de la Canourgue, dans la baronnie de Canillac.
  6. On sait que le 13 novembre 1365, le Trésorier du Comtat imposa les communes du Venaissin de 540 florins forts pour payer les gens darmes protégeant Avignon et fit lever, en janvier 1366, une taille exceptionnelle de 5 000 florins destinée à couvrir la part pontificale achetant le départ des Routiers (Archives secrètes du Vatican, Libri Introitus et Exitus mercatorum, Reg. Avenion, Urbanis V).
  7. Cf. P. Lecacheux et G. Mollat, Lettres secrètes et curiales du pape Urbain V (1362-1370) se rapportant à la France extraites des registres dAvignon et du Vatican. Paris, 1955.
  8. Le blason des Canillac se lit Dargent au lévrier rampant de sable colleté dor. Cf. J. de. Font-Réaulx, Les cardinaux dAvignon, leurs armoiries et leurs sceaux, Annuaire de la Société des amis du palais des papes, XLVIILII, n° 140 à 186, 19711975.
  9. Il est à noter quen février 1360, le cardinal de Canillac fut obligé de rétrocéder aux syndics dAvignon les édifices et maisons de sa Livrée qui avaient été construits sur la via publica et qui obstruaient lentrée de la rue de la Miraillerie.
  10. Cf. E. Leroy, La Tour du Cardinal à Saint-Rémy des origines aux Peytavin, Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1962.

Bibliographie

  • François du Chesne, Histoire de tous les cardinaux françois de naissance ou qui ont été promus au cardinalat par lexpresse recommandation de nos roys, Paris, 1660.
  • É. Baluze, Vitae paparum Avenionensium, sive collectio actorum veterum, Vol. I et II. Paris, 1693.
  • J. B. Christophe, Histoire de la papauté pendant le XIVe siècle avec des notes et des pièces justificatives, Paris, 1853.
  • H. Fisquet, La France pontificale, histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis létablissement du christianisme jusquà nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastiques, Paris, 1864-1873.
  • G. Mollat, Contribution à lhistoire du Sacré Collège de Clément V à Eugène IV, Revue dhistoire ecclésiastique, T. XLVI, 1961.
  • H. Aliquot, Avignon, de Montfavet à Villeneuve. Vie et Patrimoine, Éditions École Palatine, 2004.
  • H. Aliquot et Cyr Harispe, Avignon au XIVe siècle. Palais et décors, Éditions École Palatine, 2006.

Voir aussi

Liens internes

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