- Arpitan
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Francoprovençal
Francoprovençal
patouès, francoprovençâl, arpitan, arpetan[1]Parlée en France, Italie, Suisse Région Savoie, Dauphiné, Lyonnais, Forez, Bresse, Bugey, Franche-Comté, Suisse romande, Valais, Piémont, Val d’Aoste, Pouilles, Bourgogne du sud Nombre de locuteurs Total: 140 000 (1988)
dont dans l'Ain: 15 000
dont en Isère: 2 000
dont dans le Jura et le Doubs: 2 000
dont dans la Loire: 5 000
dont dans le Rhône: 1 000
dont en Savoie: 35 000[2]
dont en Italie: 70 000 (1971)[3]
dont en Suisse: 7 000 (1995)[3]Typologie Syllabique Classification par famille - Langues indo-européennes
- Langues italiques
- Langues romanes
- Langues gallo-romanes
- Francoprovençal(Dérivée de la classification SIL) Statut officiel et codes de langue Langue officielle de Vallée d'Aoste[4], et admise langue régionale de la région Rhône-Alpes.[5] ISO 639-2 roa¹ ISO/DIS 639-3 (en) frp
type : L (langue vivante) étendue : I (langue individuelle) SIL FRP modifier Le francoprovençal ou arpitan est une langue romane parlée en France, en Suisse et en Italie. C'est l'une des langues distinctes du groupe linguistique gallo-roman, il présente certains traits communs avec le français et avec l'occitan.
Sommaire
Dénominations de la langue
Franco-provençal, francoprovençal
La création de l'expression franco-provençal est due au linguiste italien Graziadio Isaia Ascoli en 1873 :
« J'appelle franco-provençal un type linguistique qui réunit, en plus de quelques caractères qui lui sont propres, d'autres caractères dont une partie lui est commune avec le français (un des dialectes de langues d'oïl[6]) et dont une autre lui est commune avec le provençal, et qui ne provient pas d'une tardive confluence d'éléments divers, mais au contraire atteste de sa propre indépendance historique, peu différente de celle par lesquelles se distinguent entre eux les autres principaux types romans. »— Graziadio Isaia Ascoli
Ce mot est désormais écrit sans trait d'union afin d'éviter la confusion et de souligner le caractère indépendant de cette langue. Le terme « provençal », au moment où Ascoli écrit ces lignes, ne se réfère pas uniquement à la langue de la Provence, mais à l'intégralité de la langue occitane. En effet, l'occitan, avant d'obtenir son nom de baptême définitif, en a reçu plusieurs, chronologiquement « limousin », puis « provençal ».
La suppression du trait d'union, proposé au Colloque de dialectologie francoprovençale de 1969 à l'université de Neuchâtel (cf. Marzys 1971), traduit lexicalement la volonté de créer une identité propre et plus marquée ; elle vise également à éviter de suggérer que la langue se borne à une simple juxtaposition d'éléments d'oïl et d'oc.
Romand
Le terme romand pour nommer le francoprovençal est attesté depuis le XVe siècle (dans un document fribourgeois de 1424 qui autorise les notaires à « faire lettres en teif [= allemand] et en rommant ») ; il est fréquent dans des documents vaudois et fribourgeois des XVIIe et XVIIIe siècles. Il est encore attesté à Genève au XIXe siècle, mais il n'a jamais dépassé les frontières de l'actuelle Suisse romande.
Arpitan
Les termes arpitan et arpian qui signifient montagnard pour le premier, berger pour le deuxième[7], ont été repris au début des années 1970 pour répondre au besoin de lever la confusion générée par le terme francoprovençal. La forme particulière arpitan a été choisie pour sa ressemblance avec le nom de la seconde grande langue gallo-romane, l’occitan. Littéralement, arpian ou arpitan, signifie donc « le montagnard, le berger ». Arpitan est formé à partir de la racine pré-indo-européenne alp-[8], dans sa variante dialectale moderne arp- ; en francoprovençal, ce mot ne désigne pas la « montagne », une « forme de relief élevé », comme on le croit communément, mais les « pâturages de montagne où les troupeaux sont conduits et passent l'été » [9] (voir alpage). Cette racine est présente dans de nombreux noms de lieux, tant en Haute-Provence (Arpasse, Arpette, Arpillon, ...), qu'en Dauphiné (Arp, Arpion, Arpisson, ...), qu'en Savoie (Arpettaz, Arpeyron, Arpiane, ...), qu'en Valais (Arpette, Arpache, Arpitetta, ...) et que sur le versant italien (Arpet, Arpetta, Arpettaz,...). On retrouve cette racine ou sa variante, en Lombardie, en Suisse, en Allemagne et en Autriche.
À partir de 1974, et jusqu'au début des années 1980, un équivalent orthographié harpitan est utilisé par un groupuscule politique valdôtain appelé Movement Harpitanya. De tendance maoïste, il prône la « libération nationale et sociale de l'Harpitanie »[10].
Inusité dans les publications de la recherche universitaire francophone, arpitan est malgré tout reconnu dans la terminologie universitaire comme un synonyme de francoprovençal, puisque le SUDOC[11] (Système Universitaire de Documentation), système de référence, l'a indexé comme tel. En revanche, le terme commence à être usité dans la littérature universitaire des chercheurs non francophones et non spécialistes[12]. Il est aujourd'hui en usage dans certaines associations de locuteurs, notamment l'Association des enseignants de savoyard (AES, président : Marc Bron[13]), qui cherchent à revitaliser leur langue, et une association transfrontalière implantée à Rochetaillée (France) et Fribourg (Suisse), l'Aliance Culturèla Arpitana[14], qui souhaite « rendre visible l'arpitan sur la place publique », promeut l'utilisation d'une orthographe unifiée (l'Orthographe de Référence B) et le mot arpitan, arguant que le terme francoprovençal prête à confusion[15], entravant ainsi ses chances de reconnaissance officielle en tant que langue minoritaire (en France notamment[16]).
Aire de diffusion du francoprovençal
L'aire francoprovençale, parfois appelée Arpitanie, est délimitée, inclusivement, par les régions suivantes (dans le sens des aiguilles d'une montre) :
France
- la majeure partie de la région Rhône-Alpes, soit : le Forez (département de la Loire), la Bresse, la Dombes, le Revermont, le Bugey, l'agglomération de Lyon, le Dauphiné, la Savoie et une partie de la Franche-Comté et de la Saône et Loire.
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- Note : ce n'est que la partie Nord du Dauphiné qui est dans la zone francoprovençale. Les départements de la Drôme et des Hautes-Alpes sont occitans (sauf le nord de la Drôme). La majeure partie de l'Isère est francoprovençale. Une description extrêmement précise de la frontière entre occitan et francoprovençal (avec carte) se trouve chez Tuaillon (1964).
- selon la dialectologue comtoise Colette Dondaine[réf. nécessaire], il est vraisemblable qu'à l'origine (avant l'apparition des premiers textes littéraires), l'actuelle Franche-Comté, jusqu'aux pieds des Vosges, ait également fait partie de l'espace francoprovençal.
Suisse
- tout l'espace romand (à l'exception du canton du Jura et du district de Moutier, canton de Berne, qui font partie des parlers d'oïl).
Italie
- la Vallée d'Aoste, à l'exception des communes Walser de Gressoney-Saint-Jean, Gressoney-La-Trinité et Issime, dans la vallée de Gressoney)
- les hautes vallées piémontaises dans les communes suivantes :
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- Ala di Stura, Almese, Alpette, Avigliana/Veillane, Balme/Barmes, Borgone Susa/Bourgon, Bruzolo, Bussoleno/Bussolin, Cantoira/Cantoire, Caprie, Carema/Carême, Castagnole Piemonte, Ceres/Cérès, Ceresole Reale/Cérisoles, Chialamberto/Chalambert, Chianocco/Chanoux, Chiusa di San Michele/L'Ecluse, Coassolo Torinese, Coazze/Couasse, Condove/Condoue, Corio/Cory , Frassinetto/Frassinet, Germagnano/Saint-Germain, Giaglione/Jaillons, Giaveno/Javein, Gravere/Gravière, Groscavallo/Groscaval, Ingria, Lanzo Torinese/Lans-L'hermitage, Lemie, Locana, Mattie, Meana di Susa/Méans, Mezzenile/Mesnil, Mompantero/Montpantier, Moncalieri/Moncallier, Monastero di Lanzo/Moutiers, Moncenisio/Montcenis, Noasca, Novalesa/Novalaise, Pessinetto/Pessinet, Pont-Canavese/Pont-en-Canavais, Quincinetto, Ribordone/Ribardon, Ronco Canavese/Ronc, Rubiana/Rubiane, San Didero/Saint Didier, San Giorio di Susa/Saint-Joire, Sant'Ambrogio di Torino/Saint-Ambroise, Sant'Antonino di Susa/Saint-Antonin, Sparone/Esparon, Susa/Suse, Traversella/Traverselle, Traves/Travey, Usseglio/Ussel, Vaie/Vaye, , Valgioie/Valjoie, Valprato Soana/Valpré, Venaus/Vénaux, Villar Dora, Villar Focchiardo/Villar-Fouchard, Viù/Vieu.
+ une partie de la commune de Trana et le hameau de Grandubbione
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- Note : Les vallées plus méridionales (Haute vallée de Suse, Val du Cluson...) du Piémont parlent l'occitan.
- Deux enclaves dans les Pouilles sont dues à l'émigration de locuteurs au XIVe siècle : Faeto/Fayet et Celle di San Vito.
Historique
La définition historique des origines du francoprovençal reste naturellement délicate. L'héritage linguistique du peuplement primitif[18] se limite à la toponymie et à l'hydronymie comme Arrondine, Arve, Alpes, Truc, Bec. Le mot chalet (popularisé par Jean-Jacques Rousseau) dérive également d'une hypothétique racine préceltique (ou "ligure") cal- signifiant "abri". Il est à noter que l'arpitan cheutâ, chotta signifiant aussi abri proviennent du latin populaire *susta (du verbe latin "substare" qui signifie "se tenir dessous")[19].
Les Celtes ont pris naissance en marge du territoire francoprovençal actuel et les Allobroges, Ceutrons en Val d'Isère, Salasses en Val d'Aoste, Helvètes, Séquanes et Allobroges dans l'actuelle Suisse romande sont autant de tribus qui se fixent dans la zone. Leur influence demeure perceptible isolément dans le lexique commun avec les mots : méleze, nant (*nantu, vallée), balme (*balma, trou). Le francoprovençal a pu être coloré (quoique cela demeure débattu) par la présence d'un superstrat burgonde.
Mais comme toutes les langues romanes, le francoprovençal dérive cependant majoritairement du latin. Le romaniste Pierre Bec (1971) estime que le francoprovençal constituerait la première branche divergente du groupe des parlers d'oïl et situe cette divergence aux alentours du VIIIe siècle ou IXe siècle. Le bloc d'oïl de l'ouest aurait continué à évoluer et le francoprovençal aurait fait preuve d'un conservatisme marqué.
Des recherches plus récentes[20] tendent à démontrer que le francoprovençal n'est pas une branche archaïque de la oïlique, mais une langue romane indépendante, aussi ancienne que les autres langues gallo-romanes. Les premières caractéristiques de cette langue sont en effet attestées dans des inscriptions monétaires mérovingiennes de la fin du VIe siècle. La langue moderne continue à recourir à des termes médiévaux pour certains actes courants (bayâ pour donner, pâta pour chiffon, s'moussâ pour se coucher, etc.). Désormaux écrit à ce sujet dans la préface du Dictionnaire savoyard : « Le caractère archaïque des patois savoyards est frappant. On peut le constater non seulement dans la phonétique et dans la morphologie, mais aussi dans le vocabulaire, où l'on retrouve nombre de mots et de sens disparus dans le français propre. […] ». En outre, le francoprovençal partage certaines évolutions phonétiques primitives avec la langue d'oïl, mais non les plus récentes. En revanche, certains traits le rattachent à l'occitan (voir le chapitre Morphologie).
Littérature
Cette langue n'a jamais pu s'élever au niveau de ses trois grandes voisines d'oïl, d'oc et « de sì » (italien). Le morcellement politique (découpage entre la France, la Suisse, la Savoie/Sardaigne, le Piémont) et géographique, ainsi que l'abandon, dans les grandes centres urbains comme Lyon, Grenoble ou Genève, du parler vernaculaire en faveur de la langue d'oïl véhiculaire, expliquent la faiblesse du corpus littéraire existant. Les premières traces écrites remontent au XIIe siècle et XIIIe siècle. Il s'agit d'un long texte du XIIIe siècle écrit en dialecte lyonnais, la Vie de sainte Béatrice d'Ornacieux, dû à Marguerite d'Oingt (et non de Duingt, comme l'a cru malencontreusement Champollion), dont voici un extrait :
« § 112 : Quant vit co li diz vicayros que ay o coventavet fayre, ce alyet cela part et en ot mout de dongiers et de travayl, ancis que cil qui gardont lo lua d'Emuet li volissant layssyer co que il demandavet et que li evesques de Valenci o volit commandar. Totes veys yses com Deus o aveyt ordonat oy se fit. »
Au XIVe siècle, la ville de Fribourg (Suisse) fait du francoprovençal sa "langue nationale" sous une forme que la recherche moderne (Ch. Th. Gossen 1970) appelle scripta para-francoprovençale. Les procès-verbaux des délibérations du Conseil de la ville, les actes des notaires, etc. sont rédigés dans cette langue:
- Item hont ordoney li advoye, li consed et li ijc, que en chesque for de Fribor soyt li moistre et un bacheleir et ij. garzons por porteir l'aygue et les meiz in ce que un dont por chasque coppa de farina .iiij. d. por tottes choses et chascon reculle sa farina einsy quant a luy playrra de que chasque forna doyt contenir vij. coppes, li que forna se amonte ij. s. iiij. d. a vij. coppes de farina. (Fribourg 1370, cf. Aebischer 1950, p. 115)
À partir du XVIe siècle, on recense de nombreuses transcriptions de chansons, poésies, fragments, etc. Nous extrayons ci-après quelques informations biographiques de nouveau du Dictionnaire savoyard de A.Constantin et J.Désormaux (voir Bibliographie).
- 1520 : Chanson de la Complanta et désolation dé Paitré, patois de Genève, retranscrit au XVIIe siècle.
- 1547 : Placard de huit lignes en patois de Genève, dans Recherches sur le patois de Genève, par Eugène Ritter.
- 1555 : Noelz et chansons nouvellement composez tant en vulgaire francois que savoysien dict patois, Nicolas Martin, Lyon. En patois mauriennais.
Etc.
Une longue tradition littéraire francoprovençale existe bien qu'aucune forme écrite prévalente ne soit identifiée. Un fragment du début du XIIe siècle contenant 105 vers d'un poème sur Alexandre le Grand semble être le plus ancien écrit connu. Girart de Roussillon, une épopée de 10 002 lignes de la moitié du XIIe siècle, est parfois considéré comme du francoprovençal et en présente indubitablement certaines caractéristiques, bien qu'une édition moderne qui fait autorité le présente comme un mélange de formes françaises et occitanes (Price, 1998). Un document important de la même période contenant une liste de vassaux du comté du Forez n'est pas sans intérêt littéraire.
Parmi les premiers écrits historiques en ce langage figurent des textes rédigés par des notaires qui apparaissent au XIIIe siècle lorsque le latin commença à être abandonné par l'administration officielle. On peut citer la traduction du Corpus Juris Civilis (connu également sous le terme de Code Justinien) dans la langue vernaculaire parlée à Grenoble. Des ouvrages religieux ont également été traduits ou conçus en dialecte franco-provençal dans des monastères de la région. La Légende de Saint Barthélemy est l'un de ces ouvrages, écrit en dialecte lyonnais, qui ont survécus au 13e siècle. Marguerite d'Oingt (env. 1240-1310), une religieuse de l'Ordre des Chartreux, a écrit deux longs textes particulièrement remarquables dans ce même dialecte. Voici un extrait du texte original de La vie de Sainte Béatrice d'Ornacieux :
- § 112 : « Quant vit co li diz vicayros que ay o coventavet fayre, ce alyet cela part et en ot mout de dongiers et de travayl, ancis que cil qui gardont lo lua d'Emuet li volissant layssyer co que il demandavet et que li evesques de Valenci o volit commandar. Totes veys yses com Deus o aveyt ordonat oy se fit. »
Au début du XVIIe siècle, de nombreux textes en francoprovençal voient le jour à l'occasion des conflits religieux entre les réformateurs calvinistes et les catholiques soutenus par le duché de Savoie. Parmi les plus connus, on trouve Cé qu'è lainô (Celui qui est en haut), rédigé en 1603 par un auteur inconnu. Ce long poème narratif décrit une attaque de l'armée savoyarde qui provoqua de forts sentiments patriotiques. Ce poème est devenu plus tard l'hymne de la République de Genève. Voici les trois premières strophes en dialecte genevois avec leur traduction française :
Cé qu'è lainô, le Maitre dé bataille,
Que se moqué et se ri dé canaille;
A bin fai vi, pè on desande nai,
Qu'il étivé patron dé Genevoi.Celui qui est en haut, le Maître des batailles,
Qui se moque et se rit des canailles
A bien fait voir, par une nuit de samedi,
Qu'il était patron des Genevois.I son vegnu le doze de dessanbro
Pè onna nai asse naire que d'ancro;
Y étivé l'an mil si san et dou,
Qu'i veniron parla ou pou troi tou.Ils sont venus le douze de décembre,
Par une nuit aussi noire que d'encre;
C'était l'an mil six cent et deux,
Qu'ils vinrent parler un peu trop tôt.Pè onna nai qu'étive la pe naire
I veniron; y n'étai pas pè bairè;
Y étivé pè pilli nou maison,
Et no tüa sans aucuna raison.Par une nuit qui était la plus noire,
Ils vinrent; ce n'était pas pour boire:
C'était pour piller nos maisons,
Et nous tuer, sans aucune raison.Pendant la période qui suivit, de nombreux écrivains composèrent des textes satiriques, moralisateurs*, poétiques, comiques et des textes pour le théâtre, ce qui indique bien la grande vitalité de la langue francoprovençale de l'époque. Parmi ces textes : Bernardin Uchard (1575–1624), auteur et auteur dramatique de Bresse ; Henri Perrin, auteur de comédie, de Lyon ; Jean Millet (1600?–1675), auteur de comédies, de poésie pastorale et d'autres poèmes, de Grenoble ; Jacques Brossard de Montaney (1638–1702), compositeur de chants pour chœur* et de comédies, de Bresse ; Jean Chapelon (1647–1694), un écrivain qui a écrit plus de 1 500 chants pour choeur, chansons, épîtres, et dissertations, de Saint-Étienne ; et François Blanc dit la Goutte (1690–1742), écrivain de poèmes en prose, dont Grenoblo maléirou sur la grande inondation de Grenoble en 1733. Parmi les auteurs du XIXe siècle, on trouve Guillaume Roquille (1804–1860), poète appartenant à la classe ouvrière, de Rive-de-Gier près de Saint-Chamond, ainsi que Joseph Béard (1805–1872) de Rumilly.
Article détaillé : Littérature valdôtaine.Jean-Baptiste Cerlogne (1826–1910), abbé à qui on reconnaît le mérite d'avoir promu* l'identité culturelle du val d'Aoste et son patois par sa poésie (entre autres "L'infan prodeggo", 1855) et par ses premiers travaux scientifiques. (Le Concours Cerlogne – une manifestation annuelle qui porte son nom – permet depuis 1963 de sensibiliser des milliers d'étudiants italiens à la nécessité de conserver la langue de la région, sa littérature et son héritage.)
Amélie Gex (1835, La Chapelle-Blanche, (Savoie)–1883, Chambéry), la grande poétesse savoyarde a écrit aussi bien en sa langue natale qu'en francais. Elle fut une avocate passionnée de sa langue. Les thèmes de son œuvre comprennent le travail, les thèmes lyriques, l'amour, la perte tragique de l'être aimé, la nature, le temps qui passe, la religion et la politique. Beaucoup considèrent ses contributions littéraires comme les plus importantes de cette langue. On compte parmi ses œuvres : Reclans de Savoie (Les Echos de Savoie, 1879), Lo Cent Ditons de Pierre d’Emo (Les Cent dictons de Pierre du bon sens, 1879), Fables (1898), et Contio de la Bova (Les Contes de l'Etable, -date?-). Certains de ses écrits en français sont sur le point d'être imprimés*.
C'est à la fin du XIXe siècle que les dialectes francoprovençaux régionaux se sont mis à disparaître. Les principales raisons en furent l'expansion du français dans tous les domaines de la vie* mais aussi l'émigration des campagnards vers les centres urbains. C'est à cette époque que des sociétés savantes culturelles et régionales se sont mis à collectionner les contes, les proverbes et les légendes au contact des locuteurs natifs. Cette transcription continue aujourd'hui. De très nombreux travaux ont été publiés. Parmi ceux-ci voici un extrait en dialecte Neuchâtelois de Le renâ à Dâvid Ronnet (Le renard de David Ronnet), tiré de Le Patois Neuchâtelois (Favre, 1894, p. 196) :
- « Aë-vo jamai ohyi contâ l'istoire du renâ que Dâvid Ronnet a tioua dé s'n otau, à Bouidry ? Vo peuté la craëre, è l'é la pura veurtâ.
- Dâvid Ronnet êtaë én' écofi, on pou couédet, qu'anmâve grô lé dzeneuillè; el é d-avaë mé d'èna dozân-na, avoué on poui que tsantâve dé viadze à la miné, mâ adé à la lévaye du solet. Quaë subiet de la métsance! mé z-ami ! E réveillive to l'otau, to lo vesenau; nion ne povaë restâ u llie quan le poui à Dâvid se boétàve à rélâ. Ç'tu poui étaë s'n orgoû.
- Le gran mataë, devan de s'assetâ su sa sulta por tapa son coëur & teri le l'nieu, l'écofi lévâve la tsatire du dzeneuilli por bouèta feur sé dzeneuillé & lé vaër cor dè le néveau. E tsampâve à sé bêté dé gran-nè, de la queurtse, du pan goma dè du lassé, dé cartofiè coûtè, & s'amouésâve à lé vaër medzi, se roba lé pieu bé bocon, s'énoussa por pieu vite s'épyi le dzaifre. (...) »
- « Avez-vous déjà entendu l'histoire du renard que David Ronnet a tué chez lui, à Boudry ? Vous pouvez y croire; c'est la pure vérité.
- David Ronnet était un cordonnier plutôt travailleur qui aimait beaucoup les poules; il en avait plus d'une douzaine, avec un coq qui parfois chantait à minuit, mais toujours au lever du soleil. Quel grabuge, mes amis ! Ca réveillait toute la maison, tout le voisinage ; personne ne pouvait rester au lit quand le coq de David commençait à crier. Ce coq était son orgueil.
- De grand matin, avant de s'asseoir sur son siège pour battre son cuir et [en] tirer les semelles*, le cordonnier levait la porte du poulailler pour faire sortir ses poules et les regarder courir dans le porche. Il lançait à ses bêtes des grains, de l'avoine, du pain trempé dans du lait, des pommes de terres cuites, et il s'amusait à les voir manger, se voler* les plus grands morceaux, se hâter* pour plus vite se remplir l'estomac. (…) »
Au XXe siècle, les écrivains les plus célèbres pour leur utilisation du patois sont: Prosper Convert (1852–1934), le barde de Bresse; Louis Mercier (1870–1951), chanteur populaire et auteur de plus de douze volumes de prose , de Coutouvre, près de Roanne; Just Songeon (1880–1940), auteur, poète et activiste, de La Combe, Sillingy près d' Annecy; Eugénie Martinet (1896–1968), poétesse d'Aoste; et Joseph Yerly (1896–1961) de Gruyères dont les œuvres complètes ont été publiées dans Kan la téra tsantè (Quand la terre chantait).
Ceux qui s'intéressent à lire dans cette langue rare une œuvre bien connue pourront se procurer Lo Petsou Prince, une édition de référence du classique d'Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince, traduite par Raymond Vautherin, (Gressan, Aosta: Wesak Editions, 2000), ISBN 88-87719-00-4. Voici les premières lignes de la deuxième partie du conte en dialecte Valdôtain :
- « L’y est chouë s-an, dz’ëro restà arrëto pe lo déser di Sahara. Quaque tsousa se s’ëre rontu dedin lo moteur de mon avion. Et di moman que dz’ayò avouë ni mecanichen, ni passadzë, dze m’apprestavo de tenté, solet, euna reparachon defecila. L’ëre pe mè euna questson de via o de mor. Dz’ayò dzeusto praou d’éve aprë p’euna vouètèina de dzor.
- La premiëre nët dze me si donque indrumi dessu la sabla a pi de meulle vouet cent et cinquante dou kilomètre d’un bocon de terra abitàye. Dz’ëro bien pi isolà d’un nofragà dessu euna plata-fourma i menten de l’ocean. Donque imaginade mina surprèisa, a la pouinte di dzò, quan euna drola de petsouda voéce m’at revèillà. I dijet:
- -- Pe plèisi...féi-mè lo dessin d’un maouton tseque ! »
En l'an 2000, les Editions des Pnottas ont publié le premier livre de bande dessinée en francoprovençal (dialecte savoyard), Le rebloshon que tyouè ! (Le reblochon qui tue !)[21], dans la série Fanfoué des Pnottas, illustré par Félix Meynet et écrit par Pascal Roman. On a aussi traduit en francoprovençal deux bandes dessinées tirées des Aventures de Tintin : Lé Pèguelyon de la Castafiore (Les Bijoux de la Castafiore) en dialecte bressan[22], L'Afére Pecârd en francoprovençal ou arpitan ORB*[23], et L'Afére Tournesol en dialecte gruérien. Ces trois livres, à l'origine écrits et illustrés par Hergé (Georges Remi), ont été publiés en 2006 et 2007 aux éditions Casterman.
Bien que confiné à l'expression orale, le francoprovençal a relativement bien survécu jusqu'au début du XXe siècle, malgré son morcellement, dans les populations rurales. L'isolement relatif des vallées alpines et un faible solde migratoire avant la révolution industrielle expliquent ce maintien.
Diffusion actuelle
Le francoprovençal a longtemps été socialement déconsidéré, au même titre que les autres langues et dialectes qui faisaient et continuent à faire la richesse linguistique de la France. Il disparaît rapidement de France et de Suisse (sauf dans la Gruyère fribourgeoise et dans des zones isolées du canton du Valais) ; la France ne reconnaît même pas son existence en tant que langue régionale, cependant est enseigné dans plusieurs collèges et lycées de Savoie[24][25] et d'Italie. Dans plusieurs villages du Valais suisse (Savièse, Nendaz, etc.), le francoprovençal demeure la langue vernaculaire d'expression courante des personnes âgées de 60 ans ou plus. Seul à Évolène, certains enfants apprennent encore le francoprovençal en famille, selon les données de 2005.
Sa perpétuation en Val d'Aoste s'explique par des raisons politiques et historiques. La vallée a pratiqué jusqu'au XIXe siècle un régime de diglossie où le francoprovençal était relayé à l'écrit et dans l'enseignement par la langue française — comme en Savoie, dans le Lyonnais ou en Suisse Romande. Mais contrairement à ce qui s'est passé dans les autres régions de l'aire francoprovençale, le français n'a pu prendre le dessus car l'État italien, à partir de son unification en 1861, s'est attaché à l'éradiquer, avec un paroxysme de violence durant l'ère fasciste. Il a dans ce but encouragé l'immigration massive d'Italiens en poussant les autochtones à l'émigration (vers la France surtout). L'usage oral du « patois » (ainsi dénommé par les Valdôtains eux-mêmes) a par contre été toléré en milieu rural dès lors qu'il ne portait pas ombrage à l'italien rendu obligatoire dans la vie économique, l'enseignement et les actes officiels. Cela a permis sa survie, faute d'être concurrencé par le français. Les patoisants sont estimés aujourd'hui à quelque 27% de la population de la région (en rapide régression). Le « patoué » est presque totalement absent d'Aoste mais reste localement vivant dans les vallées latérales, telles que le Val de Rhêmes, le Valsavarenche, le Valgrisenche, le Valtournenche ou le Val d'Ayas. Cet idiome participe d'une certaine revendication identitaire, bien que ce ne soit plus dans la lignée de l'action d'Émile Chanoux, pour qui la francophonie était l'axe fondamental de l'identité valdôtaine.
En 1985, par une loi régionale dans le cadre des Services culturels de l'Assessorat régional de l'Instruction publique, fut constitué le Bureau Régional pour l'Ethnologie et la Linguistique (B.R.E.L.), qui s'est pour ainsi dire greffé sur l'activité déjà mise en chantier par deux associations : le Centre d'Études francoprovençales "René Willien" de Saint-Nicolas (village où naquit l'abbé Jean-Baptiste Cerlogne, le félibre de la poésie valdôtaine en patois) et l'AVAS, l'Association Valdôtaine des Archives Sonores, dont il a pris la relève et avec lesquelles il continue à collaborer grâce aussi à une convention qui en réglemente les rapports. En 1995 en particulier fut fondée l'École populaire de patois (abrégé en EPP), qui organise des cours pour les adultes et les enfants.
Depuis 2004, l'association transfrontalière Arpitania - Aliance culturela arpitana s'efforce de « rendre visible » le francoprovençal sur la place publique avec des projets d'envergure (information, édition, méthodes d'apprentissage, promotion de l'idée d'une orthographe codifiée, signalisation bilingue, mise en ligne d'une webradio en arpitan). Cette association promeut le mot arpitan en souhaitant qu'à terme il remplace le néologisme précédent, francoprovençal, jugé trop ambigu.
Néanmoins, ce sont surtout les activités associatives qui maintiennent la diffusion de cette langue : son usage quotidien était de 2% (2009) des habitants des espaces ruraux en Rhône-Alpes, et négligeable en zone urbaine[26].
Morphologie
Traits caractéristiques :
- Une surabondance des voyelles fermées :
- Contrairement à l'occitan, qui ignore les voyelles fermées, et au français, qui en fait un usage « normal », le locuteur francoprovençal ferme systématiquement un grand nombre de voyelles. Ex : machon, maison, prononcé mâchon.
- Amuïssement des voyelles entravées et non-accentuées :
- Exemples : ramasse, balai, prononcé le plus souvent /rmassâ/. Mindya, manger, devient /mdyâ/. Peutet, enfant, prononcé /ptêt/, etc.
- Réalisation diverse de la palatalisation de la consonne [k]
- Suivant les vallées, [k] devant voyelle aboutit à /ch/ (régulièrement), /ts/, /st/ ou encore à l'interdentale /θ/. On a ainsi lat. campus > /chan/, /stan/, /tsan/, /θan/.
- Évolution, comparable au français de /a/ vers /ie/ après la palatalisation
- canem > /tsien/ ; cadere > /tsiere/ ; caput > /tsief/ ; etc.
Comparaison de mots
Le tableau ci-dessous compare des mots francoprovençaux à leurs équivalents dans différentes langues romanes, plus le latin pour référence. On remarque notamment l'évolution du « p » latin en « v », du « c » et « g » en « y », et la disparition du « t » et « d ». Il y a plus de similitude avec le français, qu'avec les autres langues romanes en comparaison.
Latin Francoprovençal Français Catalan Occitan Piémontais Italien clavis clâ clef / clé clau clau ciav chiave cantare chantar chanter cantar cantar (nord occ. chantar) canté cantare capra cabra / chiévra chèvre cabra cabra (nord occ. chabra, gasc. craba) crava capra lingua lenga langue llengua lenga lenga lingua nox, noctis nuet nuit nit nuèch (nuèit, gasc. nueit) neuit notte sapo, saponis savon savon sabó sabon (gasc. sablon) savon sapone sudare suar suer suar susar (suar, gasc. sudar) sudé (dialectal strassué) sudare vitae via vie vida vida (gasc. vita) vita (ancien via) vita pacare payer payer pagar pagar (nord Occ. paiar) paghé pagare platea place place plaça plaça piassa piazza ecclesia églésé église església glèisa gesia ou cesa chiesa caseus (formaticus) tôma / fromâjo fromage formatge formatge (gasc. hromatge) formagg ou toma ou formaj formaggio Nombres
Le francoprovençal utilise le système décimal. Cela se retrouve en français régional pour les 70, 80 et 90 (70 sèptanta /sɛˈtɑ̃tɑ/, 80 huitanta /vwiˈtɑ̃tɑ/, 90 nonanta /noˈnɑ̃tɑ/). Cependant les dialectes occidentaux utilisent le vigésimal (base 20) pour 80, quatro-vingts /katroˈvɛ̃/ "120" (six-vingts) redevenu cent vingt .
Orthographe de référence B
L'Orthographe de référence B (ORB) est une proposition de graphie supradialectale proposée par le linguiste Dominique Stich pour unifier l'orthographe du francoprovençal et de ses patois. Elle est l'amélioration de l'orthographe de référence A proposée en 1998 dans l'ouvrage Parlons francoprovençal (éd. L'Harmattan)[27]. Cette graphie utilise des lettres « quiescentes » (étymologiques ou pseudo-étymologiques, qui ne se prononcent pas) permettant de différencier les homonymes, sur le modèle des orthographes de référence des deux autres langues romanes que sont le français et l'occitan. Ces lettres muettes servent également à indiquer au lecteur si l'accent tonique tombe sur la dernière syllabe ou non. En ORB seuls les mots en -a, -o, -e, et -on sont paroxytons (accentués sur l'avant-dernière syllabe).
Ouvrages en ORB
- Le francoprovençal de poche, Assimil 2006
- Mini dico savoyard-français, Yoran Embanner 2005
- Dictionnaire francoprovençal/français, Éditions Le Carré, Thonon-les-Bains 2005
- Les Aventures de Tintin: L'Afére Pecârd, Casterman, Bruxelles 2007
- Floran Corradin, Lo Temps, Aliance culturèla arpitana, 2008. ISBN 978-2-9523473-1-0
Liste des dialectes francoprovençaux
France Suisse Italie Dialectes de transition (France) - Charolais (Francoprovençal → Langue d'Oïl)
- Mâconnais (langue) (Francoprovençal → Langue d'Oïl)
Comparaison dialectale
L'orthographe diffère selon les auteurs. Martin (2005), donne l'exemple entre Bressan et Savoyard.
Français Francoprovençal Savoyard Bressan Valdôtain Bonjour! Bonjor ! /bɔ̃ˈʒu/ /bɔ̃ˈʒø/ Bondzor ! Bonne nuit! Bôna nuet ! /bunɑˈne/ /bunɑˈnɑ/ Baanét ! Au revoir! A revêr ! /arˈvi/ /a.rɛˈvɑ/ Au revoir ! Oui Ouè /ˈwɛ/ /ˈwɛ/ Ouè Non Nan /ˈnɑ/ /ˈnɔ̃/ Na Peut-être T-èpêr / Pôt-étre /tɛˈpɛ/ /pɛˈtetrə/ Magâ S'il vous plait S'el vos plét /sivoˈple/ /sevoˈplɛ/ Pe plésì Merci! Grant marci ! /grɑ̃maˈsi/ /grɑ̃marˈsi/ Gramasì Un homme On homo /on ˈomo/ /in ˈumu/ Eun ommo Une femme Na fena /nɑ ˈfɛnɑ/ /nɑ ˈfɛnɑ/ Euna fenna L'horloge Lo relojo /lo rɛˈloʒo/ /lo rɛˈlodʒu/ Lo relojo Les horloges Los relojos /lu rɛˈloʒo/ /lu rɛˈlodʒu/ Lé reloge La rose La rousa /lɑ ˈruzɑ/ /lɑ ˈruzɑ/ La rosa Les roses Les rouses /lɛ ˈruzɛ/ /lɛ ˈruze/ Lé rose Il mange. Il menge. /il ˈmɛ̃ʒɛ/ /il ˈmɛ̃ʒɛ/ Llu meudje Elle chante. Le chante. /lə ˈʃɑ̃tɛ/ /ɛl ˈʃɑ̃tɛ/ Llie tsante Il pleut. O pluvinye. /o ploˈvɛɲə/ Y piout Il pleut. O brolyasse. /u brulˈjasə/ Quelle heure est-il ? Quint' hora est ? /kɛ̃t ˈørɑ ˈjɛ/ Quent'eura l'è-t ? Quelle heure qu'il est ? Quâl' hora qu'el est ? /tjel ˈoʒɑ ˈjə/ Il est 6 h 30. El est siéx hores et demi. /ˈjɛ siz ˈørɑ e dɛˈmi/ L'è-t chuis eure é demi Il est 6 h 30. El est siéx hores demi. /ˈɛjɛ siʒ ˈoʒə dɛˈmi/ Comment vous vous appelez ? Tè que vos éds niom ? /ˈtɛk voz i ˈɲɔ̃/ Quen non avéde-vo ? Comment vous vous appelez ? Coment que vos vos apelâds ? /kɛmˈe kɛ ˈvu vu apaˈlo/ Je suis content de vous voir. Je su bonéso de vos vér. /ʒə sɛ buˈnezə də vo vi/ Dze si bien contèn de vo vére Je suis content de vous voir. Je su content de vos vére. /ʒɛ si kɔ̃ˈtɛ də vu vɑ/ Parlez-vous patois ? Prègiéds-vos patouès ? /prɛˈʒi vo patuˈe/ Prédzade-vo patoué ? Parlez-vous patois ? Côsâds-vos patouès ? /koˈʒo vu patuˈɑ/ Toponymes
La principale source de survivance du francoprovençal se fait dans les noms de hameaux, pays, bourgs et villes de l'aire de diffusion[28]. Les suffixes en -az, -oz (-otz), -uz, -ax, -ex, -ux, -oux, et -ieux (-ieu) en sont caractéristiques. Ils indiquaient la syllabe accentuée. La dernière consonne est rarement prononcée, ou bien sa prononciation indique l'origine étrangère du locuteur. Pour les noms multisyllabiques, « z » indique l'accentuation sur l'avant-dernière syllabe, et « x » sur la dernière , ex : Chanaz : /ˈʃɑ.nɑ/ ( shana ) ; Chênex : /ʃɛˈne/ ( shèné ). Exemples :
France
- Ain : Outriaz, Seillonnaz, Ordonnaz, Culoz, Marboz, Contrevoz, Beynost, Oyonnax, Sonthonnax-la-Montagne, Gex, Echenevex, Chevroux, Lescheroux, Jujurieux, Civrieux, Misérieux, Meximieux, Toussieux, Ceyzérieu, Pugieu, Perrex, Niévroz, Lagnieu, Lompnaz, Lompnieu, Ambérieu.
- Allier : Lenax, Montcombroux-les-Mines
- Ardèche : Boulieu.
- Doubs : Saraz, Éternoz, Bolandoz, La Cluse-et-Mijoux, Montmahoux.
- Jura : Saffloz, Vertamboz, Morez, Lajoux, Le Vaudioux.
- Savoie: Chanaz, Sonnaz, Motz, Lovettaz, Séez, La Motte-Servolex, Ontex, Verthemex, Avrieux, Ruffieux, Chindrieux, Champagneux, Drumettaz, Barberaz, La Féclaz
- Haute-Savoie : La Clusaz, Viuz-en-Sallaz, Marcellaz, Aviernoz, Chevenoz, Charvonnex, Chênex, Seythenex, Thélévex, Seytroux, Combloux, Les Carroz, Viuz-la-Chiésaz, Metz-Tessy.
- Rhône : Jarnioux, Ouroux, Rillieux-la-Pape, Sermenaz, Grézieu-la-Varenne, Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Manissieux, Saint-Fons, Meyzieu.
- Loire : La Tour-en-Jarez, Razoux, Chénieux, Écullieux, Aveizieux.
- Isère : Vernioz, Proveysieux, Ornacieux, Brussieu, Courzieu, Monsteroux-Milieu, Monseveroux.
Suisse
- Genève : Athenaz, Choulex, Onex, Laconnex, Saconnex, Troinex, Certoux.
- Fribourg : La Brillaz, La Sonnaz, Chesopelloz, Neyruz, Pont-en-Ogoz.
- Neuchâtel: Val-de-Ruz, Brot-Plamboz, Le Prevoux, Mutrux.
- Valais : Arbaz, Dorénaz, Nendaz, Vérossaz, Mazembroz, Vétroz, Nax, Mex, Vex, Massongex.
- Vaud : Saubraz, Cerniaz, Penthaz, Tolochenaz, Cheserex, Trelex, Paudex, Bex.
Italie
- Val d'Aoste : Bionaz, Runaz, Lillaz, Cherolinaz, Planpincieux, Échevennoz, Morgex, Isollaz, Arbaz, Tollégnaz, Allésaz, Fénillaz, Morgonaz, Orbeillaz, Arcésaz, Extrépiéraz.
Notes
- ↑ en l'orthographe ORB supradialectale standardisée, voir :
* Dictionnaire francoprovençal / français, français / francoprovençal : Dictionnaire des mots de base du francoprovençal : Orthographe ORB supradialectale standardisée, Dominique Stich, Editions Le Carré, Thonon-les-Bains 2003, p. 109, 339, 441, 447 et 454.
* Le Francoprovençal de poche, Jean-Baptiste Martin, Assimil, Chennevières-sur-Marne 2005, p. 61. - ↑ Le francoprovençal, langue oubliée, Gaston Tuaillon in Vingt-cinq communautés linguistiques de la France, tome 1, p.204, Geneviève Vernes, éditions L'Harmattan, 1988.
- ↑ a et b (en) Fiche langue dans Ethnologue.com
- ↑ Erreur de citation : Balise
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. - ↑ http://www.m-r-s.fr/post/2009/07/20/Reunion-du-Conseil-regional-Rhone-Alpes-consacree-aux-langues-regionales
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- ↑ Conférence de Jean-Baptiste Martin, Université Catholique, Lyon, 22 janvier 2007
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- ↑ Centre de dialectologie de l'Université de Neuchâtel
- ↑ La région était peuplée dès le paléolithique, comme en témoignent divers restes mégalithiques, notamment le cromlec'h du col du Petit-Saint-Bernard.
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- ↑ Pour une analyse scientifique critique de la graphie de Stich, voir le compte rendu d'Éric Fluckiger (2004), dans Vox Romanica 63, pp. 312-319.
- ↑ Toponymie arpitane sur Arpitania.eu
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