New Hollywood

New Hollywood

Nouvel Hollywood

Le Nouvel Hollywood désigne un mouvement cinématographique américain de la fin des années 1960 au début des années 1980, qui modernisa de façon significative la production de films à Hollywood. Ce cinéma, inscrit dans la contre-culture et influencé par le néoréalisme italien et la Nouvelle Vague française, se caractérise par la prise de pouvoir des réalisateurs au sein des grands studios américains et la représentation sous une nouvelle radicalité de thèmes alors tabous comme la violence ou la sexualité. Le Nouvel Hollywood renouvela également les genres classiques du cinéma américain (western, film noir) ou les « déconstruisit » en s’affranchissant des conventions de ceux-ci.

La période relativement courte du Nouvel Hollywood est considérée comme une des phases les plus importantes du cinéma du point de vue artistique, et révéla de nombreux réalisateurs comme Francis Ford Coppola, Martin Scorsese et Dennis Hopper.

Sommaire

Le « vieil Hollywood »

L’Âge d’or

On désigne souvent l’ère classique du cinéma américain précédant le Nouvel Hollywood par l’« âge d’or », en référence au cinéma produit par les majors du début des années 1930 à la fin des années 1950. Les films étaient marqués par les structures de production et les genres cinématographiques, qui s’étaient assemblés dès l’époque du cinéma muet, tout comme le star system de l’« industrie du rêve ». Beaucoup des films de l’âge d’or se classaient selon un genre bien défini (comédie, western, film d'aventure…) qui comportait ses stars bien identifiées (Cary Grant pour la comédie, John Wayne pour le western, Errol Flynn pour le film d’aventures). Pendant des décennies, les majors contrôlaient toute la chaîne de production, de l’écriture à sa distribution, y compris le montage.

Ce système de production était productif aussi bien commercialement qu’artistiquement. Malgré cette automatisation dans l’élaboration des films, des réalisateurs de renom comme Frank Capra, Howard Hawks, John Ford, Alfred Hitchcock, John Huston ou Billy Wilder y créèrent leurs films de référence et fondèrent de nouveaux styles. À cette époque, beaucoup des meilleurs réalisateurs, scénaristes, acteurs, chefs opérateur et compositeurs, de toutes nationalités, travaillaient à Hollywood, notamment grâce à un certain confort de travail. La qualité technique des films était d’un niveau notable.

Mais la formule du succès était variable, et, à l’arrivée de la télévision, Hollywood se sentit menacé et répliqua en produisant des épopées monumentales comme Les Dix Commandements ou Ben Hur, et en inventant ou popularisant de nouvelles innovations techniques comme le Cinémascope. Beaucoup des films du « vieil Hollywood » se déroulaient dans un monde idéalisé et répondait au besoin d’un public en quête de divertissement qui ne voulait pas être confronté à la réalité sociale.

La crise

Au début des années 1960, l’« usine à rêves » Hollywood, et les recettes qui avaient fait leurs preuves, atteignirent le point mort. La carrière de réalisateurs de renom comme Alfred Hitchcock ou John Ford déclinait, et les stars de l’« Âge d’or » étaient soit mortes (Humphrey Bogart, Gary Cooper), soit sur le retour (Cary Grant, John Wayne). Les dirigeants des studios, tous très âgés comme Jack Warner, occupaient ces postes depuis l’ère du cinéma muet et avaient perdu tout contact avec la réalité sociale d’alors. De plus en plus de films étaient produits pour un public qui n’existait plus, et, dans une tentative désespérée de le reconquérir, les studios engageaient des sommes immenses dans des « films monumentaux » ou des comédies musicales artistiquement peu convaincants, que le public ne voulait plus voir. Le temps d’une rénovation en profondeur était arrivé.

Le Nouvel Hollywood s’immisce

Premiers succès

Le vide artistique qu’on pouvait voir à Hollywood au milieu des années 1960 permit à de jeunes cinéastes d’établir une nouvelle manière de faire du cinéma. En 1967, Arthur Penn réalisa avec Bonnie and Clyde un film de gangsters dont la position sceptique anti-establishment, brisant des tabous d’Hollywood[1], d’un style de narration lyrique et moderne rencontra l’esprit de son temps. La même année, Mike Nichols séduisit avec son film Le Lauréat, dans lequel Dustin Hoffman, qui se révéla au public et à la critique avec ce film, campait un personnage en rébellion contre le monde ennuyeux, vicié et « petit-bourgeois » de la génération de ses parents.

Le premier grand succès qu’enregistra le Nouvel Hollywood fut le road movie Easy Rider de Dennis Hopper (1969), mettant en scène le périple de hippies - interprétés par Dennis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicholson - au milieu d’une Amérique profonde conservatrice et raciste. Easy Rider, qui avaient coûté quelque 400 000 dollars, fut accueilli avec enthousiasme par la « génération Woodstock » et rencontra un énorme succès commercial à travers le monde, remportant approximativement 60 millions de dollars.

Le réalisateur Robert Altman, officiant alors à la télévision, tourna en pleine guerre du Vietnam M*A*S*H (1970), une satire caustique et antimilitariste sur la Guerre de Corée, où les héros (dont Donald Sutherland) mènent le code militaire jusqu’à l’absurde.

L’ancien monteur Hal Ashby réalisa Harold et Maude et La Dernière corvée deux films du Nouvel Hollywood avec un regard propre sur les comportements en société. John Cassavetes, qui jouait dans des productions commerciales (Les Douze Salopards), filma comme réalisateur les crises et névroses des quadragénaires de la classe moyenne américaine (Faces, 1968).

Western

Le réalisateur chevronné d’Hollywood Sam Peckinpah signa quelques westerns de troisième génération inimitables, poétiques et pessimistes comme La Horde sauvage ou Pat Garrett et Billy the Kid . La sympathie de Peckinpah allait aux hors-la-loi en situation d’échec - à l’instar des bandits attendrissants de Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill (1969) - devant un État tout-puissant qui les abattra sans pitié. Dans Little Big Man (1969), « antiwestern » satirique et divertissant, Dustin Hoffman incarne un anti-héros amical au milieu des guerres indiennes. Les sympathiques Indiens du film contrastent avec la représentation du héros national George Armstrong Custer en psychopathe brutal.

Dans John McCabe (1971), Robert Altman s’affranchit de toutes les règles du genre et trace le portrait d’un aventurier désabusé dans une ville bourbeuse de l’Ouest. Dans The Missouri Breaks d’Arthur Penn (1975), Marlon Brando campe un tueur étrange parodiant les brigands traditionnels du western. Robert Redford incarne pour Sydney Pollack un jeune trappeur qui découvre la beauté et la cruauté des Rocheuses (Jeremiah Johnson, 1971).

Comédies

À la fin des années 1960, l’humoriste de théâtre Woody Allen commença à représenter les névroses - souvent sexuelles - d’un citadin moderne dans des comédies originales comme Annie Hall ou Manhattan, assistées de la photographie novatrice de Gordon Willis. Avec ses lunettes et sa silhouette frêle , Allen, premier rôle dans la plupart de ses films, était la figure emblématique de l’anti-héros de cette époque. Woody Allen était scénariste, réalisateur et acteur de ses créations. Cette liberté était possible au sein de United Artists qui produisait ses films dans les années 1970, et qui en tira un certain bénéfice aussi bien culturel que populaire et pécuniaire.

Mel Brooks créa une série de films parodiques comme Frankenstein Junior (1974) ou La Dernière Folie de Mel Brooks (1976, dans lesquels l’Hollywood classique était moqué irrespectueusement mais sans animosité.

Films d’horreur

Avec La Nuit des morts-vivants, tourné sans moyens, George A. Romero posa les bases du film d'horreur moderne, où la menace de zombies mutant d’après les citadins symbolise une société sclérosée par le racisme et la consommation de masse. Toujours sous des conditions financières difficiles, John Carpenter tourna une série de thrillers critiques initiée avec Assaut (1976) et Halloween, la nuit des masques (1978), caractérisés par leur ambiance sombre et pessimiste. Dans Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper, des hippies paisibles de province sont sauvagement assassinés par des fermiers. Rosemary's Baby (1968), L'Exorciste et La Malédiction mettent en scène des « enfants-démons » - ces trois films peuvent être interprétés comme des allégories sur le conflit de génération de l’époque.

Science fiction

Les films de science-fiction du Nouvel Hollywood se distinguent par leur climat pessimiste et critique à l’égard de la civilisation. Dans La Planète des singes (1967) et Le Survivant (1970), Charlton Heston s’aventure dans des mondes post-apocalyptiques oppressants. Soleil vert (1973, toujours avec Heston) montre la phase terminale de la civilisation occidentale, sous l’emprise du brouillard, de la pollution et d’une nouvelle forme de cannibalisme. Dans Silent Running (1972) de Douglas Trumbull, les dernières forêts de la Terre sont entretenues dans un vaisseau spatial-serre. Dans Le Mystère Andromède (1971) de Robert Wise, des micro-organismes extérieurs attaquent un laboratoire secret, dans La Nuit des fous vivants (1973) de Romero, des substances chimiques militaires font muter de paisibles villageois en tueurs.

John Carpenter décrit dans Dark Star (1974) les aventures absurdes de l’occupation d’un vaisseau dont la charge est d’anéantir les « planètes instables ». Dans THX 1138 (1971) de George Lucas, les victimes imberbes d’une dictature aseptisée se rebellent contre leur bourreau. Phase IV (1974) de Saul Bass narre l’histoire d’une équipe de scientifiques dans une lutte vaine contre une société de fourmis d’une intelligence supérieure. Enfin le film Alien - Le huitième passager de Ridley Scott, qui a révolutionné l’esthétique du film de science fiction, représente à travers une atmosphère cauchemardesque l’extermination d’un équipage de vaisseau spatial par un extra-terrestre.

Films musicaux

La musique populaire des années 1960-70 est largement utilisée comme bande originale dans les films du Nouvel Hollywood. Parallèlement sont produits des films musicaux comme Head (1968), dans lequel Bob Rafelson (sur un scénario de Jack Nicholson) relate les aventures excitées et psychédéliques du groupe pop-rock The Monkees, inspiré par le film sur les Beatles de Richard Lester. Bob Fosse, célèbre chorégraphe de comédies musicales, remporte 8 Oscars avec Cabaret (1972). Le documentariste D.A. Pennebaker filma une tournée de Bob Dylan dans Dont Look Back (1967) et le festival Montery Pop (1968). Le film de Michael Wadleigh sur Woodstock est considéré comme un document témoin de la « génération flower power ». Dans La Dernière Valse, Martin Scorsese filme le concert d’adieu du groupe The Band.

Le réalisateur auteur

Dans la plupart des films du Nouvel Hollywood, le réalisateur tient une place centrale dans son élaboration. Il reste le responsable de l’histoire et du point de vue artistique du film, et dispose du « final cut », c’est-à-dire qu’il décide jusqu’au bout du montage de son film. Dans les productions antérieures d’Hollywood, seuls les producteurs ou les directeurs de studio détenaient ce pouvoir de décision finale.[2]

La plupart des réalisateurs du Nouvel Hollywood se reconnaissaient dans la tradition européenne du cinéma d’auteur, où le réalisateur est aussi impliqué dans le scénario, la production et le montage. Beaucoup des innovations du Nouvel Hollywood - stylistiques ou scénaristiques - étaient dans la continuité de celles de la Nouvelle Vague française ou du néoréalisme italien.

Très cinéphiles, ces cinéastes s’enthousiasmaient pour la qualité du cinéma européen et admiraient les réalisateurs comme François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jean Renoir, Ingmar Bergman, Frederico Fellini, Luchino Visconti ou Michelangelo Antonioni. Ils tenaient leurs distances avec les productions commerciales d’Hollywood et désiraient suivre une vision personnelle, tournant des films profondément subtils et artistiques.

Nouveaux thèmes, nouvelles techniques, nouvelles stars

Thèmes

Les films du Nouvel Hollywood sont concernés par les sujets de société et évoquent souvent les mouvements de protestation qui se rebellent contre des structures sociales engourdies et la guerre du Vietnam, et prônaient la libéralisation de la société. Il n’est pas rare d’entendre dans les bandes originales des films les groupes de musique qui symbolisent ces aspirations, comme Bob Dylan, Cat Stevens, Simon and Garfunkel, The Doors, Steppenwolf ou encore les Rolling Stones.

Les histoires du Nouvel Hollywood ne se déroulent pas dans un monde idyllique et hermétique, mais font place à une vision réaliste des individus et de leurs problèmes. On ne monte pas les protagonistes en héros, mais on interroge et analyse leurs actions et leurs motivations. Beaucoup d’entre eux se heurtent aux réalités sans trouver de remèdes, ou finissent par leur échec - souvent fatal - en martyrs d’un « système » qui les a moralement vaincu.

Les représentants de l’autorité (État, famille...) sont corrompus, psychopathes, comploteurs. Les hommes de pouvoir, les hauts placés s’érigent en banqueroutiers moraux. Derrière des apparences de bienséance, ils conduisent des manœuvres opaques dignes des services secrets menaçant des citoyens moyens inoffensifs. Le Nouvel Hollywood reflète l’état d’insécurité et de paranoïa de l’ère du Vietnam et du Watergate.

Techniques et esthétique

Du côté de la technique, les nouvelles innovations comme des caméras plus légères ont rendu possible de nouveaux styles de narration. À l’instar de la Nouvelle Vague, les cinéastes pouvaient quitter les plateaux pour tourner en extérieur, parfois dans un style de quasi-documentaire, sans éclairage supplémentaire. L’esthétique typique de ces films peut se définir comme celle de « documentaires mis en scène » (Macadam Cowboy, French Connection, Mean Streets). Cette approche réaliste, qui vise à apporter un point de vue objectif sur le monde, était souvent combinée paradoxalement à un style expressionniste - dont le parti pris stylistique mettait en exergue la subjectivité du regard. Les têtes de proues de ces cinéastes réalistes étaient les documentaristes Richard Leacock, D.A. Pennebaker, David et Albert Maysles

Acteurs

Les rôles du Nouvel Hollywood n’allaient en général pas aux stars hollywoodiennes bien établies, dont beaucoup connaissaient un déclin de carrière à la fin des années 1960. On les remplaça par des interprètes loin des canons physiques du genre, sans véritable glamour, mais d’un talent rapidement reconnu, dans l’intention d’instaurer un nouveau réalisme dans le jeu et les personnages. Ainsi ont commencé les carrières de Gene Hackman, Robert Duvall, Martin Sheen, John Cazale, Gene Wilder, Richard Dreyfuss, Donald Sutherland, Elliott Gould ou encore Bruce Dern. Beaucoup de ces acteurs provenaient de la scène « off » de Broadway et n’auraient pu aspirer qu’à de petits second rôles dans l’ancien système hollywoodien.

Jack Nicholson, Robert De Niro, Dustin Hoffman et Al Pacino représentent les acteurs majeurs de cette époque. Grâce à leur engagement intensif et leur conformation aux personnages, ils atteignirent un statut de « superstar » d’Hollywood qui dura des décennies.

Warren Beatty et Robert Redford devinrent également les stars de premier plan du Nouvel Hollywood. Malgré leur allure plus conforme au stéréotype d’acteur-star, ils apportaient à leur jeu un scepticisme, une mélancolie à l’opposé du glamour. De plus, ils assumaient les fonctions de réalisateur et producteur. Jon Voight et Ryan O'Neal, également remarqués pour leur physique, interprétèrent des rôles marquant du Nouvel Hollywood. Des acteurs déjà reconnus comme Paul Newman, Burt Reynolds, Steve McQueen ou Burt Lancaster travaillèrent avec les plus importants réalisateurs du mouvement. La légende Marlon Brando, après un « trou » de carrière, relança celle-ci grâce à Francis Ford Coppola et ses rôles dans Le Parrain et Apocalypse Now.

Les thèmes « masculins » du Nouvel Hollywood laissaient peu de place aux actrices pour les principaux rôles. Parmi les actrices ayant émergé du mouvement, on compte Faye Dunaway, Jane Fonda, Barbra Streisand, Diane Keaton, Jill Clayburgh, Ellen Burstyn ou Karen Black.

Le point d’orgue

Friedkin, Bogdanovitch et Polanski

Le Nouvel Hollywood atteignit son sommet artistique et commercial au début des années 1970. Des réalisateurs qui n’avaient tourné jusqu’ici des films à petit budget remportèrent un succès populaire considérable et mondial.

William Friedkin initia en 1971 avec French Connection le prototype du film policier moderne et composa avec Gene Hackman son personnage d’enquêteur des « stups » fanatique au racisme latent. Friedkin récidiva deux ans plus tard avec L'Exorciste, film d’horreur convaincant d’un point de vue artistique, qui devint un phénomène mondial.

Le très cinéphile Peter Bogdanovich connut les succès avec ses premiers films, le mélancolique La Dernière Séance (1970) et la comédie osée On s'fait la valise, docteur ? (1972).

Le Polonais Roman Polanski vivait depuis plusieurs années à Hollywood et surprit la critique et le public avec son intrigue à tiroirs de Chinatown, brillamment mis en scène, dans lequel Jack Nicholson interprète un détective privé au nez tailladé.

Francis Ford Coppola

L’américain d’origine italienne Francis Ford Coppola connut encore plus le succès. Il fascina le public et la critique avec l’épopée mafieuse des « Parrain ». Le Parrain montre Marlon Brando dans le rôle souvent parodié de chef baroque de la Mafia, dont la notion d’honneur n’est pas partagée par ses successeurs et concurrents sans scrupules. Avec sa suite Le Parrain 2 (1974), et la fascinante épopée du Vietnam, Coppola s’imposa comme un des réalisateurs les plus importants des années 1970. Il est l'un des rares réalisateurs à avoir remporté deux fois la palme d’or (Apocalypse Now et Conversation secrète).

Les films de Coppola, Friedkin et Bogdanovich ont en commun d’avoir transformé le « chic radical » du Nouvel Hollywood en un style plus tempéré, plus destiné aux masses, peu de temps avant le déclin du mouvement, supplanté par l’ère des blockbusters.

Le crépuscule

Martin Scorsese

Le réalisateur Martin Scorsese est un Italo-Américain comme Coppola, issu comme lui et d'autres, de l’école du producteur de séries B Roger Corman, qui avait bâti un système indépendant efficace et très lucratif. Les futurs stars de la réalisation s’exerçaient à la mise en scène, et des acteurs comme Jack Nicholson, Robert De Niro, Bruce Dern ou Sylvester Stallone y obtinrent leurs premiers rôles.

Scorsese convainquit tout d’abord en 1973 avec Mean Streets, un portait au réalisme appuyé sur les truands des rues newyorkaises. Il réalisa en 1975 Taxi Driver, palme d’or devenue un classique de l’histoire du cinéma. Robert De Niro s’y révéla dans le rôle d’un vétéran du Vietnam déraciné débutant une campagne de vengeance dans les rues de New York. L’angoissant Raging Bull, où la prestation de De Niro fit date, devint en 1980 un nouveau classique.

Jusqu’au milieu des années 1970, le succès des réalisateurs établis du Nouvel Hollywood comme Mike Nichols, Robert Altman ou Arthur Penn s’amenuisa. D’autres comme George Roy Hill, Sydney Pollack, Milos Forman ou Alan J. Pakula accomplirent dans un style novateur des films commerciaux à succès comme L'Arnaque (1973), Vol au-dessus d'un nid de coucou (1975) ou Les Hommes du président (1976), alliant la tradition du Nouvel Hollywood à une mise en scène commercialement plus adaptée.

Lucas, Spielberg et les premiers blockbusters

Le déclin du Nouvel Hollywood s’inscrit en parallèle avec l’émergence des réalisateurs George Lucas et Steven Spielberg, issus de la même génération. L’ancien réalisateur de téléfilms Spielberg qui retint l’attention avec son thriller Duel, entama sans beaucoup de succès commercial une carrière cinématographique avec Sugarland Express (1973), variante de Bonnie and Clyde. Les Dents de la mer, énorme succès appuyé par un marketing efficace, fut le précurseur des blockbusters de l’été. Avec son film d’ovnis optimiste et visuellement spectaculaire Rencontre du troisième type, Spielberg dressa un contre-poids aux visions apocalyptiques de la science-fiction traditionnelle.

George Lucas dépassait à cette époque le succès de Spielberg. Il signa un premier gros succès en 1973 avec le nostalgique American Graffiti. En 1977, son space opera La Guerre des étoiles battit tous les records et établit en quelque sorte une nouvelle « religion » de culture populaire. La Guerre des étoiles, dont la trame peut être comparée à un conte de fées, préconise la structure formelle des blockbusters : caractères bien identifiés, victoire des « gentils » sur les « méchants », histoire sentimentale se terminant bien, à l’opposé des thématiques du Nouvel Hollywood. L’abondance des effets spéciaux et le merchandising international compléteront cette « formule du succès » reprise par la suite par Hollywood.

L'émergence de Spielberg et Lucas, qui ont inventé les blockbusters « positifs » a scellé le déclin du « vieux » Nouvel Hollywood, sceptique et critique. Après la fin de la guerre du Vietnam et la chute de Richard Nixon, le public de masse voulait voir de nouveau des films légers à happy end, des films-produits plutôt que des constantes remises en question des comportements sociaux. Comme dans le même temps les réalisateurs du Nouvel Hollywood ont connu un déclin artistique ou des échecs dus à leur mégalomanie, il n’y eut soudain plus de place pour leur vision cinématographique. À la fin des années 1970, des productions anti-establishment à gros budget comme La Porte du Paradis, The Blues Brothers ou 1941 furent des échecs commerciaux retentissants, les studios se réorientèrent d’une manière radicale vers les films formatés, beaucoup plus lucratifs. Les producteurs en profitèrent pour reprendre la main mise qu’ils avaient perdu au profit des réalisateurs du Nouvel Hollywood.

Les années 1980

Sous l’ère Reagan, le cinéma s’orienta vers des succès optimistes et patriotiques (Rambo 2, Top Gun). Spielberg et Lucas consolidèrent leurs positions, en tant que réalisateurs/producteurs de trilogies très lucratives (Star Wars, Indiana Jones, Retour vers le futur), productions plus lisses, abondantes en effets spéciaux et résolument tournées vers le divertissement. Des films d’action d’envergure comme Aliens le retour ou Piège de cristal devinrent des succès mondiaux et fondèrent un nouveau sous-genre. La superficialité des spots publicitaires et des clips fut adaptée à l’écran avec succès (Flashdance, 9 semaines 1/2).

Les cinéastes importants du Nouvel Hollywood comme Coppola, Penn ou Nichols s’installèrent pendant ce temps dans une routine de films de commande. Les carrières de Friedkin, Bogdanovich, Ashby, Altman, Scorsese stagnaient.

L’époque du Nouvel Hollywood est définitivement terminée, mais des vétérans comme Altman ou Scorsese renouèrent avec le succès critique dans les années 1990 (Les Affranchis, Casino, Short Cuts)

Films emblématiques du Nouvel Hollywood

Réalisateurs emblématiques avec une sélection de films

Autres protagonistes

  • Producteurs: Bert Schneider (Easy Rider, Five Easy Pieces, La Dernière Séance), Robert Evans (Le Parrain, Chinatown, Marathon-Mann), Roger Corman
  • Scénaristes: William Goldman (Butch Cassidy et le Kid, Les Hommes du président, Marathon-Mann), Robert Towne (Bonnie & Clyde, La Dernière Corvée, Chinatown), Rudy Wurlitzer (Macadam à deux voies, Pat Garrett et Billy The Kid), Buck Henry (Le Lauréat, Catch 22, What's up, Doc?), Mario Puzo (Le Parrain, Le Parrain 2), John Milius (Jeremiah Johnson, Les Dents de la mer, Apocalypse Now), Robert Benton (Bonnie & Clyde, What's up, Doc?), Paul Schrader (Taxi Driver, Obsession, Raging Bull)
  • Chefs opérateurs: Vilmos Zsigmond (John McCabe, Deliverance, Sugarland Express), László Kovács (Easy Rider, Five Easy Pieces, Shampoo), Conrad Hall (Butch Cassidy et le Kid, Marathon Mann), Gordon Willis (Klute, Le Parrain, À cause d'un assassinat, Les Hommes du président)
  • Monteurs & monteuses: Marcia Lucas (American Graffiti, Alice n'est plus ici, La Guerre des étoiles), Verna Fields (What's up, Doc, La Barbe à papa, Les Dents de la mer), Owen Roizman (French Connection, Der Exorzist, Les Trois Jours du condor), Thelma Schoonmaker (Woodstock, Raging Bull), Sam O'Steen (Le Lauréat, Catch 22, Chinatown ), Walter Murch (Conversation secrète, Le Parrain 1 et 2, Apocalypse Now)

Pauline Kael, une des critiques américaines les plus influentes, a soutenu le Nouvel Hollywood à travières ses articles positifs et ses interviews et entretenait des relations d'amitiés avec quelques protagonistes.

Notes

  1. On peut voir dans ce film, d’une rare violence pour l’époque, des assassinats dans un même plan large, alors que les codes d’Hollywood préconisaient un découpage en un champ/contre champ pour atténuer la violence d’une telle scène
  2. Par exemple, il fallait détenir une carte de monteur pour avoir accès aux salles de montage, carte que les réalisateurs ne possédaient pas en général.

Source

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « New Hollywood ».

Bibliographie

  • Peter Biskind, Le Nouvel Hollywood, Le Cherche midi, 2004, (ISBN 2-86274-892-7) (l'ouvrage de référence sur le sujet)
  • Jean-Baptiste Thoret : Le Cinéma américain des années 70, Cahiers du cinéma, 2006, ISBN 2866424042
  • Jean-Baptiste Thoret : 26 secondes, l'Amérique éclaboussée (Rouge Profond, 2003)
  • Jürgen Müller: Films des années 60 et Les Meilleurs Films des années 1970. Taschen, 2004, ISBN 3822827975
  • (en) Andrew Yule: Steven Spielberg: Father of the Man : His Incredible Life, Tumultuous Times and Record-Breaking Movies, Warner éd., 1997, ISBN 3785284004
  • (de)+(en) Renate Hehr, New Hollywood, Heyne, 2002, ISBN 3930698943
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  • (de) Peter W. Jansen, Jansens Kino: Taxi Driver/Apocalypse Now, 1 Audio-CD. Bertz + Fischer, 2003, ISBN 3865051421
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  • (de) Frank Schnelle, Suspense Schock Terror. John Carpenter und seine Filme. Uwe Wiedleroither, 1991, ISBN 3924098042
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Documentaires

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  • Kenneth Bowser, Easy Riders, Raging Bulls: How the Sex, Drugs and Rock 'N' Roll Generation Saved Hollywood, (2003) (d'après Peter Biskind)
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