- Billy Wilder
-
Pour les articles homonymes, voir Wilder.
Billy Wilder
Gloria Swanson et Billy Wilder
Données clés Nom de naissance Samuel Wilder Naissance 22 juin 1906
Sucha
Autriche-HongrieNationalité Américain Décès 27 mars 2002
Beverly Hills
États-UnisProfession Réalisateur Films notables Assurance sur la mort,
Boulevard du crépuscule,
Stalag 17,
Sept Ans de réflexion,
Certains l'aiment chaud,
La Garçonnière,
Embrasse-moi, idiot,
La Vie privée de Sherlock Holmes,
Avanti!Billy Wilder est un réalisateur, producteur et scénariste américain de films noirs et de comédies. De son vrai nom Samuel Wilder, il est né à Sucha[1] (actuelle Pologne, à l'époque possession de l'empire austro-hongrois en Galicie), le 22 juin 1906 et est mort d'une pneumonie à Beverly Hills, en Californie (États-Unis) le 27 mars 2002.
Sommaire
Biographie
Premières années
Issu d'une famille juive autrichienne, Samuel Wilder, du prénom de son grand-père maternel, naît dans une petite ville de l'empire austro-hongrois qui appartient aujourd'hui à la Pologne[2]. Il est tout jeune lorsque la famille s'installe à Vienne, où lui et son frère Wilhelm font leurs études primaires et secondaires[2]. Son père rêve de le voir devenir avocat ou médecin[2] mais il quitte rapidement l'université et opte pour une carrière de journaliste. Sa mère a fait un séjour aux États-Unis, ce qui explique le surnom familial de Billy qu'il adopte ensuite à la place de son prénom officiel, Samuel[3].
Débuts professionnels
Il travaille pour un journal viennois, où il est chargé d'articles sur le sport, de faits-divers, et commence également à rédiger des critiques sur les spectacles, notamment le cinéma[2]. En 1926[2], il s'établit à Berlin où il survit un temps en jouant les danseurs mondains à l'hôtel Eden[2], tout en commençant à écrire des récits et des ébauches d'histoires. Il collabore à un journal allemand local, Berliner Zeitung am Mittag[2], puis un tabloïd pour lesquels il rédige des articles mais aussi des nouvelles ou des romans-feuilleton à succès, généralement policiers ou burlesques. Ses enquêtes le mettent en contact avec des milieux et des personnages variés, diversité que l'on retrouve plus tard dans ses films[2].
C'est l'époque du cinéma muet. Il travaille, souvent comme "nègre", pour des scénaristes à succès ; il collabore avec d'autres professionnels du cinéma, notamment Fred Zinnemann, alors opérateur, et Robert Siodmak. Le succès d'une de ces œuvres, Les Hommes le dimanche (1930), lui vaut de signer un contrat avec la Universum Film AG en 1929. Il gagne bien sa vie et commence à collectionner des œuvres d'art contemporaines, notamment des meubles signés Mies van der Rohe[2].
Exil
Son frère, Wilhelm, s'est installé aux États-Unis dans le courant des années 1920[2]. L'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir le contraint à son tour à l'exil. Il séjourne d'abord à Paris, rue de Saïgon, où il vit chichement et fréquente un milieu d'expatriés allemands comme Franz Waxmann, Friedrich Hollender ou Peter Lorre[2]. Il réalise un film avec une jeune débutante, Danielle Darrieux, et Pierre Mingand: Mauvaise graine. Joe May, un metteur en scène allemand, emporte un de ses scénarios à Hollywood ; ayant réussi à le placer, il contacte Wilder et lui demande de le rejoindre. Celui-ci obtient un visa de touriste et s'embarque pour les États-Unis où la perspective d'une guerre le persuade de s'établir[2].
Carrière hollywoodienne
Il sait à peine parler l'anglais, langue qu'il assimilera néanmoins rapidement. Il écrit beaucoup, notamment des nouvelles en allemand traduites en anglais qu'il réussit à vendre notamment aux studios de cinéma. Grâce à cette activité et à ses contacts (dont Peter Lorre avec qui il partage un temps un appartement) il réussit à percer à Hollywood[4] et signe un contrat avec la Paramount Pictures. Il travaille cinq jours et demi par semaine, rédigeant des scénarios originaux ou retravaillant ceux des autres scénaristes[2].
En 1938, il entame avec Charles Brackett un partenariat prolifique qui débouchera sur plusieurs classiques de la comédie américaine, dont La Huitième Femme de Barbe-Bleue (1938) et Ninotchka (1939) d'Ernst Lubitsch, autre immigré allemand qu'il considèrera toute sa vie comme son "seul Dieu"[3]. Lorsque la Paramount fait appel à Gary Cooper pour donner la réplique à Ingrid Bergman dans Pour qui sonne le glas, Wilder et Brackett servent de monnaie d'échange et se retrouvent au service du producteur Samuel Goldwyn[2]. Ils écrivent alors le scénario de Boule de Feu (1941) et son remake Si bémol et Fa dièse d'Howard Hawks. Wilder retourne ensuite travailler pour Paramount. Son rêve est de passer à la mise en scène.
Avec sa double casquette de réalisateur et de scénariste (qu'il gardera définitivement), il met en scène un troisième film écrit avec Raymond Chandler : Assurance sur la mort (1944), adapté de James M. Cain, qui est sa première grande réussite et un modèle du film noir.
À partir de 1942, Charles Brackett produit plusieurs de ses films : Les Cinq Secrets du désert (1943), Le Poison (1945), récompensé par 4 Oscars dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario adapté, qui traite de l'alcoolisme et Boulevard du crépuscule (Oscar du meilleur scénario original 1950), après quoi le partenariat prend fin et Wilder devient dès lors producteur de la plupart de ses œuvres.
Dès lors les films de Wilder deviennent plus caustiques et cyniques ; il tourne notamment Le Gouffre aux chimères (1951), son film préféré[5], ainsi que de très belles comédies telles que Certains l'aiment chaud (1959) et La Garçonnière (1960), pour lequel il remporte les Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur et meilleur scénario original.
Il dirige également Marilyn Monroe dans Sept Ans de réflexion (1955) et dans Certains l'aiment chaud où elle a pour partenaires Jack Lemmon (qu'il fera jouer dans sept films en 12 ans) et Tony Curtis. Billy Wilder tourne ses derniers films en Europe, comme Alfred Hitchcock, et prend sa retraite en 1981.
Style
Maître incontesté de la comédie américaine dans les années 1950 et 1960[6], le cinéaste a su imposer son style de moraliste et de caricaturiste corrosif, grâce à des scripts d'une efficacité redoutable, illustrés par des mises en scène soignées et fluides. Même si une partie de la critique le jugeait meilleur scénariste que metteur en scène[7] et voyait ses réalisations comme l'absolu contraire des audaces formelles, visuelles ou narratives et des prouesses techniques d'un Hitchcock ou d'un Orson Welles par exemple, il semble que certains de ses films comme Assurance sur la mort et Boulevard du crépuscule le réhabilitent aujourd'hui comme un créateur d'images hors-pair[8]. Le succès de ses films auprès d’un large public lui a permis de rester l’un des rares réalisateurs véritablement indépendants d'Hollywood. Enfin, parmi ses acteurs fétiches, et outre Jack Lemmon, on peut citer William Holden (4 films), Walter Matthau (3 films) ou encore Shirley MacLaine (2 films).
Filmographie
Réalisateur
- 1934 : Mauvaise graine
- 1942 : Uniformes et jupons courts (The Major and the Minor)
- 1943 : Les Cinq Secrets du désert (Five Graves to Cairo)
- 1944 : Assurance sur la mort (Double Indemnity)
- 1945 : Death Mills
- 1945 : Le Poison (The Lost Weekend)
- 1947 : La Valse de l'empereur (The Emperor Waltz)
- 1948 : La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair)
- 1949 : Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard)
- 1951 : Le Gouffre aux chimères (Ace in the Hole ou The Big Carnival)
- 1953 : Stalag 17
- 1954 : Sabrina
- 1955 : Sept Ans de réflexion (The Seven Year Itch)
- 1957 : Ariane (Love in the Afternoon)
- 1957 : L'Odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of Saint Louis) [9],[10].
- 1957 : Témoin à charge (Witness for the Prosecution)
- 1959 : Certains l'aiment chaud (Some Like It Hot)
- 1960 : La Garçonnière (The Apartment)
- 1961 : Un, deux, trois (One, Two, Three)
- 1963 : Irma la douce
- 1964 : Embrasse-moi, idiot (Kiss Me, Stupid)
- 1966 : La Grande Combine (The Fortune cookie)
- 1970 : La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock Holmes)
- 1972 : Avanti!
- 1974 : Spéciale première (The Front Page)
- 1978 : Fedora
- 1981 : Victor la gaffe (Buddy Buddy)
Scénariste
- 1929 : Der Teufelsreporter de Ernst Laemmle
- 1929 : Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag) de Robert Siodmak (co-scénariste + 2e assistant-réalisateur)
- 1931 : Der falsche Ehemann de Johannes Guter
- 1931 : Der Mann, der seinen Mörder sucht de Robert Siodmak
- 1931 : Émile et les détectives de Gerhard Lamprecht
- 1931 : Ihre Hoheit befiehlt de Hans Schwartz
- 1932 : Es war einmal ein Waltzer de Victor Janson
- 1932 : Scampolo, ein Kind der Strasse de Hans Steinhoff
- 1932 : Un rêve blond de Paul Martin
- 1933 : Adorable de William Dieterle
- 1933 : Le Sexe faible de Robert Siodmak
- 1933 : Madame wünscht keine Kinder de Hans Steinhoff
- 1933 : Was Frauen träumen de Géza von Bolváry
- 1934 : Das Blaue vom Himmel de Victor Janson
- 1934 : Music in the Air de Joe May
- 1935 : Lottery Lover de Wilhelm Thiele
- 1935 : Rivaux (Under Pressure) de Raoul Walsh
- 1937 : Champagne valse (Champagne Waltz) d'A. Edward Sutherland
- 1938 : La Huitième Femme de Barbe-Bleue (Bluebeard's Eighth Wife) d'Ernst Lubitsch
- 1938 : Cet âge ingrat (That Certain Age) d'Edward Ludwig
- 1939 : La Baronne de minuit (Midnight) de Mitchell Leisen
- 1939 : Ninotchka d'Ernst Lubitsch
- 1939 : What a Life de Theodore Reed
- 1940 : Arise, My Love de Mitchell Leisen
- 1940 : Rhythm on the River de Victor Schertzinger
- 1941 : Boule de feu (Ball of Fire) de Howard Hawks
- 1941 : Par la porte d'or (Hold Back the Dawn) de Mitchell Leisen
- 1942 : Six destins (Tales of Manhattan) de Julien Duvivier
- 1948 : Si bémol et Fa dièse (A Song Is Born) de Howard Hawks
- 1957 : Témoin à charge (Witness for the Prosecution)
- 1962 : Les Révoltés du Bounty (Mutiny on the Bounty) de Lewis Milestone
- 1967 : Casino Royale de John Huston
- 1970 : La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock Holmes) (co-scénariste)
Producteur
- 1951 : Le Gouffre aux chimères (The Big Carnival)
- 1953 : Stalag 17
- 1954 : Sabrina
- 1955 : Sept Ans de réflexion (The Seven Year Itch)
- 1957 : Ariane (Love in the Afternoon)
- 1959 : Certains l'aiment chaud (Some Like It Hot)
- 1960 : La Garçonnière (The Apartment)
- 1961 : Un, deux, trois (One, Two, Three)
- 1963 : Irma la douce
- 1964 : Embrasse-moi, idiot (Kiss Me, Stupid)
- 1966 : La Grande Combine (The Fortune Cookie)
- 1970 : La Vie privée de Sherlock Holmes (The Private Life of Sherlock Holmes)
- 1972 : Avanti!
- 1978 : Fedora
2e assistant-réalisateur
- 1929 : Les Hommes le dimanche (Menschen am Sonntag) de Robert Siodmak avec Erwin Splettstosser (+ co-scénariste)
Récompenses et nominations
- 1944 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Assurance sur la mort
- 1945 : Oscar du meilleur réalisateur - Le Poison
- 1945 : Oscar du meilleur scénario adapté - Le Poison
- 1946 : Grand Prix International du Film au Festival de Cannes - Le Poison
- 1950 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Boulevard du crépuscule
- 1950 : Oscar du meilleur scénario original - Boulevard du crépuscule
- 1953 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Stalag 17
- 1954 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Sabrina
- 1958 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Témoin à charge
- 1959 : Nomination à l'Oscar du meilleur réalisateur - Certains l'aiment chaud
- 1960 : Oscar du meilleur film - La Garçonnière
- 1960 : Oscar du meilleur réalisateur - La Garçonnière
- 1960 : Oscar du meilleur scénario original - La Garçonnière
Bibliographie
En anglais
- Charlotte Chandler, Nobody's Perfect. Billy Wilder. A Personal Biography (New York: Schuster & Schuster, 2002)
- Cameron Crowe, Conversations with Wilder (New York: Knopf, 2001)
- Daniel Hermsdorf, Billy Wilder. Filme - Motive - Kontroverses (Bochum: Paragon-Verlag, 2006)
- Glenn Hopp / Paul Duncan, Billy Wilder (Köln / New York: Taschen, 2003)
- Ed Sikov, On Sunset Boulevard. The Life and Times of Billy Wilder (New York: Hyperion, 1999)
- Maurice Zolotow, Billy Wilder in Hollywood (Pompton Plains: Limelight Editions, 2004)
En français
- Gilles Colpart, Billy Wilder (Paris: Edilig, 1983)
- Jérôme Jacobs, Billy Wilder (Paris: Rivages Cinéma, 2006)
- Michel Ciment, « Entretien avec Billy Wilder », dans Positif, 1983, p. 15-28
Notes et références
- Page en anglais sur la ville de Sucha
- Michel Ciment, « Entretien avec Billy Wilder », dans Positif, 1983, p. 15-28
- (fr)Biographie de Billy Wilder sur Commeaucinéma.com
- (fr)Rubrique 'Biography' sur french.imdb.com. Consulté le 29 juin 2010.
- (fr)Fiche Billy Wilder sur www.allocine.fr. Consulté le 29 juin 2010.
- (fr)Billy Wilder - coffret DVD sur www.critikat.com. Consulté le 29 juin 2010.
- (fr)Billy Wilder sur cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr. Consulté le 29 juin 2010.
- (fr)Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard) sur www.critikat.com. Consulté le 29 juin 2010.
- Californie et près de New York, mais aussi en France, à l’aérodrome de Guyancourt, au lieu du Bourget en mai 1927 Le film fut tourné en
- (fr)www.aeromovies.fr
Liens externes
- Billy Wilder Voir CinéMémorial
- Billy Wilder sur Internet Movie Database
- "Sceptical Messages from a Cinematic Exile" - Documentation sur l'œuvre (en allemand avec sous-titres anglais)
- Portail de l'Autriche-Hongrie
- Portail du cinéma
- Portail de la réalisation audiovisuelle
Catégories :- Réalisateur américain
- Producteur américain
- Scénariste américain
- Naissance en Autriche-Hongrie
- Naissance en 1906
- Décès en 2002
- Oscar du meilleur réalisateur
- Personnalité américaine d'origine autrichienne
- Oscar du meilleur scénario original
- Oscar du meilleur scénario adapté
- Golden Globe du meilleur réalisateur
- Golden Globe du meilleur scénario
- Mort d'une pneumonie
Wikimedia Foundation. 2010.