Invasions barbares

Invasions barbares
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La recherche historique regroupe sous lexpression invasions barbares les mouvements migratoires des populations germaniques à partir de larrivée des Huns dans lest de lEurope centrale aux environs de 375 jusquà ceux des Lombards en Italie en 568, invasions qui entrainèrent le départ des populations autochtones ou leur assujettissement aux nouveaux arrivants[1]. Bien quayant eu lieu au cours de lAntiquité tardive, ces mouvements migratoires relient cette époque et le Moyen Âge. Selon les approches trans-disciplinaires reliant l'histoire et l'étude des paléoenvironnements, une des causes de ces mouvements pourrait être la série de péjorations climatiques commençant au IVe siècle de notre ère et s'achevant au Xe siècle avec l'« embellie de l'an mil »[2]. Loin de se réduire à un évènement unique et continu, il sagit plutôt dun processus au cours duquel différentes populations, qui se forment et se modifient sous lemprise de multiples facteurs, déferlent en vagues successives sur l'empire romain, moins affecté climatiquement.

Après la mort de lempereur Théodose en 395, lempire fut de facto séparé en deux parties, chacune delles régie par un co-empereur dont les édits étaient supposés sappliquer dans les deux parties de lempire. En 382 et en 418, des accords furent conclus entre les autorités de lempire et les Wisigoths permettant aux Goths de sétablir sur le territoire romain. Les Francs se virent octroyer la même autorisation et, à titre de fœderati, eurent comme mission de protéger la frontière nord-est des Gaules. Avec le passage du Rhin en 406 et lirruption des Vandales et des Suèves dans lempire on assiste à lécroulement lent mais inexorable de ladministration impériale à lOuest, ce qui conduira à la déposition du dernier empereur occidental, alors quà lEst les structures de lempire, quoiquaffaiblies par les guerres menées contre dautres envahisseurs, tiendront bon. En Occident, les Ve et VIe siècle verront la création et à la croissance de royaumes germaniques (regna) qui marqueront de leur empreinte la culture de lEurope tout au cours du Moyen Âge[3].

Sommaire

Survol général

Terminologie

carte du limes
Le limes séparera pendant longtemps l'empire des Barbares; Rome tentera de le protéger en signant des traités (foedus) avec les peuples qui vivaient près de cette frontière (foederati) afin de la défendre des envahisseurs lointains. Ici une portion du limes germanique

Les travaux menés depuis la deuxième guerre mondiale ont conduit à remettre en question aussi bien le concept d’ « invasions barbares » utilisé dans plusieurs langues romanes, que celui de « Völkerwanderung » (ou migration des peuples) utilisé dans les langues germaniques[4].

Chacun des deux termes de lexpression « invasions barbares » pose problème. Le mot « invasion » implique un groupe homogène qui fait une entrée soudaine et violente sur le territoire dune population autochtone et, par le pillage et la destruction, se soumet, chasse ou annihile celle-ci. Divers modèles ont été élaborés au cours des dernières années qui remettent en cause l'image traditionnelle dune communauté compacte se mettant collectivement en marche au même moment de même qu'elle nuance le caractère systématique de violence. Ces modèles sont de deux types, nullement exclusifs. Le premier modèle appelé « avancée par vagues » part du principe que les civilisations agricoles, voyant croître leur population et par conséquence leurs besoins en nourriture, se sont étendues progressivement aux dépens des civilisations de chasseurs-cueilleurs qui les entouraient. On peut penser par exemple à la colonisation de lAmérique les Européens, toujours plus nombreux, se sont emparés progressivement des terrains appartenant aux populations indigènes. Le deuxième modèle est celui du « transfert des élites » de petits groupes conquièrent un territoire déjà peuplé dont ils remplacent lélite dominante tout en laissant en place les structures sociales et économiques traditionnelles. On pense ici à la conquête de lAngleterre par les Normands : la population locale demeura sur place, mais fut soumise par la force des armes à un groupe étranger qui simposa comme maitre de léchiquier politique.

Le deuxième problème est relié au mot « barbare ». Les Romains (et les Grecs avant eux) regroupaient sous ce terme tous ceux qui ne parlaient pas leur langue et ne partageaient pas leur modèle de civilisation basé sur la cité et lécriture. Avec lextension du christianisme apparait un deuxième clivage, cette fois entre chrétiens et païens, le terme « barbare » étant maintenant utilisé pour décrire des populations non ou faiblement christianisées. D le sens péjoratif de non-civilisé qui était associé à ce terme et par voie de conséquence les préjugés de « cruel », « féroce », « inhumain » que véhiculent les sources :

« Des nations innombrables et féroces se sont rendues maitresses de la Gaule. Tout le territoire compris entre les Alpes et les Pyrénées, lOcéan et le Rhin a été dévasté par les Quades, les Vandales, les Sarmates, les Alains, les Gépides, les Hérules, les Saxons, les Burgondes, les Alamans, les PannoniensMayence a été prise et détruite, et des milliers dhommes égorgés dans léglise. Worms est tombé après un long siège. Reims…, Arras…, Tournai, Spire, Strasbourg, ont été transférées en Germanie; Aquitaine, Novempopulanie, Lyonnaise, Narbonnaise ont été dévastées[5].

Certes dans de nombreux cas, larrivée détrangers sest effectivement accompagnée de violence à lendroit des populations existantes. Mais dans dautre cas, les territoires arrivaient les migrants étaient vides doccupants; les nouveaux venus pouvaient dès lors sy installer sans brutalité même sil sagissait dun territoire appartenant à lempire romain. existait une population autochtone, surtout si celle-ci possédait une civilisation supérieure, cest souvent cette dernière qui procèda à lacculturation des nouveaux arrivants, moins nombreux quelle. Ce fut le cas dans les Balkans les Slaves adoptèrent la langue de la majorité de la population parmi laquelle ils sétaient établis et ils ne formaient quune minorité[6]. Le même phénomène semble sêtre produit dans le cas des Lombards du VIe siècle qui perdirent progressivement leurs caractères distinctifs pour adopter les traditions des peuplades établies sur le moyen Danube dominé par les Gépides[7].

La notion allemande de Völkerwanderung ou « migration des peuples » pose également problème. Elle présuppose, tout comme lexpression française, la « migration », cest-à-dire le déplacement de toute une population quittant massivement le territoire ancestral pour faire fortune ailleurs. La réalité, comme le démontre la recherche est infiniment plus complexe. Certes, il y eut des migrations massives, comme celle de dizaine de milliers de Goths qui quittèrent lItalie pour les Balkans en 473, groupe qui atteignait presque cent mille personnes en raison de lajout de Goths de Thrace et de réfugiés ruges lorsquil quitta les Balkans pour lItalie en 488[8]. Mais dans de nombreux autres cas, il est plus que probable quil se soit agi de petits groupes dindividus particulièrement aventureux, qui pour diverses raisons (économiques, politiques ou par simple recherche de la gloire), laissaient derrière eux parents et amis pour se lancer dans une aventure à l'instar, quelques siècles plus tard, de Christophe Colomb partant découvrir l'Amérique. Progressivement, ce groupe est amené à grossir si laventure se voit couronnée de succès, mais aussi à disparaitre en cas dinsuccès. On pense par exemple aux nombreuses scissions qui se sont produites chez les Hérules et qui amenèrent les uns en Scandinavie, les autres à se subordonner aux Gépides ou à lempire dOrient[9].

Par ailleurs, ce terme de « migration » fait référence à un processus que lon conçoit de nos jours de façon bien différente que dans le passé. Le rapport que Jordanès fait de la migration des Goths vers la mer Noire a longtemps servi de modèle au concept traditionnel :

Lorsque son peuple se fut beaucoup augmenté en nombre, le roi Filimer, fils de Gadaric […] prit la décision que larmée des Goths et leurs familles devraient quitter cette région (près de la Baltique). Dans leur recherche de lieux habitables et plaisants, ils arrivèrent en Scythie, que lon appelait Oium dans la langue locale. Ils furent enchantés de la richesse du pays et on dit que lorsque la moitié de larmée eut traversé la rivière, le pont sécroula de telle sorte que personne ne pouvait plus passer dune rive à lautre. […] Cette partie de larmée qui avait traversé la rivière et qui était entrée avec Filimer dans le pays de Oium prit possession de cette terre convoitée. Elle fit bientôt face à des gens de la race de Spali; il y eut combat et larmée de Filimer fut victorieuse. De , les vainqueurs se hâtèrent vers les confins du pays scythe qui est près de la mer Noire[10].

Limpression que lon retire de cette description est celle dun roi unique qui conduit un peuple unifié vers de nouvelles terres et fonde un nouveau royaume après avoir vaincu (et probablement chassé) les populations autochtones. Dune part, ce modèle étendu à lensemble des migrations ne rend pas compte des différences existant entre les invasions des IIe / IIIe siècles et celles des IVe / Ve siècle; dautre part, il ne correspond pas à la réalité des faits.

Dans le cas précis que décrit Jordanès, il est avéré que non seulement les Goths mais toute une série de peuplades germaniques prirent part à cette migration. Par ailleurs, celles-ci nagirent pas comme un groupe unifié : aucune autre source que Jordanès ne fait référence à un Filimer qui aurait été lunique chef des Goths; elles mentionnent au contraire divers chefs comme Cniva, Argaith, Guntheric, Respa, Veduc, Thuruar et Cannabaudes. Dautres sources montrent que divers groupes opérèrent de façon différente, les uns par terre, salliant parfois à dautres tribus, les autres par mer, sur un vaste territoire sétendant de lembouchure du Danube ( lempereur Dèce fut tué) jusquà la Crimée distante de plus de mille kilomètres. Enfin, le résultat de cette migration fut, non pas la création dun seul royaume comme limplique Jordanès, mais de plusieurs. Selon Heather, Jordanès a simplement plaqué la réalité goth du VIe siècle il a vécu sur le IVe[11].

De la même façon, la notion de « peuple » hérité de lère des nationalités représentant des groupes sociaux homogènes fermés aux étrangers ne peut sappliquer aux premiers siècles de notre ère. Ne serait-ce quen raison des difficultés de transport, les « peuples » si on se réfère à une notion géographique se limitaient souvent à ce qui ne serait aujourdhui quun département. En termes de société, et en dépit de ce quimpliquent les termes latins de gentes ou de nationes, le terme de tribu ou de peuplade savèrerait plus adéquat pour décrire la réalité que celui de peuple. Dans de nombreux cas, on voit de petites communautés sintégrer à des collectivités plus importantes. Ainsi, on pouvait trouver des Ruges ou des Hérules associés à des communautés de Goths. Dans ces cas, on doit plutôt parler dalliances que de peuples et lidentité ainsi engendrée serait de nature politique plutôt que culturelle. La recherche contemporaine a ainsi démontré que des similitudes de langues, de vêtements ou même darmes ne suffisaient pas à confirmer lappartenance à une communauté ethnique[12]. Ceci implique que divers groupes pouvaient se fusionner tout en restant loyaux à leur communauté[13].

La déclin de lempire romain dOccident

Il est difficile de définir le rôle précis que les grandes migrations ont joué dans leffondrement de lempire romain dOccident. Il est certain que Rome à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle nétait plus en mesure dempêcher comme elle lavait fait dans le passé larrivée nouveaux arrivants et encore moins de les intégrer dans lempire. Létablissement de « royaumes » (regna) germaniques aux Ve et VIe siècles dans lOuest de lempire savéra donc un processus complexe et malaisé à cerner, contrairement à ce que lon a longtemps pensé en décrivant les choses de façon assez simpliste[14].

Cest ainsi que, dans son livre LEmpire chrétien publié en 1947, le médiéviste André Piganiol affirmait que la civilisation romaine avait été proprement détruite par les Germains. Une thèse aussi simple ne peut plus être soutenue de nos jours. De la même façon, en particulier au cours de la première moitié du vingtième siècle, de nombreux historiens aussi bien dans le monde roman quanglo-saxon ont avancé des théories qui reflétaient davantage les démêlés de leurs gouvernements avec lÉtat allemand dalors que la réalité historique. En retour, de nombreux historiens nationalistes allemands, principalement au temps du nazisme, ont tenté de prouver le soi-disant « héritage allemand » de lépoque des grandes migrations[15].

Les recherches faites depuis les années 1970 ont mis laccent sur le fait que lAntiquité tardive (et dès lors lère des grandes migrations) fut une période de transformation culturelle au cours de laquelle les peuples migrateurs ont joué un rôle vital. Elle reconnait en même temps que cette période en fut une de grande violence et de déclin économique considérable[16].

invasion des Huns
L'invasion des Huns précipita le déclin de l'empire romain d'Occident. Illustration de Geiger (1873): Les Huns au combat contre les Alains

La plupart des historiens saccordent toutefois pour voir dans larrivée des Huns lune des causes premières du déclin de lempire romain dOccident[17]. Au contraire, lempire romain dOrient, qui avait été leur premier objectif résista à leurs assauts principalement parce que ces peuplades ne parvinrent pas à passer dEurope vers les riches provinces dAsie mineure, les murailles de Constantinople se révélant toujours un obstacle infranchissable. Lui-même aux prises avec ces envahisseurs, lempire dOrient ne fut pas non plus en mesure daider efficacement lempire dOccident à leur résister. Sur le plan culturel, la culture classique de lAntiquité n'avait probablement plus la vitalité nécessaire pour survivre sur la partie du continent européen progressivement, après linstallation de ces peuples, seffectua une symbiose des cultures germanique et romaine[18]. Tout au cours du cinquième siècle, la politique romaine consista la plupart du temps à dresser les diverses tribus barbares les unes contre dautres; ainsi, elle opposera les Wisigoths dEspagne aux Vandales et, plus tard, les Ostrogoths dItalie contre Odoacre. Lorsque victoire il y aura, ce sera une victoire à la Pyrrhus, car chaque fois quune peuplade barbare sortira victorieuse de ces batailles, elle se servira de sa nouvelle puissance pour mieux lutter contre Rome. Bien que lon considère la « barbarisation » progressive de larmée romaine comme lune des causes de la décadence de lempire, ce sont moins les barbares intégrés dans larmée régulière romaine qui joueront un rôle décisif dans la chute finale que les foederati germaniques. Il sagissait en fait dun cercle vicieux, car en semparant des provinces les plus riches, en particulier de celles dAfrique du Nord, les peuplades germaniques de même que les Huns privèrent Rome des ressources financières qui lui permettaient de maintenir la puissance de son armée, ce qui obligea à lenrôlement de foederati en nombre toujours plus considérable dans ses rangs. Intégrant ainsi de plus en plus déléments étrangers, les troupes échappèrent progressivement au contrôle de lempereur, remplacèrent progressivement les troupes régulières et, leur groupe ethnique fut assez fort, établirent de facto des royaumes sinon indépendants, du moins autonomes. Alors quelles échappaient progressivement à lautorité de lempereur dOccident, elles continuèrent à accepter, du moins théoriquement jusquau sixième siècle, le pouvoir nominal de lempereur romain dOrient dont elles renforcèrent la légitimité. Les guerres sanglantes de lempereur Justinien démontrèrent quen 550, il était encore possible denvisager une intervention impériale en Occident; mais elles rendront tout aussi évidentes les limites des ressources militaires dont disposait lempereur dOrient.

Les royaumes romains-germaniques

On doit à lefficacité de ladministration romaine la création des royaumes (regna) germaniques sur le territoire de lempire : Goths en Italie (occupés, plus tard, par les Lombards) et en Espagne, Vandales en Afrique du Nord, Francs et Burgondes en Gaule; les petits royaumes anglo-saxons de Bretagne joueront à cet égard un rôle particulier. Ces royaumes auront une influence considérable sur lévolution de lEurope au Moyen Âge. Neût été le modèle emprunté à lempire romain de lAntiquité tardive, ces petits royaumes, qui continueront à maintenir de nombreux liens avec lempire, nauraient pu exister. Cest grâce à ce modèle par exemple que Wisigoths dEspagne et Ostrogoths dItalie pourront assimiler la culture romaine et éventuellement se servir delle à leur propre fin sans la détruire. Comme la écrit le médiéviste Patrick J. Geary :

« Le monde germanique fut peut-être la plus brillante et la plus durable création du génie politique et militaire de Rome[19]. »

Cette intégration des peuples germaniques fut cependant rendue plus difficile par les schismes qui divisaient déjà le monde chrétien. En sétablissant sur le territoire de lempire, les nouveaux arrivants jusqualors païens, adoptèrent assez rapidement la foi chrétienne mais souvent selon la confession arienne, venant ainsi en conflit avec les autorités impériales de mouvance catholique.

Numériquement, les nouveaux arrivants germains étaient nettement inférieurs en nombre aux Romains. Bien que seuls des estimations soient possibles, il est certain que les auteurs de lAntiquité et du Moyen Âge avaient une nette propension à lexagération. De 20 000 à 30 000 hommes soldats constituaient certainement la limite absolue de ces groupes migrants qui en comptaient souvent beaucoup moins lorsquil sagissait de groupes daventuriers conduits par des « seigneurs de la guerre »[20]. Les Germains ne constituaient dès lors quune minorité peu importante au sein des populations romaines dans les provinces ils sinstallaient, ce qui les incita souvent à adopter une politique de coopération avec les autochtones de sorte que lon peut effectivement parler de « royaumes romano-germaniques »[21]. De ces divers royaumes, seuls ceux des Francs, des Lombards, des Anglo-saxons et des Wisigoths eurent une existence durable.

Première période : les mouvements migratoires germaniques du IIIe siècle

invasions du II au V siècle
Les mouvements migratoires du IIe au Ve siècle

Les grands mouvements migratoires des populations germaniques commencèrent bien avant leur arrivée dans lempire. Cest dans la deuxième moitié du deuxième siècle que les Quades, Marcomans, Lombards et Sarmates firent leur apparition sur le Danube et envahirent les provinces de Rhétie, Norique, Pannonie et Mésie. Au début du troisième siècle, les Alamans firent leur apparition et menacèrent le limes à la charnière entre le Rhin et le Danube. En 233, la recrudescence des menaces sur le Danube força lempereur Sévère Alexandre à ramener les Illyriens dOrient. Lannée suivante, les Alamans envahirent le secteur rhétique du limes et poussèrent vers les champs Décumates[22]. Une décennie plus tard, franchissant le limes, les Alamans parvinrent à leur tour en Rhétie. Au début de la deuxième moitié du troisième siècle, les Alamans et les Francs envahirent la Gaule. Repoussés outre-Rhin par lempereur Gallien, les Francs reviendront en Gaule dans les années 260 alors que les Alamans, feront de même à partir de Rhétie. Des groupes se rejoignirent alors et poussèrent vers le centre et le sud-est de la Gaule. Certaines parvinrent même en Espagne et en Maurétanie; dautres envahirent lItalie ils furent battus par Gallien à Milan. Après le bref règne de lempereur Claude, lempereur Aurélien devra se battre en Pannonie contre les Vandales et les Sarmates pendant que les Juthunges envahirent lItalie; ils seront arrêtés à Fano et Pavie. En 275, les Francs pénétrèrent plus avant en Gaule par le Rhin et la Meuse pendant que les Alamans progressèrent en suivant les vallées de la Saône et du Rhône. Deux années plus tard, Probus mit fin à leur invasion en Gaule et, en 278-279, délivra la Rhétie des Burgondes et des Vandales[23].

Nous ne sommes renseignés sur les nombreux mouvements migratoires qui eurent lieu au-delà de lhorizon romain que par des récits émanant de traditions orales et mis par écrit alors quils prenaient une dimension mythique. Lune des plus connues de ces traditions séculaires est la soi-disant De origine actibusque Getarum, ou Histoire des Goths (aussi connue sous le nom de Getica) de Jordanès qui date du VIe siècle. Contrairement aux prétentions de lauteur à leffet que les Goths seraient originaires de Scandinavie, on sait maintenant quils sont partis de la région de la Vistule au deuxième siècle après Jésus-Christ et se sont dirigés vers la mer Noire, chassant dabord les Daces de leur territoire et les forçant à se réfugier en Transylvanie[24]. Les Goths occasionnèrent ainsi le premier grand mouvement migratoire en refoulant les Vandales et les Marcomans vers le sud et les Burgondes vers louest. Ce déplacement de peuples fut lune des causes des guerres avec les Marcomans au cours de laquelle les Romains ne purent venir à bout des Germains quavec difficulté[25]. Au cours des années cinquante et soixante du troisième siècle, profitant de ce que Rome devait faire face à la crise du troisième siècle, des bandes de Goths savancèrent toujours plus avant sur le territoire de lempire[26]. En 252-253, ils ravagèrent les côtes de lAsie Mineure ainsi que la rive droite du Rhin avant denvahir les Balkans et la Grèce par terre et par mer en 267. Ils furent écrasés par Claude à Naïssus en 269. En 275, les Goths, aidés cette fois des Alains, envahirent à nouveau lAsie Mineure jusquen Cilicie. Trois ans plus tard, Probus lança une campagne contre eux et parvint à nettoyer la région du Danube[23].

Au cours des années 290, les Goths se divisèrent entre Thervingues/Visigoths et Greuthungues/Ostrogoths[27]. Les Greuthungues ou « Goths de lEst » sétablirent près de la mer Noire se trouve aujourdhui lUkraine. Les Thervingues ou « Goths de lOuest » se dirigèrent dabord vers la péninsule des Balkans pour s'établir dans un territoire au nord du Danube connu de nos jours comme la Transylvanie. Les Thervingues vinrent ainsi en contact direct avec Rome ce qui entraina des conflits militaires qui ne furent cependant pas décisifs. En 332, les Goths vivant près du Danube obtinrent le statut de foederati ce qui les obligeait par traité à apporter une assistance militaire aux Romains. La migration des Goths revêt une importance particulière en raison des évènements qui sensuivirent : non seulement linvasion des Huns en 375 (voir plus bas) les chassa-t-elle de leur nouveau territoire, mais encore entraina-t-elle de fréquents déplacements des Goths au cours desquels Rome dut lutter pour sa survie.

À peu près à la même période, les Lombards quittèrent la région située entre la mer du Nord et Hambourg sur lElbe pour se diriger vers la Moravie et la Pannonie. De petites incursions dans les territoires contrôlés par Rome furent ou bien repoussées ou se traduisirent par des rectifications mineures de la frontière. Plus à lOuest, la confédération des Alamans força Rome à abandonner le limes germano-rhétique; les Alamans firent sentir leur pression de Mayence à Ratisbonne, soit à la fois sur le Palatinat, lAlsace, la Suisse et la Cisalpine[28]. Plusieurs tribus sétablirent le long de la frontière de lempire et, en tant qualliées, servirent de zones tampons contre les autres tribus ennemies.

Rome tira les leçons qui simposaient des invasions du troisième siècle et, dès le début du quatrième prit les mesures appropriées. Depuis la fondation de lempire perse des Sassanides, Rome était menacée sur plusieurs frontières à la fois. Les combats violents avec les bandes perses avaient monopolisé les forces romaines et avaient ainsi rendu possibles les invasions germaniques du troisième siècle. Il devenait donc nécessaire de rendre larmée romaine à la fois plus efficace et plus mobile. Les empereurs Dioclétien et Constantin, après avoir réparti larmée entre comitatenses (armée de campagne ou daccompagnement) et limitanei ou armée de protection des frontières, reconquirent les territoires sur le Rhin et le Danube au nord, y construisirent plusieurs fortifications et renforcèrent les frontières du Nord et de lEst. La bataille décisive de Strasbourg, disputée en 357 entre l'armée de lempire romain dirigée par le caesar Julien l'Apostat et la confédération tribale alamane conduite par le roi Chnodomar, marqua le point culminant de la campagne pour empêcher les incursions barbares en Gaule et rétablir une ligne défensive forte le long du Rhin, ligne gravement endommagée pendant la guerre civile de 350 - 353 entre l'usurpateur Magnence et l'empereur Constance II. En dépit des difficultés quoccasionna pour elle le regroupement au cours du troisième siècle de diverses tribus en confédérations (Alamans et Francs) ainsi que la guerre quelle dut simultanément conduire contre les Perses, Rome réussit à repousser militairement toutes ces attaques[29] et à reprendre en 378 linitiative des campagnes. Toutefois, linvasion brutale des Huns devait radicalement changer le cours des évènements. Larmée romaine avait atteint la limite de son efficacité et ne pouvait faire montre de plus de flexibilité. Cet état de choses ainsi que les augmentations de taille et de force au sein des tribus migrantes sont les deux principales caractéristiques qui marqueront les mouvements migratoires ultérieurs et les distingueront de ceux des siècles précédents[30].

Deuxième période : les grandes invasions des IVe et Ve siècles

Larrivée des Huns et ses conséquences

« Le peuple des Huns, dont les antécédents sont assez mal connus, habite au-delà de la mer dAzov (alors connue comme « paludes Maeoticas ») près de la mer de glace et est dune nature on ne peut plus sauvage […] Cette race dhommes indomptables et habiles au combat ne vit que pour voler les biens des autres; pillant et assassinant, elle attaqua ses voisins de proche en proche jusquà ce quelle arrive au pays des Alains, les Massagètes dautrefois. »
Ammien Marcellin, Res Gestae, 31,2,1 : 31,2, 12.
reproduction d'un livre d'Ammien Marcellin
Reproduction datant de 1533 d'un des livres d'Ammien Marcellin dont les mémoires sont une source précieuse d'informations sur les grandes migrations

Les mémoires de lhistorien et ancien officier romain Ammien Marcellin dans son 31e livre sont les seuls qui donnent une vue densemble détaillée des invasions hunniques. Ammien, qui rapporte généralement les faits de façon consciencieuse, neut cependant pas une connaissance directe des évènements qui se produisirent en 375 hors des territoires de lempire dans ce qui est aujourdhui lUkraine (la chronologie de cette période est incertaine de telle sorte que même la date de 375 retenue généralement comme celle du début de linvasion des Huns est conjecturale)[31]. Quoi qu'il en soit, Ammien décrit les Huns comme des bêtes plutôt que comme des êtres humains. Il dépeint comment les Huns défirent dabord les Alains, puis détruisirent le royaume gothique dErmanaric en Ukraine, avec laide des Alains[32]. On ignore précisément encore aujourdhui d les Huns étaient originaires. On a longtemps cru quils étaient apparentés aux Xiongnu que lon retrouve dans les sources chinoises. La plupart des chercheurs contemporains ou bien rejettent cette hypothèse ou demeurent à tout le moins sceptiques, car un intervalle trop considérable sépare lapparition des deux groupes. Quant aux causes qui poussèrent les Huns à migrer, on ne peut que spéculer[33]. Les sources antiques concordent sur leur cruauté et leur manque de culture; par la suite, les auteurs occidentaux utilisèrent généralement le terme pour décrire tout groupe originaire des steppes dAsie centrale (comme on le fit aussi pour le terme « Scythes »). Les auteurs chrétiens furent prompts à voir une punition de Dieu dans lémergence subite des Huns dont la brutalité et la rapidité daction étaient aussi légendaires que la nouvelle arme quils utilisaient[34].

Il est établi que les Huns, qui navaient pas de commandement unifié, déclenchèrent la fuite désordonnée de nombreuses tribus germaniques et sarmates vers le sud et louest de lEurope. Ils sen prirent dabord aux Alains dont certains joignirent leurs rangs pour attaquer les Greuthungues. Ces derniers ayant vu leurs chefs, Ermenaric et Vithimer, périr dans lune des nombreuses batailles qui les opposèrent aux Huns fuirent vers le territoire des Thervingues en compagnie desquels ils se dirigèrent vers le Danube pour demander à lempereur Valens qui dirigeait la partie orientale de lempire la permission de se réfugier dans lempire romain et de s'installer en Mésie (la Serbie et la Bulgarie actuelles). Lempereur finit par consentir à leur requête en 376. Des milliers de Thervingues et autres réfugiés se présentèrent ainsi aux frontières du limes[35]. Sans doute, avait-on sous-estimé du côté des Romains le nombre de ces réfugiés que lon négligea de désarmer. Les autorités en charge d'organiser l'accueil des Goths, plus préoccupées par les possibilités de tirer un profit immédiat de la situation que de gérer la crise au mieux, furent vite débordées. L'administration nétait pas préparée à prendre en charge des populations aussi importantes de telle sorte que les Goths durent patienter longtemps sur les deux rives du Danube. Le comes de Mésie, Lucipinus, revendit à un prix exorbitant les matières premières et les ressources alimentaires que l'Empire avait mis à sa disposition pour la construction de centres dhébergement. Si bien que les Goths furent rapidement réduits à la famine et quau début de 377, ils se révoltèrent contre les Romains[36].

À prime abord, les évènements qui suivirent ne semblaient guère présenter un grave danger. Lempereur Valens abandonna lidée dune campagne contre les Sassanides et rassembla ses troupes pour marcher contre les Goths de Thrace. Mais au cours de lété 377, les Romains réalisèrent quil ne serait pas aussi facile de vaincre les Goths quils lavaient dabord cru. Lempereur se rendit lui-même en Thrace au printemps de 378 et muta de nombreux officiers supérieurs. Gratien, le neveu de Valens et César dOccident avait également promis son aide, mais ne put y donner suite en raison dune attaque des Alamans; ceci devait amener Gratien à conduire une opération outre-Rhin, la dernière quy dirigera un empereur romain. Le 9 aout eut lieu la première bataille dAndrinople (aujourd'hui Edirne en Turquie européenne) entre les Goths commandés par Fritigern et larmée romaine. Sans quil ny ait eu nécessité, Valens et quelque 30 000 soldats, lélite de larmée de lEst, se déploya en rase campagne[37]. De leur côté, les Thervingues avaient également reçu des renforts sous la forme de la « confédération des trois peuples », formée de Greuthungues, dAlains et de quelques Huns déserteurs, laquelle voulait se soustraire à la domination des Huns[38]. De plus, les espions romains avaient sous-estimé la force de larmée ennemie composée de quelque 20 000 soldats. Les Romains exténués par leur longue marche sous un soleil de plomb et sans approvisionnement suffisant, se trouvèrent dépourvus devant la cavalerie hautement mobile de leurs ennemis pendant que linfanterie des Goths les assaillait de toutes parts. Seul le tiers des forces romaines put séchapper et lempereur Valens tomba au combat. Avec lui, de nombreuses unités délite de larmée dOrient furent anéanties de même quun grand nombre dofficiers supérieurs dont deux des plus hauts gradés[39]. Ammien, qui écrivit son ouvrage entre 391 et 394, la termine avec la bataille dAndrinople quil compare à la bataille de Cannes Hannibal remporta une bataille décisive sur les légions romaines au cours de la deuxième guerre punique[40].

De la bataille dAndrinople au sac de Rome en 410 : les Goths sétablissent dans lempire romain

Le traité de 382 entre Rome et les Goths

conversion de Théodose
Théodose qui signa le traité de 382 avec les Goths fut aussi celui qui adopta le christianisme comme religion d'État. Toile de Pierre Subleyras (1745): Saint Ambroise convertissant Théodose

Bien que les conséquences de la défaite dAndrinople aient été sérieuses, elles ne signifiaient nullement la fin de lempire. Si la Thrace était maintenant grande ouverte devant les Goths ceux-ci ne purent exploiter leur victoire[41]. Gratien, qui dirigeait la partie occidentale de lempire, se hâta de nommer un nouvel empereur en Orient. Il choisit à cette fin un militaire originaire dEspagne, Flavius Théodose, dont le père qui portait le même nom, sétait déjà illustré comme général[42]. Théodose, qui devait adopter le christianisme comme religion dÉtat, se révéla dun tout autre calibre que Valens. Il établit son quartier général à Thessalonique en 379 d il conduisit de nombreuses opérations contre les Goths. Toutefois, les offensives romaines souffrirent de labsence dofficiers qualifiés, si bien que Théodose dut finalement accepter de composer avec les « barbares ». Il commença par accueillir Athanaric, alors en mauvais termes avec Fritigern à Constantinople en 380/381 et à intégrer ses partisans dans ses propres troupes. Gratien qui, en 380, avait accepté de voir une partie de la confédération des trois peuples sétablir en Pannonie et en Thrace finit par envoyer des officiers qualifiés en Orient, au nombre desquels Bauto et Arbogast lAncien. Mais ce fut le commandant en chef Flavius Saturninus qui, en octobre 382, devait conclure un traité avec les Goths de Thrace. Le foedus du 3 octobre 382 conclu avec Fritigern permettait aux Wisigoths de sinstaller entre le Danube et lHémus. En tant que nation indépendante établie en terre dempire, ils demeurèrent soumis à leurs propres lois et exempts dimpôts mais nobtinrent pas la permission de marier des citoyens romains lesquels conservèrent les seules lois romaines. La terre sur laquelle ils furent établis demeura terre dempire même si les Goths y jouissaient dune certaine autonomie. En contrepartie, ils devaient servir comme fédérés mais sous leurs propres chefs lesquels demeurèrent sous la juridiction dofficiers supérieurs de larmée romaine. Ce traité créait ainsi un précédent : une nation germanique fédérée pouvait sétablir à lintérieur des frontières de lempire tout en maintenant son statut de nation indépendante et, en théorie du moins, traiter avec Rome dégal à égal[43]. Ce traité a souvent été considéré dans le passé comme le début de la fin de lempire dOccident puisque des barbares navaient jamais accédé auparavant à un tel statut dautonomie ni ne sétaient installés si près de Rome. Toutefois, un certain nombre de chercheurs contemporains soutiennent que ce traité ne tranche pas fondamentalement sur les autres traités similaires[44]. Rome continuait à revendiquer son autorité sur lensemble de lempire tout en disposant à la fois dune nouvelle main dœuvre rurale et de nouvelles troupes permanentes alors que les citoyens romains de naissance hésitaient de plus en plus à senrôler dans larmée. Ce nest que par la suite que lon constata que les soldes élevées consenties aux nouveaux soldats constituaient un poids financier onéreux. Ces mêmes chercheurs considèrent donc plutôt ce traité comme le début du processus devant mener à la création de royaumes barbares sur le territoire de lempire[45].

Les Goths à la fois « fédérés » et ennemis de Rome

Les nouveaux fédérés devaient jouer un rôle important dans la politique militaire de Théodose. Celui-ci poursuivit avec détermination une politique réaliste et, contrairement à ce que prétend Jordanès, ne fut pas qu’« un ami des Goths »[46] comme en témoigne le taux élevé de pertes au sein de leurs troupes. Toutefois, la politique dintégration menée par lempereur ne réussit pas à réconcilier tous les Goths. Si certains, comme Fravitta demeurèrent fidèles à Rome, dautres considérèrent les concessions du traité comme insuffisantes. Déjà en 391 certains dentre eux sétaient révoltés et ne furent défaits par le général romain Stilicon quavec difficulté. En 392, le traité de 382 fut renouvelé; cest à cette occasion que lon vit apparaitre pour la première fois dans les sources le nom dAlaric, descendant de la famille aristocratique des Balthes et chef dun nouveau peuple émergeant, les Wisigoths[47].

diptyque de Stilicho
Diptyque montrant le généralissime Stilicon avec son épouse Serena et leur fils Eucherius (vers 395)

En 394, dans la guerre qui lopposa à lusurpateur Eugène, larmée de Théodose comprenait des troupes romaines sous le commandement de Timasius et de Stilicon, des fédérés goths sous celui dAlaric et de Gaïnas et des contingents orientaux (Arméniens, Arabes et Mèdes) sous celui du prince géorgien Bacurius. Les Goths eurent à déplorer de nombreuses pertes; il nest pas impossible que Théodose ait agi délibérément pour affaiblir un ennemi potentiel. La mort de Théodose à Milan en 395 dégageait les parties de leurs obligations; les Goths reçurent ainsi la permission de retourner à lEst mais se rendirent compte bientôt que les territoires qui leur avaient été alloués avaient été dévastés par les Huns. Amer, Alaric se dirigera vers Constantinople pour obtenir de force un nouveau traité[48]. Les deux années suivantes virent se succéder des hauts et des bas au cours desquelles Stilicon fut opposé aux Wisigoths pendant quAlaric fit le va-et-vient entre lEst et lOuest, et que la partition de 395 entre les deux fils de Théodose, Honorius (Occident) et Arcadius (Orient) entrainait de nouveaux conflits qui sexacerbèrent rapidement.

Arcadius dut finalement acheter la paix en nommant Alaric magister militum per Illyricum et en chargeant les Wisigoths d'occuper l'Illyrie que l'empereur d'Occident Honorius tenait, prétendait-il, au mépris de ses droits. En 397, les Goths occupèrent la région mais la quittèrent en 401, probablement en raison du sentiment anti-Goths qui allait croissant à lEst et du caractère âpre de la région. L'Italie était toute proche. Ils se mirent en route vers elle en longeant les rivages de l'Adriatique. Pour sauver l'Italie menacée, l'Occident réunit toutes ses forces en un effort suprême. Stilicon rappela de Gaule, de Norique, de Rhétie, les légions qui défendaient le passage du Rhin et du Danube. Il défit les barbares dans deux grandes batailles, à Pollentia et à Vérone, et les rejeta dans le Frioul. Malgré ces victoires, les finances épuisées de l'Empire ne lui permettent plus d'entretenir sur les frontières les armées solides qui eussent pu contenir partout la poussée des Germains refoulés par Attila dont les hordes continuaient à s'avancer triomphantes vers l'Ouest. Stilicon n'avait sauvé l'Italie qu'en laissant sans défense toutes les provinces situées au nord des Alpes. Le résultat ne devait pas s'en faire attendre[49].

Depuis quelques années, Stilicon, qui était devenu le véritable homme fort de lOccident, cherchait à se servir des Goths à ses propres fins[50]. Stilicon, qui planifiait une expédition pour récupérer lIllyrie dut abandonner en 406 lorsque, de façon imprévue, des bandes de Germains venant de Norique et de la Rhétie traversent les Alpes sous la conduite de Radagaise, ravagent la Cisalpine et marchent vers Rome en demandant des terres. Une seconde fois, Stilicon dut réunir ses troupes en toute hâte et réussit à défaire les troupes de Radagaise près de Florence[51]. Pour sa part, Alaric, qui sentait monter en Occident une haine antigermanique semblable à celle qui sétait manifestée quelques années plus tôt en Orient, amena ses propres troupes sur la frontière italienne en 401 et exigea du gouvernement impérial de Ravenne une importante compensation financière[52]. De plus en plus isolé à la cour de Ravenne, Stilicon nintervint pas lorsque, en aout 408, des soldats de nationalité romaine massacrèrent les chefs germaniques de lentourage de lempereur. Les Goths abandonnèrent alors Stilicon qui fut tué le même mois.

La conquête et le sac de Rome en 410

sac de Rome par Alaric
Le sac de Rome par Alaric en 410 d'après une miniature française du XVe siècle

En novembre 408, les non-catholiques furent exclus du palais; à travers lItalie, les familles des soldats goths furent massacrées. Aussi dès la fin de la même année Alaric se fit menaçant : non seulement ses forces étaient-elles intactes, mais elles sétaient accrues de divers contingents goths qui avaient servi dans larmée romaine sous Stilicon dont 12 000 soldats que celui-ci avait pu détacher des forces de Radagaise. Le faible empereur Honorius refusa de négocier si bien quAlaric décida de dénoncer le traité conclu précédemment et de marcher contre Rome, ce quil fit à trois reprises. Si, depuis des années Rome nétait plus la capitale de lempire, elle navait rien perdu de sa valeur symbolique. En octobre 408, la population de Rome régnaient la soif et la faim put échapper à son destin en versant un fort tribut[53]. Malgré cela, ni les sénateurs ni lévêque de Rome ne parvinrent à convaincre lempereur en sécurité à Ravenne de négocier. De telle sorte quAlaric se présenta à nouveau aux portes de Rome il nomma empereur le sénateur Priscus Attalus. Ce dernier ne répondit pas toutefois aux attentes dAlaric et fut licencié quelque deux ans plus tard. En même temps seffondraient les espoirs dAlaric de pouvoir traverser en Afrique du Nord. À tout le moins, les Goths parvinrent-ils à battre le général romain Sarus, un ancien concurrent dAlaric à la tête des Goths[54]. À court doptions, Alaric ne vit quune solution : le 24 octobre 410, les Goths semparèrent de lancienne métropole sur le Tibre quils mirent à sac. Alaric, qui à linstar de la plupart des Goths était chrétien, ordonna simplement dépargner les églises[55].

La responsabilité de la prise de Rome, la première depuis linvasion des Gaulois en 387 av. J.-C., est due sans nul doute à lentêtement dHonorius. Non seulement celui-ci avait-il mal évalué la gravité de la situation, mais encore il navait-il plus de Stilicon disponible pour faire face aux Goths. Rome devait toutefois survivre à ce pillage. Pendant trois ans, les Goths demeurèrent en Italie. Passant par la Campanie, Alaric voulait les conduire en Sicile quand il mourut subitement non loin de Cosenza en 410. Les Wisigoths reconnurent comme successeur d'Alaric son beau-frère Athaulf. Pour se débarasser de lui, Honorius se résigna à lui donner en mariage sa soeur Gallia Placidia et le chargea d'employer ses forces à expulser les Vandales qui occupaient encore le sud de la Gaule. Cest , entre 416 et 418 quun accord finit par être conclu qui leur donnait des terres fertiles en Aquitaine et que leur leader fut reconnu comme un interlocuteur officiel de Rome[56]. La politique de Rome à leur égard avait évolué et huit ans après le sac de Rome, leur établissement en Gaule était vu comme un moyen de stabiliser lempire.

La prise de Rome et son pillage fit courir une onde de choc à travers lempire. Chez les chrétiens on la considéra comme les prémices de la fin du monde, alors que les païens y virent une punition pour sêtre détournés des dieux ancestraux. Le grand homme dÉglise Augustin dHippone (aujourdhui Annaba, Algérie) y trouva la source dinspiration pour son œuvre De Civitate Dei dans laquelle il tenta quelques explications. En revanche, lhistorien chrétien Paulus Orosius tenta dans son œuvre Historiae adversum paganos de démontrer que la Rome païenne méritait un destin encore pire que celui qui lui avait été réservé. Les effets de ces discussions entre spécialistes furent profonds, moins sur le plan politique toutefois que philosophique, et se firent ainsi sentir pendant des siècles[57].

Le passage du Rhin de 406/407 et ses conséquences : les Goths en Aquitaine et les Vandales en Afrique du Nord

La débâcle sur la frontière du Rhin : invasions et usurpations

Le 31 décembre 406, plusieurs tribus barbares traversèrent le Rhin dans les environs de Mogontiacum (aujourdhui Mainz) soit quelles fuyaient devant les Huns, soit quelles cherchaient des vivres[58]. Les trois principaux groupes étaient les Vandales, les Suèves et les Alains. Les Vandales pour leur part étaient divisés en deux groupes, les Hasdings et les Silings. Ils étaient établis vers lan 400 dans le sud de ce qui est aujourdhui la Pologne et la Tchéquie, quoiquune partie dentre eux ait été fixée par lempereur Constantin en Pannonie[59]. Pendant lhiver 401/402, ils attaquèrent par surprise la province romaine de Rhétie. Une partie dentre eux se joignirent à lexpédition de Radagaise mentionnée plus haut. Il est plus difficile de déterminer lorigine des Suèves. Si ce nom apparait dans les sources du début de lempire, il disparait entre 150 et 400. On désignait probablement ainsi certains groupes marcomans et quades qui avaient fait partie de lancienne confédération suève et qui sétaient établis, comme les Vandales, dans la région du moyen Danube, à louest des Carpates[60]. Les Alains iraniens avaient été chassés de leurs territoires traditionnels par les Huns. Une partie dentre eux sétait jointe en 405/406 aux forces de Radagaise pour se mêler par la suite aux Vandales. Les Suèves finirent par les rejoindre et, de concert, ils senfoncèrent à lintérieur de la Gaule. Les Francs fédérés, établis sur ces territoires depuis le milieu du IVe siècle tentèrent sans succès darrêter les assaillants. Malheureusement, les sources ne nous permettent pas de suivre chacune des invasions dans tous les détails. Selon toute apparence, les envahisseurs se dirigèrent dabord vers louest et le nord de la Gaule avant de faire demi-tour et de se diriger vers le sud et le sud-ouest[61]. Les sources indiquent clairement les ravages que firent cette invasion sans que les quelques troupes romaines stationnées sur le Rhin puissent véritablement sy opposer. Toutefois, quelques années plus tard, la défense du Rhin fut, pour quelque temps du moins, renforcée. Le district militaire de Mayence fut possiblement rétabli suite à linvasion de 406/407.

Le passage du Rhin de 406/407, comparable à la rupture dune digue, était prévisible depuis quelque temps déjà. Cest ainsi que vers 400, le siège de la préfecture des Gaules, qui avec la préfecture de lItalie constituait lautorité administrative la plus au nord de lempire occidental, avait été transféré de Trèves à Arles. Le succès des envahisseurs avait profité des combats décrits plus haut entre Stilicon dune part, Radagaise et les Goths dautre part, de telle sorte que la Gaule se trouvait pratiquement vide de troupes. Cest probablement ce qui explique les tentatives de Stilicon pour gagner les Goths dAlaric et, avec leur aide, de rétablir lordre. La mort du général en 408 avait mis fin à ces plans. Lusurpateur Constantin III, le dernier dune longue liste dusurpateurs venant de Grande-Bretagne était passé avec le reste des troupes britanniques en Gaule et y avait établi sa propre autorité[62]. En même temps, le départ des troupes romaines de lile laissait présager à court terme la perte de la Bretagne. Les Pictes et diverses tribus irlandaises sétablirent dans la province romaine qui acquit de facto un statut dautonomie. Ce sur quoi on appela les Saxons à laide en 440, ce qui résulta en une main mise germanique même si de petits royaumes romains-britanniques purent subsister pendant longtemps dans le Pays de Galle et le sud-ouest de lAngleterre[63].

solidus de Constantin III
Solidus de l'usurpateur Constantin III

Proclamé empereur par ses troupes en 407, Constantin III parvint à conclure des ententes avec certaines tribus germaniques de Gaule, calmant ainsi lagitation qui y régnait tout en augmentant ses propres forces. Après avoir établi sa résidence à Arles dans le sud de la Gaule, il étendit son autorité sur lHispanie. Fin 409, il ne put cependant arrêter linvasion des Vandales, des Alains et des Suèves, qui sinstallèrent en Espagne. Il fut toutefois défait par le général Constantius (futur Constance III) et exécuté en novembre 411. En dépit de cette défaite lagitation reprit de plus belle en Gaule lorsque laristocratie gauloise proclama empereur lun des siens, Jovin, avec laide des Alains commandés par Goar et des Burgondes qui avançaient sur le Rhin pour créer bientôt leur propre royaume[64].

Lempereur Honorius semblait avoir perdu tout contrôle sur la Gaule. Un nouvel usurpateur, Maxime, se leva en Hispanie dont le règne fut de courte durée. Maintenant conduits par Athaulf, successeur dAlaric, les Goths sétaient retirés de Rome et sétaient rassemblés autour de Jovin. Tout comme cela avait été le cas pour un autre usurpateur, Attale, cette alliance ne devait guère durer et Athaulf laissa rapidement tomber Jovin[65]. Athaulf épousa en 414 à Narbonne la sœur dHonorius, Galla Placidia, tombée aux mains des Goths lors du sac de Rome; lannée suivante toutefois, Athaulf devait périr, assassiné. Lépisode vaut toutefois dêtre cité, car Athaulf, sous la direction duquel les Goths se transformèrent en une sorte darmée nomade à cheval[66], aurait déclaré pendant les cérémonies quil désirait remplacer la Romania par une Gothia[67]. Que lanecdote soit vraie ou fausse, elle montre que les Goths désiraient sétablir de façon permanente sur un territoire reconnu comme leur par Rome. Cest aussi ce qui explique pourquoi Athaulf désirait fortement sallier par mariage à la dynastie théodosienne, chose qui lui était difficile en tant que Goth et chrétien professant larianisme.

Létablissement des Goths en Aquitaine

Constantius, le général en chef dHonorius, avait fait preuve de grand talent militaire au cours de la guerre contre lusurpateur Constantin III. Il était alors devenu évident que des ressources humaines supplémentaires seraient nécessaires si on voulait lutter avec succès contre les envahisseurs. Le gouvernement de la partie occidentale de lempire fit donc à nouveau appel aux Goths dont le chef depuis la fin de 415 était Wallia; son but principal était de poursuivre la guerre contre les Romains afin de pouvoir traverser en Afrique du Nord. Dès les premiers mois de 416, il dut toutefois capituler devant Constantius. Gallia Placidia fit un retour sur la scène en épousant ce dernier le 1er janvier 417. Constantius apparaissait ainsi de plus en plus comme lhéritier de Stilicon[68]. Les Goths devinrent des foederati et Constantius les obligea à combattre les Germains et les Alains qui sétaient abattus sur lHispanie, ce que les Goths firent avec un certain succès[69].

En 418, les Wisigoths se virent assigner lAquitaine dans le sud-ouest de la Gaule comme foyer permanent. Les clauses des traités de 416 ou de 418 ne nous sont pas connues et doivent être déduits de citations éparses émanant des sources[70]. La recherche contemporaine demeure ainsi divisée sur des points essentiels. Lassujettissement (deditio) était la conséquence logique dun traité (foedus: les Wisigoths seraient installés dans la vallée de la Garonne de Toulouse à Bordeaux. Lune des grandes questions est de savoir si les Goths, comme il était dusage dans le système des fédérés romains, devaient être approvisionnés conformément au système de lhospitalitas en se voyant assigner des terres ou sils recevaient une quote-part des recettes fiscales[71]. Tout autant que les différentes modalités du traité, les conséquences de cette colonisation prêtent encore à controverse. Ainsi, la politique de plus en plus expansionniste que pratiquèrent par la suite les Wisigoths, résultat de la faiblesse du gouvernement romain, conduisit à lobtention dun statut dautonomie de fait; la création dun soi-disant royaume des Goths avec Toulouse comme première capitale, Tolède ensuite, aurait été un facteur de stabilité dans la région[72]. Cette colonisation se serait faite avec laccord de la haute société gallo-romaine qui ny voyait pas de menace puisque les Goths ne constituaient quune petite fraction de la population romaine locale, remarque qui vaut de façon générale pour toutes les gentes qui se mirent en marche durant cette période[73].

Les Vandales en Hispanie et la conquête de la province dAfrique

carte des migrations vandales
Carte illustrant les migrations des Vandales

Dans lintervalle, les Vandales de même quune large part des Suèves et des Alains avaient quitté la Gaule en 409 pour se diriger vers lHispanie[74]. Lune des sources les plus importantes pour les évènements qui se produisirent dans la péninsule ibérique sont les Chroniques de lévêque Hydace de Chaves. Celui-ci raconte avec éloquence lépouvante que ressentit la population face à la dévastation qui suivit larrivée des envahisseurs. En 411, ceux-ci purent arracher de haute lutte un traité au gouvernement de Ravenne dont lévêque Hydace nous a rapporté le contenu. En fonction de celui-ci, une partie des Vandales et des Suèves se voyaient attribuer le nord-ouest de la péninsule ibérique, les Alains la Lusitanie et la région de Carthagène, les Vandales Silings la Bétique (à peu près lactuelle Andalousie)[75]. Lorsquen 416 (voir plus haut) les Wisigoths descendirent en Hispanie à titre de peuple fédéré pour débarrasser la péninsule des envahisseurs, ils massacrèrent la majorité des Silings et des Alains qui sétaient installés dans le sud. Les survivants se réunirent autour du roi vandale Gundéric. Celui-ci se révéla un leader rassembleur de telle sorte quAlains et Vandales ne formèrent plus rapidement quun groupe homogène. Alors que les Suèves demeuraient dans le nord-ouest, les Vandales et les Alains se dirigèrent vers le sud. En 422, ils battirent une armée romaine et conquirent le principal port de la flotte romaine, Carthagène. Très rapidement, ils se transformèrent en audacieux pirates[76].

Après la mort de Gundéric, ce fut son demi-frère, Genséric (ou Geiseric) qui prit le commandement en 428. Ce fut lun des plus remarquables chefs de toute la période des grandes migrations[77]. Jordanès, dans son Histoire des Goths, nous a laissé un portrait détaillé de Geiséric bien que lon puisse se demander si, rédigé bien après la mort du roi vandale, il correspondait vraiment à la réalité[78]. Nous navons malheureusement pas de témoignage des Vandales eux-mêmes. Geiséric était certainement un leader déterminé et un homme avide de pouvoir pouvant agir lorsque nécessaire avec la plus grande brutalité. Afin dassurer ce pouvoir, il nhésita pas du reste à faire assassiner la famille de Gundéric. Il était également un militaire et un politicien habile dont la suite des évènements confirma les capacités. En 429, les Vandales et divers groupes qui sétaient joints à eux, soit environ 80 000 personnes, traversèrent le détroit de Gibraltar et sinstallèrent en Afrique du Nord[79]. Leur but était de semparer de la province dAfrique, grenier de lempire occidental et lune des régions les plus urbanisées de tout lempire. Les Wisigoths sétaient donné le même but après le sac de Rome, mais avaient échoué. Les Vandales partirent donc de Ceuta pour franchir quelque 2 000 km en direction de lest, semparant au passage de nombreuses villes romaines. En 430, ils se retrouvèrent devant Hippo Regius dont lévêque et célèbre théologien, Augustin, fut tué pendant le siège. Les Vandales prirent ensuite la direction de Carthage, qui à cette époque était lune des plus grandes villes de lempire ainsi que lun de ses ports les plus importants. Bien quils ne réussirent pas à semparer de la ville[80], les Vandales accomplirent quelques remarquables exploits dont la toile de fond est rapportée différemment par les diverses sources. Cest ainsi que Procope de Césarée, écrivain ayant vécu au VIe siècle rapporte dans le cadre de ses Histoires (ou Histoires de la guerre) que les Vandales auraient été invités suivant les règles par le commandant romain pour lAfrique, Boniface, parce quil avait eu maille à partir avec Ravenne[81]. La recherche contemporaine ne retient généralement pas cette hypothèse[82], car Boniface combattit les Vandales dès que ceux-ci se mirent en marche avec tous les moyens à sa disposition[83]. De plus, la situation entre Ravenne et Boniface sétait déjà régularisée en 429, ce dont ne parlent même pas les sources de lépoque[84].

Quoi qu'il en soit, les moyens dont disposait lempire dOccident ne suffirent pas à arrêter les Vandales. Afin de pouvoir se maintenir à Carthage, lempire dOccident se résolut à conclure un traité dont les clauses ne nous sont pas connues en 435. Ceux-ci se voyaient concéder la partie de la province déjà conquise. Pourtant, en 439, Geiséric profitant de loccasion tomba sur Carthage il sempara de la flotte romaine qui y était stationnée, coupant ainsi Rome de son approvisionnement traditionnel en céréales. Lempire dOccident neut dautre choix que de reconnaitre sa défaite dans un nouveau traité datant de 442[85]. La plus riche des provinces romaines était maintenant officiellement aux mains des Germains qui, de plus, devenaient une puissance maritime non négligeable. Sur ce point, les Vandales se distinguèrent des autres peuples germains de même que par le traitement réservé aux populations locales autochtones[86].

Lempire des Huns et la fin de lempire romain dOccident

Lempire des Huns sur le Danube et lascension dAetius

Bien que les sources nous informent que les Huns franchirent le Don en 375 et quils battirent les Alains et les Greuthungues, elles sont pratiquement inexistantes pour les décennies qui suivirent. Nous savons seulement que les Huns se livrèrent à dinnombrables razzias[87]. Pendant longtemps, les Huns ne semblent pas avoir agi sous un commandement unifié, ni même avoir eu une politique commune[88]. Pourtant, les Huns étaient capables de coordonner des opérations militaires comme le prouve leur invasion de lempire sassanide et des provinces romaines orientales à lété de 395[89]. À lhiver de la même année, dimportants contingents de Huns fondirent sur les Balkans[90]. Toutefois, on ne peut encore parler à cette époque dun empire hunnique, car on ne peut distinguer une forme dorganisation qui réunisse tous les groupes.

Le premier souverain que lon puisse concrètement identifier à la tête des Huns (la figure de Balamir ou Balamber nest aucunement certaine) est celle dUldin qui aux environs de 400 régna sur les Huns dans ce qui est aujourdhui la Roumanie[91]. Au cours de la même période, le maitre des milices Gaïnas, un Goth, tenta de jouer auprès de lempereur Arcadius à la cour de Constantinople un rôle similaire à celui de Stilicon à lOuest. Ceci traduit à la fois limportance du rôle joué par ce « maitre des milices » (magister militum) qui, en Orient, pourra être beaucoup mieux contrôlé au Ve siècle que ce ne fut le cas en Occident et limportance des foederati dans lempire. Après larrivée au pouvoir de lantigermanique Aurélien, devenu préfet du prétoire, Gaïnas entra à Constantinople avec ses barbares, mais la quitta bientôt. Ce fut le signal dun massacre de Goths à Constantinople. Traqué par le Goth païen Fravitta, Gaïnas passa le Danube et fut battu par Uldin[92]. Ce dernier, dont le territoire sétendait à lOuest jusquà la Hongrie daujourdhui, conclut un accord avec Stilicon en 406 pour arrêter la progression des Goths de Radagaise (voir plus haut). Bien que Uldin ait régné sur un vaste territoire, à aucun moment ne put-il prétendre régner sur lensemble des Huns[91]. En 404/405, Uldin sétait déjà emparé de territoires appartenant à lempire dOrient, exploit quil répéta en 408. Il dut cependant les rendre par la suite et mourut peu après.

Attila envahit l'Italie
Attila et ses hordes envahissant l'Italie d'après Eugène Delacroix (1798-1863

Après que le mouvement vers lOuest des Huns se fut heurté ici et à une vive résistance dautres groupes barbares[93] on assista à la lente création dun centre dautorité suprarégional dans lest des Carpates. Malheureusement, nous ne disposons que de très peu dinformations à ce sujet[94]. Les rares sources à notre disposition font toutefois mention à plusieurs reprises de troupes de Huns venant en appui à larmée romaine. En 427, les Romains auraient fini par céder la Pannonie aux Huns, mais le fait est contesté[95]. Divers leaders présidèrent aux destinées des Huns comme Charaton mais nous ne savons peu de choses à leur sujet. Vers 430, les deux frères Oktar et Ruga furent à la tête des Huns vivant le long du Danube. Après la mort dOktar en 430, Ruga continua seul à régner et semble avoir réussi à imposer un pouvoir plus organisé que ce navait été le cas auparavant. En 433, le général Flavius Aetius, nommé magister militum per Gallias, conclut un accord avec Ruga[96]. Élevé à la cour impériale de Ravenne, et plus tard envoyé comme otage à la cour d'Alaric, puis à celle de Ruga, il devient un ami du jeune Attila, neveu de Ruga (et son futur successeur). Pendant des années, Aetius se servira de diverses tribus, dont les Huns, pour combattre Wisigoths, Burgondes, Alains, Francs et autres, défendant ainsi le trône de Valentinien III et devenant le véritable maître de l'empire[97]. En 436, Aetius battit également les Burgondes du roi Gondicaire et les obligea à accepter la paix. Lannée suivante il envoya les Huns pour les détruire; 20 000 Burgondes périrent alors dans une bataille qui devait servir de base à la légende des Nibelungen. En 443, il négocia la réinstallation de ceux qui restaient en Sapaudie (la future Savoie, précisément les territoires entre Alpes et Jura)[98]. Il relocalisa également dans la région dOrléans une partie des Alamans qui étaient demeurés en Gaule[99]. Dans ses efforts pour maintenir la souveraineté de lempire sur la Gaule, il combattit les Francs qui sétablissaient progressivement sur le Rhin, ainsi que les Bagaudes qui sagitaient en Gaule et en Hispanie.

Ruga mourut en 434. Il nest pas impossible quil ait été assassiné sur lordre de ses neveux Bleda et Attila qui prirent le commandement dune grande partie des Huns maintenant établis en Europe.

Attila, chef des Huns

Bien quAttila ait acquis une renommée considérable quoique négative dans lhistoire de lEurope, on sait relativement peu de choses sur sa personne et encore moins sur sa jeunesse[100]. Après quil eut pris le pouvoir avec son frère Bleda, il se mit en devoir de consolider « lempire des Huns » fondé par son oncle Ruga.

Par le traité de paix de Margus (actuel Orašje, à lembouchure de la Morava) dont la date est incertaine, Constantinople acceptait de ne plus sallier aux ennemis « barbares » des Huns et le tribut annuel qui leur était versé fut porté à 700 livres dor (229 Kg). De plus, les Romains sengageaient à ouvrir un marché, dont la sécurité serait garantie par les deux parties, et à extrader les déserteurs qui viendraient chez eux en provenance du territoire des Huns. En dépit de ce traité, les deux frères conduisirent une expédition contre lempire dOrient en 441 et 442 qui leur permit de semparer des villes de Singidunum (Belgrade) et de Sirmium (Sremska Mitrovica)[101]. Après le meurtre de Bleda (probablement en 445) Attila devint le seul chef des Huns du Danube. Soulignons ici quà aucun moment de sa vie Attila ne fut le chef de tous les Huns. Pour consolider son pouvoir sur ce qui nétait encore quun empire très lâche, Attila entreprit bon nombre dexpéditions dont le but premier était lempire dOrient. Cest ainsi quen 447, et bien que lempereur Théodose II ait relevé le tribut qui leur était versé, les Huns senfoncèrent profondément dans les Balkans et se rendirent jusquaux portes de la Grèce[102]. Parmi les peuples qui faisaient partie de son armée, se trouvaient des Gépides et des Goths qui étaient maintenant sous domination hunnique[103]. Bientôt lempereur fut forcé de conclure la paix avec Attila.

Les difficultés quéprouvait lempire oriental ne pouvaient que réjouir le faible Valentinien III qui, à lOuest, était monté sur le trône encore enfant. La domination quexerçaient maintenant les Huns sur bon nombre de tribus germaniques réduisait les risques dinvasion pour autant que Ravenne entretînt de bonnes relations avec les autorités des Huns[104]. Cest ce à quoi semploya Aetius qui avait toujours eu dexcellents contacts avec Ruga et qui entendait maintenir cette politique avec Attila dont il avait été lami denfance. À Constantinople toutefois, on nentendait pas financer Attila indéfiniment. En 449, une ambassade fut envoyée par Constantinople auprès dAttila, dont faisait partie Priscus (ou Priskos), d'origine thrace et natif de la ville de Panium. Celui-ci fera plus tard le récit de cette ambassade dans une chronique dont seuls quelques fragments nous sont parvenus. Il nous y décrit une ville de tentes autour dun promontoire se dressait le palais royal construit en bois entouré dune haute palissade garnie de tours[105].

carte de l'empire des Huns
Carte montrant l'empire des Huns sous Attila (vers 450)

Lorsquà Constantinople, Marcien, le nouvel empereur, refusa de continuer à verser le tribut traditionnel, Attila se tourna vers lOuest. Jordanès, qui séjourna à Constantinople en 551, rapporte que Honoria, la sœur de lempereur d'Occident qui se voyait menacée dêtre mariée de force en raison de son style de vie libertin, aurait demandé à Attila de la libérer et aurait offert de lépouser[106]. La recherche contemporaine a jeté des doutes sur cette version des faits[107]. Cependant, il nest pas impossible quAttila ait été en contact avec des mouvements dopposition dans lentourage de lempereur dOccident. Constamment aux aguets des avantages quil pouvait tirer de lEst et de lOuest, Attila feindra quelques dix ans plus tard de prendre cette proposition au sérieux et exigera comme dot lAquitaine. Une telle demande compromettait toutefois la position dAetius, magister militum per Gallias, qui dut sopposer à son ami denfance[108].

En 451, Attila envahit la Gaule à la tête dune imposante armée qui comprenait aux côtés des Huns, un nombre indéterminé de contingents venant de tribus soumises ou versant tribut aux Huns. Toutefois ses efforts diplomatiques pour empêcher lentrée en guerre des Vandales naboutirent pas[109]. Les Huns se dirigèrent vers Orléans quils assiégèrent. Aetius réunit alors ce qui restait des forces régulières romaines dans la région composées de plus en plus de soldats provenant de peuples fédérés comme les Wisigoths, les Francs, les Sarmates et les Alains. La célèbre bataille des champs Catalauniques, dont on ignore toujours lemplacement exact dans les environs de Troyes, ne fut pas décisive, mais Attila dut se replier. Il nest pas impossible quAetius ait laissé submerger les Wisigoths qui formaient laile droite de son armée et dont le chef, Théodoric I, mourut au cours de la bataille dans le but daffaiblir un ennemi potentiel. Quoi qu'il en soit, il semble avoir craint que les Goths ne tentassent de se libérer de la domination romaine advenant que les Huns soient complètement vaincus[110]. Limportant était que les Romains et leurs alliés, sils navaient pu vaincre définitivement les Huns, leur aient infligé de lourdes pertes détruisant ainsi le mythe de leur invincibilité. En 452 Attila se vit contraint de se retirer en Italie. Il y remporta quelques succès, semparant entre autres dAquilée. Cette conquête ne fut toutefois pas définitive. Affaiblis par la faim et la maladie, Attila et son armée durent se replier[111]. La tradition voulait que le pape Léon I le Grand eût réussi à convaincre Attila de renoncer à envahir Rome; en fait, le repli des Huns est plus probablement au fait quà lEst lempereur Marcien venait denvahir le cœur de lempire hunnique[112]. Attila dut ainsi retourner en Pannonie préparer une offensive contre Marcien et protéger sa frontière orientale, notamment dans le Caucase. Cest quil mourut subitement en 453 au cours de la nuit suivant un festin pour célébrer son mariage avec une nouvelle épouse, Ildiko.

La mort soudaine dAttila entraina le démembrement de son empire. La plupart des peuples quil avait soumis se révoltèrent et secouèrent le joug hunnique. Cest en vain que les fils dAttila tentèrent de conserver lhéritage de leur père. La bataille de la Nedao en 454 les Ostrogoths combattirent aux côtés des Huns devait marquer la fin de cet empire[113]. Lempire des Huns sécroula ainsi plus rapidement encore quil navait été érigé. La tête de Dengizich, fils dAttila, fut envoyée à Constantinople elle fut exposée. Le reste des Huns se dispersèrent; on en retrouve encore au VIe siècle dans larmée romaine dOrient[114]. Aetius pour sa part ne put jouir longtemps de sa victoire: il fut assassiné en septembre 454 de la main même de lempereur Valentinien III qui craignait le pouvoir quexerçait son général. Peu de temps après, en mars 455, lempereur devait lui-même être assassiné[115].

Les dernières années de Rome : les empereurs fantômes et le régime de Ricimer

La mort dAetius fut lourde de conséquences pour Rome. Même si le pouvoir impérial ne sétendait plus jusquaux limites de lempire occidental, il assurait la survie de lempire en Italie et dans une partie des Gaules, tout en conduisant avec succès un certain nombre de guerres. À linstar dautres militaires influents, le très ambitieux Aetius avait certainement été au nombre des raisons pour lesquelles le pouvoir impérial ne cessait de saffaiblir. Aussi sa mort et celle de Valentinien furent interprétées par de nombreux fédérés comme un signal : le temps était maintenant venu daccroitre leur puissance aux dépens de celle de Rome ou, plus exactement, de Ravenne. Lempire dOccident fut ainsi gouverné pendant ses deux dernières décennies par des « empereurs fantômes » dont plusieurs ne restèrent que quelques mois au pouvoir et dont aucun ne parvint à stabiliser la situation[116].

Sajoutait à cela le fait que les barbares non seulement formaient maintenant le noyau des troupes délite de larmée romaine, mais quils en occupaient de plus en plus les échelons les plus élevés. Non pas que ceci eut permis de mettre leur loyauté en doute; au contraire, plusieurs dentre eux savérèrent de loyaux serviteurs de lempereur comme Flavius Victor, Bauto, Stilicon, Fravitta, lesquels du reste tentèrent toujours démuler le style de vie romain. Mais par la force des choses, plus saccroissait le pouvoir des militaires de haut rang, plus samoindrissait celui de lempereur dOccident. Dautant plus que des gens comme Stilicon, qui était à moitié vandale, Aetius et Bélisaire disposaient de leurs troupes personnelles (bucellarii). Même si aucun généralissime germain ne revêtit lui-même la pourpre, chose impossible tant en raison de leur origine que de leur appartenance à lhérésie arienne, ils nen jouirent pas moins à partir de la fin du IVe siècle dune influence considérable. Au contraire, dans lempire dOrient, les empereurs réussirent davantage à garder le contrôle sur les commandants de leurs armées. Lempereur Léon Ier mit fin à la dernière tentative véritable dun général dorigine barbare, en loccurrence lAlain Aspar, dinfluencer la politique impériale[117]. Il faut porter au crédit des empereurs de Constantinople davoir au cours du Ve siècle si bien su renforcer les liens avec les maitres du nouvel empire sassanide, traditionnellement lennemi juré de Byzance, que celles-ci furent meilleures que jamais auparavant. Même lorsque, suite à la mort dAttila, la guerre éclata dans les Balkans avec les tribus formant maintenant les Ostrogoths, lesquels voulaient agrandir leur territoire de Pannonie, ceci ne mit nullement en danger la stabilité de lempire oriental dont les plus riches provinces ne furent guère inquiétées[118]. Contrairement à ce qui se passait à lOuest, les empereurs dOrient disposaient des ressources financières nécessaires pour payer leurs armées et même, à loccasion, fournir à leur collègue de Ravenne de quoi payer les siennes.

sac de Rome
Le sac de Rome par Genséric en 455. Toile de Karl Briullov (1799-1852)

Au cours du même siècle, les troubles de tous ordres se multiplièrent à lOuest[119] Rome devait être conquise et pillée une deuxième fois en quarante-cinq ans, cette fois par les Vandales dont le roi, Genséric, considérait manifestement que le traité conclu en 442 avec Valentinien III était devenu caduc à la mort de cet empereur. Petronius Maximus qui avait épousé la veuve de Valentinien III, Licinia Eudoxia, sétait emparé du pouvoir après le meurtre de celui-ci. En mai 455, une flotte vandale qui, lannée précédente avait déjà menacé la Sicile, apparut aux bouches du Tibre. Lempereur qui ne disposait pratiquement daucun pouvoir fut assassiné le 31 mai par des soldats burgondes. Trois jours plus tard, les Vandales investissaient la ville quils pillèrent de façon systématique mais non avec le désir de destruction que suggère de nos jours le terme « vandale ». Les Vandales ne partirent pas seulement avec un riche butin, mais aussi avec la veuve de Valentinien ainsi quavec deux de ses filles et de nombreux personnages importants quils ramenèrent prisonniers à Carthage[120]. Aux environs de 460, lune des filles de Valentinien, Eudoxie, épousa Hunéric, le fils de Genséric ce qui permit à ce dernier de revendiquer pour lui-même la Sicile et lItalie au titre de lhéritage de Valentinien.

Commence alors une période pendant laquelle les empereurs se succédèrent rapidement et chefs militaires et politiques germains furent profondément impliqués. Le premier fut Avitus, descendant dune noble famille gauloise et chef des armées qui fut proclamé empereur avec laccord des Wisigoths lesquels firent campagne avec succès contre les Suèves qui cherchaient à agrandir leur royaume en Hispanie. En 456, le général Flavius Ricimer, fils dun prince suève et dune princesse goth fit campagne contre les Vandales en Sicile et en Corse. Ricimer fut élevé par Avitus au rang de magister militum. Cette victoire lui ayant valu une grande popularité, Ricimer obtint du Sénat la permission de monter une expédition contre lempereur Avitus quil défit à la bataille de Plaisance le 16 octobre 456. Fait prisonnier, Avitus fut forcé daccepter le poste dévêque de Plaisance et mourut peu de temps après. Ricimer obtint alors de lempereur Léon Ier le titre de Patrice des Romains alors que Majorien qui lavait aidé à défaire Avitus le remplaçait comme magister militum.

Sous lordre de Ricimer, larmée dItalie acclama Majorien comme nouvel empereur[121]. Celui-ci se rendit en Gaule combattre les Germains qui voulaient tirer profit de la confusion qui règnait dans lempire dOccident[122]. Le nouveau magister militum nommé par Majorien, Egidius, remporta de nombreux succès contre les Francs sur le Rhin et reconquit Lyon qui avait été pris par les Burgondes[123]. Arles, depuis 407 siège du commandement civil des Gaules et de lHispanie, se défendit contre les Wisigoths qui ne se considéraient plus liés par leur traité de fédérés et qui désiraient sétendre en Hispanie[124]. Majorien réussit toutefois à sentendre avec les Burgondes et les Wisigoths. En 460, lempereur se rendit en Hispanie; cétait la première fois quun empereur visitait la péninsule. Diverses sources comme Sidoine Appolinaire nous présentent Majorien comme un empereur énergique, volontaire et, si lon excepte Anthemius, voulant redorer la fonction impériale en Occident. Cest ainsi quen 461, il planifia une expédition en Afrique contre les Vandales qui bloquaient les livraisons de céréales. Lempereur dut toutefois renoncer à son projet, les navires vandales bloquant les Romains en Hispanie et empêchant le débarquement des troupes[125]. Peu après, sur ordre de Ricimer, Majorien fut arrêté et assassiné, non probablement en raison de léchec de cette tentative, mais plutôt à cause de lindépendance daction quelle trahissait. Faisant et défaisant maintenant les empereurs, Ricimer choisit le sénateur Libius Severus comme nouvel Augustus.

Lassassinat de Majorien eut pour conséquence quEgidius, maintenant magister militum en Gaule et ami du défunt empereur, refusa de reconnaitre Libius Severus. Lorsque Ricimer voulut lui retirer son commandement, Egidius se rebella, mais une offensive des Wisigoths le força à se retirer dans le nord de la Gaule avec une partie du commandement et des alliés francs il érigea son propre royaume dans la région de Soisson. La petite enclave gallo-romaine perdurera jusquà la fin de lempire dOccident. Après la mort dEgidius (464 ou 465), le pouvoir passa probablement à un officier du nom de Paulus, puis au fils dEgidius, Syagrius. En 486 ou 487, lenclave fut victime de lexpansion franque de Clovis Ier[126]. Par ailleurs, à Trèves, le comes Arbogast le Jeune, probablement un Franc romanisé, se battit contre ses anciens compatriotes jusquen 475.

Libius Severus ne put se maintenir longtemps sur le trône et fut assassiné en 465. Au cours des six mois suivants, pendant lesquels le roi wisigoth Euric rompit le traité avec lempire dOccident et pénétra dans le sud de la Gaule et en Hispanie, Ricimer ne se donna pas la peine de nommer un nouvel empereur[127]. La fonction impériale fut assumée en 467 par le général et aristocrate Anthémius, envoyé par Constantinople avec des troupes fraiches et un imposant pactole. Il sefforça dendiguer linfluence de Ricimer en nommant un deuxième magister militum en la personne de Marcellin que Ricimer fit assassiner en 468[128]. Pendant que sémiettait la défense contre les Germains en Gaule et en Norique pour finalement seffondrer, Anthémius planifia avec laide de Constantinople une expédition denvergure contre Carthage, capitale du royaume vandale dirigé par Genséric que lon voulait punir pour le sac de Rome tout en récupérant une des plus riches provinces de lempire. La campagne débuta en 468, coordonnant une flotte venue dOrient dirigée par Basiliscus et les troupes dOccident. Mais celle-ci se termina en fiasco et la flotte romaine fut mise en flammes devant Carthage[129]. Cette bataille qui assurait la survie du royaume vandale ébranla de façon définitive et durable le pouvoir de lempereur dOccident. En Gaule, les Wisigoths, Burgondes et Francs agrandissaient toujours plus leurs territoires aux dépens de lempire dOccident qui ne se maintenait quen Auvergne et en Provence. Un chef breton (ou britannique) autrement inconnu du nom de Riothamus aurait soutenu les Romains dans leur guerre défensive, mais fut battu par les Wisigoths. Anthémius sétant brouillé avec Ricimer, la fin était déjà en vue. Une guerre civile éclata. Ricimer assiégea Anthémius dans Rome. En juillet 472, Anthémius fut assassiné par un neveu de Ricimer, le Burgonde Gundobad. Son successeur fut Olibrius[130]. Peu après Ricimer mourut. Les jugements portés sur lui au cours de lhistoire furent généralement négatifs et beaucoup moins différenciés que ce ne fut le cas par exemple de Stilicon et dAetius[131]. Certes, il donna toujours la priorité à ses propres intérêts, mais cela ne lempêcha pas dutiliser au mieux les quelques ressources demeurant à la disposition de Rome pour assurer la protection de lItalie[132]. Toutefois, ces efforts ne furent pas suffisants et quatre années plus tard, le dernier empereur dOccident était déposé.

La chute de Rome

Olibrius, le dernier empereur nommé par Ricimer, mourut au début novembre 472, quelques mois à peine après la mort du magister militum suève. Le poste de Ricimer ne resta pas longtemps vacant. Son neveu Gundobad, déjà mentionné, lui succéda et choisit le fonctionnaire Glycerius comme empereur. Pendant ce temps, à lEst, Léon Ier, qui avait refusé cette nomination lui préférant le magister militum de Dalmatie, Julius Nepos, mourut. Neveu du comte Marcellin tué en Sicile en 468, Julius Nepos avait succédé à son oncle lorsque en 474 l'empereur d'Orient Zénon lavait nommé César avec mission de renverser Glycérius. Nepos débarqua à Ravenne, poursuivit et captura Glycérius quil fit tonsurer et nommer évêque. Son armée le proclama empereur d'Occident le 24 juin 474. Il fut le dernier empereur romain dOccident reconnu par lEmpire romain d'Orient. Gundobad, pour sa part, senfuit en Gaule et devint roi des Burgondes[133].

En 474, le tandem formé de Léon II et de Zénon conclut un traité avec Genséric en vertu duquel celui-ci verrait son royaume reconnu par Constantinople à condition de cesser ses activités de brigandages[134]. Julius Nepos se trouvait ainsi confronté à une difficile situation. Lempire avait entretemps complètement perdu lHispanie aux mains des Suèves et des Wisigoths. Ces derniers avaient assiégé Clermont-Ferrand en Gaule dont Sidoine Appolinaire avait organisé la défense; en 471 la dernière grande possession de lempire tombait. En 473, ce fut au tour dArles et de Marseille pendant que les Goths senfonçaient également en Auvergne et dans la vallée de lÈbre en Espagne malgré une farouche résistance[135]. Lempereur qui avait déjà reconnu de facto la perte de lAuvergne reconnut celle-ci de jure dans un traité de 475 avec le Wisigoth Euric et retira le magister militum Ecdicius de Gaule[136]. Cet abandon ébranla la confiance déjà chancelante entre lempereur et laristocratie gallo-romaine[137]. En 475, Julius Nepos éleva à la dignité de magister militum et de patrice un ancien haut-fonctionnaire dAttila, Flavius Oreste, qui avait déjà servi à la cour de Constantinople. Ceci devait savérer une erreur fatale. Le 28 aout de la même année, Oreste à la tête de fédérés prit le contrôle de Ravenne. Julius Nepos dut senfuir en Dalmatie dont il était toujours magister militum et d il continua à régner jusquà ce quil soit assassiné en 480. Oreste pour sa part nomma son jeune fils Romulus, âgé de douze ans, à la dignité impériale, ce qui lui valut immédiatement le surnom de Romulus Augustulus. Il devenait de plus en plus évident que la dignité impériale avait perdu toute signification.

Romulus Augustulus et Odoacre
Romulus Augustulus dépose les insignes impériaux devant Odoacre

Pendant ce temps, les fédérés germaniques qui constituaient maintenant la presque totalité de larmée et qui avaient été cantonnés en Italie depuis des années avaient demandé à Oreste de leur donner des terres ils pourraient sétablir définitivement, chose quOreste avait refusé. Les fédérés se tournèrent alors vers lun des leurs, Odoacre pour conduire leur révolte. Fils, croit-on dun prince skire, Odoacre vainquit Oreste à Plaisance. Les Skires et les Hérules de même quune partie de larmée romaine proclamèrent alors Odoacre « roi dItalie ». En 476, Odoacre marcha sur Ravenne quil captura et força le jeune empereur à abdiquer le 4 septembre. Ému par le jeune âge et la beauté de ladolescent, Odoacre se contenta de labdication et permit au jeune Romulus de vivre en paix en lui octroyant une confortable rente. Il se dispensa alors de nommer un nouvel empereur et renvoya simplement les insignes impériaux à Constantinople tout en saffirmant sujet de Julius Nepos comme le prouvent les pièces de monnaie frappées en 480 à leffigie de ce dernier. Toutefois lempereur de Constantinople refusa de reconnaitre Odoacre et mobilisa contre lusurpateur les Ruges, qui avaient fondé leur propre royaume au nord du Danube sous la conduite de leur chef Flaccitheus en 470. Odoacre se vengea en ravageant leur royaume en 487/488[138]. Pour assurer la sécurité de lItalie, il demanda à son commandant Pierius de transférer les populations romaines de la Norique alors menacée vers lItalie[139].

On se réfère souvent à 476 comme date de « la chute de Rome ». Ceci appelle toutefois de sérieuses réserves. Dune part, le dernier empereur, Julius Nepos, continua à régner jusquen 480 à partir de son exil en Dalmatie. Dautre part, il est douteux que les contemporains aient vu cette date comme un « évènement historique »[140]. En effet, lempire romain continuait à exister avec, comme seul empereur, celui de Constantinople. On retournait ainsi au système qui avait eu cours jusquà Théodose. Au cours des deux cents ans qui suivirent de nombreuses tentatives furent faites pour faire revivre lempire romain dOccident[141]. De plus, pendant des décennies, les autorités germaniques continuèrent à reconnaitre et à respecter la prééminence de lempereur de Constantinople[142]. Ce fut un chroniqueur oriental, Marcellin Comes qui adopta en 520 la date de 476 comme étant celle de la fin de lempire romain dOccident. Il nest pas impossible que cette proposition soit aussi apparue dans dautres sources. Si elle reflète surtout la vision orientale de ces années, elle est loin davoir été adoptée par laristocratie sénatoriale occidentale qui survécut à la crise. Par contre à Constantinople, les empereurs se servirent ouvertement de cette « fin de lempire romain dOccident » pour mieux assoir leurs propres revendications sur ces territoires. Les avis des spécialistes demeurent partagés sur ce sujet[143]. De même, la thèse selon laquelle linvasion des Germains aurait été lunique cause de la chute de lempire romain dOccident, est une grossière simplification et est rejetée par la majorité des spécialistes contemporains qui préfèrent parler dun ensemble de causes[144]. À linverse, la survie de lempire oriental au cinquième siècle, malgré les attaques auxquelles il a faire face, semble montrer que rien ne condamnait le système romain à imploser. De même la thèse défendue dans les recherches antérieures à leffet que la déposition de Romulus Augustulus ait marqué la fin de lAntiquité nest guère retenue de nos jours.

Il est certain toutefois que le processus de décadence de lempire occidental amorcé au plus tard avec la fin de la dynastie théodosienne en 455 saccéléra rapidement à partir de 470. La « barbarisation » de larmée romaine joua un rôle prépondérant dans ce processus. Affaiblie par la guerre civile du IVe siècle, larmée nétait plus en mesure au Ve siècle dassurer la protection des frontières de façon efficace. Non pas que la loyauté des troupes ait été en cause, mais du fait que, les caisses de lÉtat étant vides, les légionnaires nétaient plus payés. La rébellion dEgidius amorça la désagrégation de larmée des Gaules. La perte des riches provinces dAfrique et des Gaules eut des retombées catastrophiques pour les finances de lÉtat, mais savérèrent moins dramatiques que celle de la province dAfrique du Nord qui, elle, ne pouvait être compensée; bientôt, Ravenne neut plus assez dargent pour conserver les troupes, ce qui occasionna la perte dautres territoires. Le territoire sur lequel sexerçait lautorité effective des empereurs dOccident se rétrécit toujours plus jusquà en être réduit au noyau central dItalie et de la région alpine. Le déclin de lautorité impériale eut comme conséquence la progression de celle des commandants en chef de larmée occidentale. Dans les dernières années, les ressources vinrent à manquer si bien que la dignité impériale devint le jouet de commandants avides de pouvoir qui faisaient et défaisaient les empereurs à leur guise. Après que bon nombre de généraux eurent gouverné par lentremise dempereurs-fantômes, Odoacre ne fit quen tirer la conclusion logique : la fonction était devenue inutile. Lorsque lempereur Zénon envoya finalement en lan 488 les Ostrogoths sous la direction de Théodoric en Italie afin de renverser Odoacre, celui-ci sappuiera sur ses propres forces et tirera son autorité de sa position comme patrice de lempire et de roi des Goths[145].

De lEmpire aux Royaumes : la création des royaumes germaniques en Occident

Les Ostrogoths en Pannonie et en Italie

royaume des Ostrogoths
Le royaume des Ostrogoths à son apogée

Tel que déjà mentionné, les Greuthungues (qui deviendront les Ostrogoths) furent parmi les plus durement touchés par larrivée des Huns en 375. Franchissant le Don et poussant devant eux les Alains, les Huns détruisirent le royaume des Greuthungues. Certains, sous la direction de leurs chefs Alatheus et Saphrax senfuirent, mais la majorité fut simplement assujettie aux Huns. Toutefois, tel que mentionné plus haut, ce fut les Goths qui procédèrent à lacculturation des Huns et le gotique simposa dans les années qui suivirent comme langue dusage dans lempire dAttila; de nombreux noms dorigine goth furent utilisés par les Huns[146]. À la fin du règne dAttila, trois frères semblent avec pris le commandement des Greuthungues vivant sous la domination hun : Valamer, Théodemer et Vidimer de la famille des Amales[147].

On doit à Jordanès et à son Histoire des Goths (XIV,2), laquelle résume un texte plus long de Cassiodore, le nom dOstrogoths qui, selon une étymologie signifierait les « Goths de lEst », tout comme les Tervingi, signifieraient les « gens de la forêt », et les Greutingi, les « gens de la grève ». Dans le cas des Ostrogoths toutefois, Jordanès lui-même propose une autre possibilité : « Ostrogoth » pourrait également avoir été le nom de leur premier roi : Ostrogotha. Divers auteurs, qui ne font guère confiance à Jordanès, proposent pour leur part : les Goths « brillants » (racine germanique ostr–).

Après la mort d'Attila, les Ostrogoths menés par Théodemer ( ou Thiudimir) et alliés à leurs anciens vassaux et rivaux, les Gépides, écrasèrent les forces hunniques lors de la bataille de Nedao en 454. Après sen être pris à leurs anciens maitres, ils finirent par créer leur propre royaume en Pannonie[148]. , ils vinrent presque immédiatement en conflit aussi bien avec les troupes romaines quavec diverses autres tribus déjà installées dans la région. Le point crucial fut la victoire des Ostrogoths lors de la bataille de Bolia en 469 au cours de laquelle ils défirent une alliance de Suèves, Gépides, Skires et Ruges[149]. Le fils de Théodemer, Théodoric, (surnommé « le Grand ») avait passé une partie de sa vie à Constantinople en tant quotage. De retour en Pannonie, il fut associé au pouvoir par son père. Ses tentatives de sélever dans la hiérarchie goth échouèrent, ne serait-ce que parce quun autre Ostrogoth, Théodoric Strabon, le chef des Goths fédérés installés en Thrace, fut nommé par lempereur Léon magister militum.

Les tentatives du successeur de Léon, Zénon, de se servir de Théodoric lAmale comme contrepoids échouèrent et Théodoric Strabon tint bon[150]. Il devait toutefois perdre la vie en 481 des suites dune chute de cheval. La voie était maintenant libre et Théodoric lAmale put accroitre considérablement les forces de son armée. Non seulement fut-il nommé magister militum, mais il accéda en 484 à la prestigieuse charge de consul. En 487, une nouvelle confrontation se dessinait que Zénon résolut diplomatiquement : il envoya lAmale terminer la souveraineté dOdoacre sur lItalie. À lété de 488, les Ostrogoths de Théodoric plièrent bagage, mais une partie dentre eux restèrent en arrière et se rattachèrent aux Ruges[151]. Linvasion de lItalie réussit en 489. Odoacre fut assiégé à plusieurs reprises et finit par se réfugier dans Ravenne, puissamment fortifiée. Odoacre se rendit en 498 après quun compromis eut été trouvé en fonction duquel il serait associé au pouvoir goth. Peu de temps après, toutefois, Théodoric brisa sa promesse et assassina Odoacre sous un prétexte quelconque. Théodoric se livra par la suite à une purge rapide mais sanglante ayant pour but dassurer la main mise des Goths sur lItalie[152].

Théodoric mena en Italie une politique déquilibre entre les Goths et les Italiens[153]. À cette fin, il utilisa lappareil administratif bien rodé des anciens Romains et laissa au très distingué Romain, Liberius, le soin de soccuper de linstallation des Goths en Italie. Liberius se déchargea de cette tâche difficile avec doigté, sans trop spolier les droits des premiers occupants[154]. Théodoric eut soin de se lier avec de nombreux membres de lancienne aristocratie sénatoriale parmi lesquels Cassiodore déjà mentionné plus haut, afin de sen faire des alliés. Dun autre côté, Théodoric eut soin de séparer Goths et Romains de façon à préserver lidentité de lexercitus Gothorum (les unités goths de larmée qui nétaient toutefois pas complètement homogènes). De plus, le fait que les Goths étaient ariens alors que la population de lItalie était catholique, renforçait la séparation entre les deux peuples. Théodoric eut à cœur dencourager la culture de lAntiquité tardive dans le royaume des Goths, même si cest sous son règne que le philosophe Boetius fut exécuté, Théodoric le soupçonnant de complicité avec Constantinople.

En 498 ou 498, Théodoric fut nommé par Constantinople « gouverneur »; mais les relations se tendirent rapidement. Théodoric mena une politique dalliance avec les royaumes voisins. En bout de ligne toutefois cette politique ne devait pas être couronnée de succès, les Francs devant battre sévèrement les Wisigoths et semparer de la plus grande partie du royaume wisigoth des Gaules. Ce sur quoi les troupes ostrogoths occupèrent militairement une partie du sud des Gaules et, en 511, Théodoric fut reconnu comme roi des Wisigoths, lien qui fut rompu toutefois à sa mort[155].

Avec la mort de Théodoric commença une lutte pour la succession. La régente en fonction, Amalasonte, essaya daméliorer les relations tendues avec Constantinople. Très impopulaire auprès des Goths, Amalasonte devenue reine associa son cousin Theodahad au trône afin daffermir sa position. Le choix était malheureux, car Théodahad encouragea le mécontentement des Goths. Si bien que, soit sur son ordre soit avec sa permission, Amalasonte fut emprisonnée sur lile de Martana en Toscane et assassinée en 534 ou 535. Ceci fournit un excellent prétexte à lempereur Justinien Ier pour attaquer les Ostrogoths. Son général, Bélisaire, qui avait déjà en 533/534 battu les Vandales en Afrique du Nord (voir plus bas), sempara de la Sicile et de lItalie du Sud. Ce fut le début de plusieurs années de guerre (pour lesquelles Procope de Césarée est la principale source) qui conduisirent à la dévastation de vastes territoires en Italie et au déclin économique dune région jusque prospère. Les Francs saisirent loccasion pour sinfiltrer en Italie du Nord quils pillèrent de façon systématique. Rome fut également le théâtre de féroces combats et changea de mains à plusieurs reprises. La résistance opiniâtre des Goths qui se regroupèrent à plusieurs reprises fut vaincue une première fois en 552 bien que des poches de résistance réussirent à se maintenir quelque temps[156]. Mais en 568, les Lombards firent leur entrée sur la scène (voir plus bas).

Le royaume des Wisigoths

migration des Wisigoths
Carte montrant les migrations des Wisigoths jusqu'à leur établissement en Aquitaine en 418

En 418, les Wisigoths reçurent lAquitaine pour sy établir à titre de fédérés (voir plus haut). Ce fut lorigine du royaume des Wisigoths que lon devait aussi appeler dans sa première période (418-507) royaume de Toulouse, cette ville leur servant de capitale[157]. Dans les années qui suivirent, les Wisigoths tenteront continuellement dagrandir leur territoire et, à lappel dAetius, iront combattre les Huns. Le règne dEuric qui monta sur le trône en 466 après le meurtre de son frère constitua un tournant dans lhistoire du royaume. Celui-ci rompit le fœdus qui le liait à lempire dOccident et poursuivit une politique dexpansion territoriale : au nord, le royaume sétendit jusquà la Loire; au sud il occupa bientôt la plus grande partie de lHispanie sauf, dans le nord-ouest, la partie occupée par les Suèves qui réussirent à sy maintenir jusquau VIe siècle[158]; à lest, le traité de 475 lui donna lAuvergne il avait déjà conquis Arles et Marseille et battu en 471 la dernière armée romaine intacte dans les Gaules[127].

Fait à remarquer, ce fut alors la population romaine qui saccultura aux « barbares ». Les sources mentionnent spécifiquement que dans les villes gauloises de nombreux hommes se firent pousser les cheveux et commencèrent à porter des braies, adoptant ainsi certains traits distinctifs des barbares, choses que les empereurs dOccident avaient interdites même aux esclaves en temps de crise. De nombreux Romains entrèrent au service des Wisigoths et commandèrent même des unités wisigoth[159].

Euric mourut en 484; son fils, Alaric II, tomba alors quil combattait les Francs sous la conduite de Clovis (voir plus bas)[160]. Suite à ce désastre et aux attaques des Ostrogoths sous la conduite de Théodoric le Grand, la presque totalité de la Gaule goth fut perdue à lexception de la région de Narbonne (Septimanie). Ceci modifia complètement la situation des Wisigoths en Hispanie ils choisirent Tolède comme nouvelle capitale au VIe siècle (leur royaume porta par la suite le nom de royaume de Tolède). Dans le cadre de sa politique de restauration de lempire, Justinien Ier qui reprit les royaumes des Vandales et des Ostrogoths, sempara également de territoires dans le sud de la péninsule ibérique, mais ne put les garder que jusquau début du VIIe siècle. Le royaume des Wisigoths fut le théâtre dintenses querelles entre les différentes familles aristocratiques pour savoir qui prendrait le pouvoir alors que les problèmes religieux perduraient[161].

Considéré comme le plus grand des rois de lEspagne wisigothique, Léovigild promulgua, ou reprit de ses prédécesseurs, 324 lois que ses successeurs regrouperont dans le Liber judiciorum vers 654. Considéré par les Espagnols comme le premier « unificador nacional », il mena une série de campagnes militaires contre les Byzantins de l'Andalousie et s'empara de Cordoue et de Malaga. Au nord, il combattit Vascons et Francs pendant que dans le nord-ouest de la péninsule, il lutta à partir de 575 contre les Suèves redevenus catholiques; les ayant vaincus à la bataille de Braga en 585, il détruisit leur royaume de Galice. Arien convaincu, il eut fort à faire avec un peuple dont la majorité était profondément catholique. L'un de ses fils, le prince Herménégild, marié à une princesse franque (catholique), prit la tête du parti catholique et se révolta contre son père, n'hésitant pas à s'allier aux Suèves et aux Byzantins. Herménégild soulèva l'Andalousie en 579/580. Impitoyable, Léovigild combattit son fils, le fit prisonnier (584) et l'envoya à Tarragone il fut exécuté en 585. Son plus jeune fils et successeur résolut le conflit. En 587 il se convertit au catholicisme qui devint la foi de tous les Wisigoths lors du troisième concile de Tolède en 589[162]. Les règnes de Léovigild et de Récarède sont extrêmement importants dans lhistoire du royaume qui en sortit consolidé[163]. La mort de Récarède en 601 fut suivie dune période de troubles au cours de laquelle diverses familles aristocratiques se disputèrent le pouvoir. Sur le plan culturel, le royaume vécut à partir de la fin du VIe siècle une période de prospérité dont le représentant le plus célèbre fut Isidore de Séville. Les écoles monastiques répandirent la culture de lAntiquité jusque chez les Francs conférant ainsi au royaume wisigoth un rayonnement culturel important[164].

La fin des Wisigoths survint de façon abrupte. Les Arabes musulmans et les Berbères qui, au début du VIIIe siècle, avançaient le long de la côte dAfrique du Nord traversèrent le détroit de Gibraltar et vainquirent le roi Rodéric qui perdit la vie à la bataille du fleuve Guadalete (Andalousie) en juillet 711. Cette bataille devait sceller le déclin du royaume wisigoth. Les Goths poursuivirent la résistance dans le nord-est de la péninsule jusquaux environs de 719. Les musulmans semparèrent des territoires situés au nord des Pyrénées de 719 à 725. Vaincus, les Wisigoths se réconcilièrent avec les envahisseurs et une partie du peuple se convertit à lislam. Par la suite divers nobles wisigoths des Asturies devaient se rebeller; de partira le mouvement appelé Reconquista. Les rois du nouveau royaume chrétien des Asturies se considérèrent successeurs des anciens rois wisigoths et revendiquèrent la souveraineté sur leurs anciens territoires[165].

Le royaume vandale dAfrique du Nord

royaume vandale à son apogée
Le royaume vandale à son apogée

Le royaume vandale dans la province romaine dAfrique (laquelle couvrait ce qui est aujourdhui la Tunisie, une partie de lAlgérie et de la Lybie, plus les Baléares, la Corse et la Sardaigne) constitue une exception dans le processus de création des royaumes barbares. Dune part, les Vandales, après avoir pris Carthage en 439, disposaient dune flotte importante qui leur permit de contrôler une partie étendue de la Méditerranée occidentale et de saventurer jusquà la Grèce. Dautre part, adaptes convaincus de larianisme, les nouveaux maitres pratiquèrent une politique de coercition à lendroit des notables locaux, majoritairement catholiques. Les rois Genséric et Hunéric persécutèrent les catholiques qui s'opposaient à leur pouvoir, en bannirent certains, et, pour mettre fin à l'opposition systématique des évêques (sacerdotes), placèrent certains en résidence surveillée dans le sud tunisien (Gafsa). Il faut toutefois prendre en considération le fait que la plupart des sources sont dorigine catholique comme lévêque Victor de Vita qui devait accompagner ses coreligionnaires à Sicca Veneria et à Lares, puis dans le désert du Hodna[166]. En revanche, les Berbères catholiques qui se soumirent à leur pouvoir eurent peu de problèmes dès lors qu'ils payaient l'impôt comme au temps de l'administration romaine. Il est à noter que les Vandales conservèrent une bonne partie des structures politiques et administratives romaines y compris le culte de lempereur[167]. Sans doute, les rois vandales ne perdirent-ils pas tout espoir den venir à une entente avec leurs sujets catholiques, mais les discussions entreprises à ce sujet en février 484, naboutirent pas[168]. Sans renoncer à convertir ses sujet, le roi Thrasamund mit fin à la longue persécution qui avait commencé sous son oncle Hunéric ce qui eut pour effet secondaire daméliorer considérablement les relations du royaume avec lempire byzantin[169].

Après léchec de lopération conjointe entre Rome et Constantinople qui se solda par lincendie de la flotte romaine devant Carthage en 468 (voir plus haut), le royaume neut plus à craindre dennemis extérieurs dautant plus que son existence même finit par être reconnue par Constantinople. Par la suite, il neut à se préoccuper que de lhostilité des « Maures », nom sous lequel il faut entendre diverses tribus berbères qui avaient déjà créé leurs propres petites royaumes sur le territoire de la province romaine dAfrique (parmi lesquels, le royaume de Masties, roi de lAurès) lesquels coexistaient la plupart du temps avec les populations romaines environnantes[170]. Les rois vandales, qui avaient pris le titre de rex Vandalorum et Alanorum (roi des Vandales et des Alains), recrutèrent des troupes auxiliaires chez les Maures alors que léquipage de leur flotte était composée de Romains venus de diverses provinces[171]. Sur les plans économique aussi bien que culturel, les Vandales, qui avaient exproprié nombre de grands propriétaires catholiques[172] purent jouir des avantages de cette riche province romaine qui, sous leur gouverne, loin de péricliter, continua à prospérer. Le commerce continua à se développer et la culture antique à prospérer parmi lélite. Les Vandales purent jouir du niveau de vie élevé auquel étaient habitués les Romains et apprécier aussi bien le théâtre que le cirque[173]. La réputation des Vandales que laissent les sources, reprise par les historiens du passé semble ainsi grandement exagérée et, aux yeux des historiens contemporains, passablement dénuée de fondement.

La fin du royaume vandale débuta avec lusurpation de Gélimer qui renversa le roi Hildéric, un allié de Constantinople, en 530. Lempereur Justinien profita de loccasion pour intervenir. Si lon en croit Procope, le préfet du prétoire, Jean de Cappadoce divergeait davis, car il considérait laction trop risquée[174]. Finalement, la décision fut prise denvoyer en mars une petite expédition sous le commandement du magister militum Bélisaire qui avait dabord comme seul but de remettre le roi Hildéric sur le trône. Gélimer ayant fait mettre celui-ci à mort, Bélisaire débarqua avec seulement 15 000 soldats et remporta détonnantes victoires lors des batailles de Ad Decimum et Tricamarum à la fin de 533. Gélimer senfuit, mais fut vite rattrapé et, fait prisonnier, fut envoyé à Constantinople il dut faire partie du triomphe de Bélisaire. Il put toutefois continuer une vie aisée par la suite sur un domaine qui lui avait été donné. Les troupes vandales furent intégrées dans larmée impériale et servirent lors des combats de Justinien contre les Perses (voir article « Guerres romano-perses »). Le royaume vandale revint ainsi sous la juridiction impériale et le demeura jusquà sa conquête par les Arabes au milieu du septième siècle[175].

Le royaume franc

Les Francs, une confédération de diverses tribus germaniques furent établis par le César Julien en Toxandrie (probablement la région sablonneuse comprise entre lEscaut et la Meuse)[176]. En 388, ils dévastèrent les environs de Cologne mais furent battus par les Romains[177]. Stilicon dut aussi se battre contre les Francs qui, en 407, avaient protégé les provinces de Belgique et de Germanie contre les envahisseurs vandales, alains et suèves en se ralliant à l'usurpateur Constantin III. Dans les années qui suivirent, les Francs mirent à profit la situation trouble dans laquelle se trouvaient les Gaules pour étendre leur territoire. Différents groupes tentèrent de sinstaller qui le long de la Moselle, qui le long du Rhin; ils furent arrêtés dans leur entreprise par Aetius qui les incita toutefois à établir leur propre royaume dans le nord-est de la Gaule[178]. Après la mort dAetius, les Francs franchirent en masse le limes du Rhin et semparèrent de diverses villes dont Mayence. Par la suite, dans le nord de la Gaule les Francs se répartirent en un grand nombre de petites principautés pendant que le sud fut dominé par les Wisigoths, les Burgondes et finalement les Ostrogoths (en Provence).

phases de l'extension du royaume des Francs
Phases de l'extension du royaume des Francs de 481 à 814; en jaune, le royaume de Syagrius en 486, en rouge le royaume de Toulouse en 507

Roi des Francs saliens et gouverneur romain de la province de Belgique seconde, Childéric, établi à Tournai, et dont la sépulture magnifiquement décorée fut découverte en 1653, aida vraisemblablement le général gallo-romain Egidius qui sétait révolté contre Ricimer et lempereur fantôme Libius Severus à repousser les Wisigoths (voir plus haut). De la même façon, Childéric peut-être en collaboration avec le commandant romain Paulus, combattit les pilleurs saxons qui avaient envahi la Gaule sous la conduite dun certain Adovacrius. Egidius devait établir son propre domaine dans la région de Soisson; après sa mort, son fils, Syagrius, lui succéda pendant un court laps de temps. Fils de Mérovée, Childéric Ier fut le premier représentant historique de la dynastie des Mérovingiens qui devait présider avec succès à lexpansion des Francs. Le fils de Childéric, Clovis Ier, devait détruire les petits royaumes francs de Ragnachar et de Chararic. En 486/487, Clovis envahit le royaume de Syagrius. Les Wisigoths furent vaincus et durent quitter la Gaule en 507. Clovis entreprit probablement deux guerres contre les Alamans qui, après leffondrement de la domination romaine en Gaule, avaient franchi le Rhin et sétaient avancés à lest dans la province de Norique (correspondant à une partie de lAutriche, de lAllemagne et de la Slovénie daujourdhui)[179]. Clovis fit alliance avec les Burgondes et épousa une princesse de cette ethnie[180]. Païen dans ses jeunes années, Clovis se convertit au christianisme à un moment qui nest pas précisé mais qui se situe vraisemblablement vers la fin de son règne. Contrairement à la plupart des autres chefs francs qui étaient de confession arienne, Clovis adopta la confession catholique, évitant ainsi les problèmes qui sétaient posés dans les autres royaumes barbares entre souverains ariens et peuples catholiques. La politique habile mais également sans scrupule de Clovis assura aux Francs une place dominante en Gaule et jeta les bases dune reconstruction de lempire dOccident sous Charlemagne et ses successeurs. En 508, Clovis reçut de l'empereur d'Orient Anastase Ier le titre de « consul » et fut salué comme « Auguste » au cours d'une cérémonie à Tours. Cest alors quil décida de faire de Paris sa résidence principale après Tournai et Soisson.

Conformément à la loi salique adoptée sous son règne, le royaume de Clovis fut divisé entre ses fils à sa mort en 511. En 531, ils détruisirent le royaume de Thuringe et en 534 ils envahirent le royaume des Burgondes quils annexèrent au leur[181]. Théodebert Ier intervint en Italie du nord ayant probablement lintention de marcher de vers Constantinople. Vraisemblablement aspirait-il à une quelconque position impériale; pour souligner son indépendance, il fit frapper des pièces de monnaie dor (solidus) qui portaient son nom, privilège qui nappartenait quà lempereur romain[182]. En 560, le royaume franc fut unifié par Clotaire Ier, mais divisé à nouveau une année plus tard à la mort de celui-ci. À lintérieur du pays, les Francs firent alliance avec la noblesse et les évêques gallo-romaine pour les tâches administratives et utilisèrent le système romain des civitates ayant cours entre autre dans le sud de la Gaule[183]. Aussi, la domination franque fut-elle remarquablement bien acceptée par la plupart des Gallo-romains. Lévêque Grégoire de Tour, descendant dune famille sénatoriale et dont lœuvre historique constitue une source importante pour cette période, sefforça dharmoniser lhistoire des Francs et la tradition romaine. Cest ainsi quil présenta Clovis non comme un envahisseur germain, mais plutôt comme le gouverneur romain des Gaules[184].

Progressivement, les rois mérovingiens perdirent leurs pouvoirs et, à partir de la seconde moitié du VIIe siècle virent ceux-ci repris par les « maires du palais », ce qui conduira à leur remplacement en 751 par les Carolingiens.

Le royaume des Burgondes

Après que le royaume des Burgondes sur le Rhin moyen eut été détruit en 436 par le général romain Aetius et que les survivants eurent été transférés en Sapaudie (voir plus haut), ceux-ci édifièrent leur propre royaume fédéré sur les bords du lac Léman[185]. La position des Burgondes face au pouvoir romain était ambivalente, car les souverains veillaient constamment sur leur légitimité. Contrairement à de nombreux autres confédérés germaniques, les Burgondes sen tenaient scrupuleusement aux obligations que leur imposait leur devoir de fédérés et luttèrent à de nombreuses reprises contre les envahisseurs. Des troupes burgondes aux ordres dAetius combattirent les Huns et prirent part, par exemple, à loffensive contre les Suèves au milieu de Ve siècle. En 457 après la mort dAetius, les Burgondes saisirent loccasion que leur donnait la situation trouble dans les Gaules pour envahir la région autour de Lyon. Lannée suivante, ils assiégèrent la ville qui finit par tomber en leur pouvoir en 469 et servit de résidence à partir de cette date aux rois des Burgondes. En Auvergne, ils combattirent à nouveau aux côtés des Romains, contre les Wisigoths. Dans les années 470 et 480, ils partirent en guerre contre les Alamans[186]. Lun des plus grands rois fut Gondebaud. Éduqué à la cour impériale de Ravenne et magister militum de la Gaule, il fut fait patrice des Romains en 456 et fut à partir de ce moment le véritable maître du gouvernement. Son royaume sétendra pratiquement jusquà la Méditerranée au sud et au lac de Constance au nord.

le royaume des Burgondes
Le royaume des Burgondes entre 443 et 476

Avec la création du royaume fédéré en Sapaudie, le processus de romanisation des Burgondes saccéléra. Le roi autorisa le conubium, cest-à-dire les mariages entre Burgondes et Romains des provinces. Létonnante faculté dadaptation des Burgondes causa pratiquement la perte de tout sentiment didentité et ils sassimilèrent rapidement au peuple parmi lequel ils vivaient. Laristocratie gallo-romaine qui coexistait sans peine avec les Burgondes y vit une garantie de maintien de lordre établi qui lui permettrait peut-être de reprendre possession de ses terres[187]. Ce nest quavec la déposition de lempereur Romulus Augustulus en 476 que le roi des Burgondes reprit pour son territoire les pouvoirs de lempereur dOccident[188]. Toutefois, afin de légitimer sa bonne foi romaine, il demanda à lempereur dOrient de le confirmer dans son rang de magister militum. Un trait marquant de la royauté burgonde était quen cas de succession, divers membres de la famille royale pouvaient se voir concéder des apanages sans que la souveraineté ne soit pour autant divisée; aux côtés de Lyon, Genève et Vienne devinrent ainsi des résidences royales[189]. Cette cohabitation des éléments romains et germaniques se concrétisa dans la « Loi Gombette » ou « Loi des Burgondes ». Promulguée au début du VIe siècle par le roi Gondebaud, puis complétée par ses successeurs, elle fixa les usages à respecter par les sujets burgondes du royaume. Une seconde loi ou « Loi romaine des Burgondes » fixait le droit des sujets gallo-romains du royaume. Prises dans leur ensemble ces deux lois démontraient le degré de cohabitation qui existait entre les éléments romains et germaniques. Dans le domaine religieux, qui dans dautres royaumes revêtait un aspect hautement politique, on nobserve aucune controverse entre ariens et catholiques même si les Burgondes étaient ariens. La maison royale semble sêtre orientée très tôt vers le catholicisme. De plus, il nest pas certain que tous les rois burgondes aient été ariens, même si les hauts postes de lÉglise étaient occupés dans le royaume par des Ariens[190].

Après la mort du roi Gondemar, son frère Sigismond fut proclamé roi. Les Francs mérovingiens saisirent loccasion pour tenter de semparer du royaume. Après avoir perdu une bataille importante à Vézeronce en 524, les Francs durent attendre dix ans pour semparer du royaume quils divisèrent entre eux. Malgré l'effondrement de la dynastie burgonde et la victoire définitive des successeurs de Clovis, la cohésion entre les deux ethnies burgonde et gallo-romaine, née des actions pacificatrices et unificatrices des rois burgondes avait fait naître un particularisme qui perdurera. Cest ainsi que la Bourgogne naitra de leffondrement du royaume des Burgondes[191].

Les Angles, Saxons et Jutes en Bretagne

Les royaumes de l'heptarchie
Les royaumes de l'Heptarchie vers l'an 800 (frontières approximatives)

Avec le départ des dernières unités de larmée romaine au début du Ve siècle, la province romaine de Bretagne se trouva bientôt sans protection face aux attaques répétées des Pictes et des Écossais (voir plus haut). Ladministration romaine seffondra progressivement et fut remplacée par des autorités régionales qui se chargèrent de la défense. Le départ des troupes et de laristocratie romaines signifiait que les quelques civitates existantes dans cette province moins urbanisée que les autres devaient assumer seules les charges de ladministration publique[192]. Lécrivain païen Zosime qui écrivit aux environs de lan 500 une Nouvelle Histoire, sappuyant sur les récits de son prédécesseur Olympiodoros de Thèbes, affirme que lempereur Honorius informa les civitates britanniques que dorénavant elles auraient aussi à se défendre seules[193]. Quoi qu'il en soit, les autorités de Ravenne se désintéressèrent du sort de lile et ne nommèrent plus de nouveau magistrat. Lévêque Germain dAuxerre visita la Bretagne en 429 et en 444. Un dernier appel au secours des Romains restés en Bretagne en lan 446 et adressé au général Aetius nous est rapporté dans lœuvre de Gildas intitulé « Le déclin de la Bretagne » :

« Les barbares nous jetèrent à la mer; la mer nous rejeta sur les barbares; nous navions dès lors dautre choix que de mourir noyés ou sous lépée[194]. »

Les sources manquant pour la période qui suivit, seuls les principaux faits nous sont connus[195]. Afin de parer au danger des attaques de diverses tribus barbares, les Romains avaient fait appel en Bretagne aux fédérés saxons (certains chercheurs situent cet appel un peu plus tôt). Au IIIe siècle, les pirates saxons avaient donné des difficultés aux Romains; ils revenaient maintenant en tant qualliés. Très rapidement cependant, une nouvelle rupture se produisit que des chroniques galloises situent en 440 après que des Jutes et des Angles furent venus sinstaller à demeure dans lile.

Depuis les années 1960, une controverse perdure parmi les spécialistes concernant le rôle joué par les peuplades germaniques installées en Grande-Bretagne à la fin du IVe siècle. De nombreux historiens et quelques archéologues soutiennent que l’ « anglo-saxonisation » du pays au cours des Ve et VIe siècles est due à larrivée dun large contingent démigrants en provenance d'Allemagne et des Pays-Bas ou du Danemark daujourdhui. Dautres, surtout parmi les archéologues, croient plutôt que les immigrants auraient été peu nombreux mais que des Celtes romanisés (Bretons)se seraient joints à eux, lesquels auraient adopté la langue et le mode de vie des nouveaux-venus conquérants, selon la théorie du transfert des élites (voir plus haut)[196]. Daprès le chroniqueur Gildas qui écrivit au cours du VIe siècle, un « arrogant tyran » aurait été responsable du fait que les villes romaines de Bretagne aient fait appel aux Saxons. Selon Bède le Vénérable, qui retraça au VIIIe siècle lhistoire de lÉglise, ce serait le « souverain » Vortigern qui aurait engagé comme mercenaires les Saxons, chassés de leur royaume pour cause de surpopulation, et débarqués sur les côtes de lile sous la conduite des frères Hengist et Horsa[197]. Ce genre dépopée est également répandu chez les Goths et les Lombards alors que peu de faits historiques certains concernant la Bretagne sont parvenus jusquà nous. Toutefois les quelques sources dont nous disposons attestent quil ny a pas eu deffondrement de lordre établi. Bien plus, de petits royaumes bretons (les chercheurs parlent de Sub-Roman Britain pour la période sétendant de la fin de la domination romaine à larrivée de saint Augustin en 597) fondés avant la venue des Saxons, ont continué à exister par la suite et à sopposer aux Anglo-Saxons. Les « seigneurs de la guerre » germaniques auraient ainsi combattus les Bretons. Cest dans ce contexte que sinsère lépisode de la bataille du Mont Badon aux environs de lan 500. Reliée à la geste du roi Arthur, il est difficile de savoir qui en furent les participants (le roi Arthur ? un certain Ambrosius Aurelianus ?). On peut toutefois tenir pour acquis quelle arrêta l'invasion saxonne et permit la reprise de territoires précédemment perdus par les Bretons. Toutefois, ces derniers furent finalement repoussés vers les régions périphériques de lile, que ce soit vers le nord ou vers le Pays de Galle et le sud-ouest de lAngleterre. Une partie de la population se réfugia sur le continent en Armorique, dans ce qui est aujourdhui la Bretagne[198]. Les Anglo-Saxons opéraient en petites unités, navaient pas de commandement unifié et se faisaient la guerre entre eux. Ce nest quau VIIe siècle quils se regroupèrent en sept principaux royaumes (dits de lHeptarchie) qui continueront à exister jusquà larrivée des Vikings au IXe siècle[199].

La Bretagne qui en raison de son insularité devait jouer un rôle particulier dans la migration des peuples vécut alors une véritable « barbarisation ». La langue latine se métamorphosa. Les dernières inscriptions latines que lon retrouve au Pays de Galle datent du VIe siècle. Selon larchéologue Bryan Ward-Perkins, le niveau de vie dans lile serait retourné à ce quil était durant la préhistoire[200]. Le christianisme aurait également subi des revers importants même si les sources, très limitées, prêtent à controverse. Dun côté, la mission dIrlande semble avoir quitté la Bretagne au cours du Ve siècle, dun autre, le pape Grégoire le Grand dut envoyer des missionnaires dans ce qui est aujourdhui lAngleterre ( Canterbury ) au VIe siècle. Les grands élans religieux et culturels semblent être venus avant tout dIrlande. Et cest grâce à des missionnaires venus de ce pays que commencera véritablement la conversion des Anglo-Saxons au VIIe siècle.

Les Lombards en Italie et la fin des grandes migrations

La légende des origines des Lombards (ou plus exactement Langobards, ce qui signifie longues-barbes) nous est rapportée dans la Origo Gentis Langobardorum. Selon cette légende le dieu Wotan aurait assuré la victoire des Lombards qui seraient originaires de Scandinavie sur les Vandales[201]. Comme pour la plupart de ces légendes qui se perdent dans la nuit des temps, il est presque impossible de rétablir la vérité historique. De plus, leur principal historien, Paul Diacre (Paulus Diaconus) écrivit son Historia Langobardum entre 784 et 799, soit longtemps après les évènements, sur la base de sources plus anciennes. Selon certaines sources romaines, les Langobards étaient établis aux Ier et IIe siècles sur les bords de lElbe supérieur ils affrontèrent lempereur Tibère. Mais ils sont peu souvent mentionnés dans les sources et les fouilles archéologiques ne permettent pas de reconstruire le trajet de leurs migrations[202]. En 488/489, ils profitèrent de la destruction du royaume des Ruges par Odoacre pour sy installer. De , ils commencèrent à étendre leur puissance, d'abord en défaisant les Hérules en 508, et à peu près à la même époque en chassant le reste des populations suèves du moyen Danube. La deuxième période se situe entre 520 et 540 alors quils occupèrent lancienne province romaine de Pannonie au sud du Danube[203]. Cest alors quils entrèrent en contact avec lempire dOrient. Dans le contexte de la guerre menée par Justinien contre les Goths, le roi des Lombards, Audoïn, qui avait conquis les territoires anciennement détenus par les Ostrogoths en Pannonie, conclut un traité avec lempereur de Constantinople. Ce traité servait lintérêt des deux parties puisque les troupes romaines obtenaient du renfort pour mettre un terme à la résistance des Ostrogoths en Italie, alors que les Lombards obtenaient une protection contre lexpansion des Gépides[204]. En 552, le général Narsès fit campagne en Italie. Quelques milliers de Lombards sous la conduite dAlboïn, fils dAudoïn, laccompagnaient. Mais Narsès se vit contraint de renvoyer les Lombards indisciplinés[205]. Peu après, les Lombards triomphaient des Gépides[206]. Paul Diacre raconte un épisode qui semble tenir plus de la légende que de la vérité historique, en fonction de laquelle Alboïn aurait tué le fils du roi des Gépides suite à quoi, pour restaurer la paix, il se serait rendu au roi gépide Thorisind[207]. Arrivé au pouvoir aux environs de 560, Alboïn commença à planifier la destruction du royaume gépide. À cet effet, il conclut un accord avec les Avars, une tribu de cavaliers nomades qui avait migré depuis peu de lAsie vers le centre de lEurope et qui avait érigé peu après un riche royaume dans la région du Danube d il menaçait lempire dOrient[208]. En 567, Alboïn vainquit les Gépides sans que les Avars naient vraiment besoin dintervenir. Alboïn tua le roi des Gépides, Kunimund, de sa propre main et se servit de son crâne comme dune coupe à boire. Il épousa alors la fille du roi, Rosamonde, qui devait par la suite participer au meurtre dAlboïn[209].

royaume des Lombards
Royaume des Lombards à la mort d'Alboïn (572)

Lhypothèse qui a longtemps circulé à leffet que les Lombards auraient été obligés de fuir devant les Avars est maintenant pratiquement mise de côté. En 568, Alboïn utilisa sa solide position pour partir vers lItalie en compagnie de groupes appartenant à dautres gentes de la région des Carpates. En dépit des ravages causés par la guerre des Goths, la province centrale de lancien empire offrait encore la perspective alléchante dun riche butin, chose qui pour le chef de guerre qui devait récompenser ses soldats avec les dépouilles des vaincus était attirante. Lhistoire selon laquelle les Lombards auraient été appelés par Narsès ne semble guère conforme à la réalité[210]. La controffensive de larmée impériale fut impuissante, ne serait-ce que parce quil restait très peu de troupes en Italie. Dès lors, de nombreuses villes dont Milan se rendirent. Au contraire, ce ne fut quau bout dun siège de trois ans que Pavie ouvrit ses portes et devint par la suite la résidence principale des rois lombards. Des bandes isolées poussèrent vers le sud de lItalie et les territoires francs. Ravenne, Rome et les villes de la côte comme Gênes, purent leur résister. Les sources parlent abondamment de la brutalité des conquérants, les uns encore païens, les autres ariens, De nombreux grands propriétaires terriens durent fuir devant lenvahisseur. Peu après le début de linvasion, Alboïn créa à Cividale del Friuli un duché quil confia à son neveu, Gisulf Ier. Le duché était manifestement modelé sur le modèle militaire romain et Alboïn combina le système de défense existant et le système traditionnel lombard des farae (du germanique : bande)[211]. Cette forme de gouvernement, qui convenait à un peuple préférant la campagne à la ville, devait assurer la survie des Lombards après lassassinat dAlboïn en 572 lorsque le pouvoir central dégénéra.

Fondé en 568, le royaume lombard fut le dernier à sinstaller sur le territoire de lempire dOccident pendant lAntiquité tardive et marqua dès lors la fin de lère des grandes migrations qui avait vu léclosion dune imposante constellation de principautés en Europe centrale et occidentale. Cest à peu près à la même époque que les Bavarois (ou Bajuwaren) firent leur apparition[212]. Un peu plus tard, ce sera au tour des Slaves dexercer des pressions sur de nombreux territoires germaniques de même que dans les Balkans sous domination romaine , à partir de 580, ils commencèrent à sinstaller à demeure[213].

Après la mort dAlboïn, le royaume lombard dItalie du nord, du Bénévent et de Spoleto, dont lorganisation était encore très lâche, se divisa en nombre de duchés qui poursuivirent par la suite leur propre politique. Dans les années qui suivirent, ils vinrent de plus en plus souvent en conflit avec lempire dOrient qui maintint longtemps sa présence au centre et dans le sud de lItalie. En 584, le roi Authari rétablit la royauté lombarde après un période d'anarchie alors que les Lombards devaient faire face à des incursions franques dirigés par le roi Childebert II. Agilulf lui succéda en mai 591, après avoir épousé sa veuve selon la coutume lombarde, la reine catholique Théodelinde. Sous linfluence de celle-ci, il fera baptiser leur fils Adaloald selon le rite catholique et lui-même abandonnera larianisme en 607. Ceci marqua un succès important de la politique du pape Grégoire qui était intervenu en octobre 598 pour que les Byzantins concèdent finalement aux Lombards l'Italie du Nord[214]. De 712 à 744, Liutprand tenta vainement d'unifier la péninsule italienne sous la domination lombarde, entrant régulièrement en conflit avec la Papauté. Il dut également se soumettre les duchés lombards semi-indépendants de Spolète et de Bénévent, en plus de tenter d'expulser définitivement les Byzantins d'Italie en assiégeant Ravenne en 734, sans succès[215]. Le royaume des Lombards prit fin sous les attaques des Francs conduits par Charlemagne en 774. Celui-ci était intervenu à la demande du pape lannée précédente et avait mis le siège devant Pavie. Après avoir conquis le reste du royaume, Charlemagne prit le titre de roi des Lombards et força le dernier roi, Didier, à se faire moine. Mais le royaume subsista du moins virtuellement puisque les empereurs du Saint-Empire romain germanique continueront à être couronnés avec la couronne de fer des Lombards.

La situation à la fin de la période des grandes migrations

Larrivée des Lombards en Italie constitue le dernier épisode des grandes migrations[216]. Cette époque vit naitre sur le sol de lempire dOccident chancelant un nouvel ordre politique qui subsista en grande partie au cours des débuts du Moyen Âge et d émergèrent progressivement les États modernes. Ainsi, le royaume des Francs se divisa à la fin de la dynastie carolingienne, en Francie orientale et Francie occidentale, ancêtres de la France et de lAllemagne daujourdhui. Le royaume des Wisigoths permettra au cours de la Reconquista la formation dune identité espagnole, alors que les Anglo-Saxons seront à lorigine du Royaume-Uni et que le royaume des Lombards préfigurera, sous forme embryonnaire, lÉtat italien. Dans la majorité de ces royaumes en formation, se parlait une forme de plus en plus vulgarisé de latin (sauf peut-être en Grande-Bretagne il était déjà abandonné), les envahisseurs germaniques surent trouver un terrain dentente, qui revêtait des formes diverses selon les endroits, avec les peuples quils avaient conquis. Ceci ne doit toutefois pas faire perdre de vue les changements quelques fois dramatiques qui eurent lieu à la fin de lAntiquité tardive, ni la violence qui sexerça sur les populations concernées. Bien que lempire romain se perpétuât en Orient, on ne constata plus après la mort de Justinien en 565 le même intérêt pour ce qui se passait en Occident, et ce même si la dernière possession byzantine en Italie ne devait tomber quen 1071. Maurice (582-602) fut le dernier empereur à simpliquer véritablement en Occident et à y mener une activité politique intense. Lempire dOrient avait ses propres problèmes et dut, dès le début du VIIe siècle, se concentrer sur le combat défensif contre les Perses et les Arabes, les Avars et les Slaves, combats qui requéraient toutes ses énergies. La création de lexarchat doit être vue dans ce contexte comme lune de ces mesures défensives. Enfin, lempire dOrient perdit définitivement sous Héraclès son caractère latin pour devenir un empire grec[217].

Le baptême de Clovis
Le baptême de Clovis d'après une miniature. Considéré comme consul romain par Constantinople et comme roi des Francs saliens par son peuple, Clovis est un excellent exemple du rôle que jouèrent les "Barbares" dans les transformations de l'Europe entre l'Antiquité tardive et le Moyen Âge

Déjà au Ve siècle, larmée et ladministration avaient perdu en Occident leur caractère proprement romain. Ceci entraina des changements complexes dans lorganisation politique, économique et sociale des sociétés concernées[218]. Si le climat de conflit permanent avait entrainé la disparition dramatique de la culture antique, plusieurs éléments de la trame culturelle traditionnelle survécurent dans les royaumes barbares, quoique le niveau déducation et la production littéraire aient été drastiquement réduits. Face au déclin de lÉtat, lorganisation de lÉglise se modifia également et linfluence des évêques se renforça par rapport à ce quelle avait été dans lAntiquité tardive. LÉglise devint ainsi le dépositaire de la culture antique, du moins dans sa tradition chrétienne : si cette culture ne parvint pas à se maintenir au niveau quelle avait déjà atteint, elle senrichit de nouvelles influences et fut appelée à jouer un rôle de premier plan dans larchitecture de la nouvelle société qui sélaborait[219] Les Germains adoptèrent le droit romain qui faisait partie du mode de vie quils sefforçaient dassimiler. Certains souverains germaniques qui tiraient la légitimité de leur pouvoir de larmée et du caractère sacré de leur royauté adoptèrent, comme Théodéric le nom impérial de Flavius et eurent recours aux élites romaines pour les tâches administratives. De telle sorte que, souvent, le terme « germain » cessa de sopposer à celui de « romain » dans une population ils ne formaient souvent quune minorité.

Au cours des dernières décennies, la période qui sétend du IVe au VIIIe siècle a suscité un regain dintérêt de même que la problématique de la continuité qui y est reliée[220]. Les modifications de la structure politique nentrainèrent pas nécessairement de changements brutaux pour la population. Cest ainsi que dans le royaume des Francs, les citoyens nétaient plus sujets de lempereur, mais du roi même si on se référa jusquau VIe siècle à lempereur de Constantinople comme au dominus noster. On adopta autant quon adapta les systèmes bureaucratique et politique romains. Pendant longtemps, les institutions de la Rome tardive subsistèrent, à tout le moins jusquà ce que lon ne trouve plus le personnel formé nécessaire à leur maintien. Dans les provinces, les membres des élites locales optèrent souvent pour une carrière ecclésiastique. Par ailleurs, les comites qui avaient dirigé les civitates continuèrent à exister jusquà ce quils se transforment en comtes. Dans les Gaules, les Francs en résistant aux envahisseurs alamans se dotèrent dune personnalité propre : la Gaule devint la France et de nouveaux personnages firent leur apparition à la cour royale, comme les « maires du palais » sous les Mérovingiens[221]. Le commerce avec létranger diminua notablement durant le temps des grandes migrations et la production économique des royaumes devint moins spécialisée quelle navait été du temps des Romains. Une tendance déjà observable dans les dernières années de lempire dOccident vers une consolidation des structures aristocratiques saccéléra, qui se se transforma en opposition entre aristocrates et grands propriétaires terriens. La société se divisa bientôt entre hommes libres (auxquels appartenaient à la fois la noblesse germanique et les élites romaines), semi-libres et non-libres. En même temps, le nombre des esclaves séleva bien que de nombreuses questions de détail sur leur statut soient encore controversées. Le développement se ralentit mais à des degrés divers selon les royaumes. De façon générale, de nombreuses théories que lon considérait comme acquises sont maintenant remises en question par les plus récents travaux[222]. On revoit ainsi à la hausse la population totale des villes en Occident. Dans certaines régions, comme en Bretagne et dans une partie de la région du Danube, ce qui était considéré comme la culture urbaine antique disparut presque complètement. Dans le domaine artistique, de nouvelles formes se firent jour tant dans l'écriture elle-même que dans le style de peinture (peinture animalière). Par ailleurs, représentants traditionnels des civilisations, les rites de funérailles se modifièrent profondément. Cest ainsi que progressivement l’ « art romain » fut remplacé par l’ « art germanique » ou « barbare »[223].

Dates importantes

375 : mort de lempereur Valentinien I. À la même époque (vraisemblablement quelques années plus tôt) les Huns se soumettent les Alains et les Greuthungues.

376 : fuite des Goths installés sur le Danube devant les Huns et leur arrivée dans lempire romain; peu après les Goths se soulèvent contre Rome.

378 (9 aout: bataille dAndrinople; lempereur Valens est fait prisonnier; une grande partie de larmée impériale est anéantie.

380 : sédentarisation de la « confédération des trois peuples » en Pannonie par lempereur Gratien.

382 : traité avec les Goths; lempereur Théodose permet létablissement de nombreuses communautés goths en deçà du Danube.

395 : partage de lempire; irruptions des Huns dans lempire des Sassanides et dans les provinces orientales de lempire romain.

405 : invasion de Radagaise et dune armée imposante dans lempire occidental; Stilicon vainc les envahisseurs en aout 406.

406/407 : passage du Rhin; écroulement du limes romain; Vandales, Suèves et Alains pillent la Gaule; en Grande-Bretagne, lusurpateur Constantin III fait son apparition; départ des derniers contingents de larmée impériale de lile.

409 : départ des Vandales, Suèves et Alains pour lEspagne.

410 : sac de Rome par les Wisigoths sous la conduite dAlaric Ier.

418 : établissement des Wisigoths en Aquitaine.

429 : les Vandales traversent en Afrique; prise de Carthage; reconnaissance par Rome de ses pertes en 442.

436 : anéantissement du royaume des Burgondes sur le Haut-Rhin moyen par le magister militum Aetius qui, en 443, transfère les populations en Sapaudie.

• +/- 440 : une partie des Saxons et autres groupes germaniques sétablissent en Grande-Bretagne à titre de fédérés et commencent à prendre possession du pays.

451 : expédition dAttila contre lempire dOccident; bataille des champs Catalauniques et retrait dAttila des Gaules.

452 : invasion de lItalie par les Huns qui doivent toutefois sen retirer peu après. • 453 : lempire dAttila sécroule peu après sa mort.

455 : prise et sac de Rome par les Vandales.

466 : le roi des Wisigoths, Euric, rompt le traité avec Rome et commence une politique dexpansion; la plus grande partie de lHispanie et du sud-ouest des Gaules passe aux mains des Wisigoths.

468 : invasion du royaume des Vandales par les troupes impériales dOrient et dOccident.

476 : renvoi du dernier empereur occidental, Romulus Augustule, par Odoacre et fin de lempire dOccident; Julius Nepos continue jusquà sa mort en 480 à régner en exil; en Gaule, lenclave gallo-romaine érigée par Aetius se maintient jusquen 486.

486/487 : destruction du royaume de Syagrius par les Francs sous Clovis Ier; le royaume des Francs prend forme.

489 : le roi Ostrogoth Théodoric envahit lItalie et y fonde son propre royaume.

507 : le roi des Wisigoths est vaincu par les Francs; son royaume se réduit au sud-ouest des Gaules.

533/534 : destruction du royaume des Vandales par le général byzantin Bélisaire; le royaume des Burgondes tombe en 534 aux mains des Francs.

535-552 : guerre des Goths en Italie; lempereur Justinien Ier reprend le contrôle dune partie de lancien empire dOccident.

568 : invasion des Lombards dans lItalie du nord. Fin des grandes migrations.



Voir aussi

Galerie de cartes

[224]

Notes et références

Note

Références

  1. Matthias Springer, « Völkerwanderung » dans Reallexikon der Germanischen Alterumskunde (RGA), 2e éd. Tome 32, Walter de Gruyter, Berlin/New York, 2006, pp. 509-517. Il est évident que tous les découpages historiques sont des conceptions de lesprit et reposent sur des conventions. Comparer : Stefan Krautschick, « Zur Entstehung eines Datums. 375 - Beginn der Völekerwanderung » dans Klio 82, 2000, p. 217-222, de même que, du même auteur, “Hunnensturm und Germanenflut: 375Beginn der Völkerwanderung? » dans Byzantinische Zeitschrift 92, 1999, pp. 10-67.
  2. Monica Rotaru, Jerôme Gaillardet, Michel Steinberg, Jean Trichet : Les climats passés de la terre, Vuibert, 2007, ISBN: 978-2-7117-5394-9, 195 pp.: les péjorations climatiques se manifestent en Europe par un Gulf Stream plus intense qui fait du Groenland un pays vert mais augmente la pluviosité en Scandinavie, compromettant les récoltes et la pêche, et en Asie centrale par une suite d'étés torrides, très secs, et d'hivers très rudes, qui déciment les troupeaux, base économique des peuples de la steppe.
  3. Voir Mischa Meier, Sie schufen Europa. C.H. Beck, Munich, 2007
  4. Les paragraphes qui suivent résument le chapitre « The Great Migration Debate » dans Peter Heather, Empires and Barbarians, pp. 12-21.
  5. Jérome, Epist., 123.
  6. Voir à ce sujet : Dimitri Obolensky, chap. 2 « Barbarians in the Balkans » dans The Byzantine Commonwealth, Eastern Europe, 500-1453, Londres, Phoenix Press,1971, ISBN 1 84212 019 0
  7. P. Heather (2009), p. 253.
  8. N. Heather (2009), p. 254.
  9. Heather (2009), p. 256.
  10. Jordanès, Getica, 4, 25-28.
  11. Heather (2009), pp. 122-123.
  12. Walter Pohl, « Telling the Difference : Signs of Ethnic Identity » dans Walter Pohl, Helmut Reimitz (éds), Strategies of Distinction : The Construction of Ethnic Communities, 300-800. Leiden u.a. 1998, p. 17 et sq.
  13. On retrouvera les principes de base de cette théorie dans Reinhard Wenskus, Stammesbildung und Verfassung. Das Werden de frühmittelalterlichen gentes, 2e édition, Köln/Wien 1977. Le travail de Wenskus a été continué par Herwig Wolfram et son élève Walter Pohl. Résumé accompagné de matériel nouveau dans Pohl (2005), pp. 13 et sq. Toutefois, lélan de lécole de Vienne a fait en partie lobjet de critiques concernant Wolfram et Pohl.
  14. Goetz, Jarnut, Pohl (2003); Pohl (1997).
  15. Pour la façon souvent tout aussi politique dont ces thèses ont été reçues, voir lexposé de Rosen (2003), pp. 109-121.
  16. Au cours des dernières années, Heather (2005), Heather (2009) et Ward-Perkins (2005) ont mis laccent sur laspect dévastateur de cette période. Comparer les conclusions opposées de Goffart (1980) et Goffart (2006) ainsi que les travaux de Peter Brown. Pour un résumé densemble, voir la collection Transformation of the Roman World (jusquici en 14 volumes).
  17. Heather (1995) et Heather (2005). À la différence de Halsall (2007).
  18. Springer (2006), p. 514.
  19. Patrick Geary: Die Merowinger. München, 1996, p. 7.
  20. Pohl (2005), p. 31 et sq; Rosen (2003), pp. 99-101.
  21. Voir Springer (2006).
  22. en latin Agri decumates; ils constituaient l'extrême sud-ouest de la Germanie, entre Rhin, Main et Danube, correspondant approximativement à l'actuel Bade-Wurtemberg.
  23. a et b Voir « Tableaux chronologiques » dans Roger Rémondon (1970), pp.50 à 57.
  24. Pour une analyse critique de la Getica, voir Arne Soby Christensen, Cassiodorus, Jordanes and the History of the Goths. Studies in a Migration Myth. Kopenhagen 2002; on pourra aussi consulter Herwig Wolfram, « Einige Überlegungen zur gotischen Origo gentis » dans Henrik Birnbaum u.a. (éds.) Festchrift Alexander Issatschenko. Lund 1978, pp. 487-499. Le manuel de base concernant les Goths est celui de Wolfram (1979). Également important, Volker Bierbrauer, « Archäeologie une Geschichte der Goten vom 1.-7. Jahrhunder » dans Frühmittelatlterliche Studien, vol 28 (1994) pp. 51-171 ainsi que Heather (1991).
  25. Voir Karl Christ, Geschichte der römischen Kaiserzeit, 4e éd. Münich 2002, p. 336 et sq; pour un résumé, Rosen (2003), pp. 43-45.
  26. Wolfram (1979) p. 41 et sq.
  27. Voir à ce sujet larticle Goths.
  28. Rémondon (1970), p. 99.
  29. Heather (2005), p. 82.
  30. Martin (2001), p. 166.
  31. Stefan Krautschick, « Hunnensturm und Germanenflut : 375Beginn der Vôlkerwanderung? » dans Byzantinische Zeitschrift 92, 1999, pp. 10-67, ici pp. 12-14.
  32. 31,3. Pour les Huns, voir Maenchen-Helfen (1978). Voir aussi larticle « Hunnen » dans RGA 15 (2000), pp. 246-261 ainsi que Attila und die Hunnen, publié par le Musée dhistoire de Pfalz Speyer, Stuttgart 2007. Concernant le royaume dErmanaric, voir Arne Soby Christensen, Cassiodorus, Jordanes and the History of the Goths, Copenhagen, 2002, p. 158 et sq., ainsi que Wolfram (1979) pp. 98-102. La mort dErmanaric est citée dans plusieurs épopées du Moyen Âge.
  33. Voir Heater (1995) et Heather (2005), p. 146 et sq. Voir également larticle « Hunnen » dans RGA 15 (2000), p. 247.
  34. Orosius, Historiae adversum paganos, 7.33.
  35. La meilleure source à ce sujet est à nouveau Ammien dans le dernier tome (31) de son Histoire. Voir aussi Heather (2009), pp. 162-163.
  36. Ammianus, 31,5 et sq.; Heather (1991), p. 142 et sq.
  37. Valens craignait peut-être que son neveu Gratien, qui avait déjà fait ses preuves à la guerre, ne voit sa renommée croitre aux dépens de celle de son oncle sil venait à son aide pour défaire les Goths. Pour la suite des évènements, voir Ammien 31,12 et sq. Comparer à Burns 91994) p. 28 et sq., ainsi que Heather (1991) p. 142.
  38. Heather (1991), p. 84 et sq.
  39. Pour les conséquences de cette bataille, voir Burns (1994) p. 33.
  40. Ammianus 3 1, 13, 19.
  41. Wolfram (1979), p. 150 et sq.
  42. Sur Théodose le Grand, voir Hartmut Leppin, Theodosius der Grosse, Darmstadt 2003 ainsi que sur les conséquences de la bataille dAndrinople, p. 35 et sq. Comparer avec Burns (1994), p. 23 et sq., et Heather (1991), p. 142 et sq.
  43. Voir Heather (1991), p. 157 et sq; Remondon (1970), p. 191.
  44. Voir Martin (2001), p. 166.
  45. Voir à ce sujet Leppin (2003), p. 45 et sq; comparer avec Halsall (2007), p. 184 et sq.
  46. Getica, 29, 146.
  47. Heather (1991) p. 193 et sq; Wolfram (1979), p. 159 et sq.
  48. Voir Burns (1994), p. 183 et sq.; Heather (1991), p. 199 et sq. (avec de bonnes cartes); Wolfram (1979), p. 164 et sq.
  49. H. Pirenne, Histoire de l'Europe. Des invasions au XVIe siècle (1939), Paris-Bruxelles, p. 3
  50. Stilicon nétait pas le premier général à avoir pris une influence considérable sur la conduite des affaires de lÉtat. Cette tendance se continua au Ve siècle au cours des règnes dempereurs faibles. Voir lexposé détaillé dAlexander Demandt, « Magister Militum » dans Pauly-Wissowa. Supplément 13, p. 553 et sq.
  51. Sur la campagne contre Radagaise, voir Heather (2005), p. 194 et sq, de même que Wolfram (1979), p. 202-204, lequel met laccent sur cet épisode dans lethnogenèse des Wisigoths.
  52. Daprès Zosime qui sappuie sur Olympiodore de Thèbes, celle-ci se serait élevée à 4 000 livres dor. Après avoir résidé pendant une longue période à Milan, le gouvernement impérial, au vu de la situation qui se dégradait, avait finalement décidé de se retirer à Ravenne que lon considérait comme imprenable.
  53. Zosime 5, 39-41.
  54. Wolfram (1979), p. 187 et sq.
  55. Wolfram (1979), p. 188 et sq.
  56. Voir larticle de Skizze Mischa Meier, « Alarich und die Eroberung Roms im Jahr 410. Der Beginn derVölkerwanderung’ » dans Meier (2007), pp. 45-62, en particulier, p. 52 et H. Pirenne, Histoire de l'Europe. Des invasions au XVIe siècle (1939), Paris-Bruxelles, pp. 4-5.
  57. Sur le sac de Rome en 410 et la façon dont il fut perçu, voir Mischa Meier, Steffen Patzold, August 410Ein Kampf um Rom, Stuttgart 2010; comparer à Hans Armin, « Der Fall Roms. Literarische Verarbeitung bei Heiden und Christen », dans Johannes Oort, Dietmar Wyrwa (éd.) Heiden und Christen im 5. Jahrhundert. Louvain, 1998, p. 160.
  58. Voir Goffart (2006), p. 73 et sq.; Heather (2005), p. 194 et sq.; Peter J. Heather, “Why did the Barbarians Cross the Rhine ? » dans Journal of Late Antiquity (2009), pp. 3-29; Stein (1928), p. 381 et sq. Voir aussi Michael Kulikowski, “Barbarians in Gaul, Usurpers in Britaindans Britannia 31 (2000), pp. 325-345.
  59. Sur les Vandales, voir Castritus (2007), p. 46 et sq, lequel porte un jugement sévère sur les sources de même que Merrills/Miles (2010). On pourra compléter avec larticle du RGA, « Wandalen » dans RGA 33 (2006), p. 168.
  60. Voir larticle « Sweben » dans RGA 30 (2005), p. 184 et sq.
  61. Heather (2005), pp. 206-209 avec cartes détaillées et analyse des sources.
  62. Heather (2005), p. 209 et sq, 236 et sq; Stein (1928), p. 383 et sq; C.E. Stevens, « Marcus Gratian, Constantine », dans Athenaeum 35 (1957), pp. 316-347.
  63. Pohl (2005), p. 86 et sq. Plusieurs questions de détail demeurent controversées, ne serait-ce quen raison de linsuffisance des sources.
  64. Concernant ces deux usurpateurs, voir John F. Drinkwater, « The Usurpers Constantine III (407-411) and Jovinus (411-413) » dans Britannia 29 (1998), pp. 269-298; Kay Ehling, « Zur Geschichte Constantins III. » dans Francia 23 (1996) pp. 1-11; Ralf Scharf, « IovinusKaiser in Gallien » dans Francia 20 (1993), pp. 1-13. Pour les Burgondes voir Kaiser (2004), p. 26 et sq.
  65. Wolfram (1979), p. 192 et sq.
  66. Wolfram (1979), pp. 196-202.
  67. Orosius, Historiae adversum paganos, 7,43.
  68. Wolfram (1979) p. 194 et sq. Pour les opérations militaires conduites par Constantius, voir Burns (1994), p. 250 et sq.
  69. Wolfram (1979), p. 204 et sq.
  70. Heather (1991), p. 221 et sq.
  71. Walter Goffart penche pour cette dernière option : Goffart (1980), p. 103 et sq, Goffart (2006), p. 119 et sq. Voir également Burns (1994) p. 263 et sq; Heather (1991), p. 221 et sq.; Pohl (2005), p. 58 et sq.; Pohl (1997), passim; Wolfram (1979), p. 208 et sq.; Herwig Wolfram, « Die dauerhafte Ansiedlung der Goten auf römischem Boden. Eine endlose Geschichte » dans Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung 112 (2004), pp. 11-35.
  72. Burns (1994), p. 263 et sq.; pour sa part, Ward-Perkins (2005), p. 54 et sq. est plus négatif.
  73. De façon générale, seul approximativement une personne sur quatre ou cinq était en mesure de porter les armes dans chacun de ces peuples. Par la suite, les Vandales en Afrique du Nord devaient séloigner graduellement de ce modèle de coopération.
  74. Voir Castritius (2007), p. 58 et sq.
  75. Hydatius, Chronica 49.
  76. Wolfram (1990), p. 234 et sq.
  77. Castitius (2007), p. 76 et sq; Uwe Walter, « Geiserich und das afrikanische Vandalenreich » dans Meier (2007), pp. 63-77.
  78. Getica, 33, 168.
  79. Pour le nombre de personnes en cause sur lequel il ny a pas unanimité dans les sources; voir la discussion dans Castritius (2007), p. 78.
  80. Castritius, p. 86 et sq; Wolfram (1990), p. 237 et sq .
  81. Procope, Bella 3,3.
  82. Castritius (2007), p. 68; voir à lopposé Alexander Demandt, Die Spätantike, 2e éd., Münich 2007, p. 184.
  83. Wolfram (1990), p. 238.
  84. Heather (2005), p. 268.
  85. Castritius (2007), p. 93 et sq; Walther, « Geiséric » dans Meier (2007), p. 70 et sq; Wolfram (1990), p. 239 et sq.
  86. Voir le chapitre « De lempire aux royaumes ».
  87. Heather (1995), p. 9.
  88. Voir « Hunnen » dans RGA 15 (2000), p. 249; Heather (1995), p. 10 et sq. Comparer à Maenchen-Helfen (1978), p. 22 qui parle dun certain sentiment dappartenance commune.
  89. Maenchen-Helfen (1978), p. 38 et sq.
  90. Claudian, In Rufinum 2, p. 26 et sq.
  91. a et b Maenchen-Helfen (1978), p. 43 et sq.
  92. Dieter Timpe, « Gainas » dans RGA 10 (1998), pp. 317-321. La figure de Gaïnas servira par la suite dexemple pour la propagande antigermanique.
  93. Orosius, Historiae adversum paganos, 7, 37,.3.
  94. « Hunen » dans RGA 15 (2000), p. 250. Voir aussi Maenchen-Helfen (1978), p. 53 et sq., lequel souligne la pauvreté des sources contemporaines de cette période.
  95. Chronique de Marcellin Comes, anno 427.
  96. Maenchen-Helfen (1978), p. 63 et sq.
  97. Demandt (1998), p. 122 et sq.; Stein (1928), p. 472 et sq.
  98. « Hunnen » dans RGA 15 (2000), p. 250 voir aussi Kaiser (2004), p. 31 et sq.; Maenchen-Helfen (1978), p. 60 et sq.
  99. Kaiser (2004), p. 38 et sq.
  100. Bruno Bleckmann, « Attila, Aetius und dasEnde Roms’. Der Kollaps des Weströmischen Reiches » dans Meier (2007), pp. 93-110; Heather (2005), p. 300 et sq; Maenchen-Helfen (1978), p. 69 et sq.; Gerhard Wirth, Attila. Das Hunnenreich und Europa. Stuttgart, 1999 [ce dernier faisant une large part à la spéculation].
  101. Chronique de Marcelinus Comes, année 441; Priskos, Fragment 1b.
  102. Chronique de Marcelinus Comes, année 447; Priskos, Fragment 3.
  103. Jordanès, Romana, 331.
  104. Voir Bleckmann, « Attila » dans Meier (2007), p. 102.
  105. Priskos, fragment 8.
  106. Jordanes, Getica, 42, 224.
  107. Maenchen-Helfen (1978), p. 98 la repousse du revers de la main; comparer à Bleckmann, « Attila » dans Meier (2007), p. 102 et sq.
  108. Bleckmann, « Attila » dans Meier (2007), p. 103.
  109. Castritius (2007), p. 104.
  110. Jordanes, Getica, 41, 216.
  111. Maenchen-Helfen (1978), pp. 97-106.
  112. Heather (2005), p. 340 et sq.
  113. Walter Pohl fournit un remarquable survol de cette période dans larticle « Die Gepiden und die gentes an der mittleren Donau nach dem Zerfall des Attilareiches » dans Herwig Wolfram, Falko Daim (éd.) Die Völker an der mittleren und unteren Donau im fünften und sechsten Jahrhundert, Vienne, 1980, pp. 239-305.
  114. « Hunnen » dans RGA 15 (2000), p. 252; Heather (2005), p. 351 et sq.; Maenchen-Helfen (1978), p. 107 et sq.
  115. Demandt (1998), p. 126 et sq; Heather (2005), p. 369 et sq.; Stein (1928), pp. 517-519.
  116. Heather (2005), p. 375 et sq.
  117. Brian Croke, « Dynasty and Ethnicity. Emperor Leo I and the Eclipse of Aspar » dans Chiron 35 (2005), pp. 147-203.
  118. Au sujet de la guerre avec les Goths et de la formation du royaume des Ostrogoths dans les Balkans, voir Heather (1991), p. 240 et sq.; Wolfram (1979), p. 307 et sq.
  119. Pour la suite des évènements, voir Demandt (1998), p. 141 et sq; Stein (1928), p. 540 et sq.
  120. Castritius (2007), p. 103 et sq.
  121. Stien (1928), p. 552 et sq.
  122. Pour la situation des Gaules au Ve siècle, voir John Drinkwater, Hugh Elton (éd.), Fifth-Century Gaul : A Crisis of Identity?, Cambridge 1992.
  123. Kaiser (2004), p. 49.
  124. Wolfram (1979), p. 217 et sq.
  125. Castritius (2007), p. 113 et sq.
  126. Grégoire de Tours, Decem libri historiarum, 2, 11; 2, 18; 2, 27. Comparer à Halsall (2007), p. 266 et sq et à David Frye, « Aegidius, Childeric, Odovacer and Paul » dans Nottingham Medieval Studies 36 (1992), p. 1 et sq. Concernant la personne dEgidius, voir Henning (1999), p. 81 et sq.
  127. a et b Wolfram (1979), p. 219 et sq.
  128. Michael Kulikowski, « Marcellin of Dalmatia and the Fall of the Western Empire » dans Byzantion 72 (2002), pp. 177-191.
  129. Castritius (2007), p. 118 et sq.
  130. Stein (1928), p. 582 et sq.
  131. Voir à ce sujet le survol de Martin (2001), pp. 168, 171 et sq.
  132. Demandt (1998), p. 148.
  133. Demandt (1998), p. 145; Heather (2005), p. 425 et sq; Kaiser (2004), p. 52; Stein (1928), p. 584.
  134. Martin (2001), p. 45.
  135. Wolfram (1979), p. 222 et sq.
  136. Wolfram (1979), p. 226.
  137. Henning (1999), p. 174 et sq.
  138. Wolfram (1990), p. 264 et sq.
  139. Voir Eugippius, Vita Severini, qui est une source importante à ce sujet. Voir aussi Heather (2005), p. 407 et sq.
  140. Voir à ce sujet, lessai classique de Brian Croke, « A.D. 476. The manufacture of a Turning Point » dans Chiron 13 (1983), pp. 81-119. À lopposé, voir Bleckmann, « Attila » dans Meier (2007), p. 109 et sq.
  141. Voir par exemple Henning Börm, « Das weströmische Kaisertum nach 476 » dans Josef Wiesehöfer et al. (éd.), Monumentum et instrumentum inscriptum, Stuttgart 2008, pp. 47-69.
  142. Rosen (2003), p. 79 et sq.
  143. Voir létat de la recherche dans Martin (2001), p. 168 et sq.
  144. Voir à ce sujet Goffart (2006), p. 23 et sq.; Wolfram (1990), p. 271 et sq. et le survol de Alexander Demandt, Der Fall Roms, Münich, 1984.
  145. Demandt (1998), p. 149 et sq.
  146. Maechen-Helfen (1978), p. 260 et sq.
  147. Jordanès (ou plus exactement Cassiodore quil résume) donne dans la Getica limpression que les Amales pouvaient remonter leur arbre généalogique dans la nuit des temps, ce qui nest quune construction de lesprit. Voir Peter J. Heather , « Cassiodorus and the Rise of the Amals. Genealogy and the Goths under Hun Domination » dans Journal of Roman Studies 79 (1989), pp. 103-128.
  148. Heather (1991), p. 240 et sq.; Pohl (2004), p. 126 et sq. Wolfram (1979), p. 321 et sq.
  149. Jordanès, Getica, 54, 277-279.
  150. Lhistorien Malchus de Philadelphie fait un récit détaillé des évènements dans sa chronique qui ne nous est malheureusement parvenue que sous forme de fragments.
  151. Sur la politique de Zénon à lendroit des Goths et ses conséquences, voir Heather (1991), p. 272 et sq.
  152. Voir Wolfram (1979), p. 346 et sq.; également, Pohl (2005), pp. 137-140.
  153. Pour une introduction à Théodoric, voir Hans-Ulrich Wiemer, « Theoderich der Große und das ostgotische Italien. Integration durch Separation » dans Meier (2007), pp. 156-175; Antonio Carile (éd.) Teoderico e i Goti fra Oriente e Occidente. Ravenne, 1995; Wilhelm Enßlin, « Theoderich der Große, 2éd. Munich 1959 (encore le texte le plus complet). Sur la souveraineté des Ostrogoths sur lItalie, voir Patrick Amory, People and Identity in Ostrogothic Italy, 489-554. Cambridge 1997 dans lequel il expose quelques thèses provocantes.
  154. On ne sentend guère toutefois sur les détails de cette politique; voir Pohl (2005), pp. 137-140.
  155. Pour la politique de Théodoric en Italie, voir Wolfram (1979), p. 353 et sq.
  156. Survol dans Pohl (2005), p. 147-151; plus en détails dans Wolfram (1979), p. 415 et sq.
  157. Pour lhistoire du royaume des Wisigoths, voir Gerd Kampers, Geschichte des Westgoten, Paderborn, 2008; Roger Collins, Visigothic Spain 409-711, Oxford 2004; Alberto Ferreiro : The Visigoths in Gaul and Spain, A.D. 41l8-711 : A Bibliography, Leiden, 1988; Luis Garcia Moreno, Prosografia del reino visigodo de Toledo, Salamanque, 1974; Luis Garcia Moreno, Historia de España Visigoda, Madrid, 1989; Wolfram (1979), p. 207 et sq.
  158. Sur le déclin des Suèves, voir Kampers, Geschichte der Westgoten, p. 180 et sq.
  159. Wolfram (1979), p. 225; Sur ces changements voir Bernhard Jussen, “ÜberBischofsherrschaftenund die Proceduren politisch-sozialer Umordnung in Gallien zwischen Antike und Mittelalter » dans Historische Zeitschrift 260 (1995), pp. 673-718.
  160. Wolfram (1979), p. 231 et sq.
  161. Giese (2004), p. 140 et sq.
  162. Giese (2004), p. 148 et sq.
  163. Postel (2004), p. 219, affirme : « Le royaume wisigoth devient lempire espagnol ».
  164. Pour la suite des évènements, voir Kampers, Geschichte der Westgoten, p. 188 et sq, de même que 311 et sq.; Giese (2004), p. 151 et sq.
  165. Wolfram (1990), p. 387 et sq.
  166. Victor de Vita, Histoire de la persécution vandale, II, 27-28.
  167. Kazdhan (1991), p. 2152.
  168. Castritius (2007), p. 127.
  169. Castritius (2007), p. 159.
  170. Postel (2004), p. 196. Les Berbères devaient par la suite opposer une résistance farouche tant aux armées de Constantinople quà celles des Arabes.
  171. Castritius (2007), pp. 137-139.
  172. Castritius (2007), p. 100 et sq.
  173. Voir à ce sujet, Andy H. Merrills (éd.), Vandals, Romans and Berbers. New Perspectives on Late Antique North Africa. Aldershot 2004.
  174. Procope, Bella, 3,10.
  175. Sur la destruction du royaume vandale, voir Castritius (2007), p. 159 et sq.
  176. Sur les Francs, consulter entre autres, Ewig (2006); Reinhold Kaiser, Das römische Erbe und das Merowingerreich, 3e éd., Munich (2004); Wood (1994). Pour les premiers siècles, Ulrich Nonn, Die Franken, Stuttgart (2010), Erich Zöllner, Geschichte der Franken, Munich 1970.
  177. Sulpicius Alexander, Historia, extraits dans Grégoire de Tours, Decem libri historiarum, 2,9.
  178. « Franken » dans RGA 9 (1994), p. 417.
  179. Au sujet des Alamans, consulter lexcellente présentation de John F. Drinkwater, The Alamanni and Rome 213-496. Caracalla to Clovis, Oxford, 2007.
  180. Pour la suite des évènements, voir Ewig (2006), p. 18 et sq.; Wood (1994), p. 38 et sq.
  181. Kaiser (2004), p. 73 et sq.
  182. Matthias Sprincer, « Theudebert I. » dans RGA 30 (2005), pp. 455-459.
  183. Bernhard Jusse, « ÜberBishofsherrschaftenund die Prozeduren politisch-sozialer Umordnung in Gallien zwischen Antike und Mittelalter », dans Historische Zeitschrift, 260 (1995), pp. 673-718.
  184. « Chlodwig une die Eigentümlichkeiten Galliens » dans Meier (2007), pp. 141-154 (ici, p. 152.).
  185. Voir Kaiser (2004), p. 38 et sq.
  186. Kaiser (2004), p. 49 et sq.
  187. Kaiser (2004), p. 29 et sq.; Postel (2004), pp. 116-118.
  188. Postel (2004), p. 116 et sq. Sur le processus détablissement, voir Kaiser (2004), p. 82 et sq.
  189. Kaiser (2004), p. 115 et sq.
  190. Kaiser (2004), pp. 152-157.
  191. Voir article détaillé « Burgondes ».
  192. Michael E. Jones, The End of Roman Britain, Ithaca/NY, 1996; Snyder (1998).
  193. Zozimos, 6,10,2. Comparer à Edward A. Thompson, « Zozimus 6.10.2 and the Letters of Honorius » dans Classical Quarterly 32 (1982), pp. 445-462. Toutefois selon certains chercheurs comme B. David Mattingly, les propos de lempereur ne sadressaient pas à la Bretagne, mais bien à la commune de Bruttium en Italie.
  194. Gildas, De excidio Britanniae 20.
  195. Survol des sources dans Snyder (1998), p. 29 et sq. pour les sources écrites, 131 et sq. pour les sources archéologiques.
  196. Heather (2009), p. 268.
  197. Beda, Historia ecclesiastica, 1, 15.
  198. Voir Pohl (2005), p. 92 et sq.
  199. Ces royaumes sont : Le Wessex (Saxons de l'Ouest et Jutes en face de l'île de Wight), la Mercie, comprenant le Royaume de Lindsey (Angles du milieu), la Northumbrie, composée du Deira et de la Bernicie (Angles du Nord de l'Humber), l'Est-Anglie (Angles de l'Est), le Sussex (Saxons du Sud), l'Essex (Saxons de l'Est) et le Kent, comprenant également l'île de Wight (Jutes). Voir Frank M. Stenton : Anglo-Saxon England, 3e éd., Oxford, 1971.
  200. Ward-Perkins (2005), p. 117 et sq.
  201. Origo Gentis Langobardorum, 1.
  202. Au sujet des Lombards, consulter : le catalogue de lexposition « Die Langobarden » (2008); Jörg Jarnut : Geschichte der Langobarden, Stuttgart, 1982; Menghin (1985); Peter Erhart, Walter Pohl (éd.), Die Langobarden : Herrschaft und Identität, Vienne, 2005.
  203. Paulus Diaconus, Historia Langobardorum, 1.20; Procope, Bella, 6, 14.
  204. Pohl (2005), p. 193.
  205. Procope, Bella, 8.33.
  206. Procope, Bella, 8, 25 et sq.
  207. Paulus Diaconus, Historia Langobardorum, 1, 23 et sq.
  208. Au sujet des Avars : Walter Pohl, Die Avaren, 2e éd., Münich, 2002.
  209. Menghin (1985), p. 85 et sq; Pohl, Die Avaren, 2002, p. 56 et sq.; Pohl (2005), p. 193 et sq.
  210. Pohl (2005), p. 197.
  211. Wolfram (1990), p. 399 et sq
  212. Pour une introduction, voir Matthias Hardt, « The Bavarians » dans Goetz, Jarnut, Pohl (2003), pp. 429-261.
  213. Au sujet des premiers peuples slaves, voir Florin Curta, The Making of the Slavs, Cambridge 2001, de même que Florin Curta, Southeastern Europe in the Middle Ages, 500-1250, Cambridge 2006, p. 39 et sq., ainsi que Gottfried Schramm, Ein Damm bricht. Die römische Donaugrenze und die Invasionen des 5.-7. Jahrhunderts im Lichte von Namen und Wörtern, Münich, 1997.
  214. Voir les articles détaillés « Authari » et « Agilulf ».
  215. Wolfram (1990), p. 404 et sq.
  216. Concernant « lEurope après Rome », voir Chris Wickham, The Inheritance of Rome : A History of Europe from 400 to 1000, London 2009, de même que lhistoire culturelle de Julia Smith, Europe after Rome, Oxford 2005; pour les aspects économiques et sociaux, voir Wickham (2005).
  217. John F. Haldon, Byzantium in the Seventh Century, 2e éd., Cambridge 1997.
  218. Voir Vickham (2005).
  219. lévolution de la culture, voir Friedrich Prinz, Von Konstantin zu Karl den Großen, Entfaltung und Wandel Europas, Düsseldorf-Zürich, 2000.
  220. Voir larticle « Koninuitätsprobleme » dans RGA 17 (2000), pp. 205-237.
  221. Martin (2001), p. 195 et sq. ; Maier (2005).
  222. Vue densemble précise sur ce sujet dans Martin (2001).
  223. Sebastian Brather, « Völkerwanderungszeit » dans RGA 32 (2006), pp. 517-522.
  224. La galerie de cartes est une synthèse du "Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte", 1985, ISBN 3-14-100919-8, du "DTV Atlas zur Weltgeschichte", 1987 traduit chez Perrin, ISBN 2-7242-3596-7, du "Putzger historischer Weltatlas Cornelsen" 1990, ISBN 3-464-00176-8, de l'"Atlas historique Georges Duby" chez Larousse 1987, ISBN 2-03-503009-9, de la série des "Atlas des Peuples" d'André et Jean Sellier à La Découverte : "Europe occidentale: 1995, ISBN 2-7071-2505-9, "Europe centrale: 1992, ISBN 2-7071-2032-4, "Orient: 1993, ISBN 2-7071-2222-X, avec des détails pris dans le Történelmi atlasz de l'Académie hongroise, 1991, ISBN 963-351-422-3 CM et dans l'Atlas istorico-geografic de l'Académie roumaine, 1995, ISBN 973-27-0500-0, et de l'"Atlas des religions", hors-série du "Monde", 2007, 194 pp.

Bibliographie

Sources primaires

La plus importante source concernant les invasions hunniques jusquen 378 est lœuvre dAmmien Marcellin (Ammianus Marcellinus), laquelle fut également la dernière œuvre historique latine de lAntiquité. Des œuvres majeures dOlympiodore de Thèbes et de Priscus, nous ne possédons que des fragments qui contiennent cependant des informations importantes. De la même façon, nous ne possédons que des fragments des œuvres de Malchos de Philadelphie et de Jean dAntioche. Le chroniqueur païen Zosime écrivit vers les années 500 une Nouvelle Histoire, laquelle en dépit de son recours à des sources fiables, contient de nombreuses erreurs et est partiale. Procope de Césarée décrivit de façon circonstanciée au VIe siècle les guerres de Justinien contre les Vandales et les Ostrogoths. Agathias le Scholastique et Theophylaktos Simokates décrivirent également les évènements qui se sont produits dans lempire dOccident, même sils nont pas la même valeur que Procope. Jordanès, qui sappuie sur une Histoire des Goths de Cassiodore maintenant perdue, est notre principale source dinformation sur lhistoire des Goths (principalement des Ostrogoths), même si on peut douter de certaines informations. Pour lhistoire des Francs, on se rapportera à Grégoire de Tours et à son Histoire en dix volumes. Paul Diacre nous renseigne sur lhistoire des Lombards. De plus, de nombreuses Chroniques (par exemple celles de Marcelllinus Comes [Chronique des Gaules] ou celles dHydace de Chaves) nous apportent dimportantes mais brèves informations.

Par ailleurs, diverses Histoires de lÉglise et des lettres comme celles de Sidoine Apollinaire contiennent de nombreuses informations dont la qualité et la crédibilité peuvent à loccasion être remises en question. On trouvera tous les auteurs chrétiens en ligne dans la version française de Patrologia Latina ou de Patrologia Graeca .

  • Agathias le Scholastique. Historiarum libri quinque (vers 560), édi. par R. Keysdell, coll. « Corpus Fontium Historiae Byzantinae », 2A, De Gruyter, Berlin, 1967.
  • Ammien Marcellin, Histoires (Res Gestae, 395), sous la dir. de Jacques Fontaine, Les Belles Lettres, 1968 ss. T. I : livres XIV-XVI, 1968 ; t. II : livres XVII-XIX ; t. III : livres XX-XXII ; t. IV : livres XXIII-XXV, 1977 ; t. V : livres XXVI-XXVIII ; t. VI : livres XXIX-XXXI (index général).
  • Blockley, Roger C. (éd.), The Fragmentary Classicising Historians of the Later Roman Empire (texte et traduction anglaise), Liverpool, 1980 (vol. I), 1983 (vol. II).
  • Grégoire de Tours. Historia Francorum : photographie d'un parchemin du VIIIe/IXe siècle en écriture onciale, le manuscrit latin 17655, folio 13 volume 14, conservé à la Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits, div. occidentale.
  • Hieronymus (Jérôme), Epistulae, “Corpus scr. eccl. lat. », t. LIV, 1910; t. LV, 1912, t. LVI 1918.
  • Iohannis Antiocheni Fragmenta ex Historia chronica, éd. Umberto Roberto, W. de Gruyter, 2005.
  • Jordanes (trad. Charles C. Mierow intr. et comm. de J. Vanderspoel), The Origin and Deeds of the Goths, University of Calgary, 1915 (réimpr. 2006) [en ligne]
  • Marcelllinus Comes. La chronique de Marcellin [en ligne] (texte latin et traduction)
  • Paul Diacre. LHistoria Langobardorum, disponible en ligne sur le site de la Bibliotheca Augustana
  • Tables de la Patrologie Latine par volume et par ordre alphabétique [en ligne]
  • Table de la Patrologie Grecque [en ligne]
  • Zosime, Histoire Nouvelle, édition et traduction François Paschoud, 3 tomes en 5 volumes, Paris, les Belles Lettres, 1971-1989

Sources secondaires

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  • Alexander Demandt. Geschichte der Spätantike. Sonderauflage. C. H. Beck, München 1998 [2. Aufl., C. H. Beck, München 2008].
  • Émilienne Demougeot, La formation de lEurope et les invasions barbares. Tome I : Des origines germaniques à lavènement de Dioclétien. Tome II : De lavènement de Dioclétien (284) à loccupation germanique de lEmpire romain au début du VIe siècle. Paris, Aubier-Montaigne, Bibl. historique, 1979, 935 p.
  • Émilienne Demougeot, LEmpire romain et les barbares dOccident (IVe-VIIe siècle), Scripta varia. Paris, Publications de la Sorbonne, 1988, 420 p. (réimpression en 1989 et 1992).
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  • Eugen Ewig. Die Merowinger und das Frankenreich. 5. Auflage. Kohlhammer, Stuttgart 2006.
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  • Wolfgang Giese. Die Goten. Kohlhammer, Stuttgart u. a. 2004.
  • Hans-Werner Goetz, Jörg Jarnut, Walter Pohl (Éds). Regna and Gentes: The Relationship between Late Antique and Early Medieval Peoples and Kingdoms in the Transformation of the Roman World. Brill, Leiden u. a. 2003.
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  • Wilfried Menghin. Die Langobarden. Theiss, Stuttgart 1985.
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  • Verena Postel. Die Ursprünge Europas. Migration und Integration im frühen Mittelalter. Kohlhammer, Stuttgart 2004.
  • Rom und die Barbaren. Europa zur Zeit der Völkerwanderung. Hirmer, Bonn 2008. (catalogue dexposition)
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  • Klaus Rosen. Die Völkerwanderung. 2. Auflage. C. H. Beck, München 2003, ISBN 3-406-47980-4.
  • Philipp von Rummel, Hubert Fehr. Die Völkerwanderung. Theiss, Stuttgart 2011.
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